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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 23:13

 

 

 

 

Les parlementaires européens ont approuvé à une très forte majorité (506 voix contre 161 et 23 abstentions), une résolution présentée par le PPE, le PSE, les Libéraux, les Verts et la GUE qui rejette le budget européen adopté, après de longues négociations, par le Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement.

 

Les chefs d'Etat et de gouvernement affirment que la réponse à la crise doit être un renforcement de l'Union et proposent un budget d'affaiblissement de cette Union ! Même si le montant de ce budget reste, dans toutes les propositions, à la limite du ridicule : 0,9%, 1%, 1,1% ou 1,2% du PIB européen, 67 centimes par Européen et par jour (Libération 23/11/12.). Mais les variations gardent leur importance au niveau symbolique.

 

Ce coup d'éclat du PE n'est pas anecdotique. Il a été rendu possible par le traité de Lisbonne qui donne au PE un pouvoir de codécision sur le budget européen. Malgré toutes les pressions, officielles ou discrètes, à un an des prochaines élections, les parlementaires ont désavoué leurs chefs de gouvernement.

 

Le contrôle du budget est la « mère » des batailles politiques et démocratiques. Les Parlements ont souvent été institués pour consentir à l'impôt au nom des peuples qu'ils représentent et la discussion du budget est l'instrument essentiel d'élaboration des politiques et de contrôle de l'exécutif. La PE est-il sur cette voie ?

Au delà du rejet du budget qui a fait événement, en parcourant la résolution, il apparaît que le PE soulève des questions essentielles :

  • Et tout d'abord le rôle du Parlement lui-même qui refuse de n'être qu'une chambre d'enregistrement : « les négociations sur des éléments soumis à la procédure législative ordinaire ne sauraient être préemptées par les conclusions du Conseil européen ».
    Il affirme sa détermination « d'exercer pleinement ses prérogatives législatives, telles qu'elles sont fixées par le traité de Lisbonne » et vouloir « de véritables négociations avec le Conseil », le vote ne venant « qu'après la conclusion heureuse de négociations substantielles avec le Conseil ».
     

  • Le deuxième point porte sur la nature même du budget et on s'éloigne quelque peu de la bataille de boutiquiers qu'a donné à voir le Conseil.
    Le budget doit être « 
    un budget moderne, prévoyant, souple et transparent, qui puisse produire de la croissance et des emplois et combler le fossé entre les engagements politiques de l'UE et ses moyens budgétaires », en augmentant « substantiellement ses investissements dans l'innovation, la recherche et le développement, les infrastructures et la jeunesse... le changement climatique et l'énergie... l'inclusion sociale... »

  • Un troisième point porte sur la nécessité d'un « accord sur une réforme en profondeur du système de ressources propres »; qui « réduise la part dans le budget de l'Union des contributions fondées sur le revenu national brut (RNB) à un maximum de 40 % et mette fin à tous les actuels rabais et autres mécanismes de correction » notamment avec « la taxe sur les transactions financières devraient être affectées, du moins en partie, au budget de l'Union, en formant de véritables ressources propres ».

Avec ces prises de position, le PE joue pleinement son rôle en faveur d'un budget européen contrairement à celui présenté par le Conseil et il n'est guère étonnant que celui-ci ait reçu le soutien essentiellement des eurosceptiques et autres conservateurs....

 

Ce n'est pas un coup d'Etat démocratique. Il n'y a pas eu de déclaration fracassante, type « serment du jeu de paume » et le PE se place dans le cadre des institutions, c'est à dire d'une nouvelle négociation entre le Conseil et le Parlement pour aboutir à un compromis. Le Parlement avance des conditions qui n'ont rien de révolutionnaire mais qui promettent, si le Parlement maintient ses positions, un véritable bras de fer.

 

Le moment est favorable au Parlement. En l'absence de compromis, le budget de 2012 serait reconduit pour 2013 et serait dans le débat des prochaines élections européennes avec les questions politiques importantes que pose la résolution : rôle du PE, ressources propres pour le budget, mise en cohérence du budget avec les propos sur l'avenir de l'Union...

 

Le moment est, peut-être, moins favorable pour les parlementaires qui, bien qu'appartenant au même parti, votent contre la politique de leur gouvernement ce qui risque de peser lourdement sur leur désignation comme candidats aux prochaines élections avec un scrutin de liste...

Si un compromis n'est pas trouvé, cette opposition du PE et du Conseil pourrait être mis sur sur la place publique et faire entrer en jeu les peuples de l'UE qui sont les grands absents du débat.

On peut tenir pour négligeable la lutte de la Confédération européenne des syndicats aussi discrète qu'un lobby et beaucoup moins efficace, qui « réussit » à rassembler quelques milliers de personnes à Bruxelles contre l'austérité quand de vraies manifestations de masse se déroulent dans de multiples pays de l'UE.



Le Parlement européen est la seul instance européenne élue au suffrage universel direct avec une participation populaire qui diminue à chaque nouvelle consultation. Probablement sensible à cette progressive désaffection, le Parlement pense améliorer sa « légitimité démocratique »en demandant qu'après la consultation de 2014, le PE et la CE puissent « reconfirmer les priorités budgétaires de l'Union » et même envisager une « révision complète et obligatoire ».

Le projet de budget du Conseil, compromis entre chefs d'Etat et de gouvernement, a été présenté comme LE budget qu'allait adopter le Parlement alors que celui-ci avait annoncé son opposition « en l'état ». Le passage en force a échoué.
Dans la résolution du PE, l'accent a été mis sur le REJET. Mais le ton, le contenu de la résolution sont au moins aussi importants que le rejet et, au moins, donnent un sens à ce rejet.
Quelle peut être la ligne du compromis entre ce budget et cette résolution ? Si le PE veut persister non seulement dans le paraître mais dans sa recherche d'une voie démocratique pour l'UE, il faut espérer qu'il refusera un compromis - une des 50 nuances du gris – incompréhensible.

A défaut sa relative légitimité comme celle du Conseil continuera à faiblir. Et les peuples à se détacher de l'Union européenne. Jusqu'à l'explosion ?

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12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 10:16

François Hollande n'a pas voulu faire la même erreur que François Mitterrand : « la relance dans un seul pays », ce qui l'avait rapidement conduit à un virage et à rentrer dans le rang.

Comme Mitterrand, il n'a pas voulu rompre avec l'Union européenne. Il a annoncé qu'il refuserait de soumettre le pacte fiscal dans sa forme originale à l’Assemblée nationale et qu'il obtiendrait auparavant un volet «  relance  ». M. Schockenhoff, député allemand et vice-président du groupe CDU/CSU, président du groupe franco-allemand, a répondu que le pacte pouvait être modifié « dans sa rhétorique », non dans sa « substance  ». « Nous pouvons y mettre un beau paragraphe sur la croissance. Nous pouvons aussi répéter de nouveau ce qui y est déjà dit avec d’autres mots et en expliquant que nous nous engageons aussi à nous préoccuper de la croissance. Comme ça, Hollande pourra dire chez lui : ’J’ai fait en sorte que le pacte budgétaire traite de croissance’. » http://www.euractiv.fr/election-presidentielle/pacte-budgetaire-allemagne-prepare-arrivee-hollande-14444.html

 

C'est effectivement ce qu'il s'est passé. François Hollande a, finalement, assumé au nom de la France la signature, par son prédécesseur, du Pacte de solidarité et de croissance. Sans pouvoir réellement l'infléchir. Ce que, fraîchement élu, il disait avoir réussi au sommet de juin 2012 et qui n'a été entériné ni en novembre ni, encore moins, en janvier 2013.

 

Pour avancer, il a rompu son isolement en constituant un front de la relance avec, essentiellement, Mario Monti (pourtant un eurocrate) et Mariano Rajoy (pourtant un conservateur) face à la coalition libéro-vertueuse regroupée derrière Angela Merkel : coalition renforcée par le Royaume-Uni et David Cameron. Dont l'énergie a été récompensée, faisant de cette alliance un groupe plus libéral qu'européen.

 

En plus, au delà de leurs sentiments personnels, Angela Merkel comme David Cameron, pour gagner les prochaines élections, doivent tenir compte de la montée de l'euroscepticisme dans leur propre camp : UKIP (United Kingdom Independence Party = Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni ) et Alternative für Deutschland (Alternative pour l’Allemagne)..http://www.endzeit-news.org/neue-partei-alternative-fur-deutschland-will-euro-abschaffen/

 

François Hollande a refusé l'affrontement et la croissance reste un voeu pieux. Il a accepté le pacte que beaucoup, non seulement à gauche, estiment catastrophique pour la croissance et pour les peuples de l'Union.

