La révolution macronienne est cohérente, elle tient dans la paraphrase d’une déclaration célèbre : tout ce qui est bon pour les premiers de cordée est bon pour tous les Français. Elle consiste à remplacer la logique de la solidarité par une logique financière individuelle. Quelques exemples.
Macron a remplacé l’ISF (Impôt de solidarité sur la fortune ) par l’IFI (Impôt sur la fortune immobilière). Qui consiste à soustraire la richesse financière à l’impôt de solidarité pour permettre à son détenteur d’investir comme bon lui semble : autrement dit soustraire à la décision publique, à l’intérêt public, à la solidarité, pour donner à la décision individuelle, à la recherche du profit qui peut, bien sûr, résider dans l’investissement dans des entreprises françaises (motif avancé) ou étrangères ou mieux dans des fonds spéculatifs ou d’investissements dont un des plus puissants est aujourd’hui connu de tous : BlackRock, le plus important gestionnaire d'actifs au monde, avec près de7 000 milliards de dollars dont les principaux clients sont des investisseurs institutionnels (Wikipedia). La société affiche une rentabilité d’exploitation exceptionnelle : acheter dans hésiter (JDD 18/01/20).
Maintenir l’impôt sur la fortune immobilière, c’est inciter les plus pourvus à se désengager de l’investissement dans l’immobilier, imposé, pour passer à l’investissement dans la finance, non imposé.
Pourtant, il ne semble pas qu’il y ait trop de logements en France !
Ce petit cadeau avec baisse des ressources de l’État est accompagné par la diminution de 5 euros par mois et par ménage de l’Aide personnelle au logement (APL). Diminution de prélèvement pour les gros. Récupération sur les plus pauvres !
Au 1er février, le taux du Livret A et du Livret du développement durable sera abaissé à 0,5 %, taux historiquement le plus bas, avec une inflation proche de 1 %. Pour le ministère des finances, le taux du Livret A n’a plus vocation à couvrir celui de l’inflation (Le Monde 12/01/20).
Il y a 55 millions de Livrets A en France car c’est le moyen le plus simple pour nombre de particuliers d’avoir quelques ressources disponibles en cas de nécessité. Le ministère pense que cette baisse des taux devrait pousser à mettre ses économies dans des placements plus dynamiques ! Plus risqués ! Inciter les plus pauvres à risquer leurs économies ! A devenir boursicoteurs ! Dire aux petits porteurs qu’ils doivent les investir, c’est les pousser à prendre des risques, à se convertir à la spéculation boursière ? Le réveil peut être douloureux, en cas de renversement de la conjoncture ou de besoins de financement imprévus.
On aurait pu diminuer le plafond des placements (actuellement 22 950 euros) et réserver ce conseil aux titulaires des carnets les plus garnis ! Les petits porteurs de Livret A se contenteront probablement de voir se dégrader leurs économies plutôt que de risquer de les perdre.
L’exécutif sait que sa décision est très impopulaire et concerne pratiquement tous les foyers qui détiennent un ou plusieurs livrets A. Or la rémunération est devenue dérisoire. Pour Bruno Le Maire, le maintien d’un taux de 0,75 % aurait été irresponsable par rapport à notre politique de diversification des placements. Et irresponsable pour les milliers de personnes qui attendent un logement social. En effet, la réduction du taux à 0,50 % permettra de construire 17 000 logements sociaux supplémentaires et d’en rénover 52 000 chaque année. La mesure pénalise les épargnants mais renforcerait la politique du logement… Il oublie de dire, que pour compenser cette baisse du taux des livrets, il a imposé aux bailleurs sociaux de diminuer les loyers donc leurs moyens.
Autrement dit, il a organisé un coup à 3 bandes, sur le dos des pauvres et une opération plus discrète, au bénéfice des banques. Car elles profitent de 40 % des sommes collectées : elles vont rémunérer cette épargne au taux de 0,5 % au lieu de 0,75 % : un cadeau de 400 millions d’euros (Libération 18/01/20).
Il est intéressant de constater que le ministre justifie cette mesure en opposant petits épargnants et mal logés sans parler des bénéfices qu’en tirent les banques.
Il n’a jamais dit combien de logements auraient pu être construits avec le montant du cadeau fait avec la suppression de l’ISF.
Dans la réforme, il est prévu un taux de cotisations retraite unique de 28,12 % sur les salaires mais les revenus au-delà de 120 000 euros par an ne donneront pas de droit à la retraite et ne seront soumis qu'à un taux de 2,81 % de cotisations, utilisées pour contribuer à l'équilibre du système. Les sommes qui ne participeront pas à l’équilibre du système, sur les salaires au-delà de 10 000 euros par mois, donnent beaucoup d’espoir aux assurances privées ou autres fonds de pensions ou d’investissement.
La Révolution libérale d’Emmanuel Macron est en marche : tous libres, tous égaux, tous fraternels ; tous boursicoteurs, tous contre tous. Jamais solidaires !
NB : même si le travail reprend sans le retrait total du projet de réforme, les grévistes ont obtenu un certain nombre de concessions. Et nul ne sait ce qui va se passer dans les jours, les semaines qui viennent...
Une chose demeure, les grévistes souffrent beaucoup au niveau financier. La solidarité financière sera appréciée. Moralement. Financièrement.
Ci-après quelques images de la manifestation du16 janvier 2020 à Paris. Avec une participation plus importante des milieux enseignant et culturel...
Et aussi policier : sur le parcours de nombreuses rues étaient fermées par des barrages grillagés...
commenter cet article …