Touchée ! Coulée ?
L'Union européenne et les réfugiés.
Il est souvent dit que l'Union européenne ne sait avancer que par crises. Le moment est donc venu d'une grande avancée ou d'une dislocation car, cette fois, la crise est multiple, profonde. Elle touche les gouvernements et les instances européennes.
Le seul projet de l'Union européenne serait-il « sauve qui peut ? »
Difficile de croire que l'Union européenne peut aller indéfiniment, de réunion en réunion de la dernière chance, avec quelques bricolages. Dramatisant les rencontres dont les « responsables » sortent avec le « meilleur accord possible » après une longue nuit de discussion. En attendant la réunion suivante, bien sûr de la dernière chance.
Jusqu'à l'explosion ?
Les peuples qui ont laissé faire plus que participé, s'en détournent de plus en plus. Ceux de la vieille Europe comme ceux de la nouvelle. Lors des consultations, quel qu'en soit le type, le nombre des eurosceptiques et des opposants augmente.
La seule Europe qui existe vraiment est celle des problèmes. Que chaque État feint d'ignorer tant qu'il n'est pas immédiatement concerné. Que l'Union européenne ne sait pas résoudre parce que les règles instituées ne sont pas adaptées car les problèmes ne peuvent être traités de la même façon tant la situation est différentes d'un État à l'autre, au point de vue matériel mais aussi politique. Elles sont finalement traitées, le plus souvent, suivant les intérêts du plus fort à des conditions qui ne sont pas toujours supportables par tous et qui suscitent des phénomènes de rejet. Le plus souvent de « l'Europe », quelquefois de tel ou tel État, apparu comme directement responsable.
Faute d'un projet commun qui justifierait une certaine solidarité et des compromis.
Avec la « crise des réfugiés », les autres questions ne font plus la une de l'actualité mais reparaîtront demain : crise économique qui perdure depuis 2008 avec une déflation, entretenue par une politique austéritaire ; éventuel éclatement d'une bulle européenne ; crise climatique que la COP21 a médiatisée, sans suite concrète au niveau européen ; relations avec la Russie et l'Ukraine ; recul de la démocratie dans plusieurs États membres qui ne pourraient, aujourd'hui, être candidats à l'Union européenne ; terrorisme ; Brexit ; Grexit hier et avenir de la Grèce aujourd'hui...
Et l'impuissance face aux guerres, aux portes de l'Europe, qui menacent la stabilité d'autres pays de la région..
Angela Merkel a vu juste, qui déclarait sur la chaîne de télévision ZDF : « Cette question de savoir comment nous agissons avec les migrants… va nous occuper bien, bien plus que la Grèce ou la stabilité de l’euro » (1). En effet, la question ne peut être réglée entre amis, par un communiqué insipide et incompréhensible, après une longue soirée de discussion. Le premier naufrage d’un navire transportant des migrants a eu lieu, il y a une vingtaine d'années... Combien de sommets européens depuis ?
Aujourd'hui, des centaines de milliers de réfugiés sont là, d'autres sont en chemin ou en attente...
« L’Europe n’avait jamais vu un tel afflux de réfugiés. D’après l’Office européen de statistiques Eurostat, plus d’1,25 million de personnes ont déposé une demande d’asile dans l’Union européenne en 2015, soit plus de deux fois plus qu’en 2014. La plupart des migrants viennent de Syrie, d’Afghanistan et d’Irak.
Et ce flux migratoire ne ralentit pas, au contraire. Depuis janvier, 130 000 réfugiés sont arrivés en Europe. Or la fermeture partielle des frontières sur la route des Balkans rend leur périple de plus en plus incertain. » (2)
« La plupart des migrants viennent de Syrie, d’Afghanistan et d’Irak », lieux de conflits dans lesquels bien des pays de l'Union européenne sont militairement engagés.
Notamment la France.
Dans le monde, en 2014, il y avait 60 millions de réfugiés (1% de la population mondiale) dont 50% étaient des enfants. Il y a 10 ans, ils étaient « seulement » 37 500 000.
Leur nombre a augmenté suite à 14 conflits dans le monde (3).
En Syrie, plus de 7 millions de réfugiés à l'intérieur du pays, plus de 3 millions à l'extérieur. Surtout dans les pays limitrophes : Turquie (3% de la population), Jordanie (12%), Liban (20%).
Un million ou deux millions de réfugiés de toutes origines en Europe pour 500 millions d'habitants ?
La question n'est pas insurmontable, matériellement. Mais politiquement ?
