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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 15:56
3 - APO, "LA DOUCE TYRANE" ET LES AUTRES
J'ai aussi connu Apo en Algérie. Il faisait partie d'un groupe de révolutionnaires brésiliens échangés contre un ambassadeur.Je ne sais plus lequel car il y a eu, dans la même période, trois échanges entre les ambassadeurs d'Allemagne, de Suisse et des Etats-Unis, je crois, et un certain nombre de détenus politiques au Brésil, la plus importante a concerné 40 détenus.
Après un passage par Cuba, certains d'entre eux se sont retrouvés en Algérie et nous en avons connu plusieurs. Parmi ceux que j'ai connus, l'histoire la plus "extraordinaire" est celle d'Apo.
Apo était à l'école des officiers du Brésil quand a eu lieu une tentative de putsch de gauche. Apo s'est retrouvé exclu de l'Académie militaire mais comme un officier même "félon" ne pouvait être réduit à la mendicité, l'Etat a alloué à sa soeur une pension de "veuve de guerre" qui a permis à Apo de poursuivre, rémunéré par l'Etat, la carrière d'une vie de "révolutionnaire professionnel".
Apo était membre du parti communiste brésilien. Ses options politiques l'ont conduit à mettre les compétences acquises à l'Académie militaire au service du gouvernement espagnol, lors de la guerre civile. Qu'il a perdue, bien entendu.
Il s'est retrouvé ensuite dans les maquis français du Sud-ouest, "libérateur d'Albi et de Carmaux". C'est à cette occasion qu'il a rencontré une Française, Renée, Marseillaise, qu'il appelait sa "douce tyrane".
Rentré en famille au Brésil, avec au moins un enfant, il a repris ses activités militantes au PCB. Mais sous la dictature, ayant trouvé que le PCB n'était pas assez à gauche, il a fondé le PCB-R (révolutionnaire) qui est entré dans la lutte armée.
Apo était un homme étonnant. Bel homme, aux temps grises, à la voix douce, d'une courtoisie qui faisait penser à un gentleman "vieille France". D'après ses camarades, par ses discours, il arrivait même à séduire les gardiens de prison. En tout cas, il était très loin de l'image du communiste au couteau entre les dents. Je me souviens d'une rencontre devant la poste d'Alger où j'ai subi un "abraço" chaleureux qui m'a secoué pendant plusieurs minutes. Et d'un optimisme à toute épreuve. "Oriol, des lunettes vertes, il faut mettre des lunettes vertes".
Mais je vais trop vite. Comme beaucoup de ses camarades de clandestinité, Apo a été arrêté. Il n'a retrouvé sa liberté qu'en échange d'un ambassadeur. Arrivé à Alger, il a fait fonctionner le réseau des anciens résistants, il était, je crois, colonel des FTP,  et a pu revenir en France. Où il a reconstitué le réseau du PCB-R notamment avec d'autres "échangés" comme lui.
Quand nous sommes revenus d'Algérie, en 1972, nous avons acheté un appartement à Belleville (Paris) et le jour où nous nous sommes installés un couple de ses camarades que nous avions connus à Alger, nous attendaient assis devant la porte, au septième étage ! A l'étonnement des voisins qui leur ont demandé s'ils avaient l'intention de rester là longtemps !
Ils ont séjourné quelque temps chez nous puis l'appartement a servi de lieu de réunion. Quand nous rentrions, ils étaient installés dans la salle de séjour, assis sur le tapis du Djebel Amour, et  nous traversions la salle de séjour en ne voyant personne.
Plus tard, quand nous sommes allés au Brésil, nous avons rencontré certains de ces militants qui nous connaissaient pour nous avoir vu traverser la "salle de réunion" mais que nous ne connaissions pas.
Parmi les militants du PCB-R libérés, lors d'un autre échange, il y avait un fils d'Apo et de Renée. Ses activités militantes l'ont conduit au Chili où séjournaient beaucoup de révolutionnaires sud-américains du temps d'Allende. Nous l'avons rencontré quand nous y sommes allés lors de l'été 1972. Il y était encore en septembre 1973, lors du coup d'Etat de Pinochet et s'est retrouvé au Stade. Dont il est sorti en affirmant qu'il était français, ce qui était exact, français de sang par sa mère la "douce tyrane". Mais pour prouver sa nationalité, il a dû chanter la Marseillais sous les coups de crosses de militaires et les autorités diplomatiques françaises l'ont alors récupéré. Il est revenu rejoindre la cellule PCB-R de Paris. A Paris, il était donc français, il a été appelé pour faire le service militaire dont il s'est fait dispenser pour des raisons médicales : "claustrophobie", "intolérance à l'uniforme" à la suite des mauvais traitements subis pendant ses incarcérations.
Quand le retour au Brésil a été possible, tous sont repartis et beaucoup ont rejoint le PT. De telle sorte que, quelques années plus tard, quand ils nous ont invité au Brésil, nous avons pu bénéficier des "hôtels PT", c'est-à-dire faire le tour du Brésil en logeant chaque fois chez des camarades du PT que nous avions connus ou qui nous avaient connus à Alger ou à Paris.
Apo avait la carte  n°1 du PT, il a continué d'y militer jusqu'au bout. Il en était une personnalité emblématique. Lula lui a rendu hommage.

