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17 février 2013 7 17 /02 /février /2013 21:13

 

Les derniers films de 2 des plus grands réalisateurs étasuniens actuels occupent les écrans avec un succès certain : Django Unchained de Quentin Tarantno et Lincoln de Steven Spielberg. Tous deux se situent au milieu du XIX° siècle : le premier, à la veille de la guerre de Sécession, en pleine période esclavagiste, est l'histoire de la lutte d'un ancien esclave pour libérer sa bien aimée ; le second, à la fin de cette guerre, narre le combat de Lincoln pour l'abrogation de l'esclavage. 


 

Django Unchained se présente comme un western. Deux ans avant la Guerre de Sécession, le Dr Schultz, allemand soi-disant dentiste mais réel chasseur de primes, achète un esclave noir à qui il promet la liberté s'il l'aide à reconnaître les frères Brittle, meurtriers qu'il doit ramener morts ou vifs. Dans ce rôle invraisemblable dans le sud des États-Unis à cette époque, Django va, rapidement, devenir l'égal de son maître. La mission accomplie, émancipé, avec l'aide de son ancien maître, il va libérer sa femme, maintenue en esclavage dans une plantation aux mains d'un propriétaire sadique.
Si les scènes de western sont conventionnellement invraisemblables, Noir montant à cheval et le faisant danser devant la plantation en feu, portant des lunettes de soleil, libérant sa bien aimée seul contre tous. Ces scènes sont, aussi, sanguinolentes, dignes du grand-guignol.

On aimerait être certain que le traitement des esclaves, tout aussi invraisemblable à nos yeux, soit imaginaire : la femme de Django « au four » pendant huit jours pour avoir voulu s'échapper, moindre mal car ses 2 compagnons de fuite sont livrés aux chiens et déchiquetés, combat à mort entre 2 esclaves dans le salon pour le plaisir du seigneur des lieux...

L'histoire est dans la lignée politique et morale de la plupart des westerns et des États-Unis : la réussite par le combat solitaire du héros, sous le regard quelquefois satisfait d'esclaves craintifs et malgré l'opposition perspicace du majordome noir au service du maître de céans.


 

Lincoln est un biopic, un film biographique qui relate les derniers mois du président des Etats-Unis qui fait voter l'abolition de l'esclavage, au prix de sa vie. Lincoln est un fim « historique » qui donne libre cours à l'interprétation de l'événement, personnage et circonstances, par le réalisateur.

Ici, l'esclavage est invisible. Les Noirs sont au combat dans l'armée ou serviteurs. On ne saura rien des activités abolitionnistes connues du majordome, ici réduit à ce seul rôle : le service du bon génie. Comme l'autre, dans Django, l'était du mauvais. Ou spectateurs invités dans les travées ouvertes au public le jour du vote. Toute trace de la lutte des Noirs pour leur émancipation a été, volontairement (1) gommée pour magnifier, une fois encore, la rôle du héros solitaire.

Lincoln ne manie pas le pistolet. Seulement, l'intrigue parlementaire, la corruption au service de sa détermination qui permettra le vote de la loi, qu'il arrachera, avec l'aide de ses collaborateurs, en arrivant à convaincre ou à corrompre les quelques voix nécessaires pour obtenir le vote du 13° amendement à la majorité qualifiée nécessaire à son adoption.

 


Alexandre Dumas aurait dit « Qu'importe qu'on viole l'Histoire si on lui fait un bel enfant ». A vous de juger.Mais au-delà de la vérité historique, dans Django comme dans Lincoln, la fin justifie les moyens employés s'ils sont mis par le héros au service de la juste cause. Que faut-il en penser au moment où des États font des meurtres ciblés, notamment avec des drones ? Ou autrement.

(1) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-marliere/070213/avec-lincoln-spielberg-blanchit-le-combat-abolitionniste

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31 juillet 2012 2 31 /07 /juillet /2012 10:41

 

Pesaro est une ville portuaire et balnéaire, italienne de 92 000 habitants, sur le bord de l'Adriatique. C'est dans cette ville qu'est né Gioachino Rossini (musée dans sa maison natale).

Chaque année, à l'occasion du festival de cinéma, nous y passons une semaine. Voci quelques photos faites en 2012.

Photo-140.jpgC'était cette année la 48ème Mostra avec une rétrospective Nanni Moretti.

Le festival se déroule dans 1 ou 2 salles de la ville et, le soir, sur la "Piazza del Popolo". Toutes les séances sont gratuites.

 

Le port de pêche.

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Photo-132-copie-1.jpgDes excursions sont oganisées en catamaran, à partir de Pesaro, pour la Croatie qui est de l'autre coté de l'Adriatique.

 

Pesaro est aussi une sation balnéaire avec une immense plage de sable, une eau toujours chaude. La plage s'enfonce en pente douce, protégée par une bande artificielle de rochers.

 

Photo 145Comme souvent, en Italie, la plage est envahie par des plagistes, quelquefois en accord avec les hôtels. La plage publique gratuite, ici, au centre ville, est réduite, elle est plus étendue à l'extérieur.

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Le marché sur la plage

Photo 136Les bicyclettes sont très utilisées. Certains hôtels en mettent, gratuitement (!), à la disposition des clients...

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Les pistes cyclables traversent toute la ville à proximité des plages

Photo-188.jpgIl n'y a pas que des vélos...

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ET TOUJOURS LE... CINEMA

 

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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 20:31

 

Notre Festival de cinéma de Pesaro 2012

48ème MOSTRA INTERNAZIONALE DEL NUOVO CINEMA

PESARO 25/06/12-02/07/12

 

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Le programme s'articulait autour de 4 types de films :

  1. Concorso Pesaro Nuovo Cinema (Nouveau cinéma mondial)

  2. Il cinema documentario oggi : l'Italia allo specchio (L'Italie au miroir de son cinéma documentaire)

  3. 50 anni del Manifesto di Oberhausen

  4. 26° evento speciale : Nanni Moretti (Rétrospective de l'œuvre de Nanni Moretti en présence de l'auteur).

 

Programme complet sur le site de la « MOSTRA ».

 

On trouvera ci-après, la liste des films que nous avons pu voir pendant ce séjour, quelques réflexions sur certains d'entre eux et sur le cinéma de Nanni Moretti.


1 - Nuovo Cinema :
- « Un consiglio a Dio » de Sandro Dionisio, (2012, 72 mn).

 

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Vinicio Marchioni (acteur principal), Giovanni Spagnoletti (directeur artistique de la Mostra), Sandro Dionisio.(réalisateur).

 

Long monologue d'un homme qui gagne sa vie en collectant les corps d'immigrants, échoués sur une plage. Il parle au cadavre qu'il a récupéré et baptisé Napoléon... Monologue entrecoupé d’entretiens avec le gardien du cimetière qui consent à enterrer ces corps et met une croix sur leur tombe pour leur donner une dignité (ce qui lui est reproché, ils sont musulmans), avec d'autres immigrants, d'origines diverses, qui ont « réussi » le passage : un Tunisien, un Marocain, un Ethiopien, un Burkinabé, un(e) Albanais(e)...

Notre collecteur va mourir avant l'aube et être ramassé comme cadavre de clandestin par des concurrents amateurs.

Absolument remarquable, à la fois documentaire et film, « analyse lyrique et féroce de la réalité »....

 

- « TOKYO PLAY BOY CLUB » de Yosuke Okuda, Japon, ( 2011, 97 mn).

Un jeune, « énergique », venant de province, arrive à Tokyo et se rend chez un ami à qui il a rendu service, autrefois. Celui-ci, directeur d'un night-club, intégré et soumis à une chaîne « mafieuse », l'accueille amicalement. Les complications surviennent du fait de son énergie et de son manque de « souplesse ». Violent, il refuse de se soumettre à l'ordre violent établi.

- IN APRIL THE FOLLOWING YEAR, THERE WAS A FIRE : Wicchanon Somunjarn, Thaïlande (2012, 76 mn).

Un jeune quitte la capitale pour revenir dans sa ville natale à l'occasion du mariage d'un ami... Mélange de la réalité, chômage, des loisirs des jeunes, et de ses souvenirs...

 

Parmi les autre films présentés, nous avions déjà vu Barbarade Christian Petzold, Allemagne, 2012, 105 mn et SharqiyadeAmi Livne, Israël-France-Allemagne, 2012, 82 mn.

 

2 – Documentaires italiens

- MUSI NERI : Filippo Biagianti, (2012, 47 mn)

Musi neri, « gueules noires », Italiens émigrés en Belgique pour travailler dans les mines. Lors de la catastrophe de Marcinelle, 9 victimes venaient de la commune de Pesaro. Témoignages d'anciens mineurs et images d'époque.


- QUINTOSOLE : Marcellino De Baggis (2004, 51 mn)

Dans une prison des environs de Milan, les détenus constituent une équipe de football qui joue contre les gardiens puis dans le championnat régional. Entretiens avec les joueurs, le personnel, le directeur et des intervenants de l'extérieur dont l’entraîneur, professionnel. Même si la cellule est plus petite que les « bois », la prison est en nous ; se concentrer sur le match est une évasion, le défi est la sortie.


- ARMANDO E LA POLITICA : Chiara Malta (2008, 73 mn)

La cinéaste, entre Paris et Rome, essaie de comprendre l'évolution politique de son père à travers photos, discours du père, entretiens avec ses (anciens) amis ou collègues... Les tribulations incertaines d'un politicien de « centre gauche »...


- GRANDI SPERANZE : Massimo d'Anolfi, Martina Parenti (2009, 77 mn)

La formation de « jeunes cades dynamiques » de la nouvelle société italienne... L'un d'eux va essayer d'implanter une usine d'eaux minérales en Chine. Dure tâche...


- PALAZZO DELLE AQUILE : Stefano Savona, Alessia Porto, Ester Sparatore (2011, 128 mn)

Des sans-logis occupent pacifiquement la mairie de Palerme pour obtenir satisfaction. Reportage au jour le jour, avec les difficultés pour définir les règles démocratiques, les bénéficiaires éventuels de l'occupation... A cette occasion, description de la vie des occupants..