Tous les États de l'Union européenne et l'Union européenne ont adhéré à la Convention relative au statut des réfugiés (Genève 1951) : « Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays. » (art.14-1). Elle s'applique à toute personne « Qui craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays... » (art. 1A2).
En signant la Convention, l'Union européenne et les États de l'Union se sont donnés l’obligation d'examiner la situation de tout demandeur d'asile qui se présente à la frontière.
De toute façon, ils sont là. Leur renvoi en masse – où ?- est difficile humainement, juridiquement, politiquement, matériellement.
Les accords de Schengen, entrés en vigueur en 1995 pour les sept premiers signataires, ont été étendus aux 26 États adhérents. La procédure Dublin, née avec « l'espace Schengen » de « libre circulation », est simple dans son principe : pour que le demandeur d'asile ne puisse déposer son dossier dans plusieurs États, le traitement de la demande incombe au premier pays qui a laissé entrer, volontairement ou non, le demandeur d'asile.
Cette politique, logique et égalitaire en apparence, n'était pas prise en charge par tous. « L'Allemagne aussi s'y [à une solution commune] est opposée, du temps où les réfugiés n'étaient pas encore aussi nombreux à arriver. L'Allemagne a imposé le système de Dublin à l'Europe... Elle a ainsi pratiquement évacué son droit fondamental à l'asile. Il fallait arriver en Allemagne en parachute pour pouvoir faire appel légalement à ce droit international (4).
Seuls les pays ayant des frontières externes avaient cette charge administrative et financière : Espagne, Italie, Grèce… Cela ne gênait guère les autres États, ni les institutions européennes. Tant que les demandeurs d'asile étaient en nombre limité, cela ne concernait que les pays périphériques. Tout le monde fermait les yeux.
Ces candidats, à l’immigration ou à l'asile, arrivaient morts ou vivants, faisaient la « une » de quelques journaux. Les survivants s'égaillaient ensuite vers l'Europe du nord qui les absorbait.
Les choses sont devenues plus graves avec les printemps arabes et les arrivées en nombre qui ne touchaient que l'Italie ou presque. La France fermait ses frontières à Vintimille pour quelques milliers de personnes. L'Italie payait : « L’Italie a été le premier pays à affronter la crise des réfugiés et a déjà dépensé plus de 9 milliards pour cette urgence... » (5). « L’opération ‘’Mare Nostrum’’ montée par la Marine italienne, a coûté un milliard. Toutefois, cela a évité des tragédies dans la Méditerranée. 366 passeurs arrêtés, 439 interventions effectuées » (6).
Avec la guerre en Syrie, la migration s'est déplacée vers la mer Égée, la Grèce et ses îles. Le nombre de demandeurs d'asile est passé de dizaines à des centaines de milliers. Qui se dirigent vers les pays rêvés : Allemagne ou Suède. Le 25 août dernier, Angela Merkel annonçait, sans avoir consulté aucun État, aucune institution de l'Union européenne, sa décision de ne plus renvoyer les Syriens vers le pays d'entrée de l'espace Schengen, la Grèce, en rupture unilatérale de la Convention de Dublin. Ce geste fort et courageux a été salué par beaucoup. Elle est devenue l'héroïne des migrants syriens et a été entendue jusque dans les camps.
Ce geste n'intéressait pas seulement les Syriens, l'Allemagne et les Allemands mais tous les pays sur la route des Balkans de la Turquie à l'Allemagne.
Le 31 août, Angela Merkel se félicitait du « rêve » d'Allemagne de nombreux réfugiés. Une chance pour le pays. « Wir schaffen das » (On y arrivera). Même si le mouvement Pegida (7), créé en octobre 2014, a trouvé là un motif nouveau de mobilisation. Même si des foyers d’accueil d'immigrants étaient plus souvent attaqués : 202 entre janvier et juin 2015, autant que pour l'ensemble de 2014.
L'Allemagne s'est mise au travail : financièrement, elle en a les moyens, mise en place de sites d'hébergement d'urgence, cours de langue pour permettre le travail, transmission des valeurs constitutionnelles avec pour but l'assimilation (8). La population a réagi plutôt favorablement, même si tout n'est pas rose...
Même si le ministre de l'intérieur, Thomas de Maizière, annoncait le 13 septembre que l'Allemagne rétablissait des contrôles à la frontière avec l'Autriche.
