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13 juin 2009 6 13 /06 /juin /2009 19:44

Les abstentions (Tableau 1)

 

Les abstentionnistes constituent le premier parti européen. Depuis que le Parlement européen (PE) est élu au suffrage universel, en 1979, le nombre d’Etats membres est passé de 9 à 27 et la participation moyenne de 63 à 43,1% soit une baisse de 19,9 points. Mais une telle affirmation a peu de sens car le taux de participation calculé mélange la participation de pays membres récents et anciens. Et même des pays où le vote est obligatoire comme le Luxembourg, Malte, la Belgique.


Considérant seulement les 4 pays fondateurs où le vote n’est pas obligatoire : Allemagne, France, Italie, Pays-Bas, la diminution est cependant pratiquement la même, soit 18 à 22 points.

 

Au passage, un argument explicatif de l’abstention est invalidé : d’après certains, les citoyens se sont abstenus parce que leur point de vue et leur vote ne sont pas pris en compte, notamment quand ils rejettent le Projet de traité constitutionnel. Sur les 4 pays, deux ont voté contre le Projet de traité constitutionnel et on n’a pas demandé leur avis aux peuples des deux autres pays. Les uns et les autres participent au scrutin européen dans les mêmes proportions. Le référendum a eu lieu en 2005, la diminution n’est guère différente d’un pays à l’autre en comparant 2004 et 2009 : +0,3 points en Allemagne, -6,6 points en Italie contre -2,1 en France et -2,8 aux Pays-Bas.

 

Pour les autres pays, il est difficile de porter un jugement d’ensemble tant la participation diffère d’un pays à l’autre. Et devrait interdire les comparaisons d’un scrutin à l’autre pour l’ensemble des Etats.

Si la participation semble diminuer en Espagne, au Portugal, en Grèce, elle reste à peu près constante au Royaume-Uni à un taux bas (moyenne 33,5), plus élevé en Irlande (moyenne 55,7) sans effet décelable du « non » au référendum entre le taux de 2004 et celui de 2009. Pour les pays entrés plus récemment dans l’UE, il plus difficile d’établir des règles générales, on peut remarquer le peu d’enthousiasme des peuples de l’est pour l’UE :

 

Il est souvent affirmé qu’un fort taux d’abstention favorise, en pourcentage, les partis extrémistes. Ce n’et pas le cas pour ces élections européennes en France si on classe dans les extrêmes le Front national (FN) d’un coté, le nouveau parti anticapitaliste (NPA) de l’autre.

En fait, l’abstention semble avoir touché essentiellement l’électorat de la gauche, les couches sociales défavorisées et les jeunes.


Parmi les explications de ce manque d’enthousiasme pour les élections européennes, une paraît importante, c’est la désinvolture avec laquelle gouvernement et partis traitent les questions et les élections européennes : circonscriptions électorales abstraites, absence de campagne électorale, parachutage des candidats…

Lors des 2 référendums sur l’Europe (Traité de Maastricht, Projet de traité constitutionnel européen) la participation était de 70% environ avec un débat important. Bien entendu, quand les électeurs sont intéressés, ce la risque de ne pas satisfaire tout le monde. Aux élections européennes, malgré un choix d’options très important, 28 listes en Île de France, les électeurs ne se sont pas déplacés.

Comme cela, c’est moins risqué. C’était peut-être le but recherché de la « campagne ».

 

Tableau 1 : Participation aux élections européennes depuis l'élection au suffrage universel

Année des élections

1979

1984

1989

1994

1999

2004

2009

Différence
entre 1979
et 2004

Nombre de pays participants

9

10

12

12

15

25

27

Taux de participation

63

61

58,5

56,8

49,8

45,7

43,1

- 19,9

Allemagne

65,7

56,8

62,3

60,0

45,2

43

43,3

- 22,4

France

60,7

56,7

48,7

52,7

46,8

42,8

40,7

- 20

Belgique

91,4

92,2

90,7

90,7

91

90,8

90,4

- 1

Italie

84,9

83,4

81,5

74,8

70,8

73,1

66,5

- 18,4

Luxembourg

88,9

88,8

87,4

88,5

87,3

89

91

+ 2,1

Pays-Bas

57,8

50,6

47,2

35,6

30

39,3

36,5

- 21,2

Royaume-Uni

32,2

32,6

36,2

36,4

24

38,8

34,3

 

