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24 septembre 2024 2 24 /09 /septembre /2024 17:25
Après la dissolution, la politique continue...
Majorité relative à l ‘Assemblée nationale, conflits entre le président et le chef du gouvernement, mauvais résultats aux européennes.
La situation politique était difficile.
Mauvais résultats aux législatives sans majorité même relative, premier ministre désigné sous influence.
La dissolution par le président n’a rien amélioré.
En 2017, Emmanuel Macron, ex-banquier, ex-Parti socialiste, ex-ministre de gauche forme un gouvernement ni de gauche, ni de droite, rallie des personnalités de la gauche de gouvernement.
Sa politique de droite attire une partie de la droite de gouvernement, pousse l’autre, dépitée, à se droitiser ou à s’allier avec l’extrême droite.

Lors de la présidentielle, en 2017 comme en 2022, Emmanuel Macron n’obtient, au 1er tour, que des majorités très relatives.
En 2017, 24,1 % des suffrages exprimés, suivi de près par Marine Le Pen (21,3), François Fillon (20,01), Jean-Luc Mélenchon (19,58).
En 2022, 27,85 % des voix, seulement 3,75 points de plus qu’en 2017, malgré le remplacement de François Fillon par Valérie Pécresse, une candidate de faible poids (4,78 %).
Le Pen, 2ème (23,15 + 1,85), Mélenchon 3ème (21,95 + 2,37).

Malgré cette faible majorité au 1er tour, il est élu président les 2 fois au 2nd, en même temps par les citoyens de droite, de gauche et tous ceux qui ne veulent pas voir Marine Le Pen à la présidence de la République.
L’élection d’Emmanuel Macron en 2017 est due beaucoup plus à la qualité de repoussoir de la candidate d’extrême droite qu’à son programme, à sa personnalité et, en 2022, à ses réformes.

Il y voit un exploit personnel, un soutien à sa personne, à sa politique.

Après la dissolution, la politique continue...

Les 2 fois, Emmanuel Macron est élu par des citoyens de gauche.

La réticence croissante à sa réélection, à ses réformes apparaît au 2nd tour.
2017, Marine Le Pen est battue (66,1 % contre 33,9), un écart de 32,2 points fortement réduit en 2022 à 17,1 points ( 58,55 contre 41,45).
D’une élection à l’autre, au 2nd tour, Emmanuel Macron perd 2 millions de voix, Marine Le Pen en gagne 2,5.

La politique de Macron renforce l’extrême droite.

Les urnes confirment le mécontentement populaire exprimé dans la rue par la longue crise, violente des gilets jaunes et la plus forte répression depuis la guerre d’Algérie. Par les manifestations syndicales, pacifiques, fermes, continues.
Et vaines.
Malgré le large soutien, constant de l’opinion publique dans les 2 cas.

Les législatives qui suivent une élection présidentielle, favorisent le parti présidentiel par un effet d’entraînement.
En 2002, l’accès très confortable de Jacques Chirac à la présidence est suivi de l’élection de 359 députés, majorité largement supérieure à la majorité absolue (288).
Effet plus modeste avec Nicolas Sarkozy (320 élus en 2007), François Hollande (297 en 2012), Emmanuel Macron (314 en 2017).
Après sa réélection en 2022, la majorité présidentielle n’est plus que de 245 (- 69) députés.

Le Rassemblement national (RN), bondit de 8 à 89 députés !

Après la dissolution, la politique continue...

Résultats des élections européennes du 9 juin 2024, scrutin proportionnel, à un tour, avec circonscription unique nationale.
Pour les 7 listes sur 38 ayant obtenue plus de 5 % des voix.

Liste

Tête de Liste

NB de voix

 %

NB de sièges

La France revient

Jordan Bardella

7765936

31,37

30

Besoin d’Europe

Valérie Hayer

3 614646

14,6

13

Réveiller l'Europe

Raphaël Glucksmann

3424216

13,83 %

13

France insoumise

Manon Aubry

2448703

9,89

9

La droite pour faire entendre la voix de la France en Europe 

François-Xavier Bellamy

2448703

7,25

6

Europe-Écologie

Marie Toussaint

1361883

5,5

5

La France Fière

Marion Maréchal

1353127

5,47

5

Besoin d’Europe (Valérie Hayer, liste présidentielle) largement battu par La France revient (Jordan Bardella, RN) avec 2 fois plus de voix (31,37 % contre 14,5) et de sièges (30 contre 13)

Le jour même, le président dissout l’Assemblée nationale !!

