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2 septembre 2024 1 02 /09 /septembre /2024 20:35
Les J.O. sont-ils politiques ?

Malgré l’enthousiasme populaire et médiatique, anesthésiant, des Jeux et des manifestations qui les accompagnent, les J.O. sont très politiques de leur conception à leur déroulement périodique.
Malgré l’opportune trêve politique décrétée par le président de la République suite de la dissolution de l’Assemblée nationale, surprise pour tout le monde et aux résultats, surprise pour l’arroseur arrosé !

Dés la campagne électorale qui dure une dizaine d’années avant la désignation de la ville où ils doivent se dérouler. Paris a accueilli les Jeux en 1900 et 1924 et depuis les années 1980, la France s’est très engagée pour leur organisation.
Avec
les échecs de 1992, face à Barcelone, 2008, face à Pékin, de 2012 face à Londres… La candidature Paris2024 est annoncée en juin 2015. Le Comité international olympique (CIO), après le retrait de Rome, Hambourg et Budapest, retient, en décembre 2016, Los Angeles et Paris. Los Angeles abandonne 2024 et le CIO désigne, en 2017, Paris pour les Jeux de 2024 et Los Angeles pour 2028.

Le choix d'utiliser principalement le slogan en anglais « Made for sharing » , traduit par « Venez partager », provoque une polémique. Le comité de candidature justifie son choix, « donner un caractère universel au projet » (Tony Estanguet).
Pour 3 associations de défense de la langue française, c’est une :
« insulte grave à la langue française ... violation de la Constitution ».
Pour l'Académie française, un slogan pour des pizzas, des bonbons, des biscuits qui a « déjà été utilisé lors de campagnes publicitaires ».
Pour Bernard Pivot : « une faute, une ânerie, une erreur ».

Le baron Charles Pierre Fredy de Coubertin est le père des J.O. modernes, même si l’idée en avait été lancée pendant la Révolution, olympiade de la République (1796, 1797, 1798), et leur rétablissement demandé sans succès à la municipalité de ParisD’autres olympiades ont eu lieu aussi en Angleterre en 1850 et à Athènes en 1859, 1870…

Pierre de Coubertin, après des études chez les jésuites, renonce à Saint-Cyr pour l'École libre des sciences politiques et l’Institut catholique de Paris. Lors de séjours outre-manche, il est frappé par les innovations britanniques en pédagogie.
En France, il milite pour le développement du sport et son introduction dans les milieux scolaires pour « régénérer la race française par la rééducation physique et morale des futures élites du pays qui a connu la défaite de 1870 ».
En 1894, Il fonde le CIO pour « cette œuvre grandiose et bienfaisante : le rétablissement des Jeux Olympiques » qu’il préside de 1896 à 1925.

Il est à l’origine du drapeau, du serment et de la devise olympiques. Devise soufflée par son ami et conseiller, le dominicain Henri Didon qui a célébré la première messe olympique à Athènes. Coubertin reprend ses mots « citius, fortius, altius », change leur ordre pour gommer leur sens spirituel, « citius, altius, fortius », (plus vite, plus haut, plus fort). Voulant atténuer la devise élitiste, il précise « l'essentiel n'est pas de gagner mais de participer », emprunté au sermon de l'évêque de Pennsylvanie, lors de la messe olympique à Londres (1908).
Jugée trop associée au culte de la performance et à la course au dopage, le CIO, en 2021 à Tokyo, modifie la devise qui devient :
« Citius, Altius, Fortius – Communiter ».
Soit dans les deux langues officielles du CIO :
« 
Plus vite, plus haut, plus fort – ensemble », « Faster, Higher, Stronger – Together ».

Le Belge Henri Charles Joseph Ghislain, comte de Baillet, successeur au CIO de Coubertin, ouvre, en 1925, les épreuves d’athlétisme aux femmes pour les Jeux de 1928. Et, en 1936, contre Hitler, il impose la participation des athlètes juifs ou de couleur aux Jeux d’hiver à Garmisch-Partenkirchen et d’été à Berlin dans l'Allemagne nazie. Il en est récompensé par les 4 médailles d’or remportées par le Noir américain, Jesse Owens.
Même si, à ces jeux, l’allemand Konrad Frey (6 médailles dont 3 d’or) est l’athlète le plus médaillé et l’Allemagne remporte 89 médailles (33 d'or) devant les États-Unis, 56 médailles (24 d'or).

Des événements politiques empêchent la tenue des Jeux

1916 : les Jeux sont supprimés à cause de la Première guerre mondiale. Ils reprennent en 1920, à Anvers. Allemagne, Autriche, Bulgarie, Empire ottoman et Hongrie n’y sont pas invités.
L
es Jeux de 1940 (Tokyo puis Helsinki) et 1944 (Londres) sont annulés du fait des guerres. Ils reprennent en 1948 à Londres et en 1952, à Helsinki, avec l'Allemagne et le Japon et, pour la première fois, l'URSS, la Russie était absente depuis 1917.

Des nations ne participent pas aux Jeux pour des raisons politiques.
En 1956, à Melbourne, les événements de Hongrie entraînent le boycott par l’Espagne, les Pays-Bas, la Suisse. La République populaire de Chine se retire par opposition à la présence de la République de Chine (Taïwan).
À Tokyo, 1964, le CIO n’invite pas l'Afrique du Sud. Le gouvernement refusait que son équipe composée, pour la première fois, de Blancs et de Noirs, partage le même avion et le même village olympique. La Chine, absente depuis 1956, renonce à participer aux côtés de Taïwan.
Montréal, 1976 : 22 pays africains boycottent les Jeux contre la présence de la Nouvelle-Zélande qui a envoyé son équipe de rugby en Afrique du Sud, pays de l'apartheid.
À Moscou, en 1980, plus de 50 États boycottent les Jeux, suite à l’intervention de l’URSS en Afghanistan.
Ceux de Séoul en 1988 sont boycottés par la Corée du nord.
P
our les jeux de Pékin de 2008, de nombreux appels sont lancés pour le boycott des Jeux ou de la séance inaugurale des Jeux à cause de l’atteinte aux droits de l’homme en Chine et de la situation au Tibet.
Finalement, ce sont 90 chefs d’État ou de gouvernement qui sont présents, quatre fois plus que lors des Jeux précédents à Athènes.

À Paris2024, malgré l’absence de la Russie et de la Biélorussie, 206 délégations sont présentes. L’ONU compte ou reconnaît 197 États !
De réfugiés de 12 pays concourent, sur un pied d’égalité, avec les sportifs présentés officiellement par le pays d’origine qu’ils ont fui.

Des pays portant atteinte aux droits de l’homme ou intervenant militairement à l’extérieur, sans mandat international, n’ont pas été interdits de Jeux.

Le nombre de pays aux statuts divers ou aux politiques discutables traduit la volonté du CIO d’inclure le maximum d’entités territoriales.

La sérénité des Jeux a été troublée par des événements politiques.

- 1904, Saint-Louis : scandale des journées anthropologiques, réservées aux représentants des tribus sauvages et non civilisées.
- 1908 :
Londres veut imposer des jurys composés exclusivement d'Anglais.
-
1968, les Jeux sont précédés du massacre sur la place des Trois Cultures à Mexico.
Des athlètes des États-Unis, lors de la remise des médailles, lèvent leur poing ganté de noir pour protester contre la situation des Noirs aux États-Unis et dans le monde. D’autres, lors de la même cérémonie, arborent le béret noir des black-panthers.
-
Événement le plus grave en 1972, à Munich : prise en otages de 11 athlètes israéliens par des palestiniens de Septembre noir.
Bilan : mort de 17 personnes.
Les Jeux ne sont pas annulés. Le président du CIO, Avery Brundage, déclare : « The Games must go on » (les Jeux doivent continuer).
- Attentat au parc du Centenaire, Atlanta, 1996 : 2 morts et 111 blessés.
- Août 2023.
Séminaire, à Paris, des chefs de mission des Comités nationaux paralympiques. Polémique sur la venue de Ghafoor Kargari, président du comité iranien, accusé de tortures et soupçonné de crimes contre l'humanité — plainte déposée le 28 août — et d’Omar al-Aroub, président du comité syrien, accusé de crimes de guerre.

Le dopage était pratiqué aux Jeux olympiques antiques (préparation de viande de lézard). L'alcool était prohibé, un juge reniflait l'haleine des compétiteurs à l'entrée des stades.
Les produits et les contrôles ont beaucoup changé. Non la motivation.