Irlande

63,6

47,6

68,3

44

50,2

58,8

57,6

 

Danemark

47,8

52,4

46,2

56,9

50,5

47,9

59,5

 

Grèce

 

77,2

79,9

71,2

75,3

63,2

52,6

 

Espagne

 

 

54,6

59,1

63

45,1

46

 

Portugal

 

 

51,2

35,5

40

38,6

37

 

Suède

 

 

 

 

38,8

37,8

43,8

 

Autriche

 

 

 

 

49,4

42,4

42,4

 

Finlande

 

 

 

 

31,4

39,4

40,3

 

Tchéquie

 

 

 

 

 

28,3

28,2

 

Estonie

 

 

 

 

 

26,8

43,9

 

Chypre

 

 

 

 

 

71,2

59,4

 

Lettonie

 

 

 

 

 

41,3

52,6

 

Lituanie

 

 

 

 

 

48,4

20,9

 

Hongrie

 

 

 

 

 

38,5

36,3

 

Malte

 

 

 

 

 

82,4

78,8

 

Pologne

 

 

 

 

 

20,9

24,5

 

Slovénie

 

 

 

 

 

28,3

28,2

 

Slovaquie

 

 

 

 

 

17

19,6

 

Bulgarie

 

 

 

 

 

 

37,5

 

Roumanie

 

 

 

 

 

 

27,4

 

ENSEMBLE

63

61

58,5

56,8

49,8

45,7

43,1

 

Les vainqueurs et les vaincus.

Sans contestation possible, les partis de droite ont remporté cette élection sans qu’on puisse dire de façon certaine, tant que les groupes ne sont pas formés, dans quelle mesure ces élections renforcent la droite, la droite extrême ou l’extrême droite. Cependant, il est certain que les adversaires de droite de l’UE ont fait une avancée : Pays-Bas, Autriche, Hongrie, Royaume-Uni.

 

Tout aussi incontestable est la défaite de la gauche social-démocrate. Et quel que soit le cas de figure : droite au pouvoir, gouvernement d’union, gauche au pouvoir : le Parti socialiste (PS) s’effondre en France, le SPD n’est pas brillant en Allemagne, le parti socialiste en Espagne, le Parti travailliste fait son résultat le plus faible depuis… 1918 ! A quelques exceptions près : Belgique wallonne, Danemark, Grèce…

 

 

En France, la poussée des écologistes est remarquable : 14,28% pour Europe-Ecologie, 3,7% pour l’Alliance des Ecologistes Indépendants… Cette éclatante victoire d’Europe écologie avec 14 députés ne doit pas masquer que cette poussée n’est pas généralisée en Europe. Le groupe écologiste passera de 32 à 43 parlementaires européens mais 8 de ces 11 députés ont été gagnés en France.

La victoire d’Europe Ecologie peut être attribuée à plusieurs facteurs en plus du talent de Cohn-Bendit qui n’est pas négligeable :

Les écologistes ont été les seuls à mettre Europe dans le titre de leur liste et à faire campagne réellement sur l’Europe, proposant même de mettre en question M. Manuel Barroso comme président de la Commission européenne (CE).

Ils ont réussi à constituer autour des Verts, un rassemblement de personnalités écologistes venant du monde associatif mais aussi s’ouvrir aussi bien à José Bové qui a fait campagne pour le « non » qu’à Eva Joly, autant de personnalités, fortes et fortement médiatiques.

Europe Ecologie a probablement bénéficié de la « lutte sans enjeu », au moins en apparence, que sont les élections européennes à l’occasion desquelles les électeurs n’hésitent pas à voter suivant leurs idées, leurs coups de cœur, sachant que cela n’aura que peu d’influences sur le gouvernement.

