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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 23:23

 

Quel rôle joue l'Union européenne (UE), à ses portes, à sa frontière sud, en Libye, où des événements graves se déroulent ? L'UE ne peut rester indifférente.

 

Il n'est pas question de discuter ici du bien fondé ou non de l'intervention étrangère. La décision d'intervenir tient sa légitimité du vote de la résolution 1793 par le Conseil de sécurité de l'ONU avec 10 voix pour et 5 abstentions. Alors que la résolution était présentée par la France et la Grande Bretagne et soutenue par les États-Unis, l'Allemagne s'est abstenue. L'UE a montré sa division. Et pas seulement au Conseil de sécurité.

 

Pour Jean-Marie Colombani, (La France fait son devoir d'ingérence, Slate 09/04/11), « Les interventions françaises en Libye et Côte d'Ivoire marquent un rééquilibrage des grandes puissances du monde en faveur de l'Europe et l’amorce d’un bouleversement qui affectera l'Afrique... Le vote de la résolution 1973, qui a permis le déclenchement des opérations en Libye, restera, pour la diplomatie française liée à la diplomatie britannique, comme un véritable succès ».

 

C'est aller un peu vite. La France et la Grande Bretagne, avec l'aide des États-Unis, ont entraîné l'adhésion du Conseil de sécurité. Non celle ni de l'UE, l'Allemagne s'est abstenue et nombre de pays traînent les pieds. Ni celle des pays émergents. Ni celle des pays africains ou arabes.

Certes, c'est beaucoup mieux que lors de l'intervention franco-britannique à Suez. Mais parler de succès est, peut-être un peu exagéré. De plus, c'est confondre l'UE et deux de ses composantes fussent-elles, importantes.

 

L'UE fonctionne, au niveau de la politique économique, sur le tandem franco-allemand. Mais, à chaque fois, après un accord des deux pays, les autres font entendre leur mauvaise humeur devant ce duumvirat mais finalement s'y joignent rapidement (cf. le pacte de compétitivité). Seule la Grande Bretagne se tient plus longtemps à l'extérieur pour se ralier tardivement en obtenant parfois des exemptions.

 

Ici, ce sont la France et la Grande Bretagne qui occupent le devant de la scène. Les autres suivent-ils ? Par ailleurs, cette initiative binationale a totalement obscurci que l'UE dispose avec Lady Ashton, d'une « haute représentante de l'UE pour les affaire étrangères et la politique de sécurité ». En admettant que la France et la GB aient connu un grand succès à l'ONU, on ne peut dire que la « haute représentante » de l'UE y soit pour quelque chose.

 

Ce n'est peut-être qu'une question de priorités qui a permis à la France et à la GB de jouer ce rôle apparemment important. Les États-Unis, Obama particulièrement, ont d'autres chats à fouetter : engagement en Irak et en Afghanistan, relations économiques avec la Chine, problèmes internes, la reprise, la santé... Et ses préoccupations sont plus au ProcheOrient et en Extrême-Orient qu'au Maghreb. Peut-être ne sont-ils pas mécontents d'avoir des supplétifs... dont le succès est loin d'être assuré. Et qui place les deux puisances ex-coloniales en situation de gendarme en Afrique, doublement pour la France avec son intervention, là encore sous couvert de l'ONU en Cote d'Ivoire.

Peut-on combattre la pénétration de la Chine en Afrique, et... des États-Unis, à coup de canons ?

 

Dans la conduite des opérations, divergences encore entre européens. La France ne voulait pas entendre parler de l'Otan contre la Turquie, la Norvège... Finalement, l'intervention a lieu sous commandement de l'Otan et tout le monde reconnaît qu'elle n'est possible que grâce à la force aérienne et navale des États-Unis. Belle démonstration de la puissance de l'UE.

Et quand France et GB se plaignent d'une activité insuffisante de l'Otan, Espagne et Italie s'empressent d'affirmer qu'elle est parfaite !

 

Sur un seul point, l'UE semble fonctionner : renforcer Frontex pour limiter la venue de réfugiés de Libye ou de Tunisie. Mais dés que ceux-ci ont débarqué sur le sol européen, à nouveau la discorde apparaît sur le sort qui doit leur être réservé.

 

Reste« l'ingérence humanitaire » dont l'UE voudrait se charger avec peut-être l'appui de l'Allemagne qui accepterait de fournir les troupes au sol pour en assurer la protection.

 

Il faut attendre la fin de l'histoire pour voir qui tirera bénéfice de cette intervention. En tout état de cause, il y a peu de chances que ce soit l'UE. Ni en cas de succès, ni en cas d'échec. Et de quoi se souviendront les peuples africains ?

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