Quel sentiment, quelle idée ont pu pousser Emmanuel Macron à prendre cette décision malgré le risque d’un échec électoral annoncé ?
Déprime après les échecs successifs, dépit devant des citoyens qui ne reconnaissent pas ses mérites, fascination par l’extrême droite qu’il dit combattre et renforce sans cesse, machiavélisme et sentiment qu’il peut tout faire ?

Après la dissolution, la politique continue...

Le résultat des législatives confirme toutes les craintes.

Au premier tour, le RN arrive en tête, 29,26 % des voix, suivi du Nouveau Front Populaire (NFP, 28,06) et, en troisième position (20,06), la majorité présidentielle.

Ces résultats font craindre un 2nd tour dévastateur, par suite des nombreuses triangulaires, et la possibilité d’une majorité importante, voire absolue, du RN à l’Assemblée. Pour l'éviter,  les candidats se désistent en faveur du concurrent le mieux placé pour vaincre le candidat RN.
Les électeurs appliquent la discipline républicaine et le Front républicain, le RN ne triomphe pas.

Par nécessité, en 2017 et 2022, les citoyens de gauche ont élu Emmanuel Macron. En 2024, ils protègent le parti présidentiel d’un effondrement électoral et votent pour LR, par discipline républicaine.
Les citoyens de gauche ont voté pour les  2 partis du gouvernement qui vient !!

Pour le président il n’y a pas de vainqueur à cette élection.
Bien que le NFP soit le groupe le plus important de l’Assemblée, avec 193 sièges, majorité très relative.
Bien que le RN soit le parti le plus important avec 126 députés.
Grande vaincue : La Coalition présidentielle avec 166 élus contre 245 (- 79) députés sortants.

Le parti présidentiel ne peut prétendre, au poste de premier ministre, ni numériquement, ni moralement.

Les résultats connus, Jean-Luc Mélenchon demande la nomination, d’un représentant du groupe le plus important, le NFP. comme premier ministre.
Beau coup politique. Si un nom avait été proposé immédiatement.
Au lieu de quoi, de longues disputes publiques pour proposer, un peu tard, le 23 juillet, le nom de Lucie Castets, engagée dans la société civile, strictement inconnue du public et du monde politique. Tout en martelant le programme, tout le programme, rien que le programme . Comme un mantra ou un slogan dans une manifestation.
Difficile à réaliser avec une majorité relative de 193 élus !


 

Après la dissolution, la politique continue...

Malgré la défaite de La Coalition Présidentielle, l’opposition n’a pas un groupe assez fort pour dominer l’Assemblée et gouverner.

Plus jeune président, Emmanuel Macron a choisi 4 premiers ministres successifs en 7 ans, à la durée de fonction de plus en plus courte. Il a terminé avec le plus jeune premier ministre, le plus jeune et le plus rapide ancien premier ministre. Le 5ème premier ministre, le plus âgé, est là pour combien de temps ? 

Au décours des législatives, le président a refusé de nommer Lucie Castets, proposée par le NFP, groupe le plus important de l’Assemblée.
Invoquant la trêve olympique, ayant des difficultés à trouver un premier ministre acceptable, il a beaucoup joué avec le microcosme politico-médiatique. Au bout de huit semaines, après des consultations dans toutes les directions, le président nomme Michel Barnier.
Les choses n’étaient pas ncore réglées. Il a fallu deux semaines de plus au premier ministre, pour former son gouvernement. Avec l'aidé du président et de multiples candidats aux postes ministériels.

À l’ombre du président ? Aux mains de la majorité précédente ?

Pied de nez à la démocratie, à l’Assemblée, le promu, minoritaire au LR (troisième lors de la primaire, 2021, en vue de l’élection présidentielle), hier le parti le plus faible de l’opposition (?) , aujourd’hui le plus faible de la majorité relative.
Les 2 partis qui soutiennent le nouveau gouvernement sont riches de personnalités qui pensent avoir été dépouillées indûment d’un poste ministériel, qui préparent les échéances prochaines avec ambition.

