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30 juillet 2009 4 30 /07 /juillet /2009 10:50

"Vingt ans après", la question du "voile islamique" est à nouveau dans l'actualité. Sauf qu'il ne s'agit plus de ce qui n'était que le foulard islamique que certains voulaient comparer au foulard de nos grandes mères. Il s'agit, cette fois, de différentes variantes du voile intégral.
Vingt ans plus tard, le même argument revient. C'est un phénomène marginal. La police est même capable de nous dire que cela ne concerne que 367 femmes dont 25% de "converties". Et il est inutile de légiférer pour un nombre aussi restreint de personnes comme il était inutile de légiférer pour quelques foulards à l'école. Bien entendu, il sera ensuite impossible de légiférer quand cela touchera des dizaines de milliers de personnes parce que cette extension rendra l'application d'une loi éventuelle impossible.

Il semble que la loi sur le foulard à l'école a limité son extension. Resterait à apprécier à quel prix. Peu d'informations paraissent dans la presse sur ces deux questions.

Un important reproche fait à la loi sur le foulard à l'école était de conduire à l'exclusion des jeunes filles qui refusaient de le retirer. Mais ceux qui trouvaient cette sanction trop lourde pour une telle raison, se dérobaient pour fixer une limite qui entrainerait l'exclusion : refus de faire de l'éducation physique ? de la musique ? de suivre les cours de sciences naturelles ou d'éducation sexuelle ? de commenter des textes de Voltaire ? Point de réponses. Ceux qui refusaient les jeunes filles à foulard, étaient les mauvais. Les autres avaient bonne conscience mais refusaient de dire où ils situaient la barrière. Le port du foulard est ostentatoire. Le refus du programme est discret. Et ces questions ont été et restent voilées par le foulard.

Bien que soutenant que le port du foulard était une décision personnelle, volontaire, des jeunes filles, certains n'hésitaient pas à parler, en même temps, de double peine : le foulard et l'exclusion !

L'argument du port volontaire est, à nouveau, avancé aujourd'hui pour le voile intégral. Il ne fait pas de doute que c'est volontairement qu'un certain nombre de jeunes filles ou jeunes femmes portent le foulard ou le voile intégral quelle qu'en soit la raison. Et cet argument sert beaucoup car seules peuvent s'exprimer publiquement celles qui le portent volontairement. Croit-on qu'une jeune fille ou jeune femme qui serait contrainte par ses parents, par ses frères, par son époux ou par le climat de son quartier, à porter le foulard ou le voile viendra le dire à la télévision ?

Une amie italienne a fait un bouquin en interrogeant une vingtaine de jeunes filles porteuses du foulard. Elle a recruté ces jeunes filles dans l'entourage des deux sœurs par lesquelles la question a été mise sur la place publique en 1989. Avec un tel recrutement, elle ne pouvait avoir qu'une seule musique qui a parfaitement renforcé sa conviction. Mais il suffit de se promener en banlieue pour voir des enfants de 6 ou 7 ans se promener avec le foulard. Il ne fait pas de doute que ces petites filles le font volontairement. Que leurs parents n'y sont pour rien... et qu'il faudrait donc respecter leur volonté quand elles arriveront à l'école.

L'argument du respect des cultures d'origine peut être invoqué. Mais toutes les particularités culturelles ne sont pas également respectables. D'autre part, les familles musulmanes de France viennent, essentiellement, du Maghreb ou différents voiles existent et si le foulard a pu y arriver, il n'était pas traditionnel. Et le foulard, au Maghreb, peut apparaître comme une évolution favorable si c'est un compromis entre les voiles existants et l'absence de voile. C'est évidemment un recul, si cela conduit à l'obligation du foulard pour celles qui allaient jusque là tête nue, les autres conservant les différentes formes de voile traditionnel.

Le voile intégral, tel qu'il est apparu en France, ne vient pas de la culture maghrébine. Il vient du Proche et du Moyen Orient, peut-être par un détour au Royaume-Uni et probablement aucune mère de celles qui le portent aujourd'hui ne l'a porté. Encore moins, quand il s'agit de converties !

