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15 juillet 2016 5 15 /07 /juillet /2016 21:14
Cannes 2016 : Festivalier en immersion

Passer dix jours à Cannes, pendant le Festival de cinéma, en voyant 3 ou 4 films par jour, c'est un peu se mettre en retrait du monde !
Malgré la télévision qu'on n'allume pas le soir et la tablette qui permet de jeter un œil sur la presse du jour, on vit en réalité hors du monde – de l’actualité du monde – alors que dans la journée d'un film à l'autre, on découvre des mondes d'hier, d'aujourd'hui ou de demain, passant de la Corée, au Brésil, de la Roumanie aux États-Unis ou aux Philippines…

Errant et aberrant, le festivalier.

Pour arriver à ces 3 ou 4 séances de cinéma par jour, suivant la carte d'accréditation qu'il a ou non, le festivalier doit trouver des billets qu'il peut acheter ou des invitations. Ceux qui n'en ont pas, des dizaines de personnes, agitent un panneau, « un billet, s'il vous plaît », « a ticket, please » pour tel ou tel film auprès de privilégiés qui en ont… De 8 heures à 22 heures ! Du lever au coucher du soleil… « De sol a sol » !

Cannes 2016 : Festivalier en immersion

Avec le fameux billet ou « un badge », différent suivant le type d'accréditation, le festivalier doit ensuite faire la queue à la salle qui projette le film, avec le risque, suivant le nombre d'invités, de journalistes, d'accrédités de plus haut niveau, d'attendre une heure et de ne pouvoir entrer. De plus, l'accès à certaines salles est fermé 45 minutes avant la projection !

Au total, pour voir un film qui dure de 90 minute à 3 heures, il faut consacrer plus d'une heure à l'attente !!! Qui accepterait de faire cela dans la vie quotidienne. On est à Cannes ! On est festivalier ! Et quel bonheur quand il ne pleut pas !! Cette année, il n’a pas plu ! La queue alors peut devenir une foire aux potins ou un mini-ciné-club !
Autrefois, certains allaient en famille au cinéma voisin, le samedi, sans rien savoir du film qui était programmé. Nous n'étions pas de la même catégorie : avertis, nous choisissions nos films !
A Cannes, festivalier de base, on va voir assez souvent le film qu'on peut voir, pas toujours celui qu'on voudrait voir. Cela peut conduire à de bonnes surprises.

Cannes 2016 : Festivalier en immersion

Le soleil illumine la Croisette et magnifie le bleu de la mer, peuplée d'énormes immeubles blancs de croisière et de bateaux plus modestes, y compris de navires militaires cette année. Le festivalier s'enferme dans des salles plus ou moins grandes, aux fauteuils rouges, après une longue attente, avant d’être plongé dans l'obscurité. Quel que soit le temps à l'extérieur, le festivalier, hors sol, voit alors apparaître, en musique, à l’écran le tapis de 22 marches rouges, dans le bleu de la mer et du ciel, surmontées de la palme d'or. La découverte commence.

Dés la première journée, tandis que défilent en boucle sur les écrans extérieurs tous ceux qui ont monté, montent ou vont monter les marches…, les spéculations, les discussions vont bon train : dans la presse, dans les queues, dans les salles… Le film qu'il faut voir ou ne pas voir, la qualité, la palme possible…

Plus de 1500 films ont été visionnés par les sélectionneurs, 167, sans compter les courts métrages, ont été diffusés, cette année, dans les différentes sélections du festival et les cinémas de la ville : compétition, un certain regard, hors compétition, classics, cinéma de la plage, semaine de la critique, quinzaine des réalisateurs, acid... Le festivalier ne peut tout voir. Ses jugements ne peuvent porter que sur la cinquantaine de films que les plus fous peuvent voir durant le festival…

Si Cannes demeure le plus important Festival de Cinéma, cette année, il a commencé avec de mauvaises nouvelles : Canal + a réduit de 90 % sa participation à la fête, ce qui augure mal pour l'avenir et un cinéma de Cannes (Le Star) a fermé… Par ailleurs, il y aurait eu une moindre fréquentation, ressentie par les restaurateurs, et « l'absence des Américains » a été signalée en rapport avec la crainte d’attentats...

Si on parlait cinéma ?

Ni revue complète de la trentaine de films vus, ni jugement sur le palmarès, voici de brèves notes sur quelques films (A la "demande" de Marie-Claude et de Pierre).

« Églantine d’or » pour « Ma Loute » de Bruno Dumont, (2h02) pour son inventivité cinématographique, déjà annoncée dans « P’tit Quinquin ». Des acteurs célèbres (Fabrice Luchini, Juliette Binoche, Valeria Bruni-Tedeschi) valorisés et disciplinés, au point que le cabotin Luchini est accompagné d'un cousin avec lequel on pourrait le confondre. Des acteurs non professionnels que Bruno Dumont dirige, avec maîtrise, et rend aussi talentueux que les professionnels. Peut-être faudrait-il remplacer les prix d’interprétation par le prix de la direction d’acteurs…
Dans « Ma Loute », Bruno Dumont illustre le rapport de classes, jusqu'à l'anthropophagie, dans les années 1900, entre une grande famille du Nord en vacances et les pêcheurs du quartier St Michel qui leur font passer le gué, en barque ou dans leurs bras suivant la marée. Des personnes disparaissent... Et les pêcheurs se pourlèchent les babines... Ce qui n'empêche pas une idylle, momentanée, entre le fils aîné des pêcheurs et l'aîné(e) des bourgeois au sexe incertain... Mais la police enquête sous la forme de deux policiers, type Laurel et Hardy, un brin automates.
Certains auront quelques difficultés à entrer dans un film déjanté, burlesque, poétique, excessif… ce qui fait son charme. Il aura ses inconditionnels et ceux qui ne pourront suivre le délire de Dumont.

« Rester vertical » d'Alain Guiraudie (1h40) est aussi un film puissant qui en dérangera plus d'un et plus d’une. Dans « L'inconnu du lac », un crime était commis sur un lieu traditionnel de drague homosexuelle. « Rester vertical » qui se déroule en milieu paysan sur un causse de Lozère, est beaucoup plus complexe.

Le héros, scénariste, est à la recherche des loups, d'aventures et d’inspiration sur le Causse. Il rencontre une bergère qui n'aime guère les loups, prédateurs de son troupeau. Une relation s'établit. Notre héros découvre la beauté naturelle de « l'origine du monde » et la paternité, tandis qu'elle vit l'animalité de l'accouchement dont rien ne nous est épargné, et le refus de cette maternité… Tout ceci n'empêche pas notre scénariste de continuer sa recherche d'aventures, même si cela ne favorise guère son travail d'écriture.
Alain Rigaudie reprend la question de l'homosexualité, dans le quotidien paysan. Non dans un lieu de drague traditionnel. Le héros et les personnages sont socialement situés, le scénariste un peu paumé, bisexuel, attaché à son enfant que la mère lui abandonne. Après plusieurs épisodes – il est dépouillé à nu sous un pont - il participe activement au « suicide assisté » d'un vieil homosexuel, associant sodomisation terminale et cocktail létal - il revient chez son « beau-père », dont il refuse les avances, pour s'occuper, seul, de son enfant, des troupeaux et des loups.
Alain Rigaudie ne recule pas devant des scènes, des situations d'un réalisme, d’un naturalisme qui peut paraître insupportable (accouchement très réaliste, sodomisation terminale). La femme, absente dans « L’inconnu du lac », est ici réduite à son utilité !

Dans la cuvée Cannes 2016, « Ma Loute » n’est pas le seul film à parler de classes, de lutte des classes. Dans « L'économie du couple » de Joachim Lafosse (1h40, titre anglais, "After love"), elle apparaît, après l’amour, quand vient le moment de la séparation... Tout ce qui avait fait le bonheur de la rencontre, des premières années du couple, va faire l'objet de la lutte. Bérénice a aimé Boris, l'architecte polonais sans travail qui a refait la belle maison dans laquelle ils ont vécu, heureux avec leurs deux enfants. À l'heure de la séparation et du partage, ils se disputent tout, même le fromage du frigo. Bérénice ne veut prendre en compte dans le partage que son apport en capital fourni par ses parents et Boris revendique son apport en travail.

« Money Monster », (1h39) de Jodie Forster, avec Georges Clooney et Julia Roberts, est plus directement politique : un boursicoteur malheureux fait irruption sur le plateau de l'émission phare "Money Monster " et prend en otage, en direct, l'animateur vedette qui a ruiné des milliers de téléspectateurs par ses conseils spéculatifs. Menaçant de tout faire sauter… Mais l'animateur est sauvé par une équipe remarquable qui permet de démasquer le vilain coupable. Tout rentre dans l’ordre. La morale est sauve : le méchant spéculateur qui a tout truqué est arrêté, le terroriste amateur est abattu, le couple animateur se reconstitue, tout cela en direct. Il n'y a plus qu'à préparer l'émission de la semaine prochaine.
Le capitalisme n'est pas si mauvais que cela sous l’œil du journalisme télévisé, revu par le cinéma. Un bon film étasunien « de gauche » tonique, efficace...

Dés la fin de la projection, « Tony Erdmann », (2h42) de l'Allemande Maren Ade, très applaudi par la salle, bien chauffée par la présence de nombreux Allemands, est apparu comme candidat à la palme. Ce film, hilarant, n'a eu aucune récompense mais s'est largement vendu et est assuré d'un succès d'audience mérité.
Ici, il n’est pas question de classes et de lutte des classes. Mais du bonheur et du sens de la vie. C’est cette question qu’un père, philosophe et facétieux, pose à sa fille, cadre très professionnel d'une entreprisse allemande qui essaie de conquérir un marché en Roumanie, au prix de quelques licenciements... Lors d’une visite, un rien dérangeante, à Bucarest où elle travaille, son père se déguise en divers personnages qui perturbent son emploi du temps, ses prestations et sa sérénité.
Que va-t-elle faire ?

« Aquarius » (2h20) de Kleber Mendonca Filho : Clara, belle femme, personnalité à la retraite, mère de famille de la bonne société, occupe un bel appartement sur le bord de l’océan à Recife. Tous les autres copropriétaires ont accepté les substantielles indemnisations de promoteurs immobiliers. Clara résiste pour sauvegarder son lieu de vie. Elle devra faire face à tout ce que les promoteurs peuvent inventer pour faire céder une faible femme… qui ne cédera pas.
La présentation du film a été l'occasion, pour l'importante assistance brésilienne, de dire son soutien à Dilma Rousseff et à la démocratie brésilienne.
Dans la sélection « classics », un autre film brésilien a été présenté : « Cinema novo » (1h30) d’Eryk Rocha, fils de Glauber Rocha. « Avec le « Cinema novo » est apparue une nouvelle grammaire cinématographique spécifique capable de penser le Brésil nouveau des années 1960, pays qui était alors en train de passer d'un mode rural à un mode urbain à travers de fortes mutations. » (Eryk Rocha). Film du siècle dernier, plein de bruit et de fureur, de violence et de sang.... La vieille révolution latino-americaine... De « Cinema novo » à « Aquarius », de la révolution à la spéculation… changement de siècle..

Cannes 2016 : Festivalier en immersion

Actes de violence, situation de violence

Le cinéma, art du mouvement, de l'action, de la violence et de la couleur, est bien équipé pour montrer les explosions de violence. Parfois, pour s'y complaire. Mais il peut tout aussi bien explorer des situations de violence, de tension.

« The last face » (2h11) de Sean Penn avec Charlize Theron, Javier Bardem, Adèle Exarchopoulos, raconte la rencontre d'une responsable internationale de l'humanitaire et d'un urgentiste de « médecins du monde » sur le terrain, au milieu de guerres sanglantes en Afrique (Nigeria, Soudan). Ce film, fait par des occidentaux blancs, pleins de bonnes intentions, a été sifflé à certaines séances, probablement pour le contraste entre la situation amoureuse, les dialogues conflictuels de généreux occidentaux et la cruauté de la guerre africaine avec des scènes difficilement soutenables. Vision quasiment néocolonialiste de l’Afrique.

Des films montrant des situations de violence plus que des actes de violence ont été présentés, venant des autres continents, Amérique, Europe, Asie, tournés par des autochtones.

Ainsi, « Loving » (2h03) de Jeff Nichols qui se déroule aux États-Unis (Virginie) en 1958. Première image, un visage de femme qui tourne lentement son regard, suivi par la caméra, vers le visage d’un homme, Loving, à qui elle déclare : « je suis enceinte ». Et lui, de répondre, on va se marier.
Elle est noire, il est blanc, et le mariage interracial est interdit en Virginie. Pour se marier, ils vont à Washington où le mariage interracial est possible. A leur retour en Virginie, les ennuis vont commencer.
Cette histoire, vraie, très étasunienne, est traitée à l'européenne, avec seulement une violence légale, latente. Sans acte de violence.
Aucun personnage n'est le mal absolu, ni le bien absolu. Chacun est enfermé dans son rôle ou ses croyances. Le juge, comme Dieu, est pour la séparation des races mais accepte un compromis, sévère ; l'avocat qui obtient ce compromis avertit que c'est sa dernière intervention, le policier donne des conseils menaçants. Se croyant suivi par une voiture alors qu’il rentre chez lui, Loving s’arme. Mais il ne se passe rien.
La mère de Loving accouche blanches et noires mais reproche à son fils d'avoir bafoué la loi ; un beau-frère, noir, lui montre sa position en porte-à-faux de blanc, bien intégré parmi les noirs, qui travaille chez les blancs… Les avocats de la cause, comme les journalistes favorables, sont aussi ambigus.
Mais, tout finit bien, devant la Cour suprême, pour ce couple qui ne veut pas faire l'Histoire mais seulement vivre.
Le montage est assez rapide, soutient le rythme de l'histoire avec des transitions superposant l'image avec les dialogues de la scène suivante ce qui rend les enchaînements plus vivants.

« La fille inconnue » (1h53) de Luc Dardenne et Jean-Pierre Dardenne avec Adèle Haenel, Olivier Bonnaud et Louka Minnella.
Une très jeune médecin, très compétente, très consciencieuse, n'ouvre pas sa porte, quand la sonnette retentit, une heure après la fermeture de son cabinet. Une « jeune fille inconnue », noire, le paiera de sa vie. A partir de cette erreur et du sentiment de culpabilité qu'elle éprouve, elle va mener l'enquête pour retrouver l'identité de l'inconnue et lui donner une sépulture.
L'histoire se déroule dans un quartier populaire de Liège, pluriethnique. L'atmosphère est parfois tendue, la violence affleure. Dans cette histoire où il n’y a que des personnes imparfaites, par petites touches, les frères Dardenne nous font connaître le monde des gens simples et nous amène, sans cris, vers le dénouement.

« Forushande » (Le Client) d'Asghar Farhadi (2h05).
A Téhéran, un jeune couple du milieu du spectacle déménage car leur immeuble a de sérieux problèmes. Un ami leur trouve un nouvel appartement, autrefois habité par une prostituée.
On sonne à la porte, la jeune femme, croyant que son mari revient, ouvre. L’irréparable est commis : un homme est entré dans l’appartement. On ne saura pas ce qui s’est passé. Il n’y a pas de discussion entre le mari et la femme. Il n’est pas question de porter plainte et de faire ainsi de la publicité. Le mari va mener son enquête pour retrouver le « coupable ». L’humilier avec cruauté. Devant sa famille. Apparemment ouvert, moderne, il exprime par ses actes la violence des normes sociales qu’il a intégrées et qu’il doit appliquer.

Dans « Ma' Rosa » (1h50) de Brillante Mendoza, c’est la classique violence sociale, ici aux Philippines. Une petite famille de commerçants complète ses revenus avec le commerce de la drogue. Sur probable dénonciation, ils sont embarqués par la police et n’obtiendront leur libération que contre la dénonciation de leur fournisseur et une somme d’argent pour convaincre les policiers. Les enfants arriveront à récolter cette somme, difficilement, auprès de membres de la famille : misère, corruption , trafic de drogue, solidarité familiale....

Fuchi Ni Tatsu (Harmonium, 1h58) de Koji Fukada.
Un artisan vit paisiblement, en famille, en banlieue. Jusqu’au jour où débarque un « ami », « yakusa », repris de justice qui est embauché, nourri, logé… L’ami sort d’un long séjour en prison à la suite d’une affaire dont l’artisan était le complice et qu’il n’a pas dénoncé. Cet ami agresse la fillette qui reste paralysée et s’enfuit… Des années plus tard, l’artisan embauche un jeune apprenti qui n’est que le fils de l’ami qui recherche son père… Ils partiront tous à la recherche… qui finira mal. Finalement, la mère se jettera avec sa fille dans le torrent.
L’angoisse, la violence viennent d’un passé caché.

« Agassi » (Mademoiselle, 2h25) de Chan-Wook Park.
Dans le contexte de la Corée colonisée par les Japonais, un jeune et ambitieux coréen se propose d'épouser une riche héritière japonaise, plus ou moins séquestrée par son oncle, libertaire, émule du « divin marquis ». Pour cela, il s'assure la complicité d'une jeune et belle coréenne qu'il fait embaucher au service de Mademoiselle...
Finalement, c'est lui qui sera trahi par les deux jeunes femmes. Ici, l'homosexualité féminine, interclassiste, l'emporte sur le machisme arriviste et anticolonialiste.

« Paterson » de Jim Jarmusch (1h55), avec Adam Driver et Golshifteh Farahani décrit la vie quotidienne d'un jeune couple étasunien, mixte, lui, chauffeur de bus, blanc, qui rêve d'être poète et écrit dans son carnet secret, elle qui rêve de réussite comme chanteuse et guitariste ou par la grâce de ses qualités de pâtissière, et leur chien qui aime aussi dévorer les poèmes de son maître.
Les jours de la semaine passent dans leur banalité, le jeune chauffeur écoute les histoires vraies ou fantasmées des passagers, va promener le chien et prendre sa bière au bistrot du coin, à la clientèle métissée, où se jouent les petits drames de la vie.

