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24 mars 2022 4 24 /03 /mars /2022 17:36
Affrontement d'empires

Les information sont disponibles pour tous, les rapports sont publiés régulièrement, les gouvernements savent, signent des conventions, font des déclarations, tergiversent et remettent au lendemain ce qu’ils auraient dû faire la veille.
Les populations, informées, subissent, manifestent.

Inexorablement, la température monte, les glaces fondent, les perturbations climatiques s’exacerbent. Jusqu’à l’irréversibilité, à la catastrophe ?
Les inégalités augmentent entre les nations, à l’intérieur des nations, accentuées par les crises climatiques, sanitaires, politiques. Jusqu’à l’explosion ?

Des fous continuent à danser sur le volcan. Certains accumulent et préparent leur évasion, sur une île déserte ou extraterrestre, pour échapper au destin collectif. D’aucuns cherchent noise à des voisins de pallier ou de continent. Beaucoup pensent plus à s’entre-tuer qu’à se sauver ensemble.

Combien, acculés, survivent sur place ou changent de région, de pays, de continent et se retrouvent, pour la plupart, toujours acculés et devenus différents. Sans espoir, même illusoire, de changement.

Car les puissances qui dominent le monde sont faites de la même farine,le capitalisme, libre ou administré !Chacune se ditau service de son peuple, de sa nation, d’une certaine classe moyenne, plus ou moins homogène, et profite aux plus favorisés. Peu importe les dégâts pour la planète. Elles sont aussi impérialistes mais sous des formes différentes. Pour le moment.

Les États-Unis ont imposé leur population, leurs frontières et leur système par le feu et leur hégémonie sur le reste du monde par leur puissance militaire, matérielle, culturelle, illustrée aujourd’hui par la domination de son industrie numérique. Encore accentuée par l’extension des domaines de la compétence universelle de leur législation… notamment à l’utilisation du dollar.

Ils ont vaincu, sans affrontement militaire direct, l’impérialisme soviétique entraîné dans la course militaire aux étoiles. Espèrent-ils la même issue, profitant de l’aventure dans laquelle Poutine a engagé la Russie en Ukraine.
Toujours est-il qu’à l’occasion de l’implosion (effondrement central) de l’URSS et après la dissolution du pacte de Varsovie, un certain nombre de pays en ont profité pour s’affranchir de la Russie et s’intégrer, en ordre dispersé, entre 1999 et 2020. à l’UE et se placer sous la protection de l’Alliance atlantique face à l’URSS et maintenue, malgré sa disparition, face à la Russie.
Ce dont ces nouveaux adhérents se félicitent aujourd’hui.

La Russie, en continuité avec la Russie tsariste et la Russie soviétique veut se maintenir comme la deuxième puissance impériale. Avec la même volonté de s’élargir et surtout d’accéder à la mer libre. Croyant son moment de faiblesse passé, la nouvelle Russie a repris la politique de toujours. D’où les différentes interventions à ses frontières pour reconquérir son espace perdu. Non pour établir le communisme mais élargir son empire, capitaliste, administré, autoritaire…
Jusqu’à un affrontement indirect avec l’Otan et l’Europe avec son invasion en Ukraine.

Ces deux pôles n’ont plus la force d’antan.
La Russie a perdu des marches et rencontre une résistance militaire qu’elle n’attendait peut-être pas, dans sa volonté de reconquête Elle veut mettre en place, directement ou indirectement, de gré ou de force, des potentats locaux. En Ukraine, l’opération semble difficile, politiquement et militairement. A cause de la résistance ukrainienne face à une armée russe (auto-surestimée?), à cause de l’Otan, à cause de la réaction de l’Union européenne et des pays de l’est de l’Europe qui ont déjà donné pendant plus de 30 ans.

L’Ukraine sera détruite puis partagée. Et la Russie crainte mais haïe à l’orée des pays limitrophes.

Les États-Unis ont, de leur côté, perdu une partie de leur domination éclatante, militairement et en direct, au Vietnam, au Proche-Orient, en Afghanistan.
Croyant la Russie hors-jeu et l’Europe stabilisée pour un certain temps, depuis deux présidents, ils voulaient redéployer leur emprise en Asie face à la force montante de la Chine. Les voici confrontés avec la Russie de façon aiguë en Europe. Et toujours préoccupés par la Chine.
Les deux États, affaiblis, États-Unis et Russie, s’affrontent pendant que la Chine, courtisée par les deux, progresse inexorablement.