Avec de tels soutiens, est-il nécessaire d’avoir une opposition ?

Ni le NFP, ni le RN ne peuvent, seuls, censurer le gouvernement. Le NFP et ses électeurs ont participé au Front républicain contre le RN. Peut-il voter une motion de censure présentée par celui-ci ? Posera-t-il une motion de censure susceptible d’être votée par le RN ?

Le vote d'une motion de censure, avant septembre 2025, entraînerait une crise gouvernementale et la formation d’un nouveau gouvernement. Après cette date, une nouvelle dissolution de l’Assemblée serait possible. Et, à tout moment, une démission du président de la République.

Après la dissolution, la politique continue...

Le danger principal pour Michel Barnier est probablement dans son camp. Le charivari autour du mot, justice fiscale, en témoigne alors que l’état des finances semble intenable. Il devra utiliser toutes les possibilités réglementaires pour faire passer des mesures homéopathiques sans vote...

Le choix de Michel Barnier peut être heureux pour Emmanuel Macron si ses talents proclamés d’excellent négociateur, d’équilibriste, s’avèrent efficaces pour faire vivre le gouvernement, proposer des mesures avec humilité, c’est son mot, sans le mépris affiché par Emmanuel Macron.

Finalement, ses adversaires principaux ne sont pas les opposants vainqueurs aux législatives, NFP et RN. Mais la Coalition, les barons et Emmanuel Macron lui-même, s’il n’est pas capable de prendre du recul, de laisser le premier ministre déterminer et conduire la politique de la Nation, atténuer la rugosité de certaines de ses réformes.

La réforme électorale pourrait trouver une majorité. Avec l’introduction de la proportionnelle qui semble en cour dans toutes les formations mais a-t-elle les qualités qu’on lui prête ?
Elle ne résoudra pas les problèmes politiques

Les politiques ont beaucoup joué aux petits chevaux. La récréation est terminée. Depuis dix semaines, les Français attendent calmement.

Dissolution, gouvernement, la politique reprend...

Le moment du concret est venu. Le budget et tout ce qu’il conditionne dont il a peu été question ces jours-ci entre postulants aux responsabilités au moins publiquement : transition écologique, inflation, inégalités, immigration, enseignement, système de santé, la montée de l’extrême droite en France et ailleurs, les guerres, l’Europe, sans oublier l’Outre-Mer, Nouvelle Calédonie, Martinique


 

 


 

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20 juillet 2024 6 20 /07 /juillet /2024 21:20
La suite à la prochaine présidentielle ?

Le Rassemblement national (RN) est le premier parti politique du pays, par le nombre d’électeurs, même si ses députés ne constituent que le troisième groupe parlementaire à l’Assemblée nationale (AN) par l’effet du Front républicain électoral.

Après une hasardeuse dissolution, Ensemble a été repêché, et Emmanuel Macron avec, par les organisations et électeurs du Nouveau front populaire (NFP). Le Front républicain a été plus efficace, en quelques jours, pour limiter le nombre de députés du RN que les campagnes électorales et médiatiques pour freiner la croissance du nombre de ses électeurs !

Les 577 membres de l’AN se répartissent en 3 grands groupes : le plus important, NFP avec 180 députés puis Ensemble 163 et enfin le RN 143.

Encore faut-il relativiser ce succès contre le RN car ces groupes sont eux-mêmes divisés : le NFP en 4 sous-groupes dont La France insoumise (LFI) est le plus important (71 sièges), Ensemble en 4 sous-groupes aussi dont Renaissance (98 sièges).
Le regroupent RN à l'AN n’est constitué que de 2 groupes, le RN 126 sièges et son allié RN-LR 17 membres !

Finalement, le parti politique le mieux représenté à l’AN est le RN et ses 126 députés. Cette forte présence à l’AN n’est pas un effet du hasard mais traduit sa pénétration continue dans toutes les couches de la population française.

Dans cette tripartition, Les Républicains et ses alliés (LR-alliés), au total 66 élus, sont négligés. À tort, car ils viennent de rappeler leur existence en contribuant à la réélection de la présidente de l’AN par 220 voix devant le candidat du NFP avec 207 voix. Ce qui annonce une majorité relative potentielle malgré des résistances à négocier.
La minorité présidentielle, ébranlée, tente de se ressaisir et de s'élargir pour mettre en place un gouvernement, plus ouvert à la droite, sous les piques du RN.