« Olli Mäki » (1h32) de Juho Kuosmanen.
Été 1962, Olli Mäki prétend au titre de champion du monde poids plume de boxe. Il ne lui reste qu’une marche à franchir pour connaître la gloire suprême. Pour cela, il doit se préparer intensément, perdre quelques kilos, se concentrer sur son entraînement, sur son combat. Mais, tombé amoureux, il a l’esprit ailleurs, néglige quelque peu les exigences sportives. Le combat du triomphe se termine, par KO à la deuxième manche. C’est le combat le plus court et le jour le plus beau. Car il repart avec la femme de sa vie.


Contraste entre le rêve américain du jeune couple Paterson dont les deux membres sont pleins d’ambitions. Et le jeune couple nordique à la recherche d’un bonheur simple, illustré par la dernière image où, quittant la capitale pour revenir chez eux, ils croisent un couple âgé. Symbole de la banalité d’un bonheur tranquille ?

Deux films roumains

La Roumanie n’est pas simplement un terrain de jeux pour entreprises allemandes en expansion. Régulièrement, des films roumains abordent, souvent de façon réussie, les questions qui se posent au pays.

« Sieranevada » de Cristi Puiu.

Toute la famille roumaine élargie est réunie pour la commémoration du décès du père, un an auparavant. C'est l'occasion d'un repas familial qui tarde à se mettre en place dans l'attente du pope qui doit venir bénir la cérémonie. C'est aussi l'occasion de la mise à jour de tous les conflits de la société roumaine, conflits familiaux ou politiques : complotisme, nostalgies contradictoires dans une société postcommuniste qui n’a rien réglé...
Encore un film un peu trop long (2h53), la cérémonie religieuse n'en finit pas (c'est un peu le ressort de l'histoire), la suppression d’une scène, en extérieur, non nécessaire (ennuis de stationnement) aurait pu alléger le film qui est sauvé par la description de la société roumaine et l'humour de l'auteur.

Baccalauréat (2h08) de Cristian Mungiu.
Dans une famille de la bonne société roumaine, père chirurgien de renom, honnête, la fille, élève brillante, est victime d'une agression à la veille du baccalauréat qui lui permettra de partir à Birmingham pour poursuivre ses études. Passer le bac avec le bras dans le plâtre est difficile. Le père décide de l'aider par ses relations comme il est de coutume en Roumanie. Finalement, elle aura son bac sans tricherie.
Vision très pessimiste, très réaliste, de la société roumaine où les parents regrettent d'être rentrés au pays et où les jeunes ne pensent qu'à partir. Dans une corruption généralisée.

Deux films remarquables

IKARIE XB 1 (1h 28) de Jindrich Polak, film de science-fiction tchécoslovaque de 1963, numérisé, a une importante postérité, notamment « 2001: l’Odyssée de l’espace » (1968) de Stanley Kubrick mais aussi pour des raisons techniques ou le scénario « La Guerre des étoiles (1977), « Alien » (1979) ou « Sunshine » (2007). Il a longtemps été connu en occident, trafiqué et doublé en anglais, sous le nom de « Voyage to the End of the Universe », avec une fin qui le dénaturait complètement.
La version, restaurée, projetée à Cannes permet de voir le film dans sa forme originale.

Le film raconte l'aventure d'un vaisseau spatial, parti en 2163, à la recherche de la vie, de la société idéale, bien au delà du système solaire. Ce film, optimiste dans la veine réaliste - socialiste, va rencontrer quelques difficultés, notamment une épave spatiale que deux astronautes vont visiter et où ils ne trouveront que les cadavres des criminels du XX ème siècle responsables de Hiroshima, Nagasaki, Ouradour, les camps d extermination. En plus la navette a une charge nucléaire qui la fait exploser entraînant la mort de nos deux astronautes.
L'expédition rencontrera une autre difficulté naturelle mais imprévue dont ils sortiront grâce à leur décision humaine contre l'avis des robots qui guident le véhicule et, finalement, avec la protection des habitants de l'heureuse « planète blanche » que nous ne verrons pas.

Et la femme créa Hollywood (52 mn) de Clara Kupperberg et Julia Kupperberg. Ce film montre que, dans les 30 premières années du cinéma, à Hollywood, les films étaient faits essentiellement par des femmes : du scénario à la réalisation en passant par le montage (normal, les femmes sont couturières)...
Petit à petit, le cinéma est devenu plus « professionnel » et les travailleurs du cinéma mieux payés. Alors les hommes ont commencé à arriver et le syndicat… Progressivement les femmes ont été et éliminées du métier mais aussi de l’histoire du cinéma. Quelques unes ont surnagé comme Lillian Gisch, actrice, ou, plus rarement, comme productrices, distributrices. C'est ainsi que la société United Artists, connue en français sous le nom de sa filiale Les Artistes associés, société de distribution puis de production, a été fondée en 1919 par Charlie Chaplin, Douglas Fairbanks, Mary Pickford et D.W.Griffith…


Ce film, déjà diffusé à a télévision en mai et juin, sera visible à nouveau, le dimanche 21 août 2016 sur la chaîne télévisée OCS Géants

Les sœurs Kupperberg travaillent à une série télévisée sur la question.

Autres films vus

« Julietta » de Pedro Almodovar, « Un homme et une femme » de Claude Lelouch 1966, « Voyage au Groenland » de Sébastien Betbeder, « Voir du pays » de Delphine Coulin et Muriel Coulin, « Le cancre » de Paul Vecchiali, « La larga noche » de Francisco Santiago, « The Neon Demon » de Nicolas Winding Refn, « Mal de pierres » de Nicole Garcia, « Elle » de Paul Verhoeven, « Isola » de Fabianny Deschamps, « Goksung » de Na Hong Jin.

Post scriptum : « L’effet aquatique »

Film projeté à Cannes et actuellement dans les salles, à voir absolument : « L’effet aquatique », un très beau film (1h23), français-islandais, de Solveig Anspach qui montre que l’Islande n’a pas seulement une bonne équipe de footballeurs avec des supporteurs...

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25 octobre 2015 7 25 /10 /octobre /2015 23:12

« Touch of Evil » (1) d'Orson Welles et « Sicario » (2) de Denis Villeneuve pourraient avoir le même titre ou sous-titre, « la soif de punir ». En effet, c'est la motivation du héros principal de ces deux films, le premier sorti en 1958, le second en 2015.
Dans « Touch of evil » (La soif du mal), tourné en noir et blanc, Quinlan (Orson Welles) qui n'a pu faire condamner celui qui a étranglé sa femme, va consacrer sa vie, en tant que policier, à traquer des assassins, à les faire condamner en fabriquant les pièces à conviction si nécessaire. Sans profiter de sa situation pour amasser une fortune.

Dans « Sicario », (qui veut dire « tueur à gages »), tourné en couleur, Alejandro (Benicio del Toro), ancien procureur mexicain, est guidé par sa volonté de tuer le chef des narco-trafiquants qui a fait décapiter son épouse et jeter sa fille dans une cuve d'acide.

Le premier est un film policier, un film noir, dont quelques règles sont détournées, où le policier utilise sa fonction pour assouvir, à tout prix, sa soif de punir. Dans le second, le « sicario » se met au service de la machine de guerre étasunienne contre les cartels pour arriver à son but.

Les histoires se passent dans une ville frontière, États-Unis – Mexique, « Touch of evil » à Los Robles, petite ville frontalière imaginaire (tourné à Venice, en Californie) et « Sicario » à Ciudad Juarez (tourné en réalité au Nouveau-Mexique, au Texas...)

Dès les premières minutes de « Touch of evil », tout est dit. Première image du film, deux mains anonymes règlent la minuterie d'une bombe de dynamite. Apparaît au loin, un couple qui se dirige vers la voiture dans laquelle la bombe vient d'être déposée. Ce couple, cette voiture vont être suivis, de haut, à la grue, qui montre leur insignifiance, leur condamnation. Dans une longue séquence, au fur et à mesure que la voiture avance dans la rue, au milieu d'un troupeau, de passants, d'agents de la circulation, angoisse pour le spectateur « qui sait », la caméra se rapproche d'eux pour en faire, quelques instants, de banals êtres humains qui passent la frontière... Le personnage remarqué est alors Miguel Vargas (Charlton Heston), reconnu parce qu’il a fait arrêter, récemment, un chef local de trafiquants de drogue.

La voiture explose déchiquetant son richissime propriétaire et sa jeune compagne. Tout le monde s'agite, en attendant l'arrivée de l'inspecteur-qui-résout-tous-les-problèmes grâce à sa jambe malade, source de ses fructueuses intuitions.
Quinlan sort de sa voiture, filmé en contre-plongée et gros plan, énorme, obèse, mal rasé, un gros cigare à la bouche, boitillant, avec une cane.. C'est, à l'évidence, le personnage central. Vargas est alors en recul, il veut éviter l'incident diplomatique, la bombe ayant été déposée dans la voiture en territoire mexicain.

Plongées et contre-plongées sont utilisées à plusieurs reprises pour ponctuer le rapport de forces entre les personnages. Au moment de l'affrontement Quinlan-Vargas, tous deux seront dans la même image, en contre-plongée. Indiquant le basculement du film.

Taylor Sheridan, le scénariste de « Sicario » a déclaré : « Ce qui faisait le charme de la zone frontalière, la rencontre et le mélange des cultures, a complètement disparu. J’ai réalisé que le Mexique, ce pays où l’on pouvait se rendre tranquillement en voiture, n’existe plus aujourd’hui. C’est devenu un endroit sans foi ni loi. Il n’existait aucun film sur la manière dont la vie a changé dans le nord du Mexique, sur la façon dont la drogue et la corruption gouvernent tout désormais, et sur l’évolution des cartels qui sont devenus des groupes militarisés. Pas un seul film ne parlait de cela, ni de la façon dont la grosse machine qu’est le gouvernement américain traite ces problèmes qui débordent de son côté de la frontière. » (3).

« Sicario » tient la promesse du scénariste. Pas de main morte. Les moyens n'ont pas manqué. Le prologue est une intervention très violente de la police étasunienne qui attaque un foyer de narco-trafiquants où est découverte, emmurée, une galerie de cadavres, clandestins qui voulaient traverser la frontière ou victimes des conflits entre bandes de trafiquants. Cela nous permet de faire la connaissance de Kate Macer (Emily Blunt) qui va être sélectionnée-volontaire avec son comparse et accompagner une expédition musclée du FBI pour décapiter un cartel de la drogue. Plus tard, on verra des cadavres pendus, décapités...

En quelques images tout est dit. La violence, la sélection par de « hautes autorités », celles qui déplacent les limites et ferment les yeux, la préparation de cette expédition, la frontière, le barrage, filmé d'avion ou d'hélicoptère mais de près, qui s'étend sur des kilomètres, édifiée pour empêcher l'immigration sud américaine aux États-Unis, dans un milieu désertique.

Tout ceci correspond bien aux intentions du scénariste. Encore plus quand on voit la frontière à échelle humaine du film d'Orson Welles : poste-frontière bon enfant qu'on passe à pied ou en voiture pour aller prendre un verre ou faire une virée de l'autre côté, où le policier discute avec la personnalité devenue célèbre pour avoir arrêté le chef des trafiquants locaux de drogue... « 1 400 km de frontière sans une mitraillette », dit Vargas à son épouse étasunienne.

Dans les deux cas, la frontière sera franchie à plusieurs reprises risquant de perdre un peu le spectateur. Mais dans « Sicario », c'est seulement la force d'intervention qui fait des incursions, illégales, dans le territoire mexicain.
Car l'acteur le plus important, c'est la machine de guerre des États-Unis qui, avec la complicité de haut niveau au Mexique, affronte un cartel de la drogue et cherche à rétablir un certain ordre, par tous les moyens, dans la confrontation avec les trafiquants. Et Alejandro le sait qui se met au service de cette machine pour atteindre son but.

La même question éthique est posée dans les deux films mais à des niveaux très différents. Dans « Touch », il s'agit d'une confrontation d'homme à homme, entre Quinlan, l’Étasunien, aux méthodes peu orthodoxes et Vargas, le Mexicain, qui se bat pour le respect de la loi même quand il s'agit d'éventuels assassins. Dans « Sicario », le combat est entre la machine de guerre du FBI et deux représentant de la CIA, une femme et un Noir, chargés de contrôler la légalité de l'opération, montée par des durs, qui vont les berner malgré leur courage, leur compétence...

Finalement, l'opération réussit et Alejandro exécute le Parrain, sa femme et ses enfants. Mais Kate refuse de signer la caution qu'il lui présente sous la menace d'un revolver. Alejandro essuie une larme sur la joue de Kate, il pense à sa fille assassinée, renonce à la caution et se retire après avoir démonté et jeté son arme. Son combat est terminé. Kate le voit partir par la fenêtre, pointe son arme, Alejandro se retourne. Elle baisse son arme. Alejandro le lui a dit, elle n'est pas faite pour vivre das ce pays de loups.

Dans « Touch », le but est aussi atteint. Le suspect, désigné par Quinlan, grâce à son intuition douloureuse, est l'assassin, confondu non par la fausse preuve fabriquée par Quinlan mais par l'aveu du coupable.

Le « film noir » d'Orson Welles ne respecte pas toutes les conventions du genre. Si Quinlan est conduit à sa perte, c'est parce qu'il veut faire la loi en passant outre à la loi, c'est parce qu'il trouve sur sa route, un policier qui veut faire respecter la loi même face aux criminels. Comble, un policier mexicain ! Mais qui, lui aussi n'est pas au dessus de tout soupçon car il se comporte en mari et non en policier respectueux de la loi quand sa femme est séquestrée, il utilise des armes qui lui répugnent, enregistrant les aveux sollicités de Quinlan à son second et plus ancien ami.

Les aveux enregistrés, Vargas retrouve sa femme. Ils peuvent partir donnant un faux « happy end » au film. Quinlan, tué par son second qu'il a berné toute la vie, s'enfonce dans des ordures et des résidus des puits de pétrole (écologie avant la lettre ?) discrètement omni-présents dans le film.

Quinlan n'est pas victime d'une « femme fatale » : la très belle Tanya (Marlène Dietrich) n'est qu'une vieille amie dont les cartes annoncent le destin de Quinlan et qui prononce une éloge funèbre qu'elle gomme immédiatement : « a lousy cop... He was some kind of a man... What does it matter what you say about people ? ».

Dans ces films frontaliers, un rôle important est donné à deux Mexicains, l'honnête Vargas et Alejandro, le justicier sans pitié, qui montre, malgré tout, une certaine sensibilité. Mais cela n'empêche pas Quinlan, en toute mauvaise foi d'afficher un certain mépris pour cet étranger, ce juge mexicain prêt à innocenter un des siens par solidarité... Ce qui n'est pas le cas dans « Sicario » où joue l'estime réciproque des gens qui sont là pour tuer sans scrupule. Et torturer après avoir débranché la caméra sensée enregistrer l'interrogatoire. Même si quelques personnages secondaires sont un peu ridicules (Oncle Joe mais aussi l'adjoint de Quinlan).

Ici, le racisme discret est plutôt pour l’adjoint de Kate, « tu n'as pas peur du noir » (obscurité) et Kate qui lui dit qu'il est le seul à la voir en « soutif ». Et le sexisme ? Naïve, elle se jette dans les bras d'un narco mais Alejandro la tire de ce mauvais pas.

Quant a la situation sociale du pays, c'est essentiellement dans « Sicario » qu'elle apparaît par quelques touches. L'état des routes chaotiques, qui répond aux moutons dans les rue de « Touch », les entrées illégales aux États-Unis, on voit des clandestins rassemblés pour les besoins de l'enquête., la corruption de la police mexicaine.
Une anecdote du film montre l'étendue du désastre : un policier mexicain complice du cartel est abattu, il ne pourra plus accompagner son fils au football, c'est donc la mère qui le fait. On assiste à une partie du match, ce ne sont que des femmes autour de terrain, qui ont accompagné leurs enfants. Et tout à coup, on entend, au loin, une fusillade. Le match se suspend. La tête tournée vers là bas...

Ces deux films donnent à voir l'évolution de notre monde, cinématographique et politique à cinquante années d'intervalle..

- 1 - Touch of evil (1958) onzième long métrage d'Orson Welles (43 ans à la sortie du film). Dans sa version de 1998, en DVD.

- 2 - Sicario (2015) septième long métrage de Denis Villeneuve (48 ans à la sortie du film), actuellement dans les salles à Paris.
- 3 - http://www.allocine.fr/film/fichefilm-228114/secrets-tournage/
- 4 - « un sale flic... un sacré bonhomme... qu'importe ce qu'on dit des gens ? » (traduction très libre et incertaine de P.O.)

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30 mai 2015 6 30 /05 /mai /2015 14:39
NOTRE FESTIVAL DE CANNES 2015

Quelques considérations générales suivies de notes brèves sur les films vus dans les différentes catégories pendant le Festival de Cannes du 13 au 23 mai.

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

- Le choix des films sélectionnés donne toujours lieu, comme l'attribution des prix, à de grandes discussions. Tout le monde a remarqué une présence relativement importante des films de réalisateurs français et, dans une moindre mesure, italiens dans les sélections et, au contraire, la discrétion du cinéma étasunien...
Est-ce justifié par la « qualité cinématographique » des uns et de autres ? Par la bataille sur le marché du film entre Cannes, les Oscars hollywoodiens et le festival de Toronto ? Quoi qu'il en soit, le jury de Cannes présidé par les frères Coen et avec un seul membre français semble bien confirmer les choix de la sélection par l'attribution des récompenses.

