(Note présentée le 08/01/13 au Cercle des Chamailleurs)
Ce livre très, intéressant, m'est apparu trop complexe pour que je puisse en faire un compte-tendu fidèle. Par ailleurs, la partie constructive n'est qu’ébauchée. Je me contenterai de quelques aperçus, notamment historiques concernant essentiellement les États-Unis et la France, quelquefois le Royaume-Uni.
Pour l'auteur, l'amour de l'égalité est à l'origine de la Révolution. Aujourd'hui, sous l'influence de l’idéologie dominante qui n'est plus l'amour de l'égalité mais la diabolisation de l’égalitarisme et le culte de l'égalité des chances, il y a un consentement à l'inégalité : 57% des Français jugent que les inégalités sont inévitables et sont un facteur qui favorise le dynamisme de l'économie. Et les inégalités se développent en France et dans le monde.
L'invention de l'égalité.
Le christianisme reconnaît l’égalité des hommes au point de vue spirituel et non social ou politique. Avant la Révolution, les nobles se voyaient comme une race à part (Sieyès) et c'est contre cette noblesse que s'est construite en France l'idée de la République des égaux. Une égalité qui ne s'oppose pas à la liberté : Rabaut Saint Étienne parle « d'égaux en liberté ».
Cette notion d’égalité-liberté est en accord avec le marché dans une société précapitaliste où le marché apparaît comme un lieu d'échange des fruits du travail entre égaux en indépendance sans grande interférence de l’État.
La société des égaux, c'est aussi une société de participation des citoyens. Avec le suffrage universel, on compte les voix, on ne les pèse pas comme avec les ordres (noblesse, clergé, tiers-état) où chaque voix n'avait pas le même poids.
Le vote est indissociable d'une communauté politique, la collectivité des citoyens, d'une histoire commune, dans une réunion vivante. On vote en public (isoloir 1913).
La société des égaux est une société de semblables. Est mise en place une politique d'uniformisation (départements contre provinces), d'appartenance, pour fortifier le sentiment d'égalité, pour instiller l'égalité-homogénéité, pour favoriser la norme, langue, mesures, mémoire.
La nation devient une totalité abstraite, détachée des identités sociales ou provinciales...
Dans la société des égaux, il peut y avoir des différences. Mais il faut « Que nul citoyen ne soit assez opulent pour en pouvoir acheter un autre, et nul n'est assez pauvre pour être contraint de se vendre ».(Rousseau).
L'esprit d'égalité est fondé sur les droits du présent contre les droits du passé, des origines, contre les privilèges. La société de marché contre celle des ordres. De l'échange contre la rente foncière. L'argent est le grand niveleur.
L'inégalité des richesses est corrigé par la culture de l'unité nationale, de la fraternité. D'où l'abolition des titres de noblesse et de leur usage, réforme fondamentale qui s'attaque à l'identité des nobles, à leur singularité (19 juin 1790), à partir de 1792, tutoiement citoyen...
Aux États-Unis où il n'y a pas de nobles, après 1800, la démocratie évoque une forme de société plus qu'un régime politique : égalité renvoie au respect mutuel, à la facilité de contact. Servantest humiliant mais les domestiques sont beaucoup moins nombreux qu'en Europe et tout le monde est lady ou gentleman.
L'Amérique fait descendre l'idée d'égalité dans la vie sociale, les Français la projettent surtout dans la sphère politique.
La révolution industrielle, rupture décisive
En Amérique,en 1840 : 80% du travail est indépendant : petits cultivateurs, artisans, commerçants. Avec la révolution industrielle, les travailleurs sont des esclaves. « Les Noirs sont sous la dépendance de maîtres intéressés à leur conservation. Les ouvriers blancs peuvent mourir... On achète les uns, on loue les autres. »
En France, en 1803, Sismondi fait l'éloge de la liberté économique et, en 1819, souligne que travail et capital sont des puissances séparées, en lutte l'une contre l'autre... Certains parlent de 2 nations, privilégiés et prolétaires : « désormais les ouvriers naissent et meurent ouvriers ».