Au dopage, on peut ajouter le soupçon de tricherie sur le sexe réel de certaines athlètes avec des polémiques qui dureront aussi longtemps que des critères scientifiques clairs ne seront pas publiés.

La présentation des résultats, distribution de médailles, starification des athlètes, classement par nationalité, concours de beauté dans l’inauguration et la clôture des Jeux sont autant de moments politiques ouvrant la dérive de la fierté nationale vers le nationalisme.
Avec l’aide
des médias et des gouvernements.

Ambitions françaises : obtenir plus de médailles que lors des dernières olympiades et voir la France dans les 5 premières nations au classement international.
De ce point de vue, les
résultats ne sont que très modérément conformes aux espérances officieuses tablant sur des Jeux à domicile, des investissement importants... Avec, de plus, l’exclusion de la Russie qui se classait toujours devant la France…
Le désenchantement sur le nombre de médailles a été rapide par rapport aux prévisions un peu trop optimistes de certains… Alors que le nombre de disciplines et donc de médailles distribuées augmente à chaque olympiade.

Pour les Jeux de 2028, sont ajoutés cricket, crosse (sport collectif nord-américain), softball, squash et flag football. Les Jeux de 2028 sont bien dessinés pour accentuer la supériorité étasunienne.

De nombreuses craintes précédaient les Jeux : sur l’organisation, les gréves, la sécurité, les transports… Les Jeux se sont déroulés de façon satisfaisante. Les moyens nécessaires ont été mobilisés, y compris…. la vidéo-surveillance qui risque de se pérenniser. Une pensée pour les responsables qui auraient été déclarés incapables et coupables si...
Il reste possible de pester contre le mauvais temps lors de l’inauguration...

Tout le monde a souligné l’adhésion, le soutien des Français qui se sont libérés momentanément du quotidien, et ont vibré, avec leurs champions dans les stades ou devant leur télévision.
Cet enthousiasme, des jeunes en particulier, se traduira-t-il par une augmentation significative des engagements sportifs y compris dans de disciplines découvertes à cette occasion ?
Au-delà des propos plus ou moins adaptés, répétitifs, emphatiques des journalistes sur les médailles gagnées par les héros en situation de handicap (ou non), ces Jeux, enthousiastes, incluants, seront-il suivis d’une amélioration du regard y compris des commentateurs et surtout des structures (habitations, transports, école, santé etc…).
Il est connu que, même si des progrès ont été faits, la France n’est pas exemplaire pour les personnes en situation de handicap. Serait-elle classée dans les cinq premières nations ? Le sera-t-elle un jour ?
Heureusement, il n’y a pas de classement officiel. Pour cela. Les paroles ne suffisent pas. Un financement fort est nécessaire et continu...

Au moment du bilan, des réponses viendront sur les questions sociales, écologiques, économiques, financières...

Trêve olympique
Le CIO a repris la notion de trêve olympique pour « préserver, dans la mesure du possible, les intérêts des athlètes et du sport en général ainsi que d’utiliser le rôle du sport pour promouvoir la paix, le dialogue et la réconciliation ».

Cette antique tradition a été reprise en 1993 par le CIO. En novembre 2023, l’Assemblée générale des Nations unies a voté sont instauration du 19 juillet au 15 septembre 2024.
Le principe a été adopté, 118 voix pour et deux abstentions (Russie et Syrie). Avec les mêmes effets que bien des résolutions de l’ONU.

Le 19 juillet, une messe à la Madeleine a marqué le lancement de la trêve olympique pour un cessez-le-feu pendant la durée des Jeux.
En présence de représentants diplomatiques, de comités olympiques nationaux, de sportifs, de la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, de la ministre de la Culture, Rachida Dati, de la maire de Paris, Anne Hidalgo et du président du CIO, Thomas Bach.

Le dimanche 4 août, sur le parvis de Notre-Dame de Paris, a eu lieu un événement œcuménique souhaité par le président du CIO, Thomas Bach,  « en écho à la cérémonie interreligieuse des Jeux de 1924 en la cathédrale de Notre-Dame de Paris » par Pierre de Coubertin. En présence de Thomas Bach, de Tony Estanguet, président de Paris202, et du représentant des 5 grandes religions, Haïm Korsia, Grand Rabbin de France, Najat Benali, Présidente des associations-mosquées de Paris, Christian Krieger, Président de la Fédération Protestante de France, Anton Gelyasov, aumônier national Orthodoxe des Hôpitaux, Lama Jigmé Thrinlé Gyatso, co-président de l’Union Bouddhiste, Shailesh Bhavsar, représentant du culte hindou, et Mgr Philippe Marsset, évêque auxiliaire de Paris.
L'événement intervient à la suite de vives réactions de chefs religieux à travers le monde à l'égard de certains tableaux présentés lors de la cérémonie d'ouverture de JO de Paris 2024.

Sport ou éducation physique.

Toutes les questions envisagées, jusqu’ici, montrent que les jeux sont étroitement intriqués à la politique suivant les circonstances et le rapport de forces internationales du moment.

Les Jeux, depuis le début, fonctionnent sur la base de la concurrence, du conflit, du combat, certes pacifiques mais excluant au fur et à mesure de la compétition. Cette exclusion a été ressentie par Coubertin lui-même qui a voulu l’atténuer en avançant la possibilité de participation de tous à toutes des activités sportives.
Elle émanait d’une aristocratie de naissance, britannique, et contribuait par la compétition à créer, renforcer une nouvelle aristocratie.

Après la Première Guerre mondiale, Coubertin, oubliant son opposition à la participation des femmes, écrit :
« 
Tous les sports sont pour tous ; voilà sans doute une formule qu'on va taxer de follement utopique. Je n'en ai cure. Je l'ai longuement pesée et scrutée ; je la sais exacte et possible. Les années et les forces qui me restent seront employées à la faire triompher ».

Cette exclusion est même dans l’origine du mot et la pratique du sport destiné pour le baron de Coubertin à « forger une noblesse moderne sur l’énergie, le courage, le fair-play ».
La sélection olympique par la compétition, la concurrence est en parfait accord avec la société contemporaine libérale. Elle a remplacé l’amateurisme aristocratique. Et s’est étendue avec la puissance de l’Europe occidentale sur le monde entier.
Elle est éloignée de l’utopie d’une éducation physique issue des Lumières visant la promotion collective et non la lutte de tous contre tous.
Malgré les généreuses déclarations sur l’inclusion.

Inclusion

En dehors des épreuves sportives des J.O. qui sont les mêmes, à quelques ajouts ou suppressions prés, le cadre et les manifestations qui les ont accompagnées lors de Paris2024 sont remarquables et répondent au cahier des charges : inclusion.
Même si c’est au prix, quelquefois de grincements de dents.

Les athlètes, spectateurs et téléspectateurs sortent du confinement.
Par le choix des organisateurs.
La ville s’est offerte aux Jeux ! Les Jeux se sont emparés de la ville ! Joie de tous et, encore plus, des téléspectateurs, fussent-ils parisiens, qui ont pu voir, tous les athlètes, tous les terrains enchâssés dans leur environnement monumental. Jamais vus ainsi auparavant. Grâce aux nouvelles techniques de prises de vue qui permettent de les filmer désormais sous tous les angles. Paris, ses monuments et son histoire.
Inclusion totale, réciproque.

Marathon pour tous !
Inclusion par le spectacle, par la participation aussi.
Avec le marathon pour tous à Paris : sans classement (de l’Hôtel de ville aux invalides) sur 10km ou sur le circuit complet des Jeux (9 communes traversées : Paris – Boulogne-Billancourt, Sèvres, Ville d’Avray, Versailles, Viroflay, Chaville, Meudon, Issy-les-Moulineaux).
Plus de 20 000 participants.
Le marathon pour tous, connecté : 473 156 inscrits du monde entier ! Les coureurs devaient courir au moins 30 minutes sur la route, en salle de sport, en appartement.… pour que leur participation soit prise en compte. Une application permettait de voir le parcours officiel !

Avec les manifestations, inauguration et clôture.
Inclusion aussi pour les manifestations de l’inauguration et de la clôture des Jeux olympiques et paralympiques.

La Seine comme colonne vertébrale et ses rives couvertes de dizaines de milliers de spectateurs. Un spectacle incluant des moments de l’histoire d’hier et d’aujourd’hui, d’images, de musique. Chacun gardera ses Jeux. Seine, scènes, Cène… Chacun aura trouvé, retrouvé, aimé ou détesté. Inclusion !