 

Face au R-U de Cameron et à l'Allemagne de Merkel, la France de Hollande ne fait pas le poids. N'est pas de Gaulle qui veut. L'Europe et la France d'aujourd'hui ne sont pas celles d'hier.

La seconde guerre mondiale est finie. Et l'après guerre aussi. Les politiques au pouvoir aujourd'hui sont nés après la guerre ! Le passé historique a cédé au présent économique. La solidarité de l'après-guerre a fait place à l'individualisme, la vision communautaire de l'Europe aux égoïsmes nationaux. Et le libéralisme triomphe..
Le dernier sommet européen en est la preuve évidente. Pour la première fois le budget de l'Union européenne a été revu à la baisse. Et chaque chef d'Etat n'a parlé que de ses intérêts d'Etat réels ou supposés. Aucun n'a incarné une vision à long terme de l'Union européenne et aucune instance européenne. Reste, peut-être, le Parlement européen.

 

Hollande, sans dire ouvertement qu'il ne respectera pas le pacte, avance en traînant les pieds. Il sait qu'il a des alliés. Les « pays du club med », mais aussi la politique économique des États-Unis, les déclarations des plus grands économistes et même, dans une certaine mesure, le FMI.

 

N'ayant pas réussi à entraîner l'Union européenne dans une politique de relance, il doit élargir le nombre de ses alliés, notamment les PECO (pays de l'Europe centrale et orientale), ces alliés traditionnels de la France, bêtement méprisés par Jacques Chirac. Ils ont adhéré à l'UE à défaut de pouvoir adhérer directement aux États-Unis, ils sont séduits par la puissance allemande et sa réussite économique dont, comme les autres, ils pâtiront un jour.

 

François Hollande espère dans une reprise qui tarde mais qui lui permettrait une autre politique économique et d'avancer vers le respect des critères de Maastricht, de façon peut-être plus efficace et surtout moins douloureuse.

Cette reprise pourrait venir des États-Unis ! « Avec les nouvelles surprenantes qui s'accumulent, l'économie américaine semble se relever de la crise plus vite que prévu. Chômage en nette baisse, des indices boursiers en pleine forme... Cette semaine a vite chassé les inquiétudes occasionnées par le déclenchement des coupes budgétaires automatique. Malgré une alerte avec une chute de la croissance du dernier trimestre 2012, la première puissance mondiale a retrouvé une forme de tous les diables. » http://www.huffingtonpost.fr/2013/0...

 

Jusqu'à maintenant, au niveau institutionnel, seul le Parlement européen a joué son rôle dans le débat sur le budget. Traduira-t-il ses déclarations fortes par un rejet du budget européen ? Etant donné que la presque totalité des gouvernements sont de droite, le risque est grand que les députés refusent de déjuger leurs gouvernements !


Refuser de voter le budget serait loin d'être une catastrophe. Ce serait même un bienfait à plusieurs titres.
Comme l'a fait remarquer Cohn-Bendit, si le vote du PE est positif, le budgets annuel de l'UE est adopté pour 7 ans ! Deux mandatures du PE. Avec une législation de ce type, le budget de la France voté en 2012 par la majorité UMP serait valable pour toute la présente mandature et le début de la suivante !

Plus grave, en adoptant ce budget pour 7 ans, le Conseil semble dire que la crise va durer 7 ans et qu'il ne faut pas prévoir un développement budgétaire de l'Union européenne pendant cette même période ! C'est un message clair de régression européenne. Budget de crise ou budget de croisière anti européen ?

 

Si le PE rejette le budget adopté par les le Conseil, le budget de 2012 sera reconduit en 2013, puis, éventuellement, en 2014... Ceci aurait l'énorme intérêt de placer le budget de l'UE au centre du débat des élections européennes de 2014. Enfin, une élection européenne pourrait avoir comme objet central l'Union européenne et son budget ! Ce serait donner aux peuples de l'Union une partie du pouvoir qui leur a toujours été refusé. Ce pourrait être l'occasion de l'ouverture d'un espace public européen !

 

Perspective intéressante. Mais les peuples auront-ils la patience d'attendre et de subir jusque là. A chaque fois qu'ils en ont la possibilité, ils disent leur opposition à la politique suivie : en votant pour l'opposition ou en s'abstenant parce qu'ils pensent que l'opposition ne fera pas mieux ou en votant pour ceux que les « compétents » qui ont la solution à tous les problèmes depuis des années, appellent des « clowns »...

Et, au delà des élections, les peuples de l'Union se révoltent tour à tour, de la Grèce au Portugal, de l'Italie à la Bulgarie, séparément dans de nombreux pays de l'Union. Mais ces révoltes sont séparées. Dispersées. L'indignation est partout. Sans véritable printemps européen. Pour tout chambouler. Jusqu'à quand ?

 

Car si malgré une crise financière qui dure maintenant depuis 5 ans , l'euro se porte bien grâce notamment à une décision de Mario Draghi, la cure d'austérité entraîne de lourds sacrifices pour les populations sans ouvrir de perspectives, d'espérance pour les peuples.

 

Il n'y a pas d'espace politique européen, les élections européennes de 2014 pourraient ouvrir un tel espace. Il n'y a pas « d'espace social » européen. Mais de multiples espaces nationaux politiques ou sociaux. Les peuples du nord de la Méditerranée sauront-ils créer des réseaux sociaux européens nécessaires pour aller au delà des « indignés » et ouvrir la voie à une Europe de la solidarité.

 

Paradoxalement, le salut viendra-t-il de la révolte des peuples contre les gouvernements fossoyeurs de l'Europe au profit du libéralisme ? Sur quelles forces peuvent-ils compter ?

 

Il est permis de rêver.

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3 mars 2013 7 03 /03 /mars /2013 09:09

 

 

Les résultats des élections en Italie sont une réponse claire et nette à Angela Merkel et à tous les eurocrates européens qui avaient mis en selle et soutenaient le seul Monti, technocrate certifié.

 

Quand ils le peuvent les peuples de l'UE disent leur opposition à la politique suivie en Europe. Ils l'ont dit quand ils ont été consultés par référendum. On n'en a pas tenu compte. Ils le disent lors de toutes les élections en votant pour l'opposition qui, arrivée au gouvernement, fait, malheureusement, la même politique que la majorité sortie. Ou s'en éloigne peu.

 

C'est Viviane Reding, commissaire à la justice, eux droits fondamentaux et à la citoyenneté qui constate :« Plus de la moitié des Européens (68%) estiment que leur voix ne compte pas en Europe – cela doit changer. » (Toute l'Europe 10/01/13).

 

Mais cela ne change pas. Dans tous les résultats des différentes consultations, les eurocrates ne veulent voir que l'expression d'un vote contre l'Europe alors qu'il s'agit surtout d'un vote contre la politique européenne. Et ils persistent dans cette politique, néolibérale qui sévit d'ailleurs à l'échelle mondiale, ils vont droit vers une explosion sociale généralisée qui aboutira à l'explosion de l'Union européenne.

 

C'est cette cécité des « compétents » de droite ou de gauche, qui conduit les électeurs à donner leur voix, quand c'est possible, à des candidats hors système tandis que le taux d’abstentions augmente : de 5 points lors des dernières élections italiennes. Le taux de participation diminue de façon constante à l'échelle de l'UE, lors des élections européennes.

La participation aux élections de 2014 sera probablement plus élevée, étant donné le degré d'exaspération sociale dans tous les pays, et le nombre d'eurosceptiques, pour rester modéré, au futur parlement.

L'alliance des eurocrates et des néolibéraux risque de défaire la belle idée d'Union européenne.

 

Taux de participation aux élections au PE, en moyenne, sur l'UE et %

1979

1984

1989

1994

1999

2004

2009

63

61

58,5

56,9

49,8

45,6

43

Alter éco Hors série 2° trimestre 2013

 

En Italie, aux dernières élections, s'il n'y a pas de vainqueur qui puisse exercer, seul, le pouvoir, il est un vaincu indiscutable : le sérieux Mario Monti avec 9,13% des voix aux élections sénatoriales et 10,53 aux élections à la Chambre (1).


