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13 mai 2019 1 13 /05 /mai /2019 17:19
Démocratie représentative en danger
Si la démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple, il existe de multiples façons d'en faire un détournement en fonction de l’intérêt des dominants. Qui n'hésitent pas à changer démocratiquement les règles pour empêcher le peuple de gouverner. Pour s’assurer la permanence du pouvoir. Dernier exemple : la privatisation de Aéroport de Paris (ADP).

Hélas, ce détournement de la démocratie n’est pas une spécialité française. Elle se retrouve, sous des formes adaptées à chaque pays, dans tout les pays dits démocratiques. Rien d’étonnant que, partout, le premier parti soit celui des non-participants aux élections. Elles sont manifestement trop biaisées.

En France, les règles sont un mélange de régime présidentiel et de régime parlementaire qui permet à une minorité d’accaparer le pouvoir : le président a obtenu les suffrages de moins d'un cinquième des adultes du pays, il dispose d'une majorité écrasante et inconditionnelle à l’Assemblée nationale. Cela en fait le maître absolu de l’ordre du jour et de l’initiative législative.

Jacques Chirac a été élu, au second tour de la présidentielle, avec une majorité confortable de suffrages, non pour son programme mais pour faire barrage à Le Pen père. Élu, il a oublié qui l'avait fait président. Emmanuel Macron, champion d'un nouveau monde, a bien compris l’ancien. Élu, dans les mêmes conditions, face à Le Pen fille, il en profite pour satisfaire ses mandants réels au détriment de la majorité de ceux qui ont voté pour lui.

Finalement, une explosion jaune conduit tout le monde à reconnaître qu'il existe une petite anomalie : il faudrait remettre, un peu, en jeu les corps intermédiaires négligés, discuter, un peu, pour expliquer au peuple les mesures intelligentes qu'on va lui infliger pour son bien...

Après 6 mois de jaunisse, 3 mois de Grand débat national (1) – consciencieusement utilisé comme campagne électorale de mi-mandat et pour préparer les élections européennes - le président Macron a sorti du chapeau la double avancée démocratique qu’il y avait mise : face à la revendication du référendum d’initiative citoyenne (RIC), il propose une facilitation du RIP, référendum d’initiative partagée (2) - avec une réduction du nombre de signatures nécessaires - et un brin de proportionnelle lors des élections législatives .

L’avenir de ces propositions a, cependant, un avenir incertain.

Tout d’abord, il convient de souligner que l’initiative n’est pas partagée : ce sont les parlementaires seuls (députés et sénateurs) qui peuvent déclencher le processus. Ils doivent être 185 à faire la demande. Ils ont été 248 (PS, PC, LR, FI) sur le projet de privatisation d’Aéroport de Paris.
Cette initiative doit ensuite être reconnue conforme par le Conseil constitutionnel, assemblée bien connue d’antiparlementaires extrémistes, peut-être noyautée discrètement par les Gilets jaunes. Quoi qu’il en soit, ce deuxième stade est franchi.

Mais l’autorisation du Conseil constitutionnel ne veut pas dire que le référendum aura lieu. Il faut d’abord recueillir l’accord de plus de 10 % du corps électoral, soit plus de 4,7 millions de signatures dans les 9 mois. En cas de succès, pour bloquer l’éventuel référendum, il suffira alors que l’Assemblée nationale ou le Sénat s’emparent de la proposition. Ce que permettra la large majorité présidentielle à l’Assemblée nationale.

Au total, il ne s’agit pas d’un référendum mais de la possibilité de faire inscrire un sujet à l’ordre du jour du parlement. Il ne s’agit pas d’une initiative partagée mais d’une initiative parlementaire appuyée par une partie importante des citoyens. Qui ne semble pas mettre en question la démocratie parlementaire. Au contraire, cela donne une possibilité d’initiative aux parlementaires qui doivent recevoir l’appui de citoyens dans un cadre constitutionnel clairement défini..

Démocratie représentative en danger

Le lendemain de la décision du Conseil constitutionnel, le titre ADP chute en bourse de 9,73%. Les éditorialistes s’affolent. La Démocratie est en danger !

Pourtant la décision de privatiser à tout va est largement contestée. L’exemplarité de la privatisation passée des autoroutes est fortement mise en cause : certains parlent même du précédent calamiteux de la privatisation des sociétés d’autoroutes. L’intérêt économique et financier d’une telle privatisation est fortement discutée. Comme celle annoncée des barrages hydroélectriques.
Ces privatisations ne sont pas exigées
par l’Union européenne. Elles visent simplement à soulager des contraintes budgétaires d’aujourd’hui au détriment de rentrées financières permanentes.

Pour le Gouvernement, si à chaque fois que la majorité vote une loi, 185 parlementaires peuvent retarder son application de plus de 9 mois, cela créerait une situation dangereuse pour la conduite de l’action publique
Mais tout le mode sait que le Conseil constitutionnel est là pour limiter, suivant la loi, la possibilité de RIP, à certains cas prévus par la Constitution : « organisation des pouvoirs publics ... réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale… « la ratification d’un traité ».

Ce risque même s’il est limité ne va pas conduire le président de la République à se précipiter pour instiller, comme annoncé, un peu de proportionnelle dans les élections législatives. Cela ne pourrait que renforcer le nombre d’opposants à l’Assemblée nationale susceptibles de mettre à nouveau en jeu un éventuel RIP.
Cela confortera
plutôt le président dans sa volonté de diminuer le nombre et les moyens de députés et de sénateurs.

Après 6 mois de manifestations des GJ, soutenues, d’après les sondages, par la population malgré la forte répression et les imprécations radio-télévisées, malgré 3 mois de Grand débat, les réponses que proposait Emmanuel Macron pour répondre à la revendication du RIC semblent mal parties.

Il y a de fortes chances pour que le président de la République retrouve la sagesse et sacrifie ses velléités de faciliter le RIP et d’instaurer une dose significative de proportionnelle.

On le sait depuis longtemps. C’est le peuple qui gouverne à condition de vouloir ce que veulent les compétents. Sinon, il y a toujours une façon de contourner sa volonté. En force ou en douceur.

Le contournement des résultats du référendum de 2005, qui n’avait pas été demandé par un RIP, il n’existait pas à l’époque, l’a bien montré. Et le passage en force de la loi sur le travail. Et la brutale répression des gilets jaunes… Et demain ???

A défaut de rétablir l’ISF, à défaut de faciliter le RIP, à défaut de proportionnelle, le président supprimera peut-être l’ENA que personne n’a demandée. Il n’est pas sûr que cela satisfasse et les Gilets jaunes, et la population.

Qui fait courir un risque à la démocratie, représentative ou non, déjà malade ? Ceux qui veulent limiter ou supprimer une possibilité d’initiative parlementaire qui n’a encore jamais été utilisée depuis 2008 ? Ceux qui veulent diminuer le nombre de parlementaires et leurs moyens ? Ceux qui veulent passer en force pour imposer des mesures qui compromettent l’avenir et qui sont rejetées même par des soutiens des pouvoirs en place ?

Non, ce sont bien évidemment ceux qui manifestent, qu’ils soient syndicalistes ou Gilets jaunes pour défendre l’intérêt général contre la privatisation d’investissements nationaux amortis depuis longtemps et maintenant rentables ?

Est-ce la réponse aux Gilets jaunes ? Ou faudra-t-il l’irruption de Gilets rouges pour convaincre les oligarques ?


 

Démocratie représentative en danger
1 - Grand Débat, pour redonner la parole aux Français sur l'élaboration des politique publiques qui les concernent  et porter, entre autres, sur démocratie et citoyenneté.…

2 - Loi constitutionnelle du 23 juillet 2008 de modernisation des institutions de la Ve République adoptée à la quasi unanimité des parlementaires de droite et du centre. Contestée lors de sa première tentative d’application : elle devient un grave problème de démocratie d’après l’entourage du Premier ministre.

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10 décembre 2018 1 10 /12 /décembre /2018 23:36
Classes, discriminations, unité

Il fut un temps où une certaine gauche voulait tout expliquer par la lutte des classes. Abandonnée aujourd’hui, pour la lutte contre les discriminations.

En ces temps là, la lutte des classes, moteur de l’histoire, avait lieu dans les pays développés. C'était la révolution dans les métropoles qui permettrait l'émancipation des pays colonisés. Mais peu à peu, sous l'influence de la première guerre d'Indochine, de la conférence de Bandoeng (1955), des guerres d’Algérie, du Vietnam, la lutte pour les indépendances nationales a trouvé sa place. Les plus malins affirmaient que cette lutte était une forme de la lutte des classes ou une étape pour permettre ensuite le développement de la lutte des classes. Le tout teinté de contradiction principale et contradiction secondaire…
Il en était de même pour bien d’autres fronts dits secondaires comme les luttes des femmes pour l’égalité, des régionalistes, des homosexuels

Avec l’évolution de l’économie mondiale et nationale, l’importance de la classe ouvrière a perdu, ici, sa centralité : désindustrialisation (Billancourt est désormais dans les pays de l’Est, en Chine, au Vietnam ou ailleurs), essor du tertiaire, externalisation de certains secteurs des entreprises...

Avec l’affaiblissement de la lutte des classes, la lutte contre les discriminations, venue des États-Unis dans le sillage du multiculturalisme britannique, a pris de plus en plus de place dans les conflits sociaux. Et les luttes des groupes sociaux discriminés, communautés, fiertés, mémoires… ont acquis une plus grande visibilité.
Certaines de ces groupes, sous forme constituée, sont apparus récemment, au moins sur la place publique, la plupart existent cependant depuis longtemps avec pour but, la reconnaissance, le maintien, la perpétuation d’identités particulières qui sont ou se sentent minorisées, discriminées et revendiquent l’égalité des droits.

La classe ouvrière ayant perdu sa centralité, la plus grande partie de la gauche a accueilli avec une bienveillance justifiée, la lutte contre les discriminations surtout quand elle était menée par des couches de la population particulièrement défavorisées, discriminées par leur origine, concentrées dans des zones urbaines : les ghettos ouvriers, qu’on appelait banlieue rouge, parce qu’elles s’exprimaient politiquement au niveau électoral, sont devenus des ghettos ethniques euphémisés en quartiers ou quartiers difficiles qui sont, à forte proportion, d’immigrés d’origine maghrébine ou subsaharienne. Souvent regroupés dans immigration post-coloniale.
Cette population qui, souvent, n’a pas le droit de vote ou ne vote pas, est toujours aussi pauvre ou plus pauvre qu’avant, rongée par le chômage qui dure depuis des générations. Et le développement d’une économie parallèle.