- SCUOLAMEDIA : Marco Santarelli (1971, 77 mn)

La vie dans un collège de la périphérie de Tarente, coincée entre un complexe industriel, des HLM et un couvent de Carmélites. Reportage suit la vie quotidienne de l'école avec des enseignants très préoccupés de l'avenir de leurs élèves dans un milieu défavorable où ils essaient de leur apprendre la liberté et la responsabilité en abordant les questions de la vie quotidienne : avenir professionnel, absentéisme, sexualité...


- COME UN UOMO SULLA TERRA : Andrea SEGRE, Dagmawi YMER , Riccardo BIADENE (2008, 60 mn)

Un étudiant d'Addis Abéba décide d'émigrer suite à la forte répression politique. Il raconte la traversée du désert et interroge d'autres Éthiopiens qui ont subi les violences des passeurs et surtout les persécutions des policiers libyens.


- GIALLO A MILANO : Sergio BASSO (2009, 75 mn)

« Giallo » signifie jaune et roman policier. Film sur la communauté chinoise à Milan avec une structure de roman policier et l'utilisation de dessins animés dans la première partie. Le réalisateur interroge un vieux calligraphe, une gymnaste, une interprète dans un hôpital gynécologique, des étudiants chinois, un couple...

L'immigration chinoise est ancienne en Italie et les choses ont beaucoup évolué. Certains spéculent sur les chances d'un retour, discussions sur la culture, les cultures, les langues (les jeunes ne connaissent que le dialecte parlé à la maison et l'Italien).... 

 

CIAO SILVANO ! : Tekia Taidelli (2011, 30 mn) Hommage à Silvano Cavatorta 

 

IL PRANZO DI NATALE : Coordonné par Antonietta de Lillo (2011, 50 mn)

A travers le fil conducteur de la fête de Noël, enquête sur les changements économiques, sociaux et culturels de l'Italie.

 


3 – 50 ans du Manifeste d'Oberhausen

Mosckau Ruft : Petrer Schamoni, 1957, 12 mn

Menschen in espresso : Herbert Vesely, 1958, 18 mn

Massnahmen Gegen Fanatiker : Werner Herzog, 1969, 12 mn

Max Ernst, Maximiliana (Die Wiederrechtliche Ausübung der Astronomie) Peter Schamoni, 1966, 12 mn

Machorka-Nuff : Jean-Marie Straub, 1963, 18 mn

Es musst ein Stück von Hitler sein : Walter Krittnor, 1963, 12 mn

Arme Leute : Vlado Kristi, 1963, 9 mn

Marionetten : Boris von Borreshelm,1964, 11 mn

Porträt einer Bewährung : Alexander Kluge, 1964, 13 mn

 

4 – Nanni Moretti

 

 

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IO SONO UN AUTARCHICO : 1976, 95 mn

Michele, abandonné par Silviza, est seul avec un fils, il participe à une groupe de jeunes qui veulent faire du théâtre expérimental. Échec et du projet théâtral et de leur vie.


 

ECCE BOMBO : 1978, 103 mn

Ecce Bombo, comme dans les Vitelloni 25 ans plus tôt, avec des thèmes proches, des jeunes désœuvrés vivent aux crochets de leurs parents, dans une société qui a beaucoup évolué. Problèmes familiaux de Michele avec cependant des parents relativement ouverts, une sœur qui occupe son établissement scolaire... Michele sort avec Silvia qui travaille dans le cinéma, ce qui donne lieu à de longues conversations passionnées sur le cinéma italien.
Le reste du temps, Michele traîne avec son groupe d'amis. Ensemble, ils écoutent les premières radios libres et se laissent surtout aller à leur désœuvrement. Les 5 essaient de traiter leur mal-vivre en se racontant. Vision critique de la jeunesse d'après 68 et de leur art de vivre sans rien faire...

 

 

 

 

SOGNI D'ORO : 1981, 105 mn

Michele, jeune metteur en scène, effectue une tournée de débats dans les universités, les écoles, les instituts religieux ayant pour thème son dernier film sur les jeunes. A chaque réunion, il rencontre un personnage qui accuse le film d'intellectualisme et lui demande s'il peut intéresser un ouvrier agricole de Lucanie, un berger des Abruzzes ou une femme au foyer de Trévise.

Mais Michele fait école et méprise ses épigones. Quand il découvre que son producteur s'apprête à produire, en même temps que « La Mama di Freud, » son prochain film, une comédie musicale réalisé par un de ses admirateurs, le mépris se transforme en affrontements. Un combat entre les deux réalisateurs est orchestré par la télévision italienne...


 

BIANCA : 1984, 95 mn

Michele, nouveau professeur de math dans uns école branchée « Mailyn Monroë », tombe amoureux d'une très belle collègue... qui se trompe profondément sur ses qualités.

De sa fenêtre, il espionne les voisins, assiste à leurs disputes conjugales et ne supporte pas les problèmes des amis idéalisés... cela l'amène à faire disparaître tous ces imparfaits. Il devient un assassin et un fou.


 

LA MESSA E FINITA : 1985, 94 mn

Julio, curé sur une île, est nommé à la périphérie de Rome où vivent sa famille et ses anciens amis dans une cure désertée. Julio a de multiples difficultés avec sa famille, ses amis et souffre d'une profonde solitude devant une société qui évolue vers la déchristianisation : l'ancien curé s'est marié et a un enfant, son père part avec une amie de sa sœur, sa sœur enceinte veut avorter, un de ses anciens amis est inculpé de terrorisme, un autre suit le catéchisme pour devenir prêtre mais finit par se marier, un autre refuse tout contact avec son passé.


 

PALOMBELLA ROSSA : 1989, 89 mn

Palombella signifie « lob ». Michelle, député communiste ; joueur de water-polo, a perdu la mémoire à la suite d'un accident... Lors d'une partie de water-polo, harcelé par une journaliste politique et des supporteurs enthousiasmés par sa nouvelle ligne politique, ses souvenirs affleurent. Sur sa ligne politique, sur son désamour du water-polo et son attachement maladif à la mère.

Le film qui a commencé par un accident de voiture qui lui a fait perdre la mémoire, se termine par un accident de voiture dont il réchappe avec sa fille et se retrouve en train de monter une colline entouré de ceux qui venaient à son secours et de son passé (sa mère et lui enfant) au sommet de la colline s'élève un faux soleil rouge.




LA COSA : 1990, 59 mn

La cosa = la chose, le Parti. Suite à l'initiative du secrétaire du PCI, Achille Occhetto, de débaptiser le parti en supprimant le mot « communiste », un grand débat parcourt le PCI qui est très perturbé à la suite de ce qui s'est passé dans les pays de l'est et de l'échec des PC. Faut-il conserver le mot communiste et ainsi devoir expliquer en permanence que communiste ne veut pas dire la même chose en Italie et en Russie, Pologne... ou abandonner le mot communiste et avec lui tous ceux qui sont morts contre le fascisme en Italie...
Nanni Moretti veut saisir ce moment d'espoir de renouveau d'une gauche qui le tourmente. Armé d'une caméra de 16 mm, il sillonne le pays de bout en bout et enregistre les paroles de militants de tous ages, de toutes les couches de la société italienne.
«Il me paraissait intéressant de suivre cet instant unique de conscience collective: des centaines de milliers de personnes discutaient simultanément des mêmes choses avec euphorie, égarement ou rage, en repensant à leur propre passé politique, et donc à leur propre vie, à leur propre vision du monde».


 

CARO DIARIO : 1993, 100 mn 

Film en 3 épisodes :

1 – Nanni Moretti fait une balade en vespa à travers Rome déserte au mois d’août, dans différents quartiers et interroge quelques personnes pour parler de la beauté de Rome, des anciens et de nouveaux quartiers, de son inaptitude à la danse, de la nullité des films qui passent à Rome en été et de la nullité des critiques cinématographiques, de la « pauvreté » des habitants des beaux quartiers : dvd, télévision, pizza à domicile


2 – Les îles Lipari où il veut se retirer pour travailler et où il ne rencontre que gêneurs. Chez un ami à Lipari, il ne supporte pas le bruit ; la circulation... A Salina, les enfants ont pris le pouvoir sur leurs parents … A Stromboli, le maire veut les accueillir princièrement mais tout le monde lui ferme la porte au nez, car il veut faire de l'île, une île lumière... A Panarea, le débarcadère est transformé en terrasse de café à la mode et une gentille organisatrice les arrête et leur propose fête, activité mondaine... Alicudi, l'île refuge par excellence sans voiture, ni électricité, ni télévision... qui met en déroute l'ami accompagnateur, en « manque » de télévision qu'il prétendait ne jamais avoir revu depuis plus de 30 ans.


3 – I medici

Nanni Moretti souffre d'un intense prurit qui l'amène à consulter d'éminents spécialistes, dermatologues (le prince des dermatologues), allergologues, médecins chinois... et finalement une radio demandée par le médecin chinois parce qu'il tousse permet le diagnostic de maladie de Hodgkin....

Ce voyage chez les médecins lui permet de faire une critique acerbe de leur suffisance, de l'abus de médicaments...


 

L'UNICO PAESE AL MONDO : 1994, 18 mn

Participation à un film collectif. Sur sa légendaire Vespa, Nanni Moretti parcourt le quartier parisien de la Défense et dénonce le retard de la bourgeoisie italienne qui permet la candidature à la présidence du Conseil d'un magnat de la presse, propriétaire de journaux et de télévisions.


 

APRILE ; 1998, 78 mn

Perturbé par la victoire de la droite et de l'absence de projet de la gauche, NM est hanté par l'idée qu'il « doit faire un documentaire sur l'Italie » et finalement décide de filmer ce qui lui plaît... le résultat des élections, Bossi et ses partisans de la Padanie, cela se termine sur une idée que lui proposait un candidat réalisateur dans un autre film, un musical avec un chef pâtissier trotskiste.

Pendant ce temps, sa femme conduit une grossesse qui le transforme en père bêtifiant, parlant à son fils dans le ventre de sa mère, lui demandant d'attendre la fin du film, participant à la préparation du trousseau avec une dizaine de paires de souliers, blanc, bleu... y compris des chaussures de sport...

Journal filmé qui commence le 28 mars 1994, le jour du résultat des élections où la droite a gagné, pour se terminer en août 1997, le jour du quarante-quatrième anniversaire de l'auteur. Pendant ce temps, le gouvernement a changé, un bébé est né, une comédie musicale est en gestation et un documentaire sur l'Italie est réalisé.