Le cheval mécanique Zeus galopant sur la Seine, Louise Michel et Olympe de Gouges surgissant des fonds de l’histoire et des eaux, Mon truc à plumes, Ça ira, et le French Cancan sur les berges, le défilé de mode publicitaire pour Louis Vuiton, Philippe Catherine en Dionysos, Aya Nakamura et la Garde républicaine devant l’Académie française, L’hymne à l’amour de Céline Dion… L’adepte de parkour sur les toits de Paris… La Vasque olympique

Et la Mission impossible de Tom Cruise sautant du toit du stade de France au milieu des athlètes devenus spectateurs, enfourchant sa moto pour s’engouffrer dans un avion gros porteur et atterrir en quelques secondes à Hollywood-Los Angeles transmettant le drapeau olympique pour les Jeux de 2028 !

L’ouverture des Jeux paralympiques.
Les athlètes descendent les Champs-Élysées et les scènes s’enchaînent sur la grande place blanche, des projections montrent le parcours en difficultés de personnes, non des héros, en situation de handicap, les ballets mêlent personnes en situation de handicap ou non, la flamme paralympique arrive d’Angleterre et 5 athlètes paralympiques allument la Vasque, les drapeaux et la musique, Born to alive, le rouge coucher de soleil, les discours et les mots qui, ici, aujourd’hui, prennent encore plus de force, Liberté, Égalité, Fraternité, sur la place de la Révolution-de la Concorde–de l’Inclusion tandis que scintillent les Lumières de la ville contemplées du haut de l’Obélisque venue d’Égypte.

Demain sera un autre jour...


 

Les J.O. sont-ils politiques ?
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20 juin 2024 4 20 /06 /juin /2024 08:26
La démocratie est un combat permanent...

 

Athènes est considérée comme le berceau de la démocratie moderne. Une démocratie imparfaite dans une société imparfaite. Les démocraties modernes en sont des versions améliorées mais toujours imparfaites. Ces imperfections correspondent à l’état des sociétés et conditionnent leur survie : elles permettent l’exercice du pouvoir par les dominants dans des conditions acceptées par les dominés.
Quand la violence de ces situations devient insupportable, elle peut entraîner des révoltes, plus ou moins violentes, quelques fois étendues. Les dominants acceptent alors des compromis s’ils ne leur enlèvent pas l’essentiel du pouvoir ou les répriment sans ménagement quand ils se sentent menacés.
Ainsi les sociétés évoluent à travers situations de violence et actes de violence, répressions, compromis. Les révoltes ébranlent quelquefois, renversent rarement la domination qui se perpétue ou se renouvelle après quelque temps.
 

La démocratie est un combat permanent...

Abraham Lincoln, discours de Gettysburg, est souvent cité pour définir la démocratie : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Véritable tour de passe-passe repris par les constitutions de la Quatrième République (1946) et de la Cinquième (1958).

Illusionnisme verbal où le mot peuple, répété, n’a jamais le même contenu !

Gouvernement du peuple : de tout le peuple, nationaux, étrangers, hommes, femmes, adultes, enfants ;
Gouvernement par le peuple : quelques personnes gouvernent, quel que soit leur mode de sélection ;
Gouvernement pour le peuple : supposément pour tous mais le plus souvent pour les uns ou les autres en fonction des rapports de forces.

À Athènes, femmes (esclaves ou non), esclaves, métèques et étrangers étaient exclus des décisions. Cette exclusion était justifiée : déchargés des tâches subalternes, les citoyens pouvaient consacrer leurs compétences à l’essentiel : gérer la cité.

La démocratie est un combat permanent...

Malgré la Déclaration de l’homme et du citoyen de 1789 proclamant l’égalité de tous, ce n’est qu’en 1848, après 60 années mouvementées, que le suffrage universel masculin a été institué et l’esclavage supprimé dans les colonies françaises. Le suffrage universel a été renforcée par la scolarisation, l’extension du droit de vote aux femmes, près de cent ans plus tard puis aux 18-21 ans.
D’autres étapes
demeurent pour qu’il soit réellement universel : extension aux étrangers, démocratisation de l’enseignement, indépendance des moyens d’information de plus en plus contrôlés par les puissances de l‘argent..

La France, Royauté, Empire ou République, a construit un empire colonial dans lequel les valeurs démocratiques pouvaient être, quelquefois, proclamées mais jamais appliquées. Les privilèges de la démocratie imparfaite étaient réservés aux citoyens de l’hexagone.
Pour les autres, la demande de liberté, d’égalité était fortement réprimée, aboutissant aux succès bien connus de Dien-Bien-Phu à l’Algérie.

Deux longues guerres qui ont conduit à l‘indépendance, contre la France, du Vietnam, du Laos, du Cambodge, de l’ Algérie, avec comme effets collatéraux, l’indépendance de tous les pays africains colonisés. La France ne pouvait faire la guerre à tous en même temps.

En février 2017, le futur président Macron reconnaît que la colonisation : 
C'est un crime. C'est un crime contre l'humanité, c'est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant aussi nos excuses à l'égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes. »
Malgré cette lucidité, le poids politique d’une droite obstinée dans les erreurs du passé et la fatuité du président Macron d’ordonner l’histoire, les choses en sont restées là.

Elles ont même régressé en Nouvelle Calédonie où Michel Rocard et Lionel Jospin avaient réussi à rétablir un dialogue et une perspective d’avenir réconcilié, fortement compromis aujourd’hui par la volonté de passage en force du président Macron…
Pour
Nicolas Sarkozy, l’Afrique n’était pas entré dans l’histoire, la France sort de l’histoire et de la géographie, par la petite porte.

Cette association d’une démocratie relative à l’intérieur et sa négation dans la colonisation n’est, hélas, pas une particularité française.
Toute colonisation est contraire à la démocratie même très imparfaite.

La démocratie est un combat permanent...

Israël est, suivant les canons occidentaux classiques, un pays démocratique. C’est aussi un pays colonial. Différence importante avec les autres États coloniaux, c’est un État colonial sans métropole ou plus exactement avec une métropole diasporique et une métropole d’adoption, les États-Unis, soutien inconditionnel. Les États-Unis, qui, hier avec beaucoup d’autres, ont refusé d’accueillir les juifs persécutés, devenus des Israéliens occupants.

Israël est aussi le fruit du dysfonctionnement des démocraties, de la non application de  nos valeurs qui ont favorisé le développement du sionisme..
Theodor Herzl, juif d’origine autrichienne, était assimilationniste
et intégré à la société occidentale. Devant la situation faite aux juifs, des pogroms à l’affaire Dreyfus, il publie, en 1896, Der Judenstaat, l’État des juifs, qui ne rallie pas immédiatement les juifs bourgeois, occidentaux qui se croient intégrés, intouchables, indispensables aux sociétés occidentales, Autrichiens en Autriche, Français en France... Il est entendu par les juifs soumis aux multiples pogroms dans l’empire russe.

Fondateur en 1897 et président, jusqu’à sa mort en 1904, du Congrès sioniste, Herzl imagine un État où les juifs seraient en sécurité. Dans la foulée du projet colonial des puissances européennes, conférence de Berlin (1884-85), qui se partagent les territoires à coloniser en Afrique, il présente l'offre britannique,  Projet Ouganda, au sixième Congrès sioniste en 1903… En 1905, le Congrès sioniste refuse cette offre du Royaume-Uni et s'engage pour un État national juif sur les anciens territoires des royaumes de Judas et d'Israël.
Le Royaume-Uni, généreux avec la terre des autres, se prononce en 1917, par la Déclaration Balfour, en faveur de l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif. Dans l’éventualité d’une installation au Proche-Orient, Theodor Herzl se situait bien dans la perspective coloniale occidentale : Pour l’Europe, nous constituerions là-bas un morceau du rempart contre l’Asie, nous serions la sentinelle avancée de la civilisation contre la barbarie.

L’association démocratie-oppression est constitutive de la création des États-Unis. Les États-Unis sont devenus la première puissance impériale en imposant des inégalités dans toute la diversité de son empire. Mais ils ont construit l’État démocratique, institué le 4 juillet 1776, sur l’extermination des peuples autochtones et l’esclavage des Noirs maintenu officiellement jusqu’en décembre 1865.
Cependant, cette pratique a perduré près d'un siècle, pour ne prendre fin que par l'adoption des XIIIe (1865) et XIVe (1868) amendements de la Constitution accordant la citoyenneté à toute personne née ou naturalisée aux États-Unis et du XVe (1870) garantissant le droit de vote à tous les citoyens.
Dans les États du sud, l’application des lois fédérales seront entravées jusqu’à l'adoption de différentes lois fédérales (1964, 1965, 1968) qui mettent fin, en principe, à toutes les formes de discrimination raciale dans l'ensemble des États-Unis...

