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30 septembre 2008 2 30 /09 /septembre /2008 13:48
A l'occasion de la réunion du Cercle des Chamailleurs du 25/09/08, autour du chapitre "liberté" dans "Présentation de la philosophie" de André Comte-Sponville (Livre de Poche).

Ce texte sur la liberté, dans un livre "Présentation de la philosophie", débute paradoxalement par la liberté de faire, pragmatique, politique qui peut sembler une évidence à toute personne vivant en démocratie. Puisque chacun peut aller et venr à sa convenance. La liberté est donc une évidence irréfutable. Et avec une comparaison des plus douteuses : l'eau, "captive" dans le vase, "libérée" si on casse le vase ! La comparaison paraît ici déraison. Ou exemple, involontaire, que la liberté n'existe pas. Dans le vase, intact ou cassé, l'eau n'est pas libre. Elle est soumise aux mêmes lois dans les deux situations. Totalement soumise. Et qu'elle "s'échappe" ou non, c'est seulement parce qu'elle obéit aux mêmes lois physiques qui la font couler ou l'empêchent de couler.
De cette démonstration, accompagnée d'un tutoement qui témoigne d'un certain mépris pour le lecteur et que le lecteur n'est pas libre d'accepter ou de refuser sauf à jeter le livre, l'auteur arrive à la conclusion que la liberté politique est "la seule dont on ne puisse contester la réalité ni le prix".
C'est aller un peu vite en besogne et faire entrer le lecteur dans la nasse. Si on ne peut contester cette liberté, il est difficile de contester les autres.
La question est ensuite posée de savoir si on est "libre de vouloir ce qu'on veut". A cette question, la réponse est pour le moins discutable et peu discutée, avec une virtuosité de l'usage des mots pour impressionner le lecteur : "La liberté est le pouvoir déterminé de se déterminer soi-même", "je veux ce que je veux et c'est en quoi je suis libre de le vouloir", "Etre libre de vouloir, c'est vouloir ce que l'on veut".
Si le lecteur a un doute, la démonstration est claire : "Mon cerveau me commande ? Soit, mais je suis mon cerveau, c'est donc que je me commande moi-même..." Alors que dire de la volonté du fou ? Elle ne dépend que de lui. Donc, il est libre. Bien sûr que non puisqu'il est fou. C'est pourtant son cerveau qui le commande. Bien sûr, un cerveau aliéné donc non libre. Où est le passage entre la folie et la non folie ? Entre le libre et le non libre ? Si le diabétique a un comportement anormal, c'est parce qu'il est en hypoglycémie. C'est l'hypoglycémie qui est responsable. S'il est en normoglycémie, il a un comportement "normal", ce n'est pas la glycémie qui en est responsable mais lui... Et Freud n'a jamais existé.
Et l'oiseau n'obéit qu'à lui même, il est donc pafaitemnt libre. Libre comme l'air. Comme l'eau. Il est libre car soumis à sa seule nécessité.
Mais, finalement, arrive l'aveu : "La liberté est un mystère : nous ne pourrons jamais la prouver, ni la comprendre tout à fait... Je peux toujours croire que je suis libre sans jamais pouvoir le prouver".
Il faut donc en conclure que, pour le philosophe, la liberté est, avant tout, une acte de foi. Ce qui ne l'empêche pas de manier le paradoxe. Je ne peux comprendre tout à fait la liberté, je ne suis pas sûr d'être libre mais je dois "comprendre comment je peux le devenir davantage". "Que nous soyons libre ou pas,  cela ne saurait nous dispenser de devenir ce que nous sommes".

Dans tout ce texte, il est étonnant que n'apparaisse pas la vieille question de Dieu. Peut-on être libre si Dieu existe ? Mais l'auteur est, je pense, athée, ce qui le dispense d'une question difficile .

* - * - * - *
Etre déterminé par soi-mê ne veut pas dire être libre. Cela veut dire que les pensées, les actes obéissent à des mécanismes internes. Ou surtout internes. Cela veut dire que bien que je ne sois pas libre, j'ai le sentiment d'être libre. Je sais que je ne suis pas libre mais je crois que je le suis. Et je sais que personne n'est libre mais que chacun peut avoir le sentiment de l'être. Je crois que c'est Rousseau qui a dit quelque chose comme : "Le raisonneur aura me dire que je ne suis pas libre j'ai en moi le ferme sentiment de cette liberté". C'est pourquoi il est quelquefois plus facile de percevoir ce qui influe le comportement des autres.

Et donne la possibilité de jouer sur les déterminants des autres. Comme le tyran par la peur, la menace... Comme le manipulateur qui agit sur certains ressorts que l'intéressé ne perçoit peut-être pas... Comme le démocratie qui peut argumenter ou modifier certaines conditions sociales qui changeront les comportements individuels...
Car l'homme n'est pas seulement biologiquement déterminé. Il est aussi socialement déterminé. Et peut être surtout socialement déterminé, étant donné les énormes possiblités de son cerveau. L'homme naît avec d'immenses potentialités qu'il ne peut réaliser que s'il est "humanisé"  par d'autres hommes.

La cellule souche "homme"  est très polyvalente à la naissance. Elle ne pourra réaliser que certaines de ses potentialités en fonction des circonstances. Si on ne naît pas libre et si on ne le devient pas, il est certain que le nouveau-né à de multiples avenirs possibles mais il ne choisit pas librement ce qu'il va faire ce qu'il va devenir, ce qu'il va "être". Ce sont ses capacités génétiques et son conditionnement social qui vont l'amener à "devenir ce qu'il est" (?). Au détriment de tous les autres possibles qui sont négligés. Einstein placé dans les conditions de Tarzan ne serait pas devenu Einstein. Serait-il devenu Tarzan ?
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