NB :
1) Une émission de télévision au moins a raconté une partie de la vie d'Apo, dans la résistance.
2) Apo a  publié un livre en portugais : "Vale a pena  sonhar"
Carvalho Apolonio De, Editeur : Rocco - Date : 1997
3)
Une biographie d'Apo et de Renée, plus complète et moins anecdotique peut être consultée sur : http://rioscope.com.br/?p=1005&lang_pref=fr
4) Sur Google 142 pages en français sont consacrées à Apo.
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8 septembre 2009 2 08 /09 /septembre /2009 04:55
L'Histoire est faite de multiples histoires méconnues.
En voici quelques unes. Qu'il faudrait raconter avec des talents de romancier que je n'ai pas. A partir de notes accumulées durant la vie que je n'ai pas prises. Il n'empêche. Je vais relater là, dans ce que j'en ai connu, la vie de quelques personnes que j'ai rencontrées avec une sécheresse notariale du langage. Je regrette, aujourd'hui, de ne pas les avoir interrogées. Il ne s'agira donc que de bribes de vie. Que ces quelques lignes me permettront de revivre. Même si je ne suis pas capable de les faire partager au lecteur éventuel.
Ces vies sont exceptionnelles. Mais elles ne sont probablement pas plus exceptionnelles que celles de multiples inconnus, croisés ou non. Anonymes ou discrets.
J'ai connu ces personnes, essentiellement en Algérie dans les années 60. Alger était alors un foyer en ébullition. Il s'y trouvait une "légion étrangère" de la Révolution. Je n'ai pas été un acteur de ce milieu, je ne l'ai fréquenté que marginalement. Si ceux qui l'ont réellement fréquenté prenaient la plume, des volumes pourraient être écrits. Mais pour beaucoup, il ne s'agissait pas d'écrire mais de faire. Même si tous ne faisaient pas.
Pour parler de ces vies, je n'ai aucun mandat. Aucune connaissance historique pour les replacer dans leur contexte. Aucune note. Je n'ai fait aucune recherche. Seulement le souvenir d'anecdotes, de conversations avec les uns ou les autres et une mémoire incertaine.
1 - Guillaume et Simone VIGNOTE
Guillaume était pharmacien en Espagne au moment de la guerre civile à laquelle il a participé dans les rangs socialistes. Au cours de laquelle, il n'a pas hésité (c'est lui qui me l'a dit) à envoyer à la mort un membre de sa famille qui n'était pas du bon côté.
Bien entendu, comme l'ensemble de la gauche, il a perdu cette guerre et s'est retrouvé en Algérie. Il a alors été envoyé casser des cailloux sur le Méditerranée-Niger, ligne de chemin de fer qui s'est perdue quelque part dans les sables du sud de l'Algérie. A la Libération, il a demandé la nationalité française qui lui a été refusée. Il était devenu communiste !
En Algérie, il a rencontré Simone. Elle s'était mariée à 17 ans pour fuir le milieu familial. Guillaume et Simone avaient chacun, de leur premier mariage, un fils. Celui de Guillaume est devenu médecin, je l'ai rencontré une fois à Oujda.
Car pour des raisons que j'ignore, Guillaume et Simone ont quitté l'Algérie pour s'installer à Oujda. C'est là où je les ai rencontrés pour la première fois. Plus exactement à Saïdia. Par piston, je m'étais fait engager comme infirmier dans une colonie de vacances. C'était pour moi, le premier pas d'un rêve : aller en Afrique.
Guillaume et Simone vivaient à Oujda. Guillaume était pharmacien à l'hôpital. Ils ont eu deux enfants qui étaient à la colonie de vacances et eux logaient en ville.

Cette colonie de vacances, sous toile de tente, était au bord d'une plage magnifique. Et peu éloignée de la frontière algéro-marocaine au point que les projecteurs de la ligne Morice balayaient et éclairaient de leur faisceau lumineux la colonie de vacances pendant la nuit. Tandis qu'on entendait, dans le lointain, les coups de feu des armes automatiques entre membres de l'Armée de libération nationale algérienne qui essayaient d'entrer ou de sortir d'Algérie et les militaires français qui voulaient leur barrer la route.

 

J'avais, à cette époque, un ami qui faisait son service militaire dans cette région, du côté Algérie. De temps à autre, il allait se baigner à Port Say, en Algérie. Bien sûr, nous n'avons pu nous rencontrer pendant mon séjour à Saïdia. Nous étions séparés par une ligne de défense de fil de fer barbelé,.. et une guerre. Plus tard, je suis allé à Port Say (El Marsa, je crois) qui est une plage encore plus belle que Saïdia.

Au Maroc, du temps du protectorat, Guillaume s'était rangé du côté des Marocains contre la France. Lors de l'indépendance du Maroc, il a demandé la nationalité marocaine qui lui a été refusée parce qu'il était communiste.