Le M 5 Stelle de Beppe Grillo fait une percée remarquée : premier à la Chambre, devant le Parti démocrate, et deuxième au Sénat, derrière ce même parti, pour le nombre de voix : finalement battu à la Chambre et au Sénat par les deux coalitions de gauche (Bersani) et de droite (Berlusconi).

Mais faute d'une majorité absolue au Sénat, la coalition de gauche ne pourra former qu'un gouvernement minoritaire et devra, pour gouverner, avoir l'appui de sénateurs d'autres organisations. Cela vaut la peine d'aller voir le programme de ce mouvement « populiste » (2).

 

Devant cette situation, certains parlent de probables nouvelles élections dans les mois qui viennent, après une réforme du mode de scrutin (3), et même d'une possible mise sous tutelle (Corriere della Sera) de la part de la troïka UE-BCE-FMI (Sole 24 Ore)  de ce peuple ingouvernable. Comme si Mario Monti n'avait pas été mis là, déjà, comme « tuteur » probablement pour une durée trop brève.

Comme si les tutelles rencontraient ailleurs des succès incontestables comme au Portugal... La troïka évalue, pour la 7e fois, les efforts de réforme entrepris par le Portugal alors que le quotidien libéral Público estime qu'il faut réajuster un programme qui « a lamentablement échoué… » (Eurotopics 26/02/13).

Comme si l'austérité forcenée imposée à la Grèce depuis 4ans était un succès :« sa dette publique est passée de 239 milliard d'euros en 2007 à 348 milliards en 2012, soit de 107% à 188% du PIB grec. En dépit de l'annulation de quelques 100 milliards d'euros de dette en 2012 ! De même, la dette espagnole s'est accrue de 146 milliards d'euros l'an dernier, plus 17 points de PIB par rapport à 2011 ! » (Alter éco mars 2013.). Sans parler des effets de ces mesures sur l'ensemble de la population.

 

Bien entendu, les « compétents » s'empressent de dénoncer comme « populistes » tous ceux qui n'acceptent pas « tina » (there is not alternative, il n'y a pas d'alternative). Ils mettent en place les anciens de Godman Sachs (en Grèce comme en Italie) qui, bien évidemment, donnent satisfaction aux marchés. Et apportent l'austérité aux peuples.

Mais ce sont les électeurs qui, encore, votent pour leur gouvernement, ils répondent comme ils peuvent face au « diktat austéritaire européen». L'essayiste Stefano Casertano traduit la réponse du peuple italien  : « Le principe est simple : que détestent les Italiens ? L'austérité. Qu'a promis Berlusconi ? La fin de l'austérité. … Voter pour Berlusconi, c'est s'exprimer contre l'Allemagne… Vous nous avez apporté l'austérité, nous vous apportons Berlusconi ». (The European (26/02/13) et Beppe Grillo, aurait-il pu ajouter.

 

Les choses sont dites clairement : "la méfiance à l’égard de la monnaie unique et à l’égard des sacrifices imposés par l’UE (ou par l’Allemagne ?) a produit une nouveauté sans précédent dans notre histoire politique : un Parlement dans lequel le sentiment anti-européen devient pour la 1ère fois majoritaire. (..). Cette convergence singulière sous le signe d’une autre Europe est possible’ est très significative. Parce que, en attendant de trouver cette autre Europe, elle se traduit en hostilité à l’égard des institutions communautaires actuelles" (Sole 24 Ore)

Croire que ce désamour de l'Union européenne et de sa politique, est un phénomène réservé à quelques pays du sud de l'Union serait une erreur. Aucun pays de l'Union européenne ne peut aujourd’hui lancer un référendum sur l'Union ou sur l'euro. Ils le perdraient dans probablement tous les pays de l'Union. Parce que la politique de l'Union est mauvaise.

Et les gouvernements eux-mêmes voteraient non. Ils ont d'ailleurs voté non au dernier sommet de Bruxelles avec, pour la première fois, un budget en retrait. Avec une réunion de chefs d’État ou de gouvernement qui n'ont pensé qu'à défendre ce qu'ils appellent leurs « intérêts nationaux », qui ne sont que les intérêts de certains. La défense par la France de la PAC (politique agricole commune) est elle la défense des agriculteurs ou de certains agriculteurs ? Nul n'a fait entendre la voix de l'Europe. Nul n'a montré la voie européenne.

L'euro est le plus fort. Le marché européen est le plus important. Mais l'idée européenne s'affaiblit de jour en jour. Le scrutin italien est le dernier avertissement en date, venant du plus européophile des peuples de l'Union.

 

1 – Résultat des élections italiennes

Chambre (assemblée nationale)

Coalition de centre gauche de Pier Luigi Bersani : 29, 54 % (340 sièges) Parti démocrate (PD, social démocrate) : 25, 4 % (292 sièges) Gauche, écologie et liberté (SEL, gauche radicale) : 3, 2 % (37 sièges) Centre démocrate : 0, 5 % (6 sièges) Parti populaire du Tyrol du Sud (SVP, conservateur et régionaliste) : 0, 4 % (5 sièges)

Coalition de droite de Silvio Berlusconi : 29, 18 % (124 sièges) Peuple de la Liberté (PdL, conservateur) : 21, 6 % (97 sièges) Ligue du Nord (LN, extrême droite, régionaliste) : 4, 1 % (18 sièges) Frères d’Italie (issu d’une scission du PdL) : 1, 95 % (9 sièges) Les autres formations de la coalition n’ont pas obtenu suffisamment de votes pour prétendre à un siège.

Mouvement 5 étoiles de Giuseppe Piero Grillo : 25, 55 % (108 sièges)

Coalition de centre droit de Mario Monti : 10, 56 % (45 sièges) Choix civique avec Mario Monti pour l’Italie : 8, 3 % (37 sièges) Union du Centre (UDC) : 1, 8 % (8 sièges) Futur et Liberté (FIL) : 0, 46 % (0 siège)

Révolution civile d’Antonio Ingroia (centre gauche) : 2, 24 % (0 siège). Agir pour arrêter le déclin (libéraux) : 1, 1 % (0 siège)

Sénat (315 sièges)

Coalition de droite de Silvio Berlusconi : 30, 72 % (116 sièges) Peuple de la Liberté (PdL, conservateur) : 22, 3 % (98 sièges) Ligue du Nord (LN, extrême droite, régionaliste) : 4, 33 % (17 sièges) Frères d’Italie (issu d’une scission du PdL) : 1, 92 % (0 siège) Le Grand Sud (autonomistes) : 0, 39 % (1 siège) Les autres formations de la coalition n’ont pas obtenu suffisamment de votes pour prétendre à un siège.

Coalition de centre gauche de Pier Luigi Bersani : 31, 63 % (113 sièges) Parti démocrate (PD, social démocrate) : 27, 43 % (105 sièges) Gauche, écologie et liberté (SEL, gauche radicale) : 3 % (7 sièges) Centre démocrate : 0, 53 % (0 siège) Le mégaphone - Liste Crocetta : 0, 45 % (1 siège) Parti socialiste italien : 0, 18 % (0 siège) Moderati : 0, 04 % (0 siège)

Mouvement 5 étoiles de Giuseppe Piero Grillo : 23, 79 % (54 sièges)

Coalition de centre droit de Mario Monti : 9, 13 % (18 sièges)

Révolution civile d’Antonio Ingroia (centre gauche) : 1, 79 % (0 siège). Agir pour arrêter le déclin (libéraux) : 0, 90 % (0 siège) Les autres listes n’ont pas obtenu suffisamment
Source : http://www.euractiv.fr/institutions/elections-italie-resultats-monti-berlusconi-grillo-bersani-18236.html

 

2 - Les vingt propositions principales du programme des grillini.
L'introduction d'un revenu de citoyenneté.
Des mesures immédiates pour les PME et les TPE.
Une loi anti-corruption plus forte.
La numérisation et la simplification de l’État
L'abolition du financement public des partis politiques.
L'introduction d'un "polito-mètre",
pour mesurer les éventuels détournements d'argent des hommes politiques pendant les 20 dernières années.
L'introduction du référendum propositif et sans quorum nécessaire. Les Italiens ne peuvent proposer que des référendums pour abroger une loi existante.
Un référendum sur la sortie de l'euro.
L'obligation de discuter et de voter au parlement toute loi proposée par les citoyens.
La création d'une seule chaîne télévisée publique, sans publicité et indépendante du gouvernement.