Il ne faut pas oublier la phrase de Winston Churchill (1947) la démocratie est le pire système de gouvernement à l’exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l’histoire. Elle est encore d’actualité en 2024 !

La démocratie est toujours imparfaite, inachevée. Il est impossible d’être satisfait devant la restriction de libertés qui perdure et l’approfondissent des inégalités. Partout.

La démocratie est un long combat permanent sous peine de régression .

La démocratie est un combat permanent...
La démocratie est un combat permanent...
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2 avril 2024 2 02 /04 /avril /2024 07:45
De Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavage

L’esclavage dans les colonies a été aboli par la France pour la première fois en 1794, rétabli par Napoléon Bonaparte en 1802 et supprimé à nouveau en 1848. Et, bien plus tôt, dans le royaume, par la reine Bathilde (630-680), épouse de Clovis II.
Suppression qui n’a pas toujours été respectée...

Bathilde, noble, encore enfant, est réduite en esclavage et achetée par le maire du palais de Clovis II qui en fait sa servante, à 12 ans, en espérant mieux. Le roi l’épouse, elle devient reine des Francs et, à la mort du roi, régente.
Elle interdit l’achat et la vente des esclaves, les rachète en nombre pour les libérer et
rend libres sur le sol des Francs ceux qui arrivent de l’étranger.

À l'époque de Charlemagne et durant la première partie du Moyen Âge, les Francs combattent les Saxons et les Slaves. Du slave à l’esclave. Les prisonniers alimentent le commerce vers Venise et les Arabes en passant par la Champagne où, systématiquement émasculés, un quart environ d'entre eux ne survivent pas.
La christianisation des Slaves met fin à cette traite.
Cependant, des esclaves sont employés dans les grandes propriétés agricoles, y compris dans les monastères. Et encore au XVe en Provence avec des Noirs achetés au Maroc.

Le 3 juillet 1315, édit de Louis: selon le droit de nature, chacun doit naître franc, nul n'est esclave en France, le sol de la France affranchit l'esclave qui le touche.
En 1571, un navire normand accoste à Bordeaux pour y vendre sa cargaison d'esclaves. Le Parlement de Bordeaux les libère : « La France, mère de liberté, ne permet aucun esclave ».

En 1642, Louis XIII autorise la traite et l'esclavage aux Antilles. Alors que se développe le commerce triangulaire, Louis XIV, par le Code noir (1685), réglemente le traitement des esclaves aux colonies sans un mot pour le royaume. Or le rédacteur du Code, Colbert de Seignelay, ministre de la Marine, a des nègres domestiques, en habit à la cour et en particulier deux négresses d'une parfaite beauté, qui avaient de l'esprit et parlaient bien français. La reine Marie-Thérèse a reçu en cadeau du duc de Beaufort un petit Africain et Jeanne du Barry, le jeune Zamor offert par son amant Louis XV.

Louis XIV utilise, sur ses galères, des forçats, des protestants pour faits de religion et des esclaves d’origines diverses, appelés Turcs. Ces esclaves ont aussi été utilisés pour les spectacles de la cour, mascarades et tableaux vivants... Pour ramer dans une galère sur le Grand Canal et illustrer ses succès en Méditerranée, 54 esclaves sont amenés à Versailles.
Sur mer ou sur terre, royales, les esclaves sont loin de Bathilde et de 1315…

Des milliers de Noirs d'Afrique et des Îles d'Amérique en Angleterre et en France.
Des esclaves étaient vendus sur la place de Londres et à Paris, capitale de l'esclavage,  coloniaux et capitaines de navires vendaient des esclaves à des métropolitains, et ceux-ci profitaient du travail servile d'individus qu'ils n'avaient pas le droit d'acquérir.

Deux tableaux, au musée de Nantes, illustrent le service domestique d’esclaves noirs.
Sur le premier, un notable de Nantes, sur l’autre, son épouse, tous deux en majesté. En retrait, leur serviteur debout, un homme noir pour lui, pour elle une femme noire. Du sucre, une tasse de café qui, avec le commerce triangulaire, ont assuré leur fortune.
Des commentaires et un faisceau lumineux attirent l’attention sur les détails vestimentaires de ces serviteurs qui signalent leur statut d’esclave.


 

De Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavageDe Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavage

Le Code noir s'applique dans les îles mais ne concerne pas le royaume où l'esclavage n'existe pas officiellement : mais « plusieurs habitans des Isles de l'Amérique » amènent des esclaves, pour leur service comme les bourgeois de Nantes ou pour leur faire apprendre quelque métier dont les colonies recevraient beaucoup d'utilité. D’où une nécessaire adaptation de la législation. Les Noirs venus dans le royaume ne pourraient prétendre avoir acquis la liberté si leurs maîtres avaient observé les formalités d'enregistrement. Le parlement de Paris a rejeté cette possibilité.
Acceptée par celui de Rennes, des cas ont été documentés à Nantes, 16 par an de 1720 à 1740, une douzaine par an à Bordeaux.AncreAncre

Le problème se retrouve en Angleterre des Cours ont proclamé : Dès qu'un nègre entre en Angleterre, il devient libre, contredit en 1749 par l’affirmation qu'un esclave n'a pas plus de raison d'être libre en Angleterre qu'à la Jamaïque jusqu’à ce que, en 1762, l'Habeas corpus soit reconnu pour les Noirs.

Différences essentielles entre traites.

L’ Afrique noire a subi, simultanément, l’esclavagisme intra-africain, arabo-musulman et atlantique. Qui donnent lieu à des querelles comptables.

Lors d’un colloque de l’UNESCO en 1978, le nombre d’esclaves arrachés à l'Afrique a été estimé à 15,4 millions par la traite atlantique, 14 millions par la traite orientale, Océan indien, transsaharienne et mer Rouge. Certains avancent des quantités différentes : traite orientale, 17 millions de déportés, esclavage intra-africaine, 14 millions. Traite orientale et intra-africaine ont eu leur apogée au XIXe, la traite atlantique au XVIIIe.
En 1997, Hugh Thomas estime que, sur 13 000 000 d'esclaves arrachés à l'Afrique par la traite atlantique, 11 328 000 sont arrivés à destination en 54 200 traversées !

Quoi qu’il en soit, en plus des drames humains, les ponctions par caravanes ou navires ont stimulé les guerres intestines pour l’acquisition de captifs et constituent une saignée démographique importante pour l’Afrique.

L’esclavage en Afrique noire existait traditionnellement avant les traites arabes ou européennes. Dans certaines régions, le quart des hommes étaient esclaves, pour dettes, suite à des guerres locales ou en tant que descendants d'esclaves.
Ils étaient surtout utilisés comme domestiques et leur nombre était une source de prestige pour le maître.

La traite orientale répond à des besoins domestiques et des services (tâches d'entretien, d’infrastructures, employés de maison, harem, concubines, prostitution, eunuques). Elle s'étend sur 13 siècles. De Zanzibar, des esclaves ont été envoyés dans le Golfe comme main d’œuvre pour la culture du clou de girofle.

La traite atlantique dure 3 siècles, 90 % pendant la période 1740-1850. Elle fournit une main d’œuvre bon marché pour les les grandes plantations aux Amériques même si la traite a commencé avant l’arrivée de Christophe Colomb à Hispaniola (1492).
Les Portugais ont déporté 150 000 esclaves vers Lisbonne et ouvert le premier marché aux esclaves africains à Lagos, en 1444.

Pays et ports négriers

Les Européens ne pénètrent pas dans le continent pour se procurer des esclaves, ils attendent leur livraison, soit dans des fortins côtiers, soit même sur les navires. Ils repartent quand un nombre suffisant de captifs a été acquis.

Une vidéo sur la traite atlantique présentée au musée de Nantes et, actuellement au musée de l’histoire de l’immigration de la Porte dorée à Paris, permet de suivre le trajet des navires ayant participé à la traite par année, nationalité, point de départ et d’arrivée aux Caraïbes, en Amérique latine, aux États-Unis, quelques uns en Europe.