 

 

 

LA STANZA DEL FIGLIO : 2001, 99 mn

Giovanni, psychanalyste a une belle famille, femme éditrice, fils et fille au collège. Vie sans grande histoire jusqu'à la mort accidentelle du fils. Giovanni doit affronter désormais ses propres problèmes de deuil.

Dans ce film de fiction, Nanni Moretti, semble exorciser une peur commune à tous les parents : la perte de leur enfant.

 

 

 

 

IL CAIMANO : 2006, 112 mn

Un producteur de films de série Z (Les Mocassins assassins, Maciste contre Freud), en pleine déroute sentimentale et professionnelle, accepte de produire un film plus ambitieux, « Il Caimano », une biographie de Berlusconi, porté par une jeune réalisatrice. Cette réalisation rencontre de multiples difficultés tandis qu'il essaie de recoller les morceaux de son couple... Dans le film de Nanni Moretti, Berlusconi est incarné par 3 acteurs successifs, le 3ème étant... Nanni Moretti. Lui-même.


 

HABEMUS PAPAM : 2011, 104 mn

Après la mort du Pape, le Conclave se réunit afin d’élire un successeur. Un cardinal est élu ! Mais les fidèles massés sur la place Saint-Pierre attendent en vain l’apparition au balcon du nouveau souverain pontife. Il ne veut pas, il ne peut pas assumer la fonction, le rôle pour lequel il a été choisi. Le monde attend à la fenêtre de Sait Pierre.

Pendant ce temps, on fait appel à un psychanalyste (Nanni Moretti) pour résoudre en urgence le problème... à condition de ne poser aucune question « dérangeante ».

On décide ensuite d'aller consulter, clandestinement, en ville. Et le le pape élu s'échappe. Pendant qu'il erre dans Rome, rencontre des comédiens, sa première vocation... Le psychanalyste enfermé dans le Vatican occupe les cardinaux...

 

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5 Quelques réflexions sur le cinéma de Nanni Moretti

 

Voir le plupart des films d'un auteur en une semaine entraîne la tentation d'écrire quelques réflexions sur cet auteur et son œuvre. Particulièrement difficile quand il s'agit de Nanni Moretti.

Une évidence, Nanni Moretti est un auteur : réalisateur, il est aussi presque toujours acteur dans ses films (il n'est pas acteur dans La Cosa), il en est quelquefois, le producteur, le scénariste et très souvent le sujet. Ce n'est pas le cas dans L'unico paese al mondo, Il caimano, Habemus papam.


Au point que si on peut dire que Woody Allen fait des films pour payer son psychanalyste, Nanni Moretti fait des films pour faire sa propre analyse. Ce qui veut dire que le cinéma de Nanni Moretti est un cinéma très personnel, autobiographique.

Certes « Madame de Bovary, c'est moi » et la plupart des œuvres sont partiellement autobiographiques. Pour Moretti, cette partie est importante même s'il n'est pas toujours facile de séparer ce qui appartient à sa vie réelle, la part d'imagination, de fantasme, d'emprunts.... On ne sait pas toujours s'il fait une critique de Nanno Moretti ou du personnage qu'il incarne ou de tout le monde sauf justement de lui même...


Les thèmes, le personnage, les acteurs, les images qu'il choisit se retrouvent dans de nombreux films.


Dans ses premiers films, le personnage central se nomme Michele Apicella, Apicella est le nom de sa mère. C'est dire qu'il assume ces films comme fortement autobiographiques. Il décrit un groupe de jeunes, leurs difficiles relations familiales, l'échec dans la tentative de monter une pièce...


On retrouvera Michele Apicella sous ce même nom dans plusieurs films jusqu'au moment où il sera Giulio (La messa e finita) et finalement Giovanni (La stanza del figlio) qui est son vrai prénom signifiant par là que sa psychanalyse cinématographique (Nanni Moretti n'a jamais suivi de psychanalyse) est terminée, qu'il estime être devenu adulte.

Parallèlement, il change de point de vue et devient professeur, prêtre, psychanalyste, s'adjoint des co-scénaristes, même si nombre de ses obsessions ne l'ont pas encore totalement abandonné. Il ne manque pas de se mettre en scène, y compris en étant un des 3 acteurs qui incarnent Berlusconi dans « Il caimano ». Il est encore le psychanalyste dans le film de fiction et de costumes « Habemus papam ».


En même temps, Nanni Moretti parle beaucoup de l'Italie, de la politique italienne. Au sens large, des institutions incertaines : de la famille, d'abord à travers les conflits avec son père, sa mère, sa sœur (La messa é finita), mais aussi par l'observation des couples d'amis ou de voisins, du couple qu'il craint d'assumer (Bianca), de ses amis parents menés par le bout du nez par leur enfant unique (Caro diario), de ses difficultés devant l'accouchement, de ses angoisses de futur père (Aprile) ou de père (La stanza del figlio).

 


S'affirmant de gauche, il traite aussi de ses relations avec la gauche italienne dont il attend toujours beaucoup et dont ils condamne les errances extrêmes (La messa é finita), les insuffisances (Aprile), l'incapacité à s'adapter à la nouvelle situation italienne (La Cosa, La palombella rossa).

Nanni Moretti met en évidence l'échec des différentes structures porteuses d'une certaine autorité :

  • la famille : toute la famille (La messa e finita, Io sono un autarchico), qu'il conteste en tant que jeune et quelquefois énergiquement (Sogni d'oro), en tant qu'ami (Caro diario)... Mais qu'il semble bien utiliser jusqu'à un âge assez avancé...


  • la médecine : après avoir consulté toutes les sommités italiennes, c'est un médecin chinois qui fait le diagnostic de sa maladie de Hodgkin (Caro diario),


  • la psychanalyse : le psychanalyste démuni devant la perte d'un fils (La Stanza del figlio) ou, enfermé dans le Vatican, réduit a organiser un tournoi de volley-ball (Habemus papam), Freud, lui-même ridiculisé (Sogni d'oro),


  • l’Église : le prêtre qui va choisir la Terre de feu pour fuir son échec dans la paroisse de la banlieue de Rome (La messa é finita) ou le pape élu qui recule devant les responsabilités pontificales (Habemus papam),


  • le parti communiste : la ligne du compromis historique qui entraîne une partie de la jeunesse dans la lutte armée (La messa é finita), le député qui voulait changer mais qui a perdu la mémoire(Palombella rossa), les militants désorientés entre le communisme « réellement existant » et la proposition de Ochetto d'abandonner le nom « communiste » (La cosa), le parti, silencieux face à Berlusconi (Aprile)...

  • l'école occupée par les élèves (Ecce bombo) ou véritable barnum ( Bianca).


  • le cinéma : critiques et réalisateurs débiles sauf Nanni Moretti qui doit inventer un nouveau langage cinématographique car qui « parle mal » « pense mal » et « agit mal »... Et même le public, intellectuel qui lui demande de faire des films compréhensibles par le paysan de Lucanie, le berger des Abruzzes ou la ménagère de Trévise, ou de la télévision « publico di merda » qui lui préfèrent les films de gens qu'il méprise.



Nanni Moretti se présente comme critique surtout de la gauche (qui aime bien, châtie bien) qui le déçoit.. il se revendique comme minoritaire : « Moi, je crois en l’homme, mais pas à la majorité. Je serai toujours bien avec une minorité. ». Tellement bien qu'il ne s'entend ni avec la famille, ni avec les amis, ni avec les cinéastes ou les équipes de cinéma ou de sport...  Car eux s'engagent et donc se trompent alors que lui : « moi, je criais des choses justes, et je suis un splendide quadragénaire ! ». Et ne répond pas à la question de son ex-ami qui s'est engagé dans le terrorisme : Que fallait-il faire ? Pas plus qu'il n'avance de proposition pour le PCI.

Il fait des films, de bons films. Ce n'est déjà pas si mal.

 

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Les projections ont lieu dans une ou deux salles, les entrées sont gratuites.

Tous les soirs, une projection sur la Piazza del Popolo

Mais ce soir.... d'abord match de football... quand il fera nuit... le public est frustré car le match a déjà commencé...

 

 

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3 juin 2012 7 03 /06 /juin /2012 14:25

 

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Il y a autant de festivals de Cannes que de participants depuis le président Gilles Jacob jusqu'au promeneur sur la Croisette ou même le téléspectateur en passant par le monde du cinéma et ses annexes, les commerçants de la ville ou les investisseurs. Chacun a sa vision du Festival...

 

C'était notre troisième festival avec, cette fois, une accréditation de « Cannes cinéphiles » qui permet d'assister à de nombreuses projections gratuitement, avec ou sans invitation, à condition de s'armer de patience pour faire la queue : il existe de multiples types d'accréditations (11 OOO accrédités, augmentation de 9% par rapport à 2011) avec des queues plus ou moins longues...

 

Quelques notes sur certains films vus


Sur la centaine de films visibles à Cannes durant le festival dans l'une ou l'autre des sélections, nous en avons vu 26 en fonction des possibilités offertes par l'accréditation, les invitations, les horaires, les informations recueillies dans les files d'attente... Plus 8 courts métrages.

Nous n'avons pas vu les films en compétition mais de bons films sélectionnés dans divers cadres : « Un certain regard », « Quinzaine des réalisateurs », « Semaine de la critique », « Cannes classics », « Acid » ou « Cinéma des antipodes »...

 

Deux films israéliens courageux et de qualité dénoncent, de façon différente, la politique de l’État d'Israël.
Dans le premier, Sharkiya, deux frères, bédouins, et la femme de l'un deux vivent en Israël sur la terre de leurs ancêtres, l'un des maigres revenus de cette terre, l'autre en travaillant comme vigile à la gare routière de la ville voisine. Mais cette terre ne leur appartient plus. A l'annonce de leur expulsion, le vigile signale une bombe désamorcée qu'il a lui-même placée sous un banc pour profiter de la minute de gloire et faire savoir à la télévision qu'il va être expulsé. Ce message sera censuré. Et leurs baraques détruites.

Viennent alors les amis et de nouvelles constructions sont immédiatement érigées. Jusqu'à la prochaine fois... « Sharkiya » de Ami Livne, Israel-France-Allemange, 85 mn (Acid).

