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11 janvier 2024 4 11 /01 /janvier /2024 23:55
Gaza :  De la Nakba au Glaive de Fer

À Gaza, l’État d’Israël est en passe de gagner la bataille contre le Hamas, mais gagnera-t-il la guerre ? Contre le Hamas ? Contre le peuple palestinien ?
La Paix gagnera-t-elle ? Qui gagnera la Paix ?

Sous la direction de Nétanyahou, Israël s’est lancé dans une guerre contre le Hamas au lendemain du 7 octobre sans avoir prévu, mis au point un débouché, une perspective politique. Seulement un but immédiat : vengeance, punition du Hamas et, par la même occasion, punition de la population de Gaza, volonté de reprendre la main pour réaffirmer une suprématie militaire prise en défaut.

Plus de trois mois après de l’invasion, quel résultat ? La bande de Gaza qui était en état de siège depuis des années, est désormais occupée. Le Hamas n’est pas encore vaincu. Les Gazaouis sont obligés, chaque jour, de chercher un nouveau et fragile refuge… dans des camps, sous des tentes, avec quels moyens pour survivre ? Et ceci aux yeux du monde entier !
Façon de préparer la paix ?

Gaza :  De la Nakba au Glaive de Fer

Le 7 octobre, lors de l’opération Déluge d’Al-Aqsa, 1400 personnes tuées par le Hamas, le plus grand massacre de juifs depuis l’Holocauste. Holocauste dont les Palestiniens ne sont pas responsables.
Après le 7 octobre, l’opération Glaive de fer, un siège total de la bande de Gaza avec une rupture de l’approvisionnement en eau, en électricité... et une invasion, suivie de la fuite de milliers de civils. Gaza, pilonnée jour et nuit par Tsahal et les Palestiniens sans autre option que s’échapper quand ils le peuvent ou de perdre la vie. (Cf2R janvier 2024)

Pour les Palestiniens, Glaive de fer, le plus grand nombre de tués, un massacre de plus de 20 000 personnes. Pour l’essentiel des civils. Et le plus grand déplacement de Palestiniens depuis la catastrophe (la nakba) de 1948 ! La nakba : en un an et demi, 15 000 Palestiniens tués et 700 000, plus de la moitié de la population déracinés. Plus de 500 villages détruits, 11 villes et quartiers purgés de leurs habitants. (Le Monde 10/01/2024)
Toujours de la main d’Israël.

Si, dans la guerre des chiffres, le résultat est évident, qu’en est-il au point de vue politique ?

Les sionistes justifiaient l’existence d’Israël : le seul État au monde assurant la sécurité des juifs. Le Hamas a prouvé qu’il n’y a pas de sécurité sans sécurité politique. Ce que le Hamas a fait hier malgré l’énorme supériorité militaire entachée d’autosatisfaction d’Israël, demain le Hamas ou l’organisation qui lui succédera voudra le faire, saura le faire. Si la situation des Palestiniens ne change pas.

Il ne faut pas compter sur l’ONU pour avancer vers une solution. Seulement des résolutions, innombrables, dans lesquelles l’ONU condamne, censure, décide, déplore, exige, exhorte, demande, appelle, rappelle et... Israël continue. Avec le soutien des Occidentaux, surtout des États-Unis.

Selon le journal israélien Haaretz, entre 1968 et 2002, Israël a violé 32 résolutions qui comportaient la condamnation ou les critiques à l'égard des politiques et des actions des gouvernements.
Alliés d’Israël, les États-Unis entre 1972 et 2022, ont opposé 44 fois leur veto à la condamnation d’Israël pour sa politique dans les territoires occupés ou pour ses opérations militaires dans les pays voisins. Ils ont aussi voté en faveur de 80 autres résolutions critiques envers Israël, à caractère obligatoire, que Israël a cependant violées. (Résolutions de l’ONU concernant Israël)

Si les textes adoptés à l’ONU sont inefficaces pour ramener la paix, ils permettent de constater le niveau de rejet mondial de la politique israélienne, après le 7 octobre. Résiste encore le verrou des États-Unis au Conseil de sécurité.
Désormais, Israël apparaît comme un facteur d’insécurité pour les juifs dans le monde. Favorisant le développement de l’antisionisme partout, même aux États-Unis ! Et de l’antisémitisme.

Certains États disqualifient, pour ses actes terroristes, la résistance du Hamas à l’occupation de tout ou partie de la Palestine par Israël. Tout en soutenant et aidant militairement Israël au nom du droit à se défendre. Sans restrictions. Sans parler de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou de génocide à l’égard de la population palestinienne.

 

Gaza :  De la Nakba au Glaive de Fer

Cependant, Afrique du Sud, Bangladesh, Bolivie, Comores et Djibouti ont demandé à la Cour pénale internationale (CPI) une enquête sur la situation dans l'État de Palestine, sur les crimes commis.
Seuls des individus peuvent être poursuivis devant la CPI. Israël et les États-Unis ont mis leurs citoyens à l’abri. Ils n’ont pas signé le traité qui a fondé la CPI. (rfI 19/11/2023)

L’Afrique du Sud a aussi lancé une requête auprès de la Cour internationale de Justice (CIJ), organe de l’ONU qui juge les différends entre États, pour dénoncer le caractère « génocidaire » de l’attaque de Gaza par Israël.
L’Afrique du Sud affirme qu’Israël « s'est livré, se livre et risque de continuer à se livrer à des actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza ». Elle dénonce des massacres et une intention de détruire ce peuple. (rf 29/12/2023)

À la différence de la CPI, la CIJ a une compétence universelle, tous les États membres des Nations unies sont parties à son statut. Israël comme l’Afrique du Sud. Mais comme les résolutions de l’ONU, les décisions de la CIJ peuvent être ignorées sans conséquences  pratiques. Sauf politiques. (Courrier international 03/01/2024)
Au delà de ces éventuelles condamnations juridiques des plus importantes institutions internationales, quel est le devenir de cette guerre de cent ans en Palestine ?

