La paix en Ukraine ne se fait pas en un jour malgré l’annonce du candidat, Donald Trump, qui, président, a rapidement changé le climat international par des discours, très éloignés du langageentité diplomatique et quelquefois très éloignés de la vérité aux yeux de tous.
Et il sait que tout le monde sait.
Ce ne sont donc pas des mensonges mais des trumpismes codés ! Donald Trump parle publiquement, comme d’autres, aussi grossiers, parfois plus, quand ils pensent le téléphone éteint.
Les discours de Donald Trump comme tous les discours, doivent être interprétés. Ils révèlent, de façon brutale, ses intentions, sa volonté de forcer les choses.
Même si tout n’est pas à prendre au pied de la lettre.
Après la rencontre Volodymyr Zelensky, Donald Trump, JD Vance, les journalistes se demandent : dérapage, préméditation, guet-apens ?
Trump et Vance ont reçu Zelensky, ensemble, devant les caméras pour un spectacle télévisé. Et Trump, homme de télévision, a estimé en conclusion que c’était un bon moment de télévision.
Émission réussie ? Mission accomplie ?
Quand il affirme que l’Ukraine a attaqué la Russie, il sait, comme tout le monde, que c’est faux. Mais il a décidé de faire oublier la responsabilité de ceux, États-Unis en tête, qui ont voulu profiter de l’effondrement de l’Union soviétique, pour serrer au plus près l’empire russe. L’Otan, alliance de défense de pays démocratiques face au communisme soviétique, est devenue, alors, le bras armé d’un empire capitaliste, avec ses obligés européens, contre un autre empire capitaliste, différent, totalitaire.
L’effondrement soviétique ne s’est pas limité au communisme, il a entraîné toute la société russe que Vladimir Poutine ne réussit pas à rétablir sur les plans économique, politique, militaire, scientifique !
Il essaie de restaurer la zone d’influence soviétique et le prestige national russe. Perdus !
Géorgie. Annexion réussie sans problème de la Crimée. L’attaque de l’Ukraine, le pont trop loin, conquête manquée, n’est qu’une opération spéciale, enlisée dans 3 ans de guerre de position. Malgré un rapport de force nettement avantageux sur le papier.
RUSSIE | UKRAINE | |
Pop.en million d'h. | 146 | 41entité |
PIB (PPA)/h en dollars | 30 013 (2022) | 12 710 (2020) |
Effectifs militaires | 1 140 111 | 250 000 |
Réservistes | 2 000 000 | 900 000 |
Aujourd’hui, les deux pays s’épuisent même si les sanctions de la Russie n’ont pas atteint leur but. Et toutes deux ont des difficultés à mobiliser leur peuple.
Devant les difficultés rencontrées pour conquérir l’Ukraine, peut-on imaginer que Poutine attaque un autre pays européen, membre de l’Union européenne ou de l’Otan, avant quelques années ? Même si les forces armées des États européens ne sont guère plus prêtes à un conflit sans aide étasunienne,
La crainte est cependant très compréhensible pour les pays baltes à forte minorité russe ou russophone, si les États-Unis se retirent de l’Otan : en Lettonie, cette minorité constitue 27% de la population, 25 % en Estonie avec des zones à majorité russophone. Où certains ont choisi la citoyenneté estonienne tandis que d'autres sont apatrides ou ont opté pour la citoyenneté russe.
Pour les États-Unis, la Russie n’est plus un danger, il faut la détacher de la Chine, obtenir sa neutralité ou même en faire une alliée et alléger les dépenses militaires en Europe. Le chemin passe par un accord de paix avec Poutine qui maintienne la possibilité de tirer des ressources du sous-sol ukrainien à bon prix.
Sans assurance pour l’Ukraine pouvant paraître hostile à la Russie.
Si l’Europe se sent menacée par la Russie, rien ne l’empêche d’assumer sa propre défense.
Selon l’Institut international de recherche sur la paix (Sipri de Stockholm), rapporté par Domani (Courrier International 02/03/25), en 2023, en pleine guerre, la Russie a dépensé 109 milliards de dollars, tandis que les 27 pays de l’UE consacraient à leur défense 301 milliards de dollars – 385 milliards avec la Norvège et le Royaume-Uni, membres de l’Otan.
Les Européens en paix dépensent plus que la Russie en guerre !
Pour renforcer la défense européenne, la priorité est-elle budgétaire ?
Notamment, comme le conseille Donald Trump, en portant le budget défense à 5 % du PIB, actuellement autour de 2 %… pour acheter des armes, aux États-Unis dont le budget défense est de 3,4 % du PIB ?
Ce qui conduit certains pays européens à envisager, à l’image des États-Unis, de diminuer l’aide au développement pour augmenter le budget militaire. La France les a devancés sur ce point dans le cadre des restrictions budgétaires ! L’aide publique au développement est déjà diminuée de 2,12 % dans le projet de budget de François Bayrou.
Et une nouvelle loi sur l’immigration ?
Sans augmenter le budget, est-il possible de mettre en place une défense européenne indépendante ? Si la volonté politique existe.
Unifier les moyens de défense nationaux en éliminant des doublons ? Organiser une logistique, un service de renseignements communs ?
Avoir un armement compatible de fabrication européenne ?
Investir dans des moyens pour ne pas dépendre des Gafam au quotidien et du réseau de communications de Starlink.
Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, les États européens se sont reposés sur les États-Unis pour assurer leur protection face à l’Union soviétique puis à la Russie.
