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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 20:07

 

 

La presse, ce matin, ne parle que de remaniement. Depuis des mois, le remaniement n'intéresse personne, dit-on. Et on ne parle que de cela. On distrait la galerie. Mais Nicolas Sarkozy a perdu la main et ce qui s'est passé à Lyon est peut-être plus significatif que ce qui s'est passé à Paris.

 

Sarkozy a perdu la main

Depuis 2007, avec un gouvernement dit d'ouverture, Nicolas Sarkozy faisait sa politique de droite sans complexe (sécurité, identité, contre-réforme), la seconde partie du quinqennat devait être plus sociale pour reconquérir une base populaire qui, d'après les sondages, semble lui échapper.

 

Lors du remaniement, les tendances lourdes ont contraint Nicolas Sarkozy à :

  • reprendre François Fillon face aux sondages et à l'UMP. Finalement, le "collaborateur" était-il devenu indispensable ?

  • faire sa place, en embuscade, à Jean-François Copé, à la tête du parti. La candidat pour 2017 sera peut-être prêt avant !

  • recentrer le gouvernement sur l'UMP, départ de Borloo, prééminence de la vielle garde ave Alain Juppé et Michèle Alliot-Marie comme ministres d'Etat, embaucher les marqueurs les plus droitiers, Thierry Mariani, Frédéric Lefebvre.

  • désavouer Pierre Lellouche, face à l'Europe.

 

Tout ceci ne doit pas gâcher le plaisir de voir Woerth enfin remercié et le ministère de l'identité rangé dans les initiatives avortées même si l'immigration est rattachée au ministère de l'Intérieur et à son, toujours, titulaire, sous le coup d'une condamnation par la justice pour des propos peu en accord avec ses fonctions.

 

Il faut ajouter les palinodies autour de la date du remaniement, annoncée, reculée, et tout à coup précipitée, lors d'un long week-end, peut-être pour occuper les médias en lieu et place du second événement.

 

Lyon ou Paris

 

Car l'essentiel pour les équilibres politiques - aussi bien dans les rapports majorité- opposition que dans les rapports interne à l'opposition parlementaire - s'est peut-être passé à Lyon où a été mise en place la deuxième étape de l'écologie politique.

 

La première étape a été la création d'Europe écologie à l'initiative de Daniel Cohn-Bendit contre une bonne partie des Verts qui, cependant raisonnables, ont bien compris qu'après les multiples échecs électoraux, l'arrivée de DCB pouvait être à l'origine d'un bon score même si tous n'approuvaient pas ses positions. En contre-partie, le programme d'Europe écologie, rédigé par des Verts, n'était pas exactement celui de DCB.

Il a alors réussi à faire une large unité du monde écologiste en mêlant les "oui" et les "non" au projet de traité constitutionnel et en allant chercher Eva Joly, icône indiscutable de la lutte contre la corruption. Sur la liste Europe écologie se sont retrouvés des "non" et des "oui" et, à parts égales, des Verts et des non-Verts, là encore malgré la résistance de certains.

 

Les résultats ont confirmé la justesse électorale de cette association et le lancement de la deuxième étape avec la mise sur orbite de la candidature à la candidature d'Eva Joly, finalement admise par Cécile Duflot, en attendant la primaire qui, pour le moment, devrait l'opposer à Yves Cochet. A Lyon, c'est Europe Ecologie- les Verts (EELV) qui a été inauguré, encore à frottements durs que la presse a bien notés en remarquant le coté peu innovant du nom de la nouvelle formation que DCB n'appelle que Europe écologie et que la salle complète en ajoutant "Les Verts".

Mais DCB qui avait parlé, la semaine précédente, du sectarisme des Vert, a fait le voyage de Lyon; en désaccord avec son frère, pour prendre acte, malgré les réticences des certains, du nouveau pas en avant.

 

Dans ce congrès qui aurait pau avoir, sans lui, l'allure d'une messe apparemment consensuelle traversée par quelques réticences, il a avancé les axes de l'étape suivante. Par quelques phrases que la presse a relevées et qui ont dû être appréciées de façon diverse.

