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6 décembre 2024 5 06 /12 /décembre /2024 21:16
 Les Amants, Anora, La Cité des femmes...

Voir « les Amants », « Anora », « la Cité des femmes » en quelques jours, c’est plonger dans la vision de la femme de trois créateurs masculins, à quelques dizaines d’années de distance, dans des époques et des mondes différents, France, Italie, États-Unis.
Et le spectateur qui a déjà vu de ces films à leur sortie, se retrouve dans un monde où images, souvenirs, mœurs se télescopent et brouillent son florilège personnel...

« Les Amants » de Louis Malle, un film de 90 mn, a eu le Grand prix du jury à la Mostra de Venise en 1958. Il a beaucoup choqué à sa sortie.

Une femme (Jeanne Moreau) essaie de sortir de son ennui conjugal avec un notable de province, par des escapades chez une amie parisienne et auprès d’un amant exotique. Suite à une panne de voiture, elle rencontre un jeune en rupture de la classe à laquelle ils appartiennent tous deux.
Il est archéologue, roule en 2-chevaux, image de son mari avant sa fossilisation ?
Un repas aux dialogues codés réunit mari, femme, amie, amant et le jeune dépanneur. La nuit venue, l’insomnie conjoint la femme et son dépanneur qui lui fait connaître, dans une atmosphère romantique, clair de lune et poésie, l’épanouissement amoureux... Scène seulement suggérée. Qui a fait scandale à la sortie du film, a entraîné son interdiction au Royaume-Uni et servi à la Cour suprême des États-Unis, en 1964, pour définir ce qui était pornographie.
Le film n’en était pas pour la Cour.
Le côté transgressif du film n’est pas la scène osée. Mais l’abandon de tout un monde pesant par une femme, laissant enfant et sécurité matérielle, pour vivre sa liberté avec un jeune amant devant son mari, son amant, son amie qui les regardent partir en 2-chevaux... Médusés !

 Les Amants, Anora, La Cité des femmes...

« Anora » de Sean Baker (138 mn) a aussi été récompensé à Cannes où il a remporté la Palme d’or en 2024. « Anora » n’a pas scandalisé. Les images de strip-teaseuses à la chaîne sont peut-être même encore attractives. Dans une société habituée. Et des scènes d’accouplements de la strip-teaseuse avec un fils d’oligarque, infantile, aussi mécaniques et addictifs que les jeux vidéos et les beuveries qui remplissent sa vie de faux étudiant.
La jeune strip-teaseuse, louée pour une semaine, et le futur oligarque incarnent une parodie de deux faces du rêve étasunien. Promotion sociale et liberté. Par le sexe et l’amour pour elle et la carte verte pour lui.
Mais la lutte entre le réalisme de la mère oligarque et les rêves de la jeune strip-teaseuse, entre ces deux femmes, les hommes n’existent pas, pour conserver ce jeune immature est inégal.
Le mariage-minute est annulé aussi rapidement qu’il avait été conclu.
On est loin de la libération de l’un ou de l’autre.
À son départ, le jeune avoue : il a bien kiffé pendant quelques jours.
Elle se retrouve, seule, en pleurs, auprès d’un garde du corps, méprisé, qui aurait pu, pourrait...

 Les Amants, Anora, La Cité des femmes...

« La Cité des femmes » (La città delle donne), film (140 mn) de Federico Fellini (1979). L’auteur-personnage, sous les traits de son double habituel, Marcello Mastroiani, descend d’un train en rase campagne pour suivre une femme de rêve, de tous ses rêves de femmes qu’il va vivre successivement, simultanément. Dans un magnifique feu d’artifice de scènes qui illustrent les fantasmes, les obsessions du héros-auteur… Avec même un brin de mauvaise conscience (le film a été tourné avec la participation de femmes féministes !), de dérision…
Quand le héros revient au réel dans le train, il retrouve sa femme et d’autres femmes bien réelles, il ne peut que refermer les yeux et repartir pour la Cité des femmes.

 Les Amants, Anora, La Cité des femmes...

Le bonheur est-il dans un amour authentique enrobé de romantisme (un peu appuyé dans le film ) ? Peut-il être encore dans une société du clinquant, du quantitatif, de la performance (exhibitionniste dans le film) ? Ou faut-il se résigner au rêve individualiste, prolongé, assumé…

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4 décembre 2024 3 04 /12 /décembre /2024 09:10
Jupiter et François

Emmanuel Macron, président de la République, Jupiter, sûr de lui et dominateur, connaît bien des déboires depuis quelque temps.
Maître des horloges indiscuté pour la dissolution de l’Assemblée nationale, le seul à pouvoir la décider, il était en situation difficile avant, presque hors jeu depuis.
Tout ne date pas de la dissolution cependant.
La situation financière qualifiée de grave aujourd’hui, l’était tout autant avant la dissolution, aboutissement de 7 années de présidence avec Bruno Lemaire, seul ministre permanent dans les 7 gouvernements, sous 5 premiers ministres, successifs.
Malgré des déclarations fortes sur les crimes du colonialisme notamment en Algérie, dés 2017, avant son élection à la présidence, malgré la reconnaissance de la responsabilité de la France dans certains événements comme au Sénégal, malgré plusieurs rencontres pour essayer de tourner la page, l’état des relations avec l’Algérie varie au rythme de la volonté algérienne. Et pour les États de l’Afrique sub-saharienne selon le calendrier établi par les États du Sahel, sans concertation. En cours le Tchad et le Sénégal.
Les grands discours sur l’Europe n’ont pas été mieux entendus par les partenaires de l’Union européenne mise en danger par la montée de l’extrême droite dans la plupart des États, par la guerre en Ukraine. Et l’exceptionnelle faiblesse concomitante de l’économie allemande et de la situation politique d’Olaf Scholz. La voix d’Emmanuel Macron est devenu inaudible, au moment où elle pourrait être la plus utile.
Les rencontres avec les grands de ce monde, à Versailles ou ailleurs, avec accolades et tapes dans le dos sans signification politique, ne resteront que comme un tic gestuel d’Emmanuel Macron. Elles ne feront pas oublier la longue table séparant Vladimir Poutine et Emmanuel Macron où il manquait le téléphone pour établir un dialogue. Ni le seul geste de Mitterrand prenant la main d’Helmut Kohl à Verdun.

Jupiter et François
Jupiter et François
Jupiter et François

L’Église catholique fait subir à Emmanuel Macron une nouvelle humiliation.
Il n’est pas contesté que la reconstruction, rapide, à l’identique de Notre-Dame de Paris est due à la volonté première d’Emmanuel Macron. Bien sûr à tous ceux dont la compétence à été nécessaire pour la mener à bien. Et à ceux qui ont contribué à son financement, à la générosité de ses riches et fidèles amis (1).
Mais la présence d’Emmanuel Macron, peu souhaitée, à l’intérieur lors de l’inauguration solennelle, l’a réduit à une inauguration privée sous la forme d’une dernière visite de chantier largement diffusée. Comme une campagne électorale. Ce qui lui a permis de rendre hommage à ceux qui le méritaient et à distribuer ses appréciations admiratives, répétées, qui ont accompagné les belles images télévisées de N-D que la majorité des
Français n’auront pas l’occasion de voir de leurs propres yeux.
La grande œuvre de sa présidence échappera-t-elle à Emmanuel Macron comme lui ont échappé les jeux olympiques et les manifestations qui ses ont accompagnés.
Tout ceci distrait de l’essentiel. La dernière visite de chantier du président de la République remplace le discours qu’il ne pourra prononcer à l’intérieur de Notre-Dame de Paris. Il ne fera qu’assister à la messe que comme un fidèle, communiant éventuellement ce qu’a annoncé la presse. Conformément à la laïcité française, il peut prononcer undiscours à l’extérieur, N-D de Paris est un monument historique national qui appartient à l’État.
Emmanuel Macron avait prévu plus grand. La France a invité le pape François à participer à la réouverture de Notre-Dame de Paris. Invitation que le pape François a refusée sous un prétexte diplomatique. Mais il a contraint le président de la République à l’inviter en Corse quelques jours plus tard où celui-ci doit se rendre pour l’accueillir en tant que chef d’État !

« Je ne viens pas quand tu veux et tu viens quand je veux ! »

Plus subtil, le pape François distribue la gloire extérieure au président français et la gloire intérieure à l’institution religieuse et à sa clientèle nationale traditionnelle .
En Corse, loin du faste parisien, le pape fera entendre un discours sur la foi populaire du peuple corse qui ravira certains insulaires, sur les pauvres de l’espace méditerranéen ou venant de plus loin, fuyant la misère, la guerre, le dérèglement climatique... avec des mots de fraternité universelle qui, bien sûr, ne seront pas politiques... Sauf peut-être pour les insulaires et pour le président de la République Emmanuel Macron.
Où sera le faste, l’orgueil ? Où sera l’humilité, la solidarité ?
Habituellement, Emmanuel Macron gagne plus sur les mots que sur les faits. Dans le cas de N-D de Paris, il est indéniable qu’il a marqué des points dans les faits : il a subi beaucoup de sarcasmes quand il a annoncé que N-D serait réhabilitée dans les 5 ans, il a imposé à l’identique. Le chantier n’est pas totalement terminé. L’essentiel est fait à peu près dans les temps. N-D a retrouvé sa fonction.
Jupiter a gagné son pari. Mais l’inauguration de N-D de Paris et la visite de François en Corse ne portent pas le même discours et ne s’adressent pas aux mêmes personnes.

« Un choc d’espérance ! » Pour qui ? Par qui ?

1 – La collecte nationale « Rebâtir N-D » a été un beau succès récoltant 846 millions d’euros provenant de 340 000 donateurs de 150 pays, soulageant d’autant les dépenses de la puissance publique !
Parmi les riches donateurs, Bernard Arnaud et LVMH pour 200 millions, la famille Bettancourt, 200 millions, Pinault 100 millions, une dizaine d’autres grands donateurs pour 100 millions supplémentaires.
LVMH a, aussi, financé les J.O. de Paris à hauteur de 150 à 200 millions d’euros.
Vincent Bolloré, décrit comme mécène catholique actif, traditionaliste, semble absent de cette liste des donateurs.

Jupiter et François
Jupiter et François
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3 octobre 2024 4 03 /10 /octobre /2024 04:09
Les élections, responsables de la crise politique…

Le résultat des dernières élections législatives est une Assemblée nationale difficilement gouvernable, avec 3 ensembles, sans majorité. Les responsables ? Le mode de scrutin, la Constitution !
Non les politiques.

Une solution ? Supprimer les élections ? Adopter un mode de scrutin où le bulletin favorable au gouvernement compterait double ?
Facteur de stabilité permettant à la droite de continuer à gouverner.
Faudrait-il aussi doubler ou tripler les effectifs des forces de l’ordre ?

Pour les médias, pas de problème. Ils sont déjà en de bonnes mains. La France a en effet cette particularité d’avoir aujourd’hui 90% (ce chiffre renvoie à l’audience globale) des quotidiens nationaux et la totalité des chaînes de télévision privée détenus par sept grands industriels et financiers, dont les intérêts ne sont pas dans les métiers de l’information : Arnault, (LVMH), Bolloré, (Vivendi), Bouygues (BTP), Dassault (aviation et armements), Niel (téléphonie), Saadé (CMA-CGM).
Quelques petites modifications suffiraient, sans nouvelle législation. Bernard Arnault donne l’exemple. Le pédégé de LVMH veut un presse qui sert sa com’ : il interdit à ses enfants et à ses cadres de s’exprimer dans sept médias… (Le Canard enchaîné 25/09/2024).

Au point de vue constitutionnel, un retour au septennat a été proposé. Ou une nouvelle constitution.
Encore faut-il pour cela une majorité constituante. On tourne en rond.

Le scrutin uninominal à deux tours a été mis en cause dans l’arrivée en nombre d’élus du RN et les difficultés d’Emmanuel Macron à trouver un premier ministre assumant la continuité de sa politique.
L’adoption d’un nouveau mode de scrutin ne nécessite pas de changement de constitution. Et la proportionnelle semble avoir les faveurs du moment à gauche et à droite : plus juste, surtout plus favorable à dégager des majorités de gouvernement.