I

Dans Room 514, c'est la contradiction absolue entre les principes proclamés, démocratiques et légalistes, et la situation dans les territoires occupés qui piège tous les protagonistes. Une jeune et courageuse enquêtrice, forte du témoignage d'un militaire israélien, instruit une plainte contre le comportement du commandant d'une unité d'élite face à des Palestiniens pacifiques. Peu soutenue par son amant et supérieur immédiat, elle confondra cependant le commandant qui ne supportera pas de se voir désavoué dans ce qu'il estime être son devoir. De ce huis clos symbolique de l'isolement d'Israël, nul ne peut sortir indemne. « Room 514 » de Sharon Bar-Ziv, Israël, 90 mn (Acid).

Les hasards de la programmation font que « Cannes Classics » présentait cette année la version restaurée de « Cléo de 5 à 7 », sorti en 1962, dans lequel Agnès Varda avait l'extrême audace de faire parler un appelé de la « mort inutile » qu'il allait affronter en Algérie !

 

Il est aussi question d'Israël dans un autre film, français : ici, un jeune juif de 27 ans vit d'expédients à Paris et décide d'aller travailler en Israël dans le restaurant d'un cousin pour échapper à sa situation et notamment à la charge d'un frère un peu pesant. La motivation de cette Alyah, motivation fréquente d'après le réalisateur, n'est en rien un ralliement idéologique ou religieux à Israël. Mais une façon de (ne pas) régler des problèmes personnels. « Alyah » de Elie Wajeman, France, 90 mn (Quinzaine des réalisateurs).

 

Deux films, sri lankais et algérien, montrent les difficultés de la réinsertion après une guerre civile. Au Sri Lanka, les Tigres tamouls ont perdu une guerre de trente ans. Dans « Ini Avan » (Him, here after), l'un d'eux, deux ans après la fin de la guerre, revient au village, retrouve la femme dont il était amoureux, veuve après un mariage forcé, et tente de construire une nouvelle vie. Mais les villageois n'ont pas oublié, les haines du passé resurgissent. Ses « compétences » lui permettent cependant de trouver du travail dans la ville voisine mais son refus de rejoindre des camarades dévoyés va le mettre en danger...

Parallèlement, la femme de l'employé, licencié à cause de lui, le poursuit parce quelle ne peut plus nourrir ses enfants. Sans naïveté, elle partagera quelques missions louches... et elle reviendra auprès des siens. Tandis que lui devra essayer de survivre dans un pays où l'on ne peut pas repartir à zéro. « Ini Avan » (Him, here after) de Asoka Handagama, Sri Lanka, 104 mn (Acid).

 

C'est du même thème que traite le film algérien « El Taaib » (Le repenti). Suite à l'offre du gouvernement, un islamiste accepte d'abandonner la lutte armée et rentre dans son village où ceux qui ont perdu des membres de leur famille veulent le liquider.

Dans la ville voisine, enregistré au commissariat de police comme repenti, le commissaire lui trouve du travail dans un bistrot, veut lui faire dénoncer ses anciens « frères » et, finalement, l'engage dans une entreprise pour soutirer de l'argent au pharmacien du coin... « El Taaib » (Le repenti) de Merzak Allouache, Algérie-France, 87 mn (Quinzaine des réalisateurs).

 

Plusieurs films venaient d'Amérique latine.


Xica da Silva du Brésilien Carlos Diégues (qui présidait par ailleurs le jury de la Caméra d'or) conte l'histoire de la belle esclave Xica qui ensorcelle les hommes et notamment l'envoyé du roi du Portugal venu contrôler les richesses diamantifères... qui n'arriveront que très partiellement au Portugal. Pour elle, il fera des folies...

Comédie réjouissante sur la société coloniale portugaise du XVIIIème siècle au Brésil.

 

Carlos Diéguès Cannes 21012 2Carlos Diéguès

 

Un autre film brésilien, plus récent, plus réaliste « Cabra marcado para morrer » (Un homme à abattre) est une enquête sur la famille dispersée d'un militant paysan assassiné pendant la dictature qui peut intéresser les militants brésiliens. « Cabra marcado para morrer » (Un homme à abattre) de Edouardo Coutinho, Brésil, 120 mn (« Cannes classics »).

 

Deux films portaient sur l'histoire plus ou moins récente de pays sud-américains.

« No » narre l'histoire de la victoire du « non » lors du référendum, organisé par Pinochet en 1988. Ce film déclenche habilement l’enthousiasme des spectateurs malgré son ambiguïté. Il décrit la bataille entre les « purs » du camp du « non » et ceux qui pour gagner font appel à une habile publiciste « créatif ». Grâce à son talent, le « non »l'emporte dans un référendum que les partisans de Pinochet étaient sûrs de gagner.
L'artisan de la victoire du
« non »peut reprendre sa place auprès de son patron qui menait la campagne du « oui » dans l'agence de publicité dont il sera le principal fleuron. « No » de Pablo Larrain, Chili, 115 mn (Quinzaine des réalisateurs).

 

« Infancia cladestina » (Une enfance clandestine), raconte l'histoire d'un couple de Monteneros qui rentrent, avec leurs deux enfants, en Argentine pour participer à la lutte armée en 1979. Juan, 12 ans, est scolarisé sous le nom d'Ernesto et devient amoureux d'une camarade de classe à qui il propose de partir... Ses parents sont traqués par la police, son père tué, sa mère arrêtée (au minimum). Laissé par la police devant la porte de sa grand-mère, quand celle-ci demande, « qui est-là ?». Il hésite et répond « Juan »... et non « Ernesto »... Signant la fin (le rejet ?) de la clandestinité. « Infancia cladestina » (Une enfance clandestine) de Beminjamin Avila, Argentine-Espagne-Brésil, 112 mn (Quinzaine des réalisateurs).


Le thème de la jeunesse était traité dans quatre films.


Avec « Despuès de Lucia » (Après Lucia), qui se passe dans la jeunesse de la petite bourgeoisie, d'un pays émergent, le Mexique, changement de pays, d'époque, de monde.

Après la mort, dans un accident de voiture de Lucia, son mari s'installe à Mexico avec sa fille pour commencer une nouvelle vie. Dans un milieu de jeunes, apparemment libérés, « modernes » (cannabis, iphone), la jeune Alejandra dont les ébats ont été filmés par son partenaire et diffusés, va devenir, rapidement, le souffre douleur de sa classe. Elle n'en dira rien à son père, jusqu'au drame. « Despuès de Lucia » de Michel Franco, France-Mexique, 103 mn (Un certain regard).

 

« Gimme the Loot » d'Adam Leon, Etats-Unis, 80 mn (Un certain regard). Dans le Bronx, un couple de jeunes Noirs veulent réaliser un graffiti géant pour répondre à un gang rival. Pour cela, ils vont se lancer dans la recherche d'argent par des méthodes peu orthodoxes qui ne seront pas très fructueuses... Dans cette comédie, les questions sociales sont loin d'être oubliées et si ces deux jeunes n'arrivent pas résoudre tous les problèmes, ils arrivent cependant à se retrouver.

 

« La tête la première ». Dans ce film, la jeune Zoé prend la route pour approcher un écrivain qu'elle admire quand elle rencontre Adrien, le voyage prend soudain une direction différente où les deux jeunes ont des difficultés à prendre conscience qu'ils se sont trouvés... Dans la société actuelle, même « libérée », on peut encore traiter de façon légère l'éternelle rencontre du premier homme (A?) et de la première femme (Z?). « La tête la première » de Amélie Van Elmdt, Belgique, 100 mn (Acid).

 

Dans Broken, la violence extrême se déchaîne entre voisins et au sein de la famille. Un jeune est salement tabassé par un voisin dont la fille l'accuse, faussement, de viol. C'est le début de l'engrenage... « Broken » de Rufus Norris, Royaume-Uni, 90 mn, (Semaine de la critique).

 

« Casa Nostra » (Notre maison) de Nathan Nicholovitch , France, 94 mn.(Acid) En route vers le pavillon familial, deux sœurs et un frère se retrouvent pour aller jusqu'à la maison familiale alors que leur père est mourant. C'est l'occasion, pour les trois, de se redécouvrir... NN pose la question « Qu'est-ce qu'une famille, qu'est-ce qu'une lignée ? »

 

 

« The Central Park five » (Les 5 de Central park) démonte l'injuste condamnation de 5 jeunes pour des actes qu'ils n'ont pas commis. En 1989, le viol d'une joggeuse à Central Park secoue les États-Unis. Sous la pression politique et médiatique, il faut trouver des coupables rapidement : cinq jeunes noirs feront l'affaire. Malgré tout ce qui pourrait les innocenter, notamment les analyses d'ADN !!! Seuls,les aveux du coupable, quelques années plus tard permettront le rétablissement de la vérité. Les auteurs utilisent de façon efficace les archives, les entretiens avec les acteurs de cette erreur judiciaire... The Central Park five (Les 5 de Central park) de Ken Burns, Sarah Burns et David Mac Mahon, Etats-Unis, 119 mn, (Hors compétition).

 

Dans « Face to face », un jeune ouvrier du bâtiment emboutit la Jaguar de son patron, à la suite de son licenciement,. Au lieu d'être mis en jugement, il se retrouve devant un conciliateur avec sa mère et son meilleur ami d'une part, le patron, sa femme, un cadre, des collègues de travail et deux secrétaires d'autre part. Tirant, habilement, sur le fil de ce licenciement, le conciliateur va mettre à jour la responsabilité du patron, dans tous les dysfonctionnements de l'entreprise à tous les niveaux. Après quelques explications douloureuses, de bonnes résolutions et les mesures qui s'imposent dans la gestion de l'entreprise, tout va rentrer dans l'ordre à la plus grande satisfaction de tout le monde ou presque (les frasques du patron ont été dévoilées), y compris des spectateurs... Face to face de Michael Rymer, Australie, 85 mn, (Cinéma des antipodes).  

 

« Tahrir,place de la Libération » de Stefano Savona, France-Italie, 91 mn

Chronique sur la place Tahrir au Caire, à partir du 6ème jour de la Révolution.

 

« La Vierge, les Coptes et moi » de Namir Abdel MESSEEH, France, Qatar, 85 mn. (Acid).

Namir qui a décidé de faire un film sur les apparitions de la Vierge en Égypte. Les problèmes commencent... Ce film, présenté par l'ACID*, a reçu un accueil chaleureux des spectateurs et trouvé à cette occasion une distributrice.