Quand j'ai connu le couple, le Maroc avait retrouvé son indépendance et abritait une forte colonie algérienne et en particulier l'armée algérienne sous les ordres d'un certain colonel Boumedienne. A cette époque, Guillaume était à leurs côtés. Il avait mis ses compétences à leur service, sans que je connaisse son rôle exact. Mais lors de l'indépendance de l'Algérie, Guillaume, Simone et leurs deux enfants sont rentrés en Algérie et se sont installés rue Pasteur où ils ont bénéficié d'un "bien vacant" : ces appartements abandonnés par les pieds noirs lors de l'été 62, récupérés par les Algériens et attribués par le gouvernement sous le nom de "biens vacants".

C'est là que je les ai retrouvés, je ne sais plus comment, quand je suis arrivé en Algérie comme coopérant (de 1964 à 1972).

Guillaume était pharmacien à l'hôpital Mustapha d'Alger. Il a alors demandé sa naturalisation pour devenir algérien. Qui... lui a été accordée. Mais entre temps, il y a eu le coup d'Etat de Boumedienne et Guillaume, communiste était donc au PAGS (Parti de l'avant-garde socialiste, suite du Parti communiste algérien) et a été emprisonné à Lambèse. Lambèse, au sud de Constantine, a une imposante prison construite, du temps de la France, avec les pierres romaines. Il ne pouvait se plaindre !

J'étais alors à Constantine. Quand j'ai appris l'arrestation de Guillaume, pensant qu'en plus du choc, Simone devait avoir des problèmes matériels, j'ai envoyé de Constantine une petite somme par la poste à Simone. Peu courageux, de façon anonyme, avec l'espoir d'éviter tout problème policier. Ce qui a causé un problème à Simone. Mon mandat était envoyé à Simone ; or Simone et Guillaume n'étant pas mariés. Elle avait toujours son nom de jeune fille. Je ne sais si je le connaissais à ce moment là mais je n'avais pas du tout pensé à la question. Simone avec beaucoup de complications a réussi à toucher cet argent. Je l'ai appris plus tard.

Simone et Guillaume n'étaient pas mariés, non par volonté (comme nous. J'étais au PSU et , Guillaume me traitait, amicalement, de trotzkiste, de contre tout) mais par impossibilité. Si Simone était divorcée, Guillaume ne pouvait divorcer, le divorce n'existant pas en Espagne. Alors Guillaume s'est converti à l'islam qui permet la polygamie. Il a pu ainsi se marier avec Simone.

En Espagne, des amis ont déclaré qu'il avait disparu. Ce qui a permis à sa femme, espagnole, de se remarier. Disparu et bigame !  Quand j'en ai parlé plus tard à leurs enfants, ils semblaient l'avoir ou oublié ou ignoré ! Le mariage de Simone et Guillaume a eu lieu, après la sortie de prison de Guillaume.

Mais à sa sortie de prison, Guillaume n'a pas été repris comme pharmacien à l'hôpital Mustapha. Il a fallu qu'il attende quelque temps pour trouver du travail. Grâce à un ministre de gauche dont j'ai oublié le nom, il a été nommé à la SOALCO (Société algérienne de conserverie) pour mettre sur pied le contrôle sanitaire de la production...

Ses fonctions l'ont amené à voyager en Europe et il est même revenu en Espagne où, avec Simone, ils ont retrouvé sa première épouse et ainsi, il s'est promené bras dessus bras dessous avec ses deux femmes, légitimes. La première présentant la seconde à ses amis en disant :

  • C'est Guillaume et son épouse. Je l'ai supporté 3 ans, elle le supporte depuis 30 ans !

Simone était femme au foyer. Elle mettait ses talents de couturière au service de ses amies. Ayant deux enfants d'une vingtaine d'années, leur appartement était trés fréquenté par de jeunes coopérants et coopérantes qui utilisaient ses compétences de couturière.

Lors du tournage à Alger de "Z", elle a été embauchée comme couturière sur le film. Elle s'est bien entendue avec la couturière en titre, elle a ensuite été embauchée à plusieurs reprises sur le tournage de films en France ce qui a fortement augmenté les revenus du ménage, car elle devait gagner beaucoup plus que Guillaume. Elle a aussi travaillé sur d'autres films algériens dont les "Hors la loi".

Lors d'un de ses voyages en France, Simone est allée à une fête du journal Libération. A la sortie de la fête, Libération était en vente avec, en première page, une photo du visage hilare de Simone.

Je ne sais combien d'exemplaires de cette première page elle a reçu à Alger. Je ne suis pas sûr que cela ait fait un grand plaisir à Guillaume.

Chez les Vignote, il n'y avait pas que les coopérants qui défilaient. Malgré son séjour en prison, Guillaume était toujours en contact avec la gauche algérienne dont des membres ou anciens membres du PAGS, il était très ami avec Ali Zamoun, grande figure de la gauche algérienne et ils ont accueilli Kateb Yacine lors de ses pérégrinations nocturnes dans Alger...

