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19 avril 2017 3 19 /04 /avril /2017 22:00
Europe : dernière issue ?

Europe : dernière issue ?

Les questions européennes ont rarement été aussi présentes dans une élection française, y compris pour le Parlement européen.
Depuis quelque temps, l’Union européenne (UE) est un sujet à chaque élection nationale dans les États membres. Toute élection est devenue un test, un référendum pour ou contre l’appartenance à l’UE.

C’était un murmure, cela devient un grondement tant le mécontentement monte devant la politique suivie par les gouvernements. Et leur persévérance à faire la sourde oreille ne peut qu’accentuer la tendance.
Malgré les résultats aux référendums et élections, ils croient régler le problème en ignorant la volonté populaire. Ils ont raison, à court terme.

Le référendum sur le projet de constitution européenne de 2005 est exemplaire. Ayant perdu le référendum, la nomenclature politique nationale, aidée par la médiatique, a réparé prestement les errements du suffrage universel. Aujourd’hui, 8 candidats sur 11 sont classés eurosceptiques. Deux sont dans le quatuor pouvant parvenir au second tour, d’après les sondages.

Europe : dernière issue ?

Partout, la grogne monte et s’exprime, le plus souvent, à travers un vote favorable à la droite ou à l’extrême droite, raciste ou xénophobe. Ce que démontre une étude sur les résultats de près de 250 élections nationales en 15 ans, depuis 2001, l'extrême droite gagne du terrain. Jusque dans la très vertueuse Scandinavie : en Suède, Parti des Démocrates à 13 % et les Vrais Finlandais à 18 % en 2014 (1).

Au Danemark, le Parti populaire, d'extrême droite, confirme en 2014 et 2015 sa progression. Arrivé en tête avec 26,6 % (4 sièges au lieu de 2), lors des élections européennes de 2014, il arrive en deuxième place, aux élections législatives de 2015, avec plus de 21 % des voix et 37 sièges (+15), devenant pour la première fois, la principale force politique du bloc des droites.

Les résultats des dernières élections en Europe témoignent de la distance entre l’opinion populaire et les gouvernants qui l’ignorent. L’aveuglement de Cameron au Royaume-Uni est démonstratif. Le référendum qu’il a, malicieusement, suscité l’a éliminé en juin 2016.

Lors de la dernière présidentielle, autrichienne, en décembre 2016, l’élection du candidat vert a été célébrée comme une grande victoire parce que le jeune (45 ans) candidat d’extrême droite (FPÖ) n’avait obtenu que 46,4 % des suffrages !

Aux Pays-Bas, en mars 2017, le parti pour la liberté, PVV, de Geert Wilders, n’a pas obtenu les résultats que la presse annonçait. Il a seulement progressé de 15 à 20 sièges, devenant le deuxième parti au Parlement. Le parti libéral, VVD, du premier ministre, Mark Rutte, a perdu 8 sièges (33 au lieu de 41) et son allié le PvDA, 29 sièges (9 au lieu de 38). Il passe de la deuxième à la septième place au Parlement !
Mais la peur a été si grande que la presse transforme en un succès cette humiliante défaite, les partis gouvernementaux chutent de 79 à 42 sièges !
Les autres bénéficiaires du scrutin sont des partis ne participant pas au gouvernement.

Les eurocrates sont satisfait. La majorité n’a pas encore basculé. Aucune raison de changer de politique…

Mais les angoisses reviennent : des élections auront lieu dans les mois qui viennent : présidentielle et législatives en France, régionales en Allemagne au Schleswig-Holstein et en Rhénanie-du-nord-Westphalie en mai, législatives au Royaume-Uni, en juin, législatives en septembre en Allemagne et en Tchéquie, en octobre. Toutes ces élections vont peser, de façon différente, sur l’avenir de l’UE.

 

Europe : dernière issue ?

Dans l’actuelle élection présidentielle en France, 4 candidats qui ont des lignes politiques différentes, recueilleraient, chacun, autour de 20 % des suffrages.
Emmanuel Macron, souverainiste européen, ancien ministre de l’Économie du président Hollande et François Fillon, partisan d’une Europe intergouvernementale, ancien premier ministre du président Sarkozy. Et deux candidats, classés, Europe-sceptiques, l’une de droite, Marine Le Pen, et l’autre de gauche, Jean-Luc Mélenchon.