Les têtes du NFP continuent de se disputer pour désigner un candidat improbable à Matignon, que le président de la République n’a aucune obligation d’appeler. Ni politiquement, ni constitutionnellement.

La désignation par le NFP d’un candidat au poste de Premier ministre, dans les heures qui ont suivi les résultats des élections législatives, aurait eu un effet-choc politique avant que chacun ne reprenne ses esprits.

Cette proposition a perdu le peu de sa pertinence politique (le programme, tout le programme, rien que le programme). La difficulté du NFP à s'entendre pour avancer le nom d'un candidat ou d'une candidate pour Matignon met en évidence  son aptitude réduite pour étendre sa majorité et former un gouvernement soutenant son programme.

La minorité présidentielle, ébranlée, va tenter de se ressaisir et de s'élargir pour mettre en place, un gouvernement, plus ouvert à droite, sous les piques du RN.

Après cet intermède, il faudra bien revenir au peuple, aux citoyens, aux électeurs, à ceux qui auront vu passer la caravane. Aux électeurs du RN et du NFP. Frustrés d’un changement entrevu. Il ne fait pas de doute que les Jeux olympiques vont distraire, pendant quelque temps, des jeux autour de l’Olympe, permettre à certains de se remettre en selle et de continuer le travail de démolition sociale, un moment, remis en question.

Cette trêve durera-t-elle longtemps avant que ne revienne le temps du pain et des fins de mois ?

Le NFP ou son avatar pourra-t-il, partant de ses fragiles bases actuelles, construire quelque chose de crédible pour accompagner et donner un débouché politique aux espérances encore déçues qui se regroupent pour le moment essentiellement derrière le RN ? Rien n’est moins sûr. Car le RN risque d’être plus fort demain qu’aujourd’hui.

Lors de la prochaine élection présidentielle, le vote qui a permis l’élection de Macron en 2017 et 2022 et sa politique du mépris de classe, le vote n’importe qui sauf Marine Le Pen tiendra-t-il avec le candidat à la succession politique de Macron ?

Aux législatives qui suivront, tout sauf le RN tiendra-t-il ? Face à un RN aguerri, renforcé, riche financièrement et politiquement du fait de ses nombreux élus, de leur expérience politique, riche du recrutement des cadres qui le rallient chaque jour…

L’avenir sera-t-il fait de lendemains qui déchantent ou de gilets de toutes les couleurs ? La suite attendra-t-elle la prochaine présidentielle ?

 

 

La suite à la prochaine présidentielle ?La suite à la prochaine présidentielle ?
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13 juillet 2024 6 13 /07 /juillet /2024 13:48
Une crise française mais pas que...

Grandes découvertes des médias et des politiques : le Rassemblement national (RN) est le premier parti de France. Pourtant, ce n’est pas nouveau. Mais, grand émoi, il risque d’avoir la majorité absolue...

La première vraie surprise a été la dissolution de l’Assemblée nationale.
Seconde surprise : les résultats du second tour, bien différents de ceux annoncés par les sondages. Qui n’ont pas décelé l’efficacité du Front républicain, respecté par les politiques et les électeurs. Surtout de gauche.

Le RN reste toujours le premier parti de France après le second tour comme après le premier. Par le nombre de voix recueillies.
Ce qui satisfait les commentateurs, c’est son échec électoral, le nombre d’élus lié aux désistements nécessaires, défensifs, mais sans projet politique.
Le pire a été évité… Recommençons.

L’état social, politique, psychologique des électeurs du RN et des autres reste une préoccupation secondaire.


 

Une crise française mais pas que...

Le malaise n’est pas exclusivement français. Cette progression de l’extrême droite se retrouve de façon plus ou moins intense dans de nombreuses démocraties.

Aux frontières de l’Hexagone, l’extrême droite (ED) progresse :

- en Espagne avec un gouvernement socialiste, VOX (ED) est le troisième parti national avec 9,92 % des voix aux élections européennes du 9 juin 2024.

