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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 14:41

 

En attribuant le prix Nobel de la Paix à l'Union européenne, le Comité Nobel a voulu essentiellement saluer son rôle dans la paix entre l'Allemagne et la France après une période de 70 ans qui a vu ces pays s'affronter 3 fois, dont 2 ayant entraîné des guerres mondiales.

 

Il a voulu dans le même temps mettre en relief son rôle dans l'évolution démocratique de pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal et aujourd'hui la Turquie. Il a rappelé les exigences démocratiques pour l'accueil des pays de l'Europe centrale et orientale après la chute du Mur et dans la réconciliation dans les Balkans, en passant sous silence sa relative impuissance dans les conflits de l'ex-Yougoslavie...

 

Bien sûr, le rôle réel de l'UE dans chacune de ces questions peut être, légitimement, discuté. Certains avancent que c'est la paix qui a favorisé l'UE plus que l'inverse. On pourrait dire de même que c'est la volonté de réconciliation franco-allemande qui a entraîné et entraîne encore les avancées vers l'UE. Que le parapluie étasunien et la menace soviétique ne sont pas pour rien dans l'histoire des 6 dernières décennies. Et l’implosion de l'Union soviétique dans la démocratisation de l' ancien bloc soviétique européen..

 

Le Comité ne fait aucune allusion au rôle de l'UE dans la paix dans le monde. Cela lui évite de pointer « la non-politique étrangère conduite par la Britannique Catherine Ashton » (Le Monde 14-15/10/12) dont elle n'est pas la seule responsable, les interventions militaires de certains de ses membres qui ne sont pas obligatoirement gage de paix, pas plus que les ventes d'armes.

 

Ni sur la qualité de la démocratie européenne où seul le Parlement est élu au suffrage universel et où la consultation des peuples est savamment évitée lors des décisions importantes.

 

Le Comité note que « l'UE rencontre actuellement des difficultés économiques graves et des troubles sociaux considérables » en oubliant sa responsabilité, notamment avec le dernier traité, et les conséquences qui peuvent en découler : division et éclatement de l'Union, éloignement des peuples de la construction européenne, montée populiste et d'extrême droite qui peuvent conduire à des situations proches de celles des années trente.

 

Il était peut-être judicieux de rappeler que les valeurs de l'UE ne reposent pas dans une politique économique qui, en réalité la met en danger, mais que l'identité profonde de l'UE est la démocratie et la paix qui passent probablement par une autre politique économique. Le Comité ne le dit pas explicitement. Il serait bon que les instances européennes et les gouvernements l'entendent cependant.

 

« L'Europe, quel numéro de téléphone » demandait, ironiquement, le secrétaire d’État étasunien Kissinger. C'est la question que doit se poser, concrètement, le Comité Nobel au moment de choisir le récipiendaire du prix. A moins d'affréter un avion spécial pour recevoir collectivement tous ceux qui se bousculent au portillon depuis les présidents de ceci ou de cela : le président du PE, seul organe élu au suffrage universel, Martin Schulz, de la CE, José Manuel Barroso, du Conseil européen, Herman Van Rompuy, du Conseil de l'UE, de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker) les 27 chefs d’État ou de gouvernement, les anciens présidents (Romano Prodi, Jacques Delors...), les historiques (Helmut Kohl, Giscard d'Estaing...). Cet éventail témoigne plus de la diversité que de l'unité de l'Union européenne.

 

Pour les départager, Cecilia Malström , commissaire européenne aux affaires intérieures posait la question « Pourquoi ne pas inviter 27 enfants à Oslo pour recevoir le prix ? ». Cela ferait 27 heureux, presque autant de frustrés mais aucun jaloux.

 

The Nobel Peace Prize for 2012

The Norwegian Nobel Committee has decided that the Nobel Peace Prize for 2012 is to be awarded to the European Union (EU). The union and its forerunners have for over six decades contributed to the advancement of peace and reconciliation, democracy and human rights in Europe.

In the inter-war years, the Norwegian Nobel Committee made several awards to persons who were seeking reconciliation between Germany and France. Since 1945, that reconciliation has become a reality. The dreadful suffering in World War II demonstrated the need for a new Europe. Over a seventy-year period, Germany and France had fought three wars. Today war between Germany and France is unthinkable. This shows how, through well-aimed efforts and by building up mutual confidence, historical enemies can become close partners.