Dans un premier temps, ces travailleurs immigrés ou d’origine immigrée, se sont adaptés à la société en créant des associations par nationalité, associations de fait puis de droit, à partir d’octobre 1981, quand la liberté d’association sans restriction a été rétablie. Parallèlement, les gouvernements des pays d’origine ont constitué des amicales dont le but essentiel était le contrôle de leurs ressortissants.
Ces associations de résidents étrangers par communauté nationale sont parfaitement légitimes, comme la création et l’existence de toute association qui s’insère dans la législation commune. Elles tendent à faire vivre des particularités culturelles, à maintenir les relations avec les pays d’origine et l’espoir d’un retour, à obtenir l’égalité des droits en France.

Peu à peu, le retour au pays est devenu mythique, l’installation temporaire se pérennise, du fait d’une intégration relative, du regroupement familial, de la naissance d’enfants dont la France est devenu le pays d’origine… D’autre part, la démocratisation, le développement du pays d’origine est devenu de moins en moins prévisible.

A la suite du vieillissement des travailleurs immigrés, de la présence des familles, et surtout d’enfants et de leur insertion dans l’inégalité sociale, souvent dans les quartiers les plus défavorisés, les associations ne correspondent plus aux besoins de la population qu’elles voulaient représenter, organiser. Elles ont, pour la plupart, périclité (1, 2).
Finalement, cette installation, définitive, peut-être inavouée, avec femmes et enfants, conduit à la reconstitution du mode de vie, du cadre de vie, au retour à la pratique religieuse.
Les associations ont, peu à peu, cédé le pas, aux mosquées comme foyer culturel et identitaire qui peuvent s’organiser sur une base associative (loi de 1901) ou plus rarement cultuelle (loi de 1905). Leur existence est tout aussi légale et légitime.
Certaines de ces mosquées peuvent être organisées par nationalité et plus ou moins contrôlées par les pays d’origine. D’autres sont financées par de riches pays arabes (Arabie saoudite, Qatar…) qui diffusent leur idéologie.

Avec le temps, une partie de cette population prend de plus en plus conscience de la relativité de son intégration. A travers les discriminations, plus souvent de fait que de droit (deux poids, deux mesures... pas de justice, pas de paix), au niveau de l’école, du travail, du logement, de la police (contrôles au faciès, non lieu lors des procès pour bavure policière…). Mais aussi au niveau des regards, des réflexions quotidiennes : pour reprendre Sartre, c’est le regard qui assigne une personne à une identité, ici arabe, musulmane, quelles que soient sa situation, son histoire, sa religion...

Ces discriminations quotidiennes encouragent le repli. Repli sur une appartenance, réelle ou imaginée : la nationalité d’origine qui n’offre guère de perspective, ni ici, ni là-bas, s’efface au profit du quartier, du groupe de jeunes, de l’islam, souvent mal connu, de la solidarité avec le Proche Orient (Palestine, Irak, Syrie), identification plus ethnique que religieuse ou politique. Entraînant un rejet des valeurs de la société qui ne sont pas appliquées.

Faute d’une prise en charge au niveau du travail par les syndicats, chômage qui touche les générations l’une après l’autre, par les politiques avec l’affaiblissement du Parti communiste, par des structures religieuses accueillantes comme avaient pu l’être les églises pour les immigrations précédentes, à cause d’un racisme diffus qui gomme les particularités au profit de catégories globalisantes construites, arabes, musulmans, d’une relégation dans des quartiers plus ou moins ghettoïsés, ce sont les structures politico-religieuses qui prennent la place laissée vide.

Là où la notion de classe et de lutte des classes créait une unité des couches sociales défavorisées autour de la classe ouvrière, il n’y a pas de force, d’organisation capable d’intégrer les luttes contre les discriminations dans les luttes générales contre les inégalités économiques, sociales et politiques. Pour en faire ses sujets de mobilisations fortes au-delà des statuts, des déclarations de principe et même de quelques luttes dans certaines entreprises.

Il n’est qu’à voir, dans les manifestations à Paris, la couleur des participants pour savoir quel est leur objet. Cela entraîne un affaiblissement des revendications des uns et des autres. Seuls les sans papiers s’invitent dans presque toutes les manifestations !

Distribution de repas à des jeunes mineurs isolés

Distribution de repas à des jeunes mineurs isolés

Pourtant, on peut voir l’échec de ceux qui ont voulu attirer les Gilets jaunes dans des déclarations contre les immigrés ou les étrangers, les résultats des sondages favorables au droit de vote des résidents étrangers, les multiples initiatives locales, discrètes, dont les informations parlent peu, pour accueillir des demandeurs d’asile ou aider les jeunes mineurs isolés, malgré toute les déclarations des politiques depuis plus de 40 ans contre les immigrés.

Il est permis de constater que les citoyens français, même dans des circonstances difficiles, n’ont pas abandonné leur passion d’égalité. Et l’unité est toujours possible pour faire diminuer, disparaître les discriminations et faire progresser, ensemble, les couches populaires dans leur diversité..

Classes, discriminations, unité

1. Le Mouvement des travailleurs arabes (MTA), animé essentiellement par des Tunisiens, regroupait des travailleurs originaires du Maghreb ou du Machreb.

2. Parmi les associations par nationalité, la Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR) continue une activité réelle.

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30 septembre 2017 6 30 /09 /septembre /2017 22:16
Après les législatives en Allemagne

English

Les résultats des élections législatives allemandes (au Bundestag, Diète fédérale) inquiètent fortement. Pourtant, ce n’était pas totalement inattendu car ces élections viennent après bien d’autres tout aussi inquiétantes mais rapidement oubliées par l’optimisme libéral, européiste, des politiques et des médias. Qui s’agitent un moment pour des résultats considérés comme catastrophiques et les oublient le lendemain ayant trouvé le remède miracle : fermer les yeux et continuer ou accentuer la politique sanctionnée par les électeurs.

 

La nomenclature de l’Union européenne (UE) a déjà été déçue à plusieurs reprises.

 

En France, en 2002, le Front national (FN) a participé au second tour d’une élection présidentielle auquel Jean-Marie Le Pen a obtenu 17,8 % des voix. En 2017, Marine Le Pen fait beaucoup mieux : 33,9 % !
Mais le mode de scrutin aidant, Emmanuel Macron est élu à une très forte majorité, comme tout candidat l’aurait été face à Marine Le Pen. Le nouvel élu, fort de ces résultats et d’un pouvoir constitutionnel exorbitant, peut s’engager résolument dans une politique approuvée par un quart des électeurs.
Le FN est pratiquement exclu de l’Assemblée nationale et toutes les oppositions y sont très réduites.

Entre ces deux élections présidentielles, le non l’a emporté au référendum de 2005 sur la proposition de Constitution européenne. Mais les politiques, droite et gauche confondues, en ont méprisé le résultat. Les parlementaires ont adopté le texte, peu modifié, refusé par le peuple français.
Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes démocratiques…


Au niveau européen, à chaque fois qu’un peuple a dit non à une question posée sur l’UE, les politiques ont effacé ce résultat, quelquefois en faisant revoter le peuple.

En Hongrie, Viktor Orbán, à la tête du Fidesz (1), partisan de la révolution nationale et d’une politique très conservatrice est au pouvoir depuis 2010. Sur des bases proches de celles de l’AfD aujourd’hui.

Les Polonais ont donné la majorité absolue, en octobre 2015, à Droit et Justice, (PiS), parti conservateur et eurosceptique.

En décembre 2016, en Autriche, au premier tour de l’élection présidentielle, les candidats des deux partis de gouvernement, social démocrate et conservateur, sont éliminés. Au second tour, grande satisfaction : le candidat vert est élu président de la République, le candidat d’extrême droite obtient seulement 48,3 % des voix.
Il y a des satisfaction
s plus exigeantes.

 

Aux Pays-Bas, en mars 2017, le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) du Premier ministre arrive en tête aux élections législatives en perdant 8 sièges par rapport à l’élection précédente de 2012 et son partenaire social-démocrate, le Parti du travail (PvdA) ne recueille que 5,7% des voix et n’obtient que 9 élus (29 sièges perdus).
Cette défaite des partis au pouvoir est saluée comme une victoire parce que le Parti de la liberté (PVV) de Geert Wilders a fait moins bien que ce qu'il pouvait espérer et n'a obtenu que que 13,1% des suffrages et 20 députés (5 sièges gagnés).

Depuis, les Pays-Bas sont à la recherche d’un gouvernement.

 

En janvier 2015, les citoyens grecs portent au pouvoir Syriza et Alexis Tsipras qui contestent la politique austéritaire du gouvernement grec et de sa tutelle européenne. Notamment d’Angela Merkel.
La Grèce n’a pas fini de payer ce crime et a été à deux doigts de l’expulsion de l’UE.


 

Après les législatives en Allemagne

Partout, les partis de gouvernement, au pouvoir ensemble ou alternativement au gouvernement et dans l’opposition, perdent du terrain ici sur la droite, là sur la gauche ou sur les deux.


L’Allemagne était exceptionnelle par sa stabilité apparente jusqu’aux dernières élections législatives (2). Pourtant, l’AfD (Alternative für Deutschland, Alternative pour l’Allemagne) progressait aux différents scrutins.

L’AfD a été crée en 2013 par des professeurs d’économie sur un programme anti-euro, libéral, russophile. Elle a évolué en parti anti-immigration et anti-islam.

Quelques mois après sa fondation, elle manque de peu son entrée au Bundestag avec plus 2 millions de voix, soit 4,7 %. Il aurait fallu qu’elle en recueille 5 % !

Aux élections européennes de 2014, elle obtient 7 % de voix et 7 députés sur 96. Depuis 2014, à chaque élection régionale, l’AfD obtient des élus : au total, elle en a actuellement dans 13 régions sur 16 (3 régions en 2014, 2 en 2015, 5 en 2016, 3 en 2017) atteignant jusqu’à 20,8 % dans le Mecklenbourg-Poméranie-Occidentale et 24,3 % en Saxe-Anhalt. Aux législatives 2017, avec près de 6 millions de voix (12,6%), elle devient le troisième parti en Allemagne et fait élire 94 députés (sur 709).

