3 novembre 2009
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Un débat sur l'identité nationale est lancé. Pourquoi pas. Ce débat est tout aussi légitime qu'un autre. Ce qui plus discutable et qui a été dénoncé lors de sa création, c'est l'existence d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale. Et le débat est lancé par ce ministère pour opposer immigration et identité. Cette liaison montre bien qu'il y a préméditation.
Les cartes sont sur la table. Ce n'est pas un débat sur l'identité nationale mais sur l'immigration et l'identité nationale. Lancé par un ministre et un gouvernement qui, depuis des mois, n'arrêtent pas de tenir des propos et de promouvoir des politiques contre l'immigration : les trois Afghans "chartérisés" étant le dernier acte significatif. Faut-il rappeler que le Gouvernement a "oublié" de participer à l'inauguration du musée de l'immigration (Cité nationale de l'histoire de l'immigration) ? Faut-il rappeler les propos de tel ou tel ministre (suivant son ministre, la police n'interpelle désormais que des personnes apparemment "auvergnates")... Le sujet du débat aurait tout aussi bien pu être "L'identité européenne" puisque Nicolas Sarkozy veut européaniser sa politique de l'immigration et ses charters pour les expulsions.
En fait, il s'agit pour le gouvernement de lancer un débat politique sur l'immigration comme danger pour l'identité nationale et conforter par là et sa politique et l'élimination du Front national en lui prenant ses voix au moment des élections locales à mi-mandat de sa présidence. Si la seule conséquence était de faire chuter les voix d'extrême droite, ce serait réjouissant. Mais le corollaire est une exacerbation du débat sur l'immigration et une possible radicalisation droitière de l'opinion publique.
Et c'est un débat très encadré. Au niveau des 100 préfectures et des 350 sous-préfectures pour tenter une prise en main idéologique de la population avec force de sondages et s'ouvrant sur un colloque qui nous délivrera une vérité officielle et des propositions contraires à l'identité nationale, notamment en avançant une éventuelle remise en cause de principes plus que centenaires comme le droit du sol (partiel) ou la reconnaissance de la double nationalité. La commission Marceau Long avait déjà eu cette fonction.
Face à cette tentative d'institution d'une vérité officielle (il y a peu, une autre tentative pour instaurer une histoire officielle n'a pas abouti), les cris d'égorgés de la gauche. Qui se sent incapable de faire face. Parce qu'elle ne sait se cantonner que dans le contre. Mais l'assume difficilement ici, parce qu'elle a, trop souvent, eu une politique très proche de celle de la droite concernant l'immigration. Parce qu'elle est incapable de lancer de vrais débats nationaux. De proposer une politique de rechange et d'espoir qui redonne un sens aux mots, peuple, solidarité...
La première réponse de certains consiste à nier les faits. Il n'y a pas d'identité nationale. Et d'ailleurs, l'immigration ne joue aucun rôle sur cette identité. C'est de plus un facteur d'enrichissement pour la nation, voyez Marie Curie... C'est classique : la vieille casserole trouée que tu ne m'as pas prêtée, je te l'ai rendue neuve.
Il est évident que l'immigration a une relation avec l'identité nationale. De même que Europe ou la mondialisation. Et que l'identité nationale sera modifiée par l'immigration, comme par l'Europe et la mondialisation. En bien ou en mal. L'identité nationale d'aujourd'hui n'est pas celle d'hier. Ou plutôt, c'est celle d'hier modifiée par de multiples contacts avec le monde.
Car l'identité nationale n'est pas définie pour l'éternité. Elle n'est pas figée, stable, elle est complexe, à facettes diverses. Résultante de multiples identités individuelles ou collectives, et contradictoires.
Quand je suis parti, coopérant en Algérie en 1964, je disais : "Je ne suis pas français, je suis socialiste !" Quelle erreur ! En Algérie, j'ai rapidement compris et je disais : "Je suis socialiste français". Faut-il préciser que par socialiste ou socialiste français, je n'entendais nullement membre du parti socialiste, la SFIO d'alors, qui avait conduit la guerre d'Algérie.
