24 mai 2009
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UN LIBERALISME TRES AUTORITAIRE
Sur le plan économique, le candidat Sarkozy a fait profession de foi de libéralisme pendant sa campagne électorale. Depuis, la crise aidant, le président Sarkozy a senti le vent des mots et n'a pas manqué d'affirmer sa volonté d'intervenir dans les affaires économiques aussi bien au niveau national, interventions contre les patrons voyous ou sur telle ou telle entreprise, sans que cela tire à conséquence, qu'au niveau européen d'où son différent avec Angela Merkel et son rapprochement avec Brown "l'interventionniste" qu'il n'a pas cependant suivi dans la prise de contrôle des banques ou au niveau mondial lors de la réunion du G20 et ses interventions contre les paradis fiscaux.
Quant à l'action, c'est bien différent : si, seul, il ne peut pas grand chose sur les lointans paradis fiscaux, il a quelque pouvoir sur les paradis fiscaux à domicile comme le bouclier fiscal qu'il a mis en place et les centaines de niches fiscales qui sont propres à la France. Là, il défend ces privilèges. Pourtant, tout le monde est d'accord, depuis des années, les écarts se creusent entre les très riches et les pauvres.
Comme l'Etat a besoin d'argent et qu'il ne veut pas d'augmentation d'impôts, l'idée d'un grand emprunt a été lancée. Quelle est la différence entre un impôt et un emprunt ? L'impôt pourrait consister à prendre de l'argent aux plus riches qui ne peuvent d'ailleurs pas le dépenser et ne peuvent donc contribuer à la relance fut-elle "verte". L'emprunt consiste à faire appel à leur épargne et à la rémunérer, donc à les rendre encore plus riches. Qui paiera les intérêts ? Qui remboursera ? On verra plus tard.
Mais comme l'argent manque encore, il faut rogner sur les budgets sociaux d'où la chasse aux faux chômeurs, aux faux malades... Et la montée de l'autoritarisme. Qui touche tous les secteurs de la société. Quelquefois pour bénéficier de l'effet d 'annonce sécuritaire sans que la mesure soit bien réaliste quant à son efficacité et à sa faisabilité : mettre des portiques à toutes les écoles, fouiller tous les cartables (on remplace les employés de l'Education nationale par des portiques ou des policiers dans les écoles ?), vidéosurveillance, excès de zèle des policiers (interrogatoire par la police de deux enfants de 6 et 10 ans, amenés au commissariat par 6 hommes en uniforme pour un vol supposé de vélo ou pour une bagarre entre enfants), interpellation d'un professeur en gare de Marseille, plaintes pour insulte du président de la République ou de ses ministres, sanction contre un journaliste de France 3, interpellations de journalistes, intimidations pour délit de solidarité...
Aujourd'hui, la marmite chauffe d'où la montée du sécuritaire. Mais il n'est pas sûr qu'elle explose. Car les circonstances sont défavorables :
- hégémonie de la pensée libérale même avec la crise mondiale en cours, malgré l'arrogance des parvenus :
- absence de perspectives politiques à gauche (le PS qui ne cesse de se décomposer) et à gauche de la gauche (qui ne cesse de se recomposer) !
Les choses ne vont guère mieux au niveau européen. Les dernières élections en témoignent.
L'association d'un libéralisme assumé et d'une politique sécuritaire n'est pas le fait du hasard. Quand la justice n'est nulle part, il faut que la police soit partout. Il faut se souvenir des paroles d'un ancien ministre de l'Intérieur qui ne passait pour être laxiste : "quand la police intervient, c'est que, quelque part, un ministre n'a pas fait sont travail". Mais c'était encore l'époque d'un certain compromis social.