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13 juillet 2024 6 13 /07 /juillet /2024 13:48
Une crise française mais pas que...

Grandes découvertes des médias et des politiques : le Rassemblement national (RN) est le premier parti de France. Pourtant, ce n’est pas nouveau. Mais, grand émoi, il risque d’avoir la majorité absolue...

La première vraie surprise a été la dissolution de l’Assemblée nationale.
Seconde surprise : les résultats du second tour, bien différents de ceux annoncés par les sondages. Qui n’ont pas décelé l’efficacité du Front républicain, respecté par les politiques et les électeurs. Surtout de gauche.

Le RN reste toujours le premier parti de France après le second tour comme après le premier. Par le nombre de voix recueillies.
Ce qui satisfait les commentateurs, c’est son échec électoral, le nombre d’élus lié aux désistements nécessaires, défensifs, mais sans projet politique.
Le pire a été évité… Recommençons.

L’état social, politique, psychologique des électeurs du RN et des autres reste une préoccupation secondaire.


 

Une crise française mais pas que...

Le malaise n’est pas exclusivement français. Cette progression de l’extrême droite se retrouve de façon plus ou moins intense dans de nombreuses démocraties.

Aux frontières de l’Hexagone, l’extrême droite (ED) progresse :

- en Espagne avec un gouvernement socialiste, VOX (ED) est le troisième parti national avec 9,92 % des voix aux élections européennes du 9 juin 2024.

- au Portugal avec un PS au gouvernement battu aux législatives du 10 mars 2024 par le parti populaire, le troisième parti  Chega (ED) obtient 18,8 % des voix (+11,5 points)

- au R-U, élections générales, énorme défaite des Tories vs Travaillistes et troisième place au nombre de voix, plus de 4 millions de voix (14,29%) pour le ReformUK (ED).

- en Allemagne, l’AfD (ED) est, aux élections européennes, la troisième force avec plus de 6 millions de voix (15,89%), devance le SPD et les Verts.

- en Italie, Meloni...

Tout ceci s’accompagne d’un recul du nombre de pays démocratiques.

Ces dangereuses évolutions ne sont pas dues à une génération spontanée, à une explosion soudaine, à une internationale masquée… Mais le fruit d’un système économique mondial.
Le New York Times qui n’est pas l’organe central de la subversion mondiale, écrit :
« L’instabilité politique mondiale se nourrit de la crise économique. La poussée sans précédent de l’extrême droite en France, le Parlement incendié au Kenya, un coup d’État manqué en Bolivie… Partout, un même cocktail d’inégalités croissantes et de baisse du pouvoir d’achat, d’inflation et de dette publique, a fait grimper les inquiétudes ». (Courrier international 12/07/24)


 

Une crise française mais pas que...

Cette politique remonte à TINA (There is no alternative) de Margaret Thatcher, Première ministre de 1979 à 1990, et Ronald Reagan, président de 1981 à 1989, suivis par les gouvernements, y compris de gauche, de toutes les démocraties notamment dans l’Union européenne.

La fin de l’intermède soviétique, 1917-1989, n’est pas la fin de l’histoire mais le commencement de la domination d’un capitalisme sans entrave et sans contrepoids.
Par la disparition de la menace de l’Union soviétique comme empire concurrent sur le plan idéologique. Comme soutien et horizon aux classes exploitées.
La menace disparue, rien ne s’oppose à la loi du profit maximum : externalisation de la production des biens, de l’exploitation et du contrôle des travailleurs par la Chine, l’Inde...

C’est la reprise de l’histoire avec les conflits entre empires nationalistes.
À la chute de l’Urss, l’Otan conçue pour faire face au danger d’invasion du communisme en Europe occidentale n’a plus de raison d’être. C’est peut-être le moment de réaliser une union européenne de l’Atlantique à l’Oural. Ce n’est pas l’intérêt des États-Unis. Ils donnent un autre rôle à l’Otan : profiter de l’affaiblissement de la Russie pour en détacher les marches et les inclure dans l’empire occidental qu’ils dominent.

Ayant établi son pouvoir sur la Russie, Poutine utilise la menace de l’Otan pour stimuler le vieux nationalisme russe vers un renouveau de l’impérialisme autoritaire tsariste, un moment caché derrière le communisme internationaliste.
Ce renouveau impérialiste s’exprime en Tchétchénie, Géorgie, Azerbaïdjan, Arménie, Crimée, jusqu’à l’invasion de l’Ukraine. Le point trop loin.
Désormais, la Russie est embourbée en Ukraine et partiellement immobilisée par les autres tentatives d’émancipation périphériques.

Le monde est partagé entre empires de forces et de formes diverses, tous capitalistes.


 

Une crise française mais pas que...

L’empire étasunien, libéral, avec son appendice européen. Encore aujourd’hui le plus puissant : financièrement, scientifiquement, géographiquement, militairement, avec des bases et des traités qui encerclent les concurrents.
Économiquement, avec des entreprises qui dominent le monde. Dwight D.Eisenhower alertait déjà du danger du complexe militaro-industriel pour la démocratie. Ce complexe est, aujourd’hui, encore plus intriqué et plus puissant, Gafam, SpaceX..
Et relativise beaucoup la démocratie étasunienne.

