Avertissement : Ce texte date du 19 février 2018, il n'a pas été publié lors de sa rédaction parce qu'il n'a pas eu la suite initialement prévue. Le voici donc mis sur ce blog, tout nu, sans diffusion parce que sans suite. Des fragments de suite seront éventuellement mis sur le blog.
Ébauche de bilan
Dans L'Espoir d'André Malraux, deux personnages discutent et leur conclusion est : je suis de gauche parce que je suis de gauche !
Je suis de gauche mais me trouve de plus en plus mal à l'aise avec des gens qui se disent de gauche. Depuis quelque temps, ce désaccord me pèse. Heureusement, j'ai décidé de ne plus militer. Mais je me sens inutile.
Dans ma vie, j'ai toujours voté pour la gauche, même avant d'avoir de droit de voter : j'ai porté la contradiction en réunion publique au candidat MRP en faveur du Front Républicain, à Carcassonne, en 1956.
Exception, je me suis laissé aller à voter Chirac lors du second tour de l'élection présidentielle Chirac-Le Pen. Je n’ai pas voté Macron en 2017.
Mais quand j'ai voté pour la gauche, une fois au pouvoir, les candidats n'ont pas tenu leurs promesses (le Front Républicain, François Mitterrand, François Hollande). Souvent, ces candidats, élus ou non, avaient du sang sur les mains (Guy Mollet et François Mitterrand en Algérie) ou étaient complices silencieux de crimes (Communistes).
Je ne suis pas indemne : j’ai voté pour eux, en sachant, pour éviter le pire ici... Je me souviens, avec mauvaise conscience, à la Cité universitaire, d'un dialogue avec un étudiant : on ne peut pas être contre le Parti qui défend les ouvriers... Il ne fallait pas désespérer Billancourt et, aujourd’hui, les quartiers...
Ce qui reste de Billancourt et les quartiers ne sont même plus désespérés par la gauche. Ils sont ailleurs...
J'ai milité aux cotés de gens dont certains, à mes yeux, niaient la réalité. Je n'ai pas eu le courage de les contredire. Je ne me sentais pas assez équipé pour leur faire face de façon intelligente. Je me suis contenté de militer pratiquement sur des points que j'approuvais et j'ai, quelques fois, démissionné.
Enfin, bien souvent, nos maîtres à penser se sont mentis ou nous ont menti. Nous les avons crus. Nous les avons suivis. Plus ou moins. Il faut voir avec quelle facilité, nombre de ces penseurs ont couru, suivant la période, derrière Staline, Trotski, Mao, Castro, Chavès. Ils étaient révolutionnaires, sans la vérité.
Déceptions et mensonges accumulés font qu'aujourd'hui, c'est la droite et l'extrême droite qui apparaissent plus proches de la réalité et entraînent vers des lendemains qui risquent d'être très douloureux.
Comme a dit Simone de Beauvoir, Nous avons été floués ! Certains, qui viennent après nous, risquent de le payer cher.
Aujourd'hui, j'ai décidé de faire le point, sans censure, pour ma tranquillité d'esprit.
Dans Le Premier homme, Albert Camus : En somme je vais parler de ceux que j’aimais. Et de cela seulement. Joie profonde. Pour ma part, je vais essayer de parler de CE que je pense. Même si cela me sépare de ceux que je voulais aimer. Tristesse profonde.
Serai-je capable d'y arriver ? Et à quoi bon un tel exercice ?
Je voulais changer le monde. Au moins participer, aider au changement. Le monde a changé. Devenu plus injuste. La voie qui paraissait toute droite, semble tourner en rond. Se peut-il que l’histoire, au lieu d'avoir un sens, comme je le croyais très naïvement, et j'étais dans le bon sens, se peut-il qu'elle ne soit faite que de saisons éternellement renouvelées ? Ou d'une spirale qui, la science aidant, aspire le monde vers les sommets du pire ? Après les massacres du vingtième siècle que réserve le vingt-et-unième ?
Personnellement, j'ai l'impression d'appartenir non aux 1% des favorisés de la planète mais au aux 0,000... 1% des privilégiés de l’histoire de l'humanité : je suis passé entre les guerres, trop jeune pendant la Seconde (la deuxième ?) guerre mondiale, sursitaire pendant la guerre d'Algérie, elle est restée théorique pour moi, et j'étais du bon coté de l'Histoire, je n'ai pas connu la misère même si mes parents ont pu en souffrir, j'ai profité de ce que l'on n'appelait peut-être pas encore l'ascenseur social qui me paraissait tout naturel, je n'ai pas eu, à ce jour, de maladie grave. Quant à l'argent, j'en ai toujours eu trop ou pas assez pour qu'il me pose problème...
Je vois le monde continuer à s'agiter comme si rien n'avait changé. Devant les deux catastrophes que tout le monde semble annoncer : La maison brûle et nous regardons ailleurs. Dérèglement climatique et épuisement des ressources certes. Mais aussi, inégalités croissantes entre les pays et dans chacun des pays.
Pour la première fois, semble-t-il, les hommes savent où leur comportement les conduit. Ils continuent comme s'ils ne croyaient pas à ce qu'ils annoncent. Une fois de plus, ils se mentent, ils nous mentent ?
Vogue la galère et les galériens.