L'élection directe des parlementaires à la Chambre des députés et au Sénat.
L'introduction d'une limite maximum de deux mandats pour les élus. L'interdiction d'exercer une autre profession durant le mandat électoral et de cumuler plusieurs charges. Tout citoyen qui a été condamné civilement ou pénalement ne peut pas être élu.
Une loi sur le conflit d'intérêts.
La réintroduction des financements des secteurs de la Santé et de l’Éducation publique.
L'abolition des financements publics de la presse.
L'accès gratuit à Internet.
L'abolition de l'impôt foncier (IMU) sur la première maison de propriété.
L'interdiction de recours à l'hypothèque de la maison principale pour garantir un prêt.
La suppression des provinces, les 110 départements italiens et la fusion des municipalités limitrophes de moins de 5 000 habitants. 
L'abolition d'Equitalia, la société publique et chargée de percevoir les impôts et taxes.

http://www.touteleurope.eu/fr/organisation/etats-membres/italie/actualite/actualite-vue-detaillee/afficher/fiche/6273/t/99832/from/4783/breve/les-vingt-idees-de-beppe-grillo.html?cHash=59f70ea97f

 

3 - Le mode de scrutin : La coalition de gauche est arrivée en tête, en voix, au Sénat et à la Chambre des députés. Mais la loi électorale du Sénat attribue les sièges sur une base régionale. La liste qui arrive en tête dans les régions dotées d’un grand nombre de sièges y obtient plus d’élus, même si, à l’échelle nationale, elle n’a pas la majorité des votes.
La coalition de gauche a la majorité absolue à la Chambre (340 élus sur 630, grâce à la prime de majorité) mais seulement 113 sénateurs alors que la majorité est de 158.

La coalition de droite n’a que 124 élus à la Chambre des députés et 116 sénateurs. Elle n’a aucune chance de réaliser une alliance qui puisse lui donner la majorité au Sénat et ni à la chambre. Mediapart 28/02/13.http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/270213/en-italie-la-gauche-tout-fait-pour-ne-pas-gagner

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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 07:24

 

Dans son discours de Londres, David Cameron a annoncé que le peuple britannique serait consulté sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne d'ici 2017. On ne peut que se féliciter qu'un gouvernement consulte son peuple sur l'UE. C'est si rare. Et si la question et les débats sont clairs, si on tient compte des résultats du vote, ce sera exceptionnel.

Pour le moment, cela apparaît d'abord comme une manœuvre pour gagner les élections législatives de 2015. Car David Cameron consultera le peuple britannique après ces élections. Or, pour les gagner, il a absolument besoin de l'appui de l'UKIP (United Kingdom Indipendence Party), parti antieuropéen qui a fait une percée significative lors des dernières partielles.

S'il gagne les élections, le référendum aura lieu... avant 2017. Mais après négociation avec l'UE pour s'attaquer à l'unité européenne et la pousser plus encore à être une zone de libre-échange, lignes constantes de la politique britannique.

 

N'ayant pas participé aux premiers pas de l'unité européenne et devant un certain succès, imprévu, de cette entreprise qui réunissait Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas (1957), les Britanniques ont tenté de la contrer en créant l'Association européenne de libre échange (AELE), en 1960, avec le Danemark, la Norvège, la Suisse, le Portugal, l'Autriche et la Suède, formant une Zone de Libre Échange sans barrière extérieure commune. Sans grand succès !

Ils se sont donc résolus à présenter leur candidature, refusée par de Gaulle, à deux reprises, 1963 et 1967, bien que, lui aussi, défavorable à une Europe supranationale, mais méfiant devant l'atlantisme du R-U. Qui a finalement adhéré en 1973 avec l'Irlande et la Suède.

Dès lors, sa politique a consisté à freiner tout approfondissement de l'union, notamment en poussant à l'élargissement. A saper toute solidarité (I want my money back). A revendiquer le droit de retrait (opting out) de l'application des décisions communautaires.
Façon habile d'influencer les décisions sans s'y soumettre : dedans pour les négociations, dehors pour l'application des décisions.

 

Dans sa volonté d'avancer dans la libéralisation de la zone euro, Angela Merkel veut mettre en place, sous sa férule, avec la complicité de certains gouvernements une coordination plus étroite des politiques pour forcer le peuples à accepter l'austérité, la flexibilité... Devant les difficultés dans les prises de décision à 27, demain à 28, certains proposent des « coopérations renforcées». Ce qui ne plaît pas à Londres..

 

Mais, hors zone euro, pour mener la même politique économique, il n'est étonnant que Angela Merkel ait déjà parlé de « fair compromise » avec David Cameron. La politique est la même si les moyens sont différents.

 

La crise et son traitement libéral entraînent la grogne dans tous les peuples de l'UE qui se traduit par une montée des populismes dans les partis d'opposition mais aussi de gouvernement. Jouant sur ce repli national, David Cameron propose la rétrocession des compétences de Bruxelles à Londres et veut réduire le budget de l’UE.

 

Le référendum britannique est une menace de sortie de l'UE si certaines revendications de Londres ne sont pas satisfaites. Il y a fort à parier qu'elles le seront (« fair comproise »). Londres obtiendra encore des reculs, des ajournements, des exceptions non dans sa participation aux décisions mais dans ses engagements. Et restera au sein de l'UE. David Cameron l'a dit. Il souhaite " une Europe plus compétitive, plus ouverte et plus flexible ». Angela Merkel aussi. Dans laquelle le R-U aurait pleinement sa place ! Il veut seulement réussir à 27 ce que Londres n'a pu réaliser avec l'AELE.

Faire de l'UE simplement une zone de libre échange.

 

A moins que ceux qui sont pour une Europe de la croissance durable et solidaire ne se fassent entendre. Mais en France, la finance ennemie, c'était l'an dernier. Et ailleurs, les gouvernements sont plus tentés par le populisme que par la solidarité.

 

A moins que la colère des peuples réussisse à se faire entendre. Que les peuples refusent de subir le néolibéralisme, l'austérité, la flexibilité, sous la forme européiste (Angela Merkel) ou à la sauce antieuropéenne (David Cameron, populistes).

Tous ensemble.

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3 novembre 2012 6 03 /11 /novembre /2012 10:55

 

 

L'Union européenne (UE) a changé de religion. Elle est passée de la Trinité au tout aussi mystérieux 3% dont la pratique essentielle consiste à produire pour exporter suivant le modèle allemand qui fait feu de tout bois. Pour cela, il a fallu comprimer salaires, cotisations, allocations sociales...

 


L'Allemagne, exemplaire, exporte : machines outils aux pays émergents et voitures puissantes à leur bourgeoisie naissante. Elle a même trouvé, pour l’exportation, un gisement inattendu dans sa démographie.

Sa population diminue. En 2010, l'« accroissement naturel » était négatif, le nombre de décès était supérieur au nombre de naissances, de 180 000 personnes, partiellement compensé par une immigration de 130 200 personnes.

 

La population diminue et vieillit. Le nombre de personnes âgées augmente et elle manque de main d’œuvre. Elle doit faire appel à l'immigration ; elle est déjà parmi les pays qui ont la plus forte proportion d'immigrés dans l'UE.

Le phénomène n'est pas près de s'arrêter avec, en 2010, un taux de fertilité totale (nombre d'enfants par femme) de 1,39, un des plus faibles dans l'UE : seules l'Espagne, Malte et la Pologne avec 1,38, la Roumanie 1,33, la Hongrie 1,25 et la Lettonie 1,17 ont un taux inférieur.

 


Le nombre de personnes dépendantes augmente, les maisons spécialisées manquent de personnel, le coût est de plus en plus élevé pour les familles et les dépenses sociales. Les solutions sont multiples : soit utiliser la main d’œuvre étrangère, meilleur marché, soit délocaliser les établissement dans des pays de l'est ou ailleurs, soit exporter les personnes âgées dans des établissements qui se mettent en place dans ces pays. Dans ces établissements de qualité, quelquefois gérés par des Allemands, le coût est bien moindre : avec la retraite, même stagnante, et l'aide de l’État, les familles ont peu à débourser. Ces centres peuvent être plus ou moins éloignés, en Slovaquie, République tchèque, Hongrie, Espagne, Canaries ou même Thaïlande. Mais avec les moyens modernes de communications, la chaleur familiale peut toujours être transmise...
Certains envisagent même un partenariat d’État à État...

