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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 10:01

A propos du terrorisme endogène, un éditorial récent de Libération* citait Albert Camus : « Le terrorisme ne mûrit pas tout seul. Il faut le fruit amer des humiliations accumulées par une population marginalisée  ». (Note en fin d'article)

 


Malheureusement après cet excellent diagnostic emprunté, l'éditorialiste ne propose pas une remède souverain. S'il évite de faire référence au « kärcher  » envisagé naguère contre la «  racaille  », il se contente de proposer : « A nos sociétés, aux communautés musulmanes de convaincre ceux qui s'en sentent exclus que la violence au nom d'une religion dévoyée est une impasse personnelle et un suicide politique ». Si on ose cette transposition hasardeuse, il propose après le sabre sarkozien le goupillon.


 

Est-ce plus efficace ? Il aurait du auparavant méditer la parole non d'un philosophe mais d'un maître du football parisien** : « On peut sortir un garçon de Rosengård mais on ne peut pas sortir Rosengård d'un garçon  ». Car on peut gagner des millions et être encore prisonnier du quartier de son enfance.


 

Contre l'accumulation des humiliations, contre la marginalisation de populations, le prêche sociétal ou religieux sera-t-il suffisant pour ramener la tranquillité. Car ce n'est pas le sentiment d'exclusion qu'il faut combattre mais l'exclusion elle même ! Ce n'est pas seulement les actes de violences qu'il faut traiter mais les situations de violence. Et c'est bien plus difficile.


 

Ce qui gène la sphère des compétents, ce n'est pas l'impasse personnelle et le suicide politique dont tout le monde se moque bien. Mais la révolte qu'il génère. Que comptent les dizaines de milliers d'humiliés, de marginalisés, silencieux et pacifiques, eux aussi enfermés dans des impasses sans aucun avenir politique ? Les petites mains dans les ateliers asiatiques ? Les suicides physiques sur les lieux de travail de ceux qui n'en peuvent plus ?

Les actes de violence contre le autres ou contre soi-même sont intolérables. Les situations de violence sont elles bien tolérées par ceux qui n'en soufrent pas ou même qui en vivent. Ce sont les politiques qui attaquent toutes les sociétés européennes, y compris le paradis social-démocrate suédois, et bien au delà, qu'il faut combattre.


 

La révolte individuelle des « terroristes endogènes  » de Londres ou de Paris, viennent s'ajouter aux révoltes des banlieues suédoises, britanniques ou françaises et aux révoltes populaires grecques, portugaises, italiennes, françaises pour crier, qu'il n'y a qu'une solution à ces révoltes multiformes : TINA : changer de cap, maintenant !

 

Note : Un ami lecteur me signale un article et des référeces sur Camus à partir du texte de cette citation

http://bonheurdelire.over-blog.com/article-le-terrorisme-vu-par-albert-camus-56459055.html.

 

 

 

* TINA, « there is no alternative », « il n'y a pas d'autre choix », attribué à Margaret Thatcher et repris par tous les compétents de la planète.

** Libération, 29/05/13

*** Rosengård , quartier populaire de Malmö. Zlatan Ibrahimovic CI 30/05-05/06/13.


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