Toutes les vertus prêtées à la proportionnelle ne lui ont pas toujours été reconnues. Le principe admis, encore faut-il préciser de quel type. Scrutin mixte en partie proportionnel, en partie majoritaire ?
Proportionnelle intégrale ?
Le souvenir de la Quatrième République, des gouvernements à durée limitée s’estompe des centristes renversaient un gouvernement centriste pour le remplacer par un gouvernement centriste.
Continuité assurée !

Avec la possibilité d’apparentements inventés pour limiter le nombre d’élus communistes et gaullistes et continuer à gouverner au centre. Comme le Front républicain, aujourd’hui, pour éviter l’élection d’une majorité RN.
Comme en Israël où la stabilité du gouvernement dépend de quelques parlementaires extrémistes ?
Dans quelles circonscriptions, départementales, régionales, nationale ?


 

Les élections, responsables de la crise politique…

Limiter la progression électorale du RN ?
Et non sa progression réelle ? Favorisée par les gouvernements qui adoptent une politique de plus en plus proche de celle de l’extrême droite pour attirer, sans succès, ses électeurs.
Et ainsi légitimer ses propositions
et son poids. Jusqu’à former un gouvernement sous influence.

Le succès de l’extrême droite n’est ni à la constitution, ni au mode de scrutin même s’ils peuvent le rendre particulièrement visible lors des élections. De plus en plus à chaque élection !

Il suffit de regarder le résultat des présentielles de 1965 à 2022.

En 1965, Jean-Louis Tixier-Vignancourt, avocat de Céline, 1951, et de Salan, 1962, recueille 1 260 208 voix, 5,2 % des suffrages exprimés : le directeur de campagne est Jean-Marie Le Pen.
Aux élections suivantes de 1969, pas de candidat d’extrême droite.

Jean-Marie Le Pen apparaît comme candidat en 1974 (0,75%).
Beaucoup plus en 1988 avec 14,88 % tandis que le PCF commence sa descente à l’abîme (6,76).
Ces résultats se répètent en 1995 : Jean-Marie Le Pen 15 %, PCF 8,64.

2002 est l’année-catastrophe pour la gauche, trop sure d’elle-même. Jean-Marie Le Pen se qualifie pour le second tour avec 16,86 % malgré la concurrence d’un dissident (Bruno Megret, 2,34) !
Lionel Jospin ne rassembl
e que 16,18 % des voix avec l’aide des partis de son gouvernement qui présentent cinq candidats concurrents : Jean-Pierre Chevènement, ministre (5,33 %), Noël Mamère (5,25), Taubira (2,32). Et Hue ( 3,37) du PCF qui s’enfonce malgré 2 ministres, Claude Gayssot et Marie-George Buffet.
Avec une droite aussi divisée, Jacques Chirac atteint 19,88%, suivi de François Bayrou (6,84), Alain Madelin (3,91), Corinne Lepage (1,88) et Christine Boutin (1,19).
Les
3 candidats trotskystes, Arlette Laguiller, Olivier Besancenot et Daniel Gluckstein font leurs meilleurs résultats, au total 10,44 %.

En 2007, pour sa dernière candidature, Jean-Marie Le Pen, ne réunit que 10,44 % de voix.

À partir de 2012, Marine Le Pen succède à son père, avec de meilleurs résultats qui s’améliorent à chaque présidentielle : 17,9 en 2012, 21,3 en 2017 et 23,15 en 2022, malgré la concurrence d’Éric Zemmour (7,07). Soit 30,22 % pour l’extrême droite.
Les résultats des élections présidentielles permettent de constater que le succès de l’extrême droite commence en 1988 avec 14,88% pour Jean-Maris Le Pen, 15 % en 1995 et 17,79 % en 2002 et sa présence au second tour.
L’arrivée de Marine Le Pen accentue ce succès surtout au second tour, avec la dédiabolisation qui lui permet de progresser beaucoup plus que son père : Jean-Marie Le Pen + 1,93 d’un tour à l’autre, en 2002 et Marine Le Pen, + 11,89 en 2017 et + 18,8 en 2022.
Les électeurs acceptent de plus en plus de voir Marine Le Pen à la présidence bien au-delà de l’audience élargie de l‘extrême droite.

Cette évolution du vote des citoyens peut se rattacher :

- à l’éloignement de la seconde guerre mondiale et à l’oubli que des collaborateurs sont membres-fondateurs de la nouvelle extrême droite.

- à la fin de l‘utopie communiste et à l’évolution de la composition sociale du pays. Le début de la chute du PCF, masquée par le succès de l’Union de la gauche, est inscrite dans les résultats dés 1988.

- à l’incapacité de la gauche à offrir des perspectives d’espoir, une autre utopie... L’écologie, les réformes sociétales et surtout pas l’Union européenne (UE), jugée plus comme auxiliaire de la mondialisation que comme défense contre ses méfaits.


 

Les élections, responsables de la crise politique…

Les citoyens refusent la politique suivie depuis des années par les gouvernements, de droite et de gauche. Ils espèrent encore dans la démocratie très imparfaite dans laquelle ils vivent. Quand la gauche, unie, apparaît porteuse d’un changement possible, elle suscite l’espoir et est soutenue par les électeurs. Cet espoir est toujours déçu.

Dans toutes les élections présidentielles, quand il n’y a pas Union de la gauche, une partie importante des citoyens vote pour le PCF.
L’Union soviétique n’était pas le paradis espéré mais poussait l’Occident à une politique prudente, par précaution, plus ou moins social démocrate pour ne pas pousser les travailleurs vers le parti communiste. Quand disparaît la menace extérieure pour les États occidentaux, intérieure pour certains gouvernements, Il n’y a plus d’obstacles à la généralisation de la politique de Margaret Thatcher, de Ronald Reagan, pas d’alternative à l’ultralibéralisme, à la mondialisation.

Quand les partis de gauche arrivent au pouvoir, parfois avant, faute d’analyse concrète d’une situation concrète, ils adoptent une politique qu’ils ont auparavant critiquée.

Quand l’extrême droite affirme l’Angleterre est une île, la gauche trop souvent n’a qu’une réponse, l’Angleterre n’est pas une île !
Quand elle arrive au pouvoir, elle prend le même bateau que la droite.
Le virage de François Mitterrand en 1983 en est un exemple ancien et le premier britannique, Keir Starmer, le nouveau. Il a même pris l‘avion pour consulter la cheffe de gouvernement en Italie, Giorgia Meloni !

L’adoption des mêmes politiques par les partis de gouvernement de gauche ou de droite n’empêche pas la progression de l’extrême droite dans la plupart des pays d’Europe. Avec les mêmes résultats.
L’avancée de l’extrême droite.


 

Les élections, responsables de la crise politique…

En Hongrie, Victor Orbán à la tête du gouvernement depuis 2010 avec sa ligne démocratie illibérale » est reconduit en avril 2022, premier ministre pour un quatrième mandat consécutif.

En Italie, depuis 2022 , Giorgia Meloni, préside le Conseil des ministres après une première participation de l’extrême droite en 2018-2019 et à partir de 2021 sous la présidence de Mario Draghi.

Aux Pays-Bas, le Parti pour la liberté (PVV) a remporté les élections de novembre 2023 (23,5 % des voix). Dick Schoof, sans affiliation, a pris la tête d’un gouvernement de coalition avec des ministres du PVV.

En Pologne, Droit et justice (PiS), au pouvoir depuis de 2015, a cédé la place à la coalition de Donald Tusk, redevenu premier ministre après les élections d’octobre 2023. Mais Andrzej Duda, PiS, est toujours président de la République.

En Finlande, depuis juin 2023, Petteri Orpo, vainqueur des élections (20,8 % des voix) est premier ministre, en coalition avec le Parti des Finlandais, extrême droite, arrivé deuxième (20,1 %) qui a plusieurs postes dont vice-première ministre pour sa présidente également ministre des Finances.

Slovaquie : Robert Fico, deux fois premier ministre dans le passé, revient au pouvoir en octobre 2023, allié au Parti national slovaque d’extrême droite.

Le parti des Démocrates de Suède (SD), fondé par des nationalistes dont des néonazis, arrivé en deuxième position lors des élections législatives de 2022, soutient le gouvernement sans y participer.

Cette montée de l’extrême droite a été confirmée lors des dernières élections européennes. Ce qui augure mal des élections à venir.

En Allemagne, aux élections européennes, 13 partis obtiennent au moins un siège. LAfD arrive deuxième avec 15,9 % des voix (15 sièges) derrière la CDU/CSU, 30 % (29 sièges) et devant le SPD 13,9 %, les Verts 11,9 %, BSW, 6,2 %, parti dissident de Die Linke qui ne récolte que 2,7 %…Ce succès se retrouve lors les élections dans les Länder.
En Thuringe, l’AfD avec 32,8 % des voix devance la CDU (23,6 %). En troisième position, le BSW 15,8 % tandis que Die Linke tombe à 13,1 %, en baisse de 18 points et le SPD 6,1 %.

En Saxe, l'AfD, 30 %, talonne la CDU 31,5 %, le BSW est à 12 % et le SPD à 7,3 %, Les Verts à 5,1 % et Die Linke à 4,5 %.
Enfin, en Brandebourg, SPD 30,9 %, AfD 29,2, BSW 13,5, CDU 12,1.

Que va-t-il se passer lors des élections fédérales prévues pour septembre prochain ?

Au Royaume-Uni, la poussée de l’extrême droite est masquée par un mode de scrutin peu favorable aux partis minoritaires, encore moins s’ils sont nouveaux.
Cependant,
Reform UK obtient 14,3 % de voix soit +12,3 (5 sièges +2), derrière le parti travailliste 33,7 % (+1,6 et 411 sièges, +209), les Conservateurs 23,7 % (-19,9 et 121 sièges -244). Le troisième parti historique, les Libéraux-démocrates obtiennent moins de suffrages mais plus de sièges avec 12,2 % (72 siège), suivis du le Parti vert 6,4 % et du Parti national écossais 2,5 %.


 

Les élections, responsables de la crise politique…
Les élections, responsables de la crise politique…

Au niveau européen, quelle que soit la constitution, quel que soit le mode de scrutin, au niveau des parlements européen, nationaux ou régionaux le nombre des voix d’extrême droite est en progression importante.

C’est le mécontentement engendré par la politique, comparable dans tous les pays avec stagnation économique, augmentation du coût de la vie sentiment d’abandon, illustré en France par la crise des services publics de la santé à l’enseignement. Mais pas seulement…

L’extrême droite en profite dans les élections en dés-orientant la colère contre les immigrés, plus victimes que responsables de la situation.
Les politiques suivent. Avec le même insuccès. Mais redresser la barre n’est pas facile.
Et le temps presse.

Les élections, responsables de la crise politique…
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24 septembre 2024 2 24 /09 /septembre /2024 17:25
Après la dissolution, la politique continue...
Majorité relative à l ‘Assemblée nationale, conflits entre le président et le chef du gouvernement, mauvais résultats aux européennes.
La situation politique était difficile.
Mauvais résultats aux législatives sans majorité même relative, premier ministre désigné sous influence.
La dissolution par le président n’a rien amélioré.
En 2017, Emmanuel Macron, ex-banquier, ex-Parti socialiste, ex-ministre de gauche forme un gouvernement ni de gauche, ni de droite, rallie des personnalités de la gauche de gouvernement.
Sa politique de droite attire une partie de la droite de gouvernement, pousse l’autre, dépitée, à se droitiser ou à s’allier avec l’extrême droite.

Lors de la présidentielle, en 2017 comme en 2022, Emmanuel Macron n’obtient, au 1er tour, que des majorités très relatives.
En 2017, 24,1 % des suffrages exprimés, suivi de près par Marine Le Pen (21,3), François Fillon (20,01), Jean-Luc Mélenchon (19,58).
En 2022, 27,85 % des voix, seulement 3,75 points de plus qu’en 2017, malgré le remplacement de François Fillon par Valérie Pécresse, une candidate de faible poids (4,78 %).
Le Pen, 2ème (23,15 + 1,85), Mélenchon 3ème (21,95 + 2,37).

Malgré cette faible majorité au 1er tour, il est élu président les 2 fois au 2nd, en même temps par les citoyens de droite, de gauche et tous ceux qui ne veulent pas voir Marine Le Pen à la présidence de la République.
L’élection d’Emmanuel Macron en 2017 est due beaucoup plus à la qualité de repoussoir de la candidate d’extrême droite qu’à son programme, à sa personnalité et, en 2022, à ses réformes.