Car des réticences se sont rapidement exprimées, au delà de l'opposition d’extrême droite, de la part de la CSU surtout, branche bavaroise de la CDU, parti d'Angela Merkel, hostile à sa politique d'intégration. L'arrivée quotidienne de milliers de réfugiés en Allemagne pose de sérieux problèmes. Dans le Tagesspiegel, Sigmar Gabriel, le vice-chancelier et président du SPD déclare « C'est moins le nombre de réfugiés que la vitesse à laquelle ils arrivent qui rendent la situation si difficile » (9). Pendant des mois, des centaines de maires et de conseillers régionaux se sont mis en quatre… car ils croient la situation exceptionnelle (10).
Les actes de solidarité de la population continuent : par exemple à Berlin où la ville a organisé une opération « Merci à tous les Berlinois qui se mobilisent pour accueillir les réfugiés » avec le soutien de la presse : « Merci ! Sans votre engagement, cela n'aurait pas marché. » titre le Tagesspiegel (11). Il faut noter que Berlin (3,5 millions d'habitants) a accueilli 80 000 personnes en 2015, autant que l'Autriche (plus de 8 millions d'habitants). Pendant cette même année, la France a accordé l'asile à 79 000 personnes.
Peu à peu, les États sur le chemin de l'Allemagne, et bien d'autres, ferment leurs frontières suivant l'exemple de la Hongrie, tant décriée quand elle a érigé le premier mur pour « protéger l'Union européenne de l'invasion ». La route des Balkans vers l'Allemagne est de plus en plus hérissée de barrages à chaque frontière.
Qui vont transformer la Grèce en une vaste zone de regroupement.
Finalement, Angela Merkel, abandonnée « courageusement » de tous, y compris de ceux qui, comme la France, n'étaient pas sur la route, a dû annoncer, à l'approche d'élections dans trois régions, que l'Allemagne ne pouvait recevoir tout le monde. D'autant que "selon un sondage récent, 81% des Allemands pensent que son gouvernement a perdu le contrôle de la crise des migrants" (12). Ce qui se traduit aujourd'hui par la poussée électorale de l'AfD (Alternative für Deutschland) qui entre au Parlement des trois Länder Bade-Wurtemberg (15,1 % des voix, 19 élus), Rhénanie-Palatinat (12,6%, 7 élus), Saxe-Anhalt (24,5%, 24 élus). Dans ces trois régions, l'AfD fait une poussée remarquable et remarquée en nombre de voix et de sièges !
Revers électoral pour la droite, notamment CDU-CSU, plus que pour Angela Merkel. La Berliner Zeitung écrit : « Outre l’électrochoc de l’AfD, c'est une grande continuité qui ressort de ces élections. Le candidat sortant vert Winfried Kretschmann reste ministre-président [de Bade-Wurtemberg]. Le SPD reste au pouvoir en Rhénanie-Palatinat et le candidat de la CDU Haseloff reste aux manettes en Saxe-Anhalt. Et la chancelière dans tout ceci ? Les trois vainqueurs des élections soutenaient sa politique migratoire. C’est donc elle qui a remporté ces élections - et non pas son parti, qui ne peut s'en prendre qu'à lui même.» (13).
Ce qu’entérine la Frankfurter Allgemeine Zeitung, les candidats chrétiens-démocrates ayant pris leur distance avec la chancelière sur les migrants l'ont payé cher, comme Julia Klöckner, favorite en Rhénanie-Palatinat qui s'est finalement inclinée. Analyse partagée par Gero Neugebauer, politologue allemand dans La Tribune de Genève : « les deux grands vainqueurs de ces élections, un écologiste dans le Bade-Wurtemberg ou une sociale-démocrate en Rhénanie-Palatinat, ont défendu ouvertement la ligne de la chancelière tandis que les perdants, dans le camp conservateur, se sont opposés à Merkel » (14).
Les opposants de la CDU-CSU et l'AfD n'ont à proposer que la fermeture des frontières qui « ne nous permettrait pas de garantir notre confort de vie à long terme. La Méditerranée se transformerait en gigantesque cimetière, la Grèce évoluerait rapidement en État failli et l'Italie redeviendrait instable. Fait notable, la fraction favorable à l'isolement de l'Allemagne n'avance aucune suggestion en vue d'une meilleure gestion du problème des réfugiés… Ceux qui refusent d'y voir un problème européen ne font que mentir à leur public. Et refusent de reconnaître que notre continent, après tant de guerres de religion et d'atrocités, a su établir un système politique viable, et qu'ayant prouvé sa capacité à établir des règles et à garantir la diversité, il est prédestiné à accueillir les migrants » (15).