 


Seuls les pays riches et vieillissants de l'UE peuvent suivre cet exemple. Les autres doivent être créatifs ! Cela tombe bien. Malgré les « bonnes » politiques suivies, certains pays ont des jeunes à « exporter ». Ainsi, une ancienne présidente de la région de Madrid déclarait en septembre « si l'Allemagne a besoin de jeunes bien formés , Madrid peut les fournir ». L'Espagne n'est pas la seule. Entre le premier semestre 2010 et le second semestre 2011, le nombre d'immigrés en Allemagne, provenant d'Espagne et de Grèce a été multiplié, environ, par 3 : Espagne de 4 868 à 13 405 ; Grèce de 4819 à 14 889. (Le Monde 02/11/12).

 


Avec les politiques suivies depuis quelques années sur les conseils de la Troïka (FMI, BCE, UE), le chômage est florissant : en septembre 2012, 15,1 en Irlande, 15,7 au Portugal, 25,1 en Grèce, 25,8 en Espagne, et environ le double chez les jeunes. Avec les nouvelles émigrations, la population des 20-29 ans a diminué de 19,3% en Irlande, de 13,1% en Espagne, de 10,2% en Grèce, de 9,9% au Portugal, de 3,1% en Italie tandis qu'elle augmentait dans les pays les plus riches de l'UE : Allemagne +1,7%, France 1,8%, Finlande 2,1%, Autriche 2,5%, Pays-Bas 2,8%, Belgique 4,3%, Danemark 7,1%, Royaume-Uni 8,3%, Suède 12,3%.



Décidément, l'histoire et particulièrement l'histoire européenne est loin d'être un fleuve tranquille. Si un moment les pays du Sud de l'UE ont pu se réjouir de la chute des dictatures, de l'ouverture de l'Union à la main d’œuvre, un certain développement a permis l'arrêt de cette émigration vers les pas de l'UE et même le retour ce certains ou la transformation de pays d'émigration en pays d'immigration, voici à nouveau que la porte s'est ouverte par nécessité... Et pour combien de temps ?

Bien sûr, ces nouveaux émigrants ne vont pas seulement en Union européenne, ils se dirigent vers différents pays en fonction de données culturelles, linguistiques, diasporiques... Grecs en Australie, en Suède (demandes doublées par rapport à 2010), Irlandais pour le Canada, l'Australie, la Nouvelle Zélande ou en Asie, Portugais pour le Brésil, l'Angola, le Mozambique ou le nord de l'Europe.


En partant, ils donnent satisfaction à beaucoup de monde : ils diminuent les dépenses sociales, envoient de l'argent et font diminuer les chiffres du chômage (Grèce, Irlande, Portugal, Espagne, Italie la population en âge de travailler s'est réduite de 0,1 à 0,9%, elle a augmenté de 0,2% en Allemagne.


Certains ne cachent pas leur satisfaction. Dans cette ventilation de la main d’œuvre intraeuropéenne, ils veulent voir la constitution d'« un vrai marché du travail européen » !!! Le secrétaire d’État aux Finances irlandais, bon élève de la Troïka, veut servir de modèle à d’autres pays en crise. Avec un chômage en hausse, des salaires en baisse, le pays exporte ses produits dans le monde entier. Y compris des hommes !


En France, ceux qui songent à « s'exporter », ce sont les millionnaires persécutés. La France compte plus de millionnaires que n'importe quel pays européen, d'après le Crédit suisse.


Alors « l'humain » plus tard ? Ou simple variable d'ajustement ?

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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 19:38

 

RÉGIONS, ÉTATS, EUROPE

 

La revendication indépendantiste de régions de l'Union européenne (UE) pose différentes questions aux États concernés mais aussi à l'Europe institutionnelle.

Les dernières élections municipales ébranlent l'unité et peut-être l'existence de la Belgique avec la victoire en Flandres du parti indépendantiste (N-VA, Nouvelle Alliance flamande, droite). La question risque d'être aussi grave, à terme, en Espagne avec la revendication indépendantiste de la Catalogne et du Pays-Basque. Elle semble moins dramatique au Royaume-Uni (RU) avec la revendication de l'Écosse (RU) et, pour le moment, en Italie avec la Padanie qui rencontre d'autres difficultés.

 

L'aspiration des régions à l'indépendance

 

Au delà d'une revendication identitaire quelquefois très ancienne, la revendication nationaliste moderne s’appuie sur le refus d'une contribution, jugée excessive, au budget national dans le cadre d'une solidarité interrégionale. Elle est le fait de régions riches du nord (relativement) qui ne veulent pas payer pour les régions plus pauvres du sud.

 

Ces mouvements indépendantistes sont bien différents de ceux du XX ième siècle qui étaient, au contraire, le fait de pays pauvres du sud dominés par la puissance de la métropole dans le cadre colonial essentiellement. Ils les ont aussi remplacé dans l'actualité. La Padanie se fait plus entendre que la Sicile ou la Sardaigne.

 

Le contexte actuel de crise et des difficultés rencontrées, par les régions comme par les États, au niveau économique et budgétaire peut expliquer l'exacerbation fiscale de la nouvelle revendication d'indépendance. Elle risque, dans certains cas, d'accentuer les difficultés financières des États.

 

Au niveau européen, ces éventuelles indépendances, affaiblissant les États constitutifs de l'UE peuvent déboucher sur une articulations régions-États-Europe complètement différente et inattendue ou peut-être même sur des dissensions graves.

 

Flandre Belgique

 

Lors des élections municipales en Belgique, dans son dernier discours de campagne, Bart De Wever a été clair : "Nous en avons assez ! Assez d'être pris pour des vaches à lait. Nous n'en pouvons plus de l'immobilisme fédéral. Nous n'acceptons plus la mauvaise gestion économique." (Le Point 14/10/12). Pour le moment, il semble que les Flamands pourraient se contenter de la mise en place d'une confédération. Sa mise en place sera cependant compliquée par les contentieux linguistiques et territoriaux qui perdurent depuis des années. La marche vers l'indépendance semble entamée, mettant en question la survie de la Belgique, au moins dans sa forme actuelle.

 

 

 

 

Catalogne Espagne Pays-Basque

En septembre, une manifestation en faveur de l'indépendance de la Catalogne a rassemblé 1,5 million de Catalans dans les rues de Barcelone. Cette indépendance poserait de graves problème à l’Espagne car sa production constitue 20% du PIB espagnol. Mais la Catalogne est aussi la région la plus endettée de l'Espagne (42 milliards d'euros). Ici encore, les prélèvements de Madrid sont mis en cause : « Pour un euro expédié à Madrid, il en revient 43 centimes en Catalogne ». On croit entendre le célèbre « I want my money back » de Me Thatcher au niveau européen.

La Catalogne bénéficie déjà du statut de communauté autonome depuis des années et il n'est plus question de revendication linguistique. La Catalogne veut obtenir une diminution de sa contribution financière et le même régime que le Pays-Basque. Le gouvernement catalan entend gérer les prélèvements sur son territoire et verser ensuite une part à l'État pour les investissements dans les autres régions et les services de l'administration centrale.

Devant la réponse négative du gouvernement espagnol à cette revendication, l'exécutif catalan veut organiser un référendum sur l'accès à l'indépendance. Mais ce droit appartient au Parlement central qui refuse de le transférer au Parlement catalan. Ce qui pourrait inciter le Pays-Basque à une démarche similaire. Le référendum annoncé en Catalogne ne pourra donc être que consultatif.

Les Catalans pensent que, grâce à leur autonomie fiscale, les Basques transfèrent beaucoup moins aux finances nationales, ce qui leur a permis de relancer leur économie. Ils voudraient pouvoir en faire autant.

 

 

Un an après que l'ETA a mis fin à sa lutte armée, des élections ont eu lieu au Pays-Basque et, si les nationalistes conservateurs du PNV (nationalistes modérés) conservent leur première place au Parlement régional avec 27 députés sur 75, ils sont maintenant suivis par les indépendantistes (gauche) qui remportent 21 sièges, devant les socialistes 16 sièges et le Parti Populaire au pouvoir à Madrid, 10 sièges. Malgré le statut d'autonomie le plus favorable en Espagne, la pression indépendantiste va peser sur le gouvernement central. Le PNV a inscrit à son programme un nouveau statut d'autonomie pour 2015, avec des relations égalitaires avec Madrid, le transfert de nouvelles compétences et le droit à l'autodétermination (Le Monde 23/10/12).