Il y voit un exploit personnel, un soutien à sa personne, à sa politique.

Après la dissolution, la politique continue...

Les 2 fois, Emmanuel Macron est élu par des citoyens de gauche.

La réticence croissante à sa réélection, à ses réformes apparaît au 2nd tour.
2017, Marine Le Pen est battue (66,1 % contre 33,9), un écart de 32,2 points fortement réduit en 2022 à 17,1 points ( 58,55 contre 41,45).
D’une élection à l’autre, au 2nd tour, Emmanuel Macron perd 2 millions de voix, Marine Le Pen en gagne 2,5.

La politique de Macron renforce l’extrême droite.

Les urnes confirment le mécontentement populaire exprimé dans la rue par la longue crise, violente des gilets jaunes et la plus forte répression depuis la guerre d’Algérie. Par les manifestations syndicales, pacifiques, fermes, continues.
Et vaines.
Malgré le large soutien, constant de l’opinion publique dans les 2 cas.

Les législatives qui suivent une élection présidentielle, favorisent le parti présidentiel par un effet d’entraînement.
En 2002, l’accès très confortable de Jacques Chirac à la présidence est suivi de l’élection de 359 députés, majorité largement supérieure à la majorité absolue (288).
Effet plus modeste avec Nicolas Sarkozy (320 élus en 2007), François Hollande (297 en 2012), Emmanuel Macron (314 en 2017).
Après sa réélection en 2022, la majorité présidentielle n’est plus que de 245 (- 69) députés.

Le Rassemblement national (RN), bondit de 8 à 89 députés !

Après la dissolution, la politique continue...

Résultats des élections européennes du 9 juin 2024, scrutin proportionnel, à un tour, avec circonscription unique nationale.
Pour les 7 listes sur 38 ayant obtenue plus de 5 % des voix.

Liste

Tête de Liste

NB de voix

 %

NB de sièges

La France revient

Jordan Bardella

7765936

31,37

30

Besoin d’Europe

Valérie Hayer

3 614646

14,6

13

Réveiller l'Europe

Raphaël Glucksmann

3424216

13,83 %

13

France insoumise

Manon Aubry

2448703

9,89

9

La droite pour faire entendre la voix de la France en Europe 

François-Xavier Bellamy

2448703

7,25

6

Europe-Écologie

Marie Toussaint

1361883

5,5

5

La France Fière

Marion Maréchal

1353127

5,47

5

Besoin d’Europe (Valérie Hayer, liste présidentielle) largement battu par La France revient (Jordan Bardella, RN) avec 2 fois plus de voix (31,37 % contre 14,5) et de sièges (30 contre 13)

Le jour même, le président dissout l’Assemblée nationale !!

Quel sentiment, quelle idée ont pu pousser Emmanuel Macron à prendre cette décision malgré le risque d’un échec électoral annoncé ?
Déprime après les échecs successifs, dépit devant des citoyens qui ne reconnaissent pas ses mérites, fascination par l’extrême droite qu’il dit combattre et renforce sans cesse, machiavélisme et sentiment qu’il peut tout faire ?

Après la dissolution, la politique continue...

Le résultat des législatives confirme toutes les craintes.

Au premier tour, le RN arrive en tête, 29,26 % des voix, suivi du Nouveau Front Populaire (NFP, 28,06) et, en troisième position (20,06), la majorité présidentielle.

Ces résultats font craindre un 2nd tour dévastateur, par suite des nombreuses triangulaires, et la possibilité d’une majorité importante, voire absolue, du RN à l’Assemblée. Pour l'éviter,  les candidats se désistent en faveur du concurrent le mieux placé pour vaincre le candidat RN.
Les électeurs appliquent la discipline républicaine et le Front républicain, le RN ne triomphe pas.

Par nécessité, en 2017 et 2022, les citoyens de gauche ont élu Emmanuel Macron. En 2024, ils protègent le parti présidentiel d’un effondrement électoral et votent pour LR, par discipline républicaine.
Les citoyens de gauche ont voté pour les  2 partis du gouvernement qui vient !!

Pour le président il n’y a pas de vainqueur à cette élection.
Bien que le NFP soit le groupe le plus important de l’Assemblée, avec 193 sièges, majorité très relative.
Bien que le RN soit le parti le plus important avec 126 députés.
Grande vaincue : La Coalition présidentielle avec 166 élus contre 245 (- 79) députés sortants.

Le parti présidentiel ne peut prétendre, au poste de premier ministre, ni numériquement, ni moralement.

Les résultats connus, Jean-Luc Mélenchon demande la nomination, d’un représentant du groupe le plus important, le NFP. comme premier ministre.
Beau coup politique. Si un nom avait été proposé immédiatement.
Au lieu de quoi, de longues disputes publiques pour proposer, un peu tard, le 23 juillet, le nom de Lucie Castets, engagée dans la société civile, strictement inconnue du public et du monde politique. Tout en martelant le programme, tout le programme, rien que le programme . Comme un mantra ou un slogan dans une manifestation.
Difficile à réaliser avec une majorité relative de 193 élus !


 

Après la dissolution, la politique continue...

Malgré la défaite de La Coalition Présidentielle, l’opposition n’a pas un groupe assez fort pour dominer l’Assemblée et gouverner.

Plus jeune président, Emmanuel Macron a choisi 4 premiers ministres successifs en 7 ans, à la durée de fonction de plus en plus courte. Il a terminé avec le plus jeune premier ministre, le plus jeune et le plus rapide ancien premier ministre. Le 5ème premier ministre, le plus âgé, est là pour combien de temps ? 

Au décours des législatives, le président a refusé de nommer Lucie Castets, proposée par le NFP, groupe le plus important de l’Assemblée.
Invoquant la trêve olympique, ayant des difficultés à trouver un premier ministre acceptable, il a beaucoup joué avec le microcosme politico-médiatique. Au bout de huit semaines, après des consultations dans toutes les directions, le président nomme Michel Barnier.
Les choses n’étaient pas ncore réglées. Il a fallu deux semaines de plus au premier ministre, pour former son gouvernement. Avec l'aidé du président et de multiples candidats aux postes ministériels.

À l’ombre du président ? Aux mains de la majorité précédente ?

Pied de nez à la démocratie, à l’Assemblée, le promu, minoritaire au LR (troisième lors de la primaire, 2021, en vue de l’élection présidentielle), hier le parti le plus faible de l’opposition (?) , aujourd’hui le plus faible de la majorité relative.
Les 2 partis qui soutiennent le nouveau gouvernement sont riches de personnalités qui pensent avoir été dépouillées indûment d’un poste ministériel, qui préparent les échéances prochaines avec ambition.

Avec de tels soutiens, est-il nécessaire d’avoir une opposition ?

Ni le NFP, ni le RN ne peuvent, seuls, censurer le gouvernement. Le NFP et ses électeurs ont participé au Front républicain contre le RN. Peut-il voter une motion de censure présentée par celui-ci ? Posera-t-il une motion de censure susceptible d’être votée par le RN ?

Le vote d'une motion de censure, avant septembre 2025, entraînerait une crise gouvernementale et la formation d’un nouveau gouvernement. Après cette date, une nouvelle dissolution de l’Assemblée serait possible. Et, à tout moment, une démission du président de la République.

Après la dissolution, la politique continue...

Le danger principal pour Michel Barnier est probablement dans son camp. Le charivari autour du mot, justice fiscale, en témoigne alors que l’état des finances semble intenable. Il devra utiliser toutes les possibilités réglementaires pour faire passer des mesures homéopathiques sans vote...

Le choix de Michel Barnier peut être heureux pour Emmanuel Macron si ses talents proclamés d’excellent négociateur, d’équilibriste, s’avèrent efficaces pour faire vivre le gouvernement, proposer des mesures avec humilité, c’est son mot, sans le mépris affiché par Emmanuel Macron.

Finalement, ses adversaires principaux ne sont pas les opposants vainqueurs aux législatives, NFP et RN. Mais la Coalition, les barons et Emmanuel Macron lui-même, s’il n’est pas capable de prendre du recul, de laisser le premier ministre déterminer et conduire la politique de la Nation, atténuer la rugosité de certaines de ses réformes.

La réforme électorale pourrait trouver une majorité. Avec l’introduction de la proportionnelle qui semble en cour dans toutes les formations mais a-t-elle les qualités qu’on lui prête ?
Elle ne résoudra pas les problèmes politiques

Les politiques ont beaucoup joué aux petits chevaux. La récréation est terminée. Depuis dix semaines, les Français attendent calmement.

Dissolution, gouvernement, la politique reprend...

Le moment du concret est venu. Le budget et tout ce qu’il conditionne dont il a peu été question ces jours-ci entre postulants aux responsabilités au moins publiquement : transition écologique, inflation, inégalités, immigration, enseignement, système de santé, la montée de l’extrême droite en France et ailleurs, les guerres, l’Europe, sans oublier l’Outre-Mer, Nouvelle Calédonie, Martinique


 

 


 

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2 septembre 2024 1 02 /09 /septembre /2024 20:35
Les J.O. sont-ils politiques ?

Malgré l’enthousiasme populaire et médiatique, anesthésiant, des Jeux et des manifestations qui les accompagnent, les J.O. sont très politiques de leur conception à leur déroulement périodique.
Malgré l’opportune trêve politique décrétée par le président de la République suite de la dissolution de l’Assemblée nationale, surprise pour tout le monde et aux résultats, surprise pour l’arroseur arrosé !

Dés la campagne électorale qui dure une dizaine d’années avant la désignation de la ville où ils doivent se dérouler. Paris a accueilli les Jeux en 1900 et 1924 et depuis les années 1980, la France s’est très engagée pour leur organisation.
Avec
les échecs de 1992, face à Barcelone, 2008, face à Pékin, de 2012 face à Londres… La candidature Paris2024 est annoncée en juin 2015. Le Comité international olympique (CIO), après le retrait de Rome, Hambourg et Budapest, retient, en décembre 2016, Los Angeles et Paris. Los Angeles abandonne 2024 et le CIO désigne, en 2017, Paris pour les Jeux de 2024 et Los Angeles pour 2028.

Le choix d'utiliser principalement le slogan en anglais « Made for sharing » , traduit par « Venez partager », provoque une polémique. Le comité de candidature justifie son choix, « donner un caractère universel au projet » (Tony Estanguet).
Pour 3 associations de défense de la langue française, c’est une :
« insulte grave à la langue française ... violation de la Constitution ».
Pour l'Académie française, un slogan pour des pizzas, des bonbons, des biscuits qui a « déjà été utilisé lors de campagnes publicitaires ».
Pour Bernard Pivot : « une faute, une ânerie, une erreur ».

Le baron Charles Pierre Fredy de Coubertin est le père des J.O. modernes, même si l’idée en avait été lancée pendant la Révolution, olympiade de la République (1796, 1797, 1798), et leur rétablissement demandé sans succès à la municipalité de ParisD’autres olympiades ont eu lieu aussi en Angleterre en 1850 et à Athènes en 1859, 1870…

Pierre de Coubertin, après des études chez les jésuites, renonce à Saint-Cyr pour l'École libre des sciences politiques et l’Institut catholique de Paris. Lors de séjours outre-manche, il est frappé par les innovations britanniques en pédagogie.
En France, il milite pour le développement du sport et son introduction dans les milieux scolaires pour « régénérer la race française par la rééducation physique et morale des futures élites du pays qui a connu la défaite de 1870 ».
En 1894, Il fonde le CIO pour « cette œuvre grandiose et bienfaisante : le rétablissement des Jeux Olympiques » qu’il préside de 1896 à 1925.

Il est à l’origine du drapeau, du serment et de la devise olympiques. Devise soufflée par son ami et conseiller, le dominicain Henri Didon qui a célébré la première messe olympique à Athènes. Coubertin reprend ses mots « citius, fortius, altius », change leur ordre pour gommer leur sens spirituel, « citius, altius, fortius », (plus vite, plus haut, plus fort). Voulant atténuer la devise élitiste, il précise « l'essentiel n'est pas de gagner mais de participer », emprunté au sermon de l'évêque de Pennsylvanie, lors de la messe olympique à Londres (1908).
Jugée trop associée au culte de la performance et à la course au dopage, le CIO, en 2021 à Tokyo, modifie la devise qui devient :
« Citius, Altius, Fortius – Communiter ».
Soit dans les deux langues officielles du CIO :
« 
Plus vite, plus haut, plus fort – ensemble », « Faster, Higher, Stronger – Together ».