La CDU-CSU et les chancelleries européennes ne tireront probablement pas de ce scrutin la même conclusion. Angela Merkel risque d'en être affaiblie mais ne semble pas renoncer à sa politique. Alors qu'elle a entamé une négociation avec la Turquie, au nom de l'Union européenne : « Pour lancer un signal de possible réduction des flux à la veille des élections en Allemagne, Merkel s’est comportée comme un vrai ‘’panzer’’ au sommet de l'UE, mettant les partenaires devant le fait accompli d’une ébauche d’entente négociée directement avec les Turcs. Cela n’a été apprécié par personne, également à cause du coût collectif : 6 milliards d'euros et la libéralisation anticipée en juin des visas UE pour les Turcs, ainsi que l’accélération des négociations pour l’adhésion. Le flux des migrants pourrait passer par l’Albanie ou la Libye et l’Italie pourrait devenir le grand ‘’entrepôt d’âmes de l’Union » (16).
Incapables de peser pour une solution pacifique en Syrie, l'Union européenne et les États de la région, membres ou non de l'Union européenne, n'ont qu'une pensée : bloquer à la frontière, les arrivants quels qu'ils soient, en provenance de Turquie…
Peu importent le droit, traités et conventions, et les droits des demandeurs d'asile.
Depuis juin 2015, l'opération EUNAVFOR med s'active dans les eaux internationales entre l’Italie, la Libye et l’Égypte pour « démanteler le modèle économique des réseaux de trafic de clandestins et de traites des êtres humains ». Avec l'accord de la Turquie et de la Grèce, « l’Allemagne dirige actuellement un groupe de navires de guerre de l’OTAN croisant en Méditerranée orientale, qui seraient engagés pour cette opération destinée à compléter le travail de l’agence européenne de surveillance des frontières de l’Union européenne, Frontex » (17).
En décembre, la proposition de la Commission européenne « décupler les moyens et les pouvoirs des garde-frontières et des garde-cotes européens » a reçu un bon accueil et devrait être adoptée en avril par le Conseil européen et le Parlement européen.
Il n'est pas sûr que ces actions soient très efficaces pour une réduction significative des passages.
Devant les nombreuses arrivées et conscient que ce ne pouvait être du ressort d'un seul pays, quel qu'il soit, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a proposé une répartition des demandeurs d'asile entre les différents États de l'Union en fonction d'un certain nombre de critères.
L'accord, été 2015, prévoyait 160 000 relocalisations au niveau européen, quelques centaines ont eu lieu à ce jour. Pour la France, cela impliquait de recevoir 30 000 réfugiés sur deux ans. Mais le démarrage est laborieux, avec 300 personnes, la France est en tête des pays d'accueil devant la Finlande (140 personnes). Bernard Cazeneuve estime que « les dispositifs d'accueil et de répartition des réfugiés dans les “hot spots” ne fonctionnent encore que de façon très imparfaite » (18). A Barcelone, la mairie a lancé une opération « Barcelone, ville refuge » et attend désespérément l'arrivé de réfugiés, plus de six mois après le lancement du plan d'accueil (19).
Seule Angela Merkel pousse pour que cette modalité de prise en charge soit pérennisée par des pays volontaires. Ce que refuse toujours le groupe de Visegrád (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) qui réclame une meilleure protection des frontières de Schengen. Ainsi que Manuel Valls, bruyamment à Munich, sur sa barricade : «Les solutions sont au Levant, en Turquie, en Jordanie, en Méditerranée. Mais il faut un message très clair qui dise "maintenant, nous n’accueillons plus de réfugiés ''» (20).
Le dernier volet pour répondre à cette crise des réfugiés est la négociation avec la Turquie qui pose beaucoup de questions quant au respect des droits des demandeurs d'asile mais aussi quant à la Turquie et aux relations entre ce pays et l'Union européenne.
L'efficacité des actions en mer et de l'accord du 29 novembre 2015 avec la Turquie ne semble pas très grande alors qu'arrivent, sur les côtes grecques, 2 à 3 000 personnes. chaque jour.
Faute d'une politique de l'Union européenne, l'Union européenne aborde cette négociation en mauvaise position. Recep Tayyip Erdoğan sait que la Turquie ne remplit pas les conditions pour être admise dans l'Union européenne mais il nargue une Union européenne aux abois en mettant sous tutelle de Zaman, le principal quotidien du pays jugé séditieux à la veille d'une nouvelle rencontre.