 

1 - "Nous ne sommes ni de droite, ni de gauche".  Cela veut dire que l'écologie politique n'est pas basée sur les clivages du 18 ème ou 19 ème siècles mais sur ceux du 21ème. Surtout qu'il ne faut pas se gargariser de mots "de bois" qui évitent de penser . Enfin l'écologie politique doit être ouverte à tous. Waechter est content, sourit, suit et DCB ouvre EELV à d'autres ralliements... Corine Lepage, centristes ?

2 - "Nous sommes antiproductivistes"; Et la gauche (surtout le PC) comme la droite sont productivistes. C'est une façon claire de compléter la proposition précédente et de rappeler que l'axe central de l'écologie politique n'est pas la lutte des classes, n'est pas seulement social mais planétaire, c'est l'écologie. Car le productivisme de droite ou de gauche va dans le mur. Mais il est prudent et n'emploie pas le mot "décroissance" qui ferait plaisir aux écolos les plus radicaux mais ferait fuir certains et surtout la masse des électeurs à séduire.

3 - "Nous sommes contre cette réforme des retraites", "Il faut battre Sarkozy". Ce qui répond probablement au désir d'une large majorité des membres de EELV et qui implique une alliance avec la gauche contre la droite.

4 - "Nous sommes les meilleurs défenseurs des droits de l'homme". Donc à gauche de la gauche sur la question. Ce qui ne peut que réjouir tous les militants.

Ce dont il n'a pas parlé, et c'est une habileté, c'est de l'Union européenne. Tout le monde sait qu'il est très européiste. Au point qu'il a voté "oui" au traité en dépit de son contenu "libre et non faussé" et de son soutien au capitalisme tel qu'il est et tel qu'il veut être. Il accepte l'Union européenne telle qu'elle est.

Le discours de DCB est un discours "attrape-tout" pour battre le PS en attirant tous les électeurs que l'écologie n'effraie plus, alors que droite et gauche ne font que repeindre en vert les murs de leur vieille maison parce que c'est la mode.

Par ailleurs, les rôles semblent bien répartis au sein du mouvement entre Eva Joly à la candidature, Cécil Duclos à la tête du parti, DCB à la manoeuvre, mais aussi dans les structures dirigeantes.

 

Quant à la gauche. La "gauche de gauche" poursuit sa longue marche sur place depuis 2005... Aura-t-elle en 2012, 2, 3 ou 4 candidats à une élection que tous disent vouloir supprimer ?

De son côté, le PS est pris dans la querelle des "écuries" qui sous-tend toutes les prises de position. En attendant, il se divise entre ceux qui suivent son aile gauche et "l'égalité réelle", pour faire le plein à gauche et réduire la "gauche de gauche" au premier tour avant de s'adresser au second tour aux centristes. Et ceux qui veulent profiter, dés maintenant du désarroi de ces centristes et sont prêts à les accueillir comme Ségolène Royal ou au moins à ne pas les effrayer. Le tout sous le contrôle des médias qui ne manquent pas de stigmatiser la non adaptation des socialistes au monde moderne et à la mondialisation. Et qui ont bien entendu le directeur du FMI comme candidat idéal de gauche.

 

Pour le moment, la presse et les élites tolèrent le discours de ces petits écolos bien sympathiques. Surtout qu'ils vont gêner le PS. Dans quelque temps, si EELV monte dans les sondages, comme die Grünen en Allemagne, il n'est pas sûr qu'il en soit de même. Et on verra les "compétents" poser des questions sur le réalisme des programmes. Sur les contradictions qu'il peut y avoir entre certaines propositions programmatiques et un européisme acritique.

Le remaniemnt un peu pécipité, après une si longue absence, témoigne-t-il de la volonté de Nicolas Sarkozy de rendre inaudible les Congrès de Lyon alors quand son centre se dérobe. En d'autres temps, il avait donné un petit coup de pouce en laissant programmer certins films écologiques à la télvision.

 

L'écologie politique, EELV, réussira-t-ellenà se hisser sur le podium ? A quelle place ? La réussite est loin d'être assurée.

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