Derrière, la Chine et la Russie, aussi peu démocratique l’une que l’autre. Aussi peu communiste l’une que l’autre. Alliées momentanément, à terme concurrentes. Elles affrontent l’encerclement militaire des États-Unis, par un encerclement politique avec tous les pays qui veulent échapper à la domination occidentale (votes à l’Onu).

La Chine se projette en première puissance future. Source de matières premières indispensables et encore atelier du monde, elle est beaucoup plus que cela. Elle est le premier pays pour le dépôt de brevets à l’échelle mondiale, très largement en tête, devant les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, la Russie, tous en baisse, ou la Corée du sud et l’Inde en hausse…
Avec une armée chaque jour plus puissante, elle veut rattacher Taïwan au continent et étendre son emprise bien au-delà, ce qui la met en conflit avec de nombreux pays asiatiques. Par ailleurs, elle augmente son influence par les routes de la soie, les contrats commerciaux avec de nombreux pays anti-occidentaux et même des investissements en Europe !


 

Une crise française mais pas que...

La domination mondiale de la politique économique des États-Unis, approfondit les inégalités entre États et, à l’intérieur des États, entre couches sociales. D’où la montée des mécontentements, des ressentiments partout. Habilement détournés dans des conflits qui n’opposent pas responsables et victimes des inégalités, mais les victimes entre elles, en exacerbant des questions identitaires et sociétales, réelles...

D’abord aux États-Unis et dans l’Union européenne où tous les gouvernements, de droite ou de gauche, ont conduit les mêmes politiques avec les mêmes conséquences : affaiblissement de la démocratie ouvrant la voie aux mêmes populismes sans espoir.
Les derniers événements électoraux en France sont les plus spectaculaires.

En France, lors du premier tour de l’élection législative, pouvoir et médias pensant avoir affaibli l’ED avec l’application d’une partie de son programme, ont fait du Nouveau Front Populaire (NFP) l’ennemi principal en utilisant Jean-Luc Mélenchon comme épouvantail.
Au second tour, devant le risque d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, pouvoir et médias, à l’exception notable du groupe Bolloré qui la soutient, se sont retournés contre l’ED et le Front républicain a été mis en place. Aucun candidat de droite n’a rejeté les voix de La France Insoumise.
Ennemis mortels au premier tour, alliés par nécessité réciproque au second !!!

Ce succès d’appareil ne répond en rien au besoin de tous ceux qui se sentent exclus, méprisés par les uns et les autres et ne fait que justifier les votes futurs pour l’ED.
Il en sera de même avec les poursuites judiciaires, certainement justifiées.
Trump aux États-Unis a gagné contre la méprisante Hilary Clinton. Il est en passe de gagner malgré poursuites judiciaires et condamnations !

La discipline républicaine a été mieux appliquée par les électeurs de gauche. Pour éviter le pire, et pour la troisième fois, ils ont sauvé de la débâcle Emmanuel Macron.
Qui redevient le maître des horloges et se revoit en Jupiter.

Dans sa lettre aux Français, Emmanuel Macron affirme que dans cette élection, il n’y a pas de vainqueur. Certes, aucune des trois composantes de l’Assemblée n’a la majorité absolue qui lui permettrait de gouverner seul.
Il n’en reste pas moins qu’il y a, électoralement, un vaincu absolu !
Emmanuel Macron qui a obtenu, à l’Assemblée nationale, successivement, la majorité absolue en 2017 (351 sièges), une majorité relative en 2022 (245 sièges) et une minorité absolue en 2024 (150 sièges).
Cette situation de majorité aléatoire, à géométrie incertaine, est aussi peu satisfaisante pour la démocratie que pour les couches populaires.

Il faut autre chose que des manœuvres d’appareil pour convaincre les millions d’électeurs qui ont soutenu le RN contre ceux qui, depuis des dizaines d’années, conduisent la même politique !
Il faudra autre chose que des lois sur l’immigration renouvelées tous les deux ans.

Après avoir fait avaler aux réformistes dits de gauche des réformes de droite, Macron a voulu rallier les réformistes de droite avec des mesures préconisées par l’extrême droite. Finalement, par une décision qu’il croyait jupitérienne, il se retrouve encore plus seul, responsable de la construction d’une extrême droite plus installée que jamais même si elle n’a pas encore la majorité absolue.


Grandes découvertes des médias et des politiques : le Rassemblement national (RN) est le premier parti de France. Pourtant, ce n’est pas nouveau. Mais, grand émoi, il risque d’avoir la majorité absolue...

Une crise française mais pas que...

La forte participation aux élections, présidentielle et législatives de 2024, témoignent que les citoyens ne sont pas indifférents aux questions politiques. Quand des perspectives se présentent à eux, même si elles ne sont pas convenables.
Plus nombreux que jamais, ils ont tenté de sortir les sortants et de changer d’équipe.

Il vaudrait mieux qu’ils soient entendus : en 2027, peut-être avant, les choses peuvent prendre une autre tournure.

La conjoncture internationale n’est pas très favorable. Et il est difficile de construire la démocratie dans un seul pays !


 

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