En réalité, le voile, quelle que soit sa forme, est un marqueur d'identité affirmée. Si le degré de pratique religieuse des musulmans de France semble peu éloigné de celui des autres religions, si le pourcentage d'intégriste n'est guère plus élevé, la situation n'est pas la même d'une religion à l'autre. Pour des raisons de politique internationale et de politique interne. Au niveau international, du fait de la question palestinienne mais pas seulement, le monde musulman est souvent en opposition avec l'Occident. Certains, en France, sont allés se ressourcer au Pakistan ou ailleurs. Ils en ont rapporté le voile pour leurs femmes (épouse,  sœur...).
Du fait de la situation sociale en France (racisme, chômage, assignation à résidence dans certains quartiers), certains peuvent penser, justement, qu'ils ne sont pas considérés comme des citoyens comme les autres. Et comme ce qui a servi de liant à d'autres époques, église, syndicat, parti, s'est considérablement affaibli, la tentation est forte de se retrouver ensemble dans des mouvements, des manifestations, des apparences qui permettent d'être, de s'affirmer même si ce n'est pas toujours ce qu'on est vraiment.

L'islam cherche à se faire une place dans la société et c'est parfaitement logique. Même si ses revendications ne sont ni toujours musulmanes, ni toujours acceptables. C'est à la société, tout entière, de trouver le compromis. En démocratie, il est légitime d'avancer des revendications, y compris des revendications qui peuvent paraître inacceptables. Il est tout aussi légitime que la société, tout entière, dise, à un certain moment, où se situe le point d'équilibre. Ce ne peut être que le fruit d'un compromis.

Le rôle de la société, de l'école avant tout, est de favoriser l'émancipation des enfants, des jeunes, de leur permettre, au maximum, de réaliser leurs potentialités, de les arracher au maximum de conditionnements pour qu'ils puissent choisir leur propre voie. C'est en ce sens que joue la loi sur le foulard à l'école. Même si, pour un certain nombre de jeunes filles, l'exclusion est très grave. Mais en leur assurant et l'obligation scolaire et l'existence d'un milieu protégé, celles qui ne veulent pas du foulard se trouvent soutenues, légitimées par une autorité extérieure et supérieure à la famille, à l'entourage... Devenue adulte, chacune pourra alors choisir le type de vêtement qu'elle veut porter.
Mais il ne faut pas oublier que l'école seule, la seule loi sur le foulard ne changent pas les conditions générales de la société. Qu'il faudrait faire beaucoup plus pour que le foulard ne soit pas le moyen le plus commode d'affirmer une différence qui n'est quelquefois recherchée que faute de mieux. De ce point de vue, il serait intéressant de relire le rapport Stasi pour relever toutes les suggestions qui ont été oubliées.

Quand on parle de laïcité, il faudrait aussi permettre que chacun puise pratiquer sa religion correctement. Si s'opposer au foulard des jeunes peut être considéré comme une forme de laïcité, empêcher la construction de mosquées est une atteinte à la laïcité.

Bien entendu, l'école doit aussi former les jeunes à se défendre contre d'autres contraintes... Que cette formation à la citoyenneté soit insuffisante sur certains points ne justifie pas quelle le devienne sur d'autres.

Si la chose peut paraître simple pour les jeunes, elle devient beaucoup plus complexe pour les adultes. Et la première question sera celle de la limite entre les deux.

Qu'il s'agisse du foulard ou du voile intégral, la loi doit-elle dire aux citoyens et, ici, aux citoyennes comment ils ou elles doivent se vêtir. Encore que, là aussi, la société pose des limites qui correspondent plus ou moins à l'état moyen de l’opinion publique même si telle ou telle chose peut choquer les uns ou les autres. A une époque où la nudité s'affiche dans la publicité, dans les magazines, au cinéma, à la télévision, sans parler d'internet, la mode suit... mais il est interdit, même par forte chaleur, de se promener nu(e) dans la rue. Au moment où l'affirmation des jeunes va plutôt dans l'autre sens avec la caution de la télévision, du cinéma... Affirmation qui ne passe pas inaperçue et qui est quelquefois mal perçue.

La question vestimentaire est posée pour les femmes. Exceptionnellement pour les hommes et c'est alors par "ricochet".

Il paraît que la question vestimentaire s'est déjà posée au moment de la bataille autour de la laïcité. Certains voulaient interdire aux prêtres catholiques de se promener en soutane. Au nom de la liberté religieuse, au nom de la liberté, le tribunal a tranché : les prêtres catholiques pouvaient se promener en soutane. Pourtant il s'agit là d'un signe religieux ostentatoire indiscutable. Les religieuses catholiques faisaient de même. Mais, dans une société de plus en plus sécularisée, même si elle n'est pas plus laïque, prêtres et religieuses ont choisi de se fondre dans la masse. A l'exception de quelques uns qui continuent à porter soutane. C'est l'évolution propre à une société dont l'église catholique fait partie et qui change dans le même sens que cette société. Sa place n'est pas contestée. La laïcité, compromis imparfait, est majoritairement acceptée, y compris des catholiques dont certains pensent qu'elle a enrichi la religion en la débarrassant justement de la contrainte sociale.