Cette continuité avec le PAGS a valu à Guillaume une autre brève arrestation. Probablement un message pour lui dire qu'il devait se tenir tranquille, qu'il était sous surveillance.

Des films ont té tournés dans leur appartement et Simone a joué dans "Bab el oued city",  ce qui lui a valu une certaine notoriété.

Après le décès de Guillaume, Simone a vécu seule pendant quelque temps à Alger. Leurs deux enfants se sont mariés en France et vivaient en France mais Simone, comme Guillaume, se voulaient profondément algériens. Elle voulait donc rester à Alger. Faisait des aller-retour. Mais au bout de quelque temps, elle a été menacée par des jeunes de son immeuble qu'elle avait vu grandir. Menace sérieuse ou espoir de récupérer un appartement qui était vide une bonne partie de l'année ? Elle a dû se résoudre à quitter l'Algérie.

Elle a vécu pendant plusieurs années dans un foyer, touchant en tant que française, le RMI. Elle sortait beaucoup dans Paris, ne manquant aucune manifestation culturelle algérienne tant que son état de santé le lui a permis, fréquentant les amis qu'elle avait connus à Alger et qui maintenant se retrouvaient à Paris. Lors d'une cérémonie culturelle, elle a été présentée comme la "grande dame du cinéma algérien" ce qui la faisait bien rire !
Pour notre part, nous allions la voir toutes les semaines pour l'amener au restaurant. Et parler de... l'Algérie.
Jusqu'au jour où elle a du être hospitalisée...


NB : Quand on cherche Guillaume VIGNOTE sur Google, on ne trouve aucune référence. Pour Simone VIGNOTE, il y en a 73 ou 158, de peu d'intérêt. Presque toutes tournent autour de Bab el oued city. Un seul site est intéressant qui publie un long entretien avec Simone tiré d'un livre que je n'ai pas lu.

Vivre en Algérie: des françaises parlent : enquêtes 1989-1995 - Andrée Dore-Audibert, Annie Morzelle - 1997 - 221 pages



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17 juillet 2009 5 17 /07 /juillet /2009 15:33
En 1830, les Algériens étaient chez eux et Français nous étions chez nous.

Nous sommes allés chez eux et à partir de ce moment là, chez eux ils n'étaient plus chez eux mais chez nous et nous étions chez nous quand nous étions chez eux.

S'ils venaient chez nous, ils étaient (presque) chez eux alors que si nous allions chez eux, nous étions totalement chez nous. 

Certains sont même venus de chez eux pour venir chez nous et chasser les occupants qui étaient chez nous et qui se croyaient chez eux. Ils sont ensuite repartis car chez nous, ce n'était pas tout à fait chez eux et que nous préférions qu'ils soient chez eux plutôt que chez nous.

Mais certains pensaient que chez nous, ils avaient le droit de se sentir chez eux comme nous nous sentions chez nous quand nous étions chez eux. Et que si chez nous, nous étions chez nous et que eux n'étaient pas chez eux , ils ne devaient plus être chez nous quand ils étaient chez eux.

Désormais, nous ne sommes plus chez nous quand nous sommes chez eux. Et quand ils sont chez eux, ils ne sont plus chez nous mais chez eux !

(Les relations algéro-françaises racontées, il y a une vingtaine d'années par quelqu'un de la Cimade dont j'ai oublié le nom et non l'histoire)

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19 mai 2009 2 19 /05 /mai /2009 16:06


ELECTIONS
Dans les groupuscules que j'ai fréquentés, le jugement sur les élections a beaucoup changé : élections pièges à cons, élections expression des luttes sociales, profiter des élections pour faire entendre sa voix, faire de la politique, c'est participer aux moments forts que constituent les élections, participer pour avoir des élus, participer pour bénéficier du financement des partis politiques... Toujours au mot d'ordre, "faire de la politique autrement".

FORMATION POLITIQUE
Ma formation politique vient de quelques sources banales : le christianisme, l'école laïque, les disputes avec mon père, la lecture assidu du Monde de 1952 ou 53 à aujourd'hui et autres journaux, de quelques cours de marxisme  durant la période étudiante. Et de l'intérêt que j'ai toujours porté à la politique.
Pour moi, toutes ces sources hétéroclites avaient une constante : la soif de justice sociale, d'égalité. Je me souviens encore des images du livre d'histoire montrant Saint Louis ou Charlemagne, sous un arbre avec les bons élèves, les pauvres, d'un coté et les autres. J'étais bien sûr parmi les bons élèves pauvres.  De Sarvognan de Brazza libérant les esclaves. De nos disputes sur le Dr Schweitzer, sur la peine de mort... Toute une mythologie laïque qui se mêlait à la mythologie chrétienne. Et si j'ai abandonné l'église, ce n'est pas par perte de la foi mais par le choix de l'église d'être du coté des prêtres députés (l'abbé Gau, député MRP de l'Aude) contre les prêtres ouvriers, du coté des militaires contre les militants ou la théologie de la libération...
La guerre d'Algérie a coïncidé avec mes études. La conversation commençait sur le temps ou sur un film et s'achevait pour ou contre la guerre d'Algérie.