Le Portugal, première puissance pour le nombre de déportés, 5 millions entre XVIe et XIXe, 46% du total des déportations, pratique peu le commerce triangulaire. Ses navires relient directement les 2 rives de l’Atlantique, des côtes du Cap-Vert, de Guinée, de l’Angola (et Mozambique) vers le Brésil, sans passer par l’Europe.
C'est pourquoi, il n'a pas de grand port négrier, Lisbonne ne compte que 92 expéditions.

Le Royaume-Uni, deuxième pays européen, 3 millions de déportés : Liverpool, premier port négrier européen (4 894 expéditions), Londres (2 704), Bristol (2 064).
Le Royaume-Uni joue un grand rôle dans l’esclavage, la traite et leur abolition.

La France, troisième, 1,5 million de déportés, 3317 expéditions, 17 ports négriers d’importance diverse : Nantes, La Rochelle, Le Havre, Bordeaux, Saint-Malo, Lorient, Honfleur, Marseille, Dunkerque, Rochefort, Vannes, Bayonne, Cherbourg, Rouen, Brest, Saint-Brieuc, Marans.
Nantes
est le plus important : 1 744 expéditions, plus de 500 000 déportés, puis Bordeaux, La Rochelle, Le Havre. Saint-Domingue est la principale destination.

Nantes, apogée du commerce négrier au XVIIIe

Dans le commerce triangulaire, les navires partent d’Europe avec des marchandises diverses troquées en Afrique contre des captifs emmenés aux Amériques. D’où sont amenées les produits des îles : le sucre constitue 60,8 % en valeur des marchandises arrivées à Nantes en 1786.
E
n plus de ses bénéfices propres, le commerce triangulaire suscite un trafic direct, les navires négriers ne suffisant pas pour ramener les produits des îles. D’autres navires sont nécessaires.

La population de Nantes augmente, son commerce maritime s’accroît vers l'intérieur du royaume et surtout vers les ports étrangers : de 1702 à 1772, le tonnage vers les ports français est multiplié par 1,9 et vers les ports étrangers par 3,6.
Les grandes familles s’enrichissent, investissent dans les terres agricoles, l'immobilier et, au côté d'une industrie traditionnelle, dans l'industrie naissante, notamment la construction navale : la superficie des chantiers est multipliée par 15,5 du début du siècle à 1780. Ils deviennent les premiers constructeurs français de navires marchands.
Le palais de l'Élysée a été construit en 1720, grâce à la fortune d’Antoine Crozat à la direction d’une des plus importantes sociétés du commerce triangulaire entre Nantes et Saint-Domingue, la Compagnie de Guinée créée par Louis XIV qui en était actionnaire,.

Prenant acte de l’histoire, Jean-Marc Ayrault, alors maire de Nantes, est à l’origine du Mémorial de l'abolition de l'esclavage, consacré à la traite et à l'esclavage, inauguré en 2012 en présence de l'ancien président du Bénin, Nicéphore Soglo, de Christiane Taubira, de Lilian Thuram…


 

Nantes : Les Anneaux de Buren
Nantes : Les Anneaux de Buren

Nantes : Les Anneaux de Buren

Traite, esclavage, résistance

La colonisation a causé une chute si importante des populations amérindiennes que sa qualification d’ethnocide ou de génocide est discutée.

 Destination des esclaves dans les différentes colonies françaises (Tableau I)

Territoire

Nombre d’esclaves

Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti)

864 000

Martinique

366 000

Guadeloupe

291 000

Île Bourbon (Réunion)

130 000

Île-de-France (Île Maurice)

80 000

Guyane

51 000

Louisiane

10 000

Saint-Vincent, Sainte-Lucie, Tobago, Dominique, Grenade

137 000

Total

1 929 000


Des esclaves venus d’Afrique.
Des révoltes ont éclaté lors du transfert des captifs vers les Amériques. Dans les archives nantaises, 33 révoltes sont répertoriées pour 475 expéditions, soit 6,9 %, entre 1713 et 1743. Plus souvent quand le navire est encore sur la côte africaine ou proche. Parfois lors d'une escale dans une île portugaise du golfe de Guinée.
La première colonie française aux Antilles est Saint-Christophe (1625) et Richelieu fonde la Compagnie de Saint Christophe et îles adjacentes. Viennent ensuite la Guadeloupe, la Martinique…

Le Code noir est promulgué pour combler un vide juridique sur l’esclavage aux îles colonisées alors qu’il n’existe pas dans le royaume. Il est appliqué aux Antilles en 1685, à Maurice en 1715, à La Réunion en 1723.
Le Code établit le statut des esclaves et témoigne de l’insécurité ressentie par les colons devant les différentes formes de résistance individuelle ou collective, marronnage, révolte, et formalise la répression pour dissuader et punir. Plus fréquent que les révoltes, le marronnage, s’enfuir des plantations, est surtout individuel, de brève durée, non-violent. Mais des groupes de marrons peuvent se former avec attaques de plantations et affrontements.
Le Code interdit le port d'arme sauf à la chasse si le maître le permet (art.15), peuvent être soumis à des châtiments corporels et marqués d'une fleur de lys pour une fuite pendant un mois (marron), jarret coupé en cas de récidive (marquage au fer et mutilation existaient en métropole), condamnation à mort à la troisième tentative (article 38) ou pour avoir frappé son maître, sa femme ou ses enfants (article 33), vol de cheval ou de vache article 35 (vol domestique puni de mort en France), pour réunion en cas de fréquentes récidives (art 16).

La première révolte dans une colonie française éclate sur l’île de Saint-Christophe. En 1639, 60 esclaves gagnent les montagnes et attaquent les colons avant d’être réprimés. En 1656, à la Guadeloupe, 1678, à la Martinique, 1679 à Saint-Domingue.
Les révoltes sont plus fréquentes avec la culture de la canne à sucre.
Une quinzaine comptent au moins un millier de participants, surtout à Saint-Domingue. Jusqu’au grand soulèvement, unique par son ampleur, des dizaines de milliers d’esclaves, surtout par son dénouement, l’abolition locale de l’esclavage, avant la décision nationale.

Les Lumières et l’esclavage

La condamnation de l’esclavage par les philosophes des Lumières est un phénomène nouveau. Les penseurs de l’Antiquité ont justifié l’esclavage, droit naturel, et l’Ancien, le Nouveau Testament, les fondateurs du christianisme et les théologiens du XVIIIe siècle. Et bon nombre de francs-maçons, colons, armateurs, propriétaires d’esclaves.
Des papes s'y sont opposés de façon plu ou moins nette : 873, la lettre apostolique de Jean VIII exhorte les princes de Sardaigne d'affranchir les esclaves vendus par les Grecs ; 1435, la bulle pontificale d’Eugène IV condamne l'esclavage des Guanches aux Canaries ; 1462, la lettre de Pie II à l'évêque de Guinée portugaise qualifie l'esclavage des Noirs de grand crime.

Pour les Lumières, rien ne donne le droit de propriété d’un homme sur un autre : ni la conquête, ni la guerre, ni le vol, ni l’achat ne peuvent fonder un droit d’esclavage.
 
L’impératif économique, la force créent l’esclave, non le droit.

L’esclavage est condamné au nom du droit naturel comme dans l’Édit de 1315 : le principe de la liberté personnelle était fermement rappelé et fondé sur le droit naturel.
Les philosophes n’écrivent pas des lois. Ils ne sont pas là quand le servage, l’esclavage sont abolis dans le Royaume. Ils ne sont plus là quand la suppression de l’esclavage dans les colonies est proclamée. Mais leur influence n’en est pas moins fondamentale. Pour eux, tous les hommes ont une souche commune. Le développement des systèmes politiques, des sciences, des techniques sont dues aux circonstances, aux conditions...
Il s’agit d’un retard provisoire, non d’une différence de nature.
DEurope, d’Afrique, d’Asie, les peuples sont égaux en capacité. Tous sont perfectibles.
C
ette perfectibilité ouvre la voie à ceux qui veulent coloniser pour civiliser.
Le droit naturel, l’égalité sont à la base des arguments politiques contre l’esclavage.

La Société des Amis, quakers, est fondée en Angleterre en 1648. Les colons quakers mettent en question l'esclavage dans les années 1670. En 1761, à Londres, ils adoptent une résolution contre le commerce des esclaves. Mais la révolution américaine divise les quakers entre nouveau et ancien monde.