- au Portugal avec un PS au gouvernement battu aux législatives du 10 mars 2024 par le parti populaire, le troisième parti  Chega (ED) obtient 18,8 % des voix (+11,5 points)

- au R-U, élections générales, énorme défaite des Tories vs Travaillistes et troisième place au nombre de voix, plus de 4 millions de voix (14,29%) pour le ReformUK (ED).

- en Allemagne, l’AfD (ED) est, aux élections européennes, la troisième force avec plus de 6 millions de voix (15,89%), devance le SPD et les Verts.

- en Italie, Meloni...

Tout ceci s’accompagne d’un recul du nombre de pays démocratiques.

Ces dangereuses évolutions ne sont pas dues à une génération spontanée, à une explosion soudaine, à une internationale masquée… Mais le fruit d’un système économique mondial.
Le New York Times qui n’est pas l’organe central de la subversion mondiale, écrit :
« L’instabilité politique mondiale se nourrit de la crise économique. La poussée sans précédent de l’extrême droite en France, le Parlement incendié au Kenya, un coup d’État manqué en Bolivie… Partout, un même cocktail d’inégalités croissantes et de baisse du pouvoir d’achat, d’inflation et de dette publique, a fait grimper les inquiétudes ». (Courrier international 12/07/24)


 

Une crise française mais pas que...

Cette politique remonte à TINA (There is no alternative) de Margaret Thatcher, Première ministre de 1979 à 1990, et Ronald Reagan, président de 1981 à 1989, suivis par les gouvernements, y compris de gauche, de toutes les démocraties notamment dans l’Union européenne.

La fin de l’intermède soviétique, 1917-1989, n’est pas la fin de l’histoire mais le commencement de la domination d’un capitalisme sans entrave et sans contrepoids.
Par la disparition de la menace de l’Union soviétique comme empire concurrent sur le plan idéologique. Comme soutien et horizon aux classes exploitées.
La menace disparue, rien ne s’oppose à la loi du profit maximum : externalisation de la production des biens, de l’exploitation et du contrôle des travailleurs par la Chine, l’Inde...

C’est la reprise de l’histoire avec les conflits entre empires nationalistes.
À la chute de l’Urss, l’Otan conçue pour faire face au danger d’invasion du communisme en Europe occidentale n’a plus de raison d’être. C’est peut-être le moment de réaliser une union européenne de l’Atlantique à l’Oural. Ce n’est pas l’intérêt des États-Unis. Ils donnent un autre rôle à l’Otan : profiter de l’affaiblissement de la Russie pour en détacher les marches et les inclure dans l’empire occidental qu’ils dominent.

Ayant établi son pouvoir sur la Russie, Poutine utilise la menace de l’Otan pour stimuler le vieux nationalisme russe vers un renouveau de l’impérialisme autoritaire tsariste, un moment caché derrière le communisme internationaliste.
Ce renouveau impérialiste s’exprime en Tchétchénie, Géorgie, Azerbaïdjan, Arménie, Crimée, jusqu’à l’invasion de l’Ukraine. Le point trop loin.
Désormais, la Russie est embourbée en Ukraine et partiellement immobilisée par les autres tentatives d’émancipation périphériques.

Le monde est partagé entre empires de forces et de formes diverses, tous capitalistes.


 

Une crise française mais pas que...

L’empire étasunien, libéral, avec son appendice européen. Encore aujourd’hui le plus puissant : financièrement, scientifiquement, géographiquement, militairement, avec des bases et des traités qui encerclent les concurrents.
Économiquement, avec des entreprises qui dominent le monde. Dwight D.Eisenhower alertait déjà du danger du complexe militaro-industriel pour la démocratie. Ce complexe est, aujourd’hui, encore plus intriqué et plus puissant, Gafam, SpaceX..
Et relativise beaucoup la démocratie étasunienne.

Derrière, la Chine et la Russie, aussi peu démocratique l’une que l’autre. Aussi peu communiste l’une que l’autre. Alliées momentanément, à terme concurrentes. Elles affrontent l’encerclement militaire des États-Unis, par un encerclement politique avec tous les pays qui veulent échapper à la domination occidentale (votes à l’Onu).