HERITIERS
Tous les jours, mon père se retrouvait au bistrot du quartier avec un ingénieur des Ponts et chaussées qui lui dit un jour ; " Je suis ingénieur, mon fils doit être ingénieur. Tu es maçon, ton fils doit être maçon".

Effectivement, mon père était maçon, le maçon de Pennautier, village à quelques kilomètres de Carcassonne. J'étais au lycée de Carcassonne dans la même classe en allemand que le fils du médecin de Pennautier. Nous avons présenté le baccalauréat la même année. Le fils du médecin a été collé. Le fils du maçon a été reçu. Le médecin n'a plus fait travailler le maçon. Il a fait venir un autre maçon d'un village voisin.

Premier jour de stage à l'hôpital, en première année de médecine, le professeur Laporte fait l'appel dans un souci de connaissance (de reconnaissance ?) des étudiants. A l'appel de certains noms : "Vous êtes parent avec le docteur..." . Y compris pour un copain, Michel M., qui appartenait, de loin, à la tribu des M., par ailleurs protestant comme le professeur Laporte.

Dans la salle de dissection, un tableau est affiché avec les noms des différents prosecteurs qui ont surveillé  les travaux pratiques dans les années précédentes. Il est curieux de constater que certains noms réapparaissent périodiquement. Par hasard.

Une année, remous autour de l'internat. Le bruit court que les collés allaient rendre publics les noms des soutiens, au sein du jury, des candidats reçus. Un fils de patron, brillant et brillamment reçu, a fait savoir que si cela avait lieu, il publierait la liste de tous les candidats, reçus ou collés, avec leurs soutiens. L'affaire en est restée là.

Robert S., doué, travailleur, d'origine audoise et paysanne, je crois, avait réussi à faire reconnaître ses qualités par un patron. Celui-ci l'a pris sous son aile et lui a promis qu'il serait reçu à l'internat. Avec cependant une condition. Il ne devait pas s'installer à Toulouse. Il est allé s'installer à Narbonne.
Cette politique aurait duré jusqu'au jour où des spécialistes formés à Paris sont venus s'installer à Toulouse....

Nous avons logé, deux étudiants de Carcassonne, pendant une période, chez la mère d'un de nos professeurs de médecine, Me Denard. Lors d'une conversation, elle me dit : "Non, mon fils n'est pas allé passer son agrégation. Il n'y avait personne dans le jury pour le défendre. C'était inutile".

Lors d'une revue de l'internat, je n'ai jamais assisté à une de ces revues, une petite comédie a été montée mettant en scène un jury d'internat. Au moment de la délibération, la note de chaque candidat est discutée. Le professeur Riser, fort connu, forte réputation  à l'époque, dit à son collègue : " "Votre" candidat est remarquable. Je vous félicite. Vraiment très, très bien. Tenez, on va lui mettre douze".
Vient le moment de noter "son" candidat, le Professeur Riser : "Vraiment, c'est très insuffisant, il n'a pas été à la hauteur. "On" va lui mettre "seulement" quatorze ! ! !"

Un moment très instructif sur la jeune élite médicale, le service militaire à Libourne où étaient réunis tous les médecins appelés de la même classe pour un enseignement de la médecine de guerre. Ce qui m'a frappé, c'est l'absence de toute dignité de tous ces "fils d'archevêque"  (expression du Dr Robert Soum), patrons, fils de patrons, aspirants patrons, futurs patrons,  prêts à toutes les bassesses pour obtenir un classement qui leur permettrait de choisir un poste proche de leur faculté.
Je ne les ais pas vu jouer de leur position sociale pour cela, peut-être en jouaient-ils par ailleurs. Mais devant la hiérarchie militaire, ils n'étaient pas des patrons mais des larbins.

A la fin du séjour à Libourne, il fallait choisir son affectation en fonction du classement. Je ne me souviens pas à quelle place j'étais. Mais j'ai étonné tout le monde parce que j'ai choisi l'Algérie quand tout le monde ne pensait qu'à rester en France. J'espérais pouvoir faire de la coopération. On en parlait alors mais rien n'était clair.
Heureusement, j'étais le 1er à choisir l'Algérie. Arrivé à Alger, nous étions 4. J'ai choisi le 1er, j'ai été affecté à Mostaganem. Les 3 autre se sont retrouvés au Sahara dans la Légion ! Le Sahara d'accord mais la Légion !!!
Après mon choix, le médecin colonel  a éprouvé le besoin  de faire un discours à la gloire de la Légion : il était fier d'être "première classe de a Légion". J'étais très content pour lui et pour moi d'avoir évité la Légion.
M. qui était un des quatre, originaire de la Guadeloupe et qui avait fait ses  études à Toulouse a donc été obligé de choisir un poste à la Légion. Je l'ai revu au moment de notre libération. Cela s'était bien passé, il avait senti un profond respect des légionnaires pour le "toubib".