C'est à partir de cette base que le voile n'est interdit qu'à l'école. Mais le phénomène est nouveau. Le foulard apparaît quand les soutanes disparaissent. Le foulard comme affirmation de différence quand les soutanes disparaissent par volonté de se fondre dans la société. La soutane encore aperçue quelquefois est la queue de la comète quand le foulard passe pour l'avant garde. C'est au moment où cette visibilité de l'église catholique dans la rue a pratiquement disparue qu'une autre religion revendique sa visibilité. 

Le foulard interdit à l'école, restent deux questions plus épineuses :
- L'apparence dans certaines fonctions. Les fonctionnaires peuvent-elles porter le foulard islamique ? Une personne affichant sa religion peut-elle représenter l’État laïque ?

La question se pose au niveau de l'école pour les enseignantes. Elle s'est posée aussi, de façon plus discutable, pour les mères accompagnant des enfants des écoles en déplacement.

Qu'en est-il pour les personnalités politiques ? Des prêtres ont été députés, Chanoine Kir, abbé Gau. Portaient-ils soutane ? La question vient d'être soulevée en Belgique pour une élue au foulard. En principe, un élu représente l'ensemble du peuple et non une fraction du peuple même s'il a été élu au nom de tel ou tel parti. En France, probablement par suite du grand combat de la laïcité, il n'y a pas de parti religieux, il n'y a pas de parti démocrate-chrétien comme en Allemagne par exemple. Même si certains partis se rattachent à cette école de pensée. Même si certains ne cachent pas leur religion.

Là encore, il y aurait beaucoup à dire sur le "compromis" laïque et il n'est pas exclu que demain, l'équilibre actuel ne soit pas remis en question. Notamment à la suite de déclarations ou de décisions du président de la République.

Des religieuses étaient infirmières : une jeune femme en foulard a eu, il y a quelques années, des problèmes lors de ses études d'infirmière à Bordeaux. Que se passera--il si une femme médecin officie dans les hôpitaux, quelle sera la réponse quand une personne voudra être soignée par cette médecin avec foulard ou quand une autre refusera d'être soignée par elle.
La question a été soulevée un moment par des patientes qui refusaient d'être soignées par des médecins hommes. Pourquoi des patients ne refuseraient-ils pas d'être soignés par des médecins femmes ?

- La question du voile intégral va bien sûr plus loin. Il témoigne d'une volonté de séparation. Au contraire du foulard qui affirme une identité, peut être un défi, mais aussi une demande de reconnaissance, d'intégration. L'une affiche sa volonté de différence, la revendique mais s'offre au regard des autres en demandant sa place. L'autre se cache, s'exclut.
Il est remarquable que ce voile intégral et les noms qu'on lui donne ne viennent pas du Maghreb. C'est une "tradition" importée directement du Proche ou du Moyen Orient et qui se rattache à des options politiques. Mais il n'est pas exclu que demain des jeunes femmes reprennent des traditions maghrébines que leur mère venant en France avaient abandonnées.

Il paraît difficile de légiférer sur le mode de vêtement des adultes. Il est cependant indispensable de répondre à des questions pratiques de la vie quotidienne.

Quid de l'accès à la nationalité française par naturalisation ? Comment toucher un recommandé ? Présenter un permis de conduire à un contrôle ? Comment établir une carte d'identité (on vient d'exiger d'un ami une photo d'identité, sans lunettes alors que, dit-il,  "je suis né avec des lunettes !") ? Comment prouver son identité dans les actes de la vie quotidienne ?

Pour toutes ces questions des règles existent qu'il faudra appliquer. Sans nécessairement une nouvelle loi. Chacun ensuite, connaissant les avantages et les inconvénients de la législation est libre de choisir son comportement et ses conséquences.

La carte d'identité est une invention récente en France (1921,1943), elle n'existe pas dans certains pays (Royaume-Uni, États-Unis)... Il apparaît cependant peu vraisemblable qu'on fasse machine arrière. Au contraire, la carte d'identité est en voie d'instauration aux Royaume-Uni.