 

« Ombline » de Stéphane Cazes, France, Prix au Festival Cannes Junior. Lors de l'arrestation de son mari qui est tué à cette occasion, Ombline blesse un policier et se retrouve enceinte et en prison. Elle accouche en prison, élève son enfant pendant 18 mois puis l'enfant est placé en famille d'accueil... Malgré les multiples difficultés rencontrées durant ce séjour, elle s'en sortira et retrouvera son enfant.

 

Dans cette société, la drogue s'est aussi installée, non seulement le cannabis, drogue qui se veut de connivence mais la drogue dure. « Stalingrad lovers » a été tourné dans les milieux du crack dans le quartier de Stalingrad (Paris). C'est l'histoire d'Isaïe qui a promis à son ami de rapatrier son corps à Touba (Sénégal) en cas de malheur et une plongée documentaire avec des acteurs professionnels et un groupe de dealers et d'usagers dans le monde parallèle de la drogue. « Stalingrad lovers » de Fleur Albert, France, 83 mn (Acid).

 

Dans le cadre de « Cannes Classics » :

 

- « Kalpana » de Uday Shankar, Inde, 1948, 155 mn : Film indien remarquable qui insère chants et danses dans l'histoire sociale et politique de l'Inde.

- « Xica da Silva » de Carlos Diegues, Brésil, 1976, 114 mn,

- « Viaggio in Italia » (Le voyage en Italie) de Roberto Rossellini, 1954, Italie, 97 mn : Un couple d'anglais qui bat de l'aile vient en Italie pour vendre une somptueuse villa dont ils ont hérité. Ils repartiront sur de nouvelles bases.

- « Cléo de 5 à 7 » de Agnès Varda, France, 90 mn, 1962

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Agnès Varda


- « Woody Allen : documentary » de Robert Weide, Etats-Unis, 113 mn : Un documentaire sur Woody Alen et sur ses films, réjouissant à travers les bons mots de W.A. Permet d'aller au delà et d'entrer dans sa vision du monde.

- « Me and me Dad » de Katrine Boorman, Etats-Unis, 66 mn : Sur son père, John Boorman sur le grand réalisateur étasunien (Delivrance, Excalibur…) et toute sa famille. Humour et tendresse.

- « Claude M le cinéma » (Claude Miller, cinéaste de l'intime) de Emmanuel Barnault, France, 52 mn : Portrait de Claude Miller, récemment décédé, auteur de 17 films dont la « Meilleure façon de marcher », « Garde à vue », « L'effrontée », « La classe de neige », « Un secret » … Long entretien entrecoupé d'extraits de films et des témoignages de Annie Miller, sa femme et productrice, de Luc Béraud, scénariste, de Bertrand Blier, de Jean-Louis Livi, et de Charlotte Gainsbourg.

 

8 courts métrages

 

  • « Tram » de Michaela Pavlàtovà, France-Tchéquie : remarquable dessin animé sur les fantasmes d'une conductrice de tram, ses passagers, sa machine...

  • « The curse » de Fyzal Boulifa, Royaume-Uni Maroc : Dans un village dans le désert une jeune femme est surprise en relation amoureuse par un jeune d'une dizaine d'années qui la fait chanter pour des sucreries, brise sa réputation...

  • « Wrong cops » de Quentin Dupieux, France : récit parodique sur le premier jour de la semaine d'un flic étasunien qui livre de la drogue et s'acharne sur un jeune écoutant de la musique avec son baladeur. Première partie d'un long métrage à venir.

  • « Portret z pamieci » (Portrait) de Marcin Bortkiewicz, Pologne : début d'Alzheimer chez une grand-mère qui aime trop les vampires.

  • « Os mortos vivos » de Anira Rocha da Silveira, Brésil.

  • « Soirée foot » de Luc Béraud, France, 9 mn. (Acid).

  • « La marque des champions » de Stéphane Kazandjian, France, 10 mn (Acid).

  • « Emily de Ben Mathews », Australie, 20 mn

 

 

 

  • NB : Acid : association des cinéastes pour le cinéma indépendant et sa distribution. Cette association dont c'était le vingtième anniversaire, soutient, chaque année, une dizaine de films pour essayer de leur trouver un public et surtout un distributeur (450 films soutenus). Les films sont projetés en préence de l'équipe réalisatrice. Ils sont repris à Paris à l'automne au Nouveau Latina...

  • Les projections ont lieu au cinéma des Arcades à deux pas de la Croisette et à la MJC Picaud. L'entrée est gratuite pour tous les accrédités et pour les invités. Les invitations sont attribuées à toutes les personnes intéressées.

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MJC Picaud

 

Informations diverses


Pétrole et cinéma : Nous avions entendu parler de l'arrivée de l'argent du pétrole dans le sport, la télévision, les affaires... Nous avons découvert qu'il était aussi arrivé dans le cinéma à travers des informations parues dans la presse diffusée gratuitement au festival, le plus souvent anglophone.

TwoFour 4 société d'État gérant les industries des médias et de contenus créatifs et la commission du film d 'Abou Dhabi ont lancé un crédit d'impôt, opérationnel dès le 01/09/12. L'aide prend la forme d'une réduction pouvant atteindre jusqu'à 30% des dépenses effectuées dans l'émirat. Elle concerne les projets de longs métrages, fictions, documentaires, publicité ou clips. : services ou biens payés à Abou Dhabi, frais de location, studios de tournage, de post production, dépenses liées à l'hébergement de l'équipage ou du transport... Digital domaine media Group en collaboration avec TwoFour54 va construire une école de média et un studio à Abou Dhabi.

 

Le Doha film institute accompagne 23 projets avec de nombreux pays : Algérie, (1 long métrage, 2 documentaires), Liban, Maroc-GB-EU, Jordanie-PB-Allemange, Palestine, Maroc-France, Égypte, Koweït, Jordanie-France, Syrie, Liban-Arménie, Tunisie, Maroc, Algérie-France, Libye, Qatar...

 

Pour certaines, les investissements - par des sociétés luxembourgeoises notamment - dans le cinéma comme dans le foot chercheraient essentiellement le prestige (monter les marches...). Notre hôtelier connaissait surtout les dégâts commis dans les hôtels par leurs excès...

 

Le budget du Festival est de 20 millions d'euros chaque année. La moitié par des fonds publics : ministère de la culture et de la communication, ville de Cannes, région Paca et le département des Alpes maritimes.

 

Une vitrine internationale : Pendant le festival, les marques du luxe installent des espaces privés dans les suites, afin d'habiller, maquiller et coiffer les stars. Le Martinez en dénombre 24 cette année. : Chopard, Gucci, YSL...

Tous les services apports aux stars sont gratuits.

Au 7ème étage de l'Hôtel Martinez, la suite Christian Dior occupée par la maison pendant le festival s'étend sur 450 m2, Complètement redécoré dans les couleurs de la marque. Louable à l'année, la suite coûte la modique somme quotidienne de 30 000 euros.

 

Marché du film : l'an dernier 800 millions de dollars de chiffre d'affaires.

 

Le cinéma sur la Côte : Tout confondu – télé, photo, - ce sont 284 projets (contre 204 en 2010) qui ont été mis en boite sur la Cote d'Azur, l'an passé. Mieux encore, en 2011, la Côte a accueilli 14 équipes de films long métrage. Soit 178 jours de tournage, plus de 10 000 nuitées pour les hôteliers et 9 millions d'euros pour l'économie azuréenne.

 

 

Les chasseurs d'images : Face aux « marches » se groupent des photographes professionnels ou non. Nous avons fait connaissance d'un amateur passionné qui vient tous les ans à Cannes, depuis 4 années, pour saisir l'image des personnalités qui descendent le fameux escalier ou en d'autres circonstances et qu'il publie ensuite sur son site (http://www.focale31.com/photographes/qui_suis_je.php?id=2537). Il fait aussi des photos avec des modèles.
Notre photographe tire 100 à 150 photos pour en retenir 3 ou 4. mais certains peuvent aller jusqu'à plus de 1000 dans la journée.

Ils sont une vingtaine de non-professionnels qui se retrouvent chaque année, français essentiellement, (l'an dernier un Russe, un Italien), deux tiers hommes, un tiers femmes, avec chacun son escabeau et son matériel. Parmi eux un chirurgien, un cadre dans une grande entreprise...

 

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La citation du Festival : « Fille d'une Suédoise et d'un Italien mais vivant à Paris et New York, je suis encline à l'internationalisme ou au nomadisme... Connaître d'autres cultures m'aide à comprendre combien ma façon de penser et même de sentir n'est pas bonne ou mauvaise mais culturellement liée. Voyager ouvre mon esprit. » Isabella Rossellini.

 

Mais le Festival de Cannes, c'est aussi pour beaucoup, l'occasion de voir et de se faire voir dans la rue... La mode, cette année, était les robes, les corsages... au crochet.

 

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9 juillet 2011 6 09 /07 /juillet /2011 11:49

47ème Mostra internazionale del cinema nuovo

Pesaro - 19-27 juin 2011

 

Pour la 4 ème année consécutive, nous sommes allés au festival de cinéma de Pesaro. Pesaro est une ville portuaire et balnéaire, italienne de 92 000 habitants, sur le bord de l'Adriatique. C'est dans cette ville qu'est né Rossini.

 

J'ai été invité, à plusieurs reprises, à Pesaro ou dans une des villes des alentours pour des colloques sur le droit de vote des résidents étrangers. C'est à cette occasion que nous avons découvert le festival.

 

En 2008, le jeune cinéma allemand et Dario Argento étaient au programme. Comme Anne guette les films qui sortent à Paris (ou à Versailles) en allemand (qu'elle parle depuis le lycée) ou en italien (qu'elle apprend depuis sa retraite), nous avons décidé d'aller à ce festival, en juin. Ne parlant ni allemand, ni italien, je pensais que je pourrais au moins profiter de l'Adriatique, des gelati et de la cuisine italienne...

 

Nous y avons pris goût et nous y sommes revenus en 2009 pour Alberto Lattuada, en 2010, pour Carlo Lizzani. Le programme est toujours très varié, organisé, notamment, autour d'un cinéma national, en 2011, le documentaire russe, et un cinéaste italien, cette année Bernardo Bertolucci.