 

Écosse Royaume-Uni

Les séparatistes sont également au cœur de l’actualité en Écosse. Les indépendantistes pensent que l’Écosse possède une culture propre, des systèmes bancaire, juridique et éducatif distincts de ceux de l’Angleterre et devrait se séparer du Royaume-Uniet recouvrer le statut indépendant dont elle jouissait avant 1707. Ici encore, l’Écosse, avec un PIB par habitant supérieur à la moyenne nationale britannique, se sent riche des ressources pétrolières de la Mer du Nord. Selon certains, le pétrole appartient à l’Écosse et ses revenus profitent plus aux autres régions. Cette richesse pétrolière renforce la revendication et la crédibilité de l’Écosse comme État indépendant.

Cependant, en 2008, la Royal Bank of Scotland a été renflouée par le gouvernement britannique au coût de 45 milliards de livres que l’Écosse, avec un PIB de 115 milliards, aurait pu difficilement, supporter.

Bien que le peuple écossais ait obtenu la dévolution des pouvoirs et retrouvé sa souveraineté sur la plupart des affaires intérieures, les nationalistes continuent à réclamer l'indépendance totale. Les Premiers ministres, écossais et britannique, ont signé un accord, le 15 octobre, pour l’organisation d’un référendumsur l’indépendance en 2014.

 

Padanie Italie

En Italie, les circonstances ne sont pas très favorables à la revendication d'indépendance de la Padanie. Les déboires de la Ligue du Nord, affaiblie par des affaires de corruption qui touchent aussi d'autres régions, permettent à Mario Monti et à son gouvernement, au moins pour un temps, de tenter un renforcement de l’État central.

 

La solidarité est mal cotée en bourse.

L'UE peut être perçue comme un dépassement des États nations pour donner à l'ensemble des États européens un rôle et une influence qu'ils ne peuvent plus avoir séparément. En ce sens, elle prolonge ces États autant qu'elle les dépasse. D'autre part, elle entretient des relations particulières avec les régions qui voient là une façon de contourner ou de s'affranchir de la tutelle nationale.
Et du devoir de solidarité nationale en diminuant leur contribution. Mais la solidarité n'est pas dans l'air du temps. Elle est attaquée de toutes parts.

Pour le moment, la solidarité s'exerce essentiellement au niveau national. Il suffit de rappeler que, en moyenne, les finances publiques de chaque pays européen absorbent autour de 50 % du PIB national contre environ 1% du PIB européen pour le budget de l'UE. L'indépendance des régions les plus riches risque ne contribuer à un affaiblissement de cette solidarité nationale.

Ce refus de solidarité ne touche pas que des régions. La solidarité européenne est aussi à la peine. C'est très visible dans le comportement des pays riches et vertueux du nord avec l’Allemagne en tête, suivie de la Finlande, des Pays-Bas face aux pays en difficulté du sud comme l'Espagne, le Portugal ou la Grèce. De même que dans le refus d'augmenter le budget propre de l'UE. Ou dans la remise en question, par mesure d'économie, du Programme alimentaire d'aide aux démunis (PAED) qui profite à une vingtaine de pays et contribue, par exemple, au tiers de l'aide alimentaire fournie dans l'hexagone.

La solidarité au niveau mondial est tout aussi faible. Il fut un temps où le but à atteindre était de consacrer 1% du PIB à l'aide aux pays les moins développés, ce but affiché a été, ensuite, ramené à 0,7% et atteint dans la réalité, péniblement 0,4% (Libération 17/10/12).

 

La solidarité nationale elle-même est largement battue en brèche par la capitalisme libéral et l'entreprise de démantèlement de tous les acquis sociaux en Europe occidentale.

 

L'Union européenne face aux indépendances

 

Les nouveaux indépendantistes se trouvent dans des pays démocratiques d'une UE qui vient de recevoir le prix Nobel de la paix pour la défense des valeurs démocratiques. L'UE se construit en voulant dépasser les États nations et les nationalismes pour avancer vers une Europe, unie dans la diversité, pour certains une Europe fédérale.

 

La question nationale se pose en termes nouveaux en Europe. Ce fut déjà le cas avec l'implosion de l'empire soviétique et l'UE a accepté des démembrements qui la touchaient peu et lui permettaient d'apparaître comme démocratique. Voila qu'apparaissent des nationalisme régionaux qui, pour certains au moins, veulent participer à cette Europe fédérale, pensant qu'une intégration, directe, à l'UE leur donnerait plus de poids qu'à travers le filtre national.

 

Cela risque d'être difficile car la revendication d'indépendance de ces régions va mettre en question des États membres quelquefois depuis l'origine (Belgique) de l'aventure européenne. Mais on voit mal au nom de quoi, l'UE pourrait s'opposer aux droits des peuples à disposer d'eux mêmes et de revendiquer un État. D'autant qu'elle favorise depuis longtemps, une Europe des régions, qui volens nolens, participe à l'affaiblissement des États constitutifs.

 

Reste que peuvent apparaître de nouveaux conflits entre nationalismes nationaux et régionaux dans une période où les peuples souffrent d'une austérité qui se répand et peut favoriser les replis identitaires..

 

Quelles solutions « européennes » ?

La question est d'abord nationale et fera l'objet de négociations d'abord nationales. Dés maintenant, on voit bien que les choses ne vont pas évoluer de la même façon en Espagne, au Royaume-Uni et en Belgique. Que cela dépend de l’histoire du pays, des institutions, du rapport des forces entre la région et l’État dont elle veut se séparer.

 

Le nouvel État qui fera sécession sera-t-il considéré comme déjà membre de l'UE ? Ou devra-t-il demander son adhésion à l'UE. Avec la nécessaire approbation de tous les États, dont l’État d'origine qui pourrait mettre son veto à cette « nouvelle » adhésion.

 

La règle semblait être jusqu'ici qu'une région décidant de devenir indépendante devrait formuler une demande d'adhésion, suivre le difficile parcours imposé à tous les candidats. Et obtenir un vote positif à l'unanimité, pour le moment difficile à envisager pour la Catalogne et le Pays-Basque.
Mais, il y a quelques jours, Viviane Reading, commissaire à la justice et vice-président de la CE a dit :
« aucune loi ne dit que la Catalogne devrait sortir de l'Union si elle devenait indépendante » (Le Monde 17/10/12). Ce qui serait un appui important aux régions.

 

Il est paradoxal de voir que l’État nation s'est particulièrement développé à partir du XIXième siècle en Europe d'abord puis dans le monde : de51 États membres de l'ONU en 1945, aujourd'hui 193, la plupart sous la forme État nation même si tous ne satisfont pas parfaitement à la définition. Les États nations connaissent aujourd'hui, en Europe, un phénomène de décomposition-recomposition, d'abord dans les pays de l'Europe centrale et peut être demain de l'Europe occidentale qui peut bousculer tout l'équilibre européen, augmentant le nombre de « petits » États, affaiblissant certains États et renforçant la suprématie de ceux qui ne seront pas touchés par des sécessions.

 

Les États nations existants sont mis en question, notamment, au nom de la mondialisation, du multiculturalisme, des migrations internationales..., au nom de l'Europe. Et aujourd'hui au nom d'autres peuples qui veulent obtenir ce même statut.

Les régions seront-elles plus fortes face aux forces mondialisées ; espèrent-elles plus de poids dans le cadre d'une Europe fédérale que dans celui de l’État auquel elles appartenaient ? Seront-elles un facteur de crispation des États nations bloquant toute évolution européenne ou le dégroupement favorisera-t-il un nouveau regroupement ?

 



 

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 14:41

 

En attribuant le prix Nobel de la Paix à l'Union européenne, le Comité Nobel a voulu essentiellement saluer son rôle dans la paix entre l'Allemagne et la France après une période de 70 ans qui a vu ces pays s'affronter 3 fois, dont 2 ayant entraîné des guerres mondiales.

 

Il a voulu dans le même temps mettre en relief son rôle dans l'évolution démocratique de pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal et aujourd'hui la Turquie. Il a rappelé les exigences démocratiques pour l'accueil des pays de l'Europe centrale et orientale après la chute du Mur et dans la réconciliation dans les Balkans, en passant sous silence sa relative impuissance dans les conflits de l'ex-Yougoslavie...