Le Belge Henri Charles Joseph Ghislain, comte de Baillet, successeur au CIO de Coubertin, ouvre, en 1925, les épreuves d’athlétisme aux femmes pour les Jeux de 1928. Et, en 1936, contre Hitler, il impose la participation des athlètes juifs ou de couleur aux Jeux d’hiver à Garmisch-Partenkirchen et d’été à Berlin dans l'Allemagne nazie. Il en est récompensé par les 4 médailles d’or remportées par le Noir américain, Jesse Owens.
Même si, à ces jeux, l’allemand Konrad Frey (6 médailles dont 3 d’or) est l’athlète le plus médaillé et l’Allemagne remporte 89 médailles (33 d'or) devant les États-Unis, 56 médailles (24 d'or).

Des événements politiques empêchent la tenue des Jeux

1916 : les Jeux sont supprimés à cause de la Première guerre mondiale. Ils reprennent en 1920, à Anvers. Allemagne, Autriche, Bulgarie, Empire ottoman et Hongrie n’y sont pas invités.
L
es Jeux de 1940 (Tokyo puis Helsinki) et 1944 (Londres) sont annulés du fait des guerres. Ils reprennent en 1948 à Londres et en 1952, à Helsinki, avec l'Allemagne et le Japon et, pour la première fois, l'URSS, la Russie était absente depuis 1917.

Des nations ne participent pas aux Jeux pour des raisons politiques.
En 1956, à Melbourne, les événements de Hongrie entraînent le boycott par l’Espagne, les Pays-Bas, la Suisse. La République populaire de Chine se retire par opposition à la présence de la République de Chine (Taïwan).
À Tokyo, 1964, le CIO n’invite pas l'Afrique du Sud. Le gouvernement refusait que son équipe composée, pour la première fois, de Blancs et de Noirs, partage le même avion et le même village olympique. La Chine, absente depuis 1956, renonce à participer aux côtés de Taïwan.
Montréal, 1976 : 22 pays africains boycottent les Jeux contre la présence de la Nouvelle-Zélande qui a envoyé son équipe de rugby en Afrique du Sud, pays de l'apartheid.
À Moscou, en 1980, plus de 50 États boycottent les Jeux, suite à l’intervention de l’URSS en Afghanistan.
Ceux de Séoul en 1988 sont boycottés par la Corée du nord.
P
our les jeux de Pékin de 2008, de nombreux appels sont lancés pour le boycott des Jeux ou de la séance inaugurale des Jeux à cause de l’atteinte aux droits de l’homme en Chine et de la situation au Tibet.
Finalement, ce sont 90 chefs d’État ou de gouvernement qui sont présents, quatre fois plus que lors des Jeux précédents à Athènes.

À Paris2024, malgré l’absence de la Russie et de la Biélorussie, 206 délégations sont présentes. L’ONU compte ou reconnaît 197 États !
De réfugiés de 12 pays concourent, sur un pied d’égalité, avec les sportifs présentés officiellement par le pays d’origine qu’ils ont fui.

Des pays portant atteinte aux droits de l’homme ou intervenant militairement à l’extérieur, sans mandat international, n’ont pas été interdits de Jeux.

Le nombre de pays aux statuts divers ou aux politiques discutables traduit la volonté du CIO d’inclure le maximum d’entités territoriales.

La sérénité des Jeux a été troublée par des événements politiques.

- 1904, Saint-Louis : scandale des journées anthropologiques, réservées aux représentants des tribus sauvages et non civilisées.
- 1908 :
Londres veut imposer des jurys composés exclusivement d'Anglais.
-
1968, les Jeux sont précédés du massacre sur la place des Trois Cultures à Mexico.
Des athlètes des États-Unis, lors de la remise des médailles, lèvent leur poing ganté de noir pour protester contre la situation des Noirs aux États-Unis et dans le monde. D’autres, lors de la même cérémonie, arborent le béret noir des black-panthers.
-
Événement le plus grave en 1972, à Munich : prise en otages de 11 athlètes israéliens par des palestiniens de Septembre noir.
Bilan : mort de 17 personnes.
Les Jeux ne sont pas annulés. Le président du CIO, Avery Brundage, déclare : « The Games must go on » (les Jeux doivent continuer).
- Attentat au parc du Centenaire, Atlanta, 1996 : 2 morts et 111 blessés.
- Août 2023.
Séminaire, à Paris, des chefs de mission des Comités nationaux paralympiques. Polémique sur la venue de Ghafoor Kargari, président du comité iranien, accusé de tortures et soupçonné de crimes contre l'humanité — plainte déposée le 28 août — et d’Omar al-Aroub, président du comité syrien, accusé de crimes de guerre.

Le dopage était pratiqué aux Jeux olympiques antiques (préparation de viande de lézard). L'alcool était prohibé, un juge reniflait l'haleine des compétiteurs à l'entrée des stades.
Les produits et les contrôles ont beaucoup changé. Non la motivation.

Au dopage, on peut ajouter le soupçon de tricherie sur le sexe réel de certaines athlètes avec des polémiques qui dureront aussi longtemps que des critères scientifiques clairs ne seront pas publiés.

La présentation des résultats, distribution de médailles, starification des athlètes, classement par nationalité, concours de beauté dans l’inauguration et la clôture des Jeux sont autant de moments politiques ouvrant la dérive de la fierté nationale vers le nationalisme.
Avec l’aide
des médias et des gouvernements.

Ambitions françaises : obtenir plus de médailles que lors des dernières olympiades et voir la France dans les 5 premières nations au classement international.
De ce point de vue, les
résultats ne sont que très modérément conformes aux espérances officieuses tablant sur des Jeux à domicile, des investissement importants... Avec, de plus, l’exclusion de la Russie qui se classait toujours devant la France…
Le désenchantement sur le nombre de médailles a été rapide par rapport aux prévisions un peu trop optimistes de certains… Alors que le nombre de disciplines et donc de médailles distribuées augmente à chaque olympiade.

Pour les Jeux de 2028, sont ajoutés cricket, crosse (sport collectif nord-américain), softball, squash et flag football. Les Jeux de 2028 sont bien dessinés pour accentuer la supériorité étasunienne.

De nombreuses craintes précédaient les Jeux : sur l’organisation, les gréves, la sécurité, les transports… Les Jeux se sont déroulés de façon satisfaisante. Les moyens nécessaires ont été mobilisés, y compris…. la vidéo-surveillance qui risque de se pérenniser. Une pensée pour les responsables qui auraient été déclarés incapables et coupables si...
Il reste possible de pester contre le mauvais temps lors de l’inauguration...

Tout le monde a souligné l’adhésion, le soutien des Français qui se sont libérés momentanément du quotidien, et ont vibré, avec leurs champions dans les stades ou devant leur télévision.
Cet enthousiasme, des jeunes en particulier, se traduira-t-il par une augmentation significative des engagements sportifs y compris dans de disciplines découvertes à cette occasion ?
Au-delà des propos plus ou moins adaptés, répétitifs, emphatiques des journalistes sur les médailles gagnées par les héros en situation de handicap (ou non), ces Jeux, enthousiastes, incluants, seront-il suivis d’une amélioration du regard y compris des commentateurs et surtout des structures (habitations, transports, école, santé etc…).
Il est connu que, même si des progrès ont été faits, la France n’est pas exemplaire pour les personnes en situation de handicap. Serait-elle classée dans les cinq premières nations ? Le sera-t-elle un jour ?
Heureusement, il n’y a pas de classement officiel. Pour cela. Les paroles ne suffisent pas. Un financement fort est nécessaire et continu...

Au moment du bilan, des réponses viendront sur les questions sociales, écologiques, économiques, financières...

Trêve olympique
Le CIO a repris la notion de trêve olympique pour « préserver, dans la mesure du possible, les intérêts des athlètes et du sport en général ainsi que d’utiliser le rôle du sport pour promouvoir la paix, le dialogue et la réconciliation ».

Cette antique tradition a été reprise en 1993 par le CIO. En novembre 2023, l’Assemblée générale des Nations unies a voté sont instauration du 19 juillet au 15 septembre 2024.
Le principe a été adopté, 118 voix pour et deux abstentions (Russie et Syrie). Avec les mêmes effets que bien des résolutions de l’ONU.

Le 19 juillet, une messe à la Madeleine a marqué le lancement de la trêve olympique pour un cessez-le-feu pendant la durée des Jeux.
En présence de représentants diplomatiques, de comités olympiques nationaux, de sportifs, de la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, de la ministre de la Culture, Rachida Dati, de la maire de Paris, Anne Hidalgo et du président du CIO, Thomas Bach.

Le dimanche 4 août, sur le parvis de Notre-Dame de Paris, a eu lieu un événement œcuménique souhaité par le président du CIO, Thomas Bach,  « en écho à la cérémonie interreligieuse des Jeux de 1924 en la cathédrale de Notre-Dame de Paris » par Pierre de Coubertin. En présence de Thomas Bach, de Tony Estanguet, président de Paris202, et du représentant des 5 grandes religions, Haïm Korsia, Grand Rabbin de France, Najat Benali, Présidente des associations-mosquées de Paris, Christian Krieger, Président de la Fédération Protestante de France, Anton Gelyasov, aumônier national Orthodoxe des Hôpitaux, Lama Jigmé Thrinlé Gyatso, co-président de l’Union Bouddhiste, Shailesh Bhavsar, représentant du culte hindou, et Mgr Philippe Marsset, évêque auxiliaire de Paris.
L'événement intervient à la suite de vives réactions de chefs religieux à travers le monde à l'égard de certains tableaux présentés lors de la cérémonie d'ouverture de JO de Paris 2024.

Sport ou éducation physique.

Toutes les questions envisagées, jusqu’ici, montrent que les jeux sont étroitement intriqués à la politique suivant les circonstances et le rapport de forces internationales du moment.

Les Jeux, depuis le début, fonctionnent sur la base de la concurrence, du conflit, du combat, certes pacifiques mais excluant au fur et à mesure de la compétition. Cette exclusion a été ressentie par Coubertin lui-même qui a voulu l’atténuer en avançant la possibilité de participation de tous à toutes des activités sportives.
Elle émanait d’une aristocratie de naissance, britannique, et contribuait par la compétition à créer, renforcer une nouvelle aristocratie.

Après la Première Guerre mondiale, Coubertin, oubliant son opposition à la participation des femmes, écrit :
« 
Tous les sports sont pour tous ; voilà sans doute une formule qu'on va taxer de follement utopique. Je n'en ai cure. Je l'ai longuement pesée et scrutée ; je la sais exacte et possible. Les années et les forces qui me restent seront employées à la faire triompher ».

Cette exclusion est même dans l’origine du mot et la pratique du sport destiné pour le baron de Coubertin à « forger une noblesse moderne sur l’énergie, le courage, le fair-play ».
La sélection olympique par la compétition, la concurrence est en parfait accord avec la société contemporaine libérale. Elle a remplacé l’amateurisme aristocratique. Et s’est étendue avec la puissance de l’Europe occidentale sur le monde entier.
Elle est éloignée de l’utopie d’une éducation physique issue des Lumières visant la promotion collective et non la lutte de tous contre tous.
Malgré les généreuses déclarations sur l’inclusion.

Inclusion

En dehors des épreuves sportives des J.O. qui sont les mêmes, à quelques ajouts ou suppressions prés, le cadre et les manifestations qui les ont accompagnées lors de Paris2024 sont remarquables et répondent au cahier des charges : inclusion.
Même si c’est au prix, quelquefois de grincements de dents.

Les athlètes, spectateurs et téléspectateurs sortent du confinement.
Par le choix des organisateurs.
La ville s’est offerte aux Jeux ! Les Jeux se sont emparés de la ville ! Joie de tous et, encore plus, des téléspectateurs, fussent-ils parisiens, qui ont pu voir, tous les athlètes, tous les terrains enchâssés dans leur environnement monumental. Jamais vus ainsi auparavant. Grâce aux nouvelles techniques de prises de vue qui permettent de les filmer désormais sous tous les angles. Paris, ses monuments et son histoire.
Inclusion totale, réciproque.