Contre l’engagement de fixer sur le territoire turc les quelque 2,7 millions de réfugiés syriens qui y sont installés, Recep Tayyip Erdoğan pose ses conditions : aide financière de 6 milliards d'euros, libéralisations des visas d’entrée dans l'Union européenne pour les citoyens turcs, accélération des négociations de son adhésion à l'UE...
Récemment, Ankara a proposé avec l'accord d'Angela Merkel et de Mark Rute, premier ministre néerlandais et actuel président du Conseil (de l'Union européenne) que l’Union européenne mette en place, en échange des Syriens reconduits en Turquie, un corridor humanitaire permettant le départ de Syriens depuis les camps installés sur son territoire : « 1 Syrien pour 1 Syrien » (21).
La « crise des réfugiés » est une des crises les plus graves depuis la mise en place de « l'Europe des 6 ».
Dublin a été balayé par l'ensemble des États de l'Union européenne et les accords de Schengen. Mis en place à la demande de la France et de l'Allemagne, ils ne peuvent ni être repris tels quels, ni être abandonnés totalement. Dans tous les cas, cela annonce une longue négociation. Entre combien de partenaires ? Certains calculent déjà, en cas de suppression de ces accords, le coût économique et financier. « C’est à la demande des acteurs économiques, qui souffraient des surcoûts impliqués par les frontières, que le processus qui a abouti à la convention de Schengen... a été lancé dès 1984 par l’Allemagne et la France (accord de Sarrebrück) » (22). Mais aussi le coût politique.
Le démembrement de Schengen première étape de l'agonie de l'Union européenne, au moins dans sa forme actuelle ?
Évolution vers un espace de libre-échange comme le veulent le Royaume-Uni et bien d'autres. Ou division de l'Union européenne en une Union espace de libre-échange et une Union-puissance qui continuerait le rêve. Des propositions sont faites en ce sens. Quoi qu'il en soit, le coup est parti pour de longues, très longues négociations à très grand risques d'éclatement sinon de disparition totale de l'Union européenne. Et peut-être aussi de grands risques pour les « démocraties relatives » de l'Europe.
Dans les mois qui viennent, de nombreuses élections vont avoir lieu dans différents pays de l'Union européenne : en 2016, Autriche, présidentielle, Écosse, Pays de Galle, Irlande du Nord, Chypre, législatives, Royaume-Uni, référendum sur l'Europe, Mecklembourg-Poméranie-Occidentale et Berlin, régionales, Lituanie, législatives, Bulgarie, présidentielle, Pays Basque, Roumanie, législatives ; en 2017, Allemagne, présidentielle, Pays-Bas législatives, France, présidentielle et législatives, Sarre, régionales, République tchèque, Allemagne, Norvège législatives.
Gageons que, pour une fois, la question de l'Europe sera à l'ordre du jour. Même si ce n'est pas tellement le cas encore en France où il est plus questions de tiercé et d'écuries que d'Europe.
Reste que la question des réfugiés, urgente, demeure. Pour les États comme pour l'Union européenne, la question est la même : « droit d'asile ou barbarie » ? (23).
1) Euractiv 17/08/15
2) Euronews 05/03/16
3) http://www.planetoscope.com/Immigration/1912-refugies-dans-le-monde.html)
4) Der Spiegel 23/01/16 cité par Courrier International 04-10/02/16
5) Il Messaggero 04/02/16
6) La Stampa 04/02/16
7) « Patriotische Europäer gegen die Islamisierung des Abendlandes », « Les Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident »). Depuis sa création, le 20 octobre 2014 à Dresde, Pegida manifeste tous les lundis son refus d’être « envahie » par les immigrés et sa méfiance des élites. Pegida a des branches dans l'UE : Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Espagne, Estonie, France, Grande-Bretagne, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Suède, Suisse.
8) Le Figaro 09/09/15
9) Le Monde 14/09/15
10) Süddeutsche Zeitung 30/01/16, Courrier International 04-10/02/16
11) Mediapart 12/02/16
12) Financial Times cité par Toute l'Europe 29/02/16
13) Eurotopics 14/03/16
14) Toute l'Europe 15/03/16
15) Die Welt 20/01/16)
16) Sole 24 Ore 10/03/16
17) Toute l'Europe 11/02/16
18) Figaro 07/03/16
19) Libération 26/02/16
20) Libération 15/02/16
21) Le Monde 07/03/16
22) Libération 07/02/16
23) Le Monde 11/03/16