L'histoire française, comme l'histoire de tous les pays, est aussi riche de choses admirables que de choses épouvantables. C'est un bloc hétérogène dans lequel il est nécessaire de faire le tri. Mais qui nous imprègne. Il n'est pas possible d'effacer l'histoire : la France, c'est la Révolution, la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen et le colonialisme, la Résistance et la torture en Algérie, c'est la Fille aînée de l'Église et la laïcité...
L'identité nationale, c'est un choix politique. C'est "Liberté, égalité, fraternité" ou "Travail, famille, patrie". C'est le choix de l'un, en sachant que l'autre face existe. Sachant qu'il ne suffit pas de dire mais qu'il faut faire aussi. Le débat tel qu'il est lancé aujourd'hui va contribuer à modifier l'identité nationale. Il va laisser des traces comme tous les événements, tous les débats. La solidarité avec les juifs pendant l'occupation était un crime. La libération en a fait un acte héroïque. Voici que la solidarité avec les sans papiers devient un délit. Même si la filiation n'est pas linéaire. Comment seront perçus demain les actes de solidarité ? L'immigration, les discours, les moyens de lutte contre l'immigration auront eu une influence sur l'identité nationale.
A l'étranger et particulièrement dans les anciens territoires sous domination française , de façon caricaturale, la France, c'est la Déclaration des droits de l'Homme, de Gaulle et Paris (la Tour Eiffel) ! C'est dire qu'aux yeux de l'étranger, la Déclaration fait partie de l'identité de la France, malgré tous les actes contraires à cette déclaration dont la France a été responsable dans le monde. Bien entendu, cette vision de l'identité française n'est pas éternelle. Elle change au fil du temps. Et la politique de la Françafrique lui porte un nouveau coup sérieux. Comme la politique de l'immigration ! Et le débat sur l'identité nationale !!
Et l'immigration et l'identité nationale ? Comme le reste, l'immigration n'est ni totalement bonne, ni totalement mauvaise. L'usage qui en est fait actuellement est particulièrement dangereux. L'immigration a un rôle négatif sur l'identité nationale quand elle est utilisée par les politiques pour masquer leurs échecs. Quand la solidarité devient un délit. Elle est un enrichissement quand elle est permet l'épanouissement des personnes au bénéfice de la société tout entière.
Inutile de comptabiliser la part du PNB qui est due aux immigrés, et les gloires nationales, sportives, artistiques, scientifiques... Ce qui est important aussi bien pour les immigrés que pour les Français d'hier, d'aujourd'hui ou de demain, c'est la qualité de l'accueil, la reconnaissance de la part de dignité dont ils sont porteurs. La place qui leur est faite.
Bien sûr, les promoteurs de la campagne ne manqueront pas de dire qu'il y a les "bons immigrés" et les autres... Ils laisseront à d'autres, moins diplomates, la responsabilité de dire les choses autrement et plus crûment. Quant à eux, ils diront qu'il fut intégrer les bons, quant aux autres, notamment les sans papiers, il faut les refouler. Mais ce discours qui est tenu depuis plus de 30 ans, ne conduit jamais à améliorer les conditions d'accueil et justifie toujours de nouvelles mesures plus répressives qui ne touchent pas seulement les "mauvais" immigrés. Ce qui fait porter la suspicion sur toute personne étrangère ou d'origine étrangère ou semblant d'origine étrngère...
Ce qui est une atteinte à l'identité de la France, ce sont le mépris, les brimades, la stigmatisation dont ils sont victimes. Ce sont toutes les épreuves qu'ils doivent endurer pour qu'une place leur soit enfin reconnue ici. Ce n'est pas seulement une atteinte à l'identité de la France, c'est aussi une atteinte à sa Constitution qui inclut la Déclaration de 1789. Et c'est probablement là le plus grave : cette contradiction lancinante entre les textes "sacrés" et les paroles, les comportements de ceux qui représentent la France !
Comment faire croire à des principes affichés quand ils sont bafoués, tous les jours, ouvertement ? Les jeunes chanteront peut être la Marseillaise mais que penseront-ils quand ils seront victimes des passe-droits, du plafond de verre, de la chasse au faciès, des plaisanteries douteuses...