Marathon pour tous !
Inclusion par le spectacle, par la participation aussi.
Avec le marathon pour tous à Paris : sans classement (de l’Hôtel de ville aux invalides) sur 10km ou sur le circuit complet des Jeux (9 communes traversées : Paris – Boulogne-Billancourt, Sèvres, Ville d’Avray, Versailles, Viroflay, Chaville, Meudon, Issy-les-Moulineaux).
Plus de 20 000 participants.
Le marathon pour tous, connecté : 473 156 inscrits du monde entier ! Les coureurs devaient courir au moins 30 minutes sur la route, en salle de sport, en appartement.… pour que leur participation soit prise en compte. Une application permettait de voir le parcours officiel !

Avec les manifestations, inauguration et clôture.
Inclusion aussi pour les manifestations de l’inauguration et de la clôture des Jeux olympiques et paralympiques.

La Seine comme colonne vertébrale et ses rives couvertes de dizaines de milliers de spectateurs. Un spectacle incluant des moments de l’histoire d’hier et d’aujourd’hui, d’images, de musique. Chacun gardera ses Jeux. Seine, scènes, Cène… Chacun aura trouvé, retrouvé, aimé ou détesté. Inclusion !

Le cheval mécanique Zeus galopant sur la Seine, Louise Michel et Olympe de Gouges surgissant des fonds de l’histoire et des eaux, Mon truc à plumes, Ça ira, et le French Cancan sur les berges, le défilé de mode publicitaire pour Louis Vuiton, Philippe Catherine en Dionysos, Aya Nakamura et la Garde républicaine devant l’Académie française, L’hymne à l’amour de Céline Dion… L’adepte de parkour sur les toits de Paris… La Vasque olympique

Et la Mission impossible de Tom Cruise sautant du toit du stade de France au milieu des athlètes devenus spectateurs, enfourchant sa moto pour s’engouffrer dans un avion gros porteur et atterrir en quelques secondes à Hollywood-Los Angeles transmettant le drapeau olympique pour les Jeux de 2028 !

L’ouverture des Jeux paralympiques.
Les athlètes descendent les Champs-Élysées et les scènes s’enchaînent sur la grande place blanche, des projections montrent le parcours en difficultés de personnes, non des héros, en situation de handicap, les ballets mêlent personnes en situation de handicap ou non, la flamme paralympique arrive d’Angleterre et 5 athlètes paralympiques allument la Vasque, les drapeaux et la musique, Born to alive, le rouge coucher de soleil, les discours et les mots qui, ici, aujourd’hui, prennent encore plus de force, Liberté, Égalité, Fraternité, sur la place de la Révolution-de la Concorde–de l’Inclusion tandis que scintillent les Lumières de la ville contemplées du haut de l’Obélisque venue d’Égypte.

Demain sera un autre jour...


 

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20 juillet 2024 6 20 /07 /juillet /2024 21:20
La suite à la prochaine présidentielle ?

Le Rassemblement national (RN) est le premier parti politique du pays, par le nombre d’électeurs, même si ses députés ne constituent que le troisième groupe parlementaire à l’Assemblée nationale (AN) par l’effet du Front républicain électoral.

Après une hasardeuse dissolution, Ensemble a été repêché, et Emmanuel Macron avec, par les organisations et électeurs du Nouveau front populaire (NFP). Le Front républicain a été plus efficace, en quelques jours, pour limiter le nombre de députés du RN que les campagnes électorales et médiatiques pour freiner la croissance du nombre de ses électeurs !

Les 577 membres de l’AN se répartissent en 3 grands groupes : le plus important, NFP avec 180 députés puis Ensemble 163 et enfin le RN 143.

Encore faut-il relativiser ce succès contre le RN car ces groupes sont eux-mêmes divisés : le NFP en 4 sous-groupes dont La France insoumise (LFI) est le plus important (71 sièges), Ensemble en 4 sous-groupes aussi dont Renaissance (98 sièges).
Le regroupent RN à l'AN n’est constitué que de 2 groupes, le RN 126 sièges et son allié RN-LR 17 membres !

Finalement, le parti politique le mieux représenté à l’AN est le RN et ses 126 députés. Cette forte présence à l’AN n’est pas un effet du hasard mais traduit sa pénétration continue dans toutes les couches de la population française.

Dans cette tripartition, Les Républicains et ses alliés (LR-alliés), au total 66 élus, sont négligés. À tort, car ils viennent de rappeler leur existence en contribuant à la réélection de la présidente de l’AN par 220 voix devant le candidat du NFP avec 207 voix. Ce qui annonce une majorité relative potentielle malgré des résistances à négocier.
La minorité présidentielle, ébranlée, tente de se ressaisir et de s'élargir pour mettre en place un gouvernement, plus ouvert à la droite, sous les piques du RN.

Les têtes du NFP continuent de se disputer pour désigner un candidat improbable à Matignon, que le président de la République n’a aucune obligation d’appeler. Ni politiquement, ni constitutionnellement.

La désignation par le NFP d’un candidat au poste de Premier ministre, dans les heures qui ont suivi les résultats des élections législatives, aurait eu un effet-choc politique avant que chacun ne reprenne ses esprits.

Cette proposition a perdu le peu de sa pertinence politique (le programme, tout le programme, rien que le programme). La difficulté du NFP à s'entendre pour avancer le nom d'un candidat ou d'une candidate pour Matignon met en évidence  son aptitude réduite pour étendre sa majorité et former un gouvernement soutenant son programme.

La minorité présidentielle, ébranlée, va tenter de se ressaisir et de s'élargir pour mettre en place, un gouvernement, plus ouvert à droite, sous les piques du RN.

Après cet intermède, il faudra bien revenir au peuple, aux citoyens, aux électeurs, à ceux qui auront vu passer la caravane. Aux électeurs du RN et du NFP. Frustrés d’un changement entrevu. Il ne fait pas de doute que les Jeux olympiques vont distraire, pendant quelque temps, des jeux autour de l’Olympe, permettre à certains de se remettre en selle et de continuer le travail de démolition sociale, un moment, remis en question.

Cette trêve durera-t-elle longtemps avant que ne revienne le temps du pain et des fins de mois ?

Le NFP ou son avatar pourra-t-il, partant de ses fragiles bases actuelles, construire quelque chose de crédible pour accompagner et donner un débouché politique aux espérances encore déçues qui se regroupent pour le moment essentiellement derrière le RN ? Rien n’est moins sûr. Car le RN risque d’être plus fort demain qu’aujourd’hui.

Lors de la prochaine élection présidentielle, le vote qui a permis l’élection de Macron en 2017 et 2022 et sa politique du mépris de classe, le vote n’importe qui sauf Marine Le Pen tiendra-t-il avec le candidat à la succession politique de Macron ?

Aux législatives qui suivront, tout sauf le RN tiendra-t-il ? Face à un RN aguerri, renforcé, riche financièrement et politiquement du fait de ses nombreux élus, de leur expérience politique, riche du recrutement des cadres qui le rallient chaque jour…

L’avenir sera-t-il fait de lendemains qui déchantent ou de gilets de toutes les couleurs ? La suite attendra-t-elle la prochaine présidentielle ?

 

 

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13 juillet 2024 6 13 /07 /juillet /2024 13:48
Une crise française mais pas que...

Grandes découvertes des médias et des politiques : le Rassemblement national (RN) est le premier parti de France. Pourtant, ce n’est pas nouveau. Mais, grand émoi, il risque d’avoir la majorité absolue...

La première vraie surprise a été la dissolution de l’Assemblée nationale.
Seconde surprise : les résultats du second tour, bien différents de ceux annoncés par les sondages. Qui n’ont pas décelé l’efficacité du Front républicain, respecté par les politiques et les électeurs. Surtout de gauche.

Le RN reste toujours le premier parti de France après le second tour comme après le premier. Par le nombre de voix recueillies.
Ce qui satisfait les commentateurs, c’est son échec électoral, le nombre d’élus lié aux désistements nécessaires, défensifs, mais sans projet politique.
Le pire a été évité… Recommençons.

L’état social, politique, psychologique des électeurs du RN et des autres reste une préoccupation secondaire.


 

Une crise française mais pas que...

Le malaise n’est pas exclusivement français. Cette progression de l’extrême droite se retrouve de façon plus ou moins intense dans de nombreuses démocraties.

Aux frontières de l’Hexagone, l’extrême droite (ED) progresse :

- en Espagne avec un gouvernement socialiste, VOX (ED) est le troisième parti national avec 9,92 % des voix aux élections européennes du 9 juin 2024.

- au Portugal avec un PS au gouvernement battu aux législatives du 10 mars 2024 par le parti populaire, le troisième parti  Chega (ED) obtient 18,8 % des voix (+11,5 points)

- au R-U, élections générales, énorme défaite des Tories vs Travaillistes et troisième place au nombre de voix, plus de 4 millions de voix (14,29%) pour le ReformUK (ED).

- en Allemagne, l’AfD (ED) est, aux élections européennes, la troisième force avec plus de 6 millions de voix (15,89%), devance le SPD et les Verts.

- en Italie, Meloni...

Tout ceci s’accompagne d’un recul du nombre de pays démocratiques.

Ces dangereuses évolutions ne sont pas dues à une génération spontanée, à une explosion soudaine, à une internationale masquée… Mais le fruit d’un système économique mondial.
Le New York Times qui n’est pas l’organe central de la subversion mondiale, écrit :
« L’instabilité politique mondiale se nourrit de la crise économique. La poussée sans précédent de l’extrême droite en France, le Parlement incendié au Kenya, un coup d’État manqué en Bolivie… Partout, un même cocktail d’inégalités croissantes et de baisse du pouvoir d’achat, d’inflation et de dette publique, a fait grimper les inquiétudes ». (Courrier international 12/07/24)


 

Une crise française mais pas que...

Cette politique remonte à TINA (There is no alternative) de Margaret Thatcher, Première ministre de 1979 à 1990, et Ronald Reagan, président de 1981 à 1989, suivis par les gouvernements, y compris de gauche, de toutes les démocraties notamment dans l’Union européenne.

La fin de l’intermède soviétique, 1917-1989, n’est pas la fin de l’histoire mais le commencement de la domination d’un capitalisme sans entrave et sans contrepoids.
Par la disparition de la menace de l’Union soviétique comme empire concurrent sur le plan idéologique. Comme soutien et horizon aux classes exploitées.
La menace disparue, rien ne s’oppose à la loi du profit maximum : externalisation de la production des biens, de l’exploitation et du contrôle des travailleurs par la Chine, l’Inde...

C’est la reprise de l’histoire avec les conflits entre empires nationalistes.
À la chute de l’Urss, l’Otan conçue pour faire face au danger d’invasion du communisme en Europe occidentale n’a plus de raison d’être. C’est peut-être le moment de réaliser une union européenne de l’Atlantique à l’Oural. Ce n’est pas l’intérêt des États-Unis. Ils donnent un autre rôle à l’Otan : profiter de l’affaiblissement de la Russie pour en détacher les marches et les inclure dans l’empire occidental qu’ils dominent.

Ayant établi son pouvoir sur la Russie, Poutine utilise la menace de l’Otan pour stimuler le vieux nationalisme russe vers un renouveau de l’impérialisme autoritaire tsariste, un moment caché derrière le communisme internationaliste.
Ce renouveau impérialiste s’exprime en Tchétchénie, Géorgie, Azerbaïdjan, Arménie, Crimée, jusqu’à l’invasion de l’Ukraine. Le point trop loin.
Désormais, la Russie est embourbée en Ukraine et partiellement immobilisée par les autres tentatives d’émancipation périphériques.

Le monde est partagé entre empires de forces et de formes diverses, tous capitalistes.


 

Une crise française mais pas que...

L’empire étasunien, libéral, avec son appendice européen. Encore aujourd’hui le plus puissant : financièrement, scientifiquement, géographiquement, militairement, avec des bases et des traités qui encerclent les concurrents.
Économiquement, avec des entreprises qui dominent le monde. Dwight D.Eisenhower alertait déjà du danger du complexe militaro-industriel pour la démocratie. Ce complexe est, aujourd’hui, encore plus intriqué et plus puissant, Gafam, SpaceX..
Et relativise beaucoup la démocratie étasunienne.

Derrière, la Chine et la Russie, aussi peu démocratique l’une que l’autre. Aussi peu communiste l’une que l’autre. Alliées momentanément, à terme concurrentes. Elles affrontent l’encerclement militaire des États-Unis, par un encerclement politique avec tous les pays qui veulent échapper à la domination occidentale (votes à l’Onu).