ILLUSIONS
Quand je suis parti en Algérie, je partais à la découverte du monde et je pensais le changer. Je n'étais que jeune.
Le monde a beaucoup changé. Non dans le sens que je souhaitais, non comme j'ai essayé de le changer.
Le  monde m'a-t-il changé comme me l'annonçait un professeur d'histoire naturelle : "Oriol, on t'arrondira les angles !"
Le monde est aussi décevant que quand j'ai quitté la France, pensant ne jamais y revenir. C'était l'illusion lyrique. J'étais un petit bourgeois, ni maoïste, ni trotskyste, ni chrétien. Simplement, je pensais que la France était désespérante. Que les choses évoluaient dans le bon sens à l'échelle mondiale. Que j'allais y participer.
Les choses ont tourné autrement. Je suis revenu en France... Où sont passées mes espérance, mes illusions ? Simone de Beauvoir a dit, à la fin de sa vie : "On a été floué". C'est vrai, y compris par Sartre et Beauvoir.

MILITANTS
L
es militants passent plus de temps à se disputer avec les personnes les plus proches politiquement qu'avec leurs adversaires. Ces discussions valent-elles le temps qui leur est consacré ? Qu'en restera-t-il demain ? Dans huit jours ? Dans dix ans ?
Si elles servent à la clarification des idées, à l'homogénéisation du groupe, c'est déjà bien.
Elles aboutissent souvent à des ruptures, à des haines qui éloignent des personnes qui ont pourtant les mêmes vues sur l'essentiel. Quand ce sont des personnages plus importants... cela donne "des bons  mots"  qui ont rapportés dans la presse, plus que les idées. Et sur lesquels, nous lecteurs, nous nous précipitons.

 

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22 février 2009 7 22 /02 /février /2009 17:06
CHANCE
"La chance existe. Sans cela comment expliquer le succès des autres ?" (Marcel Achard).
Je n'ai pas eu beaucoup de succès, pourtant j'ai eu beaucoup de chance. Je n'ai pratiquement pas eu de problème de santé. Je n'ai pas eu à subir directement de guerre : j'étais trop jeune pour souffrir vraiment de celle de 1939-45. Etre sursitaire m'a évité celle d'Algérie. Mes parents n'étaient pas riches, ils s'entendaient bien et je n'a pas connu la misère.
Je ne crois pas à la liberté mais je me sens responsable. Qu'ai-je fait de ma chance ? Pas grand chose.

HERITIERS
Tous les jours, mon père se retrouvait au bistrot du quartier avec un ingénieur des Ponts et chaussées qui lui dit un jour ; " Je suis ingénieur, mon fils doit être ingénieur. Tu es maçon, ton fils doit être maçon".

Effectivement, mon père était maçon, le maçon de Pennautier, village à quelques kilomètres de Carcassonne. J'étais un lycée de Carcassonne avec le fils du médecin de Pennautier. Nous avons présenté le baccalauréat la même année. Le fils du médecin a été collé. Le fils du maçon a été reçu. Le médecin n'a plus fait travailler le maçon. Il a fait venir un autre maçon d'un village voisin.

Premier jour de stage à l'hôpital, en première année de médecine, le professeur Laporte fait l'appel dans un souci de connaissance (de reconnaissance ?) des étudiants. A l'appel de certains noms : "Vous êtes parents avec le docteur..." Y compris pour un copain, Michel M., qui appartenait, de loin, à la tribu des M., par ailleurs protestant comme le professeur Laporte.

Dans la salle de dissection, un tableau est affiché avec les noms des différents prosecteurs qui ont surveillé  les travaux pratiques dans les années précédentes. Il est curieux de constater que certains noms réapparaissent périodiquement. Par hasard.

Une année, remous autour de l'internat. Le bruit court que les collés allaient rendre publics les noms des soutiens, au sein du jury, des candidats reçus. Un fils de patron, brillant et brillamment reçu, a fait savoir que si cela avait ieu, il publierait la liste de tous les candidats, reçus ou collés, avec leurs soutiens. L'affaire en est restée là.

Robert S., doué, travailleur, d'origine audoise et paysanne, je crois, avait réussi à faire reconnaître ses qualités par un patron. Celui-ci l'a pris sous son aile et lui a promis qu'il serait reçu à l'internat. Avec cependant une condition. Il ne devait pas s'installer à Toulouse. Il est allé s'installer à Narbonne.
Cette poltique a duré, paraît-il, jusqu'au jour ou des spécialistes formés à Paris sont venus s'installer à Toulouse....

Nous avons logé, deux étudiants de Carcassonne pendant une période, chez la mère d'un de nos professeurs de médecine, Me Denard. Lors d'une conversation, elle me dit : "Non, mon fils n'est pas allé passer son agrégation. Il n'y avait personne dans le jury pour le défendre. C'était inutile".

Lors d'une revue de l'internat, je n'ai jamais assisté à une de ces revues, une petite comédie a été montée mettant en scène un jury d'internat. Au moment de la délibération, la note de chaque candidat est discutée. Le professeur Riser, fort connu, forte réputation  à l'époque, dit à son collègue : " "Votre" candidat est remarquable. Je vous félicite. Vraiment très, très bien. Tenez, on va lui mettre douze".
Vient le moment de noter "son" candidat, le Professeur Riser : "Vraiment, c'est très insuffisant, il n'a pas été à la hauteur. "on" va lui mettre "seulement" quatorze ! ! !"