 

On est très loin de l'ambiance de Cannes mais ce festival qui en est à sa 47 ème édition, est ouvert. Le public peut assister à toutes les séances, gratuitement, dans 4 espaces différents, 3 cette année par suite d'une réduction des subventions : Teatro sperimentale, Palazzo Gradari et en soirée, « Piazza del popolo » en plein air.

 

Bien entendu, il vaut mieux comprendre l'italien... Tous les films sont présentés en version originale, sous-titrés quand il s'agit de films étrangers. Cette année, les films étrangers étaient sous titrés en italien et, en même temps, quelquefois, en espagnol et/ou anglais. Jamais en français. Certains films « étasuniens » de Bertolucci étaient en anglais sous titrés en italien.

 

Cela veut dire, pour moi, qui ne comprends aucune de ces langues à l'oral, de gros efforts linguistiques de lecture et des discussions avec Anne pour contrôler si j'avais bien compris. Heureusement, à l'entrée, une feuille est distribuée avec un résumé du film, une critique, la distribution.... en italien évidemment.

 

Cette année plus de 80 films étaient présentés dont la moitié étaient des courts métrages : bien entendu, nous n'avons pas pu tout voir en une semaine. Nous nous sommes contentés de voir 28 films, parmi lesquels, des courts métrages.

 

Des 22 films de Bertolucci présentés, nous en avons vu 20 (voir liste ci-après) et nous avons assisté à la rencontre avec Bernardo Bertolucci conduite par Adriano Aprà et Bruno Torri.

 

Nous n'avons pu voir Strategia del ragno (La stratégie de l'araignée, 101 mn) et Il conformista (Le conformiste, 112 mn), tous deux de 1970.

 

Quelques remarques

 

Mes compétences, en cinéma et particulièrement en cinéma italien, ne me permettent pas de faire une critique élaborée de l'œuvre cinématographique de Bernardo Bertolucci. Je me contenterai de quelques brèves remarques.

 

Lors de la « rencontre », Bernardo Bertolucci a dit qu'après le néoréalisme italien, à coté de Sergio Léone et Dario Argento qu'il admirait, il fallait qu'il invente une autre façon de faire des films à une époque marquée par l'irruption de Jean-Luc Godard. Ses interlocuteurs ont parlé d'un cinéma de la poésie qu'il a évacué de façon humoristique en disant qu'il faudrait dire ce qu'est un cinéma de la prose...

 

Cette notion de cinéma-poésie faisait allusion au fait que Bertolucci était lié à Pier Paolo Pasolini dont il a été l'assistant dans Accatone. PPP lui a fourni le sujet de son premier film « La comera secca » (1962) qui raconte l'enquête sur l'assassinat d'une prostituée dans la banlieue de Rome. Pour ma part, plutôt qu'un cinéma-poésie, j'y ai vu une parenté avec le néoréalisme par la description d'un milieu populaire. Mais pour Bertolucci, c'est la comédie italienne qui est la suite véritable du néoréalisme.

 

Il a adhéré au PCI en 1968 et 2 films de 1971 témoignent de ses préoccupations sociales : La saluta é malata et Le lavoranti a domicilio (La santé est malade et Les travailleurs à domicile). Il a suivi une psychanalyse et la plupart de ses films (Partner, Last tango in Paris, La luna, Stealing beauty, Besiegd/l'assedio) , y compris à sujets « politiques » (Prima della revoluzione, La tragedia di un uomo ridicolo, The dreamers/I sognatori) sont plus marqués par des questions psychologiques que sociales ou politiques, de même dans ses grandes fresques comme « The last imperator » ou « Little buddha ».

 

Pour expliquer pourquoi il avait quitté l'Italie pour faire des films, il a parlé de la sensation d'étouffement qu'il ressentait alors en Italie et de la nécessité d'en sortir. Des thèmes reviennent dans les films de Bertolucci  comme chez beaucoup d'auteurs :

  • relations parents-enfants, avec un père absent, comme dans La Luna ou Stealing beauty, ou adolescents qui mélangent ou confondent révolution et révolution sexuelle comme dans The dreamers.

  • La recherche désespérée de l'amour dont Le dernier tango à Paris est l'exemple le plus connu où Jeanne évolue entre un cinéaste amoureux et logorrhéique et un amant de rencontre, sauvage et inconnu.

 

Le dernier tango à Paris a, d'après Bertolucci, été projeté avec succès dans tous les pays du monde sauf en Espagne franquiste et les Espagnols venaient à Perpignan par cars entiers comme d'autres allaient à Lourdes... Attirés par la beauté du film ou... par le scandale ?

Toujours est-il que le succès financier de l'entreprise a permis, selon ses dires, à Bertolucci de faire payer aux maisons de production étasuniennes, une très chère « bandiera rossa » avec Novocento. Je ne suis pas sûr que ces sociétés le regrettent car Novocento a dû aussi leur rapporter de l'argent sans que cette admirable fresque de la vie politique italienne les gène beaucoup d'un point de vue politique. Cette lutte sans fin entre les propriétaires et les travailleurs agricoles, incarnés par deux hommes nés le même jour sur la même ferme mais dans les deux camps adverses se termine sur une scène, à la Don Camillo contre Peppone, qui les ridiculise tous les deux.

 

L'admiration proclamée pour Godard se retrouve à travers des images de film de Godard, des scènes dans la veine provocatrice de Godard mais qu'il n'est pas nécessaire de remettre dans une autre film ou, de façon moins élégante, d'emprunts.

 

En s'éloignant de l'Italie, il a eu les moyens et le succès qu'il recherchait. Fortement influencé dans la forme par Godard et les États-Unis avec des fresques remarquables et de très belles mages qui n'évitent pas toujours les clichés, notamment dans le Thé au Sahara (pas seulement au niveau des images d'ailleurs), Bernardo Bertolucci n'en a pas moins apporté au cinéma un monde personnel

 

1106PESARO-5 25-06-2011 17-05-60

 

 

 

 

FILMS VUS PENDANT LE FESTIVAL

 

De Bernardo Bertolucci

I

La commare secca, 95 mn, 1962,

Prima della revoluzione, 110 mn, 1964,

Il canale, 12 mn , 1967,

La via del petrolo, 140 mn, ­1967,

Partner, 107 mn, 1968,

La saluta e malata, 34 mn, 1971,

Le lavoranti a domicilio, 25 mn, 1971-2000,

Last tango in Paris/Ultimo tango in Parigi, 127mn, 1972,

Novocento, 310 mn, 1976,

La luna, 142 mn, 1979

Videocartolina dalla Cina, 7 mn, 1985,

La tragedia di un uomo ridicolo, 115 mn, 1981,

The last emperor/L'ultimo imperatore, 168 mn, 1987,

The sheltering sky/Il te nel deserto, 138 mn, 1990,

Little Buddha/Piccolo Buddha, 141 mn, 1993,

Stealing beauty/Io ballo da sola, 120 mn, 1996,

Besieged/L'assedio, 94 mn, 1998,

Histoire d'eaux (Ten minutes older : The cello), 10 mn, 2002,

The dreamers/I sognatori, 116 mn, 2003.

 

Autres films

Tisee !.hush ! , 80 mn, 2003, de Viktor Kosakovskyj, Russie,

Blockada, 52 mn, 2006,de Sergej Loznica, Russie,

Svyato,33 mn, Russie 2005, de Victor Kossakovskij, Russie,, France,

Tee Rak/Eternity, 105 mn, 2011, de Sivaroj Kongsakut, Thaïlande,

The reverse side of stalker, 140 mn, 2008, de Rerberg et Tarkovsky, Russie,

Flying fish, 124 mn, 2011, de Senjeewa Pushpakumara, Sri Lanka,

Ja tebja ljublju/I love you, 72 mn, 2011, de Pavel Kostomarov et Aleksander Rastorguev, Russie.

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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 12:20

 

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Le Festival de Cannes est une des deux manifestations les plus médiatisées au monde avec le Mondial de football. Ce qui fait de Cannes la ville française la plus connue après Paris. C'est le lieu où viennent ou rêvent de venir, toutes les personnes qui ont ou qui auront ou qui veulent avoir une place dans un des aspects du cinéma. 

On sait depuis longtemps que le cinéma est aussi une industrie... et un commerce. Et Cannes en est la plus grande vitrine, c'est le premier marché du film cinématographique de la planète.

Le Festival fait aussi une place aux cinéphiles qui peuvent voir tous les films gratuitement ou en payant le billet de 4 à 7 euros. Mais toujours avec la nécessité de faire la queue. Nous l'avions découvert l'an dernier .

 

Lors du 64ème Festival en mai 2011, plus de 140 films ont été projetés PalaisAffiche2-copie-1

 

 

 

107 dans le cadre de la Sélection officielle : en plus des films d'ouverture et de clôture, il y avait 19 films en compétition, 20 films « un certain regard », 13 films « hors compétition » (séances de minuit et séances spéciales). 1500 films ont été visionnés pour la sélection. 16 films dans la sélection de la Cinéfondation, 20 « cinéclassics », 8 films « Cinéma de la plage »... 9 courts métrages en compétition...

Ces films étaient projeté dans les salles du Palais du Festival (Lumière, Bazin, Bunuel, Debussy, du Soixantième) mais pouvaient être vus le lendemain en ville.


- 39 durant la 43ème Quinzaine des réalisateurs : 25 longs métrages, 14 courts métrages au Théâtre de la Croisette (H

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ôtel Marriott) essentiellement mais aussi dans d'autres salles : Arcades, Studio 13, La Licorne, Le Raimu.

 

 

- La 50 ème Semaine de la critique présentais 10 longs métrages et 10 courts métrages. à la salle Miramar.


- Acid donnait leur chance à 9 longs métrages et 8 courts métrages qui étaient présentés et discutés en présence du réalisateur : Studio 13, Arcades, Raimu.Acid2-copie-1.JPG

 

 

En 10 jours, nous avons pu voir 27 long métrages, 2 moyens métrages, 3 courts métrages. Quelques remarques sur certains de ces films.