La Chine se projette en première puissance future. Source de matières premières indispensables et encore atelier du monde, elle est beaucoup plus que cela. Elle est le premier pays pour le dépôt de brevets à l’échelle mondiale, très largement en tête, devant les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, la Russie, tous en baisse, ou la Corée du sud et l’Inde en hausse…
Avec une armée chaque jour plus puissante, elle veut rattacher Taïwan au continent et étendre son emprise bien au-delà, ce qui la met en conflit avec de nombreux pays asiatiques. Par ailleurs, elle augmente son influence par les routes de la soie, les contrats commerciaux avec de nombreux pays anti-occidentaux et même des investissements en Europe !


 

Une crise française mais pas que...

La domination mondiale de la politique économique des États-Unis, approfondit les inégalités entre États et, à l’intérieur des États, entre couches sociales. D’où la montée des mécontentements, des ressentiments partout. Habilement détournés dans des conflits qui n’opposent pas responsables et victimes des inégalités, mais les victimes entre elles, en exacerbant des questions identitaires et sociétales, réelles...

D’abord aux États-Unis et dans l’Union européenne où tous les gouvernements, de droite ou de gauche, ont conduit les mêmes politiques avec les mêmes conséquences : affaiblissement de la démocratie ouvrant la voie aux mêmes populismes sans espoir.
Les derniers événements électoraux en France sont les plus spectaculaires.

En France, lors du premier tour de l’élection législative, pouvoir et médias pensant avoir affaibli l’ED avec l’application d’une partie de son programme, ont fait du Nouveau Front Populaire (NFP) l’ennemi principal en utilisant Jean-Luc Mélenchon comme épouvantail.
Au second tour, devant le risque d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, pouvoir et médias, à l’exception notable du groupe Bolloré qui la soutient, se sont retournés contre l’ED et le Front républicain a été mis en place. Aucun candidat de droite n’a rejeté les voix de La France Insoumise.
Ennemis mortels au premier tour, alliés par nécessité réciproque au second !!!

Ce succès d’appareil ne répond en rien au besoin de tous ceux qui se sentent exclus, méprisés par les uns et les autres et ne fait que justifier les votes futurs pour l’ED.
Il en sera de même avec les poursuites judiciaires, certainement justifiées.
Trump aux États-Unis a gagné contre la méprisante Hilary Clinton. Il est en passe de gagner malgré poursuites judiciaires et condamnations !

La discipline républicaine a été mieux appliquée par les électeurs de gauche. Pour éviter le pire, et pour la troisième fois, ils ont sauvé de la débâcle Emmanuel Macron.
Qui redevient le maître des horloges et se revoit en Jupiter.

Dans sa lettre aux Français, Emmanuel Macron affirme que dans cette élection, il n’y a pas de vainqueur. Certes, aucune des trois composantes de l’Assemblée n’a la majorité absolue qui lui permettrait de gouverner seul.
Il n’en reste pas moins qu’il y a, électoralement, un vaincu absolu !
Emmanuel Macron qui a obtenu, à l’Assemblée nationale, successivement, la majorité absolue en 2017 (351 sièges), une majorité relative en 2022 (245 sièges) et une minorité absolue en 2024 (150 sièges).
Cette situation de majorité aléatoire, à géométrie incertaine, est aussi peu satisfaisante pour la démocratie que pour les couches populaires.

Il faut autre chose que des manœuvres d’appareil pour convaincre les millions d’électeurs qui ont soutenu le RN contre ceux qui, depuis des dizaines d’années, conduisent la même politique !
Il faudra autre chose que des lois sur l’immigration renouvelées tous les deux ans.

Après avoir fait avaler aux réformistes dits de gauche des réformes de droite, Macron a voulu rallier les réformistes de droite avec des mesures préconisées par l’extrême droite. Finalement, par une décision qu’il croyait jupitérienne, il se retrouve encore plus seul, responsable de la construction d’une extrême droite plus installée que jamais même si elle n’a pas encore la majorité absolue.


Grandes découvertes des médias et des politiques : le Rassemblement national (RN) est le premier parti de France. Pourtant, ce n’est pas nouveau. Mais, grand émoi, il risque d’avoir la majorité absolue...

Une crise française mais pas que...

La forte participation aux élections, présidentielle et législatives de 2024, témoignent que les citoyens ne sont pas indifférents aux questions politiques. Quand des perspectives se présentent à eux, même si elles ne sont pas convenables.
Plus nombreux que jamais, ils ont tenté de sortir les sortants et de changer d’équipe.

Il vaudrait mieux qu’ils soient entendus : en 2027, peut-être avant, les choses peuvent prendre une autre tournure.

La conjoncture internationale n’est pas très favorable. Et il est difficile de construire la démocratie dans un seul pays !


 

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20 juin 2024 4 20 /06 /juin /2024 08:26
La démocratie est un combat permanent...

 

Athènes est considérée comme le berceau de la démocratie moderne. Une démocratie imparfaite dans une société imparfaite. Les démocraties modernes en sont des versions améliorées mais toujours imparfaites. Ces imperfections correspondent à l’état des sociétés et conditionnent leur survie : elles permettent l’exercice du pouvoir par les dominants dans des conditions acceptées par les dominés.
Quand la violence de ces situations devient insupportable, elle peut entraîner des révoltes, plus ou moins violentes, quelques fois étendues. Les dominants acceptent alors des compromis s’ils ne leur enlèvent pas l’essentiel du pouvoir ou les répriment sans ménagement quand ils se sentent menacés.
Ainsi les sociétés évoluent à travers situations de violence et actes de violence, répressions, compromis. Les révoltes ébranlent quelquefois, renversent rarement la domination qui se perpétue ou se renouvelle après quelque temps.
 

La démocratie est un combat permanent...

Abraham Lincoln, discours de Gettysburg, est souvent cité pour définir la démocratie : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Véritable tour de passe-passe repris par les constitutions de la Quatrième République (1946) et de la Cinquième (1958).

Illusionnisme verbal où le mot peuple, répété, n’a jamais le même contenu !

Gouvernement du peuple : de tout le peuple, nationaux, étrangers, hommes, femmes, adultes, enfants ;
Gouvernement par le peuple : quelques personnes gouvernent, quel que soit leur mode de sélection ;
Gouvernement pour le peuple : supposément pour tous mais le plus souvent pour les uns ou les autres en fonction des rapports de forces.

À Athènes, femmes (esclaves ou non), esclaves, métèques et étrangers étaient exclus des décisions. Cette exclusion était justifiée : déchargés des tâches subalternes, les citoyens pouvaient consacrer leurs compétences à l’essentiel : gérer la cité.

La démocratie est un combat permanent...

Malgré la Déclaration de l’homme et du citoyen de 1789 proclamant l’égalité de tous, ce n’est qu’en 1848, après 60 années mouvementées, que le suffrage universel masculin a été institué et l’esclavage supprimé dans les colonies françaises. Le suffrage universel a été renforcée par la scolarisation, l’extension du droit de vote aux femmes, près de cent ans plus tard puis aux 18-21 ans.
D’autres étapes
demeurent pour qu’il soit réellement universel : extension aux étrangers, démocratisation de l’enseignement, indépendance des moyens d’information de plus en plus contrôlés par les puissances de l‘argent..

La France, Royauté, Empire ou République, a construit un empire colonial dans lequel les valeurs démocratiques pouvaient être, quelquefois, proclamées mais jamais appliquées. Les privilèges de la démocratie imparfaite étaient réservés aux citoyens de l’hexagone.
Pour les autres, la demande de liberté, d’égalité était fortement réprimée, aboutissant aux succès bien connus de Dien-Bien-Phu à l’Algérie.

Deux longues guerres qui ont conduit à l‘indépendance, contre la France, du Vietnam, du Laos, du Cambodge, de l’ Algérie, avec comme effets collatéraux, l’indépendance de tous les pays africains colonisés. La France ne pouvait faire la guerre à tous en même temps.

En février 2017, le futur président Macron reconnaît que la colonisation : 
C'est un crime. C'est un crime contre l'humanité, c'est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant aussi nos excuses à l'égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes. »
Malgré cette lucidité, le poids politique d’une droite obstinée dans les erreurs du passé et la fatuité du président Macron d’ordonner l’histoire, les choses en sont restées là.

Elles ont même régressé en Nouvelle Calédonie où Michel Rocard et Lionel Jospin avaient réussi à rétablir un dialogue et une perspective d’avenir réconcilié, fortement compromis aujourd’hui par la volonté de passage en force du président Macron…
Pour
Nicolas Sarkozy, l’Afrique n’était pas entré dans l’histoire, la France sort de l’histoire et de la géographie, par la petite porte.

Cette association d’une démocratie relative à l’intérieur et sa négation dans la colonisation n’est, hélas, pas une particularité française.
Toute colonisation est contraire à la démocratie même très imparfaite.

La démocratie est un combat permanent...

Israël est, suivant les canons occidentaux classiques, un pays démocratique. C’est aussi un pays colonial. Différence importante avec les autres États coloniaux, c’est un État colonial sans métropole ou plus exactement avec une métropole diasporique et une métropole d’adoption, les États-Unis, soutien inconditionnel. Les États-Unis, qui, hier avec beaucoup d’autres, ont refusé d’accueillir les juifs persécutés, devenus des Israéliens occupants.

Israël est aussi le fruit du dysfonctionnement des démocraties, de la non application de  nos valeurs qui ont favorisé le développement du sionisme..
Theodor Herzl, juif d’origine autrichienne, était assimilationniste
et intégré à la société occidentale. Devant la situation faite aux juifs, des pogroms à l’affaire Dreyfus, il publie, en 1896, Der Judenstaat, l’État des juifs, qui ne rallie pas immédiatement les juifs bourgeois, occidentaux qui se croient intégrés, intouchables, indispensables aux sociétés occidentales, Autrichiens en Autriche, Français en France... Il est entendu par les juifs soumis aux multiples pogroms dans l’empire russe.

Fondateur en 1897 et président, jusqu’à sa mort en 1904, du Congrès sioniste, Herzl imagine un État où les juifs seraient en sécurité. Dans la foulée du projet colonial des puissances européennes, conférence de Berlin (1884-85), qui se partagent les territoires à coloniser en Afrique, il présente l'offre britannique,  Projet Ouganda, au sixième Congrès sioniste en 1903… En 1905, le Congrès sioniste refuse cette offre du Royaume-Uni et s'engage pour un État national juif sur les anciens territoires des royaumes de Judas et d'Israël.
Le Royaume-Uni, généreux avec la terre des autres, se prononce en 1917, par la Déclaration Balfour, en faveur de l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif. Dans l’éventualité d’une installation au Proche-Orient, Theodor Herzl se situait bien dans la perspective coloniale occidentale : Pour l’Europe, nous constituerions là-bas un morceau du rempart contre l’Asie, nous serions la sentinelle avancée de la civilisation contre la barbarie.

L’association démocratie-oppression est constitutive de la création des États-Unis. Les États-Unis sont devenus la première puissance impériale en imposant des inégalités dans toute la diversité de son empire. Mais ils ont construit l’État démocratique, institué le 4 juillet 1776, sur l’extermination des peuples autochtones et l’esclavage des Noirs maintenu officiellement jusqu’en décembre 1865.
Cependant, cette pratique a perduré près d'un siècle, pour ne prendre fin que par l'adoption des XIIIe (1865) et XIVe (1868) amendements de la Constitution accordant la citoyenneté à toute personne née ou naturalisée aux États-Unis et du XVe (1870) garantissant le droit de vote à tous les citoyens.
Dans les États du sud, l’application des lois fédérales seront entravées jusqu’à l'adoption de différentes lois fédérales (1964, 1965, 1968) qui mettent fin, en principe, à toutes les formes de discrimination raciale dans l'ensemble des États-Unis...

Il ne faut pas oublier la phrase de Winston Churchill (1947) la démocratie est le pire système de gouvernement à l’exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l’histoire. Elle est encore d’actualité en 2024 !

La démocratie est toujours imparfaite, inachevée. Il est impossible d’être satisfait devant la restriction de libertés qui perdure et l’approfondissent des inégalités. Partout.

La démocratie est un long combat permanent sous peine de régression .

