La SNCF, pour l'exemple.
Un rude combat est engagé contre la politique d'Emmanuel Macron par les cheminots, les étudiants, les hospitaliers, les... tous ceux qui luttent contre la dégradation de leur situation. Contre les atteintes au service public. Le président des riches est arrivé masqué, en même temps. Aujourd'hui, il ne cache plus son jeu. Il succède à François Hollande, prolonge son œuvre pour mettre la France en harmonie avec l'injustice du monde.
Il est des pays où la droite a fait son travail : Margaret Thatcher a cassé le syndicat des mineurs au Royaume-Uni en 1984-85, Reagan s'est attaqué aux contrôleurs aériens fédéraux aux États-Unis en 1981 (1). En Allemagne, c'est le social démocrate Schröder qui s'est chargé de la besogne avant d’aller toucher les dividendes en pantouflant comme directeur indépendant chez Rosneft, société d'État russe du pétrole.
En France, François Hollande n'a pas su mener à bien le travail et démanteler le code du travail. Il a été licencié par ses amis. Le roi de la synthèse a explosé le parti socialiste ! Il a cédé sa place au socialiste qu'il était allé chercher à la banque Rothschild pour en faire un secrétaire général adjoint à l’Élysée puis le ministre des de l’Économie, de l'Industrie et du Numérique.
Pour atteindre leur but, leur technique est la même : aider le patronat par des subventions, réductions d'impôts, suppression de l'ISF... et, pour rétablir les comptes, diminuer les budgets sociaux. Cela n'est possible qu'en diminuant la force collective des travailleurs. En les divisant.
Ils se sont attaqués d'abord au secteur privé où les syndicats sont faibles mais pouvaient s'appuyer sur le code du travail, fruit des victoires antérieures. D'où la bataille pour le modifier, favoriser les accords d'entreprise contre les accords de branche, affaiblir le rôle des prud'hommes, diminuer le nombre d'inspecteurs du travail...
Cette modification des rapports dans l'entreprise est bien illustrée par un changement de titre : l'organisme qui portait le nom, Centre national du patronat français (CNPF), est devenu le Mouvement des entreprises de France (MEDEF) : les patrons affirment, par cette mutation en apparence anodine, qu'ils ont gagné la lutte des classes qui n'existe pas. Désormais, le MEDEF, organisation des patrons, prétend représenter l'ensemble de l'entreprise (2). L'entreprise, c'est les patrons. Non les travailleurs. Qui ne sont qu'une obligation pour produire, gênante, un coût qu'il faut réduire d'une façon ou d'une autre... Tandis que les dividendes ne sont que la juste rémunération des capitaux investis... et les salaires exorbitants, les parachutes dorés, options d'achat d’action (stock-options), attribution d'actions gratuites et autres avantages (golden hello...), la récompense méritée d'un travail qui a plus ou moins satisfait les actionnaires..
Aujourd'hui, ce sont les travailleurs à statut qui sont attaqués. Par un travail de division entrepris depuis longtemps : recrutement de travailleurs en CDD-à-répétition à la Poste, recrutement de travailleurs hors-statut à la SNCF... qui sont déjà dans le système post-démantèlement de la SNCF... Et toute la propagande gouvernementale, largement reprise par certains journalistes qui, bien sûr, ne sont pas au SMIC et bénéficient de niches fiscales...
Entreprise par entreprise, administration par administration, la manœuvre est toujours la même : changement de statut de l'entreprise qui ne sera pas dénationalisée mais devient une société par actions dont seul l’État est actionnaire, puis le capital est ouvert au privé, l’État demeurant actionnaire majoritaire ou minoritaire avec pouvoir de blocage... avant d'être totalement privatisée !!!
Dans le même temps, on évacue la notion de service public, de solidarité territoriale, nationale. Avec la péréquation, la partie bénéficiaire permettait de maintenir la partie qui ne l'était pas mais qui était utile à la population. Avec la privatisation, seuls les secteurs rentables, sont intéressants et seront maintenus, ceux qui ne sont pas rentables seront abandonnés.
Les privatisations ont été conduites par tous les gouvernements de gauche ou de droite depuis quelques années. Malgré toutes les promesses...
Aujourd'hui, après les aéroports de Toulouse, Nice, Lyon, c'est l'aéroport de Paris qui ne sera pas dénationalisé mais dont on connaît le probable repreneur (comme à Lyon) : Vinci déjà actionnaire minoritaire... Et bien sûr la SNCF, en commençant par les lignes les plus rentables...
Pour mener à bien cette entreprise généralisée, il faut construire un contre-feu, fabriquer de faux privilégiés pour protéger les vrais : ce sont aujourd'hui, essentiellement, les travailleurs à statut...