La Chine se projette en première puissance future. Source de matières premières indispensables et encore atelier du monde, elle est beaucoup plus que cela. Elle est le premier pays pour le dépôt de brevets à l’échelle mondiale, très largement en tête, devant les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, la Russie, tous en baisse, ou la Corée du sud et l’Inde en hausse…
Avec une armée chaque jour plus puissante, elle veut rattacher Taïwan au continent et étendre son emprise bien au-delà, ce qui la met en conflit avec de nombreux pays asiatiques. Par ailleurs, elle augmente son influence par les routes de la soie, les contrats commerciaux avec de nombreux pays anti-occidentaux et même des investissements en Europe !


 

Une crise française mais pas que...

La domination mondiale de la politique économique des États-Unis, approfondit les inégalités entre États et, à l’intérieur des États, entre couches sociales. D’où la montée des mécontentements, des ressentiments partout. Habilement détournés dans des conflits qui n’opposent pas responsables et victimes des inégalités, mais les victimes entre elles, en exacerbant des questions identitaires et sociétales, réelles...

D’abord aux États-Unis et dans l’Union européenne où tous les gouvernements, de droite ou de gauche, ont conduit les mêmes politiques avec les mêmes conséquences : affaiblissement de la démocratie ouvrant la voie aux mêmes populismes sans espoir.
Les derniers événements électoraux en France sont les plus spectaculaires.

En France, lors du premier tour de l’élection législative, pouvoir et médias pensant avoir affaibli l’ED avec l’application d’une partie de son programme, ont fait du Nouveau Front Populaire (NFP) l’ennemi principal en utilisant Jean-Luc Mélenchon comme épouvantail.
Au second tour, devant le risque d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, pouvoir et médias, à l’exception notable du groupe Bolloré qui la soutient, se sont retournés contre l’ED et le Front républicain a été mis en place. Aucun candidat de droite n’a rejeté les voix de La France Insoumise.
Ennemis mortels au premier tour, alliés par nécessité réciproque au second !!!

Ce succès d’appareil ne répond en rien au besoin de tous ceux qui se sentent exclus, méprisés par les uns et les autres et ne fait que justifier les votes futurs pour l’ED.
Il en sera de même avec les poursuites judiciaires, certainement justifiées.
Trump aux États-Unis a gagné contre la méprisante Hilary Clinton. Il est en passe de gagner malgré poursuites judiciaires et condamnations !

La discipline républicaine a été mieux appliquée par les électeurs de gauche. Pour éviter le pire, et pour la troisième fois, ils ont sauvé de la débâcle Emmanuel Macron.
Qui redevient le maître des horloges et se revoit en Jupiter.

Dans sa lettre aux Français, Emmanuel Macron affirme que dans cette élection, il n’y a pas de vainqueur. Certes, aucune des trois composantes de l’Assemblée n’a la majorité absolue qui lui permettrait de gouverner seul.
Il n’en reste pas moins qu’il y a, électoralement, un vaincu absolu !
Emmanuel Macron qui a obtenu, à l’Assemblée nationale, successivement, la majorité absolue en 2017 (351 sièges), une majorité relative en 2022 (245 sièges) et une minorité absolue en 2024 (150 sièges).
Cette situation de majorité aléatoire, à géométrie incertaine, est aussi peu satisfaisante pour la démocratie que pour les couches populaires.

Il faut autre chose que des manœuvres d’appareil pour convaincre les millions d’électeurs qui ont soutenu le RN contre ceux qui, depuis des dizaines d’années, conduisent la même politique !
Il faudra autre chose que des lois sur l’immigration renouvelées tous les deux ans.

Après avoir fait avaler aux réformistes dits de gauche des réformes de droite, Macron a voulu rallier les réformistes de droite avec des mesures préconisées par l’extrême droite. Finalement, par une décision qu’il croyait jupitérienne, il se retrouve encore plus seul, responsable de la construction d’une extrême droite plus installée que jamais même si elle n’a pas encore la majorité absolue.


Grandes découvertes des médias et des politiques : le Rassemblement national (RN) est le premier parti de France. Pourtant, ce n’est pas nouveau. Mais, grand émoi, il risque d’avoir la majorité absolue...

Une crise française mais pas que...