Quant à la laïcité, elle n'avait jamais été aussi défendue depuis la  Seconde guerre mondiale. Si elle a été inscrite dans la Constitution de 1946, de multiples lois n'ont pas manqué de lui donner quelques coups de canifs depuis (7 lois ont été votées : 1951 Marie, 1951 Baranger, 1959 Debré, 1971 Pompidou, 1977 Guermeur, 1984 Rocard, 1992 Lang-Cloupet). Devant la question du voile, la Gauche s'est divisée, de même que les féministes. Et la droite s'est découverte soudainement des vertus laïques qu'elle ignorait jusque là. Peut-être pour masquer des sentimens moins avouables.






 

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24 mai 2009 7 24 /05 /mai /2009 07:30
UN LIBERALISME TRES AUTORITAIRE

Sur le plan économique, le candidat Sarkozy a fait profession de foi de libéralisme pendant sa campagne électorale. Depuis, la crise aidant, le président Sarkozy a senti le vent des mots et n'a pas manqué d'affirmer sa volonté d'intervenir dans les affaires économiques aussi bien au niveau national, interventions contre les patrons voyous ou sur telle ou telle entreprise, sans que cela tire à conséquence, qu'au niveau européen d'où son différent avec Angela Merkel et son rapprochement avec Brown "l'interventionniste" qu'il n'a pas cependant suivi dans la prise de contrôle des banques ou au niveau mondial lors de la réunion du G20 et ses  interventions contre les paradis fiscaux.

Quant à l'action, c'est bien différent : si, seul, il ne peut pas grand chose sur les lointans paradis fiscaux, il a quelque pouvoir  sur les paradis fiscaux à domicile comme le bouclier fiscal qu'il a mis en place et les centaines de niches fiscales qui sont propres à la France. Là, il défend ces privilèges. Pourtant, tout le monde est d'accord, depuis des années, les écarts se creusent entre les très riches et les pauvres.

Comme l'Etat a besoin d'argent et qu'il ne veut pas d'augmentation d'impôts, l'idée d'un grand emprunt a été lancée. Quelle est la différence entre un impôt et un emprunt ? L'impôt pourrait consister à prendre de l'argent aux plus riches qui ne peuvent d'ailleurs pas le dépenser et ne peuvent donc contribuer à la relance fut-elle "verte". L'emprunt consiste à faire appel à leur épargne et à la rémunérer, donc à les rendre encore plus riches. Qui paiera les intérêts ? Qui remboursera ? On verra plus tard.

Mais comme l'argent manque encore, il faut rogner sur les budgets sociaux d'où la chasse aux faux chômeurs, aux faux malades... Et la montée de l'autoritarisme. Qui touche tous les secteurs de la société. Quelquefois pour bénéficier de l'effet d 'annonce sécuritaire sans que la mesure soit bien réaliste quant à son efficacité  et à sa faisabilité :  mettre des portiques à toutes les écoles, fouiller tous les cartables (on remplace les employés de l'Education nationale par des portiques ou des policiers dans les écoles ?),  vidéosurveillance, excès de zèle des policiers (interrogatoire par la police de deux enfants de 6 et 10 ans, amenés au commissariat par 6 hommes en uniforme pour un vol supposé de vélo ou pour une bagarre entre enfants), interpellation d'un professeur en gare de Marseille, plaintes pour insulte du président de la République ou de ses ministres, sanction contre un journaliste de France 3, interpellations de journalistes, intimidations pour délit de solidarité...

Aujourd'hui, la marmite chauffe d'où la montée du sécuritaire. Mais il n'est pas sûr qu'elle explose. Car les circonstances sont défavorables :
- hégémonie de la pensée libérale même avec la crise mondiale en cours, malgré l'arrogance des parvenus  :
- absence de perspectives politiques à gauche (le PS qui ne cesse de se décomposer) et à gauche de la gauche (qui ne cesse de se recomposer) !
Les choses ne vont guère mieux au niveau européen. Les dernières élections en témoignent.

L'association d'un libéralisme assumé et d'une politique sécuritaire n'est pas le fait du hasard. Quand la justice n'est nulle part, il faut que la police soit partout. Il faut se souvenir des paroles d'un ancien ministre de l'Intérieur qui ne passait pour être laxiste : "quand la police intervient, c'est que, quelque part, un ministre n'a pas fait sont travail". Mais c'était encore l'époque d'un certain compromis social.



 


 


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23 mai 2009 6 23 /05 /mai /2009 23:00

 

Le président Barack Obama a annoncé la fermeture du camp de détention de Guantanamo dans le délai d'un an. C'est une bonne nouvelle. Pour tout le monde ou presque. Pour les détenus, bien sûr, et leur famille, pour tous les démocrates et surtout pour les Etats-Unis !