La démocratie est un combat permanent...
La démocratie est un combat permanent...
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8 mai 2024 3 08 /05 /mai /2024 21:47
Quand la gauche cherchait un père...

Remplacer l'analyse concrète d'une situation concrète par la recherche d'un père, d'un maître à penser est une propension étonnante des intellectuels et des partis de la gauche qui se disaient hier authentiques, révolutionnaires, d’extrême gauche ou de la gauche de gauche comme on dit aujourd'hui. C'est ainsi qu'elle a adopté, successivement, quelquefois simultanément, mais jamais dans l’unité car il y a plusieurs demeures dans la maison du père, Lénine, Staline, Trotski, Mao, Castro, Guevara… pour ne citer que les plus illustres.

Malheureusement, après un long culte sans discernement, les thuriféraires ont bien dû se rendre à l’évidence proclamée depuis longtemps par les contre-révolutionnaires, suppôts du capitalisme, que les maîtres, au pouvoir, avaient ou avaient eu beaucoup d’esclaves et fait beaucoup de victimes… Et les seigneurs exotiques, même si leur combat contre l’impérialisme ou le colonialisme était juste, ont dû être abandonnés le plus souvent parce que, arrivés au pouvoir, ils avaient mal tourné…

Quant aux intellectuels de la gauche extrême, après leur crise de juvénile rougeole, nombreux sont ceux qui se sont retrouvés ou se retrouvent, en France, dans des postes importants du monde littéraire, politique, culturel… Brillants, aujourd’hui comme hier, soutenant aujourd’hui ce et ceux qu’ils pourfendaient ou méprisaient hier, apparemment avec la même force, la même compétence et la même conviction.

L’extrême gauche n’a pas été gênée par les crimes des pères. La gauche domestique, dite de gouvernement, au pouvoir en France a été directement sanglante, il ne faut pas oublier l’Indochine, Madagascar, l’Algérie et quelques expéditions ou soutiens militaires discutables ici ou là… Elle n’a guère brillé aussi bien dans la décolonisation qu’en politique intérieure. Que ce soit François Mitterrand, exemplaire sur ces deux tableaux, comme garde des Sceaux pendant la guerre d’Algérie ou comme président de la République, changer la vie, disait-il, avant de changer de politique, Lionel Jospin, peut-être le moins pire mais champion des dénationalisations ou François Hollande, rapidement civilisé par son ennemi, la finance…

Comment après tout cela, peut-on encore se dire ou voter communiste ou socialiste ?
Pourtant, je l’ai fait, au moins au second tour de toutes les élections. Toujours avec l’espoir que, cette fois, ici, ce serait différent.

Ici ou ailleurs, que la gauche était belle quand elle était dans l’opposition !

Aujourd’hui, il n’y a pas d’ici, il n’y a pas d’ailleurs de gauche ! Elle n’est pas belle, même dans l’opposition !

NB 1 : Article écrit avant le 18 décembre 2018 et non publié.
NB 2 : Après l'écriture de cet article, certains  se sont tournés vers Evo Morales. Aujourd'hui, le Panthéon semble fermé pour  réparation.

Quand la gauche cherchait un père...

Ce projet d'article n'a jamais été diffusé. Pourquoi ? Parce qu'il ne me satisfaisait pas ? Parce que ce n'était pas encor l'heure du bilan ?
Dans la même période...
J'avais commencé "ce que je pense..." Mais ne suis pas allé jusqu'au bout..

CE QUE JE PENSE...

Dans L'Espoir d'André Malraux, deux personnages discutent et leur conclusion est : je suis de gauche parce que je suis de gauche !

Je suis de gauche mais me trouve de plus en plus mal à l'aise avec des gens qui se disent de gauche. Depuis quelque temps, ce désaccord me pèse. Heureusement, j'ai décidé de ne plus militer. Mais je me sens inutile.

Dans ma vie, j'ai toujours voté pour la gauche, même avant d'avoir de droit de vote : j'ai porté la contradiction en réunion publique au MRP en faveur de Front Républicain, à Carcassonne en 1956. Avec une exception, je me suis laissé aller à voter Chirac lors du second tour de l'élection présidentielle Chirac-Le Pen.
Quand j'ai voté pour la gauche, une fois élus, les candidats n'ont pas tenu leurs promesses (le Front Républicain, François Mitterrand, François Hollande). Souvent, ces candidats, élus ou non, avaient du sang sur les mains (Guy Mollet et François Mitterrand en Algérie) ou étaient complices solidaires ou silencieux de crimes (Communistes).

Je ne suis pas indemne : j’ai voté pour eux, en sachant, pour éviter le pire ici... Je me souviens d'un dialogue avec un étudiant : on ne peut pas être contre le Parti qui défend les ouvriers... Il ne fallait pas désespérer Billancourt et, aujourd’hui, les quartiers...
Ce qui reste de Billancourt et les quartiers ne sont même plus désespérés par la gauche. Ils sont ailleurs...

J'ai milité aux cotés de gens qui, à mes yeux, nient la réalité. Je n'ai pas eu le courage de les contredire. Je ne me sentais pas assez équipé pour leur faire face de façon intelligente. Je me suis contenté de militer pratiquement sur des points que j'approuvais et j'ai, quelques fois, démissionné.

Enfin, bien souvent, nos maîtres à penser se sont mentis ou nous ont menti. Nous les avons crus. Nous les avons suivis. Plus ou moins. Il faut voir avec quelle facilité, nombre de ces penseurs ont couru, suivant la période, derrière Staline, Mao, Castro, Chavès. Ils étaient révolutionnaires, sans la vérité.

Déceptions et mensonges accumulés font qu'aujourd'hui, c'est la droite et l'extrême droite qui apparaissent plus proches de la réalité et entraînent vers des lendemains qui risquent d'être très douloureux.

Comme Simone de Beauvoir, Nous avons été floués ! Certains, qui viennent après nous, risquent de le payer cher.

Quand la gauche cherchait un père...

Aujourd'hui, j'ai décidé de faire le point, sans censure, pour ma tranquillité d'esprit.

Dans Le Premier homme, A1lbert Camus : En somme je vais parler de ceux que j’aimais. Et de cela seulement. Joie profonde. Pour ma part, je vais essayer de parler de CE que je pense. Même si cela me sépare de ceux que je voulais aimer. Tristesse profonde.

Je voulais changer le monde. Au moins participer, aider au changement. Le monde a changé. Devenu plus injuste. La voie qui paraissait toute droite, semble tourner en rond. Se peut-il que l’histoire, au lieu d'avoir un sens, comme je le croyais très naïvement, et j'étais dans le bon sens, se peut-il qu'elle ne soit faite que de saisons éternellement renouvelées ? Ou d'une spirale qui, la science aidant, aspire le monde vers les sommets du pire ? Après les massacres du vingtième siècle que réserve le vingt-et-unième ?

Personnellement, j'ai l'impression d'appartenir non aux 1% des favorisés de la planète mais au aux 0,000... 1% des privilégiés de l’histoire de l'humanité : je suis passé entre les guerres, trop jeune pendant la seconde (la deuxième ?) guerre mondiale, sursitaire pendant la guerre d'Algérie qui est restée théorique et j'étais du bon coté de l'Histoire, je n'ai pas connu la misère même si mes parents ont pu en souffrir, j'ai profité de ce que l'on n'appelait peut-être pas encore l'ascenseur social qui me paraissait tout naturel, je n'ai pas eu, à ce jour, de maladie grave. Quant à l'argent, j'en ai eu trop ou pas assez pour qu'il me pose problème...

Je vois le monde continuer à s'agiter comme si rien n'avait changé. Devant les deux catastrophes que tout le monde semble annoncer : La maison brûle et nous regardons ailleurs. Dérèglement climatique et épuisement des ressources certes. Mais aussi, inégalités croissantes entre les pays et dans chacun des pays.

Pour la première fois, semble-t-il, les hommes savent où leur comportement les conduit. Ils continuent comme s'ils ne croyaient pas à ce qu'ils annoncent. Une fois de plus, ils se mentent, ils nous mentent ?
Vogue la galère et ses galériens. 19/12/18 (?)

Quand la gauche cherchait un père...
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2 avril 2024 2 02 /04 /avril /2024 07:45
De Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavage

L’esclavage dans les colonies a été aboli par la France pour la première fois en 1794, rétabli par Napoléon Bonaparte en 1802 et supprimé à nouveau en 1848. Et, bien plus tôt, dans le royaume, par la reine Bathilde (630-680), épouse de Clovis II.
Suppression qui n’a pas toujours été respectée...

Bathilde, noble, encore enfant, est réduite en esclavage et achetée par le maire du palais de Clovis II qui en fait sa servante, à 12 ans, en espérant mieux. Le roi l’épouse, elle devient reine des Francs et, à la mort du roi, régente.
Elle interdit l’achat et la vente des esclaves, les rachète en nombre pour les libérer et
rend libres sur le sol des Francs ceux qui arrivent de l’étranger.

À l'époque de Charlemagne et durant la première partie du Moyen Âge, les Francs combattent les Saxons et les Slaves. Du slave à l’esclave. Les prisonniers alimentent le commerce vers Venise et les Arabes en passant par la Champagne où, systématiquement émasculés, un quart environ d'entre eux ne survivent pas.
La christianisation des Slaves met fin à cette traite.
Cependant, des esclaves sont employés dans les grandes propriétés agricoles, y compris dans les monastères. Et encore au XVe en Provence avec des Noirs achetés au Maroc.

Le 3 juillet 1315, édit de Louis: selon le droit de nature, chacun doit naître franc, nul n'est esclave en France, le sol de la France affranchit l'esclave qui le touche.
En 1571, un navire normand accoste à Bordeaux pour y vendre sa cargaison d'esclaves. Le Parlement de Bordeaux les libère : « La France, mère de liberté, ne permet aucun esclave ».

En 1642, Louis XIII autorise la traite et l'esclavage aux Antilles. Alors que se développe le commerce triangulaire, Louis XIV, par le Code noir (1685), réglemente le traitement des esclaves aux colonies sans un mot pour le royaume. Or le rédacteur du Code, Colbert de Seignelay, ministre de la Marine, a des nègres domestiques, en habit à la cour et en particulier deux négresses d'une parfaite beauté, qui avaient de l'esprit et parlaient bien français. La reine Marie-Thérèse a reçu en cadeau du duc de Beaufort un petit Africain et Jeanne du Barry, le jeune Zamor offert par son amant Louis XV.

Louis XIV utilise, sur ses galères, des forçats, des protestants pour faits de religion et des esclaves d’origines diverses, appelés Turcs. Ces esclaves ont aussi été utilisés pour les spectacles de la cour, mascarades et tableaux vivants... Pour ramer dans une galère sur le Grand Canal et illustrer ses succès en Méditerranée, 54 esclaves sont amenés à Versailles.
Sur mer ou sur terre, royales, les esclaves sont loin de Bathilde et de 1315…

Des milliers de Noirs d'Afrique et des Îles d'Amérique en Angleterre et en France.
Des esclaves étaient vendus sur la place de Londres et à Paris, capitale de l'esclavage,  coloniaux et capitaines de navires vendaient des esclaves à des métropolitains, et ceux-ci profitaient du travail servile d'individus qu'ils n'avaient pas le droit d'acquérir.

Deux tableaux, au musée de Nantes, illustrent le service domestique d’esclaves noirs.
Sur le premier, un notable de Nantes, sur l’autre, son épouse, tous deux en majesté. En retrait, leur serviteur debout, un homme noir pour lui, pour elle une femme noire. Du sucre, une tasse de café qui, avec le commerce triangulaire, ont assuré leur fortune.
Des commentaires et un faisceau lumineux attirent l’attention sur les détails vestimentaires de ces serviteurs qui signalent leur statut d’esclave.


 

De Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavageDe Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavage

Le Code noir s'applique dans les îles mais ne concerne pas le royaume où l'esclavage n'existe pas officiellement : mais « plusieurs habitans des Isles de l'Amérique » amènent des esclaves, pour leur service comme les bourgeois de Nantes ou pour leur faire apprendre quelque métier dont les colonies recevraient beaucoup d'utilité. D’où une nécessaire adaptation de la législation. Les Noirs venus dans le royaume ne pourraient prétendre avoir acquis la liberté si leurs maîtres avaient observé les formalités d'enregistrement. Le parlement de Paris a rejeté cette possibilité.
Acceptée par celui de Rennes, des cas ont été documentés à Nantes, 16 par an de 1720 à 1740, une douzaine par an à Bordeaux.AncreAncre

Le problème se retrouve en Angleterre des Cours ont proclamé : Dès qu'un nègre entre en Angleterre, il devient libre, contredit en 1749 par l’affirmation qu'un esclave n'a pas plus de raison d'être libre en Angleterre qu'à la Jamaïque jusqu’à ce que, en 1762, l'Habeas corpus soit reconnu pour les Noirs.