In the 1980s, Greece, Spain and Portugal joined the EU. The introduction of democracy was a condition for their membership. The fall of the Berlin Wall made EU membership possible for several Central and Eastern European countries, thereby opening a new era in European history. The division between East and West has to a large extent been brought to an end; democracy has been strengthened; many ethnically-based national conflicts have been settled.

The admission of Croatia as a member next year, the opening of membership negotiations with Montenegro, and the granting of candidate status to Serbia all strengthen the process of reconciliation in the Balkans. In the past decade, the possibility of EU membership for Turkey has also advanced democracy and human rights in that country.



The EU is currently undergoing grave economic difficulties and considerable social unrest. The Norwegian Nobel Committee wishes to focus on what it sees as the EU's most important result: the successful struggle for peace and reconciliation and for democracy and human rights. The stabilizing part played by the EU has helped to transform most of Europe from a continent of war to a continent of peace.


The work of the EU represents "fraternity between nations", and amounts to a form of the "peace congresses" to which Alfred Nobel refers as criteria for the Peace Prize in his 1895 will.

Oslo, 12 October 2012

 

 

Le Prix Nobel de la Paix pour 2012

Le Comité Nobel norvégien a décidé que le Prix Nobel de Paix pour 2012 doit être attribué à l'Union européenne (UE). L'Union et ses précurseurs ont pendant plus de six décennies contribué à l'avancement de paix et la réconciliation, la démocratie et des droits de l'homme en Europe.

 

Dans les années de l'entre-deux-guerres, le Comité Nobel norvégien a récompensé plusieurs personnes qui cherchaient la réconciliation entre l'Allemagne et la France. Depuis 1945, cette réconciliation est devenue une réalité. Les souffrances affreuses durant la Deuxième Guerre mondiale ont démontré le besoin d'une nouvelle Europe. Au cours d'une période de soixante-dix ans, l'Allemagne et la France s'étaient combattues dans trois guerres. Aujourd'hui la guerre entre l'Allemagne et la France est impensable. Cela montre comment, par des efforts bien orientés et en créant la confiance mutuelle, des ennemis historiques peuvent devenir de proches associés.

Dans les années 1980, la Grèce, l'Espagne et le Portugal ont rejoint l'UE. L'introduction de la démocratie était une condition de leur adhésion. La chute du Mur de Berlin a rendu l'adhésion à l'UE possible pour plusieurs Pays de l'Europe de l'Est et Centrale, ouvrant ainsi une nouvelle ère dans l'histoire européenne. La division entre l'Est et l'Ouest est en grande partie terminée ; la démocratie a été renforcée ; beaucoup de conflits nationaux basés sur le plan ethnique ont été réglés.


L'admission de la Croatie comme membre l'année prochaine, l'ouverture de négociations d'adhésion avec le Monténégro et l'octroi du statut de candidat à la Serbie renforcent le processus de réconciliation dans les Balkans. La décennie passée, la possibilité d'adhésion de l'UE pour la Turquie a aussi favorisé la démocratie et des droits de l'homme dans ce pays.

 

L'UE rencontre actuellement des difficultés économiques graves et des troubles sociaux considérables. Le Comité Nobel norvégien souhaite mettre en relief ce qu'il voit comme le résultat le plus important de l'UE : la lutte réussie pour paix et réconciliation et pour démocratie et les droits de l'homme. La part de stabilisation jouée par l'UE a aidé à transformer la plus grande partie de l'Europe d'un continent de guerre en un continent de paix.


Le travail de l'UE représente "la fraternité entre des nations" et s'élève à une forme "de congrès de paix" auquel Alfred Nobel se réfère comme critère pour le Prix de Paix dans sa volonté de 1895.


Oslo, le 12 octobre 2012

(traduction « reverso » et P.O.)

 

 

 

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commentaires

P
salut,<br /> je suis relativement d'accord avec toi pour juger, en cette occasion, du rôle de l'UE du point de vue de la paix en Europe et dans le monde, certes sans oublier les guerres mais aussi en comparant<br /> à avant.<br /> Je suis plutôt géné par les réactions du type Attac qui se place sur le plan économique, des traités surfant sur le libéralisme économique. Ce n'est évidemment pas faux, mais la question n'est pas<br /> là.<br /> Pierre
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