Parmi les Films en compétition, vus pendant ces 10 jours, Habemus papam (114 mn) de Nanni Moretti montre l'angoisse de l'élu au moment d'assumer ses responsabilités. Ce film n'est pas, essentiellement, anticlérical même si on peut sourire d'une consultation psychiatrique "publique" du pape élu, consultation où il ne faut parler ni de sexe, ni d'enfance, ni... ; ou du tournoi intercontinental, organisé par le psychiatre "séquestré", entre les membres du Conclave ; ou de la goinfrerie de la doublure du pape élu.

Surtout, à l'occasion d'une tentative de consultation psychiatrique en ville, le pape élu échappe à ses "protecteurs" et va se mêler à la vie des Romains et prendre conscience de l'échec de sa vie, de tout ce qu'elle aurait pu être, fasciné qu'il est par le monde du théâtre...

Un Piccoli remarquable, miné par l'angoisse devant l'obstacle, réanimé par le contact du monde réel.

 

Polisse de Maïwenn (127 mn) raconte le quotidien d'une Brigade de la protection des mineurs, son engagement, ses conflits internes, hiérarchiques, et, à travers ses interventions, les difficultés et les drames de la vie. La pression qu'elle subit et les moments de détente... C'est un film qui pourrait être un bon reportage de télévision, enrichi par la description de la sensibilité des intervenants  qui ne peuvent être de simples techniciens de la protection de l'enfance et qui doivent concilier vie personnelle, vie professionnelle....

L'Appolonide de Bertrand Bonello (185 mn) n'est pas un film nostalgique de plus sur les bordels de la Belle époque. Ces « Souvenirs de la maison close » décrivent fort bien la situation de ces femmes qui "reçoivent" dans le luxe et vivent dans des "chambres de bonne", dans l'angoisse de la maladie, soumises à des clients qui peuvent montrer un certain attachement ou les mutiler par sadisme ou les utiliser pour des réunions mondaines dans le style des zoos humains rappelant les scènes de la Vénus noire.

Le Havre de Aki Kaurismäki (93 mn) ramène à une question actuelle, traitée de façon humaine, la solidarité d'un quartier populaire du Havre avec un jeune noir, fraîchement débarqué, qui a échappé à la police. Marcel Marx va mettre son argent et ses amis au service de ce jeune pour qu'il puisse passer au Royaume-Uni et rejoindre sa mère. Avec la complicité bienveillante d'un policier.
Ce film, aux couleurs discrètes, semble sortir de l'ambiance "front pop" des années 30.

We need to talk about Kevin de Lymne Ramsay (110 mn) traite sur le mode violent des relations parents-enfants, thème qu'on retrouve dans La fin du silence de Roland Edzaard (80 mn), présenté à la Quinzaine des réalisateurs où un jeune, fruit d'un adultère entre voisins, ne peut supporter cette situation. Et aussi, dans L'enfant au vélo des frères Dardenne, The Tree of Life de Terence Malick, vus après le Festival,  et même The beaver de Jodie Foster. 

Dans la sélection "un cerain regard", deux film, Okhotnik (Le chasseur) de Bakur Bakuradze (124 mn) et  Elena d'Andrey Zviagintsev (109 mn) parlent de la situation de gens ordinaires dans l'ancienne URSS. Le "chasseur" gère une ferme et doit employer des détenues de la prison voisine. Une liaison s'établit avec l'une de ces détenues qui sera interrompue par sa libération. Ce film lent, sans éclat de voix, sans violence, bien qu'un conflit externe à l'intrigue soit suggéré, donne un aperçu de la banalité de la vie. Elena qui a un fils maintenant adulte, est l'épouse en secondes noces d'un personnage très riche qu'elle a soigné comme infirmière alors qu'il était hospitalisé. Il a une fille qu'il ne voit guère ; Elena est pauvre et aide discrètement ses enfants qui vivent dans la médiocrité. Le contraste est flagrant entre les deux milieux. Et la distance méprisante de celui qui a, avec ceux qui n'ont pas.
Refusant l'aide demandé par Eléna, le mari va faire un testament dans lequel il va tout léguer à sa fille de sang et seulement une rente à son épouse. Il n'aura pas le temps, avec un peu de viagra, elle l'aidera à faire un partage plus équitable.

Parmi les films sélectionnés "hors compétition", (vus), seul The Beaver (Le complexe du castor) de Jodie Foster) (91 mn) est un film classique où le héros, homme d'affaire hyper actif, tombe en dépression et ne s'intéresse plus à rien, ni affaires, ni famille jusqu'au jour où une marionnette, ventriloque, parle à sa place. Tout semble alors lui réussir sauf que cette marionnette prend de plus en plus de place et finit par le mettre dans une situation aussi difficile qu'avant. Au point qu'il finit par se séparer d'elle et de son bras par la même occasion. Sans qu'on sache s'il retrouve alors sa sérénité. Faut-il y voir une reprise de la parabole de la Bible et rejeter ce surmoi qui le pousse vers une société  qui a perdu ses repères ?

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Tous au Larzac (dont le titre en anglais est un clin d'oeil Leader-sheep) de Christian Rouaud (120 mn) permet de revoir tous les épisodes de la lutte de "ceux " du Larzac depuis le début, éclairé des commentaires de ceux qui l'ont menée et dont la tête a depuis blanchi. Christian Rouaud a réalisé "Lip, l'imagination au pouvoir", sur la lutte des ouvriers des usines Lip.

 

Bollywood , The Greatest Love Story Ever Told de Rakeysh Omprakash Mehra et Jeffrey Zimbalist (81 mn) est un film réalisé sur demande et pour Cannes qui présente un "pot pourri" des meilleurs moments de la production de la capitale indienne du cinéma.

Quant à Pirates des caraïbes La fontaine de jouvence de Rob Marshall (137 mn) bof ! Plus risible que comique ! Le relief m'a rappelé les tentatives d'il y a 30 ans...

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Johny Dep incognito

 

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Au cinéma de la plage, il était possible de revoir, en hommage à Belmondo, 100 000 dollars au soleil de Henri Verneuil (de 1965) qui date du "bon temps des colonies", Belmondo revu dans Stavisky de Alain Resnais de 1974  dans la sélection "cannes classics".

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Dans cette même sélection,  Le Magnifique d'un Philippe de Broca, plein d'imagination, de 1973, et Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau (1975) avec Yves Montand qui tente en vain d'échapper au destin auquel son épouse veut le maintenir attaché pour se réfugier dans le maraîchage et l'utopie d'une île déserte. Sur son chemin Catherine Deneuve...

 

Deux magnifiques courts métrages : Mourir auprès de toi, dessin animé de Spike Jonze et Simon Kahn (6mn), Grenouille d'hiver de Slony Sow (15mn)

 

LES ACCREDITATIONS

Pour pouvoir entrer dans le palais du Festival, il faut être accrédité. Nous étions accrédités ce qui nous a permis de voir un nouvel aspect du festival qui n'en est encore que la surface apparente. En particulier les films, dans les 5 salles principales du palais du Festival : Lumière, Bazin, Bunuel, Debussy, du Soixantième.
Il y aurait au Palais du Festival plus de 20 salles de 50 à 1500 places. A condition de réserver plusieurs mois à l'avance, il est possible de réserver une de ces salles (500 à 2000 euros par séance) pour une projection privée en vue de faire connaître son film.Badges1.jpg

 
Suivant la nature de l'accréditation, les portes sont plus ou moins ouvertes. Quelquefois, il faut en plus une invitations et... une tenue de soirée... Il y avait cette année 37 000 personnes accréditées à des titres divers dont 4512 journalistes et techniciens invités (58% d'étrangers).

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La quête d'invitation...

 

LE MARCHE DU FILM
Cette année, 4 000 films étaient proposés à 10 000 acheteurs éventuels. Plus qu'un description, quelques photos peuvent donner l'idée de ce marché, une foire-exposition. Il y avait même des stands pour la CFDT et la CFTC.

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Votre badge s'il vous plaît !

 

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Revues professionnelles en anglais, français, allemand..

 

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EN DEHORS DU PALAIS DU FESTIVAL

En ville, en plus des cinémas, il y a le spectacle de la rue. Avec, le point névralgique où s'agglomèrent badauds et photographes, les marches du Palais et son tapis rouge.

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Ici, des travailleurs  mettent le tapis en place...

 

 

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Ils (elles) pourront dire..."J'y étais"

 

 

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Sur la Croisette, coté ville, vitrines, publicité...

 

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Le Festival est aussi un événement important pour la ville de Cannes.

Pour les cinémas de la ville dont les salles sont utilisées, à prix fort, par le Festival.

Pour l'hôtellerie (il vaut mieux réserver sa chambre  2 ou 3 mois à l'avance, en sachant que les prix augmentent considérablement à cette période) : d'après le responsable de notre hôtel, si le Festival disparaissait, 25% des hôtels de Cannes fermeraient.

Pour le commerce, il n'est qu'à voir la Croisette avec hôtels de prestige et restaurants, vitrines de luxe mais aussi lieu de promenade où on vient voir, se faire voir, se photographier et se faire photographier par amateurs et professionnels.

Pour les propriétaires : un appartement de 200 m2 serait loué 1000 euros par jour.

Pour les particuliers, c'est aussi l'occasion d'embauches temporaires rémunératrices : un préposé, parmi les 4 ou 500, chargés du contrôle des badges qui travaille chaque année au Festival, nous a dit posséder une petite entreprise.

 

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La Croisette "coté plage"

 

 

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Le cinéma de la plage

 

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Dernières recommandations pour la soirée

 

 

Le spectacle de la rue

DiversMoines

DiversCharlot

DiversHipHop

 

 

 

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Mais Cannes est en France et le luxe qui envahit au moment du Festival n'empêche pas les conflits sociaux et n'a pas supprimé la misère.

 

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Pendant tout le Festival, il y avait sur la Croisette 4 ou 5 mendiants.

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Grève des transports urbains le er jour du Festival


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Grève à l'hôtel Marriott

 

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Protestation contre les nuisances sonores de l'aéroport


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Cannes existe  cependant en dehors du Festival, même si le Festival de Cannes a une très longue "histoire" comme le raconte Jean Walker dans "Coté cinéma" du 11/05/11 distribué gratuitement pendant le Festival et dont vous trouverez un résumé ci-après.

 

 

Sept siècles avant la naissance du Christ, dans le sud de la Gaule, quelques hommes du peuple des Ligures bâtirent une fortification sur une colline surplombant la mer... pour devenir Cannes. Le premier palais de l'histoire serait un site palatial de la civilisation minoenne du coté de la Crête.

