Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 15:38


Les conséquences de l'effondrement de l'Union soviétique, symbolisée par la Chute du Mur de Berlin, n'en finissent pas.
Bien sûr, la première, hors de l'Union soviétique proprement dite, a été l'unification de l'Allemagne  et la démocratisation, l'indépendance des pays de l'Europe de l'Est qui ont rapidement adhéré à l'Union européenne.

Un deuxième effet a été le triomphe, la généralisation planétaire du libéralisme de Thatcher et Reagan. Traduction de la victoire du capitalisme occidental sur le communisme soviétique. Désormais débarrassé de la menace extérieure de l'Union soviétique, le capitalisme a pu prendre, sans crainte de révolution interne, son nouveau visage. Il a pu se lancer à l'assaut de tous les "acquis sociaux" qu'il avait du concéder à la social-démocratie pour éviter la révolte ouvrière. Sus à l'État providence et à l'État tout court. Il suffit de privatiser et le marché réglera tous les problèmes.

L'Histoire se terminait par la victoire du marché, du marché financier qui n'avait nul besoin des réglementations des États devenus quasiment inutiles. Tous les pays devaient suivre le même modèle, le FMI était là pour veiller au grain et ramener les brebis égarées dans le droit chemin. La preuve de la supériorité du système était confirmée par l'augmentation du PNB. Qu'importe la croissance des inégalités, entre pays, à l'intérieur des pays, de tous les pays. Qu'importe l'augmentation du nombre de pauvres, y compris dans les pays les plus riches.
La crise n'allait rien y changer. Un moment déstabilisées, les banques retrouvaient la nécessité de l'État  pour les renflouer et l'alerte passée, tout pouvait revenir comme avant.

Pendant ce temps, un certain nombre de pays développaient un deuxième modèle un peu différent. Avec un État fort, très peu démocratique, un marché intérieur administré et une croissance continue bien plus importante. Rien de bien inquiétant. Certes, ces pays n'étaient guère démocratiques mais comme la croissance de leur PNB était forte, comme ils mettaient à la disposition des grandes entreprises une main d'œuvre bon marché dont ils contrôlaient la soumission, il n'y avait rien à redire. De tout façon, ces populations n'étaient pas aptes à la démocratie. Seule chose inquiétante, les déséquilibres entre la Chine, les ateliers, et les États-Unis, les rentiers...

Dans les pays arabes, ce modèle avait d'autres avantages : les dictatures amies constituaient un barrage contre le nouvel empire du mal, les terroristes, les frères musulmans et, par la même occasion, les syndicats et les forces de gauche qui auraient pu gêner les affaires. D'autant que ces dictatures avaient, pour cela, besoin d'armes...

La révolution tunisienne est venue troubler le cours de ces relations bénéfiques pour ceux qui étaient au pouvoir des deux cotés. En quelque jours, elle mettait à mal le modèle "capitaliste-autoritaire". Et ces pays qui avaient déjà exporté leur démocratie par les armes, étaient pris de court quand elle se cherchait toute seule. Dès lors, les questions qui reviennent chaque jour, ce n'est pas comment aider les démocrates. C'est comment prévenir le terrorisme islamiste pourtant pris au dépourvu tout autant que les gouvernements occidentaux. Comment prévenir le débarquement de milliers, de dizaines de milliers, de centaines de milliers d'immigrants massés aux frontières... Lors de la chute du mur, les réflexes étaient identiques.

Les démocrates devraient avant tout se réjouir de ce mois de mai en janvier. Ce printemps précoce est encore une conséquence indirecte de la chute du mur. Auparavant, tout événement local se transformait rapidement en conflit est-ouest. Désormais, une initiative populaire est relativement possible. Relativement car personne ne sera pas pris au dépourvu et le soutien ne fera pas défaut aux monarchies pétrolières.

Le printemps arabe né en Tunisie est d'abord le fait de la jeunesse, de la jeunesse diplômée et moderne. Tout le monde a attiré l'attention sur l'importance d'internet, des réseaux sociaux, des téléphones mobiles . Et l'importance de Al Jazaria. Certains doivent se souvenir des transistors de 68 et d'Europe n°1. Il ne faut pas oublier cependant que la croissance du PIB masquait et la pauvreté, et le chômage, et les bas salaires. La révolution n'est pas tunisoise, elle est tunisienne. Elle n'a pas été déclenchée dans un campus de Tunis mais par l'immolation par le feu d'un jeune Tunisien sur une place publique de l'intérieur du pays. Aucune organisation politique ou religieuse n'est à l'initiative, ni ne la contrôle, même si le syndicat UGTT est une des rare organisations à structure nationale. La lutte est maintenant ouverte pour savoir qui récupèrera, canalisera cette révolution. La succesion des chefs de gouvernement montre bien la volonté du pouvoir de se maintenir en place.

Face à ces pseudo-démocrates qui ne voyaient que la dictature pour s'opposer à l'intégrisme islamiste, une aspiration autonome à la dignité, à la liberté, aux valeurs démocratiques s'est levée et a renversé, sans arme, la dictature. Et cet événement a des échos jusqu'en... Chine qui censure "jasmin" sur internet !!!

Belle leçon à tous ceux qui voulaient croire ou faire croire que les valeurs de liberté, d'égalité étaient réservées à quelques privilégiés. Il y a pourtant longtemps que l'on sait que les hommes ne vivent pas seulement de pain.


Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Paul ORIOL
  • : Réflexions sur l'actualité politique et souvenirs anecdotiques.
  • Contact

Texte Libre

Recherche