- S'agit-il du combat entre superproductions étasuniennes et films plus ou moins insérés dans la diversité sociale, nationale des autres réalisateurs et pays ?

- La connivence entre industrie du luxe et le cinéma a été très remarquée. Les mannequins remplacent les stars. Les sponsors deviennent des partenaires... dont Lescure remercie la générosité dans son discours inaugural...

- Ce rôle de l'argent confirme la force de la mondialisation dans le monde du cinéma. Au niveau de la production : la nationalité d'un film pouvait être rattachée à celle de son réalisateur, elle est passée à celle du producteur. Mais il faut regarder aujourd'hui l'importance des coproductions internationales et il devient impossible d'en déduire la nationalité du film ! D’ailleurs, dans le « Programme officiel du Festival », la nationalité des films n'est jamais mentionnée. Quelle que soit la nationalité du réalisateur ou des producteurs, le films sont, de plus en plus, créés directement en anglais, avec des acteurs de nationalités différentes parlant anglais.
La mondialisation s'empare du cinéma par les deux bouts : une production multinationale et une diffusion internationale qui imposent le choix d’acteurs internationalement connus et l'utilisation de la langue « internationale », l'anglais.
Cela n'est pas valable que pour les pays pauvres ou les pays avec un petit marché mais aussi pour les films « italiens « (deux films sur trois en compétition, réalisés par un Italien sont en langue anglaise : Youth de Paolo Sorrentino, production Italie/Suisse/France/Royaume-Uni et Il Racconto dei racconti de Matteo Garrone, production France/Italie) ou français.

- Cannes n'est pas seulement un festival où s'affrontent les meilleurs films et les pays qui les produisent, c'est aussi le premier marché mondial du film. S'agit-il de montrer, de juger, de faire connaître les meilleurs films d’auteurs et de pays nouveaux ou non ? Ou de présenter des films, « achetables », « banckables » qu'ils disent, par le plus grand nombre de pays, par les plus grands marchés ?

- Les films récompensés en 2015 semblent indiquer que tout n'est pas encore joué. Car cette mondialisation n'empêche pas, au moins pour le moment, peut-être même favorise-t-elle l'apparition de nouveaux cinémas, de nouveaux cinéastes notamment d'Asie ou d'Amérique latine. Seule, l'Afrique était faiblement représentée.

BRÈVES NOTES SUR LES FILMS VUS

avec l'aide d'Anne

Nous avons pu voir plus de 30 films, toujours de bonne qualité et qui nous ont fait passer, dans un temps très bref, d'un pays à l'autre ou même d'un continent à l'autre, d'une question à l'autre, d'un genre cinématographique à l'autre. Que ce soit dans les sélections officielles ou parallèles : Compétition, Hors Compétition, Un certain regard, Classics, Quinzaine des réalisateurs, Semaine de la critique.
Cette année, nous n'avons pu voir aucun film présenté par Acid, à la suite d'une trop grande affluence.

Tout jugement est subjectif, il est donc difficile de contester le bien fondé ou non des prix attribués, d'autant que nous n'avons pas vu tous les films en compétition dans l'une ou l'autre des sélections.

Parmi les films vus, nos appréciations (Anne et moi) étaient très proches sauf pour « El Abrazo de la serpiente », qui a reçu le « Prix Art Cinéma Award » à la Quinzaine des réalisateurs et qu'Anne a beaucoup plus aimé.

FILMS EN COMPÉTITION

NOTRE FESTIVAL DE CANNES 2015
DHEEPAN- l'homme qui n'aimait pas la guerre de Jacques AUDIARD, France, Palme d'or.

Une chose est certaine, « Dheepan », de Jacques Audiard, est un bon film qui rencontrera son public. Son réalisme est cependant plus policier que social et confortera certains dans leur vision apocalyptique des « quartiers de non-droit » dont le guerrier tamoul arrive à s'extraire pour rejoindre la paisible Albion.
Dans un camp de réfugiés tamoul, une femme recherche une enfant sans mère pour constituer avec un ancien « tigre », rebelle tamoul vaincu, une famille qui, munie de faux papiers, espère pouvoir être reconnue comme réfugiée politique. Le stratagème marche et la famille, nouvellement constituée, est admise en France. Le père obtient un poste de gardien d'immeuble, la mère un poste d'aide à la personne dans une banlieue parisienne chaude. Mais le « tigre » sort ses griffes, arrache sa famille aux périls et réussit à la conduire en Angleterre.
Film bien fait, qui conduit le trio de l'enfer sri lankais au paradis britannique en passant par l'enfer banlieusard, territoire hors la loi de la République. Film d'action qui reproduit les clichés sur l'immigration : vrais demandeurs d'asile mais fraudeurs, banlieue territoire hors la loi, paradis britannique.

 

SAUL FIA (Le fils de Saül) de Laszlo NEMES, Hongrie, Grand prix et Prix Fipresci :

Lazlo Nemes a obtenu le Grand prix avec un film de fiction qui affronte, pour la première fois, la représentation de la Shoah à l'écran : l'action se déroule à Auschwitz en 1944. Cette question sera certainement discutée même si elle n'a pas déclenché le scandale annoncé.
Saül, membre d'un Sonderkommando, croit reconnaître son fils parmi les corps des juifs gazés et destinés au four crématoire. Il décide que cet enfant, dont on ne sait pas s'il est vraiment son fils, sera enterré conformément à sa religion et part à la recherche d'un rabbin. Pendant ce temps, les membres du Sonderkommando préparent une insurrection armée. Qui éclate. Tous seront finalement exterminés dans la forêt. Ils ne resteront que dans le souvenir d'un petit enfant qui les voit se cacher.
L'auteur semble poser la question de l’impossible salut d'un peuple par la volonté têtue, individuelle, de maintenir la tradition ou par la révolte armée, dans une situation désespérée
Des spectateurs pourront être gênés par le réalisme de certaines images qui ne sont cependant qu'au second plan

 

LA LOI DU MARCHÉ de Stéphane BRIZE, France, Prix d'interprétation masculine pour Vincent LINDON. Ce prix n'est pas étonnant tant il porte le film de Stéphane Brizé, avec une interprétation puissante et retenue.
Thierry (Vincent LINDON), renonce à continuer, avec le syndicat, un combat sans fin contre le licenciement collectif dont il est une des victimes.
Le film campe sa vie familiale équilibrée, avec femme et enfant, handicapé. Thierry est au chômage depuis trop longtemps : dialogue ubuesque à Pôle emploi, stages sans débouché, incitation à l'endettement par la banque... Il obtient finalement un poste de vigile dans une grande surface.
Nous sommes initiés à l'inexorable et douce violence de la vie sociale - il n'y a pas d'acte violent - seulement l’application de procédures bien huilées qui s'exercent sur les plus désarmés. Notamment par la surveillance vidéo des clients et des employés du supermarché, longuement et parfaitement montrée.
Par sa fonction, Thierry contribue au licenciement d'une employée du supermarché dont on apprend qu'elle s'est suicidée (aucune image) sur le lieu de travail. Une seconde employée est interpellée quelque temps plus tard.
Thierry n'attend pas la fin de la procédure et rend sa blouse sans rien dire. Submergé. Sans avenir..
Film réaliste, sans éclat, à hauteur d'homme. Où la masse intranquille de Vincent Lindon est parfaitement à sa place. Sans révolte collective. A l'image d'une société où la solidarité ne s'exprime que dans les discours de « départ à la retraite bien méritée ».
Ce film a reçu par ailleurs la Mention spéciale du Prix œcuménique.

CHRONIC* de Michel FRANCO,États-Unis-Mexique, Prix du scénario.
Un infirmier - un autre « taiseux », Tim Roth, porte le film de Michel Franco - sur une question de société : la prise en charge des soins de patients en fin de vie, longue, pénible. Capable d'une réelle compréhension de ses patients, il aide même une patiente à mourir sur sa demande. Avec peu de paroles, dans de longs plans séquences, des images de situations difficiles prises à distance, réalistes sans complaisance, un homme, sportif, professionnel, humain, donne des soins attentifs – toilette, mobilisation – tout en maintenant des relations humaines alors que souvent les proches ne le peuvent pas.
Son attachement partagé avec les patients est mal perçu par les familles...
Tandis que la fin rappelle la fragilité de la vie de tout un chacun.
 

LOUDER THAN BOMBS (Plus fort que le bombes) de Joachim TRIER**, Norvège/France/Danemark

Isabelle, reporter-photographe, à la retraite, meurt dans un accident de voiture, laissant deux fils dont le plus jeune n'a que neuf ans avec leur père enseignant ayant renoncé à une carrière d'acteur pour s'occuper d'eux. Trois ans après l'accident, à l'occasion d'une exposition de ses photos, un collègue prépare un article. Il annonce à son mari que, par honnêteté mais de façon discrète, il sera amené à parler de la réalité, l'accident est le suicide d'une femme dépressive. Bien que les circonstances de l'accident tel qu'il est présenté dans le film fasse plutôt penser que la journaliste s'est endormie au volant. Tous connaissent et admettent cette thèse, sauf le plus jeune enfant qui l'ignore.
La publication de cet article entraîne une « psychanalyse familiale ».
Par ailleurs, des retours dans le passé font comprendre la tension à laquelle est soumise la journaliste entre ses missions dangereuses, intenses où la famille lui manque et les périodes « familiales » entre les missions où elle ressent son inutilité car l’organisation de la vie familiale est prévue en fonction de ses longues absences.

 

MARGUERITE ET JULIEN*** de Valérie DONZELLI, France

Marguerite et Julien sont, frère et sœur, deux enfants qui grandissent et s'aiment comme frère et sœur dans une famille et un château et un mode de vie intemporels. Cet amour, avec l'âge prend une autre forme. Si Julien est éloigné pour faire des études, si Marguerite semble consentir à un mariage conventionnel, ils finissent par se retrouver et assumer l'amour qui les unit. Crime inexpiable qui les condamne à mort.
Leur mère ne peut que recueillir le fruit de leurs amours.
 

SICARIO de Denis VILLENEUVE, États-Unis

Kate, agent du FBI, est recrutée pour participer à une lutte sans merci organisée par la CIA, contre les criminels mexicains de la drogue. Le but : atteindre le chef du cartel. Dans des conditions dont elle devrait contrôler la légalité mais qu'on lui cache. Avec la participation d'un procureur colombien prêt à tout – le sicaire - motivé par le meurtre de sa femme et de sa fille. Le rôle réel de Kate est d'être la couverture inconscient de l'opération.
Ce film d'un réalisateur canadien a toutes les qualités du film d'action violente étasunien et l'idéologie qui va avec : puissance et suprématie des moyens policiers étasuniens exceptionnels, viol de toutes les règles élémentaires (torture, exécutions sommaires), culte du surhomme, hors la li peut-être, mais pour la bonne cause.
 

MIA MADRE de Nanni MORETTI, Italie/France, Prix œcuménique :
Margherita tourne un film et est mécontente de son travail de réalisatrice. Sa mère qui s'enfonce dans la maladie, sa fille adolescente perturbée par une aventure sentimentale, s'ajoutent à ses problèmes d'autant plus que son acteur principal se révèle insupportable. En opposition, son frère Giovani se montre calme, prenant toutes les décisions par rapport à la maladie de sa mère ; il abandonne temporairement (?) son travail et assume la mort de celle-ci.
Il est regrettable que Nanni Moretti qui a le rôle du frère soit un peu en retrait. Le personnage le plus vivant est Margherita qui pose sans doute les problèmes de Moretti et du cinéma plus que celui de la mort de la mère.
Un film drôle par la le personnage de l'acteur principal du film, John Turturro qui n'est pas capable d'apprendre trois répliques bien que parlant couramment l'italien.

YOUTH de Paolo SORRENTINO, Italie/Suisse/France/Royaume-Uni.
Deux très vieux amis, un musicien-chef d'orchestre et un réalisateur de cinéma, passent leurs vacances dans un hôtel luxueux des Alpes suisses. Le chef d'orchestre ne veut plus revenir vers sa carrière tandis que le réalisateur va terminer son film. Finalement, tous les deux, après des réflexions désabusées sur leur passé reviendront à leur passion, c'est à dire leur métier. Tout ceci en anglais.

IL RACCONTO DEI RACCONTI (Tale of tales) de Matteo GARRONE, Italie/France.
Trois récits de rois et reines confrontés à des événements plus ou moins étonnants. Pourqu'une reine ait un enfant, une bête immonde doit être tuée et la reine doit dévorer son cœur. Un roi est captivé par une animal étrange qu'il aime comme son fils. Une femme séduit par sa voix un autre roi et se révèle ensuite très vieille et très laide...
Les trois histoires se croisent avec des éléments magiques (?) : une servante accouche d'un enfant parfaitement ressemblant à celui de la reine. Tout cela en anglais. C'est parfois amusant, un peu difficile à suivre à cause de l'enchevêtrement des contes.

UN CERTAIN REGARD

UN CERTAIN REGARD

UN CERTAIN REGARD

TAKLUB de Brillante MENDOZA, Philippines
La vie après le passage d'un typhon qui a dévasté la ville où les survivants cherchent leurs morts, essaient de reconstruire leur maison et leur vie malgré la menace du typhon suivant annoncé.
Film quasiment documentaire sur la vie dans des quartiers populaires de la grande ville sous la menace permanente de catastrophes qui s'ajoutent à la misère sociale.

MASAAN de Neeraj GHAYWAN, Inde/France, Prix de l'avenir exaequo avec Nahid de Ida Panahandeh et Prix Fipresci
Deux histoire parallèles. Celle d'une jeune étudiante qui est surprise, sur dénonciation, dans une chambre d'hôtel par la police, lors de sa première histoire amoureuse. De peur des conséquences familiales, son petit ami s'ouvre les veines. Le père de la jeune fille, pour éviter le scandale dont le menace le policier, cède au chantage et paie une forte somme.
Dans la seconde histoire, un jeune de basse caste brûle les morts à Bénarès. En fin d'études d'ingénieur, il tombe amoureux d'une jeune fille d'une caste supérieure. Elle meurt dans un accident de voiture et don corps est brûlé sur les « ghats » de Bénarès. Les deux histoires se rejoignent quand les deux partent sur le Gange dans la même barque...
Film très intéressant, à la fois sentimental et réaliste qui ne tombe pas dans le mélo larmoyant et qui se déroule dans les milieux populaires de Bénarès. Il montre la situation traditionnelle difficile dans laquelle sont enfermés les jeunes, filles et garçons, même en cas de réussite scolaire.

COMOARA (Le trésor) de Corneliu PORUMBOIU, France/Roumanie, a reçu le prix « Un certain talent ». Il en fallait pour décrire la longue patience dans cette recherche d'un trésor improbable, teintée d'un humour discret
Costi est sollicité par un voisin impécunieux qui a besoin de 800 euros pour louer un détecteur de métaux avec lequel il espère découvrir le trésor qu'il pense caché par son grand père dans un jardin à la campagne. Ils vont passer la nuit à chercher le site favorable, à creuser et, finalement, à découvrir et partager le trésor. Une véritable fortune en actions Mercédès. Que Cosi va commencer à dépenser en bijoux pour que ces actions-papier deviennent un rai trésor aux yeux de son fils, nourri de légendes, et pour son épouse.
Film un peu longuet si on n'est pas très sensible à l'humour qui se dégage de cette recherche qu'on croit vaine et qui ne s'anime qu'après la découverte du trésor : interpellation par la police, intervention par le voleur du village sollicité pour ouvrir le coffret, partage, dépenses...

THE OTHER SIDE de Roberto MINERVINI, France/Italie
Plutôt documentaire que fiction, sur la Louisiane, en deux parties. Dans la première, la vie de marginaux, un peu en dehors du monde, entre amour, drogue, alcool... La seconde, les fantasmes d'anciens combattants qui pour défendre leur famille, s’entraînent au maniement des armes à feu dans l'attente de l'arrivée de troupes envoyées par Obama...
L'autre coté ? Les États-Unis ?Leur face cachée ? Le Sud abandonné ?

CANNES CLASSICS
Films anciens resta
urés

CITIZEN KANE d'Orson WELLES, États-Unis, 1941

THE LADY FROM SHANGHAI d'Orson WELLES, États-Unis, 1947

THIS IS ORSON WELLES de Clara et Julia KRUPERBERG, États-Unis, 2015, Documentaire très intéressant sur Orson Welles

MORE de Barbet SCHROEDER, France, 1969. Film culte qui nous a un peu déçu

INSIANG de Lino BROCKA, Philippines, 1976
Insiang se déroule dans un bidonville de Manille. Insiang est le nom d'une belle fille qui vit avec sa mère qui entretient un gigolo plus jeune, voyou et terreur des jeunes du quartier. Il va forcer Insiang à devenir sa maîtresse. A travers ce ménage à trois,
Après avoir essayé d'obtenir l'aide du garçon qu'elle aime mais qui se dérobe, Insiang va construire sa vengeance en utilisant la jalousie de sa mère.
Brocka dresse, en tagalog, un portrait réaliste des quartiers pauvres et violents de Manille.

LA HISTORIA OFFICIALE de Luis PENZO, Argentine, 1983
Suite à la répression, en Argentine, certains enfants de disparus sont adoptés par des personnalités du régime. A l'insu de la mère adoptive, Alicia, enseignante, qui ne connaît pas l'origine de l’enfant adopté. Mais de plein gré par le père adoptif. Les revendications sur les disparus de la dictature vont entraîner le rencontre de la grand-mère légitime et de la mère adoptive.
Et maintenant, que faire ?