La forte participation aux élections, présidentielle et législatives de 2024, témoignent que les citoyens ne sont pas indifférents aux questions politiques. Quand des perspectives se présentent à eux, même si elles ne sont pas convenables.
Plus nombreux que jamais, ils ont tenté de sortir les sortants et de changer d’équipe.

Il vaudrait mieux qu’ils soient entendus : en 2027, peut-être avant, les choses peuvent prendre une autre tournure.

La conjoncture internationale n’est pas très favorable. Et il est difficile de construire la démocratie dans un seul pays !


 

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5 juin 2023 1 05 /06 /juin /2023 17:46
Lutter contre l’extrême droite

Les querelles politiciennes, notamment au sein du gouvernement, remettent au goût du jour le danger que fait courir à la République le Rassemblement national et les moyens peu efficaces pour le combattre.

Le Rassemblement national (RN) récolte, à chaque élection, plus de suffrages et donc
plus d’influence sur l’échiquier politique auprès de la droite extrême, de la droite et... de la gauche. Avec 89 députés et l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale, le RN est devenu un parti de gouvernement, indirect pour le moment : il pèse sur une proportion importante des élus LR et du parti présidentiel. À tel point qu’on ne sait plus si certains élus des droites veulent lui prendre des sièges en luttant contre ses idées ou en les adoptant... Et cela ne se limite pas à la droite patentée...
Une chose est certaine, regardant les résultats des élections présidentielles, Le
Pen, de père en fille, de FN en RN progressent. Que ce soit au premier ou au second
tour de l’élection présidentielle (Tableau 1).

Lutter contre l’extrême droite

Jean-Marie Le Pen a été 3 fois candidat à la présidence recueillant 0,7 % de voix en
1974, 14,4% en 1988 et 15,0 % en 1995. À la 4ième tentative en 2002, avec 4,8 millions de voix (16,9%) et une faible progression (230 000 voix et 1,9 point de pourcentage) par rapport à la présidentiellle précédente, Jean-Marie Le Pen se qualifie pour le second tour, envoyant Lionel Jospin aux oubliettes du Conseil constitutionnel. Un choc. Au second tour, les électeurs arrêtent les frais, Jean-Marie Le Pen ne progresse que d’un petit point.
Jacques Chirac qui avait pris conscience de la fracture sociale... le temps d’une
élection, a été très confortablement élu. Sans aucun effet sur sa politique.


À l’élection suivante, Jean-Marie Le Pen n’obtient que 10,44 % des suffrages plus
conforme à ses résultats antérieurs et en rapport avec la place de l’extrême-droite.

Depuis lors, avec la dédiabolisation, contestée par les politiques mais non par les
électeurs, Marine Le Pen progresse par bonds, à chaque élection, aussi bien au premier tour qu’au second tour quand elle est qualifiée pour y participer.
Bien entendu, il est toujours possible de mettre en doute la sincérité de ses déclarations.
Comme celles de bien d’autres. Elles sont cependant très différentes de celles de son
père. Sur les juifs à la télévision I24News (https://orientxxi.info/magazine/marine-le-pen-assume-son-virage-pro-israelien,5539) particulièrement : « Je suis la plus susceptiblede protéger le plus efficacement les Français de confession juive », elle déplore des « actes antisémites de plus en plus nombreux ». Elles ne sont pas les seules.

Sa filiation politique ne fait aucun doute. Mais ses prises de position ne sont pas celles de son père. Elle a changé non seulement la devanture du parti mais aussi le discours et
expulsé quelques anciens au passé gênant... D’autres, avant elle, ont changé de la SFIO
au PS la devanture. Sans renier certains exploits guerriers de Madagascar à l’Algérie (de
Naegelen, Lacoste à Mitterrand) en passant par Suez...

Certains, nostalgiques du père, ont voulu faire barrage à Marine Le Pen dédiabolisée. Éric Zemmour, reprenant la vieille ligne, a obtenu un nombre non négligeable d’électeurs mais n’a pas empêché la progression de Marine Le Pen et a plutôt joué le rôle de faire valoir la rendant plus présentable.

Des résultats des élections présidentielles et de la progression continue de Marine Le
Pen, il est facile de conclure que discours et techniques pour la combattre ont été
inefficaces. Pourquoi le juste discours contre les propos Jean-Marie La Pen sur Pétain,
l’antisémitisme... qui n’a pas été efficace hier, le serait contre sa fille qui dit aujourd’hui le contraire !