Les conquêtes coloniales ne sont plus d’actualité. Ni les colonies de peuplement comme la création de l’État d’Israël en Palestine. Les temps sont plutôt à la décolonisation.

L’Afrique du sud, colonie de peuplement sans métropole, comme Israël, a réussi le prodige de supprimer l’apartheid et d’installer un régime démocratique. Mais les choses exceptionnelles sont rares : peuples ou personnalités, Frederik de Klerk et Nelson Mandela. Et la situation est-elle définitivement réglée ? Car l'évolution vers l’égalité des revenus entre les différents groupes de populations n'a pas progressé depuis la fin de l'apartheid et le taux des inégalités en Afrique du sud reste parmi les plus élevés au monde.

La seule perspective envisagée à ce jour par l’État d’Israël, la disparition des Palestiniens.  Sous les bombes. Ou par départs volontaires. Ce que préconisent certains ministres israéliens.

Dés le 9 octobre, le ministre de la Défense israélien, Yoav Galant, annonçait le siège complet à Gaza. Pas d'électricité, pas de nourriture, pas d'eau, pas de gaz, tout est fermé ... Nous combattons des animaux et nous agissons en conséquence. (France24 26/10/2023)

D’autres déclarations ont suivi qui tracent une perspective. M. Ben Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale : Les États-Unis sont nos bons amis, mais avant tout, nous ferons ce qui est bon pour l'État d'Israël : encourager l'émigration de centaines de milliers de personnes de Gaza permettra aux résidents (israéliens) de rentrer chez eux (à la lisière de Gaza) et de vivre en sécurité tout en protégeant nos soldats. (rfI 03/01/2024)
Ou le ministre des Finances, Bezalel Smotrich : 70% du public israélien sout(enai)t l'émigration volontaire des Arabes de Gaza et leur absorption par d'autres pays.

Bien entendu, une émigration volontaire. S'il ne restait plus que 100.000 à 200.000 Arabes, toutes les discussions sur la question du jour d'après (la guerre) seraient totalement différentes...  Il ne s'agit pas d'une expulsion, de toute façon ils (les Palestiniens) ne pensent qu'à partir loin de ce ghetto et de la misère.

Mais une émigration volontaire, aidée, planifiée… Des suggestions sont avancées… Fournir à l’Arabie saoudite la main d’œuvre dont elle a besoin pour ses projets de développement, exporter les Palestiniens vers l’Afrique, le Congo par exemple... Et le Likoud, parti de Benyamin Netanyahou, le Premier ministre, milite publiquement en faveur de ce scénario de l'après-guerre.

L’État se fait le représentant discret de ces volontaires pour l’expatriation. Des ballons d’essai ont été lancés vers le Qatar, l’Iran, et des pays occidentaux. Tous pays qui font la sourde oreille et qui pensent encore que la place des Palestiniens est en Palestine ! (Financial Afrik 04/01/2024)

Gila Gamliel, ministre du Renseignement, a déjà prévu le financement de l’opération par la population internationale. Plutôt que la reconstruction de la bande de Gaza, elle devrait  financer les coûts de réinstallation des civils palestiniens et les aider à construire une nouvelle vie dans leur futur pays d’accueil. (La Nouvelle Tribune 04/01/2024)
Le solution la plus simple est d’envoyer les nouveaux réfugiés rejoindre ceux de 1948 dans les pays voisins dans de nouveaux camps administrés comme les anciens par l’ UNRWA !!!

Il est assez gênant de rappeler qu’il fut un temps où le régime nazi poussait les juifs d’Allemagne à émigrer vers des pays qui les refusaient (Conférence d’Évian 1938) et avait envisagé après avoir établie la paix nazie sur l’Europe de les regrouper à Madagascar ! Les soviétiques aussi ont eu leur projet d’établir une zone territoriale juive, un oblast autonome juif dans le district fédéral d'Extrême-Orient.  

L’histoire, dit-on, est écrite par les vainqueurs. Qui écrira l’histoire de la Palestine ? Celle qui se déroule aujourd’hui aux yeux du monde entier devant les caméras essentiellement de l’armée israélienne.
Alors que les journalistes, notamment palestiniens, paient un lourd tribut à cette guerre. Au moins 79 journalistes et professionnels des médias, en grande majorité palestiniens, ont été tués depuis le début de la guerre, selon le Comité pour la protection des journalistes. (Le Soir 08/01/2024)
Alors que les journalistes étrangers sont interdits dans la bande Gaza. La Cour suprême d’Israël a rejeté une requête de l’Association de la presse étrangère qui demandait aux autorités militaires d’autoriser les journalistes étrangers à entrer librement dans la bande de Gaza. (Times of Israël  09/01/2024)

Il faut être très optimiste pour espérer encore qu’il existe une solution avec deux États séparés par une force énergique d’interposition. Les États-Unis seuls pourraient imposer une telle solution à l’État d’Israël. Le temps presse. Ils n’en prennent pas le chemin. Israël étend ses colonies en Cisjordanie. Demain à Gaza.
Le monde abandonnera-t-il les Palestiniens aujourd’hui, comme il a abandonné les juifs hier ?

 

Gaza :  De la Nakba au Glaive de Fer
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