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19 mai 2009 2 19 /05 /mai /2009 16:06


ELECTIONS
Dans les groupuscules que j'ai fréquentés, le jugement sur les élections a beaucoup changé : élections pièges à cons, élections expression des luttes sociales, profiter des élections pour faire entendre sa voix, faire de la politique, c'est participer aux moments forts que constituent les élections, participer pour avoir des élus, participer pour bénéficier du financement des partis politiques... Toujours au mot d'ordre, "faire de la politique autrement".

FORMATION POLITIQUE
Ma formation politique vient de quelques sources banales : le christianisme, l'école laïque, les disputes avec mon père, la lecture assidu du Monde de 1952 ou 53 à aujourd'hui et autres journaux, de quelques cours de marxisme  durant la période étudiante. Et de l'intérêt que j'ai toujours porté à la politique.
Pour moi, toutes ces sources hétéroclites avaient une constante : la soif de justice sociale, d'égalité. Je me souviens encore des images du livre d'histoire montrant Saint Louis ou Charlemagne, sous un arbre avec les bons élèves, les pauvres, d'un coté et les autres. J'étais bien sûr parmi les bons élèves pauvres.  De Sarvognan de Brazza libérant les esclaves. De nos disputes sur le Dr Schweitzer, sur la peine de mort... Toute une mythologie laïque qui se mêlait à la mythologie chrétienne. Et si j'ai abandonné l'église, ce n'est pas par perte de la foi mais par le choix de l'église d'être du coté des prêtres députés (l'abbé Gau, député MRP de l'Aude) contre les prêtres ouvriers, du coté des militaires contre les militants ou la théologie de la libération...
La guerre d'Algérie a coïncidé avec mes études. La conversation commençait sur le temps ou sur un film et s'achevait pour ou contre la guerre d'Algérie.


HERITIERS
Tous les jours, mon père se retrouvait au bistrot du quartier avec un ingénieur des Ponts et chaussées qui lui dit un jour ; " Je suis ingénieur, mon fils doit être ingénieur. Tu es maçon, ton fils doit être maçon".

Effectivement, mon père était maçon, le maçon de Pennautier, village à quelques kilomètres de Carcassonne. J'étais au lycée de Carcassonne dans la même classe en allemand que le fils du médecin de Pennautier. Nous avons présenté le baccalauréat la même année. Le fils du médecin a été collé. Le fils du maçon a été reçu. Le médecin n'a plus fait travailler le maçon. Il a fait venir un autre maçon d'un village voisin.

Premier jour de stage à l'hôpital, en première année de médecine, le professeur Laporte fait l'appel dans un souci de connaissance (de reconnaissance ?) des étudiants. A l'appel de certains noms : "Vous êtes parent avec le docteur..." . Y compris pour un copain, Michel M., qui appartenait, de loin, à la tribu des M., par ailleurs protestant comme le professeur Laporte.

Dans la salle de dissection, un tableau est affiché avec les noms des différents prosecteurs qui ont surveillé  les travaux pratiques dans les années précédentes. Il est curieux de constater que certains noms réapparaissent périodiquement. Par hasard.

Une année, remous autour de l'internat. Le bruit court que les collés allaient rendre publics les noms des soutiens, au sein du jury, des candidats reçus. Un fils de patron, brillant et brillamment reçu, a fait savoir que si cela avait lieu, il publierait la liste de tous les candidats, reçus ou collés, avec leurs soutiens. L'affaire en est restée là.

Robert S., doué, travailleur, d'origine audoise et paysanne, je crois, avait réussi à faire reconnaître ses qualités par un patron. Celui-ci l'a pris sous son aile et lui a promis qu'il serait reçu à l'internat. Avec cependant une condition. Il ne devait pas s'installer à Toulouse. Il est allé s'installer à Narbonne.
Cette politique aurait duré jusqu'au jour où des spécialistes formés à Paris sont venus s'installer à Toulouse....

Nous avons logé, deux étudiants de Carcassonne, pendant une période, chez la mère d'un de nos professeurs de médecine, Me Denard. Lors d'une conversation, elle me dit : "Non, mon fils n'est pas allé passer son agrégation. Il n'y avait personne dans le jury pour le défendre. C'était inutile".