Quinzaine des réalisateurs

Quinzaine des réalisateurs

QUINZAINE DES RÉALISATEURS

PLATFORM de Jia ZHANGKE, Chine, 2000
L'évolution d'une troupe culturelle, itinérante, qui s'adapte à l'évolution de la situation en Chine, depuis les louanges au grand timonier en 1979 jusqu'à la musique occidentale dansée sur une plate-forme de camion..
Film un peu trop long mais qui montre « l'adaptation » de la troupe à des situations politiques bien différentes..

EL ABRAZO DE LA SERPIENTE de Ciro GUERRA, Colombie/Venezuela/Argentine Prix Art Cinéma Award
Un ethno-botaniste étasunien, ethnologue et botaniste, part sur les traces, 40 ans plus tard, d'un prédécesseurs allemand dans la jungle colombienne à la recherche d'une herbe, la yakruna, qui permet de retrouver le rêve et la mémoire. Dans cette expédition, il rencontre Karamakate, chaman, privé d'émotions et de souvenir, dernier survivant de son peuple qui a déjà servi de guide à son prédécesseur. Mais aussi de nombreuses difficultés surtout avec ceux qui veulent exploiter l'hévéa et « civiliser » les indiens, massacreurs colombiens, orphelinat-prison tenu par un capucin, illuminé qui se prend pour le Christ...
J'ai eu beaucoup de mal à suivre ces deux expéditions, avec des aller-retour, et la recherche de la spiritualité.
Pour Anne, le film rend très bien la confrontation entre le monde de croyances et de traditions des indiens avec le monde moderne de scientifiques qu'ils perçoivent comme des membres de la société des blancs qui les persécutent pour des raisons économiques ou religieuses qu'ils connaissent déjà.

AS MILA E UMA NOITES de Miguel GOMEZ, Portugal
Volume 3 : Encan
tado
Inspiré très librement des Contes des Mille et une nuits, le troisième volume devait être le meilleur d'après des spectateurs qui avaient vu les précédents. Il a beaucoup déçu et ennuyé en dehors des premières minutes, plus proches du Conte....

ALLENDE MI ABUELO ALLENDE de Marcia TAMBUTTI-ALLENDE, Chili
A travers des photos de famille, la petite fille de Salvador Allende conduit une psychanalyse familiale, essentiellement des femmes, et les pousse à reconnaître l'homme au delà du politique.
Ennuyeux dans les réunions familiales autour de vielles photos, le film prend son intérêt dans le dévoilement de la vie sentimentale d'Allende et des réactions familiales...

FATIMA de Philippe FAUCON, France
Fatima fait des ménages pour permettre à ses filles de poursuivre des études et de s'intégrer. Elle a quelques difficultés avec la seconde qui se révolte contre la situation d'exploitée de sa mère mais l’aînée lui donne pleine satisfaction quand elle peut aller lire discrètement son nom, sur la liste des reçus en médecine.
Faucon fait une description sans drame de la situation de celles qui permettent à la société de fonctionner, à leurs enfants de grandir et en ont parfaitement conscience.

GOKUDO DAISENSO (Yakuza apocalypse) de TaKashi MIIKE, Japon

Kamiura, chef yakuza vampire doit faire face au syndicat du crime venu de l'étranger. Il doit réintégrer le syndicat ou mourir. Avant de mourir il transmet son pouvoir à son fidèle second qui le venge.

Film yakusa qui mélange yakuza, vampires et symboles, le bien le mal, l’occident (chrétien) la tradition, la puissance tellurique...

SEMAINE DE LA CRITIQUE

Deux films sud-américains se sont partagés les prix de la Semaine de ela Critique : La terra y la Sombra et Paulina.

LA TIERRA Y LA SOMBRA (La terre et l'ombre) de Cesar Auguste ACEVEDO, Colombie/France/Pays-Bas/Chili/Brésil, Prix Révélation France 4, Prix SACD, il a reçu par ailleurs la Camera d'or du meilleur premier film.
Un homme revient à la maison qu'il a quittée, il y a bien longtemps. Il ne reste plus qu'une mauvaise route pour les camions, des champs de canne et cette maison isolée avec son arbre qui offre son ombre.
Il y retrouve sa femme et son fils qui est en train de mourir d'une maladie probablement liée à son dur travail dans la canne à sucre. Tandis que femme et belle-fille continuent à travailler à la coupe de la canne mais sont licenciées pour rendement insuffisant.
Après la mort du fils, il repart pour la ville avec sa bru et sa petite fille tandis que sa femme reste seule, sur sa terre qu'elle ne veut pas abandonner.

PAULINA (La patota) de Santiago MITRE, Argentine/Brésil/France, Grand Prix Nespresso et Prix Fipresci de la Semaine de la Critique.
Paulina, fille d'un magistrat de gauche en Argentine, arrive en fin d'études et est promise à une brillante carrière d'avocate où elle pourra, comme son père, allier belle carrière et bonne conscience en défendant la veuve et l'orphelin.
Au désespoir de son père, elle y renonce pour participer à une expérience comme institutrice dans un milieu populaire défavorisé. Ses débuts ne sont pas brillants face à ses élèves en classe. Elle est, en plus, victime d'un viol auquel quelques uns de ses élèves participent. Et elle en attend un enfant.
Contre la volonté de son père, de son ami, elle décide de conserver cet enfant et connaissant son agresseur, elle refuse la justice institutionnelle,. Pour une autre justice, la vraie qu'elle veut promouvoir.

LES ANARCHISTES de Elie Wajeman, France
Un jeune policier est recruté pour infiltrer les milieux anarchistes à la fin du 19ème siècle. Son travail porte trop bien ses fruits et le groupe qu'il a infiltré est décapité lors d'une tentative d'assassinat qu'il a organisé.
Le jeune policer y perd des jeunes qui sont devenus insensiblement des amis et la jeune anarchiste qu'il aime.
La description du travail ouvrier est remarquablement traité notamment par la couleur.

SLEEPING GIANT (Le géant endormi) de Andrew CIVIDINO, Canada
Adam, jeune adolescent, passe ses vacances en famille sur les bords du Lac Supérieur. Soufre-douleur, ses cousins l’entraînent aux jeux de leur âge quelquefois dangereux (drogue, alcool, exploits physiques, vol dans un super marché...) alors qu'il découvre la vie pas toujours modèle des parents.

COIN LOCKER GIRL de Hang JUN-HEE, Corée du Sud
II-Young est abandonnée dans un casier de consigne... Vers l'âge de 8-10 ans, elle est vendue et adoptée par une femme, « maman », qui dirige un gang très violent qui gère des dettes. En cas de non-remboursement, les débiteurs payent avec leur vie et leur corps utilisé dans le trafic d'organes. Les membres du gang ne survivent que tant qu'ils sont utiles, à défaut ils font de bons donneurs d'organes.
Dans le gang, II-Young est particulièrement efficace. Elle remplacera sa « mère » après l'avoir tuée comme celle-ci l'avait fait pour la sienne et a organisé les événements pour sa propre fin.

DÉGRADÉ de Arab et Tarzan NASSER, Palestine/France/Qatar
La vie dans un salon de coiffure pour dames dans Gaza pendant que la guerre se poursuit tout autour et se fait bruyamment entendre.. Dans ce huis clos, sans homme, treize femmes parlent de leur vie, à partir de situations bien différents : une divorcée, une droguée, une jeune fille qui prépare son mariage, une traditionaliste musulmane...

Les réalisateurs et les actrices de DEGRADE

Les réalisateurs et les actrices de DEGRADE

NI LE CIEL, NI LA TERRE (The Wakhan Front) de Clément COGITORE, France/Belgique
Un contingent français, isolé, en Afghanistan à la frontière du Pakistan, dans le cadre de l'ONU, est chargé de surveiller et contrôler une vallée du Wakhan en attendant un prochain désengagement. Les relations avec le village sont dures mais sans réel problème. Malgré un équipement de pointe, des hommes disparaissent sans explication.
Le capitaine décide d'organiser une sortie pour retrouver, vivants ou morts, les disparus. Il s'avère que les talibans recherchent aussi leurs disparus et proposent un échange.
En fait, ni les uns ni les autres ne comprennent rien aux forces spirituelles locales...

MEDITERRANEA de Jonas CARPGNANO, Italie/France/Etats-Unis/Allemagne
La longue marche de Burkinabés vers l'Europe promise, à travers le Sahara, à pied et en camion, à travers la Méditerranée... En Italie, ici en Calabre, l'accueil est mitigé, entre « mamma » et jeunes racistes. Ils trouvent des relais du pays en Italie, sont embauchés au noir dans la cueillette des orange, sans espoir de régularisation, même s'ils donnent satisfaction et ont de bonnes relations avec les employeurs.
A la suite de la mort de 2 d'entre eux une émeute éclate...

LA VIE EN GRAND de Mathieu VADEPIED, France
En banlieue, Adama, un jeune noir, de 14 ans, aidé par Mamadou, complice plus jeune, fait des affaires en revendant de la drogue aux aînés. A l'école, malgré ses capacités, les choses ne vont pas fort, l'exclusion menace. Finalement, grâce à la compréhension et à la stimulation des enseignants, un contrat est passé avec Adama qui lui permet d’entrer dans une bonne école...
Mais que vont-ils faire du butin accumulé ?
Un des rares films optimistes vu à Cannes cette année qui fait sourire en montrant la banlieue sous un éclairage probablement peu réaliste.

Le cinéma de la plage

Le cinéma de la plage

CINÉMA DE LA PLAGE

IVAN LE TERRIBLE (première partie) de S.M. EISENSTEIN, 1944

HIBERNATUS D'EDOUARD MOLINARO, 1969

LE FESTIVAL, C'EST AUSSI...

Le folklore de la rue
Le folklore de la rue
Le folklore de la rue

Le folklore de la rue

Les petits matins
Les petits matins
Les petits matins

Les petits matins

Les matins courageux à la plageLes matins courageux à la plage

Les matins courageux à la plage

La Croisette vide aux enseignes qui contienuent à tourner
La Croisette vide aux enseignes qui contienuent à tourner
La Croisette vide aux enseignes qui contienuent à tourner

La Croisette vide aux enseignes qui contienuent à tourner

La journée qui commence, la Croisette qui se prépare....La journée qui commence, la Croisette qui se prépare....La journée qui commence, la Croisette qui se prépare....
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La journée qui commence, la Croisette qui se prépare....

Les va-nu-pieds qui embarquent pour les paradis fiscaux...

Les va-nu-pieds qui embarquent pour les paradis fiscaux...

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30 janvier 2015 5 30 /01 /janvier /2015 11:02

 

L'HÔTE LOIN DES HOMMES

 

 

« Loin des hommes » est un film de David Oelhoffen, très librement adapté de la nouvelle de Camus « L'Hôte ».
Très, très librement adapté, à tel point qu'on pourrait dire que « L'Hôte » d'Albert Camus et « Loin des hommes » de David Oelhoffen sont deux œuvres à partir d'un même « fait divers » : « En Algérie française, un villageois qui a tué un cousin pour une histoire de grain est confié par un gendarme à l'instituteur qui doit l'amener aux autorités de la ville voisine ».

 

L'HÔTE

 

A partir de là, Albert Camus a écrit une nouvelle de quelques pages, « L'Hôte » dans laquelle on retrouve la beauté d'écriture et du monde de Camus. Et sa solitude écrasée.

 

L'action se déroule dans une école et ses alentours, à l'écart du village, entre trois personnages : Daru, l'instituteur, personnage central qui vit seul dans cette école, désertée de ses élèves par cet hiver enneigé ; le gendarme d'origine corse, Balducci, qui amène avec lui l'Arabe, sans nom, auteur d'un crime de sang.

 

L'instituteur n'est pas seulement l'enseignant qu'il a choisi d'être. Il est aussi un agent de l'administration. En temps « habituel », il distribue une aide alimentaire en grain aux élèves qui viennent en classe. Cette aide alimentaire est nécessaire pour la survie de familles du village, « cette armée de fantômes haillonneux errant dans le soleil ». Elle fait de l'instituteur, qui se veut porteur des lumières du savoir, un auxiliaire social de l'administration coloniale.

Le gendarme vient à l'école pour lui confier l'Arabe qu'il doit convoyer à la ville voisine, le transformant ainsi en auxiliaire de l'autorité policière. Malgré son refus, le gendarme repart aussitôt en lui laissant son revolver et l'Arabe. Le voilà, supplétif ! Malgré lui.

Ayant hébergé, nourri son hôte, tous deux se mettent en route le lendemain matin. Daru conduit l'Arabe jusqu'au carrefour, lui fournit un minimum de survie et lui indique deux possibilités, prendre le chemin de la prison ou celui qui conduit chez les nomades, la survie, la liberté.

L'Arabe choisit la ville et la justice coloniale.

 

« L'Hôte » est l'une des nouvelles de « L'Exil et le Royaume », dernière œuvre d'Albert Camus, publiée de son vivant en 1957. « L'Hôte » a, probablement été écrite entre 1952 et 1954-55. L'action se déroule avant les « événements » d'Algérie, avant le 1er novembre 1954.
Mais les propos du gendarme font penser que la situation est lourde. Que la révolte gronde. Qu'il faut serrer les rangs. Il fournit à Daru qui n'a qu'un fusil de chasse, un revolver pour sa mission.

L'Arabe est-il « contre nous? » demande Daru,« Je ne crois pas. Mais on ne peut jamais savoir ».

Il a commis un crime pour une histoire familiale de grain. Il a fui la justice, protégé par les siens, a été capturé mais au moment du choix qui lui est offert par Daru, il prend le chemin de la soumission à l'autorité de la justice coloniale non celui de la liberté.

Quand il revient dans sa classe, Daru trouve écrit sur le tableau  : « Tu as livré notre frère. Tu paieras. » -

 

Daru, le juste, n'écoute que sa conscience, estime que livrer l'Arabe est contraire à son sens de l'honneur. Il espère qu'il va s'enfuir discrètement et ainsi le délivrer de son problème moral, de la nécessaire décision d'amener ou non l'Arabe à la ville. L'Arabe ne fuit pas. Daru veut continuer à apporter l'autonomie aux enfants par l'enseignement, rester au dessus de la mêlée, y compris en soustrayant un criminel à la justice des hommes. Mais il se trouve pris dans l'engrenage des affrontements à venir.

 

La solitude de Daru va au delà de son isolement politique, de l'incompréhension du gendarme, de l'Arabe ou des « frères ». Il vit seul dans cette école, depuis un an, sans femme, sans enfant, loin du village, sur un plateau désertique, dans un pays « cruel à vivre » « où il était né ». Camus marque cette solitude, en commençant la nouvelle avec une école, « vide et glacée », vidée de ses élèves par le froid et la neige.

 

Si Daru éprouve des sentiments pour le gendarme ou l'Arabe, ils n'apparaissent guère si ce n'est dans ce que nécessite sa dignité : hospitalité pour l'Arabe, quoi qu'il pense de son crime, refus de conduire l'Arabe à la ville, malgré ses liens avec le gendarme. Et s'il ressent, au petit matin, une « sorte de fraternité » avec l'Arabe, celle des «hommes, qui partagent les mêmes chambres, soldats ou prisonniers », il s'en défend car« il n'aimait pas ces bêtises »

 

Mais ce qu'il aime par dessus ces hommes, c'est le pays : « partout ailleurs, il se sentait en exil ». Même si ce pays est décrit comme dur, inhospitalier par sa nature et par ses hommes. Daru est, à la fois, fasciné et écrasé par la beauté de ce paysage inhumain.

 

« Les plateaux calcinés mois après mois, la terre recroquevillée peu à peu, littéralement torréfiée, chaque pierre éclatant en poussière sous le pied. Les moutons mouraient alors par milliers et quelques hommes, çà et là, sans qu'on puisse toujours le savoir. Le pays était ainsi, cruel à vivre, même sans les hommes, qui, pourtant, n'arrangeaient rien ».
« 
Une lumière tendre et vive inondait le plateau désert... Daru buvait, à profondes aspirations, la lumière fraîche.Une sorte d'exaltation naissait en lui devant le grand espace familier, presque entièrement jaune maintenant, sous sa calotte de ciel bleu ».
« Quand toute la neige serait fondue, le soleil régnerait de nouveau et brûlerait une fois de plus les champs de pierre. Pendant des jours, encore, le ciel inaltérable déverserait sa lumière sèche sur l'étendue solitaire où rien ne rappelait l'homme. »
« Dans ce désert, personne, ni lui ni son hôte n'étaient rien. Et pourtant, hors de ce désert, ni l'un ni l'autre, Daru le savait, n'auraient pu vivre vraiment. il se sentait étrangement vide et vulnérable
. »

 

« L’Hôte » s’achève sur  une phrase désespérée qui ne parle pas seulement de sa solitude parmi les hommes mais aussi de la fin d'un monde, de sa disparition dans la terrible grandeur de la nature : « Dans ce vaste pays qu’il avait tant aimé, il était seul. »

 

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LOIN DES HOMMES

 

A partir de ce même « fait divers », David Oelhoffen a imaginé un magnifique western, pétri d'humanisme chrétien, situé en Algérie française, tourné dans l'Ouest (maghrébin, au Maroc, semble-t-il). De très belles images d'un pays désertique servent de décor à une guerre cruelle où s'affrontent les hommes.

 

Le film commence par une vue de l'école isolée dans la montagne mais pleine de la vie, des jeux et des cris des élèves en récréation. Daru enseigne, distribue et grain et galette...