Angela Merkel, désignée à 10 reprises (2006-2009 et 2011-2016) comme la femme la plus puissante du monde, est devenue Mutti, la mère de la nation et, récemment, sous la plume de journalistes comme Jakob Augstein, « la mère du monstre».

Angela Merkel, chancelière de la puissante Allemagne depuis 12 ans, ne peut être tenue comme irresponsable de la désaffection pour l’UE, dans tous les pays même les plus europhiles, et de la montée de la droite extrême dans toute l’UE. Car Angela Merkel et son ministre des finances, Wolfgang Schäuble, ont imposé leur politique d’austérité à tous les pays de l’UE, avec l’accord, plus ou moins contraint, plus ou moins enthousiaste, des gouvernements nationaux.

En France, la politique économique et sociale du gouvernement allemand est présentée comme le modèle, avec souvent quelques oublis : développement des énergies renouvelable, arrêt du nucléaire, immigration...

Jusqu’à ces dernières semaines, les politiques, les médias ne tarissaient pas d’éloges sur ses excellents résultats : grâce aux réformes de Gerhard Schröder, chancelier social démocrate 1998 -2005, et à la politique suivie par Angela Merkel et ses gouvernements de coalition avec le SPD (2005), le FDP (2009) et à nouveau le SPD (2013) : taux de croissance au plus haut, en partie dopée par l’arrivée d’immigrés (3), chômage divisé par trois en douze ans, baisse de l’endettement de l’État, solde positif des finances publiques, balance commerciale fortement positive, notamment avec les autres États de l’UE...

Plus récemment, des données, connues mais discrètement ignorées parce que moins flatteuses et moins séduisantes, ont aussi été publiées : doublement du pourcentage de la population pauvre depuis 2015 et du nombre de travailleurs pauvres, le plein emploi étant obtenu par l’augmentation des mini-jobs. En plus des 2,5 millions de chômeurs officiels, 1 million de personnes en situation de sous-emploi et dont beaucoup sont des travailleurs pauvres qui ne sont pas comptés comme chômeurs. Augmentation de 30 % des retraités pauvres… communes en crise budgétaire, mauvais état des infrastructures faute d’investissements…

Finalement, la politique de rigueur a exacerbé le clivage entre pays de l’Europe du nord et du sud. Mais même dans les pays dits prospères comme les Pays-Bas, la Scandinavie, l’Autriche et maintenant l’Allemagne... le développement des inégalités, une augmentation du nombre des très riches et des pauvres, entraîne l’apparition de votes de contestation. La CDU/CSU de Angela Merkel et Worfgang Schäuble a nettement emporté les élections législatives mais avec le taux le plus faible depuis 1949. Et depuis 1933, pour le SPD, son allié au gouvernement lors de la dernière législature !!!
C’est la sanction de la politique suivie depuis Gerhard Schröder par les deux partis de gouvernement, CDU/CSU et SPD.

Après les législatives en Allemagne

Face au succès de l’AfD, seul le parti libéral (FDP) a amélioré sa position. Appartenant au gouvernement, il n’a pas atteint les 5 % en 2012 et n’était plus présent au Bundestag. Il y revient du fait de son évolution vers l’européo-scepticisme.

L’entrée au Bundestag, pour la première fois depuis la fin de Seconde guerre mondiale, d’un parti d’extrême droite a créé un choc. Des manifestations ont eu lieu dés le dimanche 24 septembre dans la soirée dans plusieurs villes d’Allemagne à Cologne Francfort, Munich et Berlin. Ici aux cris de « tout Berlin hait les nazis », « nazis dehors » ou encore « le racisme n'est pas une alternative », « nous sommes unis, vous êtes de la merde », « écrasons le nationalisme »
Il n’est pas sûr que ce soit la bonne méthode pour arrêter la progression de l’AfD. L’expérience française a montré les limites de ce type de manifestation.

Le SPD a décidé de ne pas participer à la prochaine coalition gouvernementale, non parce que sa politique était mauvaise pour la population, pour l’Allemagne ou pour l’UE, c’est lui qui en est à l’origine avec Gerhard Schröder, qui l’a soutenu durant deux des trois mandatures d’Angela Merkel : 8 postes de ministre sur 16 dans le cabinet Merkel I dont ceux du Travail et des Affaires sociales, des Affaires étrangères, des Finances… ; 6 sur 16 dans le cabinet Merkel III dont ceux de l’Économie et l’Énergie (4), des Affaires étrangères, du Travail et des Affaires sociales… Mais à cause des mauvais électoraux.
Il ne fait pas de doute qu’il va profiter de son passage dans l’opposition pour donner des couleurs à son futur programme… pour gagner des voix… Mais quel degré de confiance les électeurs allemands pourront-ils lui accorder ?

Le cabinet Merkel IV annoncé pourrait regrouper, la CDU/CSU, le FDP et les Grünen (Les Verts). Difficilement à cause de positions divergentes du FDP et des Grünen sur l’UE. C’est dire que seule Die Linke qui défend une ligne antilibérale et un socialisme démocratique pourrait incarner une opposition de gauche, ce qui n’a pas été le cas jusqu’à maintenant alors que le SPD était au gouvernement. Ce qui risque d’être encore plus difficile avec un SPD officiellement dans l’opposition.

 

Après les législatives en Allemagne

1 – Le Fidesz pour Fiatal Demokraták Szövetsége (Alliance des jeunes démocrates) est l’appellation la plus courante du parti présidé par Viktor Orbán. A partir de 1995, son nom officiel a été Fidesz – Magyar Polgári Párt (Parti civique hongrois), puis à partir de 2003 Fidesz – Magyar Polgári Szövetség (Alliance civique hongroise).

2 – Résultats : CDU/CSU : 32,93% (-8,6), SPD : 20,51 (-5,2), AfD:12,64 (+7,9), FDP : 10,75 (+6), Die Linke : 9,24 (+0,7), Die Grünen 8,94 (+0,5).

3 - La croissance de l’économie allemande, qui s’élève à 1,9 % en 2016, est supérieure d’un demi-point à la moyenne des dix années précédentes (1,4 %). La hausse des dépenses de l’État et l’augmentation globale de la consommation liées à l’arrivée des réfugiés ont eu sur l’économie un fort effet d’entraînement. Le Monde Économie, 13/01/17.

4Peu de temps après son retrait de la vie politique, Gerhard Schröder est nommé à la tête du consortium chargé de la construction du gazoduc Nord Stream dont le premier partenaire est la société russe Gazprom (Wikipedia).

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1 juillet 2017 6 01 /07 /juillet /2017 22:22
Les élections contre la démocratie ?

english

La démocratie ne se résume pas à des élections libres appliquant le principe une personne, une voix. Mais, même en se cantonnant à une conception aussi restrictive de la démocratie, on peut voir que, dans deux vieux pays démocratiques occidentaux, les États-Unis et la France, les dernières élections n’ont respecté le principe que de façon très formelle. Or, en quelques mois, ces élections ont changé profondément la situation politique. Au niveau intérieur et pour les États-Unis bien au delà.

 

Aux États-Unis, Hilary Clinton a obtenu lors de l’élection présidentielle près de 66 millions de voix (48,03% des suffrages exprimés) et Donald Trump près de 63 (45,94%). Mais du fait du système électoral, c’est Donald Trump avec 304 Grands électeurs contre 227 pour Hilary Clinton (56,5% contre 42,2%), qui a été élu président des États-Unis ! C’est la cinquième fois que le phénomène se produit. En 1824, 1876, 1888, 2000 et 2016, le président élu n’a pas été le candidat qui a recueilli le plus de suffrages exprimés.

 

Cela tient au fait que quasiment tous les États utilisent la règle du winner takes all, le vainqueur prend tout, qui attribue l'ensemble des Grands électeurs de l’État au candidat ayant reçu la majorité, relative ou absolue, des suffrages. Certains États sont à dominante partisane nette, ou républicaine ou démocrate. Dans ce cas, que le parti dominant recueille 55 ou 65 % des voix ne change rien, tous les Grand électeurs lui sont attribués. Par contre, dans un swing state, État-charnière, État pivot, les deux partis dominants ont sensiblement à égalité. Il suffit que quelques milliers de voix basculent, passent d’un parti à l’autre pour que tous les délégués de cet État changent de camp.
Ce système explique la victoire de Donald Trump.
Le phénomène est donc connu depuis longtemps. Et accepté.

 

Les États-Unis d’aujourd’hui ne sont pas très différents de ceux d’hier mais la politique du dernier président blanc n’est pas exactement la même que celle du premier président noir ! De la politique d’immigration ou de l’obamacare à l’intérieur aux positions en politique extérieure, sur la Cop 21, les relations avec l’Otan et l’Union européenne ou au Proche-Orient…

Cela semble illustrer le vieux mot d’ordre, élection, piège à cons, qui veut dire, classiquement, que les élections ne servent à rien. Dans le cas précis, certains doivent regretter leur non participation au vote...

 

Une autre façon d’échapper démocratiquement à la démocratie est, ce qu’on appelle en France , le charcutage électoral des circonscriptions, aux États-Unis gerrymandering : partisan gerrymandering, charcutage à visée partisane  quand le but est d’accentuer l’avantage d’un parti politique, et racial gerrymandering pour augmenter ou cantonner le poids politique d’une minorité raciale. Ce terme est né en 1811 quand le gouverneur Elbridge Gerry a dessiné une circonscription en forme de salamandre pour favoriser son parti.

Enfin, le nombre de délégués attribué à chaque État est très variable : de 1,41 en Californie à 5,12 dans le Wyoming, par millions d’habitants.

En France, le système électoral majoritaire à deux tours à l’élection présidentielle et aux élections législatives avec des législatives au décours de la présidentielle entraîne une distorsion encore plus grande entre les forces politiques dans la population et dans la représentation nationale.