Non les bénéficiaires des niches fiscales par exemple : il y avait 418 niches fiscales en 2003, 468 en 2010, 509 aujourd'hui (3) ! En 2016, les 451 niches fiscales recensées diminuaient les recettes fiscales de l’État d'un montant de 85,6 milliards d'euros ! Il est probable que certaines de ces niches sont utiles et nécessaires... Il est cependant étonnant que leur utilité soit telle que leur nombre augmente de plus de 20%, soit de 91 en 15 ans !
Selon le syndicat des finances publiques Solidaires, entre 60 et 80 milliards d'euros de recettes fiscales sont perdues chaque année en France, du fait de la fraude fiscale, et 40 à 60 du fait de l'optimisation fiscale.
Les plus optimisés sont bien sûr les les GAFAM... qui paient peu ou pas d'impôts en France...
Bien sûr, il y a la dette de la SNCF. Il y a fort à parier que, quel que soit l'avenir de la SNCF, la dette sera épongée par l’État. Elle est due aux investissement, judicieux ou non, décidés par l’État sous l’influence des barons politiques locaux et des groupes de pression des BTP.
Elle n'est pas due aux travailleurs !
Les retraites : c'est la question fondamentale. La retraite des cheminots est le verrou à faire sauter avant la contre-réforme généralisée qui sera organisée en 2019.
La caisse de retraite des cheminots est en déficit. Ce déficit est accentué chaque jour. En effet, le nombre de cheminots retraités augmente, celui des cheminots qui cotisent diminue notamment par le recrutement de cheminots hors statuts ! Cela ne peut durer !!!
Une fois que ce verrou aura sauté, ce sera le tour du régime général des retraites et de la Sécurité sociale. La population vieillit ? Il faut travailler plus longtemps. Une population vieillie a plus de maladies chroniques ? Il faut augmenter les cotisations ou diminuer les prestations. Ou mieux, casser la Sécurité sociale, avec un service minimum pour les pauvres et des assurances privées pour ceux qui pourront payer. Contre toute notion de solidarité.
Il se trouve que les mois qui ont suivi l’élection d’Emmanuel Macron ont réservé une série de « bonnes nouvelles » sur le plan économique. La croissance est repartie, les statistiques du chômage se sont stabilisées, et le déficit est tombé au-dessous de 3 %. Un sujet de fierté pour le nouveau pouvoir, aussitôt contesté par les fidèles de François Hollande, qui l’attribuent à la politique de l’ancien président.
Sauf que, s'il existe une reprise au niveau européen qui se situe à 2,3%, la France est à la traîne avec un taux inférieur à 2%. Ce qui devrait rendre modeste l'ancien et le nouveau gouvernement quant à l'efficacité de leur politique (4).
Pour les Français, le problème n’est pas là. Peu leur importe de savoir à qui revient le mérite de ce retour aux critères de Maastricht. Ils se demandent plutôt à quoi sert ce bonheur statistique s’il se traduit pour eux par la poursuite des sacrifices. À quoi bon se porter mieux si c’est pour aller plus mal ? Les marges augmentent, les dividendes augmentent, l'APL diminue, les retraites diminuent...
Car, en ce printemps 2018, ce ne sont pas seulement les cheminots qui font leurs comptes... mais les retraités, les hospitaliers, les éboueurs, les salariés de Carrefour, les salariés d'Air France, tous métiers confondus, les étudiants...
Les cheminots ont les meilleures conditions pour combattre. Leur échec aurait des conséquences pour tous... La défaite des syndicats des mineurs au Royaume-Uni n'ont pas amélioré la situation des autres travailleurs. La prospère Allemagne a instauré depuis 2004, avec les lois Hartz du gouvernement Schröder, les « jobs à 1 euro » (5). Doit-on s'en inspirer (6) ?
Une société basée sur la lutte de tous contre tous ? Ou une société de solidarité ?
1- "Le licenciement des employés de PATCO ne démontra pas seulement la détermination sans faille du président à prendre le contrôle de la bureaucratie mais il envoya également un message clair au secteur privé que les syndicats n'étaient plus à craindre" David Schultz, Encyclopedia of public administration and public policy (2004) p. 359. (Wikipédia)
2 - Remarque empruntée à Danielle Linhart.
3 - Wikipédia
4 - https://www.touteleurope.eu/actualite/economie-s-appuyer-sur-la-croissance-pour-renforcer-la-convergence-entre-les-pays-europeens.html
5 - https://www.20minutes.fr/economie/67390-20051215-economie-le-job-a-un-euro-decolle-en-allemagne
6 - http://www.nicematin.com/economie/doit-on-sinspirer-de-lallemagne-et-ses-jobs-a-1-euro-pour-lutter-contre-le-chomage-83641