 

Le soir arrivent le gendarme et l'Arabe. Daru semble bien décidé à ne pas livrer l'Arabe aux autorités. L'intervention au petit matin de cavaliers dont les troupeaux ont été décimés dans la nuit, qui viennent pour récupérer l'Arabe et lui faire payer les exactions de « ses frères », conduit l'instituteur, à s'interposer les armes à la main.
Dès lors, Daru devient le héros de ce film d'action. Il est contraint de quitter son école « Pas de classe aujourd'hui » écrit-il sur le tableau, pour partir avec l'Arabe qu'il doit protéger. Et cette protection va s'avérer mouvementée.

 

Car dans cette marche vers la ville, Daru et l'Arabe vont faire des rencontres dangereuses : d'abord un très beau cavalier arabe qui les menace d'un fusil et que Daru est obligé d'abattre ; ensuite, une colonne de rebelles dans laquelle se trouvent engagés des hommes qui ont servi sous les ordres de Daru pendant la campagne d'Italie ; enfin un violent affrontement entre ces rebelles et un important détachement de l'armée française qui ratisse et élimine, « avec ordre de ne pas faire de prisonniers ».
Cette longue marche aboutira à un « saloon » où tous deux approcheront une femme, ce qui n'était pas arrivé à Daru depuis longtemps, une première pour Mohamed.

 

Cette longue marche dangereuse dans de splendides montagnes rouges, arides, inhospitalières, va donner une certaine épaisseur humaine aux deux personnages, notamment à Mohamed. Aux moments de repos, les deux héros vont se parler, se connaître, s'apprécier, au delà des échanges obligés, durs pour survivre.
Daru a vécu sa jeunesse dans le pays, a fait la campagne d'Italie avec des Algériens qui le considèrent comme un frère, qui, cette fois, a choisi le mauvais camp. Daru a perdu sa femme, il y a dix ans. Daru crie quelquefois quand il fait classe...
Mohamed a tué son cousin parce qu'il était l’aîné de sa fratrie et qu'il devait protéger la famille. Mohamed n'a jamais connu de femme. Rêve de se marier. S'il revient au village, la famille du cousin devra le tuer entraînant les deux familles dans une succession de vengeances sans fin... S'il est pris et exécuté par les autorités françaises, la guerre familiale n'aura pas lieu... C'est ce qu'il a choisi.

 

Daru revient pour un dernier cours et faire ses adieux aux élèves. Le dernier en partant lui offre un dessin. Comme, au moment de la séparation, Mohamed lui a offert sa seule richesse matérielle, une pièce de monnaie arabe. Chacun est parti vers un destin différent mais aussi imprévisible, ce sont deux amis qui se quittent. Deux amis qui ont grandi. Deux amis qui s'en remettent à Dieu.

 

PS1 : Alexandre Dumas aurait dit qu'il importe peu de violer l'histoire pourvu qu'on lui fasse un bel enfant. Ici, le gendarme montre à l'instituteur le journal qui annonce les attentats du 1ernovembre 1954. Le lendemain, les deux héros rencontrent un groupe de maquisards et aussitôt après une importante opération de ratissage par l'armée française avec l'ordre de ne pas faire de prisonniers. Il s'agit là d'un « raccourci chronologique ».

 

PS 2 : Pour incarner l'instituteur Daru, le réalisateur David Oelhoffen a choisi le très beau Viggo Mortensen. Malheureusement son accent paraît peu correspondre à ce qu'on attend d'un Français d'Algérie d'origine espagnole !

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29 décembre 2014 1 29 /12 /décembre /2014 19:09

 

Timbuktu

Timbuktu, salué, comme Palme d'or possible, au début du Festival de Cannes de 2014, n'a finalement recueilli que le Prix du jury œcuménique, jury composé de chrétiens engagés dans le monde du cinéma (journalistes, réalisateurs, enseignants). Mais le film a, rapidement, trouvé son public lors de sa sortie dans les salles par son thème, la tension dramatique de certaines séquences, la beauté de ses images et l'humour d'Abderrahmane Sissako.

Ayant vu 3 fois le film avec plaisir, l'ayant fortement recommandé à tous mes amis, qui l'ont généralement très apprécié, l'un d'eux, GC, s'est étonné que les critiques n'aient été que moyennement enthousiastes. D'où ce bref billet.


Le Prix du jury œcuménique est un prix "idéologique" même s'il ne néglige pas les qualités cinématographiques. Et"Timbuktu" ne peut que plaire aux occidentaux et aux chrétiens qui, les uns et les autres,se trouvent du bon côté face à ces horribles islamistes


"Timbuktu" est un film avec de magnifiques photos, parfois trop "Connaissance du monde", avec clair de lune, belles dunes, beaux nomades, beaux enfants, dromadaires... Mais aussi des images terribles, lapidation, flagellation, assassinats ou porteuses d'un espoir improbable, la survie, la fuite dans le désert des deux jeunes d'une douzaine d'années.


C'est d'abord un documentaire engagé sur une ville du nord du Mali occupée par des étrangers, djihadistes, soit cruels, soit ridicules,qui imposent une pratique intégriste de l'islam : destruction des "idoles", interdiction de la musique, des jeux de ballon, tenue vestimentaire... A l'aide de dures sanctions. Tout en ménageant l'imam traditionnel, bien inséré dans la population et accompagnant sa résistance.
Mais on ignore le pourquoi de l'engagement, de l'égarement de ces djihadistes.

 

Aux abords de cette ville, éclate une mauvaise rixe pour une histoire de vache et de filets. La rixe, le jugement, la sentence, son exécution, l'ensemble de l'histoire se déroule dans un milieu traditionnel aux cultures et langues entremêlées, tamachek et bambara, arabe, français et anglais, à l'équilibre précaire mis en danger par cette meurtrière altercation. Cette rixe est-elle un incident sans signification ? Ou traduit-elle un antagonisme discret mais historique qui perdure ? Ou qu'il faut oublier dans la situation nouvelle qui frappe également tout le monde ? Elle aurait pu donner à voir l'évolution éventuelle des rapports, oppositions, conflits entre le pasteur et le pêcheur, le (semi) nomade et le sédentaire, le blanc et le noir, descendants des seigneurs et des esclaves...



Finalement, "Timbuktu" est plus un beau documentaire à thèse, à voir, qu'un film d'auteur même s'il faut tenir compte de l'humour de Abderrahmane Sissako, avec GPS,  la vache préférée, l'ancien rappeur mauvais acteur du djihad, l'opposition de deux djihadistes sur les qualités respectives de Zidane et de Messi, les normes imposées, robes longues et pantalons courts... et le match de foot sans ballon qui devrait rester dans l'histoire du cinéma.

 

 

Timbuktu de Abderrahmane Sissako, 1h42, Mauritanie, France



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16 décembre 2014 2 16 /12 /décembre /2014 00:00

 

 

LA GUERRE EST FINIE !?

 

L'actualité cinématographique et littéraire offre aux spectateurs et lecteurs français trois œuvres fortes qui viennent de pays, anciennement colonisés par la France, Algérie et Mali, et qui abordent des problèmes que ces pays affrontent aujourd'hui.
« Timbuktu » favorablement accueilli à Cannes au printemps dernier et aujourd'hui, par la critique et le public français.

« L'Oranais », qui a connu une sortie mouvementée en Algérie mais connaît un succès certain dans les salles françaises.

« Meursault : contre-enquête » qui a trouvé ses lecteurs en Algérie et aujourd'hui en France après avoir récolté quelques prix et manqué de peu le dernier Goncourt.

 

« Timbuktu* » se déroule dans une

ville du nord du Mali dont la vie est,

désormais, réglée par la nouvelle administration           Abderrahmane Sissako

SissakoTimbuktu141209-001.jpg

islamiste, venue d'ailleurs, qui impose sa vision intégriste de l'islam : destruction des « idoles », interdiction de la musique, des ballons, tenue vestimentaire de rigueur pour les femmes comme pour les hommes. A l'aide de dures sanctions.
Dans les abords de cette ville, éclate une rixe qui tourne mal entre l'éleveur Kidane, vivant avec sa famille sous la tente et le pêcheur Amadou, pour une histoire de vache détruisant des filets.
Des images magnifiques, le (classique) désert de sable, gazelle et chameaux. Mais aussi des images très dures, lapidation, flagellation, assassinat de Kidane et de Satima, son épouse, ou porteuses d'un espoir improbable, la survie, la fuite éperdue dans le désert de Toya, la fille de Kidane et Satima, et de Issan, leur petit berger, tous deux âgés d'une douzaine d'années.
Il faut aussi ajouter l'humour de Abderrahmane Sissako : Kidane appelle sa vache préférée GPS, le  jeune ancien rappeur incapable de réciter son ralliement au djihad devant une caméra, la discussion de deux djihadistes sur les qualités respective de Zidane et de Messi, l'obligation de porter des robes longues pour les femmes et des pantalons courts pour les hommes...

L’histoire se déroule dans un milieu traditionnel aux langues entremêlées, tamachek et bambara, arabe, français et anglais ; à l'équilibre précaire mis en évidence par la meurtrière altercation entre le pasteur et le pêcheur, le (semi) nomade et le sédentaire, le blanc et le noir, descendants des seigneurs et des esclaves...

L'intrusion extérieure vient imposer les règles d'un islam intégriste et du djihad à un village qui résiste pacifiquement : surtout les femmes par le refus des injonctions aberrantes, obligation, après le voile, de mettre des gants pour vendre le poisson, refus du mariage imposé, avec l'appui de l'imam qui prêche un djihad intérieur, les jeunes qui jouent de la musique ou organisent une partie de football, sans ballon...

Qu'il est loin le temps des colonies. Et l'Occident aussi. Qui n'apparaît que par ses machines, les véhicules de guerre, les armes, le téléphone portable et le football, avec le match entre les jeunes qui restera dans l'histoire du cinéma...

 

Oran 4« L'Oranais » illustre les mœurs politiques de cadres issus de la guerre de libération nationale. Djaffar, l'Oranais (Lyes Salem, le réalisateur), bien que nationaliste, n'est entré dans la lutte armé que par hasard, entraîné, par son ami Hamid, dans une fuite au cours de laquelle il tue involontairement un colon. Il doit rejoindre le maquis où, pendant plusieurs années, il fait ses preuves. L'Indépendance acquise, commandant, il peut rentrer chez lui, en héros pour retrouver un fils qu'il n'a jamais vu et sa femme... dont on lui a caché la mort.

La guerre est finie : « Le colon n'était pas un mauvais homme mais il avait fait le mauvais choix », « Nous n'avons pas combattu les Français mais le colonialisme » disent les politiques... Construire l'Algérie nouvelle est le nouveau combat, avec passion et/ou compromission, dans la fraternité ou l'affrontement des anciens combattants devant les nouveaux problèmes qui peuvent conduire à des dérapages entre « frères »...
La construction nationale, probablement moins meurtrière, est bien difficile. Les amitiés se déchirent devant les questions nouvelles. Les puissances de l'argent. Le commandant Jaffar, l'Oranais, « le commandant est mort en 1962 » dit-il, ne rentrera pas dans le rang, n'épousera pas la belle fille de notable qui le ferait entrer dans un clan. Jaffar et le fils de sa femme assumeront un lien dont ils savent tous les deux qu'il n'est pas celui du sang : « son » fils est le fruit du viol, vengeur, de sa femme par le fils du colon qu'il a tué. La guerre est bien finie. On a besoin de tous pour construire.

Ce film, coproduit par l'Agence algérienne du rayonnement culturel, n'a pas été interdit par les autorités mais sa sortie a créé des remous par l'image qu'il donne à voir du comportement de certains cadres algériens (1) .

9AlgerCasbah

La guerre est finie, aussi, dans « Meursault : contre-enquête » de Kamel Daoud. Certes, un Français, avec un nom et un prénom, Larquais Joseph, est tué par le narrateur, comme un Arabe anonyme est tué dans « L’Étranger » d'Albert Camus. Mais tous les deux sont tués « hors des heures d'ouverture ». L'Arabe avant la lutte de Libération nationale et le Français après le cessez le feu. La mort de l'Arabe ne vaudra pas à sa mère une reconnaissance et une pension et le meurtre du Français ne permet pas au narrateur de prétendre au titre de « moudjahid » (combattant)
« Meursault, contre-enquête » n'est pas un livre sur la guerre d'Algérie. Même s'il en porte les traces. Le narrateur n'est pas un historien même s'il est façonné par cette histoire. Il ne se situe pas dans le chant héroïque, officiel, de l'après l'indépendance. Il est un Algérien moyen qui vit dans l'Algérie d'aujourd'hui. Ni traître, ni héros. A l'âge de se battre, il n'a pas rejoint le maquis, ce que ses congénères lui reprochent.
Ce qui lui pose problème, ce n'est pas le colonialisme ou les séquelles du colonialisme, ce n'est pas Camus dont il loue en permanence le génie littéraire, c'est la disparition de son frère que sa mère a recherché pendant des années. C'est le poids de sa mère sur son enfance. S'il tue un Français, c'est surtout sous la pression de sa mère qui n'a pas fait le deuil de son aîné. Et cette mort va le légitimer aux yeux de sa mère. Le libérer.

Mais la trame de fond, essentielle, du roman, c'est la situation du narrateur qui se raconte à un inconnu, chaque soir, autour d'une bouteille de vin, dans un des derniers cafés d'Oran. C'est la situation de l'Algérie d'aujourd'hui sous le poids d'une religion qui étouffe toute vie, toute jeunesse, à laquelle le narrateur s'oppose dans le roman. En utilisant le français pour s'en distancier.

Comme Kamel Daoud, dans Le Quotidien d'Oran. Quotidiennement. Courageusement. Dangereusement, (2)

 

PS : La guerre est finie. Mais peut-être encore utilisée. Ici et là-bas. « Lalla Fadhma N'Soumer », film en langue kabyle, rappelle l'un des nombreux épisodes de la résistance kabyle à l'occupation française. Ici en 1850-51.

 

(1)- « Cheikh Chemssedine, le plus connu des prédicateurs ' satellitaires ' algériens... attaqua sévèrement le film, le traitant de satanique, critiqua sa manière de «dénigrer» la révolution algérienne, les ' Moudjahidin ' et ' la dignité ' des Oranais, appelant les autorités à interdire le film et les habitants d'Oran à poursuivre son réalisateur en justice ». Faycal Sahbi Le Quotidien d'Oran, 15/12/14

 

* Timbuktu, de Abderrahmane Sissako, 1h37mn, Français-Mauritanien

** L'Oranais, de Lyes Salem, 2h8mn, Français-Algérien

*** Meursault, contre-enquête, de Kamel Daoud, Barzakh ; 2013, Actes Sud 2014.

**** Lalla Fadhma N'Soumer, de Belkacem Hadjadj, 1h37mn, Algérien

 

 

 

(2) : Ajout du 17/12/14 : Article publié dans Mediapart du 17/12/14 : Un imam salafiste algérien a appelé, mardi 16 décembre, à condamner à mort l’écrivain et journaliste Kamel Daoud. Il était en lice cette année pour le prix Goncourt avec son roman Meursault contre-enquête. La chronique quotidienne qu’il tient depuis 17 ans dans le Quotidien d’Oran a permis à l’écrivain de se glisser dans les interstices du système algérien jusqu’à faire résonner une voix singulière.

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14 septembre 2014 7 14 /09 /septembre /2014 19:17
Venise La Mostra 2014

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Affiche officielle de la 71ème Mostra

 

 

 

La 71ème édition de la Mostra de Venise présentait 150 films environ, 20 en compétition et les autres dans différentes sélections (Orizzonti, Settimana della critica, Fuori concorso, Venezia classici, Venezia classici Orizzonti corti, Giornate degli autori) dans 9 salles différentes du mardi 26 août au samedi 6 septembre.

On trouvera ci-après la liste des 36 films que nous avons pu voir avec une présentation sur la plupart d'entre eux, en quelques lignes, et la note (sur 10) que nous (Anne et Paul) leur avons attribuée.

 

Le même thème est abordé dans différents films, de même nationalité (le crime organisé, Berlusconi, dans les films italiens, la guerre d'Algérie, le mirage de la promotion des jeunes par le sport, dans les films français, l'acteur dans les films étasuniens), ou de nationalité différente (émigration films italien, allemand et français), biographie d'une personnalité italienne (Pasolini, Leopardi), image de la société postcommuniste (films russe, chinois, croate), les jeunes, bien sûr, dans des situations bien différentes (Films italien, gallois, istaélien).
Les comédies sont rares (2 films italiens et 1 francais).

 

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Films vus

- En compétition

Belye nochi pochtalona Alekseya Tryapitsyna (The postman's white nights) de Andrej Koncaloski, 101 mn. Lion d'Argent, (7,5).
La vie d'un postier solitaire, dans un coin isolé de la Russie post-communiste qui se meurt doucement. Le postier, seul lien avec la ville, fait sa tournée en bateau, courtise discrètement une jeune mère qui quitte le village quand elle obtient un emploi en ville, organise des parties de pêche illégales pour le général de la base spatiale voisine... Que vont-t-ils devenir, lui, sa tournée et le village, quand on lui vole le moteur du bateau que l'administration ne remplacera que plus tard ou jamais...
Il n'a pas suffisamment d'argent pour le remplacer et personne ne peut l'aider, ni sa
sœur qui vit à la ville, ni le général. Et il n'est pas fait pour vivre dans l'agitation d'une ville. Mais dans le calme de cette campagne mourante mais magnifiquement photographiée..


