Le Rassemblement national (RN) est le premier parti politique du pays, par le nombre d’électeurs, même si ses députés ne constituent que le troisième groupe parlementaire à l’Assemblée nationale (AN) par l’effet du Front républicain électoral.
Après une hasardeuse dissolution, Ensemble a été repêché, et Emmanuel Macron avec, par les organisations et électeurs du Nouveau front populaire (NFP). Le Front républicain a été plus efficace, en quelques jours, pour limiter le nombre de députés du RN que les campagnes électorales et médiatiques pour freiner la croissance du nombre de ses électeurs !
Les 577 membres de l’AN se répartissent en 3 grands groupes : le plus important, NFP avec 180 députés puis Ensemble 163 et enfin le RN 143.
Encore faut-il relativiser ce succès contre le RN car ces groupes sont eux-mêmes divisés : le NFP en 4 sous-groupes dont La France insoumise (LFI) est le plus important (71 sièges), Ensemble en 4 sous-groupes aussi dont Renaissance (98 sièges).
Le regroupent RN à l'AN n’est constitué que de 2 groupes, le RN 126 sièges et son allié RN-LR 17 membres !
Finalement, le parti politique le mieux représenté à l’AN est le RN et ses 126 députés. Cette forte présence à l’AN n’est pas un effet du hasard mais traduit sa pénétration continue dans toutes les couches de la population française.
Dans cette tripartition, Les Républicains et ses alliés (LR-alliés), au total 66 élus, sont négligés. À tort, car ils viennent de rappeler leur existence en contribuant à la réélection de la présidente de l’AN par 220 voix devant le candidat du NFP avec 207 voix. Ce qui annonce une majorité relative potentielle malgré des résistances à négocier.
La minorité présidentielle, ébranlée, tente de se ressaisir et de s'élargir pour mettre en place un gouvernement, plus ouvert à la droite, sous les piques du RN.
Les têtes du NFP continuent de se disputer pour désigner un candidat improbable à Matignon, que le président de la République n’a aucune obligation d’appeler. Ni politiquement, ni constitutionnellement.
La désignation par le NFP d’un candidat au poste de Premier ministre, dans les heures qui ont suivi les résultats des élections législatives, aurait eu un effet-choc politique avant que chacun ne reprenne ses esprits.
Cette proposition a perdu le peu de sa pertinence politique (le programme, tout le programme, rien que le programme). La difficulté du NFP à s'entendre pour avancer le nom d'un candidat ou d'une candidate pour Matignon met en évidence son aptitude réduite pour étendre sa majorité et former un gouvernement soutenant son programme.
La minorité présidentielle, ébranlée, va tenter de se ressaisir et de s'élargir pour mettre en place, un gouvernement, plus ouvert à droite, sous les piques du RN.
Après cet intermède, il faudra bien revenir au peuple, aux citoyens, aux électeurs, à ceux qui auront vu passer la caravane. Aux électeurs du RN et du NFP. Frustrés d’un changement entrevu. Il ne fait pas de doute que les Jeux olympiques vont distraire, pendant quelque temps, des jeux autour de l’Olympe, permettre à certains de se remettre en selle et de continuer le travail de démolition sociale, un moment, remis en question.
Cette trêve durera-t-elle longtemps avant que ne revienne le temps du pain et des fins de mois ?
Le NFP ou son avatar pourra-t-il, partant de ses fragiles bases actuelles, construire quelque chose de crédible pour accompagner et donner un débouché politique aux espérances encore déçues qui se regroupent pour le moment essentiellement derrière le RN ? Rien n’est moins sûr. Car le RN risque d’être plus fort demain qu’aujourd’hui.
Lors de la prochaine élection présidentielle, le vote qui a permis l’élection de Macron en 2017 et 2022 et sa politique du mépris de classe, le vote n’importe qui sauf Marine Le Pen tiendra-t-il avec le candidat à la succession politique de Macron ?
Aux législatives qui suivront, tout sauf le RN tiendra-t-il ? Face à un RN aguerri, renforcé, riche financièrement et politiquement du fait de ses nombreux élus, de leur expérience politique, riche du recrutement des cadres qui le rallient chaque jour…
L’avenir sera-t-il fait de lendemains qui déchantent ou de gilets de toutes les couleurs ? La suite attendra-t-elle la prochaine présidentielle ?