Le libéral-conservatisme va stigmatiser les ouvriers, justifier moralement les inégalités, en faire le moteur du développement industriel : « La misère est le châtiment de la paresse et de la débauche ». « Le développement de l'industrie serait... impossible si les hommes étaient tous également heureux... ». « Il est bon qu'il y ait des lieux inférieurs où soient exposés à tomber les familles qui se conduisent mal et d'où elles ne puissent se relever qu'à force de se bien conduire ».
La misère ne peut être surmontée par l'amélioration de la condition ouvrière mais par la moralisation.
La science va« naturaliser »les vertus, les talents, les localiser dans des zones du cortex (phrénologie) et rendre l'inégalité objective (le QI). Comme les inégalités sont dans la nature, on remplace la lutte pour l'égalité par l'égalité des chances, par la méritocratie : recruter des élites, déceler des génies mais sans fabriquer des frustrés par une ouverture inconsidérée de l'école, chercher partout des talents non une promotion sociale générale. L'égalité de chances masque la reproduction massive des places dans l'ensemble de la société.
Contre l'individualisme et la concurrence
Dés 1820, face à la « secte économique » pour qui la concurrence est la condition nécessaire au progrès, les socialistes vont imaginer des mondes parfaits où règnent l'unité et la fraternité : chacun est inscrit dans un ordre protecteur plus large, pas de concurrence possible, pas d'individu autonome. L'individu n'est qu'un rouage. Unité veut dire indistinction, suppression des antagonismes.
À la Révolution, cette notion d'individu abstrait est corrigée par la fraternité, la civilité, l'attention, la bienveillance.
La société des égaux dessine un horizon qui suppose l'éradication de tout ce qui peut nourrir la discorde, la domination et repose sur l'extinction du politique, de l'économique et du psychologique.
Extinction du politique : Dans cette société de semblables, tous égaux, l'unanimité règne, les membres de la communauté ne sont pas en concurrence mais les rouages d'un ensemble. Le suffrage universel, le pluralisme de la presse sont inutiles. Tout est pensé à l'avance, rationnel.
Extinction de l'économique : Par la suppression de la propriété privée, de l'accumulation de richesse ou de puissance, par une organisation rationnelle et le progrès technique « tous les besoins naturels pourraient être satisfaits avec abondance... l'égoïsme cessera d'exister ».
.Extinction du psychologique : L'éducation et l'école rendront possible l'éradication de l'envie, de l'égoïsme, du désir de distinction. « Partout, la fraternité, l'union, la paix ».
Une nouvelle espèce humaine va naître, dans un monde où tous les hommes ne sont pas seulement égaux mais identiques. Plus de rivalité possible, même dans la conquête des femmes toutes semblables.
Le national-protectionnisme
Face aux rêves socialisants, le national-protectionniste fonde une égalité-identité sur l'homogénéité nationale. Le prolétaire devient l'ouvrier « sous l'égide glorieuse du drapeau tricolore ». Mêlant les intérêts des industriels et des salariés d'où le nom du premier regroupement d'industriels : Association pour la défense du travail national (1846) contre la concurrence cosmopolite ...
Le protectionnisme se veut en faveur de tous les petits, ouvriers, ateliers et propriétés foncières et en définitive de la nation tout entière. La France protectionniste construit la cohésion nationale par une communion identitaire.
Les socialistes ont défini l'idée de nation sur un mode non nationaliste à construire comme espace de solidarité, de redistribution. La nation devient porteuse d'un idéal émancipateur à coté de l'internationalisme. Mais l'égalité des socialistes, égalité de tous les hommes, est exigeante et certains passent du radicalisme révolutionnaire à l'ultranationalisme (France aux Français, France envahie par les étrangers, socialisme nationaliste).
Le protectionnisme ouvrier a une efficacité immédiate. Il institue un traitement inégal entre étrangers et nationaux. Il va prendre la forme de la protection du travail national contre les étrangers, taxer leur utilisation, expulser ceux à la charge de l'assistance publique, prôner la préférence nationale. Il y aura des manifestations et des incidents contre les Belges dans le Nord , avec des morts à Aigues-Mortes en 1893 contre les Italiens,.
