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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 11:39

 

 

 

Les résultats des sondages mettant Marine Le Pen en première position lors d'une éventuelle élection présidentielle ont déclenché des commentaires répétés qui passent à coté de l'essentiel.

 

Tous les politiques sont d'accord sur un point : les sondages sont contestables quand il ne leur sont pas favorables. Et ils étaient défavorables à tous sauf à une. De là à conclure, les sondages, tous pourris, il n'y a pas loin. Mais ils salivent à la pensée d'un prochain sondage que leur serait favorable... De nouveaux sondages enterreront toutes les réflexions antérieures.

 

Certes, il est utile de contester la qualité, la méthode de certains sondages et de les encadrer. Mais ce n'est pas là l'essentiel. Et il n'est pas fondamental de savoir si Marine Le Pen doit être créditée de 20, 21 ou 22% +/- 1 ou 2%. Même si cela conduit à éliminer le candidat PS ou UMP.

Il y a quelques années, un résultat Le Pen au dessus de 10% aurait conduit à pousser des cris d'horreur. Aujourd'hui, à plus de 20%, on s'attaque aux sondages et aux sondeurs.

 

Ensuite est venue la recherche des coupables. Beaucoup d'observateurs ont avancé que le syphon de 2007 fonctionnait dans l'autre sens. Là où de Sarkozy, mimant le FN, avaient réussi à détourner les voix d'extrême-droite, voici que, aujourd'hui, les propos et la politique de Sarkozy ramènent ces brebis égarées au bercail avec quelques autres. Son discours, républicain, laïque, féministe, décomplexé mais plus cohérent que celui de Sarkozy, et plus acceptable par une certaine droite que celui de son père, fait de Marine Le Pen une candidate présentable. Et ce ne sont pas les indignations, les imprécations qui ont échoué face au discours limite du père qui vont marcher contre les discours policés de la fille. Sarkozy a libéré plus que le discours droitier d'une partie de son électorat. Qui va voir ailleurs.

Bien entendu, Fillon a essayé de faire porter le chapeau au PS, sans grand succès. Il manque pour cela de crédibilité car il peut difficilement reprocher au PS de ne pas incarner une véritable opposition. Et pourtant...

 

Tout cela demeure dans le microcosme politicien. Qu'en est-il de la société française elle-même ? Elle est probablement plus saine que le monde politique mais aussi plus désespérée.

 

Plus désespérée car si les caisses de l'État ont été vidées hier, c'est à coup de mesures favorables aux nantis. Les riches sont devenus plus riches et les pauvres plus pauvres. Le gouvernement veut rétablir les équilibres financiers, non en reprenant aux nantis ce qu'il leur a été donné mais en remettant en question les acquis sociaux qui permettent de vivre à la grande majorité de la population. Quoi que pense la majorité de la population. Quel que soit le nombre de manifestants. Ce pays n'a jamais été aussi riche et la situation devient chaque jour plus difficile pour la majorité de la population.

 

La population est plus saine car malgré le matraquage, elle ne suit pas quand le gouvernement essaie de la diviser en lançant des campagnes sur l'identité nationale, sur les roms, sur l'islam, sur les immigrés avec ou sans papiers... Une confirmation évidente, peut-être simpliste : il suffit de voir quelles sont les personnalités préférées des Français, la « diversité » y est fortement représentée.

Plus pertinente, l'analyse de Nonna Mayer, dans un article récent du Monde (11/03/11), montre « que depuis 1990, il y a un recul lent mais constant des préjugés racistes, xénophobes et antisémites et, à l'inverse, une acceptation croissante de l'autre, y compris des musulmans ». Par contre, elle parle « d'une droitisation de l'électorat UMP... Sur les 2 thématiques phares du FN, l'immigration et l'islam ».

 

Finalement, en attaquant, segment par segment, une grande partie de la société française, Sarkozy recueille le plus grand désamour qu'ait connu un président en exercice !!!


Il a réussi à construire contre lui l'unité syndicale au moment de la réforme des retraites, à se mettre à dos presque tous les secteurs de la société civile : les chercheurs hier et les diplomates aujourd'hui, les associations étranglées par la diminution des subventions, les élus locaux y compris de droite qui doivent gérer plus avec moins de moyens, les enseignants et les parents d'élèves devant ce qui est ressenti comme un démantèlement de l'école et plus largement de la formation. Ce chantre de la sécurité a mis dans la rue et les magistrats et les policiers. Il est difficile de trouver un corps, en dehors des restaurateurs..., qui sans être de gauche ne se sente pas agressé, humilié, par les propos ou les décisions fantasques du président de la République. Y compris des ministres méprisés ou négligés, comme son « collaborateur » Fillon, le ministre d'État Juppé et autres Borloo, Kouchner, Yade...

 

Les sondages sont réellement désespérants par les résultats de Marine Le Pen mais aussi, et peut-être plus, par ceux de la gauche qui est incapable d'occuper le boulevard - surdimensionné pour elle ? - qui lui est offert par Nicolas Sarkozy !

 

La gauche qui se dit de gauche étale ses divisions depuis au moins 2005 au point de donner raison à ceux qui affirment qu'elle incarne le vote inutile.

Le rejet de Nicolas Sarkozy est tel que certains peuvent penser que le passage du tout RPR/UMP au tout PS est assuré : hégémonie acquise au niveau municipal, départemental, régional, majorité demain au sénat ? Victoire à la présidentielle et ensuite aux législatives ? Mais pour faire quoi ? Le PS doit faire un gros effort s'il veut incarner, dans les mois qui viennent, une force annonciatrice d'une politique différente et crédible. Pour le moment, avec la complicité des médias, il occupe le terrain dans un ballet de figuration des ego, exacerbé par des primaires incertaines, tandis que prospère la communication de « l'imam caché ».

 

Si Nicolas Sarkozy a pu être qualifié d'agité du bocal, le PS au lieu d'incarner le changement et l'espoir, l'ouverture et la participation amuse la galerie avec la non-candidature du candidat. Les primaires sont organisées pour que le non-candidat puisse s'y présenter, la secrétaire national affirme qu'elle ne se présentera pas contre le non-candidat. Les fonctions du non-candidat l'empêchent de dire qu'il sera candidat. Mais il est autorisé à dire qu'il n'est pas candidat. Personne ne le lui demande.

 

Il ne fait pas de doute que cette danse du ventre devant le buffet ne peut que mobiliser tous ceux qui ont de la peine à boucler les fins de mois. Ne vous impatientez pas braves gens, le sphinx parlera, le moment venu... Actuellement, il « communique » !

 

 

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