Ainsi Emmanuel Macron, avec 24 % des voix au premier tour de la présidentielle et 28 % au premier tour aux législatives pour son parti et 43 % au second, remporte le poste de président de la République sans aucun contre-pouvoir à l‘Assemblée nationale mais au contraire une majorité absolue forte (308 députés sur 577). Majorité très liée au président car une bonne partie n’a aucune implantation personnelle dans sa circonscription. Ces candidats ont été désignés par le président lui-même et sa garde rapprochée et ont été élus sur son seul nom. Ce qui lui permet d’exercer une dictature républicaine, en principe pour les 5 prochaines années.
Enfin, le programme d’Emmanuel Macron a été connu partiellement et tardivement, aussi bien par les électeurs que par les personnes qui ont été candidates ou même élues aux législatives.

Cela n’entame en rien la légalité de l’élection d’Emmanuel Macron et de sa majorité. Et la contestation ne peut venir, en aucun cas, de ceux qui ont été au pouvoir jusque là. Ils n’ont pas changé les règles électorales quand ils le pouvaient, aussi bien Nicolas Sarkozy que François Hollande, parce qu’ils en avaient profité et espéraient encore rester au pouvoir bien que minoritaires dans le pays, ce dont témoignaient et les sondages et les résultats de toutes les élections partielles durant leur quinquennat.
Ils est aussi de bon ton de contester la légitimité de ces dernières élection par suite de la forte proportion d’abstentionnistes, de votes blancs ou nuls. Mais ceci invalide plus le système et notamment les majorités précédentes que le président. Les autres candidats ne peuvent se prévaloir de résultats supérieurs.

Les élections contre la démocratie ?

Il n’empêche que l’étendue des pouvoirs dont dispose le président fait penser au dictateur de la République romaine : un magistrat extraordinaire détenait les pleins pouvoirs pour un mandat qui ne pouvait, à l'origine, excéder six mois. Ce qui n’a pas toujours été le cas. Ici, sauf accident, Emmanuel Macron est au pouvoir pour 5 ans. Quels que soient les résultats des sondages ou des élections partielles ou locales à venir.
Aux États-Unis, Donald Trump n’est élu que pour 4 ans et des élections législatives ont lieu tous les 2 ans qui peuvent remettre en question la majorité républicaine au Congrès.

Les premières décisions du président de la République montrent sa volonté d’utiliser au maximum les possibilités que lui offre la Constitution et d’augmenter sa liberté de manœuvre : volonté de prendre rapidement des mesures par l’usage des ordonnances, de l’article 49-3, prorogation de l’état d’urgence, intégration de certaines possibilités offertes par l’état d’urgence dans la législation normale, attribution du poste de questeur à l’opposition de sa majesté et non au parti d’opposition (?) le plus important de l’Assemblée nationale, prise de parole devant le parlement réuni en Congrès à Versailles, qui plus est à la veille du discours du Premier ministre devant l’Assemblée nationale qui semble vouloir rappeler à celui-ci son rôle second dans la conduite de la politique du gouvernement, rattachement au président de la République de la cellule de coordination pour lutter contre le terrorisme, élection-nomination d’un ami comme président de son groupe parlementaire sans concurrence même fictive, contrôle de la parole de ministres et de leurs rapports avec la presse, habile élimination de François Bayrou qui avait créé de menus problèmes au moment des législatives, qui voulait être au gouvernement et garder son droit à une parole indépendante, n’ayant pas suffisamment pris en compte que les voix de son groupe n’étaient pas nécessaire au nouveau président pour avoir une majorité absolue à l’Assemblée nationale…

Emmanuel Macron, comme d’habitude, ne perd pas de temps, assure ses bases, solidifie son pouvoir tant qu’il bénéficie du soutien d’un groupe parlementaire, pour le moment charmé et tenu, de l’opinion publique d’après les sondages avant de mettre en chantier les mesures législatives...

Les élections contre la démocratie ?

De même, il a entrepris quelques manœuvres pour obtenir une place importante sinon prépondérante au niveau européen. Il n’est pas sûr que cela soit aussi facile. Au niveau symbolique, l’invitation de Donald Trump, les déclarations sur la Cop21 vont dans ce sens. La poignée de main avec Donald Trump dont on a magnifié la vigueur pour montrer la place que veut avoir le président, a eu probablement une autre interprétation, outre-Rhin, après l’affront de Donald Trump à Angela Merkel lors de leur rencontre... Déjà, de petites phrases commencent à se faire entendre du côté du président de la Bundesbank ou d’Angela Merkel, elle-même, lors de leur conférence de presse…

Mais le président Macron a besoin de résultats concrets au niveau économique et budgétaire pour que ses positions européennes apparaissent comme autre chose que de la suffisance gauloise.

La prise du pouvoir par Emmanuel Macron a été rapidement menée au niveau électoral et institutionnel. Pour le moment, il est sur le nuage post-électoral, adulé par beaucoup malgré les entorses aux pratiques démocratiques traditionnelles, il peut espérer avoir mis de son côté tous les atouts pour s’attaquer aux mesures qu’il veut imposer à la société française.
Reste à savoir quelles seront ses réponses...

Les élections contre la démocratie ?
Les élections contre la démocratie ?
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12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 12:02
Le danger de la manipulation démocratique

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Les adversaires de la démocratie les plus dangereux, ici et actuellement, ne sont pas des candidats à une dictature froide et sanguinaire mais les compétents démocrates à la manœuvre pour donner une apparence démocratique et même scientifique à leur dictature médiatico-politique.

Il a beaucoup été dit que les électeurs ne s’inscrivaient pas sur les listes électorales, s’abstenaient, votaient blanc ou nul, parce qu’ils n’avaient pas suffisamment de sens civique, parce qu’ils n’avaient pas de candidats correspondant à leur choix, parce que les vrais problèmes n’étaient pas abordés…
On dit moins qu’ils se sentent bernés, à chaque élection, car leur choix n’est jamais respecté.

Lors de la dernière élection présidentielle, des questions essentielles ont été abordées, des candidats en ont parlé, des opinions différentes ont été émises. Que sont-elles devenues ?
Avec 11 candidats au premier tour et 2 au second.

Sur les questions socio-économiques, les candidats présentaient des positions fort différentes, de l’extrême gauche à François Fillon.
C’est d’ailleurs sur
sa position très droitière que François Fillon a remporté la primaire de la droite et du centre : notamment sur la sécurité sociale et son alliance avec la manifestation pour tous. Au point que, désigné, il a été contraint de faire rapidement un rétro-pédalage sur la question de la sécurité sociale et de ses liaisons avec les assurances privées. Ce qui lui avait été favorable dans la primaire de droite, devenait dangereux pour toute la droite dans une élection générale, surtout au second tour. D’une certaine façon, François Fillon a été victime de son honnêteté politique.
Certain que le pouvoir ne pouvait lui échapper après un septennat qui finissait mal, il a dit, trop clairement, ce qu’il voulait faire et même le nom de son futur premier ministre, un patron des assurances privées, circulait déjà..
Son échec, sa déchéance n’est due que partiellement à cette position outrancière, même
pour son camp. Se sont alors ajoutés ses démêlés avec la justice sur des emplois fictifs et familiaux et quelques cadeaux ostentatoires.
Ceci a d’ailleurs en partie caché cela.

Le danger de la manipulation démocratique

Il y a fort à parier que, après quelques années, avec des avocats habiles et d’infinies manœuvres procédurières, tout ceci se terminera par un non lieu ou des peines anodines. Et ne l’empêchera pas, s’il en a envie, de reprendre une vie politique active. Ses camarades, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy peuvent en témoigner...
Les prisons de France seraient vides si tous les voleurs de poules étaient défendus avec le même acharnement et par les mêmes avocats...

Mieux vaut une injustice qu’un désordre, aurait dit Goethe. C’est aussi ce qu’a pensé Roland Dumas, président du Conseil constitutionnel, chargé de faire respecter les lois de la République. Roland Dumas est convaincu d'avoir sauvé la République en ayant validé les comptes de campagne présidentielle, manifestement irréguliers, de Jacques Chirac et Édouard Balladur. Personne ne s’en est indigné outre mesure.
De toute façon quelle importance ?
Lorsque la commission nationale des comptes de campagnes invalide ceux d’un candidat, cela ne l’empêche nullement de se présenter à l’élection présidentielle suivante !
Lorsqu'une candidate peut se présenter et arriver au second tour de la présidentielle sans s’être rendue aux convocations de la justice pour des délits d’emploi fictifs, non au bénéfice de membres de sa famille, cette fois, mais de membres de son organisation politique. Battue à l’élection présidentielle, va-t-elle répondre, aux convocations des juges ?
Philippe Poutou,
mal élevé, a bien fait remarquer que l’égalité devant la justice…
Deux professions prospèrent dans cette république les sondeurs et commentateurs de sondages et les avocats.

La question écologique a été clairement abordée lors du premier tour, par les candidats qui se réclamaient de l’écologie, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon, qui ont recueilli plus de 25 % des voix. Tous les autres se sont sentis obligés de colorer, en un vert discret, leur programme. Mais l’écologie, question centrale s’il en est, il ne s’agit que de la survie de l’humanité, magnifiée par la conférence de Paris, rappelée régulièrement par les relevés sur le réchauffement climatique, et l’écologie ne se résume pas à cela, a été complètement absente du second tour.

A longueur d’année, les gouvernements, de droite ou de gauche, prennent de nombreuses mesures désagréables qu’ils refusent d’assumer devant les citoyens. Ils préfèrent se cacher derrière c’est la faute de l’Europe, c’est une contrainte européenne. Oubliant de dire qu’ils ont accepté ou voté ces mesures, dans les instances de l'Union européenne, le Conseil ou le Parlement européen.
La question de l’Union européenne a été abordée par tous les candidats. Et son fonctionnement et sa politique ont été contestés par presque tous. Par la droite, pas seulement la droite souverainiste et nationaliste. Et par la gauche, qui met en question son fonctionnement peu démocratique et ses orientations sociales.
Entre les deux tours, Jean-Claude Juncker et la Commission n’ont pas hésité à donner un coup de pouce à Emmanuel Macron en annonçant de nouvelles orientations sociales...

Emmanuel Macron n'a pas été élu pour ses propositions économiques et sociales, son programme écologique, ses positions en faveur de l'Union européenne. Il n’a obtenu que 24 % des voix au premier tour, malgré une massive campagne médiatique et sondagière déjà axée sur le vote utile. Et le vote utile, repris au second tour, se résumait en tout-sauf-Marine-Le-Pen, martelé à l’aide de sondages, toujours interprétés de façon alarmiste, par les commentateurs, les journalistes, les intellectuels… Et avec l'aide su système électoral.
Toute l’oligarchie nationale et européenne, et même au-delà, a chanté les louanges de ce jeune candidat et de cette France finalement beaucoup plus favorable à l’Union européenne… Avec les félicitations de Angela Merkel, le dimanche, et le rappel de la nécessité de rester dans les clous, le lundi...