A ce national-protectionnisme va s'ajouter l'aventure coloniale qui diffuse, surtout après 1870, le sentiment collectif d'une entreprise conquérante et d'une supériorité par rapport aux peuples à civiliser.
A la société des égaux de la Révolution, le nationalisme de la fin du XIXème oppose l'intégration par la fusion des individus dans un bloc : « L'idée de patrie implique une inégalité au détriment des étrangers » Barrès.
Le racisme constituant aux Etats-Unis
Aux États-Unis, le racisme n'est pas seulement une survivance de l’esclavage dans le sud, c'est aussi une création de la période, dite de Reconstruction.
A la fin de la guerre de Sécession, l'esclavage est aboli par le 13ème amendement (1865) et le droit de vote établi par le 15ème (1869). Mais les Noirs en sont exclus par des artifices : taxe de vote, capacité politique... qui ne touchent pas les Blancs, soit parce qu'ils ont déjà voté, soit parce qu'il descendent d'électeurs...
Durant la période esclavagiste, maîtres et esclaves cohabitaient : distance sociale et proximité physique avec une certaine tolérance aux relations sexuelles. Premières règles de ségrégation dans le nord où il n'y avait pas d'esclavage.
Le racisme aux États-Unis est une forme structurante de la démocratie. Cette séparation donne aux Blancs une identité qui masque les inégalités économiques, donne le sentiment de s'élever ensemble. Le racisme est plus structurant parce que permanent, plus lisible.
Les États-Unis sont le seul pays occidental qui n'a pas connu de parti socialiste important à cause de l'hétérogénéité ethnique et sociale du monde ouvrier, pas de passé féodal, ni d'ordres ; importance de l'individualisme et défiance envers l'État.
Les pauvres sont responsables de leur sort et nombre de Blancs suspectent les Noirs d'être des tricheurs, de profiter du système. Les Blancs ne veulent pas de système redistributif dont les Noirs pourraient bénéficier. Les États qui ont le moins de Noirs ont les prestations sociales les plus généreuses.
Le siècle de la redistribution
La révolution au XIXème siècle est une menace pour les uns, une espérance pour les autres. « Il faut choisir entre une révolution fiscale et une révolution sociale ».
La peur des conservateurs et la raison des socialistes conduisent à une politique de réduction des inégalités avec trois réformes au tournant du siècle :
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adoption dans tous les grands pays de l'impôt progressif sur le revenu (Allemagne 1891, États-Unis, RU, France) avec un taux faibles au début (2% en France, 3% au RU payée par seulement 12 500 ménages).
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Bismarck, en 1883, crée l'assurance maladie obligatoire, cotisations ouvrières et patronales, couvre l'incapacité en cas d'accident du travail en 1884 et en 1889, l'assurance vieillesse.
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Les syndicats légalisés en France en 1884.
Avec la guerre, la nation est une communauté d'épreuve. L'égalité des poilus donne un sens directement sensible à l'idée d'une société de semblables. La guerre a exacerbé la nation-identité et la nation-solidarité : dette sacrée à l'égard des défenseurs de la patrie, par extension, protection et sécurité sociale, vision de l'État assureur.
De même, aux États-Unis, le patriotisme fiscal légitime l'impôt progressif sur le revenu, Revenu Act 1917 :« que les dollars meurent aussi pour la patrie ».
« L 'homme seul n'existe pas », il naît débiteur de la société. L’État est devenu « partie intégrante de chaque individu ». Solidarité socio-économique et citoyenneté politique tendent à se superposer. De plus, il y a la peur de la Révolution d'octobre et le poids du monde du travail, massivement organisé.
L'idée national-socialiste est un peuple souverain et homogène dans l'espace naturel, la race constitue une masse unie et indistincte. Il substitue l'homogénéité naturelle à l'égalité naturelle. La race conduit à l'expulsion d'une partie des hommes hors de l'humanité, condition de l'égalité. On passe du social au racial.
