Le blog de Paul ORIOL

La France vient de vivre sa seconde manifestation cathodique internationale : après les Jeux olympiques de Paris qui n’étaient pas que sportifs, l’inauguration de Notre-Dame de Paris qui n’était pas que religieuse.
Les deux ont été l’occasion de flatter la fierté nationale par leur qualité reconnue et la réussite de leur organisation seulement troublée par la pluie.
Un grand besoin de positif dans une situation politique qui perdure : une France sans gouvernement.
Ouverture des J.O. alors que la France n’avait plus de gouvernement après la démission de Gabriel Attal.
Inauguration de N-D alors que la France n’en avait pas encore après la démission de Michel Barnier.

De la présidence jupitérienne à la présidence ébranlée.
Emmanuel Macron, élu président de la République le 7 mai 2017, se retrouve sans gouvernement au bout de 7 ans, avec une gouvernance, un budget et une situation politique dégradés.

Notre-Dame de Paris est fortement endommagée par l’incendie du 15 avril 2019, Emmanuel lui déclare sa flamme et promet qu’elle sera rebâtie dans les 5 ans ! Promesse tenue grâce à sa forte implication.

Emmanuel Macron semble plus efficace comme technocrate que comme politique.

Les J.O. lui avaient échappé, il n’avait pas échappé à quelques sifflets. Notre-Dame, reconstruite et embellie, a permis au président de la République de se présenter dans la lumière. Au milieu d’un parterre choisi, dans une manifestation publique, télévisée, de représentants du trépied national du pouvoir : le politique, le religieux et l’argent avec la présence de généreux donateurs… .Ainsi que  des chefs d’État, de gouvernement...

Cet événement ne pouvait éviter la politique, petite ou grande, plus ou moins discrète.
Emmanuel Macron a profité de l’occasion pour apparaître comme le maître de céans et comme à son habitude, pour distribuer accolades et poignées de main, quelquefois évitée (avec le premier ministre démissionnaire).
Il a aussi invité le président élu des États-Unis et le président de l’Ukraine d’où une belle image et une première rencontre…
La présence simultanée de François et de Donald Trump aurait été plus cocasse.

Mais le pape François n’a pas répondu favorablement à l’invitation du président de la République. Il a choisi d’aller à Ajaccio quelques jours plus tard.

Le pape François a cependant envoyé un message à l’archevêque de Paris pour lui donner ainsi qu’à toutes les personnes présentes, la Bénédiction. Et rappeler par la même occasion que Notre Dame sera bientôt de nouveau visitée et admirée par une foule immense de personnes de toutes conditions, provenances, religions, langues et cultures, pour beaucoup en recherche d’absolu et de sens à leur vie. Je sais, Excellence, que les portes leurs seront largement ouvertes, et que vous serez attachée à les accueillir généreusement et gratuitement, comme des frères et sœurs.
Contrairement à la suggestion de la ministre démissionnaire de la Culture.

Cependant, François ne rentrera pas au Vatican sans avoir rencontré Emmanuel Macron au cours d’une entrevue prévue à l’aéroport d’Ajaccio.

Est-ce une humiliation pour Emmanuel Macron ? Pour la France ? Pour l’archevêque de Paris ? Ou le simple effet de l’humilité pontificale, voulant préserver tout l’éclat de l’inauguration pour la cathédrale et celle à qui elle est dédiée ? Préfère-t-il réserver ses paroles augustiniennes à un lieu et une assemblée plus appropriés ? Et persévérer dans ses choix politiques, visites à la périphérie, sociale et géographique, plutôt qu’au centre dans le monde et en France (Strasbourg, Marseille, Ajaccio) ?
La suggestion de la présidence d’une prise de parole d’Emmanuel Macron à l’intérieur de Notre-Dame, concédée seulement par charité, à cause de la pluie, est elle du même ordre ? Ou un simple rappel, par l’Église, des règles de la séparation de l'Église et de l'État ?

Emmanuel Macron a profité de la rénovation et de l’inauguration de Notre-Dame de Paris pour paraître sortir, parmi les siens, de l’embarras politique dans lequel il s’est mis, au bout de 7 ans de présidence. Et dans lequel il a enfoncé le pays.
Ce sera aussi l’héritage architectural du président Macron. Probablement plus durable que l’héritage politique.