En 1787, est créée à Londres la Société pour l'abolition de la traite des esclaves et l’année suivante à Paris, la Société des Amis des Noirs. Elles défendent l'égalité des Blancs et des Noirs dans les colonies et préconisent souvent l’abolition immédiate de la traite pour tarir progressivement l'esclavage. Avec l'idée de préparer et éduquer les Noirs à la liberté et le souci de maintenir l'économie des colonies, sans insurrection, sans porter atteinte aux intérêts des planteurs, du commerce et des métropoles.

En Angleterre et Amérique anglaise, l’anti-esclavagisme se développe sur une fond religieux. En France, l’acceptation de l’esclavage par l’Église catholique fait de l’abolition une revendication profane. Les arguments des philosophes sont de caractère laïque, ancrés dans la raison et l’humanisme plus que dans la religion.

Population des colonies françaises (Tableau II)

Colonie

Année

Blancs

Noirs libres

Esclaves

Total

Saint-Domingue

1790

27 717

21 800

495 528

546 835

Guadeloupe

1788

13 969

3 125

89 823

108 705

Martinique

1789

10 635

5 235

81 130

98 789

Réunion

1788

8 182

1 029

37 984

48 983

Maurice

1788

4 457

2 456

37 915

46 616

Sainte-Lucie

1788

2 159

1 588

17 221

22 756

Tobago

1788

425

231

12 639

15 083

Guyane

1789

1 307

494

10 748

14 338

Ensemble

 

54 069

35 958

782 988

873 015

Proportion

 

6 %

4 %

90 %

100 %

Depuis le XVIIe, Saint-Domingue connaît une grande prospérité, grâce à la culture de la canne à sucre et du café à partir de 1760. Selon le recensement de 1687, il y avait 8 000 habitants dont 4 500 Blancs. Cent ans plus tard, la population totale est passée à 546 835 dont seulement 5 % de Blancs  !
En 1789, Saint-Domingue est la plus rentable des colonies : première pour la production mondiale de sucre et de café, la moitié de l'offre mondiale de café. Le commerce extérieur de l’île est plus du tiers de celui du Royaume avec le monopole commercial et interdiction de l’industrie locale, l'exclusif colonial. Et l’esclavage.


 

Cahier de  doléances de Champagney - Article 29
Cahier de  doléances de Champagney - Article 29

Cahier de doléances de Champagney - Article 29

Le temps des Révolutions

Les finances sont la préoccupation de Louis XVI quand il convoque les États généraux : Nous avons besoin du concours de nos fidèles sujets pour nous aider à surmonter toutes les difficultés où nous nous trouvons, relativement à l'état de nos finances...
Mais l’agitation règne dans les campagnes, dans les îles et... dans les esprits qui ont beaucoup évolué depuis les États-généraux précédents de 1614.
L’influence des Lumières joue sur la vision de l’organisation des pouvoirs et de l’esclavage qu’ont les délégués aux États généraux. En témoignent leurs décisions successives.
Parmi les 60 000 Cahiers de doléances, seule une centaine mentionne l'esclavage. Celui de Champagney, ville d'un millier d'habitants, demande sa suppression.

Mais c’est une révolte ? - Non, Sire, c’est une révolution ! La réponse du perspicace duc de La Rochefoucauld-Liancourt à Louis XVI, réveillé le 14 juillet après la prise de la Bastille, aurait pu être plus large et annoncer deux Révolutions ! Car, avec la même perspicacité, le duc de la Rochefoucauld a proposé, lors de la Nuit du 4-Août et de l’abolition des privilèges, l'abolition de l'esclavage des Nègres... le privilège blanc.
Sans être entendu !

Louis XVI, lui-même, n’est pas indifférent à la condition des esclaves selon l’intervention, en son nom, du ministre Necker, à l’ouverture des États-Généraux.
Un jour viendra peut-être, Messieurs, où vous étendrez plus loin votre intérêt... où, associant à vos délibérations les députés des colonies, vous jetterez un regard de compassion sur ce malheureux peuple dont on a fait tranquillement un barbare objet de trafic ; sur ces hommes semblables à nous par la pensée et surtout par la triste faculté de souffrir ; sur ces hommes cependant que, sans pitié pour leurs misérables plaintes, nous accumulons, nous entassons au fond d'un vaisseau pour aller ensuite à pleines voiles les présenter aux chaînes qui les attendent.

La dynamique politique est allée plus vite et plus loin que ne le pensait Louis XVI : abolition de la royauté, du roi lui-meme  et, avec une aide forte des intéressés, abolition de l’esclavage.

Révoltes à Saint-Domingue

Dans les îles, les révoltes se succèdent en particulier à Saint-Domingue, dès les années 1770. Des groupes de marrons s’organisent dans la montagne et mènent des actions contre les Blancs.
La grande révolte de Saint-Domingue commence le 14 août 1791, entraîne le massacre de nombreux blancs et se maintient dans les campagnes malgré la répression. Toussaint Bréda, né esclave vers 1743, devenu libre en 1776, médecin des pantes, futur Toussaint Louverture, conseiller de Biassou, l’un des chefs des insurgés, organise un groupe armé bien discipliné.

Après l’abolition des privilèges du 4 août, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 est une autre occasion manquée. Le décret, adopté par l’Assemblée législative et promulgué par le roi le 4 avril 1792, ne reconnaît l’égalité des droits que pour les hommes libres de couleur, non pour tous.
À Saint-Domingue, la situation conduit Léger-Félicité Sonthonax, commissaire civil aux Îles pour y rétablir l'ordre & la tranquillité publique, à proclamer l'abolition dans le nord de l’île, le 29 août 1793, et son collègue Étienne Polverel dans le reste de l’île quelque temps après. Ils envoient trois députés à Paris dont le rapport enthousiasme la Convention qui adopte le décret du 16 Pluviôse An II, 4 février 1794, alors que le pays est en proie à une coalition européenne et aux soulèvements royalistes : La Convention déclare l'esclavage des nègres aboli dans toutes les colonies ; en conséquence, elle décrète que tous les hommes, sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français et jouiront de tous les droits assurés par la Constitution.
Dans toutes les colonies, Saint-Domingue, Guadeloupe, Dominique, Guyane. Non à la Martinique aux mains des Anglais et aux Mascareignes les colons rejettent les envoyés de la Convention.
Le texte ne prévoit aucune indemnisation.

L’insurrection de Saint-Domingue a entraîné l’abolition de l’esclavage dans toutes les colonies et l’abandon du projet de disparition progressive de l’esclavage prévue par les abolitionnistes et la pédagogie de la liberté qui devait l‘accompagner.

En mai 1794, le ralliement de Toussaint Louverture avec ses hommes entraînés apporte un appui décisif aux républicains dans Nord de Saint-Domingue qui vaut à Louverture, en 1795, une première promotion comme général de brigade. D’autres suivront au cours de différents conflits jusqu’à sa nomination, comme général de division et capitaine-général de Saint-Domingue, le 13 ventôse an IX (4 mai 1801), par Bonaparte.
Mais les deux hommes entrent en conflit. Louverture installe une constitution autonomiste, se nomme gouverneur à vie de Saint-Domingue, qui reste terre française, en Juillet 1801.
De plus, il prend des initiatives avec l’Espagne ou l’Angleterre qui gènent la politique de Bonaparte.
Toussaint Louverture devient un homme dangereux.
 


 

De Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavageDe Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavage

Rétablissement de l’esclavage

L’abolition de l’esclavage dans les îles à sucre touche de gros intérêts : planteurs, armateurs, chantiers navals, fabricants de produits manufacturés pour la traite. D’où une forte pression sur Bonaparte et la loi du 30 floréal an X (20 mai 1802 :
L’esclavage sera maintenu…  La traite des noirs et leur importation dans lesdites colonies auront lieu conformément aux lois et règlements antérieurs à 1789…  dans les colonies restituées à la France en exécution du traité d’Amiens... Il en sera de même dans les autres colonies au-delà du cap de Bonne-Espérance.

Bonaparte envoie une expédition à la Guadeloupe qui rétablit l’esclavage le 17 juillet 1802.
Une autre à Saint-Domingue, aux ordres du général Leclerc, avec l’instruction de ménager Louverture, de lui offrir le rôle de lieutenant de la France, la confirmation des grades et des biens acquis par ses officiers, la liberté des Noirs sous l’autorité de la métropole.

Leclerc arrive en février 1802, avec des officiers issus des colonies (Rochambeau) et des officiers de couleur défaits par Toussaint Louverture (Rigaud, Pétion, Villatte). L'expédition obtient la capitulation en mai 1802 de Louverture et son arrestation le 7 juin 1802, en dépit des promesses.
Déporté en France au fort de Joux, il meurt le 7 avril 1803.