Un moment très instructif sur la jeune élite médicale, le service militaire à Libourne où étaient réunis tous les médecins appelés d'une classe pour un enseignement de la médecine de guerre. Ce qui m'a frappé, c'est l'absence de toute dignité de tous ces "fils d'archevêque" (expression du Dr Robert Soum), patrons, fils de patrons, aspirants patrons, futurs patrons,  qui étaient prêts à toutes les bassesses pour obtenir un classement qui leur permettrait de choisir un poste proche de leur faculté.
Je ne les ais pas vu jouer de leur position sociale pour cela, peut-être en jouaient-ils par ailleurs. Mais devant nous, ils avaient plutôt l'air de larbins.

A la fin du séjour à Libourne, on pouvait choisir son affectation en fonction du classement. Je ne me souviens pas à quelle place j'étais. Mais j'ai étonné tout le monde parce que j'ai choisi l'Algérie quand tout le monde ne pensait qu'à rester en France. J'espérais pouvoir faire de la coopération. On en parlait alors mais rien n'était clair.
Heureusement, j'étais le 1er à choisir l'Algérie. Arrivé à Alger, nous étions 4. J'ai chois le 1er, j'ai été affecté à Mostaganem. Les 3 autre se sont retrouvés au Sahara dans la Légion ! Le Sahara d'accord mais la Légion !!!
Après mon choix, le médecin colonel  a éprouvé le besoin  de faire un discours à la gloire de la Légion. J'étais très content pour lui et pour moi d'avoir évité la Légion.
M. qui était un des quatre, originaire de la Guadeloupe et qui avait fait ses  études à Toulouse a donc été obligé de choisir un poste à la Légion. Je l'ai revu au moment de notre libération. Cela s'était bine passé, il avait senti un profond respect des légionnaires pour le "toubib".

ILLUSIONS
Quand je suis parti en Algérie, je partais à la découverte du monde et je pensais le changer. Je n'étais que jeune.
Le monde a beaucoup changé. Non dans le sens que je souhaitais, non comme j'ai essayé de le changer.
Le  monde m'a-t-il changé comme me l'annonçais un professeur d'histoire naturelle : "Oriol, on t'arrondira les angles !"
Le monde est aussi décevant que quand j'ai quitté la France, pensant ne jamais y revenir. C'était l'illusion lyrique. J'étais un petit bourgeois, ni mao, ni trotskyste, ni chrétien. Simplement, je pensais que la France était désespérante. Que les choses évoluaient dans le bon sens à l'échelle mondiale. Que j'allais y participer.
Les choses ont tourné autrement. Je suis revenu en France... Où sont passées mes espérance, mes illusions ? Simone de Beauvoir a dit, à la fin de sa vie : "On a été floué". C'est vrai, y compris par Sartre et Beauvoir.


ORIENTATION SCOLAIRE
J'étais en sixième au Bastion comme on disait (école du Bastion), durant tout le primaire (10ème, 9eme, 8ème, 7ème, 6ème). Arrivé à la fin de la sixième, il fallait choisir : passer en 5ème pour passer le "certificat" ou passer au cours complémentaire dans le même établissement. J'étais dans les 4 premiers avec Jean-Paul A., Louis G., André F.. Eux, l'année suivante, allaient au Lycée ! Et moi ? A la maison, je dis à mon père :
- "Je veux aller au lycée."
- "Pourquoi veux-tu aller au lycée ?"
Le lycée était l'école des "riches".
- "Pour faire des langues et au Bastion, on ne fait que de l'espagnol. Au lycée, je pourrai faire du latin, de l'anglais, de l'allemand."
Mon père avait été prisonnier de guerre avec un instituteur ou professeur du Bastion. Il est allé le consulter. Celui-ci lui a répondu :
" "S'il veut travailler, tu le mets au lycée. S'il faut le tenir, tu le mets au Bastion".
A son retour, mon père :
- "Tu veux travailler ?"
- "Bien sûr".
- "Bon, tu iras au lycée".
C'était l'orientation scolaire !

Dans la famille A, le père était cheminot, la mère au foyer. Ils était 4 frères et soeurs, je ne connais pas l'aînée. Mais l'aîné des garçons a commencé comme tout le monde par l'école primaire. Au Bastion, je crois. Fils d'ouvrier, il est passé dans l'enseignement professionnel. Repéré par les enseignants comme "bon élément", ils l'ont orienté vers le "cours complémentaire" du Bastion. Où, repéré comme "bon élément", après le BEPC, ils l'ont orienté vers le lycée. Il a fini médecin.
Son frère cadet est passé "directement" de l'école primaire du Bastion au cours complémentaire du Bastion puis au Lycée. Il a fini médecin !
La "petite dernière" est passee "encore plus directement" de l'école primaire au lycée. Elle est devenue... médecin !!!
C'était l'orientation scolaire !