 

Ves 480 avant JC, on attribue à un archtecte grec l'invention des marches d'escalier dans une ancienne colonie de Sicile... Dans l'antiquité grecque, il était d'usage de joncher d'étoffe de pourpre le chemin que devait emprunter la statue d'un dieu.


Sous l'empire romain, on décida qu'une couronne composée de rameaux de lauriers serait une belle récompense pour les généraux triomphants ou les homme méritants.


En 1670, un certain dom Perignon mit au point le Champagne.


Le 28 décembre, cela fera 116 ans que les frères Lumière organisèrent la première projection publique de cinéma.


Le 29 mai 1960, Monsieur et Madame Frémaux ont mis au monde Thierry.

 

Vous avez réunis, là, l'histoire de tous les ingrédients qui ont fait le Festival de Cannes de 2011.

 

 

 

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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 22:09

 

Après 40 ans d'absence, le film* de Luchino Visconti, inspiré de "L'ETRANGER" d'Albert Camus, vient de ressortir.

Lors de ma première lecture de l'Etranger, j'avais été frappé, et séduit, à la lecture du livre par la parfaite adéquation de la forme et du fond. Peut-être aussi parce que j'étais prêt à accueillir cette impression d'extériorité sinon au monde, du moins à un certain monde dont je ne voulais pas qu'il soit le mien.

 

Durant mon séjour en Algérie, j'ai eu connaissance de 2 critiques qui m'ont paru fort intéressantes que je rapporte ici avec mes mots.

La première d'Alain Robbe-Grillet qui montrait justement que par la forme, Meursault n'était pas aussi étranger au monde que cela et que tout un vocabulaire subjectif semblait dire le contraire.

En effet, il y a un certain contraste entre les phrases simples, évidentes, factuelles qui décrivent les événements, les personnages, les sentiments dont l'importance est encore relativisée par une incidente qui en dit la banalité ou l'évidence. Au contraire, la nature, notamment le soleil et la mer, sont quasiment des personnages : "la campagne lumineuse, gorgée de soleil", "les vague longues et paresseuses", " la mer immobile et plus loin un cap somnolent"... Comment les protagonistes du procès pourront-ils comprendre et la banalité du quotidien, y compris la mort d'une mère, et le rôle d'un personnage comme le soleil !

Cette critique m'a fait apprécier une qualité de "l'étranger" que je n'avais pas pu ou voulu voir, alors que la première et la dernière phrase du livre conservent toute l'intensité que j'avais ressentie lors de la première lecture.

 

La seconde critique importante a été faite par le Dr Ahmed Taleb Ibrahimi , plusieurs fois ministre, qui montrait que le livre était l'oeuvre d'un pied-noir, d'un étranger à l'Algérie. D'autres l'ont dit aussi. Mais on peut prétendre que Camus ne fait que décrire une situation. Celle de Meursault. Quand Meursault parle des personnages, tous ont un nom, le plus souvent à consonance espagnole ou italienne (Figeac, Masson mais aussi Perez, Cardona, Salamano, Sintès) sauf l'Arabe qui, bien sûr, a un couteau (Raymond a un révolver et une maitresse mauresque) et ses amis, les Arabes, qui restent anonymes.

Ces personnes peuvent être considérées comme le monde et la vision du monde de Meursault. C'est plus difficile quand Meursault relate son procès. A aucun moment, il n'est question de la personnalité de la victime, les témoins "arabes" ne sont pas cités... Ne défilent que les témoins "européens". C'est effectivement l'âme du criminel qui est jugée et non son crime qui, finalement, a peu d'importance. Un Arabe est tué !

 

Finalement, ces critiques sont justifiées et si la situation du personnage et de l'auteur peut expliquer la génèse de l'Etranger, cela n'enlève rien à la qualité de ce livre et à son universalité.

Les Algériens sont certainement plus étrangers à Meursault que la nature algérienne. Mais Meursault est surtout étranger à lui-même. A ses propres sentiments qu'il refuse ou qu'il examine aussi froidement que ceux des autres ou les événements banals de la vie quotidienne comme la mort de sa mère ou le retour des sportifs du stade. Ce n'est que dans sa cellule qu'il reconnaît avoir eu des moments heureux.

 

De son vivant, Camus s'est opposé à l'adaptation de son livre au cinéma. Visconti a dû attendre 1967 pour pouvoir faire le film avec l'obligation de respecter le livre. Ce qu'il a fait. Je ne doute pas que Visconti ait essayé d'ajouter sa touche personnelle. Ce n'est pas à cela que j'ai été sensible. L'image ajoute de la chair a un texte dont la richesse était justement la sécheresse apparente. Lors de sa sortie, cela m'avait énormément géné. Je trouvais les images en contradiction avec le texte. Aujourd'hui, je n'y vois qu'une banale illustration d'un texte qui n'en demandait pas tant.

 

Les seules images que je retiendrai sont le visage de Mastroïani-Meursault en prison et son tête à tête avec le prêtre, après sa condamnation à mort.

 



* Lo straniero ( L'Étranger ), 1967, réalisé par : Luchino Visconti, d'après le roman d'Albert Camus avec Marcello Mastroianni, Anna Karina, Bernard Blier, Georges Wilson, Bruno Cremer.

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 21:52

 

"Notre terreur", "Buon giorne, notte", "Des hommes et des dieux"

 

Décisions collectives à huis clos

 

A quelques jours d'intervalle, nous avons vu 3 spectacles (une pièce de théâtre "Notre terreur" et 2 films ("Buongiorno, notte" et "Des hommes et des dieux") sur des événements historiques différents, dans le temps, dans les lieux, dans les motivations historiques des protagonistes : la Terreur en France en 1793-94*, l'enlèvement et l'assassinat d'Aldo Moro en Italie en 1978**, l'enlèvement et l'assassinat des moines de Tibhirine en Algérie en 1996***.

Il peut paraître étrange de parler en même temps de ces 3 oeuvres et événements. Mais elles se déroulent dans un huis clos relatif où un groupe engagé est confronté à des incertitudes qui pèsent sur les décisions à prendre, en principe collectivement.

 

Dans "notre terreur", tout se passe en réunion au niveau du Comité de salut public. Le monde extérieur n'apparaît que par les récits de l'un ou l'autre des personnages : l'agitation de la Convention, la guerre aux frontières. Les décisions sont difficiles à prendre, des hésitations apparaissent et des affrontements. Mais, à chaque fois, Robespierre entraîne par sa détermination, même si sa prééminence est quelquefois discutée. Quand il se retire, pendant une longue période, son absence même pèse sur des décisions qui ne peuvent être prises.

 

L'essentiel du film sur l'enlèvement et l'assassinat d'Aldo Moro se passe dans un appartement-prison. L'extérieur ici apparaît, notamment, par la télévision dont chacun attend la justification de l'action entreprise (l'enlèvement avec menace d'exécution) par la nouvelle du soulèvement populaire qui ne vient pas. Les conjurés sont, finalement, prisonniers de leur piège. Seule la jeune femme du groupe qui poursuit ses activités professionnelles, maintient un contact direct avec le monde extérieur. Ce contact avec la réalité, la persistance de son humanité, de son histoire personnelle, lui font comprendre l'inanité de cette action. Dont elle ne peut s'abstraire que par des issues imaginaires.

Un autre des protagonistes doute aussi au point de faire une tentative de sortie, de revoir son amie : il revient, incapable de résister à l'engrenage, à la machine logique autojustificative, bien qu'il soit persuadé de son échec.

Seul, le responsable de l'opération continue à justifier la nécessité de son entreprise et pèse de tout le poids de sa rationalité verbale sur les velléités réalistes de ses compagnons.

 

A Tibhirine , les moines sont en contact avec la population, ils ne disposent, apparemment, de pouvoir que sur eux-mêmes. Ils n'ont pas d'armes. Ils sont au service pacifique de leur engagement par leur seule présence, leur activité quotidienne. La population vient consulter l'un d'eux, médecin, ils sont invités à certaines fêtes par les villageois. Mais ils savent que leur présence est précaire, comme "l'oiseau sur la branche" même si la population leur témoigne un certain attachement. Ils savent que leur vie est en danger : des chrétiens de la population ont été assassinés, seulement parce que chrétiens (dans le film, il n'est pas fait allusion à ce fait que les moines de Tibhirine connaissaient). Ils le savent encore plus quand une bande armée veut réquisitionner le médecin ou des médicaments. Et surtout quand le chef de ce groupe qui avait respecté la volonté de moines est tué par l'armée.

Ce jour-là, ils savent qu'en restant, ils se condamnent au martyre. Et les autres au crime. Sont-ils venus pour être martyrs ? ou témoigner ? Témoigner jusqu'au martyre ?

De multiples discussions les partagent sur le sens de leur présence. Sur le degré de leur engagement. Certains doutent. Ont peur. Mettent en question certaines décisions de celui qu'ils ont désigné pour parler en leur nom. Mais dans le huis-clos, c'est sa parole qui l'emporte. Il sent bien les résistances. Il ne ferme jamais vraiment la porte. Il se contente de ne pas l'ouvrir.

 

Dans ces 3 oeuvres, vues sous un seul angle, artificiellement réunies ici par le hasard, sont posées les questions du doute, de la profondeur, du prix de l'engagement, de la difficulté de la prise de décision collective, de la liberté individuelle, de la démocratie. Questions exacerbées par, à l'extérieur, le "moment historique" et, à l'intérieur du groupe, par l'enfermement à la fois physique, psychologique et politique des protagonistes. Sous l'influence d'un citoyen, d'un camarade, d'un frère.

 

* Notre terreur, 2009, création collective "d’ores et déjà ", mise en scène Sylvain Creuzevault avec Samuel Achache, Benoit Carré, Antoine Cegarra, Éric Charon, Pierre Devérines, Vladislav Galard, Lionel Gonzalez, Arthur Igual, Léo-Antonin Lutinier.

** Buongiorno, notte, 2003, réalisé par Marco Bellocchio avec Maya Sansa, Luigi Lo Cascio..
***Des hommes et des dieux, 2010, réalisé par Xavier Beauvois  avec Lambert Wilson, Michael Londsdale, Olivier Rabourdin.
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