 

Bien sûr, le rôle réel de l'UE dans chacune de ces questions peut être, légitimement, discuté. Certains avancent que c'est la paix qui a favorisé l'UE plus que l'inverse. On pourrait dire de même que c'est la volonté de réconciliation franco-allemande qui a entraîné et entraîne encore les avancées vers l'UE. Que le parapluie étasunien et la menace soviétique ne sont pas pour rien dans l'histoire des 6 dernières décennies. Et l’implosion de l'Union soviétique dans la démocratisation de l' ancien bloc soviétique européen..

 

Le Comité ne fait aucune allusion au rôle de l'UE dans la paix dans le monde. Cela lui évite de pointer « la non-politique étrangère conduite par la Britannique Catherine Ashton » (Le Monde 14-15/10/12) dont elle n'est pas la seule responsable, les interventions militaires de certains de ses membres qui ne sont pas obligatoirement gage de paix, pas plus que les ventes d'armes.

 

Ni sur la qualité de la démocratie européenne où seul le Parlement est élu au suffrage universel et où la consultation des peuples est savamment évitée lors des décisions importantes.

 

Le Comité note que « l'UE rencontre actuellement des difficultés économiques graves et des troubles sociaux considérables » en oubliant sa responsabilité, notamment avec le dernier traité, et les conséquences qui peuvent en découler : division et éclatement de l'Union, éloignement des peuples de la construction européenne, montée populiste et d'extrême droite qui peuvent conduire à des situations proches de celles des années trente.

 

Il était peut-être judicieux de rappeler que les valeurs de l'UE ne reposent pas dans une politique économique qui, en réalité la met en danger, mais que l'identité profonde de l'UE est la démocratie et la paix qui passent probablement par une autre politique économique. Le Comité ne le dit pas explicitement. Il serait bon que les instances européennes et les gouvernements l'entendent cependant.

 

« L'Europe, quel numéro de téléphone » demandait, ironiquement, le secrétaire d’État étasunien Kissinger. C'est la question que doit se poser, concrètement, le Comité Nobel au moment de choisir le récipiendaire du prix. A moins d'affréter un avion spécial pour recevoir collectivement tous ceux qui se bousculent au portillon depuis les présidents de ceci ou de cela : le président du PE, seul organe élu au suffrage universel, Martin Schulz, de la CE, José Manuel Barroso, du Conseil européen, Herman Van Rompuy, du Conseil de l'UE, de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker) les 27 chefs d’État ou de gouvernement, les anciens présidents (Romano Prodi, Jacques Delors...), les historiques (Helmut Kohl, Giscard d'Estaing...). Cet éventail témoigne plus de la diversité que de l'unité de l'Union européenne.

 

Pour les départager, Cecilia Malström , commissaire européenne aux affaires intérieures posait la question « Pourquoi ne pas inviter 27 enfants à Oslo pour recevoir le prix ? ». Cela ferait 27 heureux, presque autant de frustrés mais aucun jaloux.

 

The Nobel Peace Prize for 2012

The Norwegian Nobel Committee has decided that the Nobel Peace Prize for 2012 is to be awarded to the European Union (EU). The union and its forerunners have for over six decades contributed to the advancement of peace and reconciliation, democracy and human rights in Europe.

In the inter-war years, the Norwegian Nobel Committee made several awards to persons who were seeking reconciliation between Germany and France. Since 1945, that reconciliation has become a reality. The dreadful suffering in World War II demonstrated the need for a new Europe. Over a seventy-year period, Germany and France had fought three wars. Today war between Germany and France is unthinkable. This shows how, through well-aimed efforts and by building up mutual confidence, historical enemies can become close partners.





In the 1980s, Greece, Spain and Portugal joined the EU. The introduction of democracy was a condition for their membership. The fall of the Berlin Wall made EU membership possible for several Central and Eastern European countries, thereby opening a new era in European history. The division between East and West has to a large extent been brought to an end; democracy has been strengthened; many ethnically-based national conflicts have been settled.

The admission of Croatia as a member next year, the opening of membership negotiations with Montenegro, and the granting of candidate status to Serbia all strengthen the process of reconciliation in the Balkans. In the past decade, the possibility of EU membership for Turkey has also advanced democracy and human rights in that country.



The EU is currently undergoing grave economic difficulties and considerable social unrest. The Norwegian Nobel Committee wishes to focus on what it sees as the EU's most important result: the successful struggle for peace and reconciliation and for democracy and human rights. The stabilizing part played by the EU has helped to transform most of Europe from a continent of war to a continent of peace.


The work of the EU represents "fraternity between nations", and amounts to a form of the "peace congresses" to which Alfred Nobel refers as criteria for the Peace Prize in his 1895 will.

Oslo, 12 October 2012

 

 

Le Prix Nobel de la Paix pour 2012

Le Comité Nobel norvégien a décidé que le Prix Nobel de Paix pour 2012 doit être attribué à l'Union européenne (UE). L'Union et ses précurseurs ont pendant plus de six décennies contribué à l'avancement de paix et la réconciliation, la démocratie et des droits de l'homme en Europe.

 

Dans les années de l'entre-deux-guerres, le Comité Nobel norvégien a récompensé plusieurs personnes qui cherchaient la réconciliation entre l'Allemagne et la France. Depuis 1945, cette réconciliation est devenue une réalité. Les souffrances affreuses durant la Deuxième Guerre mondiale ont démontré le besoin d'une nouvelle Europe. Au cours d'une période de soixante-dix ans, l'Allemagne et la France s'étaient combattues dans trois guerres. Aujourd'hui la guerre entre l'Allemagne et la France est impensable. Cela montre comment, par des efforts bien orientés et en créant la confiance mutuelle, des ennemis historiques peuvent devenir de proches associés.

Dans les années 1980, la Grèce, l'Espagne et le Portugal ont rejoint l'UE. L'introduction de la démocratie était une condition de leur adhésion. La chute du Mur de Berlin a rendu l'adhésion à l'UE possible pour plusieurs Pays de l'Europe de l'Est et Centrale, ouvrant ainsi une nouvelle ère dans l'histoire européenne. La division entre l'Est et l'Ouest est en grande partie terminée ; la démocratie a été renforcée ; beaucoup de conflits nationaux basés sur le plan ethnique ont été réglés.


L'admission de la Croatie comme membre l'année prochaine, l'ouverture de négociations d'adhésion avec le Monténégro et l'octroi du statut de candidat à la Serbie renforcent le processus de réconciliation dans les Balkans. La décennie passée, la possibilité d'adhésion de l'UE pour la Turquie a aussi favorisé la démocratie et des droits de l'homme dans ce pays.

 

L'UE rencontre actuellement des difficultés économiques graves et des troubles sociaux considérables. Le Comité Nobel norvégien souhaite mettre en relief ce qu'il voit comme le résultat le plus important de l'UE : la lutte réussie pour paix et réconciliation et pour démocratie et les droits de l'homme. La part de stabilisation jouée par l'UE a aidé à transformer la plus grande partie de l'Europe d'un continent de guerre en un continent de paix.


Le travail de l'UE représente "la fraternité entre des nations" et s'élève à une forme "de congrès de paix" auquel Alfred Nobel se réfère comme critère pour le Prix de Paix dans sa volonté de 1895.


Oslo, le 12 octobre 2012

(traduction « reverso » et P.O.)

 

 

 

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9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 22:11

 

 

La crise semble avoir du bon ! Peu à peu, l'idée que l'Union européenne n'est pas un modèle de démocratie fait son chemin. Malheureusement, il aura fallu 50 ans, et la crise pour en arriver là. Et encore, il n'en est pas tiré de conclusion pratique... et démocratique. De ce fait, tout est en place pour un éclatement de l'Union qui risque d'être douloureux, non seulement pour l'euro mais aussi pour les Européens.

 


Il y avait eu des avertissements. Quand les peuples ont été consultés, il ont, plusieurs fois, répondu « non » à la question posée : Danemark (refus d'adopter l'euro en 2000), Irlande, France, Pays-Bas. Sans vergogne, sauf au Danemark, on les a fait revoter ou bien on a fait adopter par voie parlementaire ce qui avait été refusé par référendum.

Ce n'était pas grave. La « bonne » politique, rejetée, continuait. Après 4 ans de crise, les choses deviennent de plus en plus difficile malgré une vingtaine de sommets, proclamés de la dernière chance, se terminant pas des communiqués auto-satisfaits. Invalidés avant que leur encre ne soit sèche. Et la ligne toujours maintenue.

 


Cette politique demande, chaque jour, de nouveaux sacrifices aux plus défavorisés pour que les États puissent apurer les dettes des banques, trop importantes pour disparaître, qu'ils ont endossées. Pendant ce temps, les riches sont de plus en plus riches. Donc tout va, presque, bien.