Ma mère et moi, sommes allés voir le proviseur sur convocation. Il semble que le proviseur, Monsieur Vidal, surnommé par les élèves, le Pinus, recevait tous les nouveaux élèves et leurs parents lors de l'entrée en sixième.
- "Que veux-tu faire ? Classique ou moderne ?"
Silence gêné. Je me tourne vers ma mère,  qui se tourne vers moi ! C'est quoi ?
- "Avec latin ou sans latin ?"
- "Avec latin".
J'étais venu au lycée pour faire des langues.
-" Quelle première langue ?"
-"Anglais".
"Quelle seconde langue ?"
- "Allemand".
Le proviseur nous a alors longuement conseillé  de commencer par l'allemand puis de prendre l'anglais comme seconde langue en quatrième.
Je pense que c'était un avis judicieux. Mais peut-être tenait-il aussi à fournir un nombre d'élèves suffisant pour maintenir la division "allemand". En effet, il y avait une centaine d'élèves en sixième et seulement une dizaine qui faisaient allemand en première langue.
Quoi qu'il en soit, j'ai fait sept ans d'allemand. Et je ne parle pas allemand. Je n'ai fait que deux ans d'anglais au lycée et ensuite j'ai essayé d'en faire toute ma vie avec "assimyl", au centre culturel.... et encore aujourd'hui avec internet. Et je ne peux que baragouiner en anglais !
Je ne devais pas être très doué !



VIEILLESSE
Dans ma jeunesse, il me fallait deux heures pour reprendre mes forces. Maintenant, je dois me lever toutes les deux heures... pour pisser !

J'ai l'impression que les choses me quittent. Par moment, je me demande si je ne pense pas seulement par habitude.

Quand je regarde les gens dans la rue, au café, parler, rire, je me demande s'ils sont consciemment heureux ou s'ils font semblant. S'ils savent ce qui va leur arriver dans une minute, un mois, un an. Se croient-ils immortels ?
Pensent-ils ce qu'ils disent ? Est-ce si important ? Est-ce sérieux ? Jouent-ils ?
Et moi, quand je parle ? A quoi cela peut bien servir de parler, de se répéter, d'écouter le centième discours ?
Quand je tape sur ce clavier, pourquoi ? Pour qui ?






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21 avril 2008 1 21 /04 /avril /2008 13:36
Coopérant en Algérie de 1964 à 1972, j'étais à Alger en mai 68.

Comme en France, pendant les années antérieures, nous avions monté un comité Viêt-Nam, nous cotisions et nous avions constitué un bon carnet d'adresses de coopérants.

A l'époque, Alger faisait figure de capitale de la lutte contre l'impérialisme et hébergeait les mouvements de libération africains des colonies portugaises, Angola, Mozambique, Guinée Bissau-Cap Vert,  de l' Afrique du sud, du Zimbabwe... Nous avions des groupes de travail sur ces paysqui avaient des relations avec le MPLA, le FRELIMO, Le PAIGC, l'ANC... et quelques fiches ont été réalisées sur ces pays et leur mouvement de libération.

En principe, toute activité politique était interdite aux étrangers mais nous savions par le FLNC que la notre était connue du FLN et des autorités algériennes et qu'elle était tolérée. Elle était dans les clous.

Les événements de mai se poursuivant en France, dans la seconde quinzaine, nous avons décidé de "passer à l'action" et nous avons utilisé le carnet d'adresses pour donner rendez-vous à tous les Français et envahir l'ambassade. Bien entendu, notre convocation avait été transmise , et l'ambassade a été mise au courant. Quand nous sommes arrivés, le portail de l'ambassade était fermé.

Assez nombreux, nous avons pu forcer l'entrée et nous nous sommes retrouvés devant un cordon de police. Il n'y a pas eu d'affrontement violent. Après négociation, l'ambassadeur a mis à notre disposition une salle où tous les jours, il pouvait y avoir une AG. C'est lors d'une de ces AG que j'ai vu pour la première fois Stéphane Hessel qui était en poste à l'ambassade (il n'était pas ambassadeur) mais probablement préposé aux bonnes relations avec les contestataires.

Je ne me souviens  que d'une proposition d'action qui a été faite pendant cette période :  former une caravane de voitures et , drapeaux rouges au vent, traverser l'Espagne (franquiste) pour rejoindre la Révolution. Elle n'a pas été suivie du moindre commencement de réalisation.

Inutile de dire que pour nombre d'Algériens (non politisés bien sûr), les Français étaient devenus fous ! Ils avaient tout et ils voulaient plus encore...

Bien entendu, aucun courrier n'arrivait de France. Une lettre d'une copine rentrée d'Algérie l'année précédente qui me disait de venir à Paris, partie au début du mois de mai est arrivée courant juin. Et quand je suis venu à Paris, en juillet, le tour des lieux historiques et des facs de Paris, avec un copain, en scooter, m'a permis de faire des photographies des affiches dont les murs de Paris étaient encore couverts. 21/04/08


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