Birdman ou The Unespected Virtue of Ignorance de Alejandro G. Inarritu, 119 mn, (8). 'Film préféré du public d'après le quotidien du festiaval (CIAK)V14-Birdman52.jpg

 

 

Un acteur (Michael Keaton), rendu célèbre par ses rôles de "super-héros", veut percer à Broadway comme acteur de théâtre, le rêve de sa vie auquel il a sacrifié et sa femme (actrice aussi) et sa fille. Méprisé par la "grande critique", il tentera d’être hyperréaliste dans la scène finale du suicide où il ne s’abîme que le nez mais obtient la reconnaissance recherchée.
Opposition du rêve et de la réalité, de la personne et du personnage, de la difficulté à échapper au personnage aux yeux du public ou de la critique installée dans son confort intellectuel alors que l'acteur joue sa vie dans son aventure.
Michael Keaton a été acteur d'un film, type Superman, quand il a été contacté pour jouer ce rôle. Il a d'abord pensé à une plaisanterie...

 

 

La rançon de la gloire de Xavier Beauvois, 114 mn, (7,5).
A sa sortie de prison, en Suisse, Teddy (Benoît Poelvoorde), le Belge, est attendu par son vieux copain algérien (Osman Roshdy Zem). L’Algérien, employé de mairie qui vit en famille dans une caravane un peu délabrée en a équipé une autre pour Teddy dans laquelle il a regroupé ses livres.
Cette famille algérienne, vivant dans la précarité va être entraînée dans une aventure fumeuse par Teddy : voler le cercueil de Charlie Chaplin qui vient de mourir et demander une rançon d'un million de dollars. Pour payer l’opération dont sa femme a besoin, Osman, bon père, bon époux, bon travailleur pour la mairie, poussé par son ami et le besoin, cédera. Mais tout finira bien, grâce à la générosité de la famille Chaplin et à la chance qui permettra à Teddy de trouver l'amour et un rôle de clown dans un cirque itinérant.
Film intéressant, notamment par le portrait nuancé d'une famille d’immigrés algériens en Suisse avec un clin d’œil à Pain et chocolat.

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Anime nere de Francesco Munzi, 103 mn, (8,5).
Un jeune Calabrais déclenche la guerre entre deux familles de la ndrangheta qui se termine par le refus sanglant du frère aîné de perpétuer la tradition.
Appel de l'auteur aux jeunes pour qu’ils se révoltent contre cette tradition.
Très beau film avec des images magnifiques de la Calabre et de ses villages abandonnés.

 

 

 

99 Homes de Ramin Bahrani, 112 mn, (6).
Les ménages ne pouvant plus payer leurs échéances sont expulsés de leur logement par des agents immobiliers, souvent sans scrupules, qui font fortune sur la misère des autres. Un de ces expulsés trouve son salut en se mettant au service de l'agent qui l'a chassé de son propre foyer. Il monte dans la hiérarchie, devient à son tour « expulseur » et entre désormais dans l’Amérique des vainqueurs. Jusqu'au jour où, dans une opération qui porte sur 100 maisons, un de ses anciens camarades résiste l'arme à la main.
Un nouveau film qui dénonce la spéculation organisée, ici en Floride, et en démontre certains mécanismes.

 

 

3 cœurs de Benoît Jacquot, 100 mn, (6).
Marc (Benoît Poelvoorde) passe la nuit à bavarder de tout et de rien avec Sylvie (Charlotte Gainsbourg), une rencontre fortuite dans une ville de province avec promesse de se revoir à Paris la semaine suivante. Rendez-vous manqué sans possibilité de rattrapage.
Lors d'un contrôle fiscal, Marc, inspecteur des impôts, fait connaissance d'une contribuable désemparée, Sophie, (Chiara Mastroianni) par sa comptabilité. Les inspecteurs sont des braves gens et tout ceci se termine par un mariage avec cette jeune femme qui n'est autre que la sœur du rendez-vous manqué et inoublié par les deux protagonistes.
Tout ou presque rentre dans l'ordre grâce à la perspicacité de la mère (Catherine Deneuve) des deux jeunes femmes. La dernière image suggère que les choses auraient été bien différentes si, par une belle fin d’après-midi d'automne, la rencontre avait eu lieu dans les rousses allées du Luxembourg.

 


Loin des hommes de David Oelhoffen, 110 mn, (7,5).
Librement adapté de la nouvelle de Camus "L’hôte" dans "L'exil et le royaume" et tourné au Maroc. L'auteur a fait de la nouvelle annonciatrice de la guerre d’Algérie un épisode de cette guerre sous forme d'un western.
C'est cependant un bon film où on retrouve des questions posées par Camus mais ici l'instituteur est un officier de réserve, pied noir avec un accent exotique (Viggo Mortensen), catholique... L'auteur aurait pu se dispenser cependant de la dernière image à laquelle se refusent même les photographes amateurs.


Pasolini de Abel Ferrara, 87 mn, (6,5).
Abel Ferrara a choisi de narrer le dernier jour de la vie de Pasolini, incarné de façon époustouflante par Willem Dafoe. Son travail, ses rencontres amicales, ses aventures nocturnes qui, ce jour là, tournent mal.

Chuangru zhe (Red Amnesia) de Wang Xiaoshuai, 115 mn, (7,5).
Une vieille femme, veuve et mère de deux enfants, adultes, vit seule dans un grand appartement. Elle est poursuivie par des coups de téléphone anonymes et autres persécutions dont on apprend qu'ils sont le fait d'un jeune garçon venu de la campagne pour venger sa famille qu'elle a dénoncée pendant la période communiste.
Le film permet de voir la relative
aisance de la classe moyenne chinoise (appareils ménagers, belle voiture...) dans une Chine en pleine mutation (fermeture d'usines).


The Cut de Fatih Akin, 138 mn, (7,5).
Le réalisateur germano-turc a choisi un acteur franco-algérien pour incarner un Arménien qui a survécu, mais muet, à l'égorgement lors du génocide et part à la recherche des deux filles jumelles. Cela lui fera rencontrer des personnes, de diverses religions, plus ou moins bienveillantes, dans des sociétés bien différentes, et le conduira de la Turquie au Nord Dakota, après un long périple par La Syrie, le Liban, Cuba et la Floride.


Il giovane favoloso de Mario Matone, 137 mn, (7).
Basé sur l'histoire du grand poète romantique et philosophe italien, Giacomo Leopardi (Elio Germano), mort du choléra à 38 ans.Giacomo Leonardi est né dans une famille de nobles de province. Le père, très traditionaliste, a une très importante bibliothèque et le jeune Leopardi découvre le monde des livres mais la vie est ailleurs. Le monde change en Europe et père et fils s'opposent violemment.
Le jeune Leopardi quittera sa famille pour l'aventure du monde. Mais n'arrivera pas à s'intégrer au monde intellectuel à cause de son noir pessimisme et sa disgrâce physique le tiendra éloigné de l'amour.


Le dernier coup de marteau de Alix Delaporte, 82 mn, (7).
Victor (Romain Paul, prix Marcello Mastroianni) qui veut devenir footballeur professionnel, vit avec sa mère (Clotilde Hesme), atteinte d'un cancer dans une roulotte à Montpellier. Pour obtenir l'argent dont sa mère a besoin, qu'elle refusera, il profite du passage, à Montpellier, de son père (Gregory Gadebois) qui vient diriger la 6ème symphonie de Malher, pour aller le trouver à l'Opéra. Bien que ne connaissant rien à la musique, il établit un lien avec lui. Et intégrera l'équipe sport-étude de Montpellier.


- Orizzonti

Takva su pravila (These are the rules) de Ognjen Svilicic, 78 mn, (6,5). (Orizzonti, migliore interpretazione maschile o femmnile: Emir Hadzihafizbegovic) Ce film croate raconte l'histoire dramatique d'une famille modeste dont le fils, un adolescent, lycéen un peu rebelle, est victime d'une altercation dont il va mourir à la suite d'un traumatisme crânien.
Chacun est coincé dans un monde de règles qui empêchent toute communication : le fils qui ne veut pas suivre la discipline familiale mais qui va mourir dans un règlement de comptes entre jeunes de la même classe du lycée ; les parents qui affrontent les règles bureaucratiques de l’hôpital et de la police.
Le père appliquera la loi du talion et fera justice lui-même.


La vita oscena de Renati De Maria, 85 mn, (6).
Un adolescent à la dérive à la suite de la mort de sa mère va rechercher sa destruction par le suicide, la drogue, le sexe tarifé... pour s'apercevoir que, finalement, le sens de la vie est dans la famille, telle qu'elle était entre son père et sa mère. Il va se consacrer à la philosophie et à la littérature.
Difficile de savoir si le film utilise la fin, édifiante, pour justifier les scènes de drogue et de sexe ou l'inverse.


Bypass de Duane Hopkins, 103 mn, (6).
Tim est un jeune Gallois qui vit d'allocations et, pour compléter, de la vente d'objets volés. Il a perdu récemment sa mère, doit s'occuper d'une sœur plus jeune qui ne lui facilite pas la vie et a un grand frère en difficulté avec la justice. Il est malade et sa petite amie veut avoir un enfant... Optimiste, elle lui dit : « nous serons de bons parents ».
Dans une séquence continue et magnifique,
l’image s'inverse et passe de son lit de souffrance post-opératoire à celui de sa petite amie qui accouche et au bonheur.


Belluscone, Una storia siciliana de Franco Maresco, 95 mn, (6,5). Orizzonti, premio speciale della giuria:

 

 

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   Dans une enquête en Sicile, les liaisons de Berlusconi avec la mafia sont dévoilées par les réponses et les silences embarrassés du principal organisateur des fêtes populaires siciliennes, appartenant à la mafia (actuellement en prison).

 


 

 

 

 

Tatti Sanguinetti dans Belluscone

 

Io sto con la sposa de Antonio Augugliaro, Gabriele del Grande, Khaled Soliman Al Nassiry, 92mn, Orizzonti Fuori Concorso, (6).
Une équipe de cinéastes italiens, ulcérés par ce qui se passe en Méditerranée, décide d'aider des Palestiniens qui sont

sans papiers en Italie, à rejoindre la Suède où ils espèrent obtenir le statut de réfugié, plus facilement.
Pour cela, ils décident de faire un convoi nuptial, un couple en habits de mariés et leur famille vont traverser l'Europe en cortège. En faisant étape grâce à de précieux relais à Marseille, Bochum...
La seule difficulté qu'ils rencontrent est le passage de la frontière italo-française, en robe de mariée, par la montagne et le sentier des résistants de la dernière guerre. Ensuite l'absence de contrôles aux frontières leur permet d’atteindre leur but sans mal.
Arrivés à Stockholm certains seront reconnus comme réfugiés, d'autres non qui sont encore en Italie.
Ce long voyage qui apparaît, finalement, assez facile, permet de connaître au fil des discussions la situation des uns et des autres.
A remarquer le jeune Palestinien slameur.

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Toute l'équipe du film

 

V14Mariees56.jpgLe réalisateur avait invité les spectateurs à venir à la projection en tenue de mariés. Certaines ont répondu à cet appel

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La projection a été l'occasion d'une manifestation de solidarité avec les Palestiniens et a connu un vrai triomphe.


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Dans la rue, devant le Palais du Festival

 

 

-Giornate degli autori


Les nuits d'été de Mario Fanfani, 100 mn, (7).

 Un notaire de province, bon père, bon époux, a une passion

secrète pour le travestissement auquel il s'adonne avec quelques
amis, dans sa résidence secondaire. Jusqu’au jour où

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son épouse (Jeanne Balibar) commence à avoir des soupçons d'adultère et découvre que la chose est moins grave... Tout

peut continuer comme auparavant tant que la « bonne société » ne saura rien.
Cette histoire se déroule pendant les années de la guerre d'Algérie. La femme du
notaire doit faire le discours pour une réunion de charité en faveur des malheureux appelés qu'elle transforme, inconsciemment, en discours contre la guerre d'Algérie. Le notaire ne sera pas président.
Par ailleurs, l'équipe des travestis accueille un jeune qui veut échapper à la guerre d'Algérie. Mais
il rejoindra finalement son lieu d'affectation.

                                                                                                    Le metteur en scène et les acteurs

 

Tussen 10 en 12 (Between 10 and 12) de Peter Hoogendoorn, 67 mn, (6).
Deux policiers frappent à la porte alors qu'un ado joue avec sa petite amie... Bien entendu, c'est l'inquiétude. Ils annoncent le décès de la sœur dans un accident de voiture. Le père est au travail, la mère chez le coiffeur...
Les policiers prennent les deux jeunes pour aller annoncer la nouvelle au père... qui travaille comme tous les jours... Il voit arriver les policiers et pense que le jeune a, encore, fait un bêtise. Il apprend la nouvelle et se ferme immédiatement. Il faut un moment pour qu'il se résigne à aller au salon de coiffure. La mère n'est pas là. Elle a été appelée par son boulot pour un remplacement. La voiture repart. C'est le père qui annoncera
la nouvelle. Mouvement de négation et de révolte. La voiture de police repart surchargée. Pour ramener tout le monde.

La petite amie est abandonnée, seule, en pleurs sur le bord du trottoir.
Le film fait sentir la normalité
absurde du monde quotidien alors que la nouvelle approche de chacun des protagonistes...

 

The Show MAS Go On de Ra di Martino, Giornate degli autori, Evento speciale, 32mn, (5,5).
Documentaire musical sur les mythiques Magazzinl allo statuto de Rome... qui doivent fermer en janvier après 100 ans d'existence où l'on peut tout acheter à 1 euro, où l'on peut rencontrer toutes sortes de clients, des drag queen, des aides familiales roumaines, des jeunes mariés qui achètent des vêtements de cérémonie à envoyer chez eux, des vieux du quartier, des religieuses, des jeunes actrices à la recherche d'accessoires...

 


Settimana della Critica

 

Terre battue de Stéphane Demoustier, 95 mn, (7) 

 

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Dans la famille, le père cadre commercial, est licencié et ne songe qu'à rebondir en créant sa propre affaire ce qui le conduit à négliger, inconsciemment, son épouse et son fils. Celui-ci, âgé de dix ans, ne pense qu'à sa sélection pour intégrer l’équipe sport-école de Roland Garros, pour gagner lors de la finale de sélection, ll va mettre un somnifère dans l’eau de son concurrent. D'où sa disqualification. La mère délaissée s’éloigne.
C'est un film sur un couple père-fils séparés par une ambition démesurée.

 

 

 

 

 

 

Zerumpelt Herz (The council of birds), 80 mn, (7).


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Otto, un jeune compositeur, s'isole dans une maison perdue en forêt pour composer sur le chant des oiseaux. Il invite des amis à venir le rejoindre, Willy, Paul et sa femme Ana.

Quand ils arrivent chez Otto, celui-ci est absent Il revient le lendemain, mange, silencieux et fiévreux. Paul décide alors d'aller chercher un médecin et Willy va se promener dans la forêt. Quand Otto se réveille, il fait l'amour à Ana et disparaît dans la forêt. A son retour, Paul part à son secours et disparaît à son tour.
Trois ans plus tard, Ana se promène sur la plage avec le fruit de cette brêve rencontre.
Le génie de la forêt a englouti les amis, reste le fruit créateur ?

Le metteur en scène et les acteurs

 

 

Arance e martello de Diego Bianchi, Settimana della critica Fuori Concorso, 101 mn, (6).

  

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Le metteur en scène présente tous les acteurs  


Quelques commerçants et habitants de Rome apprennent que leur petit marché va être supprimé par les élus du PD (Parti démocrate) pour lequel ils ont voté.
Le ton monte et ils décident d'aller interpeller la section locale du PD. Une grande discussion a lieu et la décision est prise (à une voix près) que la section s'opposerait à la suppression. Mais la camarade responsable,
alléguant que la majorité est insuffisante, annonce que la décision sera prise ultérieurement... Le local, dans un sous-sol, est occupée, des otages sont pris, menace d'incendier, d'exécuter les otages... le tout se termine par un assaut policier avec un blessé.
Cette comédie, car c'est une comédie, a rencontré un grand succès auprès du public mais est plus difficilement compréhensible quand on ne connaît pas tous les personnages de la scène politique
italienne et... qu'on ne comprend pas bien l'italien.


Fuori concorso.

The Humbling de Barry Levinson, 112 mn, (7,5).
Le vieux El Pacino essaie de se survivre en acteur de théâtre mais tombe accidentellement. Retiré, il vit seul à la campagne et reçoit la visite de la fille d'une de ses anciennes conquêtes, qui est lesbienne et tombe amoureuse de lui. Celle-ci est poursuivie par son ancienne amie qui la sachant amoureuse d'un homme s'est faite opérer...
Moqué par cette jeune amie, poursuivi par son agent qui le pousse à jouer, dans la publicité ou au théâtre, il décide de retrouver la gloire. Au point de se poignarder réellement dans la scène finale.


O Velho do Restello (The Old Man of Belem) de Manuel de Oliveira, 19 mn.


La zuppa del demonio de Davide Ferrario, 78 mn, (4,5).
Davide Ferrario, à travers des documentaires sortis des archives, explore l'idée de progrès industriel au XXème siècle en Italie. Il associe des images et des textes d'auteurs importants, comme Ermanno Olmi ou Dino Risi pour le cinéma et Dino Buzzati, Italo Calvino, Primo Levi, Pier Paulo Pasolini pour les textes.
Le XXème siècle a été le siècle du cinéma de l'industrialisation en Italie, pas seulement (La sortie des usines Lumière...). Mais les images d'archives n'ont pas obligatoirement la même signification aujourd'hui et lors des prises de vue. Au début du film, un olivier centenaire est arraché pour faire place à une aciérie aujourd'hui disparue ! Un tel événement entraînerait aujourd'hui des manifestations... La foi dans leprogrès permanent, régnait alors, à gauche comme à droite... On voit le Duce inaugurer la plus grande aciérie du pays. Les choses ont bien changé.