Le Plan Marshall n’était pas qu’un généreux outil pour relever les pays européens dévastés par la guerre. Il était, avec l’Otan, un moyen pour contrer l'influence de l’Union soviétique et des partis communistes surtout en France et en Italie…
En France, aide financière à la création et au développement de Force Ouvrière (FO) pour contrer la CGT (entre 1951 et 1954, un million de dollars par an pour FO et autres syndicats non communistes)...
En Italie, soutien financier aux partis centristes, notamment la Démocratie chrétienne...
L’Otan, en état de mort cérébrale, n’est que le vestige de cette période. Donald Trump rappelle que l’improbable conflit Russie-Europe ne concerne pas les États-Unis. Que leur problème est ailleurs.
Il espère établir une nouvelle relation avec la Russie, une forme de coopération, une exploitation des richesses d’un sous-sol ukrainien partagé. Comment penser, pour la Russie comme pour les États-Unis, qu’il soit possible de faire d’importants investissements en Ukraine pour exploiter les richesses du sous-sol sans assurer la sécurité des mines, des usines et des infrastructures qui vont avec ?
Une Ukraine, un peuple ukrainien sous un protectorat double ?
Un condominium partagé ? Où prédomineront les États-Unis ?
Façon aussi de détacher la Russie de son alliance avec la Chine qui ne l’appuie qu’avec modération.
La Chine, légaliste, n'a pas reconnu l'annexion de la Crimée comme légitime, n’a pas soutenu l'invasion de l'Ukraine. Elle a adopté une position neutre, évitant de condamner l'action russe tout en appelant à une résolution pacifique du conflit. Dans le même temps, elle est devenue le premier partenaire commercial de la Russie. Aide précieuse pour contourner les sanctions économiques des pays occidentaux.
L’autre empire, avec sa politique à 2 faces, défend aussi ses intérêts !
La Chine est l'adversaire, l’ennemi, le seul concurrent des États-Unis pour la suprématie mondiale.
Après 1945, c’était l’Union soviétique. Avec ses forces militaires aguerries qui occupaient une moitié de l’Europe tandis que dans l’autre moitié, des forces politiques importantes étaient favorables au communisme soviétique.
L’aide à l’Europe, réelle, n’était pas désintéressée, elle a été efficace. Elle visait à éviter le basculement de l’Europe d’un empire à l’autre. Aujourd’hui, la Russie affaiblie pour un certain temps n’est plus en mesure de contester l’empire étasunien.
Comment l’empêcher de basculer vers la Chine ?
Le parti communiste chinois maintient son pouvoir autoritaire sur la société et son développement capitaliste, scientifique. Elle est devenue le seul empire à pouvoir dépasser les États-Unis dans tous les domaines. Depuis Obama, les États-Unis reconnaissent que l’avenir se joue en Asie.
Trump spectacularise le défi avec Maga (Make América Great Again).
Cette volonté impériale, arrogante, caractéristique du président Trump, est conforme au rapport de force politique et militaire. Mais pose des problèmes au président Volodymyr Zelensky qui ne peut continuer à maintenir l’Ukraine sans un soutien extérieur important.
Le Royaume-Uni, des États européens, le Canada, traités en adversaire sur le plan industriel par l'augmentation des droits de douane, peuvent-ils apporter une aide, autre que déclamatoire ? Sans les États-Unis ? Ou assiste-t-on à de grandes manœuvres spectaculaires dont l’Ukraine sortira affaiblie, divisée ?
Il est peut-être déjà trop tard. Il a fallu 80 ans pour que les dirigeants européens reconnaissent que les États-Unis, comme tous les États, au-delà des discours, défendent d’abord leurs intérêts.
Donald Trump a joué un rôle utile. Comme révélateur.
Que vont faire les États européens ?
Défendre séparément leurs intérêts d’État ?
Créer une force économique, politique, militaire ? Pour quelle politique ?
S’enfermer dans un conflit perpétuel avec la Russie ? Et les États-Unis ??
Constituer un empire démocratique (!) qui défende, améliore la démocratie politique, sociale ?
Organiser une coexistence pacifique pour favoriser une évolution démocratique de la Russie et envisager une Europe de l’Atlantique à l’Oural ?
Créer un autre empire autoritaire sur le modèle Trump ?
Aux États-Unis, la démocratie libérale, celle qui change un peu pour que rien ne change, devient autoritaire. Temporairement, jusqu’aux élections de mi-mandat ? Jusqu’à la fin du mandat de Trump ? Ou après avoir manqué ou mimé la prise du Capitole, Donald Trump entraînera-t-il le peuple de États-Unis vers un troisième mandat, pour le moment, légalement impossible ? Ou vers un même, plus jeune ?
Jusqu’à maintenant, la politique de l’Union européenne et des États européens conduit à la montée des inégalités, à l’intérieur et à l’extérieur, et au développement d’une droite extrême, antidémocratique, jusqu'ici antieuropéenne, qui évolue vers un alignement sur le capitalisme autoritaire de Trump. Autocentré.
Qui, dans cette confrontation mondiale, se préoccupe vraiment des Ukrainiens ? Du bien-être des peuples et de la planète !
L’Europe peut-elle encore se renouveler et devenir ce que, unie ou divisée, elle prétend être depuis longtemps et n'a jamais été : une nouvelle démocratie, responsable, pacifique, sociale ?