 

Car il ne faut pas perdre de vue que les personnes détenus à Guantanamo ont été enlevées, déportées et séquestrées dans la plus totale illégalité. Bien sûr, les responsables de ces enlèvements et séquestrations affirment que 95% des détenus constituaient une menace potentielle pour les intérêts étasuniens. Ils reconnaissent déjà que 5% ne l'étaient pas. Et comme ils sont les seuls juges, sans témoin, que Guantanamo et ses séquestrés ne sont pas soumis au système judiciaire étasunien,  il est difficile de les croire. Les croirait-on que cela ne les dispense pas d'obéir, ils sont militaires, au minimum aux lois de leur pays et de soumettre leurs prisonniers aux juges avant d'y être soumis eux-mêmes.

 

Près de 800 personnes dont 60 mineurs auraient été détenus dans ce camp, 5 se seraient suicidés. Toutes ont été soumises à la torture, les photos le prouvent même si elles ne sont pas toutes publiées. Torture qui rendraient nuls les aveux extorqués devant n'importe quel tribunal sauf peut être leur tribunal militaire. Certaines ont été remises à la justice de leur pays. Pourquoi ? L' armée des Etats-Unis est-elle mandatée pour cela ? Par qui ? Dans quel cadre juridique ? D'autres ont été amnistiées.

 

Et maintenant que le président Obama veut fermer le camp, il est demandé aux pays alliés d'accueillir certains de ces détenus. Bien entendu, le droit d'asile doit leur être reconnu. Et il n'est pas question de chipoter sur le coût pour un pays comme la France d'une telle action. Il y a cependant quelque chose de choquant de voir que les responsables se défaussent des conséquences de leurs actes, de la réinsertion, de l'indemnisation du préjudice subi. Ils seraient encore 241 incarcérés sur la base (Le Monde 20 mai 2009) ! Dont certains ont fui la misère, la guerre dans leur pays pour partir vers l'el dorado occidental ! Certains seraient reconnus innocents et toujours enfermés depuis 2003 ! Pourquoi ?

 

Leur libération, la fermeture de Guantanamo, la réinsertion de ces victimes ferait beaucoup plus pour les Etats-Unis que toutes les expéditions militaires plus ou moins malheureuses de ces dernières années.

 

Ceci ne doit pas faire oublier qu'il y a quarante ans la France a fait des choses équivalentes en Algérie. Qu'elle ne l'a jamais reconnu officiellement. Que tous les tortionnaires vivent en paix. Que certains publient des livres pour justifier ces comportements. Malgré ces méthodes "musclées",  la France n'a pas gagné la guerre en Algérie et encore moins la paix ! S'il tient tête. Obama peut peut-être gagner les deux.

 

 

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12 avril 2009 7 12 /04 /avril /2009 10:47
Dans moins de deux mois auront lieu les élections européennes. Jusqu'ici, les élections européennes ont toujours été des élections nationales. Il faut que cette année les choses soient différentes. La contestation du président de la Commission européenne Barroso va dans ce sens. Il faut aller plus loin. Ce ne doit pas être seulement un test contre Sarkozy. Contre Barroso. Le 1er mai, le 7 juin doivent mettre en question la politique de tous les gouvernements européens.

Les événements se prêtent plus que jamais à une campagne européenne :
- les Français et les Néerlandais ont rejeté le projet de traité constitutionnel, notamment, parce qu'il instituait une politique économique et sociale, ce qui n'est pas le rôle d'une constitution. Que cette politique économique et sociale était de droite. Ansi que l'ensemble de la politique prônée ;
- Sarkozy a méprisé le vote des Français par référendum en faisant adopter un "traité simplifiés" par un Parlement qui aurait adopté  le PTCE à une majorité de 80% alors qu'il était rejeté par le référendum populaire ;
- l'Irlande a rejeté le "traité simplifié" et  tout le monde cherche une solution pour revenir sur ce vote.

Quand il s'agit de l'Union européenne, les peuples d'Europe ont le droit de voter comme ils veulent à condition de voter "oui".

La crise économique est venue des Etats-Unis. Tout le monde en connaît les causes. Thatcher et Reagan ont profité de la faiblesse et de la chute de l'Union soviétique pour rompre l'équilibre qui régnait depuis 1945 entre les forces sociales. L'augmentation de la productivité permettait une relative amélioration de la situation des couches défavorisées sans "ruiner" les détenteurs du capital. Ce n'était pas assez. Sentant l'aubaine, ceux-ci ont profité de la disparition de la menace de subversion communiste pour augmenter leur part.