La victoire sur le nazisme écarte cette homogénéité d'exclusion. L'effort de guerre et le partage des sacrifices conduisent à la solidarité. On retrouve, encore plus qu'après la guerre de 14, la volonté de « garantir à tous les conditions de travail meilleures, la prospérité économique et la sécurité sociale » (1941 : charte de l'Atlantique).
En 1945, la peur du monde soviétique prend la suite de la peur de la Révolution d'octobre de 1917 et favorise l’État-providence.
Le grand retournement
L'éloignement des grandes épreuves, la mondialisation, l'effondrement du communisme affaiblissent le réformisme et font réapparaître les inégalités.
Le chômage de masse, l'insécurité sociale ont conduit à un État d'assistance qui gère surtout les situations d'exclusion les plus criantes.
Les hommes sont solidaires quand les risques sont diffus, de causes inconnues, non quand ils sont liées à des comportements individuels ce dont chacun a pris conscience. Les improductifs vivent aux dépens des productifs, le sentiment social de solidarité s'émousse, on explique la pauvreté par la paresse …
Dans le capitalisme classique, les travailleurs manuels sont interchangeables. Dans le nouveau capitalisme, les salariés doivent répondre à l'imprévu, la créativité est un facteur de production, l'économie de services donne de l'importance au consommateur et à la singularisation du travail : soin, conseil, enseignement, artisanat spécialisé, livraisons ou réparations à domicile. D'où la notion de qualité, indissociable d'une certaine autonomie.
Aujourd'hui, le marché du travail peut expliquer la hiérarchie des salaires mais le pdg qui gagnait 35 fois le salaire moyen de l'ouvrier en 1974, gagne 150 fois plus en 1990. Ce ne sont pas la vertu ou le mérite qui ont déterminé la montée en flèche des rémunérations. Mais la ruse, le rapport de force, la connivence voire la corruption entre dirigeants, administrateurs, actionnaires.
L'égalité radicale des chances
Les différences ne peuvent être justifiées que par le mérite ou le hasard, à la fois opposées et complémentaires : le mérite pour le talent (nature) et le comportement (vertu). La compétition révèle les capacités, la chance aide à supporter l'injustice ou la compétition trop rude.
L'égalité des chances liée à la méritocratie servent à disqualifier l'égalité par l'invention et la démonisation de l'égalitarisme.
L'égalité des chances a plusieurs aspects.
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Égalité légale des chances : suppression des privilèges et des barrières juridiques ou corporatives avec Déclaration des droits de l'homme.
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Égalité sociale des chances :
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Neutralisation des distorsions par l’égalité institutionnelle : école républicaine, ouverte à tous. En 1793, proposition d'une école, maison de l'égalité, pour former des hommes nouveaux soustraits de 5 à 12 ans au milieu familial.
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Une société démocratique appartient aux vivants, les morts n'ont rien à y jouer., d'où différentes propositions touchant à l'héritage : le supprimer (oisiveté héréditaire), abolir la « propriété par droit de naissance » et non « par droit de capacité », système de succession nationale pour doter les Français modestes au démarrage dans la vie, doter à 25 ans et retraite à 50, déclarer nulle toute disposition avantageant un héritier, forte fiscalisation,
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Mais s'il y a une égalité permanente des chances, il n'y a plus de chance à saisir ou d'efforts à faire.
La société des égaux aujourd'hui
L'égalité des chances théorise les inégalités légitimes, justifie les enrichissements les plus spectaculaires par le mérite, critique l'État redistributeur, remplace les droits sociaux par la compassion.
L'individualisme d'universalité concerne des êtres humains, tous égaux, tous semblables, membres du souverain par le droit de vote. La société des égaux, au XIXème, est une société sans classes : « le développement de chacun est la condition du libre développement de tous ». L'égalité des libertés est un idéal d'émancipation, d'autonomie. Une société où les différences ne créent pas d'exploitation, de domination ou d'exclusion.
L'individualisme de singularité. Aujourd'hui, les inégalités résultent autant de situations individuelles, de trajectoires personnelles que des conditions sociales.
Dans l'égalité de singularité chacun se manifeste par ce qui lui est propre, chacun a les moyens de sa singularité, de son autonomie, de se donner un avenir. La singularité n'est pas tendance à la distanciation mais attente d'une reconnaissance mutuelle des particularités. Faire société à partir de ce que les individus ont de spécifique.
