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13 mai 2012 7 13 /05 /mai /2012 22:49

 

Contrairement à ce qu'ont dit Nicolas Sarkozy et Jean-Francois Copé, le premier tour n'était pas à 9 contre 1 mais chacun pour soi et le second tour n'était pas à un contre un mais à 1 (Nicolas Sarkozy) contre 6 (François Hollande, Jean-Luc Mélenchon, Eva Joly, Philippe Poutou, Jacques Cheminade, plus François Bayrou, "à titre personnel"), Marine Le Pen et Nathalie Arthaud s'étant prononcées pour le vote blanc et Nicolas Dupont Aignan n'ayant pas donné de consigne de vote.


 

Alors que ce scrutin a été présenté comme un référendum contre Nicolas Sarkozy (et non pour François Hollande et/ou sa politique), la défaite est de faible amplitude. Surtout si on tient compte de la crise : dans l'Union européenne, la plupart des gouvernements en place, de "gauche" ou de droite, ont été remerciés par les électeurs depuis le début de la crise.

Dès avant le début de a campagne électorale, la cote de Sarkozy était au plus bas. Non celle de François Fillon, le chef du gouvernement qui conduisait sa politique, tout en faisant entendre sa petite différence.
C'est Nicolas Sarkozy qui a été battu. Non sa politique. Et la tactique de l'ardent Buisson a failli réussir.


 

Cette tactique a permis à Nicolas Sarkozy d'arriver devant Marine Le Pen au premier tour. En accentuant cette orientation droitière au second tour, s'il a récupéré un certain nombre de voix de Marine Le Pen, il a perdu des voix centristes. Surtout, il n'a pas obtenu le ralliement de Marine Le Pen.

Ralliement impossible car Marine Le Pen voulait l'échec de Nicolas Sarkozy et, par là, créer le désarroi à l'UMP et la recomposition de la droite extrême. Elle n'a pas été suivie par tous ses électeurs du premier tour mais suffisamment pour faire perdre Nicolas Sarkozy.


 

En 2007, Nicolas Sarkozy a réussi à attirer des voix de l'extrême droite pour se faire élire. Son comportement erratique, personnel et politicien de droite décomplexée, du Fouquet's, du bouclier fiscal, de la diversité, du Conseil français du culte musulman à la chasse de l'étranger et de tout ce qui lui ressemble, au tapis rouge et au tapis de bombe pour Khaddafi, a inquiété. Dans sa dérive, toujours plus à droite, il n'a pu satisfaire la surenchère constante de Marine Le Pen pour capter ses électeurs.


 

La droite a longtemps proclamé que François Mitterrand avait sciemment fait monter le FN pour handicaper la droite; il n'est pas possible de dire la même chose en 2012.

Nicolas Sarkozy est seul responsable. Il n'a pas réussi à renouveler l'opération de 2007. Non seulement le vote FN est au plus haut mais une bonne partie de la droite classique est prête à pactiser avec elle, par intérêt électoral d'une part, par affinité idéologique assumée d'autre part.


 

Mitterrand s'était servi du PC pour arriver au pouvoir et l'avait asséché, Nicolas Sarkozy a promu et légitimé l'extrême droite. Il est vrai que la situation politique est bien différente : les partis communistes étaient déjà sur le déclin et la chute de l'Union soviétique à complété le travail. Aujourd'hui, la droite extrême a plutôt le vent en poupe au niveau européen.


 

L'unité de façade de la droite pour garder le pouvoir a éclaté. Elle est maintenant à reconstruire sous le regard d'une extrême droite mise en appétit. Et d'une droite dure compatible et qui peut être tentée d'arriver au pouvoir sur cette ligne dure. Sauf accentuation gravissime de la crise, cela est peu probable. La décantation risque de prendre du temps surtout si les gouvernements européens et François Hollande impulsent une politique différente au niveau de l'Union.

 


François Hollande a gagné avec un résultat sensiblement égal à celui de François Mitterrand en 1981, mais en 2017, il ne pourra espérer une victoire par le rejet d'une droite décomplexée au pouvoir. Il aura besoin de l'adhésion de l'électorat populaire. Cela suppose une politique intérieure et européenne, sociale et économique, différente de celle de Sarkozy mais aussi de Zapatero, Blair, Socrates et autres Papandreou.

 

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A la Bastille, le soir du 6 mai, un manifestant brandissait une pancarte, "Hollande, gare si tu t'encroutes !"

Il ne s'agit pas seulement de Hollande. Mais de la politique de l'ensemble de l'Union européenne. Ce n'est pas seulement Hollande qui serait alors en danger mais la démocratie et les peuples de l'UE.


 

La bataille n'est pas finie, elle ne s'arrêtera pas en juin avec les législatives françaises. Elle est déjà avancée en Grèce, en Italie, en Espagne, en Irlande, aux Pays-Bas...

 

 

Elle commence même en Allemagne avec la débacle de la CDU (26,3% des voix, soit 8,3 points de moins qu'en 2010) en Rhénanie du nord-Westphalie  et une importante poussée du SPD (avec 39% des voix soit 4,5 points de plus qu'en 2010).


 

Ces résultats sont un avertissement pour Angela Merkel car ils annoncent des élections législatives à haut risque pour elle et sont particulièrement malvenus à la veille de la première rencontre avec François Hollande.


 

C'est peut-être le moment favorable pour un mouvement populaire contre l'austérité au niveau européen.

 

 

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