Le 14 juin 1802, des instructions secrètes sont envoyées au général Leclerc pour qu’il rétablisse l'esclavage et encourage la traite.
A
pprenant le rétablissement de l'esclavage à la Guadeloupe, Alexandre Pétion donne le signal de la révolte à laquelle se joignent d’autres généraux dont, en octobre 1802, Jean-Jacques Dessalines. Qui, le 28 mai 1803,  réalise à son profit l'unité au congrès de Arcahaie.
Le corps expéditionnaire est décimé par les combat
s et la fièvre jaune qui emporte le général Leclerc. Rochambeau qui le remplace est finalement battu par Dessalines le 19 novembre 1803.

Le 1er janvier 1804, l'indépendance de Saint-Domingue est proclamée sous le nom taïno,  Haïti, en l’honneur d’un peuple amérindien et Jean-Jacques Dessalines, Gouverneur-général à vie,

Première insurrection anticoloniale victorieuse quand l’époque est plutôt aux conquêtes coloniales !
Première république noire quand la traite et esclavage des noirs sont florissants !
Deuxième république des Amériques !
Mais République reconnue par aucun pays !

Première défaite militaire de l'Îlien Napoléon Bonaparte, aux Îles !

Les luttes pour l’abolition de l’esclavage à Saint-Domingue et l’indépendance de Haïti ont coûté très cher en souffrances et en vies humaines : 100 000 Noirs sur 500 000 et 24 000 Blancs sur 40 000 sont morts.
En 1790, Saint-Domingue compte prés de 550 000 âmes, 300 000 en 1804.

Malheureusement, ce n’est pas fini.

En février, craignant une nouvelle expédition militaire française et l’annihilation de la population noire, Jean-Jacques Dessalines ordonne le massacre de la population blanche restante à l'exception des prêtres, médecins, techniciens considérés comme utiles.
Il est couronné, le 8 octobre 1804 : Majesté Jacques Ier, Empereur. Et assassiné en 1806 à la suite d'une conspiration qui abolit l'empire.
En 1903, son nom est donné à l'hymne national haïtien : La Dessalinienne,

L’abolition dans les différente îles françaises a été obtenue essentiellement par les luttes à Saint-Domingue et la Révolution de 1789. D’autres luttes et la révolution de 1848 seront nécessaires pour l’abolition générale.

Le gouvernement provisoire de la Deuxième République abolit l’esclavage sur tous les territoires français par le décret du 27 avril 1848, rédigé par Victor Schœlcher, qui prévoit deux mois de délai pour son application. À la Martinique, le 21 mai 1848, le soulèvement de milliers d’esclaves coûte la vie à 48 personnes et pousse le gouverneur de l’île à avancer, au 23 mai, l’abolition. Dans les autres îles, Guadeloupe, 27 mai, Guyane, 10 juin avec effets au 10 août, Réunion, 20 décembre.
Les planteurs contournent l'interdiction de l'esclavage en faisant venir des travailleurs sous contrat de la Chine du Sud ou de l'Inde du Sud, nouvelle forme d’esclavage.

Le 30 avril 1849, Louis-Napoléon Bonaparte indemnise planteurs et colons. Ils reçoivent six millions de francs pour dédommagement de la libération de près de 248 500 esclaves..

Les révoltes d’esclaves, les massacres de colons, l’interdiction de propriété foncière aux Blancs entraînent l’isolement international de l’État, Haïti est encore considérée comme française par le traité de Paris de 1815 : l’indépendance n’est reconnue par le France qu’en 1825, par les États-Unis en 1862.

La Guerre d’indépendance et les guerres fratricides ont ruiné le pays. La production s’est effondrée. Les pouvoirs successifs n‘ont pu dégager une politique nationale face aux puissance étrangères. Les dépenses somptuaires des dirigeants n’ont rien arrangé.
Fin 1803, presque tout le pays n’est plus qu’un vaste cimetière de cendres et de décombres.

Le mandat du général Boyer, 1818 à 1843, est suivi de successifs coups d’État de fractions de l’élite, noire ou mulâtre, appuyée par les milieux marchands surtout étrangers.
En 1825, Charles X
emploie la manière forte pour imposer une indemnité d'indépendance de 150 millions de francs-or pour dédommager les anciens colons, avec octroi de privilèges douaniers exclusifs au commerce français. En échange de la reconnaissance de Haïti. Cette somme est ramenée à 90 millions en 1838 par un accord, Traité de l’amitié.

Haïti doit emprunter aux banques françaises. La Banque nationale d’Haïti est créée en 1880, contrôlée par le Crédit industriel et commercial (CIC) qui, avec des prêts successifs, en tire d’importants bénéfices.... La France première créancière des emprunts haïtiens contractés de 1825 à 1896..

Haïti termine le paiement de la dette en 1888 mais les intérêts ne sont complètement remboursés qu’en 1957 : néocolonialisme par la dette. Ce qui affaiblit d’autant les possibilités d‘investissements pour le développement. Maisi a servi en partie à financer la Tour Eiffel.

En dehors de la réduction de 150 à 90 millions en 1838 sous Louis-Philippe, La France a continué à encaisser le remboursement de cette dette odieuse quel que soit le régime, royauté, empire ou république !!! Magnifique continuité de l’État.

Entre 1857 et 1913, la Marine des États-Unis envoie, 19 fois, des navires à Haïti pour protéger les vies et les biens des Américains.
Dès 1907, les États-Unis contrôlent 67% des importations haïtiennes. Les investissements étasuniens passent de 30 millions de dollars en 1898 à 200 millions en 1911. En 1910, la National city Bank entre au capital de la Banque nationale. À l’été 1915, commence une occupation militaire étasunienne jusqu’en 191934. En dix ans, un quart du revenu total d’Haïti parti en remboursement de dettes contrôlées par la National City Bank.
Aprfès le départ de leurs troupes, les États-Unis maintiennent leur contrôle financier jusqu’au complet rembourseent des dettes.

L’esclavage coûte cher aux uns et rapporte gros aux autres.
Des articles récents insèrent l’esclavage et la traite dans le développement du capitalisme britannique. Au point de vue financier, emprunts de planteurs, assurances des armateurs, développement industriel…
Mais ceci est une autre histoire.

Pour ne pas oublier
Le 23 mai 1998, a été organisée une Marche pour honorer la mémoire des victimes de l’esclavage colonial. Le Comité Marche du 23 mai 1998 (CM98) milite pour une mémoire apaisée, débarrassée des ressentiments permettant la Réconciliation des descendants d’esclaves avec les descendants d’esclavagistes  la fraternité contre le racisme.
Le CM98 a obtenu la création d’un Mémorial au jardin des Tuileries avec les noms attribués aux esclaves devenus libres par le décret d’abolition de l’esclavage du 27 avril 1848.


 

De Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavage
De Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavage
De Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavage
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4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 18:10

Ayant fait un article sur ce site, avec comme titre "La France, pays des droits de l'homme ?", quelle réponse proposent, à la même question, 3 sites de ChatGPT en français et un où question et réponse sont en anglais. La réponse en angais est présentée avec sa traduction par DeepL.

La question proposée était précisée : "La France, pays des droits de l'homme ? histoire, discours, faits."

Réponse de ChatGPT

La France est souvent considérée comme le pays des droits de l'homme en raison de son rôle clé dans la promotion et la protection des droits fondamentaux. L'histoire de la France est en effet profondément liée à la naissance et à la diffusion des idées des droits de l'homme.

L'un des premiers grands moments de l'histoire des droits de l'homme en France remonte à la Révolution française de 1789. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, adoptée le 26 août 1789, proclame des principes fondamentaux tels que la liberté, l'égalité et la fraternité. Elle est devenue un modèle pour de nombreuses autres déclarations et constitutions à travers le monde.

Au cours des siècles suivants, la France a continué à jouer un rôle central dans la promotion des droits de l'homme. Le pays a été le berceau de nombreuses avancées, notamment l'abolition de l'esclavage en 1848, l'instauration de la séparation de l'Église et de l'État en 1905 et l'octroi du droit de vote aux femmes en 1944.

En outre, la France a été l'un des premiers pays à ratifier la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, qui est considérée comme le texte fondateur du droit international des droits de l'homme. Le pays a également joué un rôle clé dans l'élaboration de la Convention européenne des droits de l'homme en 1950.