Un coup de pouce qui n’est pas innocent a été donné par « Home », au cinéma, à la télévision…

Et surtout la détestable image qu’ont donnée les socialistes européens, incapables de s’entendre contre M. Manuel Barroso ou de mettre en avant une politique crédible et différente de celle du gouvernement et de la CE...

Quant à la Nicolas Sarkozy qui sort de la présidence de l’UE, du G20…  il a mis en avant un langage de crise sans ambiguïté contre les abus du capitalisme, les paradis fiscaux…, oubliant (presque) totalement le libéralisme dont il se faisait le chantre, il y a peu de temps, pour séduire une partie de l’électorat de gauche sans prendre de véritable mesures notamment contre le bouclier fiscal, et il a tenu des propos tout aussi fermes contre la Turquie, l’insécurité, les immigrés… pour maintenir le FN sous l’eau et séduire les électeurs âgés et de droite.

Le PS, empêtré dans une politique libérale qu’il a adoptée depuis des années, s’est retrouvé peu crédible face à Sarkozy, et n’a rencontré aucun écho quand il a repris le thème de l’Europe sociale qui avait déjà été utilisé en dehors de cette période de crise mais jamais mise en pratique quand les gouvernements de Gauche étaient majoritaires.

Cela n’a guère favorisé les dissidents de gauche des partis sociaux-démocrates, Die Linke en Allemagne (7,5%), Le Front de gauche (6,05 alors que le PC seul avait fait 5,9 en 2004). Le Front de gauche a échoué à faire l’unité des « gauches de gauches » (LO et surtout le NPA). Une telle unité aurait pu changer les choses avec des résultats à deux chiffres. Par ailleurs, le Front de Gauche est resté un front de partis ayant pour référence le Front populaire et non la question européenne même s’il a pu parler d’une autre Europe sans beaucoup de précision pour ne pas faire de clivage avec les souverainistes de gauche ou ceux qui veulent quitter l’UE.

Les élus

Les élus confirment certains points déjà avancés :

Les élus de Europe Ecologie sont en moyenne plus jeunes que ceux des autres formations, plus souvent des femmes et d’origine plus diverse. Si tous les élus du PS sont des socialistes, 6 élus d’Europe Ecologie sur 14 n’appartiennent pas aux Verts. Il a fallu la force de Cohn-Bendit pour faire avaler une telle composition des listes qui culmine avec 2 têtes de liste dans les places les plus convoitées en Île de France !

Quant aux élus de la « diversité », c’est au PS qu’ils sont les plus nombreux proportionnellement. EuropeEcologie « compense » par la présence d’un Allemand et d’une Franco-novégienne.

Au total la présence de 8 élus de la « diversité », 11 si on compte les élus des DOM-TOM fait de cette élection la plus ouverte à la « diversité » (11,1 ou 15,3%).

Tableau 2 : Les élus de la diversité

ELUS

UMP

PS

EE

MODEM

FG

FN

LIBERTAS

TOTAL

« diversité »

3+1

3+1

2

0

0+1

0

0

8+3

Total

29

14

14

6

5

3

1

72

 

 

 

+ 2

 

 

 

 

11,1/15,3

AGE

54

52

50,9

56,2

55,8

59,7

60

 

Femmes

13

6

8

3

1

1

0

32

Hommes

16

8

6

3

4

2

1

40

Les élections passées, les élections arrivent. Bien que presque tous les partis n’aient pensé qu’aux prochaines, il n’est pas sûr que les résultats facilitent les choses.

La crise a montré que l’UE était incapable de gérer collectivement la crise aussi bien par l’intermédiaire de son président de la CE qui ne pensait, paraît-il qu’à ménager tout le monde en vue de sa réélection qui semble désormais acquise. Qu’au niveau du Conseil européen. Qu’au niveau des chefs des « grands » pays de l’UE qui n’ont pas su s’entendre. Le résultat des élections européennes poussera-t-il à une réinvention de l’Union européenne ou donnera-t-il satisfaction à tus ceux qui n’en veulent pas et se contentent d’un marché unique ?

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