Tandis que les plus voraces ne pensent qu'à soumettre encore plus les peuples à un régime draconien, certains commencent à s'inquiéter. La crise de 1929 a donné 1939 ! Que va donner la crise de 2008 ? Un vent mauvais souffle déjà sur l'Europe. Le partis populistes ou d'extrême droite montent à chaque élection y compris dans les vertueux pays démocratiques de l’Europe du nord.

 


Même de calmes responsables commencent à perdre leur sang froid. Devant la rigidité allemande, Mario Monti, le compétent, trouve que les gouvernements (sous entendu le gouvernement allemand) devraient savoir mettre au pas leurs parlementaires, peut-être aussi leur cour constitutionnelle ? Un journal italien, tendance Berlusconi, parle du IVème Reich qui veut imposer sa politique à l'Union européenne. Ce qu'elle fait depuis longtemps.


Et quand Mario Draghi et l'ensemble du directoire de la BCE (à l'exception du directeur de la Bundesbank) n'obéit pas aux intégristes financiers, on vient lui rappeler qu'il n'a jamais été élu (comme Mario Monti et ancien de Goldman-Sachs comme lui!). Jusque là, ils ne s'en étaient pas aperçus.


Mais qu'ont décidé les élus ? Que la politique économique de Maastricht qui n'a jamais été totalement appliquée et a échoué, devait être accentuée (0,5% au lieu de 3% de déficit public) ! Que cette « règle d'or" doit être une "disposition juridique de haut niveau", une loi organique à défaut de l'insertion dans la Constitution (décision du Conseil constitutionnel).Que l'UE était trop démocratique et que les budgets nationaux devaient d'abord être soumis à la Commission européenne avant d'être votés par les parlements nationaux ?

 


Pour le moment seuls deux États, le RU et la République tchèque ont refusé de signer le traité. Pour éviter un affrontement avec l'Allemagne, F.Hollande veut faire adopter le traité Merkozy.

 


Que va-t-il se passer ? Les huit juges de Karlsruhe, tout de rouge vêtus, vont-ils bloquer la machine ? Quel va être le facteur déclenchant du grand bouleversement ? Faudra-t-il une explosion ?


L'UE va-t-elle doucement glisser vers le repli multicentrique, l'éclatement ? La montée des sentiments nationalistes ? Ici antigermaniques. Là contre les Pigs. Et l'affrontement (1)?


Les peuples vont-ils se soulever pour exiger la « règle d'or » du taux maximum admissible de chômage, du partage des richesses et des revenus, du blocage des mouvements migratoires vers les paradis fiscaux ?


Est-il encore temps pour un sursaut démocratique européen ?



1 – « Une nouvelle guerre de religion » entre vertueux protestants et dispendieux catholiques est même annoncée par Massimo Franco dans le Corriere della Sera du 07/09/12 à la lecture du blog de Stephan Richter, président du Global Research Center.

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 10:24

Après la seconde guerre mondiale, les "pères" de l'Europe ont voulu assurer la paix entre les pays européens, la reconstruction de leur économie et unifier une Europe forte face à l'Union soviétique. Conscients qu'une union politique immédiate était impossible pour les peuples, ils se sont engagés dans une suite de traités économiques qui devaient ligoter le géant allemand et conduire peu à peu vers une union fédérale européenne.


Cette union économique entre les 6 pays devait, pour assurer une concurrence libre et non faussée, entraîner aussi une harmonisation sociale, vers le haut. Le poids de l'Union soviétique et la force des partis communistes dans au moins 3 de ces 6 pays, l'expansion économique dans l'ensemble de l'Europe occidentale étaient des arguments forts pour faire accepter au patronat ce compromis social.


Le déchaînement du libéralisme économique, l'affaiblissement des partis communistes, l'implosion de l'Union soviétique, l'élargissement de l'Europe politique en construction ont complètement changé la donne.

Désormais, le politique est au service de l'économie et de la finance. La recherche de l'harmonisation est toujours le mot d'ordre mais vers le bas aussi bien au niveau social qu'au niveau fiscal.


A l'évidence, la construction européenne n'a jamais été démocratique. Elle s'est faite contre les peuples ou, au minimum, en dehors d'eux grâce aux années d'expansion qui assuraient un consentement silencieux.


Aujourd'hui, devant l'impasse de la crise et pour assurer la pérennité du pouvoir économique et financier, les politiques essaient de prendre le relais en invoquant le manque (le déficit, disent-ils !) de démocratie.

Bien entendu, ils ont leur solution : tout changer pour que rien ne change. C'est à dire donner le pouvoir aux institutions non démocratiques qui gèrent l'Union européenne actuellement en incluant dans les textes sacrés des mesures économiques comme "la règle d'or" qui empêchent toute politique économique et financière différente.


Ils veulent une constitution européenne, leur constitution, un corset. Ils ont échoué une première fois avec la Convention sur l'avenir de l'Europe. Toutes les déclarations actuelles montrent qu'ils vont reprendre la question, au nom de la démocratie, avec un quelconque "processus constituant" et mettre en place des institutions pour empêcher toute alternance socio-économique.


Mais en oubliant le seul "processus constituant" qui vaille : l'élection d'une assemblée constituante européenne. Cette assemblée devrait mettre en place les institutions européennes (exécutif, législatif, judiciaire) et organiser leurs rapports avec les institutions nationales du même type.
Et, en aucune façon, fixer les politiques à suivre au niveau financier, économique et social qui seraient assurées par les institutions mises en place démocratiquement.




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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 17:04

 

En l'attendant, l'Union européenne (UE) se hâte lentement... De nombreux gouvernements (même le Royaume-Uni qui donne des conseils mais reste à l'extérieur) semblent d'accord pour parler de croissance et d'intégration européenne. Sans que, pour le moment et pour ce que nous savons, l'accord aille au delà des mots.

Beaucoup dépend de l'Allemagne et pas seulement d'Angela Merkel.


 

Un premier pas aurait été franchi : le parti libéral (FDP) qui bloquait le gouvernement allemand, cesserait de s'opposer à la taxation des opérations sur les marchés financiers. Ce pourrait être une source de financement de la relance, au niveau d'une partie de l'UE, peut-être au niveau de la zone euro, sans creuser les déficits.

Ce pourrait êtr un point d'entente avec François Hollande. Si Merkel et Hollande s'épaulent sur cette question, il est vraisemblable que la taxe pourra se concrétiser enfin.


 

Ceci pourrait s'ajouter à l'allocation de l'UE (230 millions d'euros) en garantie pour soutenir l'investissement privé dans le transport (200 millions), les réseaux d'information (20 millions) et la connexion des réseaux d'énergie (10 millions), géré par la Banque européenne d'investissement. Cette garantie pourrait permettre de mobiliser 4 à 6 milliards d'euros en investissement privé. Ce projet devrait être adopté à la session plénière du Parlement européen (PE) en juillet.


 

De telles mesures seront elles suffisantes pour arrêter la spéculation ?


 

Par ailleurs, Angela Merkel n'abandonnera pas ses exigences institutionnelles pour avancer vers une certaine dose de fédéralisme. Au delà du mot qui peut jouer le rôle de chiffon rouge, il s'agit de savoir concrètement de quoi il s'agit.

D'augmenter le pouvoirs du PE très bien ! D'augmenter ceux de la Commission européenne (CE) pourquoi pas si elle devient un organisme responsable devant le PE et non l'expression des gouvernements. Quant à l'élection du président de la CE au suffrage universel, il est paradoxal que ce soit le gouvernement d'un pays ayant un régime parlementaire qui le propose !!!


 

Reste que la faisabilité de cette réforme est plus discutable que la mise en place de la taxe sur les transactions financières. Angela Merkel a accepté l'idée d'une Europe à plusieurs vitesses ce qui est le cas de l'UE actuelle. Rien n'empêche d'aller plus loin...

Sauf sur certaines questions institutionnelles. Pour prendre l'exemple le plus flagrant, comment imaginer l'élection au suffrage universel du président de la CE ? Sans la participation de certains États ? Ou avec un double adoubement ?


 

De toute façon, pour avancer sur les institutions, il sera nécessaire d'élaborer un nouveau traité à faire adopter par tous les États et... les peuples de l'UE.

Si c'est la condition de la relance... l'UE sera probablement de l'autre coté du mur avant.

 

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