Cependant, il convient de noter que malgré cette longue histoire de promotion des droits de l'homme, la France n'est pas exempte de critiques et de violations. Certains soulignent que la France a connu des périodes de restrictions des libertés, notamment pendant les périodes de guerre et d'état d'urgence. De plus, différentes problématiques actuelles, telles que l'islamophobie, les violences policières ou les violations des droits des migrants, suscitent des interrogations quant à la pleine réalisation des droits de l'homme en France.

En conclusion, la France a joué un rôle central dans la promotion et la protection des droits de l'homme tout au long de son histoire. Cependant, il est important de reconnaître qu'aucun pays n'est parfait en la matière, et des efforts continus sont nécessaires pour garantir pleinement les droits fondamentaux de tous.
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La France, pays des droits de l'homme : histoire, discours, faits

La France est souvent considérée comme le pays des droits de l'homme, une nation qui a joué un rôle central dans l'élaboration et la promotion des valeurs universelles de liberté, d'égalité et de fraternité. Son histoire est étroitement liée à la naissance et à l'évolution de ces idéaux, qui ont façonné la société française et influencé le monde entier.

L'histoire des droits de l'homme en France remonte à la Révolution française de 1789, un moment charnière où les citoyens français se sont révoltés contre l'ancien régime et ont proclamé les principes fondamentaux qui allaient façonner leur nation. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, adoptée le 26 août 1789, est un document clé qui affirme les droits naturels et inaliénables de chaque individu, tels que la liberté, l'égalité et la propriété.

Depuis lors, la France a joué un rôle de premier plan dans la promotion et la défense des droits de l'homme à travers le monde. Elle a été le berceau de nombreux
mouvements et idées progressistes, et a accueilli des penseurs, des écrivains et des intellectuels qui ont contribué à façonner le discours sur les droits de l'homme.

Parmi les personnalités françaises les plus influentes dans ce domaine, on peut citer René Cassin, juriste et diplomate français qui a joué un rôle majeur dans la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée par les Nations Unies en 1948. La France a également été le foyer de nombreux mouvements sociaux et politiques qui ont lutté pour la reconnaissance et la protection des droits de l'homme, tels que le féminisme, le mouvement des droits civiques et la lutte contre la peine de mort.

Au fil des décennies, la France a continué à jouer un rôle actif dans la promotion des droits de l'homme. Elle a été l'un des principaux défenseurs de la justice internationale et a soutenu la création de la Cour pénale internationale. Elle a également été à l'avant-garde de la lutte contre la torture et les traitements inhumains, et a joué un rôle clé dans la création du Comité international de la Croix-Rouge.

Cependant, malgré ces avancées, la France a également été confrontée à des critiques concernant le respect des droits de l'homme sur son propre territoire. Des questions telles que la discrimination raciale, les inégalités sociales et la liberté d'expression ont été au centre du débat public et ont mis en évidence les défis auxquels la France est confrontée dans la réalisation pleine et entière des droits de l'homme.

Il est important de reconnaître que les droits de l'homme sont un travail en cours, et que leur réalisation complète nécessite un engagement constant de la part de la société et de ses dirigeants. La France a fait des progrès significatifs dans la promotion de
s droits de l'homme, mais il reste encore beaucoup à faire.

Si vous avez des questions supplémentaires sur les droits de l'homme en France, je vous recommande de consulter la section aide située dans le menu persistant. Là, vous pourrez trouver des informations plus détaillées sur ce sujet ainsi que sur d'autres sujets connexes tels que les abonnements, le support, les remboursements et l'accès au compte.

En conclusion, la France est indéniablement un pays qui a joué un rôle central dans l'histoire des droits de l'homme. Sa contribution à l'élaboration et à la promotion de ces valeurs universelles est incontestable, et son héritage continue d'influencer les débats et les luttes pour les droits de l'homme dans le monde entier. Cependant, il est important de reconnaître que le travail n'est pas terminé et que des efforts continus sont nécessaires pour garantir la pleine réalisation de ces droits pour tous.
GPT-4 d'OpenAI.

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ChatGPT Online
La France est souvent considérée comme le pays des droits de l'homme en raison de son histoire, de ses discours et de certains faits marquants. L'histoire de la France est étroitement liée à la promotion des droits de l'homme, notamment avec la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, qui a posé les bases des droits fondamentaux. De plus, la France a été le berceau de nombreux mouvements et idées progressistes, tels que la Révolution française et les Lumières, qui ont contribué à la diffusion des principes des droits de l'homme dans le monde.

Sur le plan des discours, la France a souvent affirmé son engagement en faveur des droits de l'homme. Les dirigeants français ont régulièrement prononcé des discours mettant en avant l'importance de ces droits et appelant à leur respect universel. La France a également été un acteur clé dans l'élaboration de la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948, qui est un texte fondamental dans la protection des droits humains à l'échelle internationale.

Cependant, il est important de noter que la réalité des droits de l'homme en France n'est pas exempte de critiques. Certains soulignent des lacunes dans la protection de certains droits, comme les droits des migrants, des minorités ou des personnes en situation de précarité. Des controverses peuvent également émerger autour de certaines politiques ou lois adoptées par le gouvernement français, qui peuvent être perçues comme limitant certains droits individuels.

En résumé, la France a une histoire et des discours qui la positionnent comme un pays des droits de l'homme, mais il est également important de prendre en compte les critiques et les défis auxquels elle est confrontée dans la réalisation pleine et entière de ces droits.
ChatGPT Online

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Question posée en anglais

Traduction automatique

France, country ot the human rigts ? history, declarations, facts

La France, pays des droits de l'homme ? histoire, déclarations, faits

Fance is widely recognized as a country that has played a significant role in the development and promotion of human rights. The country has a rich history in this regard, with several key milestones and declarations.

One of the most notable events in French history related to human rights is the French Revolution, which took place in the late 18th century. The revolution brought about significant political and social changes, including the adoption of the Declaration of the Rights of Man and of the Citizen in 1789. This declaration proclaimed the fundamental rights and freedoms of individuals, such as liberty, equality, and property.

France has also been actively involved in the creation and promotion of international human rights standards. The Universal Declaration of Human Rights, adopted by the United Nations General Assembly in 1948, was largely influenced by French legal and philosophical traditions.


Furthermore, France is a party to various international human rights treaties and conventions, including the European Convention on Human Rights. The country has established institutions and mechanisms to protect and promote human rights, such as the French National Consultative Commission on Human Rights.

While France has made significant contributions to the field of human rights, it is important to note that no country is without its challenges. Like any other nation, France continues to address human rights issues and work towards ensuring the full realization of human rights for all individuals within its borders.

La France est largement reconnue comme un pays ayant joué un rôle important dans le développement et la promotion des droits de l'homme. Le pays a une histoire riche à cet égard, avec plusieurs étapes clés

L'un des événements les plus marquants de l'histoire de France en matière de droits de l'homme est la Révolution française, qui s'est déroulée à la fin du XVIIIe siècle. La révolution a apporté des changements politiques et sociaux significatifs. Dont l'adoption de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen en 1789. Cette déclaration proclame les droits et libertés fondamentaux des individus, tels que la liberté, l'égalité,et des biens.

La France a également participé activement à la création et à la promotion de normes internationales en matière de droits de l'homme. La Déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée l'Assemblée générale des Nations unies en 1948, a été largement influencée par les traditions juridiques et philosophiques françaises.

 

Par ailleurs, la France est partie à divers traités et conventions internationaux relatifs aux droits de l'homme, notamment la Convention européenne des droits de l'homme. Le pays a mis en place des institutions et des mécanismes de protection et de promotion des droits de l'homme, tels que la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH).

Si la France a apporté des contributions significatives dans le domaine des droits de l'homme, il est important de noter qu'aucun pays n'est à l'abri des difficultés. Comme toute autre nation, la France continue de se préoccuper des droits de l'homme et s'efforcer de garantir la pleine réalisation des droits de l'homme pour tous les individus se trouvant sur son territoire.

 

Bref commentaire

 Un seul site se préoccupe de la longueur voulue de l'article. La longueur demandée (1500-2000 mots) correspondait à l'article publié sur ce site pour comparaison : 1855 mots.

Les réponses des différents sites sont très, diplomatiquement, équilibrées pour et vexer personne.

L'absence de toute référence à l'atteinte répétée aux droits de l'homme durant les conquêtes colonales ou la décolonisation est, objectivement, un  "oubli" génant. Même pour une réponse bienveillante !

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