Différences essentielles entre traites.

L’ Afrique noire a subi, simultanément, l’esclavagisme intra-africain, arabo-musulman et atlantique. Qui donnent lieu à des querelles comptables.

Lors d’un colloque de l’UNESCO en 1978, le nombre d’esclaves arrachés à l'Afrique a été estimé à 15,4 millions par la traite atlantique, 14 millions par la traite orientale, Océan indien, transsaharienne et mer Rouge. Certains avancent des quantités différentes : traite orientale, 17 millions de déportés, esclavage intra-africaine, 14 millions. Traite orientale et intra-africaine ont eu leur apogée au XIXe, la traite atlantique au XVIIIe.
En 1997, Hugh Thomas estime que, sur 13 000 000 d'esclaves arrachés à l'Afrique par la traite atlantique, 11 328 000 sont arrivés à destination en 54 200 traversées !

Quoi qu’il en soit, en plus des drames humains, les ponctions par caravanes ou navires ont stimulé les guerres intestines pour l’acquisition de captifs et constituent une saignée démographique importante pour l’Afrique.

L’esclavage en Afrique noire existait traditionnellement avant les traites arabes ou européennes. Dans certaines régions, le quart des hommes étaient esclaves, pour dettes, suite à des guerres locales ou en tant que descendants d'esclaves.
Ils étaient surtout utilisés comme domestiques et leur nombre était une source de prestige pour le maître.

La traite orientale répond à des besoins domestiques et des services (tâches d'entretien, d’infrastructures, employés de maison, harem, concubines, prostitution, eunuques). Elle s'étend sur 13 siècles. De Zanzibar, des esclaves ont été envoyés dans le Golfe comme main d’œuvre pour la culture du clou de girofle.

La traite atlantique dure 3 siècles, 90 % pendant la période 1740-1850. Elle fournit une main d’œuvre bon marché pour les les grandes plantations aux Amériques même si la traite a commencé avant l’arrivée de Christophe Colomb à Hispaniola (1492).
Les Portugais ont déporté 150 000 esclaves vers Lisbonne et ouvert le premier marché aux esclaves africains à Lagos, en 1444.

Pays et ports négriers

Les Européens ne pénètrent pas dans le continent pour se procurer des esclaves, ils attendent leur livraison, soit dans des fortins côtiers, soit même sur les navires. Ils repartent quand un nombre suffisant de captifs a été acquis.

Une vidéo sur la traite atlantique présentée au musée de Nantes et, actuellement au musée de l’histoire de l’immigration de la Porte dorée à Paris, permet de suivre le trajet des navires ayant participé à la traite par année, nationalité, point de départ et d’arrivée aux Caraïbes, en Amérique latine, aux États-Unis, quelques uns en Europe.

Le Portugal, première puissance pour le nombre de déportés, 5 millions entre XVIe et XIXe, 46% du total des déportations, pratique peu le commerce triangulaire. Ses navires relient directement les 2 rives de l’Atlantique, des côtes du Cap-Vert, de Guinée, de l’Angola (et Mozambique) vers le Brésil, sans passer par l’Europe.
C'est pourquoi, il n'a pas de grand port négrier, Lisbonne ne compte que 92 expéditions.

Le Royaume-Uni, deuxième pays européen, 3 millions de déportés : Liverpool, premier port négrier européen (4 894 expéditions), Londres (2 704), Bristol (2 064).
Le Royaume-Uni joue un grand rôle dans l’esclavage, la traite et leur abolition.

La France, troisième, 1,5 million de déportés, 3317 expéditions, 17 ports négriers d’importance diverse : Nantes, La Rochelle, Le Havre, Bordeaux, Saint-Malo, Lorient, Honfleur, Marseille, Dunkerque, Rochefort, Vannes, Bayonne, Cherbourg, Rouen, Brest, Saint-Brieuc, Marans.
Nantes
est le plus important : 1 744 expéditions, plus de 500 000 déportés, puis Bordeaux, La Rochelle, Le Havre. Saint-Domingue est la principale destination.

Nantes, apogée du commerce négrier au XVIIIe

Dans le commerce triangulaire, les navires partent d’Europe avec des marchandises diverses troquées en Afrique contre des captifs emmenés aux Amériques. D’où sont amenées les produits des îles : le sucre constitue 60,8 % en valeur des marchandises arrivées à Nantes en 1786.
E
n plus de ses bénéfices propres, le commerce triangulaire suscite un trafic direct, les navires négriers ne suffisant pas pour ramener les produits des îles. D’autres navires sont nécessaires.

La population de Nantes augmente, son commerce maritime s’accroît vers l'intérieur du royaume et surtout vers les ports étrangers : de 1702 à 1772, le tonnage vers les ports français est multiplié par 1,9 et vers les ports étrangers par 3,6.
Les grandes familles s’enrichissent, investissent dans les terres agricoles, l'immobilier et, au côté d'une industrie traditionnelle, dans l'industrie naissante, notamment la construction navale : la superficie des chantiers est multipliée par 15,5 du début du siècle à 1780. Ils deviennent les premiers constructeurs français de navires marchands.
Le palais de l'Élysée a été construit en 1720, grâce à la fortune d’Antoine Crozat à la direction d’une des plus importantes sociétés du commerce triangulaire entre Nantes et Saint-Domingue, la Compagnie de Guinée créée par Louis XIV qui en était actionnaire,.

Prenant acte de l’histoire, Jean-Marc Ayrault, alors maire de Nantes, est à l’origine du Mémorial de l'abolition de l'esclavage, consacré à la traite et à l'esclavage, inauguré en 2012 en présence de l'ancien président du Bénin, Nicéphore Soglo, de Christiane Taubira, de Lilian Thuram…


 

Nantes : Les Anneaux de Buren
Nantes : Les Anneaux de Buren

Nantes : Les Anneaux de Buren

Traite, esclavage, résistance

La colonisation a causé une chute si importante des populations amérindiennes que sa qualification d’ethnocide ou de génocide est discutée.

 Destination des esclaves dans les différentes colonies françaises (Tableau I)

Territoire

Nombre d’esclaves

Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti)

864 000

Martinique

366 000

Guadeloupe

291 000

Île Bourbon (Réunion)

130 000

Île-de-France (Île Maurice)

80 000

Guyane

51 000

Louisiane

10 000

Saint-Vincent, Sainte-Lucie, Tobago, Dominique, Grenade

137 000

Total

1 929 000


Des esclaves venus d’Afrique.
Des révoltes ont éclaté lors du transfert des captifs vers les Amériques. Dans les archives nantaises, 33 révoltes sont répertoriées pour 475 expéditions, soit 6,9 %, entre 1713 et 1743. Plus souvent quand le navire est encore sur la côte africaine ou proche. Parfois lors d'une escale dans une île portugaise du golfe de Guinée.
La première colonie française aux Antilles est Saint-Christophe (1625) et Richelieu fonde la Compagnie de Saint Christophe et îles adjacentes. Viennent ensuite la Guadeloupe, la Martinique…

Le Code noir est promulgué pour combler un vide juridique sur l’esclavage aux îles colonisées alors qu’il n’existe pas dans le royaume. Il est appliqué aux Antilles en 1685, à Maurice en 1715, à La Réunion en 1723.
Le Code établit le statut des esclaves et témoigne de l’insécurité ressentie par les colons devant les différentes formes de résistance individuelle ou collective, marronnage, révolte, et formalise la répression pour dissuader et punir. Plus fréquent que les révoltes, le marronnage, s’enfuir des plantations, est surtout individuel, de brève durée, non-violent. Mais des groupes de marrons peuvent se former avec attaques de plantations et affrontements.
Le Code interdit le port d'arme sauf à la chasse si le maître le permet (art.15), peuvent être soumis à des châtiments corporels et marqués d'une fleur de lys pour une fuite pendant un mois (marron), jarret coupé en cas de récidive (marquage au fer et mutilation existaient en métropole), condamnation à mort à la troisième tentative (article 38) ou pour avoir frappé son maître, sa femme ou ses enfants (article 33), vol de cheval ou de vache article 35 (vol domestique puni de mort en France), pour réunion en cas de fréquentes récidives (art 16).

La première révolte dans une colonie française éclate sur l’île de Saint-Christophe. En 1639, 60 esclaves gagnent les montagnes et attaquent les colons avant d’être réprimés. En 1656, à la Guadeloupe, 1678, à la Martinique, 1679 à Saint-Domingue.
Les révoltes sont plus fréquentes avec la culture de la canne à sucre.
Une quinzaine comptent au moins un millier de participants, surtout à Saint-Domingue. Jusqu’au grand soulèvement, unique par son ampleur, des dizaines de milliers d’esclaves, surtout par son dénouement, l’abolition locale de l’esclavage, avant la décision nationale.

Les Lumières et l’esclavage

La condamnation de l’esclavage par les philosophes des Lumières est un phénomène nouveau. Les penseurs de l’Antiquité ont justifié l’esclavage, droit naturel, et l’Ancien, le Nouveau Testament, les fondateurs du christianisme et les théologiens du XVIIIe siècle. Et bon nombre de francs-maçons, colons, armateurs, propriétaires d’esclaves.
Des papes s'y sont opposés de façon plu ou moins nette : 873, la lettre apostolique de Jean VIII exhorte les princes de Sardaigne d'affranchir les esclaves vendus par les Grecs ; 1435, la bulle pontificale d’Eugène IV condamne l'esclavage des Guanches aux Canaries ; 1462, la lettre de Pie II à l'évêque de Guinée portugaise qualifie l'esclavage des Noirs de grand crime.

Pour les Lumières, rien ne donne le droit de propriété d’un homme sur un autre : ni la conquête, ni la guerre, ni le vol, ni l’achat ne peuvent fonder un droit d’esclavage.
 
L’impératif économique, la force créent l’esclave, non le droit.

L’esclavage est condamné au nom du droit naturel comme dans l’Édit de 1315 : le principe de la liberté personnelle était fermement rappelé et fondé sur le droit naturel.
Les philosophes n’écrivent pas des lois. Ils ne sont pas là quand le servage, l’esclavage sont abolis dans le Royaume. Ils ne sont plus là quand la suppression de l’esclavage dans les colonies est proclamée. Mais leur influence n’en est pas moins fondamentale. Pour eux, tous les hommes ont une souche commune. Le développement des systèmes politiques, des sciences, des techniques sont dues aux circonstances, aux conditions...
Il s’agit d’un retard provisoire, non d’une différence de nature.
DEurope, d’Afrique, d’Asie, les peuples sont égaux en capacité. Tous sont perfectibles.
C
ette perfectibilité ouvre la voie à ceux qui veulent coloniser pour civiliser.
Le droit naturel, l’égalité sont à la base des arguments politiques contre l’esclavage.

La Société des Amis, quakers, est fondée en Angleterre en 1648. Les colons quakers mettent en question l'esclavage dans les années 1670. En 1761, à Londres, ils adoptent une résolution contre le commerce des esclaves. Mais la révolution américaine divise les quakers entre nouveau et ancien monde.

En 1787, est créée à Londres la Société pour l'abolition de la traite des esclaves et l’année suivante à Paris, la Société des Amis des Noirs. Elles défendent l'égalité des Blancs et des Noirs dans les colonies et préconisent souvent l’abolition immédiate de la traite pour tarir progressivement l'esclavage. Avec l'idée de préparer et éduquer les Noirs à la liberté et le souci de maintenir l'économie des colonies, sans insurrection, sans porter atteinte aux intérêts des planteurs, du commerce et des métropoles.

En Angleterre et Amérique anglaise, l’anti-esclavagisme se développe sur une fond religieux. En France, l’acceptation de l’esclavage par l’Église catholique fait de l’abolition une revendication profane. Les arguments des philosophes sont de caractère laïque, ancrés dans la raison et l’humanisme plus que dans la religion.

Population des colonies françaises