Depuis quelque temps, Nicolas Sarkozy envoie des signes de détresse. Ce qui ne veut pas dire que les jeux sont faits mais qu'il pense que les jeux sont faits.
Il avait annoncé que sa seule arrivée rétablirait la confiance de la finance, il a donc fait la fête avec ses amis, les bras pleins de cadeaux fiscaux et un comportement de nouveau riche. Cela n'a pas rétabli la confiance et cela n'a pas plu à tout le monde..
Il s'est jeté dans les bras de Bush, le puissant du moment, proposant de faire en France sa politique qui s'est terminée par un fiasco. Devant la froideur d'Obama, il n'a plus juré que par l'Allemagne... Après avoir paradé en Sarko l'Américain, certains disent, pudiquement, Sarko le Berlinois. Disons... l'Européen, mais c'est Madame qui porte la culotte. Lui est plus ou moins obligé de courir derrière.
La faiblesse persistante dans les sondages a jeté le trouble dans les troupes et fait prendre de conscience de leur erreur à certains qui avaient voté pour lui et même à quelques ministres rappelés à l'ordre.
Elle a aussi semé le doute au sommet. Celui qui n'aime rien plus que les batailles électorales fait appel au renfort. Angela Merkel ne rechigne pas trop pour se déplacer et soutenir celui qu'elle appelle M. Bla Bla... Il n'est pas encore candidat, elle l'est déjà. C'est dire l'urgence.
Pour convaincre quelques dissidents de renoncer à se présenter à la présidentielle, des places ont été gelées aux législatives pour leurs faibles troupes malgré la crainte des députés sortants de l'UMP pour leur réélection...
Déjà de fidèles soutiens prennent leurs dispositions en se faisant recaser discrètement, d'autres encore plus discrètement prennent langue pour faire part de leur disponibilité au changement. Quant au fidèle parmi les fidèles, il quitte la Sarthe, avec un grand bruit « rachidien » qu'il aurait bien voulu éviter, pour marcher sur les traces de Chirac, se rapprocher de l’Hôtel de ville de Paris et, qui sait, de l'Elysée.
Il était le seul à pouvoir protéger les Français. Du déclassement par les agences de notation et voici que Standards & Poors déclasse. Du chômage et voilà qu'il augmente. Le tout à quelques mois des élections. Et, dans les deux cas, avec perspective négative, d'après l'agence pour le classement et Xavier Bertrand pour le chômage.
Pour essayer de regagner quelques points dans ces sondages, Nicolas Sarkozy joue des fausses confidences, aujourd'hui appelées déclarations off devant 14 journalistes chargés de les diffuser largement.
Dans ce moment de détresse affichée, il fait savoir qu'il regrette certains comportements : le coté bling-bling de parvenu qui a pu choquer, certaines réactions face aux journalistes qui ont pu le desservir. Mais tout cela est terminé...
A la veille du second tour de l'élection présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy annonçait une retraite dans un couvent pour préparer son entrée en fonction de président. Il fallait comprendre séjour sur le yacht Bolloré. Aujourd'hui, il est question de Carmel, au cas où il ne serait pas réélu. Il avait aussi annoncé son engagement dans les affaires. Craignons le pire…
Mais il ne regrette en rien les mesures prises qui ont augmenté le déficit en allégeant les impôts des plus fortunés. Qu'il veut aujourd'hui partiellement remplacer par la TVA dite sociale (payée par tous).
Ah ! Ce débat sur la TVA « sociale », bien localisée. Les Français ont dû entendre des voix et les députés de l'UMP aussi : Nicolas Sarkozy n'a jamais parlé de TVA sociale. Et cette taxe sociale n’entraînera pas une augmentation des prix, sauf pour le caviar. Le Figaro a déjà fait le calcul... Et cela l'inquiète. La boîte de 50 grammes que chaque Français consomme quotidiennement devrait, nous apprend le journal, passer de 76,93 euros à 77,96 euros. Ce qui prouve bien en passant le coté social de cette TVA.
L'inconstance verbale de Nicolas Sarkozy est connue. Il dit ce qu'il croit nécessaire pour attirer des voix à un moment donné, quitte à dire le contraire quelques mois plus tard. Il était pour l'union civile des couples homosexuels, il est opposé à leur mariage ; il n'était pas défavorable au droit de vote des résidents étrangers, il est contre ; il était pour la discrimination positive, il fait de plus en plus dans la discrimination tout court ; il était contre le référendum pour ratifier le traité de Lisbonne, il est pour le référendum pour persécuter les chômeurs...
Cette inconstance verbale traduit aussi la détresse d'un président qui se sent piégé et qui cherche désespérément une solution. Quelle qu'elle soit. Il faut espérer qu'il ne la trouvera pas . Car si Nicolas Sarkozy est inconstant dans ses déclarations, il est constant dans ses actions. Pour donner plus à ceux qui ont plus. Et moins à ceux qui ont moins.