Cette configuration à 4 candidats, ayant à peu près autant de chances d’arriver au second tour et d’être éventuellement élus, si l’on en croit les sondages, n’est pas banale. Les choses sont habituellement plus simples : un candidat de gauche, l’autre de droite ou un européiste, face à un Europe-sceptique.

Les favoris des chancelleries sont Emmanuel Macon et François Fillon. Tous deux favorables à la politique du pacte de Deauville de 2010, c’est à dire à l’application énergique des Traités notamment au point de vue budgétaire, déficit public inférieur à 3 %, convergence, harmonisation des fiscalités…
Avec des nuances dans la gouvernance de la zone euro qui pourrait nécessiter un nouveau traité : ministre de l’Économie et des Finances de la zone euro, sous le contrôle d’un parlement de la zone euro, constitué de parlementaires européens des différents États (E.Macron), tropisme positif pour l’énergie nucléaire civile et militaire, et pour la Russie (Fr.Fillon)… Mais avec patience et souplesse, et nos ministres n’en manquent pas, les problèmes pourraient se résoudre ou rester en l’état…

L’élection de Marine Le Pen poserait d’autres problèmes. Car son programme comporte la reconquête de la souveraineté notamment monétaire, avec le retour à une monnaie nationale tout en maintenant l’euro comme monnaie commune. Marine Le Pen veut mener à bien des négociations en 6 mois - il est prévu 2 ans pour le Brexit - suivi d’un référendum…
Cette séparation sur une base d’indépendance nationale est une éventualité à laquelle l’UE devrait s’être préparée car c’est la question qui est soulevée par le Brexit, et dans de nombreux pays. L’organisation européenne est riche en compromis de tous genres sur toutes les questions… sur toutes les exceptions…

La question posée par Jean-Luc Mélenchon n’est pas dans le même registre. Il ne veut pas sortir de l’UE. Il veut abolir ou, au moins, modifier la politique socio-économique, austéritaire de l’Union. Ce qui ne peut se faire sans modification des traités. Il n’avance la sortie de l’Union que comme menace, pour dire qu’il ne fera pas comme Alexis Tsypras ou François Hollande, qu’il ne cédera pas au premier froncement de sourcil…
Les cartes sont sur la table. Plan A, plan B ? En sachant que la sortie de la France, que ce soit pour des raisons nationalistes ou des désaccords sur la politique socio-économique, sonnerait la fin de l’UE telle qu’elle s’est construite jusqu’ici.Les termes de la négociation sont connus de tous. Il est évident que s’il y a négociation, cela veut dire que tout n’est pas à prendre ou à laisser. Que l’issue de la négociation dépendra du rapport de force qui s’établira au lendemain de l’élection. De la fermeté des négociateurs. Des alliés éventuels. De la mobilisation des opinions publiques dans les différents pays.
La Grèce a été bien seule dans son bras de fer avec la Troïka. Les gouvernements de l’UE n’ont pas bougé. Et les opinions publiques si peu. Il n’existe pas d’espace public européen. Pourrait-il apparaître à cette occasion ? Que le tout sera entériné par référendum.

Europe : dernière issue ?

L’arrivée de Mélenchon au second tour, ou son élection, sont peut-être moins dangereuses que l’élection de M. Macron ou de Fr. Fillon. Celle-ci risque d’encourager la nonchalance des gouvernements européens dans leurs certitudes avec, à terme, le risque d’explosion de l’UE dans des circonstances imprévisibles. Une explosion des nationalismes serait catastrophique.

Une négociation avec J-L. Mélenchon, soutenu par l’opinion publique et plusieurs gouvernements, pourrait aboutir à une évolution de l’esprit des traités et à des politiques qui mettraient l’UE sur une autre voie et amélioreraient la situation des plus défavorisés.

C'est peut-être la seule solution pour l'Union européenne de ne pas sombrer.

1 - http://www.lefigaro.fr/international/2016/12/02/01003-20161202ARTFIG00108-que-pese-reellement-l-extreme-droite-en-europe.php

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