La Chine est, tout aussi capitaliste que les deux autres, tout aussi autoritaire que la Russie et contrôle, en plus, énergiquement ses oligarques. Elle maintient son ordre avec vigueur, à l’intérieur de ce qu’elle considère comme son espace, au Tibet et au Xinjian notamment. Par ailleurs, après avoir récupéré Hong-Kong, Macao sans guerre, elle affirme toujours sa souveraineté sur Taïwan (la 23ème province), sur quelques territoires frontaliers avec l’Inde et quelques îlots disputés à des États voisins. Mais se garde, à ce jour, de toute entreprise militaire.
Le fruit tombera à maturité. Le temps joue en faveur de sa puissance montante.

Elle est membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu, dispose de l’arme nucléaire et de la plus grande armée du monde en effectif, du deuxième budget militaire . Avec sa nombreuse population, elle est l’atelier du monde et un marché très important pour aujourd’hui et pour demain... En 2021, elle est devenue la première puissance dans le lancement de fusées, 38 % des lancements dans le monde et selon l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, le pays déposant le plus de brevets en 2011...
Au troisième ou deuxième rang, elle aspire au premier. Ce qui ne paraît pas improbable. La Chine s’est réveillée. Quant à son expansion mondiale, elle se fait, pour le moment de façon douce, les multiples routes de la soie, aides, prêts, investissements… Si certains pays prennent conscience de sa forme d’impérialisme, elle est loin de susciter le même rejet que les puissances occidentales.

L’Union européenne se confond de plus en plus avec l’Europe est par son économie une puissance mondiale, tout aussi capitaliste que les précédentes, concurrence libre et non faussée. Elleest handicapée par son passé colonial et son présent néo-colonial. Par sa division politique, sa faiblesse militaire et son intégration à l’Otan, dominée par les États-Unis dont elle n’est qu’une force auxiliaire...

L’épidémie de Covid, de l’invasion de l’Ukraine peuvent contribuer à son évolution vers la prise de conscience d’une nécessaire union plus étroite et plus musclée devant les préoccupations surtout asiatiques des États-Unis, déclarées par les deux derniers présidents étasuniens.

Les États-Unis voient dans la Chine l’adversaire principal et poussent l’Europe à contenir la Russie avec une Otan, peut-être, un peu moins déséquilibrée.

Reste que cette politique d’affrontement plus ou moins équilibré des impérialisme néglige la plus grande partie de la population mondiale et ses problèmes. Après les querelles nationalistes européennes qui ont entraîné deux guerres mondiales au XXème siècle, que réserve le choc d’empires bien plus puissants ?

Lors du vote de l’Assemblée générale des Nations-Unies sur l’invasion de l’Ukraine, les Occidentaux ont obtenu que 141 pays sur 193 approuvent une résolution qui exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine..., le retrait immédiat des troupes russes actuellement déployées en Ukraine. Seuls cinq États ont voté contre, tous pays éminemment démocratiques : Russie, Biélorussie, Corée du Nord, Érythrée et Syrie. Ce qui a permis à certains de parler de victoire massive, oubliant les 35 États qui se sont abstenus, États, essentiellement asiatiques dont la Chine et l’Inde et africains (16). Auxquels il faut ajouter les 12 (8 africains) qui n’ont pas pris part au vote.

Ce qui traduit une baisse de l’influence, notamment française, sur les États post-coloniaux.

Cette minorité d’États qui n’ont pas approuvé la résolution représentent plus de la moitié de la population mondiale. En 1955 déjà, la conférence de Bandung, avait réuni 29 pays qui se voulaient non-alignés mais nombre de pays aujourd’hui membres de l’Onu étaient alors colonisés.

Mais le non-alignement ne s’incarne pas aujourd’hui dans une même politique. Pour la Chine, l’abstention lui permet de confirmer sa politique de respect des frontières tout en gardant ses relations avec la Russie et son opposition aux États-Unis. Pour la plupart des autres abstentionnistes, c’est surtout récuser tout alignement sur l’Occident.

Alors que la crise climatique s’aggrave et que les États ne trouvent pas les moyens nécessaires pour mettre en application les résolutions insuffisantes qu’ils ont votées, alors que partout les inégalités croissent accentuées par les politiques économiques, les vannes sont ouvertes pour les budgets militaires et la guerre.
 

Le prix risque d’en être élevé pour les peuples.

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