Les mécanismes ont parfaitement fonctionné… Les électeurs, une fois de plus, se sont faits avoir.

Le danger de la manipulation démocratique

Il ne faut pas croire que les citoyens ne s’intéressent pas à la politique. Les audiences des émissions de télévision au moment des élections ont un taux d’audience enviable, comparable à ceux des grands événements sportifs. L’augmentation du nombre des abstentions d’un tour à l’autre, l’importance des votes blancs et nuls montrent bien que les citoyens veulent participer même quand il se sentent pris dans une nasse.

Parmi les rares engagements clairs du candidat Emmanuel Macron, il y a l’intention de développer la loi travail et de la faire adopter par ordonnances, éventuellement par utilisation du 49.3.
Pour cela, il faut cependant une certaine acceptation de l’Assemblée nationale. C’est dire maintenant l’importance des élections législatives. Emmanuel Macron devrait bénéficier de la dynamique renouvelée des soutiens. Peut-être fera-t-il quelque annonce pour obtenir une majorité qui lui permette de faire passer ce qui lui tient à cœur.

Le danger de la manipulation démocratique

Tant que la voie démocratique, électorale, semble ouverte, les partis politiques peuvent canaliser les revendications et entretenir l’espérance dans l’évolution, le changement. Quand ces partis entrent en déliquescence et ne sont plus porteurs, même de façon illusoire, de quelque espérance, quand tout est parfaitement verrouillé, comment s’étonner que certains choisissent l’inertie et d’autres la révolte et la violence ?

Emmanuel Macron devrait s’en souvenir au risque de l’austéritaire, l’austérité et l’autorité. François Hollande a laissé les instruments en place.

Le danger de la manipulation démocratique
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3 mai 2017 3 03 /05 /mai /2017 21:51
Second tour et après ?

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Au premier tour de l’élection présidentielle, 4 candidats obtiennent autour de 20 % des suffrages exprimés. Les autres derrière Benoît Hamon (6,36%) et Nicolas Dupont-Aignan (4,7%), obtiennent chacun moins de 2 %.
Ces 20 % n’ont pas la même signification pour tous les candidats. Ils donnent aux seuls Emmanuel Macron et Marine Le Pen la possibilité de participer au second tour.

C’est un remarquable succès personnel pour Emmanuel Macron, inconnu, il y a quelques années, n’ayant jamais affronté le suffrage universel, sans aucun appareil. Il a su créer autour de sa personne avec un programme flou, une dynamique impressionnante par les supports médiatiques et politiques qu’il a suscités. Soutiens que le jeune candidat récolte sur tout l’échiquier politique. Auprès des médias. Aidé par la grand’peur que suscite la victoire sondagière possible de Marine Le Pen et les flottements dans la droite extrême, désorientée par les mésaventures de son champion entêté.

Atout et problème pour Emmanuel Macron : le trop plein de ralliements hétéroclites, en vue des élections législatives. Candidats, plus ou moins connus, d’aujourd’hui et d’hier, du centre, de droite ou de gauche, prêts à poursuivre la politique des Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande mais qui attendent quelques gratifications...
Peur-être,
Emmanuel Macron pourrait il engager François Hollande comme conseiller à la synthèse…

Marine Le Pen n’est pas arrivée, comme elle l’espérait et comme beaucoup l’annonçaient, en tête de ce premier tour. Il n’en demeure pas moins qu’elle continue de progresser en nombre de voix et en pourcentage par rapport aux élections présidentielles antérieures.
Considérant son assise populaire assurée, elle mène une politique de second tour en élargissant son assise vers la droite avec Nicolas Dupont-Aignan et en revenant sur ses promesses de retraite à 60 ans, sur la sortie de l’euro qu’elle éloigne...

 

Il faut remercier François Fillon. D’avoir, par son entêtement et son programme social fracassant, éliminé la droite de la présidence. D’avoir dévoilé avec quelle facilité la vertueuse droite est prête à devenir la droite extrême quand elle trouve un champion, apparemment propre sur lui, avec la juste ostentation qui permet de reconnaître la bonne société. Pourfendeuse de la fraude sociale, elle n’est nullement gênée, par les petits arrangements familiaux, les petits cadeaux entre amis.
Éternelle contradiction entre le moralisme affiché pour le bas peuple et la morale pratiquée entre soi.

La progression la plus importante est celle de Jean-Luc Mélenchon, passé de 11,10 % en 2012 (3 984 822voix) à 19,58 % (7 060 885 ) en 2017 alors qu’il ne pouvait compter ni sur un parti décidé et efficace, ni sur un important réseau d’élus motivés, la difficulté dans la collecte des signatures l’a bien montré. Et avec des médias plus intéressés, dans un premier temps, par son caractère, ensuite par ses qualités d’orateur, enfin par ses tropismes internationaux mais beaucoup plus rarement par le travail dans l’élaboration de son programme, par la nouveauté de l’alliage qu’il a construit entre le social et l’écologique, par sa volonté de reconstruire une nouvelle démocratie avec la participation du maximum de citoyens, par sa volonté de s’attaquer au vote d’extrême droite et à l’abstention (caravanes pour l’inscription sur les listes électorales). Les médias ont fini, face aux mobilisations qu’il a suscitées, par découvrir qu’il les avait en partie contournés par ses propres moyens.

Lors de ce premier tour, il a déjà été question du vote utile en faveur d’Emmanuel Macron. Ce n’est pas étranger au fait que Jean-Luc Mélenchon ne peut participer au second tour, il ne lui a manqué que 600 000 voix. Nationalement, il recueille 19,58 % des voix. Ce pourcentage est entre 27 et 30 %, suivant les sondages, chez les 18-24 ans, soit le double de 2012, 24 % chez les ouvriers, 22 % chez les employés.
Chez les musulmans, le candidat le plus laïque de la présidentielle, obtient 37 % des voix (20 % en 2012) contre 24 % pour Emmanuel Macron, 17 % pour Benoît Hamon, 10 % pour François Fillon et 5 % pour Marine Le Pen (sondage Ifop – Le Pèlerin).
 

Second tour et après ?

Depuis le début de la campagne électorale, nombreux sont ceux qui donnent des conseils avisés à Jean-Luc Mélenchon : participer à la brillante primaire de la Belle alliance populaire, rallier Benoît Hamon avant qu’il ne soit abandonné par le PS et ses électeurs, maintenant rejoindre le camp de la peur.
Hier, la peur
de tout avait mauvaise presse parce qu’elle poussait les citoyens à voter Le Pen, aujourd’hui la peur de Marine Le Pen a bonne presse pour faire voter Macron. Mais la presse est toujours la presse, elle va toujours dans le même sens. Hier et aujourd’hui ! Faire rentrer dans le rang et dans le cas présent, voter Emmanuel Macron !

Connaissant la diversité des points de vue des partisans de la France insoumise sur le vote au second tour, Jean-Luc Mélenchon a dit qu’il voterait mais n’a pas dit comment. Il ne donne pas de consigne de vote pour préserver l’unité des Insoumis avant les législatives. Tout en rappelant que voter Front national n'était pas une option. Ni pour lui, ni pour les Insoumis consultés.
La France insoumise a organisé une consultation ouverte à tous les Insoumis pour qu’ils disent ce qu’ils allaient faire au second tour, sans que cette consultation soit normative.
Il a tendu une perche à Emmanuel Macron, en lui demandant de faire un geste sur la loi travail que Macron a immédiatement rejeté.
C’était prévisible. Peut-être aurait-il pu demander un geste sur l’usage du 49-3 et des ordonnances dont Emmanuel Macron a dit qu’il les utiliserait dés cet été pour aller plus vite. Et court-circuiter, bon début, tout débat démocratique !
 

Second tour et après ?

Le résultat de la consultation des Insoumis est maintenant connu. 243.000 personnes ont donné leur avis, soit environ 55% des 440.000 inscrits pour soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Bien sûr, des personnes peuvent changer entre le moment où elles ont donné leur avis et le jour du scrutin. Mais ce n’est pas un sondage, c’est le résultat d’une consultation : vote blanc ou nul, 36,12 %, vote Emmanuel Macron 34,83%, abstention 29,05% (1). Les deux tiers, 65,17%, ne voteront pas pour Emmanuel Macron. D’après un sondage Elabe BFMTV, 44% des électeurs de Mélenchon au premier tour voteraient pour Emmanuel Macron.
Ces résultats permettent de penser que les Insoumis vont compter dans les semaines qui viennent. Une première indication sera donnée dimanche par le taux d’abstentions, de bulletins blancs ou nuls : en 2012, il y a eu 9 049 998 abstentions (19,65%), et 2 154 956 bulletins blancs ou nuls (5,82%)...

Avec l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée, on va parler du triomphe de la démocratie, de la République, de l’Union européenne (qu’on appellera Europe) alors qu’on aura simplement élu le gendre idéal pour continuer, plus ou moins habilement, la politique suivie pendant des années – avec le succès que l’on sait aussi bien au point de vue socio-économique qu’au point de vue politique avec le vote Marine Le Pen - par les gouvernants successifs dont les artisans se retrouvent dans En Marche ! l’UMPS, comme disait le Front national, officialisée… !

Reste que les résultats du second tour ne vont pas tout régler. Mais servir de base aux discussions, déjà engagées dans tous les camps pour les investitures législatives. La victoire à la présidentielle donnera, certes, une dynamique. Il n’est pas certain qu’elle soit suffisante pour obtenir une majorité à l’Assemblée nationale. Encore moins une majorité cohérente.

De ce point de vue, Jean-Luc Mélenchon fait des calculs risqués quand il annonce que, avec les résultats de la présidentielle, la France insoumise peut espérer être présente dans 451 des 577 circonscriptions où il a dépassé le seuil de 12,5% nécessaires pour se qualifier pour le deuxième tour dont les 67 où il est arrivé en tête. Certes ils est probable qu’il y aura beaucoup de triangulaires ou même de quadrangulaires mais ces multiples candidatures risquent de diviser autant la gauche que la droite.