Lors d'une revue de l'internat, je n'ai jamais assisté à une de ces revues, une petite comédie a été montée mettant en scène un jury d'internat. Au moment de la délibération, la note de chaque candidat est discutée. Le professeur Riser, fort connu, forte réputation  à l'époque, dit à son collègue : " "Votre" candidat est remarquable. Je vous félicite. Vraiment très, très bien. Tenez, on va lui mettre douze".
Vient le moment de noter "son" candidat, le Professeur Riser : "Vraiment, c'est très insuffisant, il n'a pas été à la hauteur. "On" va lui mettre "seulement" quatorze ! ! !"

Un moment très instructif sur la jeune élite médicale, le service militaire à Libourne où étaient réunis tous les médecins appelés de la même classe pour un enseignement de la médecine de guerre. Ce qui m'a frappé, c'est l'absence de toute dignité de tous ces "fils d'archevêque"  (expression du Dr Robert Soum), patrons, fils de patrons, aspirants patrons, futurs patrons,  prêts à toutes les bassesses pour obtenir un classement qui leur permettrait de choisir un poste proche de leur faculté.
Je ne les ais pas vu jouer de leur position sociale pour cela, peut-être en jouaient-ils par ailleurs. Mais devant la hiérarchie militaire, ils n'étaient pas des patrons mais des larbins.

A la fin du séjour à Libourne, il fallait choisir son affectation en fonction du classement. Je ne me souviens pas à quelle place j'étais. Mais j'ai étonné tout le monde parce que j'ai choisi l'Algérie quand tout le monde ne pensait qu'à rester en France. J'espérais pouvoir faire de la coopération. On en parlait alors mais rien n'était clair.
Heureusement, j'étais le 1er à choisir l'Algérie. Arrivé à Alger, nous étions 4. J'ai choisi le 1er, j'ai été affecté à Mostaganem. Les 3 autre se sont retrouvés au Sahara dans la Légion ! Le Sahara d'accord mais la Légion !!!
Après mon choix, le médecin colonel  a éprouvé le besoin  de faire un discours à la gloire de la Légion : il était fier d'être "première classe de a Légion". J'étais très content pour lui et pour moi d'avoir évité la Légion.
M. qui était un des quatre, originaire de la Guadeloupe et qui avait fait ses  études à Toulouse a donc été obligé de choisir un poste à la Légion. Je l'ai revu au moment de notre libération. Cela s'était bien passé, il avait senti un profond respect des légionnaires pour le "toubib".


ILLUSIONS
Quand je suis parti en Algérie, je partais à la découverte du monde et je pensais le changer. Je n'étais que jeune.
Le monde a beaucoup changé. Non dans le sens que je souhaitais, non comme j'ai essayé de le changer.
Le  monde m'a-t-il changé comme me l'annonçait un professeur d'histoire naturelle : "Oriol, on t'arrondira les angles !"
Le monde est aussi décevant que quand j'ai quitté la France, pensant ne jamais y revenir. C'était l'illusion lyrique. J'étais un petit bourgeois, ni maoïste, ni trotskyste, ni chrétien. Simplement, je pensais que la France était désespérante. Que les choses évoluaient dans le bon sens à l'échelle mondiale. Que j'allais y participer.
Les choses ont tourné autrement. Je suis revenu en France... Où sont passées mes espérance, mes illusions ? Simone de Beauvoir a dit, à la fin de sa vie : "On a été floué". C'est vrai, y compris par Sartre et Beauvoir.

MILITANTS
L
es militants passent plus de temps à se disputer avec les personnes les plus proches politiquement qu'avec leurs adversaires. Ces discussions valent-elles le temps qui leur est consacré ? Qu'en restera-t-il demain ? Dans huit jours ? Dans dix ans ?
Si elles servent à la clarification des idées, à l'homogénéisation du groupe, c'est déjà bien.
Elles aboutissent souvent à des ruptures, à des haines qui éloignent des personnes qui ont pourtant les mêmes vues sur l'essentiel. Quand ce sont des personnages plus importants... cela donne "des bons  mots"  qui ont rapportés dans la presse, plus que les idées. Et sur lesquels, nous lecteurs, nous nous précipitons.

 

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