La Trattativa de Sabina Guzzanti, 108 mn, (6,5).
Une enquête sur les mystères de l'histoire récente de l'Italie : les négociations entre la mafia et l’État après les attentats à la bombe de Rome, Milan, Florence... depuis l'assassinat des juges Falcone et Borsellino jusqu'aux procès qui ont mis côte à côte mafieux, policiers et politiques.
Dans ce film, il est difficile de faire la part du réel et de la fiction, de l'enquête et de la mise en scène. Surtout si on ne comprend pas bien l'italien.

 

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Manifestation à la sortie du film en faveur du livre qui raconte les liaisons de l'Etat avec la mafia

 

Tsili de Amos Gitai, 88 mn, (5,5).
Amos Gitai parle de l'holocauste à travers l'histoire (dialogues en yiddisch) d'une jeune fille, unique survivante de sa famille, qui se cache dans la forêt, en Ukraine, alors qu'on entend les coups de canons proches. Ce film inspiré d'un livre de Aharon Appelfeld qui, à dix ans, évadé d'un camp de concentration se réfugia dans les forêts ukrainiennes où, trois ans durant, jusqu'à l'arrivée de l'Armée rouge, il survécut comme il put, en compagnie d'autres gamins, de marginaux et de prostituées.

 

Italy in a day - Un Giorno da Italia de Gabriele Salvatores, 75 mn, (6,5).
Le réalisateur a demandé aux Italiens de filmer, 26 octobre 2013, par tous moyens, leurs rêves, leurs attentes, leur présent et leur avenir. Il a reçu 44 197 messages et en a utilisé 627 pour faire un portrait de l'Italie et des Italiens.
Ces images montrent les Italiens au quotidien, dormant, s'éveillant, déjeunant, allant à l'école, au travail... De façon étonnante, le sport et notamment le « calcio » sont totalement absents alors que le 26 octobre était un samedi. Mais on peut voir des jeunes, des vieux, des enfants, des jeunes mariés, un médecin qui soigne des enfants en Irak, et même un cosmonaute dans sa capsule ! Une journée des Italiens...

 

Venezia classici-Documentari


Von Caligari zu Hitler de Rudiger Suchsland, 113 mn, (5,5).
A travers les films allemands des années 20-30, l'auteur essaie de montrer que, grâce au talent des grands cinéastes de cette époque, Murnau, Lang, Pabst, Sternberg..., aux actrices comme Marlene Dietrich, Louise Brook..., le cinéma a montré ce que nous savons aujourd'hui de cette période. Le cinéma de la république de Weimar, précurseur du néo-réalisme et de la nouvelle vague...


Done nel mito – Sophia raconta la Loren de Marco Spagnoli, 40mn, (5).
Sophia Loren parle de son enfance, de sa vie d'artiste..

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Venezia classici Restauri

L'amour existe de Maurice Pialat, 19 mn.
Senza pieta de Alberto Lattuada, 90 mn.
Baisers vol
és de François Truffaut, 90 mn.
L'udienza de Marco Ferreri, 111 mn.
Todo Modo de Elio Petri,
130 mn.

 


 

 

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A Venise, même au Lido, il n'y a pas que le Festival, que le cinéma, il y a aussi des gens qui travaillent et qui sont touchés par  les politiques de restrictions budgétaires et qui manifestent.

 

 

 

 

 

 

 

 

Il faut être fou pour faire des photos à Venise : tout a déjà été photographié, filmé des dizains, des centaines, des milliers de fois..., par des jeunes et des moins jeunes, par des amateurs et des professionnels, des petits et des grands...

Il faut être fou pour résister au besoin de photographier...

N'allez pas à Venise, il y a trop de monde. Contentez-vous de quelques photos.

Nous vous en rapporterons d'autres l'année prochaine...

 

 

 

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Les gondoles à San Marco...

 

 

 

 

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  Un canal anonyme entre la Piazzale Roma et la Stazione ferroviera Santa Lucia

 

 

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Le Florian

 

 

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San Marco vu du campanile de San Giorgio Maggiore

 

 

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San Marco vu de San Giorgio

 

 

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Venise, c'est la gondole romantique et le vaporetto pratique mais aussi les grands ancêtres...

 

et les monstre modernes....

 

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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 11:19

 

Pesaro 2014

 

La 5O° Mostra Internazionale del Nuovo Cinema de Pesaro s'est déroulée du 23 au 29 juin 2014. Elle a été l'occasion d'un retour sur ses débuts, son histoire, ses dates marquantes et l'occasion aussi d'afficher la satisfaction, justifiée, des organisateurs pour le travail accompli dans la durée : hommage à son créateur, Lino Micciché, mais aussi à une équipe, pour l'essentiel en place depuis le début ou presque.

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Les dirigeants de la Mostra

Adriano Apra (critique), X, Bruno Torri (Fondateur, directeur artisitique), Giovanni Spagnoletti (Président)

 

 

 

Ce programme a été fort décevant : depuis plusieurs années, lors de la Mostra est présentée la rétrospective d'un grand réalisateur italien (Dario Argento, Alberto Lattuada), quelque fois avec sa participation physique (Carlo Lizzani, Bernardo Bertolucci, Nanni Moretti). En plus de cette rétrospective, étaient présentés des films anciens ou récents venant des 4 coins du monde.

 

Cette année, le coté « cinema nuovo » a été accentué, « films beaucoup trop nouveaux », expérimentaux, incompréhensibles et quelquefois très ennuyeux.

Parler de « cinema nuovo » quand il s'agit de films de mauvaise qualité des enfants Kennedy parce qu'ils avaient appris à filmer auprès de je-ne-sais-qui paraît un peu exagéré (films que j'aurais refusé de voir s'ils avaient été tournés par un enfant de ma famille !), voir une reprise de « Made in USA » au couleurs massacrées, quasiment rose bonbon... ou un « Our Nixon », film de télévision, aux images barrées par le nom, en gros, des personnes interrogées qui, par ailleurs, n'apporte rien de fondamental...

 

Reste à espérer que lors de la prochaine Mostra, annoncée comme exceptionnelle, le programme soit plus équilibré ?

 

 

 

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Dans cette grande déception programmatique, on peut cependant relever quelques titres, essentiellement russes.  :

  • Mamma, io te uccidero (Titre original « MAMA JA UB'JU TEBJA) qui décrit, de façon très sévère, les conditions des enfants dans un orphelinat...

  • Kombinat « Nadezhda » (Fabrica di nome « speranza ») sur la situation désespérante d'un groupe de jeunes adultes dans un coin retiré de Russie dont la seule distraction est la beuverie et le seul espoir, éventuellement partir.

  • Intimnye Mesta, (Parti intime) : « Tout ce que vous avez voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander », sans l'humour de Woody Allen.

  • Vöschozhdenie (L'Ascesa), film URSS, bien sûr édifiant mais de qualité sur la fin de 2 partisans capturés par les occupants nazis.

  • Terra en la lengua, le meilleur des films que nous ayons vus, sur un latifundiste attaché à sa terre qui y revient pour mourir.

  • The Great Flood, belles images d'archives sur les inondations de 1927, et leurs conséquences dans le sud des États-Unis, accompagnées d'une belle musique.

  • Liar's dice : une femme quitte son village avec sa fillette et un chevreau pour retrouver son mari parti la ville pour travailler et dont elle est sans nouvelle malgré les portables. Elle est amenée à faire équipe avec un déserteur de l'armée des frontières pour arriver à Delhi...

  • Et bien sûr, Risate di Gioia, projeté sur la Piazza del Popolo en clôture du festival.

 

 

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Piazza del Popolo

 

Films vus pendant la semaine 

 

 

Les films étaient présentés sous différentes rubriques : 28° Evento speciale (ES), Squardi Femminii (SF), Il mouse e la matita (MeM = Dessins animés), Panorama USA (P-USA), Concorso Pesaro Nuovo Cinema (NC).

 

    • Roma, Napoli, Venezia Lina Job Wertmüller, France-Italie 2014, 40 mn, vidéo, présence de la réalisatrice : sur les traces de Rossini. On espérait de belles images... 

    • Notte e nebia del Giappone, Nagisa Oshima, Japon, 1960, 107 mn  (ES) : discussions très soixante-huitardes dans le milieu étudiant des « zengakuren ». 

    • Made in USA, Jean-Luc Godard, 1966, France, 81 mn, (ES) : très mauvaise copie, massacre des couleurs … 

    • Johan Padan a la descoverte delle Americhe, Giulio Cingoli, Italie 2012, 90 mn, video, (MeM) 

    • Rysopis/Segni particolari : nessuno, Jerzi Skolimowski, Pologne 1964, 73 mn, (ES) 

    • Kombinat « Nadezhda » (Fabrica di nome « speranza ») Natalja Meschaninova, Russie 2013, 90 mn, (SF) 

    • Terra en la lengua, Rubèn Mendoza, Colombie 2014, 89 mn, (CN) 

    • Il re dell'isola, Raimondo della Calce, dessin animé,Italie 2009, 16 mn (MeM) 

    • Il bruco e la galllina, Michele Donini et Katia Rinaldi, dessin animé, Italie 2013, 10 mn, (MeM) 

    • Secchi, Eddo Natoli, dessin animé, Italie 2013, 12 mn, (MeM) 

    • Making of « I gladiatori di roma », Ignio Straffi, dessin animé, Italie 2013, 20 mn,(MeM) 

    • Intimnye Mesta, (Posti intime), Natasha Merkulova et Aleksej Cupov, Russie 2013, 80 mn, (P-USA) 

    • Liar's dice, Geethu Mohandas, Inde 2013, 103 mn, (NC) 

    • This side of paradise, Jonas Mekas,Etats-Unis 1999, 35 mn, (P-USA) 

    • Our Nixon, Penny Lane,États-Unis 2013, 85 mn, vidéo, (P-USA) 

    • Robin Hood, Mario Adis, Italie 2024, 55 mn, (MeM) 

    • Satellite, Mario Sciffano, Italie, 1968, 82 mn, (ES) 

    • Vöschozhdenie (L'Ascesa), Larisa Shepit'ko, URSS, 1977, 111 mn 

    • Focus Cristiana Diana Seresini

    • A lezione con Lino Micciché, Francesco Micciché, Italie 2014, 60 mn, vidéo, (ES) 

    •  documentari di Lino Micciché, (ES)

    •                    I maggiorati, 11mn, vidéo

    •                   Nuddu pensa a nuautri, 16 mn, vidéo


    • Pene e crudité, Mario Addis, (MeM)

    • Silenciosa Mente, Alessio Travaglini, (MeM)

    • La teste tra le nuvole, Roberto Catani, (MeM)

    • Rocco never dies, Federico Solmi, (MeM)

    • Le fobie del guardrail, Marco Cappellacci, (MeM)

    • Poppixie, Iginio Strafi, Italie 2012, 15 mn, vidéo, (MeM)

    • A Loft, Ken Jacobs, États-Unis 2010,16 mn, vidéo, (P-USA), très moderne

    • Pinocchio, Enzo d'Alo, Italie-France-Luxembourg, 2à12, 75 mn, (MeM)

    • The Great Flood, Bill Morrison, États-Unis 2012, 80 mn, vidéo (P-USA)

    • I resti di Bisanzio, Carlo Michele Schirinzi, Italie 2014, 80 mn, en présence du réalisateur, (CN) : cinéma très moderne...

    • Vöschozhdenie (L'Ascesa), Larisa Shepit'ko, URSS 1977, 111 mn, (SF)

    • Moviextra Speciale Pesaro, Paolo Luciani, Crisitina Torelle, Roberto Torelli, Italie 2013, 44 mn, vidéo

    • Francophrenia, Ian Olds et James Franco,États-Unis 2012, 70 mn, vidéo, (P-USA)

    • Risate di Gioia, (Titre français : Larmes de joie) Mario Monicelli, 1960, 106 mn, (ES)


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25 mai 2014 7 25 /05 /mai /2014 23:18

 

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Cannes* 2014 : un bon cru

 

 

 

Plus de 120 longs métrages sont proposés au Festivalier moyen. Nous en avons vu 28 plus une série de courts métrages sous le titre « Les ponts de Sarajevo ». Bien entendu, tous les films présentés ne peuvent être vus, faute de temps. Le choix est fait en fonction des horaires, de l'affluence, des informations publiées dans la presse du festival, disponible ou distribuée gratuitement, des rumeurs qui circulent dans les queues…

Quoi qu'il en soit, même si nous n'avons pas pu tout voir, nous avons vu de très bon films notamment dans les sélections « un certain regard » ou « la quinzaine des réalisateurs**»..

 

Notre palmarès : notessur 20 avec parfois un bref commentaire.

 

18 Timbuktu de Abderrahmane Sissako, 1h42, Compétition. Tombouctou sous la coupe des djihadistes : les jeux de ballon, la musique sont interdits, les femmes doivent être voilées et couvrir leurs bras... La population résiste... Une famille vit sous la tente, en marge de la ville... L'homme tue un pêcheur pour une histoire de vache et de filets rompus... Quelques scènes terribles (flagellation, lapidation), d'anthologie (match de foot sans ballon)…
Très étonnés que ce film n'ait eu aucune récompense. Mais nous n'avons pas vu la plupart des films en compétition. Peut-être répond-il trop à l’attente des spectateurs occidentaux avec de très belles images, gazelles, chameaux, dunes…

 

18 Fehèr Isten (White God) de Kornèle Mundruczo, 1h59, Un certain regard. Film partant d'une loi existant depuis longtemps en Hongrie suivant laquelle doivent être éliminés les chiens « bâtards ». Scénario original qui n'est pas complètement innocent.

Une fillette va être séparée de son chien qui n'est pas de « race hongroise » et donc condamné. Il va être dressé au combat, s'enfuit, devient errant, est mis en fourrière dont il s’échappe avec tous ses congénères, terrorisant la ville…

 

17 National Gallery de Frederick Wiseman, 2h53, Quinzaine des réalisateurs. Documentaire absolument remarquable sur l’accueil du public au musée, la restauration des tableaux, leur mise en valeur, leur interprétation...

 

17 Kaguya-Hime no monogatari (Le conte de la princesse Kaguyja) de Isao Takahata. Quinzaine des réalisateurs. Magnifique film d'animation d'après une très ancienne légende japonaise.

 

16 Run de Philippe Lacôte, 1h40, Un certain regard. Après avoir été disciple du « faiseur de pluie », bateleur sur la place publique pour Gladys, la mangeuse de riz, « jeune patriote », Run (parce qu'il s'enfuit toujours) va tuer le Premier ministre de Côte d'Ivoire... Moins immédiatement lisible que Timbuktu.

 

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Philippe Lacôte

 

 

 

16 Les violons du bal de Michel Drach, 1974, 1h44, Classics. En présence de Marie-José Nat.

 

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15 Les croix de bois de Raymond Bernard, 1931, 1h55, Classics. D'après Dorgelès, avec Charles Vanel. Reconstitution d'un épisode dramatique de la Première guerre mondiale. 

 


 

15 Turist – Force majeure de Ruben Östlund, 1h40, Un certain regard. Prix du Jury. Une famille suédoise aux Arcs pour faire du ski. Une avalanche provoquée menace le chalet. Tout le monde s'affole. Le père s'enfuit, la mère reste avec les enfants... Les retrouvailles sont difficiles.

 


Ruben Östlund et son équipe


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15 Dohee Ya (Une fille à la porte) de July Jung, 1h59, Un certain regard. En Corée, une

jeune policière est sanctionnée par une mutation dans une petite localité, suite à une aventure homosexuelle... Dans sa nouvelle affectation, elle protège une fillette battue par un père qui exploite des travailleurs sans papiers et une grand-mère alcooliques. Elle va la prendre sous sa protection..

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July Jung,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

15 Le Challat de Tunisde Kaouther Ben Hania, 1h30, ACID : enquête cinématographique sur un fait divers : un homme à moto balafre les fesses des femmes dans la rue. La cinéaste mène l'enquête, cherche dans les archives... La femme dans la société tunisienne.

 

14 Gett, le procès de Viviane Amsalem de Ronit et Shlomi Elkabetz, 1h55, Quinzaine des réalisateurs. En fonction de la loi rabbinique, le divorce n'est possible qu'avec le consentement du mari. Un procès qui va durer 5 ans pour pouvoir divorcer et être répudiée...

 

14 P'tit Quinquin de Bruno Dumont, 3h20, Quinzaine des réalisateurs. Dans un village du nord, des jeunes menés par P'tit Quinquin font les 100 (petits) coups. Une suite de disparitions plus ou moins burlesques... une femme sans tête retrouvée dans le ventred'une vache... Le Commandant de gendarmerie, surnommé Brouillard, mène l'enquête. Tout est clair.

 

14 Jimmy's Hall de Ken Loach, 1h46, Compétition. Jimmy, commmuniste, revient des États-Unis et va remettre en marche la salle de bal et d'éducation populaire du village. L'opposition du clergé et des propriétaires terriens vont le contraindre à un nouvel exil. Film sans scène érotique, sans meurtre et... sans pluie en Irlande. Rare, très rare.

 

12 Bird People de Pascale Ferran, 2h08, Un certain regard. Un cadre étasunien de passage à Paris décide de tout arrêter, son ménage, sa carrière... Une étudiante travaille comme femme de chambre dans l'hôtel... Un moineau… et de belles photos de Roissy.

 

12 Refugiado, de Diego Kerman, 1h35, Quinzaine des réalisateurs. Une femme enceinte avec un enfant fuit un mari violent et finit pas se réfugier chez sa mère...

 

12 Titli de Kanu Behl, 2h04, Un certain regard. Une fratrie indienne vit d'expédients, vole des voitures en tuant le chauffeur... les familles s'entendent pour marier le plus jeune a une jeune femme qui a un riche amant... Le couple finira par se trouver...