C’est cependant un motif pour dynamiser les Insoumis surtout si le taux d’abstention, de votes blancs ou nuls est important. Abstentions, votes blancs ou nuls de résistance, d’espoir. Ils ne seront pas comptabilisés pour l’élection mais seront examinés de près et pèseront dans la mobilisation.

L’espoir maintenant est dans une refondation de la gauche autour de la France insoumise et un groupe de députés aussi étoffé que possible. C’est ce que les résultats de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle permet d’espérer...

Tout en sachant que cela ne sera pas suffisant. Et qu’il faudra d’autres mobilisations. Mais c’est la première lueur en Europe pour une contestation qui ne soit pas nationaliste mais pour un changement d’orientation économique et sociale.


 


 

1 - Noter que ces Insoumis n’ont pas suivi Jean-Luc Mélenchon qui votera dimanche et qui veut rendre le vote obligatoire.

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28 avril 2017 5 28 /04 /avril /2017 11:11
Munich, cube blanc, années noires

http://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/emissions/les-documentaires-en-aquitaine/gurs-silence-assourdissant-film-ne-jamais-oublier-1240321.htmlMunich, cube blanc, années noires

Munich, capitale de la Bavière, connue pour ses musées, ses monuments, ses industries, ses manifestations festives et sa bière..., est la deuxième ville allemande par le nombre de touristes…
Munich occupe, aussi, une place exceptionnelle, et peu enviable, dans l'histoire du vingtième siècle ! C'est là que le national-socialisme est né et a pris son essor. C'est là que Daladier et Chamberlain se sont inclinés devant Hitler croyant sauver la paix... La suite est connue…

En juillet 2014, nous avons passé quelques jours à Munich (1) et première question, peu diplomatique, à des amis allemands : Où est le nazisme à Munich ? Réponse immédiate : Partout.
Pendant ce bref séjour, nous avons eu l'occasion de visiter plusieurs musées mais aussi un certain nombre de lieux de mémoire. Nous avons aussi appris qu'un Centre munichois de documentation sur l'histoire du national-socialisme était en construction.

Ce centre existe désormais sous forme d'une imposante bâtisse blanche, de 4 étages, construite sur l'emplacement de l'ancienne Braunes Haus (siège du parti nazi) sur la Königsplatz. C’est de ce centre de documentation qu’il sera d’abord question ici, suivi de quelques images plus classiques de Munich et des environs.

Le Centre est remarquable ! Avec une très riche documentation, bien présentée, en panneaux muraux, commentés sur audioguide, en diverses langues dont le français. Et de multiples vitrines pour ceux qui veulent en savoir plus. Avec textes, affiches, photos, films de l’époque…
Le seul parcours principal nous a pris 4 heures (2)... pendant lesquelles nous avons pu suivre l'évolution de la situation politique à Munich depuis la fin de la Première guerre mondiale jusqu'à nos jours (3).

Ce centre a été conçu comme un lieu pédagogique et mémoriel et veut répondre aux questions : Comment ? Pourquoi ? Pourquoi à Munich ? Sans éviter les questions douloureuses : Car nous sommes politiquement responsables et c'est la raison pour laquelle nous devons réfléchir aux crimes et à leurs auteurs... Et de préciser : le Centre se trouve ainsi au cœur du quartier du NSDAP (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, Parti national-socialiste des travailleurs allemands) où environ 6000 personnes ont permis de faire fonctionner les diverses organisations du parti et leurs activités jusqu'à la fin de la guerre… Dans la ville de Munich, des graines de criminels ont pu croître.

Des groupes de jeunes accompagnés et de moins jeunes visitent le centre : travail de mémoire, travail de transmission.

Trente trois panneaux se succèdent du quatrième étage au rez-de-chaussée, de la Première guerre mondiale jusqu'à aujourd'hui : 1 - 1914-1918, Guerre et révolution ; 2 - 1918-1919, Kurt Eisner et l’État libre de Bavière ; 3 - 1919, La période des conseils et la contre-révolution ; 6 - 1919-1923, Les débuts du mouvement hitlérien à Munich ; 11 - Munich, capitale du mouvement ; 14 -A contre-courant : refus, opposition, résistance ; 16 – 1933-1939, La vie quotidienne : détourner le regard, être spectateur, participer ; 25 – 1939-1945, Résistance,courage et civisme pendant la guerre ; 28 – 1945-1948, Dénazification et nouveau départ : 30 – Entre travail de mémoire, continuité et refoulement ; 31 – L’héritage nazi : survie et renaissance ; 32 – Contre l’oubli ; 33 – Retard et cheminement du souvenir.

Par ailleurs, l'attention est attirée sur les Zettel, mots anonymes qu'on peut trouver, ici ou là, et qui témoignent de la persistance d'un certain racisme.

Le 29 avril 1945, les Américains libèrent le camp de Dachau, situé à 17 km de Munich, premier camp de concentration mis en place par les nazis, ouvert du 20 mars 1933 au 29 avril 1945. Tout d'abord le lieu d'internement des opposants politiques, il a accueilli par la suite des juifs de Bavière, des prisonniers de guerre soviétiques et des femmes, des homosexuels et des Tziganes. Au total, plus de 200 000 personnes de plus de 30 pays sont passés par ce camp.
La ville de Munich était recouverte d’un réseau de plus de 400 camps et hébergements. Fin 1944, près de 120 000 travailleurs civils étrangers, prisonniers de guerre et détenus des camps de concentration étaient employés de force dans toute l’agglomération...

Libérés par les Américains le 30 avril 1945, les Munichois ont voulu, comme beaucoup d'autres, en Allemagne et ailleurs, oublier leurs responsabilités dans ce qui s'était passé dans leur ville, sous leurs yeux…
La dénazification est d’abord entreprise par les Américains et poursuivie par les Allemands. Mais dans les années 1947-48, l’énergie diminue notamment avec le début de la guerre froide et le retour d’anciens membres du NSDAP dans leurs anciens postes.
Dans les années qui suivent, des groupes néo-nazis sont apparus, ont pu avoir quelques élus dans les assemblées des États régionaux (Länder) mais n’ont pas réussi à percer vraiment.
A partir des années 1980-1990, des initiatives citoyennes, ateliers historiques, conseils de quartier ont intensifié la culture du souvenir. Elles aboutissent à ce qu’en 2001, le conseil municipal et, en 2002, le parlement de Bavière décident de construire le centre de documentation. Financé par le gouvernement fédéral, le Land de Bavière et le Conseil municipal de Munich. La première pierre a été posée en 2012 et le centre inauguré en 2016.

 

Munich, cube blanc, années noires
Munich, cube blanc, années noires

Pour les responsables de la construction du centre, il s’agit d’un lieu pédagogique et mémoriel dédié à l’histoire du national socialisme à Munich. Contre l’oubli, pour la démocratie. Avec la phrase de Primo Levi, affichée au dessus du Centre : C'est arrivé, cela peut donc arriver à nouveau.
A Munich ou ailleurs.

Il ne s’agit pas de repentance, il ne s’agit pas de punir. Repentance de qui ? Punir qui ? Mais de ne pas oublier, de prendre conscience que la démocratie est fragile, qu’elle peut avoir des faiblesses. Que la démocratie ne peut réussir que si elle est ancrée dans les institutions, soutenue par la société civile et vécue au quotidien. Qu’il faut que les choses soient dites ! Comme dans les familles, les faits douloureux ne peuvent être occultés sans risque pour l’avenir (4).

***

Dachau est devenu une étape pour les organisations de tourisme

Dachau est devenu une étape pour les organisations de tourisme

Aujourd'hui : Manifestation en faveur d'une voie routière autour de Munich  contre un tunnel.

Aujourd'hui : Manifestation en faveur d'une voie routière autour de Munich contre un tunnel.

Aujourd'hui : Manifestation de Pegida (une dizaine de personnes), un trentaine de contre-manifestants du SPD et une cinquantaine de policiers.

Aujourd'hui : Manifestation de Pegida (une dizaine de personnes), un trentaine de contre-manifestants du SPD et une cinquantaine de policiers.

***

La France est-elle prête à regarder son histoire, ses parts de lumière et ses parts d’ombre ? Ce n’est pas certain. Il suffit de voir qu’il a fallu attendre le 16 juillet 1995, 53ème anniversaire de la rafle du Vel d'hiv, pour que le Président de la République, Jacques Chirac, reconnaisse la responsabilité de l’État français dans la déportation et l'extermination de juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Et d’entendre, ces jours-ci, cette responsabilité niée à nouveau.

A l’opposé de la démarche d’un Nelson Mandela, vérité et réconciliation, dialogue sans exclusion, concernant la longue nuit de l’apartheid en Afrique du sud, on préfère dissimuler les choses sous le tapis d’une amnistie qui permet de recycler des compétences comme Maurice Papon, de Bordeaux à Paris en passant par l’Algérie. Amnistie non assumée, qui ignore le devoir de mémoire et de justice.

Récemment, un candidat à la présidence de la République française, peut-être prochain président, a parlé du colonialisme, de la guerre d’Algérie comme crime contre l’humanité. S’il est élu, fera-t-il un acte de conscientisation qui pourrait permettre à la France, à tous les Français de condamner des actes condamnables. Et ensuite, avancer vers la réconciliation des Français, de tous les Français, quelle que soit leur origine et quel que soit le comportement passé de leurs parents ou grands parents.
Pourra-t-on ainsi signer un jour la fin de la guerre d’Algérie ?
Faute d’avoir examiné lucidement son histoire, les mauvais côtés de son histoire, l’opinion française est perpétuellement divisée par des souvenirs douloureux non partagés (4).


 

1 - Cinq jours à Munich (en 2014)

2 – Le Centre prête des sièges pliants qui permettent de faire la visite confortablement.

3 – Toutes les informations de cette note sont tirées de la brochure : NS- Dokumentationszentrum München. Centre munichois de documentation sur l’histoire du national-socialisme. Livret guide de l’exposition 84 pages.

4 - Une émission de France 3 Nouvelle Aquitaine a été diffusée le 24 avril 2017 sur le Camp de Gurs : Gurs, un silence assourdissant, film d'Antoine Laura et Pierre Laval , existe aussi en DVD.