Mais qui dit principe d'égalité ne dit pas similitude. L'égalité n'est pas résevée, ne doit pas être réservée aux Français mais étendue à tous ceux qui vivent sur le territoire est sont soumis aux lois de la République. Quelle que soient leur couleur, leur religion... C'est par l'application, générale, de ces principes que tout un chacun, Français ou non, quelle que soit la couleur de la peau...., sera incité à participer à la construction d'un avenir commun.
Il peut apparaître paradoxal, peut-être prémédité, que le débat soit lancé dans les termes actuels par ceux qui veulent mettre à bas le système social, la solidarité nationale, qui se précipitent dans un modèle qui fait actuellement les preuves de son inhumanité. Quand on accentue chaque jour les inégalités en diminuant les impôts des riches, en mettant en cause la protection sociale, il peut être utile de détourner le mécontentement vers ceux qui ont encore moins. Faute d'ennemi extérieur, pourquoi ne pas utiliser ceux qu'on a sous la main.
C'est, d'une certaine façon créer une division au sein de ceux qui souffrent également de la politique suivie. C'est agiter le leurre du "choc des civilisations" face à la montée du mécontentement social. Susciter une agitation nationaliste pour détourner d'une mobilisation sociale.
Si l'identité de la France, c'est "liberté, égalité, fraternité", qui porte atteine aujourd'hui à ces valeurs ? Qui multiplie les fichiers, les contrôles au faciès, supprime les juges qui ne sont pas complètement aux ordres, accentue périodiquement la répressivité des lois ? Qui appauvrit les pauvres et enrichit les riches ? Qui désigne la partie la plus fragile de la population comme responsable de la situation ?
Une caste est au pouvoir, sans véritable contre pouvoir. Elle profite de la situation et veut en profiter encore. Mais pour cela, il lui faut donner le change.
Faute de proposer un avenir solidaire à tous, elle divise en offrant à ceux qui souffrent un exutoire illusoire mais qui lui assure la poursuite de sa domination.
La meilleure façon de préserver l'identité de la France, c'est d'appliquer les principes dont elle se dit porteuse : liberté, égalité, fraternité, pour tous quelle que soit la couleur, la religion, la langue, la nationalité. Les inégalités, les exclusions, le repliement sont porteurs d'affrontements violents. L'égalité pour tous aujourdhui, dans les discours et dans les faits, est l'assurance de l'unité de demain.
Les cartes sont sur la table. Ce n'est pas un débat sur l'identité nationale mais sur l'immigration et l'identité nationale. Lancé par un ministre et un gouvernement qui, depuis des mois, n'arrêtent pas de tenir des propos et de promouvoir des politiques contre l'immigration : les trois Afghans "chartérisés" étant le dernier acte significatif. Faut-il rappeler que le Gouvernement a "oublié" de participer à l'inauguration du musée de l'immigration (Cité nationale de l'histoire de l'immigration) ? Faut-il rappeler les propos de tel ou tel ministre (suivant son ministre, la police n'interpelle désormais que des personnes apparemment "auvergnates")... Le sujet du débat aurait tout aussi bien pu être "L'identité européenne" puisque Nicolas Sarkozy veut européaniser sa politique de l'immigration et ses charters pour les expulsions.
En fait, il s'agit pour le gouvernement de lancer un débat politique sur l'immigration comme danger pour l'identité nationale et conforter par là et sa politique et l'élimination du Front national en lui prenant ses voix au moment des élections locales à mi-mandat de sa présidence. Si la seule conséquence était de faire chuter les voix d'extrême droite, ce serait réjouissant. Mais le corollaire est une exacerbation du débat sur l'immigration et une possible radicalisation droitière de l'opinion publique.
Et c'est un débat très encadré. Au niveau des 100 préfectures et des 350 sous-préfectures pour tenter une prise en main idéologique de la population avec force de sondages et s'ouvrant sur un colloque qui nous délivrera une vérité officielle et des propositions contraires à l'identité nationale, notamment en avançant une éventuelle remise en cause de principes plus que centenaires comme le droit du sol (partiel) ou la reconnaissance de la double nationalité. La commission Marceau Long avait déjà eu cette fonction.