Il faut des règles justes qui correspondent à l'individu universel.(pôle de généralité : droits sociaux et politiques, automatiques, inconditionnels) et des règles qui favorisent l'attention à autrui (pôle de singularité : respect, dignité, non-discrimination, possibilité de construire son histoire)
Le respect et la reconnaissance sont des biens sociaux fondés sur une relation de réciprocité, permettant à une multitude d'êtres singuliers de faire société. La réciprocité ne vise pas à l'égalitarisme, stricte égalité arithmétique, ni une égalité-indépendance hors d'atteinte dans un monde complexe mais une égalité d'engagement : mêmes droits et mêmes devoirs .
La pathologie de la singularité
A tous les niveaux de l'échelle sociale se sont développés des comportements d'éviction et de distinction : recomposition des identités collectives, segmentation, discrimination, séparatisme social.
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La discrimination : c'est l'assimilation négative d'une personnes à l'un de ses caractères, la réduction d'un individu « à sa classe de singularité », « à cette singularité ».
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L'âge des sécessions et des séparatismes : La frange la mieux lotie de la population vit en dehors du monde commun, elle fait sécession : émigrés fiscaux... Juridiquement citoyens, ils ne font plus partie de la communauté. Les conditions d'un divorce explosif entre 2 nations séparées et hostiles comme au XIXème.
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La dépolitisation : La délégitimation de l'impôt redistributif et la tendance au séparatisme social traduisent une forme de dépolitisation. L'essence de la démocratie, c'est l'organisation d'une vie commune entre gens différents, la fusion des habitants en un même corps civique.
Un groupement humain qui ne se pense que sous les espèces d'une homogénéité donnée n'est pas seulement non démocratique, il est aussi non politique. -
Le séparatisme à base territoriale, régionale ou autre : Aux États-Unis, attaques du fédéralisme fiscal à fonction redistributive, « unincorporated areas » zones résidentielles sans structure municipale, ni services publics : forme la plus avancée pour substituer le principe d'homogénéité, à connotation identitaire, au principe démocratique.
La tentation de l'homogénéité
La robustesse de l'État-providence dans les pays scandinaves est lié au caractère socialement et ethniquement homogène. La diversité ethnique ou culturelle freine l'exercice de la solidarité.
Deux conceptions antagonistes de l'homogénéité :
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La première sur le mode d'une qualité donnée équivalent à une identité figée.
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La seconde comme travail d'homogénéisation lié à la réduction des inégalités et à l'exercice d'une démocratie fortement délibérative.
Conclusion
Comment être semblables et singuliers, égaux et différents, égaux sous certains rapports et inégaux sous d'autres ?
Lors des révolutions américaine et française, Les idéaux de similarité, d'autonomie et de citoyenneté s'accordaient. C'était le temps de l'égalité heureuse. Société des égaux dans une économie simple de l'égalité : droits de l'homme, suffrage universel, marché...
Aujourd'hui, dans une économie complexe à l'âge de l'individualisme de la singularité, l'égalité doit admettre la différence mais celle-ci tend à se transformer en inégalité destructrice. D'où la nécessité d'une réciprocité ouverte : « de chacun suivant ses possibilités à chacun selon ses besoins ». qui peut tolérer une inégalité économique tant que l'écart de ressources n'entame pas la forme de similarité, de réciprocité.
Trois choses me semblent ressortir de ce livre :
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L'évolution parallèle des sociétés surtout étasunienne et française avec quelques particularités qui permettent de comprendre certaines différences.
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Le retour périodique d'affrontements avec les mêmes arguments
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La nécessité de réfléchir à une revendication moderne d'égalité qui ne peut s'en tenir à l'égalité universaliste de tous égaux, tous semblables de la Révolution mais qui doit être une égalité universaliste dans le respect des différences, ce que l'auteur appelle l'universalité de la singularité.
LA SOCIETE DES EGAUX Pierre Rosanvallon Le Seuil 2011 434 p