Le Muca (Museum of Urban and Comtemporary Art), premier musée allemand des arts de la rue, était fermé

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Peintures de rue à Solin (banlieue de Münich)
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Tableaux de Frantz Marc (1), August Macke (2), Alexej Jawlensky (3 et 4), Elfriede Schroter (5)
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La Villa Lehnbach (Städtlische Galerie in Lehnbachhaus) présente la célèbre collection du Cavalier bleu (Blaue Reiter), avec des tableaux de Kandinsky, Klee, Frantz Marc, August Macke, Alexej Jawslensky,  Elfriede Schroter.

Parc olympique

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Ammersee Andechs
Ammersee Andechs

Ammersee Andechs

Ammersee Diessen

Ammersee Diessen

La Fuggerei à Augsburg

La Fuggerei à Augsburg

La Fuggerei est la plus ancienne cité sociale du monde. Elle a été fondée en 1521 par Jacob Fugger pour les citoyens nécessiteux d'Augsburg. Elle loge encore 150 personne dans 67 maisons pour un loyer symbolique et l'obligation morale de prier 3 fois par jour pour le fondateur et sa famille.
Le locataire le plus célèbre est le maître maçon Franz Mozart, arrière-grand-père de Wolfgang Amadeus Mozart.

Augsburg : La salle dorée de l'Hôtel de ville ( Goldener Saal Rathaus)
Augsburg : La salle dorée de l'Hôtel de ville ( Goldener Saal Rathaus)
Augsburg : La salle dorée de l'Hôtel de ville ( Goldener Saal Rathaus)

Augsburg : La salle dorée de l'Hôtel de ville ( Goldener Saal Rathaus)

Augsburg ; Eglise Ste Anne. Les moines de ce couvent ont accueilli Martin Luther en 1518.
Augsburg ; Eglise Ste Anne. Les moines de ce couvent ont accueilli Martin Luther en 1518.

Augsburg ; Eglise Ste Anne. Les moines de ce couvent ont accueilli Martin Luther en 1518.

Neuschwanstein, les châteaux de Louis II de Bavière
Neuschwanstein, les châteaux de Louis II de Bavière

Neuschwanstein, les châteaux de Louis II de Bavière

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18 mars 2017 6 18 /03 /mars /2017 22:47
Suite au rassemblement à la Bastille, le 18 mars 2012, Jean-Luc Mélenchon avait appelé les soutiens de la France Insoumise à sa candidature pour une marche de la Bastille à République, ce 18 mars 2017.

 

 

 

Voici quelques images sur le parcours ...

Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France InsoumiseBastille République de la France InsoumiseBastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France InsoumiseBastille République de la France InsoumiseBastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France InsoumiseBastille République de la France InsoumiseBastille République de la France Insoumise

Quelques images plus personnalisées.

Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise

Des points du programme repris par de nombreux manifestants.

Bastille République de la France Insoumise

Place de la République

Bastille République de la France Insoumise
Bastille République de la France Insoumise
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15 mars 2017 3 15 /03 /mars /2017 17:21
Les urnes de Pandore

Tout était prévu pour ces printanières élections. La campagne électorale n’a pas commencé, déjà, sur le bord de la route, quelques dégagés, en attendant l’ouverture des urnes de Pandore de la présidentielle et des législatives dont personne ne peut dire ce qui en sortira.

 

Surtout pas les sondeurs. Leur prudence apparaît après les déboires en France lors des primaires de droite et de gauche et lors du référendum britannique et de l’élection présidentielle aux États-Unis.

Désormais un sondage sur les élections ne peut être publié sans qu’il soit précisé : attention, il ne s'agit pas d'une prédiction du vote des Français mais d'une photographie des intentions à la date de réalisation du sondage (1).


Les sondeurs ne présentent pas encore correctement leurs résultats qui devraient être, par exemple : candidat A, 26 +/–3 %, candidat B, 23 +/-3 %. Ceci conduirait à reconnaître que ces résultats sont quasiment identiques pour A entre 23 et 29 % et pour B entre 20 et 26 %. Cela anéantirait la pertinence de maintes discussions, notamment sur les avancées ou les reculs de 1 ou 2 % de tel ou tel candidat.
 

Le second tour de la présidentielle 2017 devait être identique à celui de 2012.
 

Le président sortant, candidat naturel malgré les statuts de son parti, une politique rejetée dans les urnes aux élections intermédiaires, dans la rue (manifestations à répétition), au parlement (49-3), dans la courbe du chômage qui refusait de plier à ses injonctions depuis 2013 et même dans son impopularité lue... dans les sondages et la volonté d’exfiltration bienveillante de certains de ses amis qui avaient inspiré sa politique...
Finalement, François Hollande a pris la décision unique dans l’histoire de la V° République de renoncer à défendre son bilan dans la primaire de gauche d’abord et dans une éventuelle candidature à la présidentielle.

 

Après cette historique abdication, la primaire citoyenne de la Belle Alliance populaire, le parti socialiste et ses alliés du gouvernement, a entraîné un deuxième dégagement, celui du Grand Vizir qui voulait être Calife à la place du Calife, mis benoîtement sur la touche.

Petite tempête, chez EELV, troisième dégagement, l’ancienne ministre qui se croyait candidate légitime, dés le premier tour de la primaire écologiste.

 

Dégagement dès le premier tour de la primaire de la droite et du centre : l’ancien président de la République, doublement légitime, en tant qu’ancien président et tête du parti d’opposition, malgré un bruit de fond de casserole. Suivi, au second tour, du meilleur d’entre nous, ancien premier ministre, malgré le soutien de généreux contributeurs de la gauche, du centre, de la droite. Éliminé au profit du Premier-ministre-collaborateur-honnête-notable-discret mais résilient pendant cinq ans d’un président de la République parvenu et m’as-tu-vu.


 

Les urnes de Pandore

Avec le changement climatique, les perturbations sont quelquefois soudaines. Le notable, honnête, catholique, gaulliste, qui ne pouvait imaginer la candidature de son ancien chef de service, mis en examen, se retrouve quelque jours plus tard dans cette situation. Face à la perfidie de ses adversaires, de ses amis, de la presse et des juges, il n’hésite pas à faire appel au peuple de droite, contre tout le monde, pour renverser le vent de destitution annoncée. Appel gaullien et mea culpa, devant ses troupes catholiques, le voila transformé, obligeant tous, amis et ennemis, fidèles et traîtres, à se rallier car il y aura plus de joie à l’Élysée pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance.

 

Finalement, le désir de changement a, déjà, emporté deux anciens présidents de la République, deux anciens premiers ministres et une ancienne ministre. Tout ceci parfaitement imprévu par ceux qui savent, dont les déclarations remplissent quotidiennement la presse sous toutes ses formes. Et, bien sûr, imprévu par les sondages.


 

Les urnes de Pandore

Tous aux abris. Des dégagements, importants par le nombre, sont à prévoir avec les élections législatives : ceux qui annoncent leur renoncement, leur retraite et ceux qui, du fait de la limitation du cumul des mandats, donneront leur préférence à un mandat local sûr, qui n’est pas en jeu pour le moment, plutôt qu’à un mandat national incertain…

 

Il est possible d’annoncer un certain renouvellement du personnel politique au niveau national qui ne préjuge en rien d’un changement de ligne. Mais aussi des sondages toujours aussi intéressants à commenter. Par les mêmes toujours aussi compétents.

 

Reste qu’à ce jour, et le présent article n’y échappe pas, il a été beaucoup plus discuté des affaires que de la politique, de la ligne politique des candidats. On est cependant en droit de se poser la question de savoir si c’est une qualité ou un défaut.

Car l’impression qu’on peut avoir d’assister à la fin d’un régime, d’un système tient à plusieurs choses :

- la multiplication des affaires qui arrivent sur la place publique, qui témoignent d’un changement d’époque, même si beaucoup se terminent par un non-lieu dont chacun sait qu’il est dû surtout aux qualités procédurières des avocats ;

 

- la parole changeante d’un candidat d’une semaine à l’autre : je ne serai pas candidat si je suis mis en examen suivi d’un je serai candidat même si je suis mis en examen avec quelques hésitations mais sans aucune sanction des éléphants de son clan, ni semble-t-il de ses potentiels électeurs – encore faut-il attendre, prudemment, le résultat de l’élection ;

 

- le candidat élu ne suit que de très loin le programme qu’il a annoncé. La primaire, relativement réussi de la gauche en 2012, a permis de voir que la politique suivie par le président élu n’était pas celle attendue, notamment avec l’arrivée comme premier ministre de celui qui n’avait recueilli que 5 % des voix à cette primaire !

 

- l’apparition de concurrents qui ont été membres d’un même gouvernement, l'un ne s'est pas présenté à la primaire pour faire cavalier seul ou les autres se sont présentés avec des propositions complètement différentes en annonçant qu’ils se désisteraient en faveur du gagnant et qui refusent, ensuite, de le suivre parce qu’il maintient les propositions annoncées...

 

Seule espérance que cette déliquescence morale et politique soit sanctionnée par les électeurs à l'élection présidentielle et aux législatives..

 

 

Les urnes de Pandore

1 – Ces précautions n’existent toujours pas dans les autres sondages. Pour une raison simple : il est possible de comparer les résultats des sondages et de l’élection. Les erreurs apparaissent alors.
Ce moment de vérité n’existe pas devant tous les sondages qui assurent que les Français pensent telle ou telle chose. La qualité du sondage peut être difficilement estimée.

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16 février 2017 4 16 /02 /février /2017 20:34

La nation dans tous ces États

 

La question de la nation est sur la scène politique, impulsée, depuis des années, par le nationalisme de l’extrême droite, relayée par la droite. Une partie de la gauche, par conviction nationaliste ou par calcul électoral, court derrière.

Beaucoup à gauche ont quelque peine, aujourd’hui, à assumer l’idée de nation, ce qui n’a pas toujours été le cas. Ils ont abandonné la nation à sa dérive nationaliste et ont voulu la déconstruire, la nier, au profit de la lutte des classes.

 

La nation dans tous ces États

Les prolétaires n’ont pas de patrie. La nation, le sentiment national, le récit national n’existent pas ou n’ont pas lieu d’être. La nation n’est qu’une construction historique. Bien sûr, la nation, et surtout l’État-nation, sont des constructions historiques. La nation n’a pas toujours existé et, telle quelle, n’existera pas toujours. Comme toute institution, l'État-nation est une construction, elle existe. Historique, elle existe aujourd’hui.