Face à cette tentative d'institution d'une vérité officielle (il y a peu, une autre tentative pour instaurer une histoire officielle n'a pas abouti), les cris d'égorgés de la gauche. Qui se sent incapable de faire face. Parce qu'elle ne sait se cantonner que dans le contre. Mais l'assume difficilement ici, parce qu'elle a, trop souvent, eu une politique très proche de celle de la droite concernant l'immigration. Parce qu'elle est incapable de lancer de vrais débats nationaux. De proposer une politique de rechange et d'espoir qui redonne un sens aux mots, peuple, solidarité...
La première réponse de certains consiste à nier les faits. Il n'y a pas d'identité nationale. Et d'ailleurs, l'immigration ne joue aucun rôle sur cette identité. C'est de plus un facteur d'enrichissement pour la nation, voyez Marie Curie... C'est classique : la vieille casserole trouée que tu ne m'as pas prêtée, je te l'ai rendue neuve.
Il est évident que l'immigration a une relation avec l'identité nationale. De même que Europe ou la mondialisation. Et que l'identité nationale sera modifiée par l'immigration, comme par l'Europe et la mondialisation. En bien ou en mal. L'identité nationale d'aujourd'hui n'est pas celle d'hier. Ou plutôt, c'est celle d'hier modifiée par de multiples contacts avec le monde.
Car l'identité nationale n'est pas définie pour l'éternité. Elle n'est pas figée, stable, elle est complexe, à facettes diverses. Résultante de multiples identités individuelles ou collectives, et contradictoires.
Quand je suis parti, coopérant en Algérie en 1964, je disais : "Je ne suis pas français, je suis socialiste !" Quelle erreur ! En Algérie, j'ai rapidement compris et je disais : "Je suis socialiste français". Faut-il préciser que par socialiste ou socialiste français, je n'entendais nullement membre du parti socialiste, la SFIO d'alors, qui avait conduit la guerre d'Algérie.
L'histoire française, comme l'histoire de tous les pays, est aussi riche de choses admirables que de choses épouvantables. C'est un bloc hétérogène dans lequel il est nécessaire de faire le tri. Mais qui nous imprègne. Il n'est pas possible d'effacer l'histoire : la France, c'est la Révolution, la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen et le colonialisme, la Résistance et la torture en Algérie, c'est la Fille aînée de l'Église et la laïcité...
L'identité nationale, c'est un choix politique. C'est "Liberté, égalité, fraternité" ou "Travail, famille, patrie". C'est le choix de l'un, en sachant que l'autre face existe. Sachant qu'il ne suffit pas de dire mais qu'il faut faire aussi. Le débat tel qu'il est lancé aujourd'hui va contribuer à modifier l'identité nationale. Il va laisser des traces comme tous les événements, tous les débats. La solidarité avec les juifs pendant l'occupation était un crime. La libération en a fait un acte héroïque. Voici que la solidarité avec les sans papiers devient un délit. Même si la filiation n'est pas linéaire. Comment seront perçus demain les actes de solidarité ? L'immigration, les discours, les moyens de lutte contre l'immigration auront eu une influence sur l'identité nationale.
A l'étranger et particulièrement dans les anciens territoires sous domination française , de façon caricaturale, la France, c'est la Déclaration des droits de l'Homme, de Gaulle et Paris (la Tour Eiffel) ! C'est dire qu'aux yeux de l'étranger, la Déclaration fait partie de l'identité de la France, malgré tous les actes contraires à cette déclaration dont la France a été responsable dans le monde. Bien entendu, cette vision de l'identité française n'est pas éternelle. Elle change au fil du temps. Et la politique de la Françafrique lui porte un nouveau coup sérieux. Comme la politique de l'immigration ! Et le débat sur l'identité nationale !!
Et l'immigration et l'identité nationale ? Comme le reste, l'immigration n'est ni totalement bonne, ni totalement mauvaise. L'usage qui en est fait actuellement est particulièrement dangereux. L'immigration a un rôle négatif sur l'identité nationale quand elle est utilisée par les politiques pour masquer leurs échecs. Quand la solidarité devient un délit. Elle est un enrichissement quand elle est permet l'épanouissement des personnes au bénéfice de la société tout entière.