 

 

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12Charlies'Country de Rolf De Heer, 1h48, Un certain regard. Charlie, bien vu de tout le monde, est un aborigène, vit d'allocation, a dansé devant la reine d'Angleterre, aide ses amis interdits d’alcool à s'en procurer... Il finira par rentrer au village pour apprendre aux enfants à danser, peut-être un jour devant la Reine. Prix d’interprétation à David Gulpilil (Charlie).

 

11 La chambre bleue de Mathieu Amalric, 1h16, Un certain regard, d'après un livre de Simenon.

 

10 Next Goal Wins/Une équipe de rêve de Mike Brett et Steve Jamison, 1h30. Marché du film. Grâce à un entraineur néerlandais, l'équipe de foot de Samoa américaine dont un(e) transgenre, bien intégré(e) à l'équipe,va marquer le premier but de son histoire...

 

10 Cold in july de Jim Mickle, 1h49, Quinzaine des réalisateurs. Réveillé dans la nuit, un Texan tue en « légitime défense » et est entraîné dans une histoire sordide de trafic de drogue, de crime sadique par le FBI…

 

9 These final hours de Zak Hilditch 1h26, Quinzaine des réalisateurs. La fin du monde annoncée, le désordre s'installe... tout s'exacerbe, suicides, sexe, drogue... Le héros quitte son épouse pour rejoindre sa maîtresse... et finira par revenir vers sa femme.

 

9 Tribe de Myroslav Slaboshpytskiy, 2h10, Semaine de la critique****. Film ukrainien. Grand Prix Nespresso, Prix Révélation France 4 et Aide Fondation Gan pour la diffusion. La vie dans une institution de sourds-muets, échanges en langage des signes, pas une parole. Bizutage, sorties nocturnes pour détrousser et massacrer des passants, prostituer de jeunes femmes condisciples...
Intérêt du film inventer une narration cinématographique sans parole, par exemple, pas de champ contre-champ...

 

8 Le jour se lève de Marcel Carné, 1939, Classics, 1h31. Prévert, Jean Gabin, Arlety. A beaucoup vieilli.

 

8 Piu buio di mezzanotte de Sebastiano Rizo, 1h34, Semaine de la critique.

 

8 Tu dors Nicole de Stéphane Lafleur, 1h 33, Quinzaine des réalisateurs.

 

8 Incompresa de Asia Argento, 1h50, Un certain regard. Loin de l'Incompris de Comencini.

 

7 Amour fou de Jessica Hausner, 1h36, Un certain regard. Un poète cherche l'amour d'une femme qui accepterait de se suicider avec lui. Film en costume d'époque, atmosphère de fin du XIXè siècle

 

5 Les Ponts de Sarajevo, 13 courts métrages d'auteurs différents.

 

5 New Territories de Fabianny Deschamps, 1h28, Acid

 

CANNES 2014

 

Films projetés une ou plusieurs fois pendant le Festival dans les différentes sélections.
En Compétition : 19, Hors compétition : 17, Un certain regard : 21, Cannes classics : 21, Courts métrages  : 26, Cinéma de la plage : 10, Quinzaine : 25 + 11 CM, Semaine de la critique : 11 + 2 séances de CM, Acid : 8

Thierry Frémaux a déclaré avoir visionné 1 800 films pour faire la sélection !

 

Le Marché du film 2014

 

Avec 12 000 participants enregistrés au Marché, le rendez-vous cannois poursuit une expansion continue et renforce sa place d'incontournable. Sur ce nombre d'accrédités, 29 % étaient des producteurs, 21 % des distributeurs, 11 % des vendeurs, 4 % des acteurs de l'univers de la VàD (Vidéo à la demande) et des nouveaux. Au total, 1 900 acheteurs avaient répondu à l'appel pour acquérir films et projets. Un catalogue global de 5 200 titres dont 3 100 déjà disponibles, 810 documentaires et 144 films en 3D. 44 % des œuvres viennent d'Europe, 18 % des États-Unis et 18 % de France. Parmi les 1 450 projections organisées dans 37 salles, 79 % des titres accessibles étaient des premières internationales…

Avec 117 pays participants cette année contre 109 en 2013, le Marché continue de tisser sa toile… Le film français 21/05/14

 

Le Festivalier

 

Le Festivalier moyen doit s'armer de patience pour faire la queue qui ne permet pas toujours d'entrer dans la salle, s'équiper de bonnes chaussures, pour aller d'une salle à l'autre, ne pas trop craindre le soleil ou la pluie qui fait surgir des marchands de parapluies, tout aussi prêts à vendre des chapeaux dés que le soleil reparaît…

 

Mais l'attente dans la queue, le voisinage au café ou au restaurant, permettent des échanges avec des personnes de professions, de nationalités diverses. Cette année, nous avons été amenés à discuter avec des Suisses, des Allemands, des Libanais, des Italiens, un Étasunien de Nord Caroline… En français mais aussi, pour Anne en anglais, allemand ou italien et même par signes avec des sourds muets… qui, malheureusement, n'avaient pas encore vu « Tribe ».

Ces moments d'attente sont l'occasion d'échanges d'informations sur les films vus par les uns et les autres, sur les moyens de logement, les restaurants. D'informer les nouveaux sur les différentes salles de projection, où et comment se procurer des invitations…

 

Les motivations des festivaliers peuvent être très différentes. Il y a ceux qui viennent pour voir les stars monter les marches, simple curieux avec un petit appareil ou photographes semi professionnels publiant leurs photos... Ceux qui viennent passer le week-end et aimeraient bien voir des films mais ne savent pas que c'est possible même sans accréditation. Ceux qui se placent devant le Palais du festival en demandant aux plus favorisés s'ils n'ont pas une invitation en trop. Ceux qui sont étudiants ou professionnels du cinéma, ceux qui vont monter un ciné club, ceux qui dirigent un festival dans un région de France ou en Italie. Ceux qui ont des badges parce qu'ils sont animateurs culturels, étudiants, professionnels du spectacle ou amis de…

 

 

 

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Le Festivalier moyen épuisé....

 

 

* Articles sur les précédents Festivals de Cannes 2012, 2011, 2010

** Les films de la Quinzaine des réalisateurs seront présentés au Forum des images à Paris à partir du mercredi 28 mai au 7 juin 2014.

*** Les films de "un certain regard" sont programmés au "reflet MEDICIS" du 28 mai au 3 jiuin 2014

**** Les films de la Semaine de la critique sont visibles à la Cinémathèque à Paris

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8 septembre 2013 7 08 /09 /septembre /2013 23:00

 

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NOTRE FESTIVAL DE CINÉMA DE VENISE - 2013

Mostra Internazionale d’Arte Cinematografica

 

 

 

 


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  Alberto Barbera, directeur de la Mostra

 

 

C'était la première fois que nous assistions au Festival de Venise. Nous avions une carte « accrediti », valable pour la durée du Festival : carte « promozionale » à 150 euros valable pour les moins de 26 ans et les plus de 60 ans. Elle permet, si on s'organise, de voir les films qu'on veut.

 

Les films étaient répartis dans plusieurs sélections ; « Sélection officielle  » (vu 1 sur 20 ), Semaine de la critique (5 sur 8), Journées des auteurs (4 sur 19), Horizons (8 sur 16), « Documentaires » (7 sur 9), « Restaurés » (10 sur 28), « Horizons courts métrages »  (0 sur 13) « Hors concours » de différentes catégories (vus 11). De plus, à l'occasion du 70ème Festival, 70 courts métrages de moins de 3 mn vus dans une séance de 2 heures.

 

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Aperçu rapide des films vus. Avec Anne, nous avons donné, chacun, un nombre de points entre 0 et 5 aux films vus. Le classement est établi par la somme de ces points..

 

10

  • Non eravamo solo... ladri di biciclette, il Neorealismo (Nous n'étions pas seulement... des voleurs de bicyclette, le Néoréalisme) de Gianni Bozzacchi. Un magnifique panorama documentaire de 72 minutes sur le néoréalisme italien avec comme guide Carlo Lizzani.

9

  • Gerontophilia de Bruce LaBruce (85 mn) raconte l'aventure amoureuse d'un jeune Canadien blanc, francophone, travaillant dans un maison pour personnes âgées, avec un des pensionnaires, noir, anglophone.

  • L'Intrepido de Gianni Amelio (104 mn) : un homme, d'âge mûr, séparé, père d'un jeune musicien riche de son avenir, remplace tout travailleur quel que soit son emploi, quelques heures ou quelques jours. Son ingéniosité lui permet de faire tous les métiers et de se sortir d'affaires quand la situation devient difficile : ouvrier en usine, dans le bâtiment, dans un restaurant, marchand de fleurs, livreur de pizza... Il fuira un poste plus stable et plus lucratif car son patron utilise un magasin de chaussures pour blanchir ses revenus de trafiquant.

  • Las Ninas Quispe de Sebastian Sepùlveda (83mn). Film rude « minimaliste », inspiré de l'histoire réelle de 4 sœurs qui élèvent des moutons dans des conditions très difficiles, en montagne, pendant la dictature chilienne.

8

  • Plusieurs classiques restaurés : My darling Clementine de John Ford (97 mn), Pane e cioccolata de Franco Brusati (128 mn), Il bacio di Tosca de Daniel Schmid (87 mn), Sjecas li se Dolly Bell ? (Do you remember Dolly Bell ?) d'Emir Kusturica (110 mn).

  • Mais aussi des films nouveaux :

    • Wolfskinder de Rick Ostermann (91 mn), sur la longue échappée de deux frères, orphelins, à travers la campagne allemande après la chute du Reich pour retrouver quelque part à l'Est, un soutien familial.

    • Je m'appelle Hmmm... d'Agnès Troublé dite Agnès B. Une fillette d'une dizaine d'années fuit son milieu familial pour échapper à un père pédophile (Jacques Bonnaffé). Elle va se lier d'amitié avec un routier anglais qui a largué les amarres, dans une balade à deux qui finira mal pour lui.

    • L'Armée du salut d'Abdallah Taïa (81 mn). Film autobiographique. Un jeune, mi-contraint, mi volontaire, dans une famille, une société qui regardent ailleurs assume peu à peu son homosexualité et s'en sert pour passer en Suisse, trouver sa liberté et continuer des études.

    • La mia classe de Daniele Gaglianone. De jeunes immigrants parlent de leur situation, de leurs difficultés lors de cours d'apprentissage de la langue italienne.

    • Con il fiato sospeso de Constanza Quatriglio (35 mn). Une étudiante en chimie perd sa vie par intoxication en préparant sa thèse dans un grand laboratoire.

    • The Armstrong Lie de Alex Gibney (122 mn) : une enquête sur Lance Amstrong et son mensonge avec des interviews de Lance Armstrong lui-même et de son entourage.

    • Bertolucci on Bertolucci de Luca Guadagnino et Walter Fasano. Documentaire passionnant sur Bertolucci.

       

7

  • Des classiques : Le mani sulla città de Francesco Rosi (100 mn), La bête humaine de Jean Renoir (109 mn), Vaghe stelle dell'Orsa de Luchino Visconti (100 mn), La proprietà non e piu un furto d' Elio Petri (126 mn). A obtenu le Prix Venise classique pour le meilleur film restauré.

  • Et aussi :

  •  
    • La belle vie de Jean Denizot (93 mn) : à partir d'une histoire réelle, en France, à la suite d'une séparation, un père vit avec ses deux enfants pendant des années en nomade et en dehors de lois.

    • Summer 82 : When Zappa Came to Sicily de Salvo Cuccia (80 mn) : un concert de Frank Zappa en Sicile, mal organisé, tourne à l'émeute. Quelques années plus tard, le fils de Frank Zappa vient rétablir des contacts avec la famille restée au pays.

    • Ukraina ne Bordel (Ukraine is not a Brothel) de Kitty Green : documentaire sur les Femen dont la presse française a déjà parlé.

    • Eastern Boys de Robin Campillo (128 mn) : (Pourquoi ce titre en anglais?). Un homosexuel se fait piéger par une bande de jeunes venus des pays de l'Est et vivant autour de la gare du Nord à Paris. Un début de film remarquable ; après diverses aventures, le film ne se terminera pas (pas encore) par un mariage mais par une adoption. Ce film a obtenu le prix Orrizonti (Horizons).

    • Vi är bäst ! (We are the Best) de Lukas Moodysson (102 mn) : 3 jeunes préadolescentes un peu trop vivantes finissent par monter un orchestre punk.

    • Istintobrass de Massimiliano Zanin (105 mn), éloge de Tinto Brass et de son tropisme fondamental.

6

  • La voce di Berlinguer de Mario Sesti et Theo Teardo (20 mn) : le dernier discours de Berlinguer.

  • Providence d'Alain Resnais (102 mn).

  • Profezia. L'Africa di Pasolini de Gianni Bogna (77 mn).

  • A Fuller life de Samantha Fuller (60 mn) : la vie de Samuel Fuller par sa fille.

  • Medeas de Andrea Pallaoro (96 mn).

  • Disney Mickey Mouse 'O Sole Minnie de Paul Rudish (3mn).

  • Une Promesse de Patrice Leconte : film « français » présenté en version anglaise, sous-titré en italien. Nous avons vu un film en swahili, un autre en khmer, sous-titrés en anglais et italien mais un film français ne peut être présenté en français (sauf, le titre ???) mais en anglais avec sous -titres italiens ???)

5

  • Algunas chicas de Santiago Palavecino (100 mn).

  • Redemption de Miguel Gomes (26 mn).

  • Moebius de Kim Ki-duk (90 mn).

  • Ruin de Michael Cody et Amiel Courtin-Wilson (90 mn) : A reçu le Prix spécial Orrizonti.

  • Donne nel Mito : Anna Magnani a Hollywood de Marco Spagnoli (39 mn).

  • White shadow de Noaz Deshe (115 mn) : le malheur d'être albinos en Tanzanie (film en swahili). A obtenu le Lion du Futur, prix de la première œuvre.

  • Secchi d'Edoardo Natoli (12 mn).

  • La vida despuès de David Pablos (90 mn).

 

4

  • Venezia 70 Future Reloaded : 70 courts métrages en 120 minutes.

  • L'arte della felicità de Alessandro Rak (84 mn) : film d'animation.

  • Zoran, il mio nipote scemo de Matteo Oleotto (106 mn).

  • Dokfah Naai Meu Maan (Mysterious Object at Noon) de Apichatpong Weerasethakul (89 mn).

 

1

  • Double play : James Bening and Richard Linklater de Gabe Klinger (70 mn).

 

0

  • Harlock : Space Pirate [3D] de Shinji Aramaki (115 mn).

     

Quelque remarques générales

  • Sur les films :

    • Une place importante a été faite aux documentaires. Sur le cinéma (Double play : James Bening and Richard Linklater, A Fuller life), particulièrement sur le cinéma italien (Non eravamo solo... ladri di biciclette, il Neorealismo, Bertolucci on Bertolucci, Donne nel Mito : Anna Magnani a Hollywood, Istintobrass). The Armstrong Lie et Summer 82 : When Zappa Came to Sicily appartiennent aussi à la catégorie documentaire et un documentaire, que nous n'avons pas vu, a obtenu le Lion d'or.

    • Une deuxième orientation est la jeunesse. Parmi ceux que nous avons vus : Las ninas Quispe (pas très jeunes), Wolfskinder, La mia classe, Con il fiato sospeso, La belle vie, La vida despuès, Vi är Bäst, Algunas chicas, White shadow

    • Pédophilie et homosexualité étaient traités essentiellement par des films à participation française sous des aspects bien différents : Gerontophilia, L'Armée du salut, Eastern boys, Je m'appelle Hmmm.,,

       

  • Sur le marché des films : Mercato del Film (Venice Film Market).

    • Pour la deuxième année, le Festival de Venise essaie de se placer sur le marché des films, occupé pour l’instant par Cannes et Toronto. Notre situation de « accrediti » ne nous permet pas d'en dire plus.

    • D'après la presse, ce marché est en croissance par rapport à l'année dernière : 1400 professionnels contre 1100 en 2012, venant de 58 pays : Italie (849 contre 797 en 2012), France (222 – 117)), Allemagne (62 – 55), États-Unis (61 – 40), Royaume-Uni (60 – 30), Russia (24 – 21).

    • CIMG5768EMBARCADERE "OFFICIEL" DU FESTIVAL

     

  • Sur les questions pratiques.

    • Les projections avaient lieu dans 8 salles de capacité différente dans le Palais du festival ou aux alentours immédiats. Il y a aussi une salle web que nous n'avons pas vue.

    • Les films sont projetés en langue nationale ou en anglais et sous titrés en italien et/ou anglais. Il faut donc au moins posséder une connaissance de ces langues écrites.

    • Les attentes et les files d'attente étaient modestes et nous avons pu assister à tous les films que nous avons programmés.

    • Nous avions une carte « accrediti » qui ne permettait pas d'aller à toutes les séances, certaines sont réservées à la presse, aux professionnels... mais elle permettait de voir tous les films.

    • Il est aussi possible d'acheter chaque jour des places pour certaines projections dont le prix varie suivant les salles et les horaires de 12 à 45 euros (8 à 22 euros, tarifs réduits). Il existe aussi des forfaits.

    • Le Palais est au Lido de Venise. Il vaut mieux avoir une chambre sur l'île mais les prix doublent ou triplent pour la période du Festival. Une chambre à Venise doit être bien moins chère mais oblige à prendre le vaporetto et donc entraîne des déplacements plus longs.

    • Le prix des restaurants est abordable.

    • Le Lido a des kilomètres de plage le plus souvent privées mais aussi des plages publiques gratuites.


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