En 1945, 51 États ont participé à la fondation de l’Organisation Nations Unies qui devrait plutôt se nommer Organisations des États Unis (mais le terme était déjà pris). L’ONU en comprend, aujourd’hui, près de 200 et cette multiplication devrait continuer en application du principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. De nombreux peuples ont obtenu, souvent avec l’appui de la gauche, la reconnaissance de leur État, de leur État nation, d’autres espèrent y parvenir un jour, y compris en Europe.


A côté des États nations, certains États fédéraux font preuve de stabilité comme la Suisse - 26 cantons, 4 langues officielles – ou l’Inde - 29 États, 23 langues… Dautres États, parfois anciens, semblent avoir des difficultés à perdurer en l’état mais ce n’est pas pour disparaître, simplement, dans le néant... Ils risquent d’être démembrés pour donner naissance à d’autres États nations. Ainsi, l’Espagne, agitée par des volontés séparatistes voulant devenir de nouveaux États nations : Catalogne, Euskadi. Au Royaume-Uni, l’Écosse a échoué de peu au dernier référendum et relance la question à l’occasion du Brexit. La Belgique est en proie à des tentations séparatistes...
Dans le monde, existent de nombreux peuples sans État…


L’État nation est une construction… encore en expansion numérique, d’une certaine façon, on pourrait dire qu’il y a, à ce jour, une tendance à la mondialisation de l’État nation. Même si, à l’avenir, la mondialisation peut le mettre en cause au moins dans sa forme actuelle.


Les constructions historiques supranationales comme l’Union soviétique, la Yougoslavie, la Fédération du Mali, la République arabe unie… ont eu une existence relativement éphémère. Aujourd’hui, l’Union européenne, non aboutie, est mal en point. Avec le Brexit d’abord, avec la montée des nationalismes à l’intérieur de ses différentes composantes. Elle semble plus fragile que bien des États qui la composent… et dont certains lui doivent, en partie, leur existence ou leur renaissance.


Il fut un temps où certains opposaient nation et lutte des classes. Pour nombre de partisans de la lutte des classe, la nation n’existait pas ou était un moment éphémère à dépasser. Ce qui a joué dans le soutien à la patrie du socialisme contre les revendications nationales et dans le retard à reconnaître le moment historique des luttes de libération nationale : elles auraient dû attendre mais ont atteint leur but avant la révolution socialiste libératrice dans les métropoles qui devait leur ouvrir la voie


Plus habiles, ceux qui opposaient contradiction principale et contradiction secondaire, avec l’avantage de pouvoir changer suivant les circonstances. Les révolutionnaires ont essayé d’utiliser les luttes nationales pour déboucher sur le socialisme. Dans les faits, c’est plutôt le nationalisme qui a profité de l’aide des pays et des militants souvent communistes qui l’ont quelquefois payé cher. Les pays sont devenus indépendants, ils sont souvent passé, au moins verbalement, par une période socialiste mais les conditions sociales des couches les plus exploitées ont peu évolué.
L
a domination étrangère, coloniale, a été remplacée par des dominants nationaux souvent soutenus de l’extérieur.

Dans les nouveaux États nations comme dans les anciens, les rapports sociaux, dominants-dominés, sont peu différents. Qu’on l’appelle domination de classe, opposition compétents-exécutants, élites-masses populaires..., la division de la société entre ceux d’en haut et ceux d’en bas demeure.


Ce rapport de domination existe aussi au niveau international : La Lutte des classes existe, nous l’avons gagnée, énonce Warren Buffett, troisième homme le plus riche du monde. En effet, il existe, malheureusement, une internationale des capitaux, des dominants, Davos peut en être le symbole.
Il n’existe pas une internationale des dominés qui soit capable de faire face. Mais des structures internationales cache-misère et des initiatives qui ont peine à déboucher malgré quelques succès ponctuels.


Il en est de même au niveau européen. Les institutions européennes sont aux mains des forces dominantes et de leurs groupes de pression organisés, structurellement. Il n’existe pas de véritable parti ou syndicat européens – la Confédération européenne des syndicats est inaudible. Dans l’Union européenne, les contestations, nombreuses, sont surtout organisées au niveau national et, de plus en plus, avec une connotation nationaliste.
La naissance et le développement de Syriza a pu susciter quelques rencontres d’espoir et quelques manifestations de soutien. Au moment de l’épreuve de force, face à l’étouffement organisé par la troïka, le mouvement populaire est resté étrangement insuffisant à l’échelle européenne.


L’organisation européenne des droites nationalistes serait-elle plus avancée - réunion de Coblence - que celle des syndicats ou des partis de gauche, internationalistes ?


L’État nation est le seul lieu où s’exerce une démocratie incomplète, discutable, locale, régionale, nationale. Les démocraties populaires n’ont pas fait leur preuve. Pour le moment, il n’est rien de mieux que cette démocratie incertaine même si elle est fortement biaisée par des inégalités croissantes aux niveaux économique, social, culturel... La règle est une personne, une voix mais le poids des personnes ne se résume pas au bulletin de vote. Certains n’ont pas besoin de voter pour peser sur les décisions grâce aux moyens matériels et immatériels dont ils disposent… Renforcé par l’organisation institutionnelle de l’Union européenne, structure de démocratie indirecte, voulue par les gouvernements des États membres...


La nation est un lieu d’homogénéisation culturelle, linguistique (homogénéisation de la langue nationale, parfois contre d’autres langues), nationalisation de la société. Cette homogénéisation peut rencontrer des difficultés avec des populations nouvellement arrivées, être en conflit avec des entités locales, régionales – qui revendiquent leur droit à l‘existence culturelle ou même étatique au nom du principe des nationalités. Elle peut être menacée par des tendances supranationales, Europe, mondialisation. Mais cette homogénéisation permet d’assurer le vivre ensemble dans une société relativement pacifiée et un fonctionnement institutionnel dans le respect de certaines règles.


C’est aussi le lieu le plus important de solidarité institutionnelle. Certes la solidarité familiale n’est pas négligeable. Mais la solidarité institutionnelle est essentiellement nationale, solidarité entre communes, départements, régions, même si, à ce niveau, l’Union européenne joue un certain rôle. Solidarité nationale surtout entre individus et générations, solidarité de plus en plus attaquée par la mise en question de tout le système de protection sociale : sécurité sociale, allocations diverses, retraites, chômage… Par sa privatisation, par l’internationalisation de la finance et des assurances et au niveau idéologique.


En France, pour l’Insee, la part des dépenses socialisées dans la consommation des ménages s’élevait à 25 % en 2015. Beaucoup plus dans des secteurs essentiels, aux trois quarts pour les dépenses liées à la santé et lenseignement est financé à 90 % par l’État…


Cette homogénéisation de la nation peut, aussi, être dangereuse si elle est dévoyée dans sa forme nationaliste ce qui a malheureusement souvent été le cas. Quand elle s’éloigne de la légitime satisfaction d’être à la prétention d’être supérieure à toutes les autres : ce qui a été porté à son paroxysme par le nazisme sur le plan intérieur et sur le plan extérieur. Ou quand ce nationalisme a détourné un universalisme proclamé pour exporter la civilisation et la construction d’un empire colonial hier ou promouvoir, aujourd’hui, une politique d’exclusion à l’intérieur : liberté, égalité, fraternité confinées à une partie de la population. Qui divise les couches sociales les plus défavorisées et les entraîne dans des affrontements fratricides.


Faute de proposer un avenir solidaire à tous, l’extrême droite divise en offrant à ceux qui souffrent un exutoire illusoire mais qui assure la poursuite de son développement. Pour paraphraser un ancien président de États-Unis si, faute d’ennemi extérieur vous pouvez convaincre l’homme blanc... qu’il vaut mieux que l’homme de couleur le plus talentueux, de grands espoirs vous sont permis.


La nation a eu de multiples définitions mais c’est, probablement, le sentiment d’appartenance qui la définit le mieux. Or le sentiment d'appartenance à la nation française s'affirme régulièrement au fil des générations, y compris chez les enfants de l’immigration - 93 % d’entre eux se sentent Français d’après l’Insee (Figaro 08/01/16). Mais si la solidarité nationale se délite, elle risque d’être remplacée par d’autres solidarités dangereuses pour l’avenir.
La glorification dangereuse de l'État nation et l'appâtage des minorités qui va avec, libèrent une énergie antidémocratique.

La nation dans tous ces États

Lors de la Conférence de Paris sur le climat, 195 États ont pris, à l’unanimité, des décisions pour faire face au réchauffement climatique. Devant le risque que court l’espèce humaine dans sa survie sur la planète, pour la première fois, ils n’ont pas regardé ailleurs, même si ces décisions peuvent paraître insuffisantes et encore plus leur suivi qui risque fort de ne pas être à la hauteur.


La forme État nation étant la construction historique, pour le moment, la plus répandue, il reste à dire quelle place, quel rôle on veut lui attribuer dans la situation actuelle. Si l’on considère que la question fondamentale aujourd’hui est le dérèglement climatique, l’organisation de la vie de 10 milliards de personnes dans un espace planétaire limitée, avec des ressources limitées dont l’exploitation peut être catastrophique, ce n’est pas un État aussi puissant soit-il ou quelques États qui pourront apporter une réponse efficace.


Cette question ne peut être résolue à l’échelle nationale. Une solution au niveau international, mondial est, évidemment nécessaire.


Dans cette optique, les États nations ont, encore, un rôle fondamental à jouer. Dans le cadre d’institutions telles que l’Organisation des nations unies qui pourrait organiser une réponse cohérente, mondiale dans le respect d’une mondialisation des États-nations, de leurs particularismes qui n’entacheraient pas la poursuite du but commun et qui font le sel de la vie.
A défaut, il est à craindre que particularismes nationaux et démocratie soient peu ménagés par une dérive autoritaire généralisée au nom d’une efficacité nécessaire pour la survie.


Le non respect de la démocratie et de la diversité risque d’entraîner des coûts en vies humaines, déplacements de populations, affrontements, qui viendraient s’ajouter à ceux d’un dérèglement climatique qu’il serait encore plus difficile de juguler.

La nation dans tous ces États
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