Inutile de comptabiliser la part du PNB qui est due aux immigrés, et les gloires nationales, sportives, artistiques, scientifiques... Ce qui est important aussi bien pour les immigrés que pour les Français d'hier, d'aujourd'hui ou de demain, c'est la qualité de l'accueil, la reconnaissance de la part de dignité dont ils sont porteurs. La place qui leur est faite.
Bien sûr, les promoteurs de la campagne ne manqueront pas de dire qu'il y a les "bons immigrés" et les autres... Ils laisseront à d'autres, moins diplomates, la responsabilité de dire les choses autrement et plus crûment. Quant à eux, ils diront qu'il fut intégrer les bons, quant aux autres, notamment les sans papiers, il faut les refouler. Mais ce discours qui est tenu depuis plus de 30 ans, ne conduit jamais à améliorer les conditions d'accueil et justifie toujours de nouvelles mesures plus répressives qui ne touchent pas seulement les "mauvais" immigrés. Ce qui fait porter la suspicion sur toute personne étrangère ou d'origine étrangère ou semblant d'origine étrngère...
Ce qui est une atteinte à l'identité de la France, ce sont le mépris, les brimades, la stigmatisation dont ils sont victimes. Ce sont toutes les épreuves qu'ils doivent endurer pour qu'une place leur soit enfin reconnue ici. Ce n'est pas seulement une atteinte à l'identité de la France, c'est aussi une atteinte à sa Constitution qui inclut la Déclaration de 1789. Et c'est probablement là le plus grave : cette contradiction lancinante entre les textes "sacrés" et les paroles, les comportements de ceux qui représentent la France !
Comment faire croire à des principes affichés quand ils sont bafoués, tous les jours, ouvertement ? Les jeunes chanteront peut être la Marseillaise mais que penseront-ils quand ils seront victimes des passe-droits, du plafond de verre, de la chasse au faciès, des plaisanteries douteuses...
Mais qui dit principe d'égalité ne dit pas similitude. L'égalité n'est pas résevée, ne doit pas être réservée aux Français mais étendue à tous ceux qui vivent sur le territoire est sont soumis aux lois de la République. Quelle que soient leur couleur, leur religion... C'est par l'application, générale, de ces principes que tout un chacun, Français ou non, quelle que soit la couleur de la peau...., sera incité à participer à la construction d'un avenir commun.
Il peut apparaître paradoxal, peut-être prémédité, que le débat soit lancé dans les termes actuels par ceux qui veulent mettre à bas le système social, la solidarité nationale, qui se précipitent dans un modèle qui fait actuellement les preuves de son inhumanité. Quand on accentue chaque jour les inégalités en diminuant les impôts des riches, en mettant en cause la protection sociale, il peut être utile de détourner le mécontentement vers ceux qui ont encore moins. Faute d'ennemi extérieur, pourquoi ne pas utiliser ceux qu'on a sous la main.
C'est, d'une certaine façon créer une division au sein de ceux qui souffrent également de la politique suivie. C'est agiter le leurre du "choc des civilisations" face à la montée du mécontentement social. Susciter une agitation nationaliste pour détourner d'une mobilisation sociale.
Si l'identité de la France, c'est "liberté, égalité, fraternité", qui porte atteine aujourd'hui à ces valeurs ? Qui multiplie les fichiers, les contrôles au faciès, supprime les juges qui ne sont pas complètement aux ordres, accentue périodiquement la répressivité des lois ? Qui appauvrit les pauvres et enrichit les riches ? Qui désigne la partie la plus fragile de la population comme responsable de la situation ?
Une caste est au pouvoir, sans véritable contre pouvoir. Elle profite de la situation et veut en profiter encore. Mais pour cela, il lui faut donner le change.
Faute de proposer un avenir solidaire à tous, elle divise en offrant à ceux qui souffrent un exutoire illusoire mais qui lui assure la poursuite de sa domination.
La meilleure façon de préserver l'identité de la France, c'est d'appliquer les principes dont elle se dit porteuse : liberté, égalité, fraternité, pour tous quelle que soit la couleur, la religion, la langue, la nationalité. Les inégalités, les exclusions, le repliement sont porteurs d'affrontements violents. L'égalité pour tous aujourdhui, dans les discours et dans les faits, est l'assurance de l'unité de demain.