Lutter contre l’extrême droite

Emmanuel Macron devrait être plus modeste dans son recadrage d’Élisabeth Borne au vu des résultats des élections présidentielles. En 2022. Marine Le Pen progresse de 2 points de pourcentage au 1er tour et 8 points au second par rapport à 2017 ! Les voix d’Éric Zemmour ajoutées à celles de Marine Le Pen témoignent de l’effet du premier
quinquennat Macron, avec une majorité absolue et l’exécutif le plus fort du monde
occidental.
Les résultats électoraux de Marine Le Pen ne sont qu’une façon d'estimer la gravité de la situation. Produit surtout de la politique des différents gouvernementsqui qui se sont succédé depuis quelque temps et bien sûr de celle d’Emmanuel Macron, arrogance et mépris clairement affichés en plus.

Sans oublier la part importante des personnes qui ont déserté le chemin des urnes, pour des raisons quelquefois justifiées (pourquoi voter s’il n’y a qu’une politique possible, quel que soit le gouvernement), il faut s’intéresser aux citoyens. Et regarder à quelles catégories sociales appartiennent ceux qui ont voté pour les différents candidats au premier tour de l’élection présidentielle de 2022,(Tableau 2).

Lutter contre l’extrême droite

Si 23,6 % des électeurs ont voté Marine Le Pen, ce pourcentage est plus élevé 37 % des personnes qui se déclarent « défavorisés », 29 % dans les « catégories populaires », 25 % dans les « classes sociales inférieures » (1). L’électorat de Jean-Luc Mélenchon est, socialement, comparable : 20,3 % de la population générale : 28 % dans les « catégories populaires », 27 % des « Défavorisés ».

Le vote pour Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon est un vote de classe. Comme
d’ailleurs le vote pour Emmanuel Macron : 53 % des personnes qui se disent des « milieux aisés ou privilégiés » et 38 % des « classes moyennes et supérieures » ont voté pour Emmanuel Macron alors qu’il n’obtient que 28,5 % de suffrages dans la population générale et 13 et 18 % des votes des « défavorisés » ou des « catégories populaires ».

La meilleure façon de faire diminuer les suffrages qui se portent sur Marine Le Pen (et
Jean-Luc Mélenchon par la même occasion) serait pour Macron de faire une politique
économique et sociale différente... Emmanuel Macron le sait très bien. Faute d’avoir
réussi à obtenir une majorité pour faire adopter la contre-réforme des retraites, après
demultiples changements de pied, il lance la énième loi sur l’immigration pour essayer de désigner des responsables éventuels et de dévier l’orage. Tout à droite pour rallier toute la droite en ciblant les plus défavorisés et en particulier l’immigration !

Aura-t-il plus de succès lors des élections européennes ?

Cette montée de la droite extrême ou de l’extrême droite n’est cependant pas que
française.
Il suffit de regarder de l’autre côté des frontières. C’est un phénomène au moins européen. Que les gouvernements soient de gauche ou de droite, ils poursuivent, à des degrés divers, la même politique initié par Margaret Thatcher et son néo-libéralisme. Et utilisent les mêmes techniques pour canaliser les mécontents !

L’Espagne avec la défaite du gouvernement et la montée de la droite et de l’extrême droite aux dernières élections locales, l’Italie où le gouvernement est de droite extrême,
l’Allemagne où le AfD, d’extrême droite, est d’après les derniers sondages au coude à
coude avec le SPD et les Grünen qui participent au gouvernement de coalition, au
Royaume-Uni, aux Pays-bas, et même dans les pays nordiques si démocrates et si
modérés...

Le danger d’extrême droite pour la démocratie existante ne se cantonne pas
seulement à la France. Il est le fruit de la politique menée dans tous les pays ,
notamment en Europe.

Lutter contre l’extrême droite

1 - Premier tour 2002, Éric Zemmour : 2 485 935 voix et 7,07 %. Cet électorat est différent de celui de Marine Le Pen : 7 % de la population générale mais 13 % des « milieux ou privilégiés » et 11 % des « défavorisés ». Une partie de l’électorat est idéologique.

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