Pour que le niveau de vie continue à progresser, l'endettement des ménages a été favorisé et avec lui les bénéfices des banques. Tout le monde pouvait s'endetter. Tout le monde pouvait devenir propriétaire. Et riche, Surtout les banques. Cela marchait si bien que Sarkozy en faisait son programme. Tous les Français devaient pouvoir s'endetter comme le faisaient les Etasuniens. Jusqu'à la crise des subprimes.

Les ménages ne peuvent faire face. Les banques s'écroulent. Et chaque gouvernement réagit séparément. Grand clivage entre les Etats-Unis et l'Europe. Entre les Européens eux-mêmes.

Tout le monde connaît les causes  :
Les banques sont plombées par des "fonds pourris", les ménages trop endettés aux Etats-Unis ne peuvent plus acheter, les entreprises ralentissent, ferment ou font faillite. Chaque gouvernement regarde son voisin pour qu'il prenne les mesures seul, de façon à profiter de sa politique.
Les Européens attendent la relance étasunienne, en Europe la relance allemande ; les Allemands ne veulent pas financer une relance qui profiterait à tout le monde. En 1980, la relance française a entraîné de fortes importations.

Pour justifier la faible relance en Europe, les gouvernements européens ont de bonnes raisons : la crise est partie des Etats-Unis, elle touche beaucoup plus profondément les Etasuniens, à eux de fournir et d'avaler la potion  (on oublie que la crise de 1929 n'est arrivée qu'en 33 en Europe, cette fois elle est arrivée plus vite, mondialisation oblige mais elle n'a pas encore atteint sa pleine charge). Pour les Européens, leur relance est suffisante car la société européenne résiste mieux du fait de ses "amortisseurs sociaux"  : c'est possible et Barack Obama en tire les conséquences en promettant malgré la crise d'améliorer la situation sociale des Etats-Unis. Et en commençant à parler d'augmenter les impôts sur les plus riches.

Sarkozy ne s'écoute pas. Dans le même temps où il dit que l'Union n'a pas besoin des mêmes investissements que les Etats-Unis, du fait des amortisseurs sociaux, il s'ingénie à casser ces amortisseurs : en supprimant un fonctionnaire sur deux, en supprimant les 35 heures, en banalisant les heures supplémentaires, en parlant d'alléger l'impôt sur les grandes fortunes...

Il y a des centaines de niches fiscales en France, on les oublie alors qu'elles sont du seul ressort du gouvernement français et on fait de grands discours sur les paradis fiscaux, certes tout aussi condamnables mais pour lesquels il ne peut y avoir que des actions concertées. Effet d''annonce garanti, effet pratique nul. Qui va toucher la City ou l'Etat du Delaware ? On fait des discours sur les patrons voyous en les incitant à la modération, sans prendre de mesures contraignantes. On diminue les intérêts des livrets A ce qui touche essentiellement les couches populaires !!!

Par ailleurs, on continue à vouloir la ratification d'un Traité de Lisbonne, en lambeaux parce qu'inapplicable. Tandis que la révolte gronde dans divers pays de l'Union : en France, bien sûr où elle touche les entreprises, les universités mais dans d'autres pays de l'Union, de la Grèce aux Pays baltes. Le chômage monte en flèche. Des gouvernement chutent de l'Islande à la Tchéquie. Le risque devient chaque jour plus grand d'une dérive populiste et d'uen réaction autoritaire des gouvernements. Après 1929, il y a eu 1939.

Le 1er mai devrait être l'occasion d'une riposte unitaire dans la rue, en France mais aussi en Europe. Et se traduire en juin par une défaite et le remplacement de ceux qui ont conduit à la situation actuelle.
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30 janvier 2009 5 30 /01 /janvier /2009 15:05
L'Union européenne a mis en place l'euro qui est soumis au pilotage automatique de la BCE chargée d'éviter tout débordement inflationniste. L'euro et la BCE sont, par traité, apolitiques. Et soustraits à tout gouvernement politique. Bien au contraire, c'est l'adhésion à l'euro qui soumet les gouvernements nationaux aux contraintes des critères de convergence de Maastricht concernant la dette, le déficit, l'inflation.
Beaucoup pensent que l'euro ne peut durer sans politique économique commune d'où la création de l'Eurogroupe constitué par les ministres des finances et de l'économie des pays de la zone euro, présidé par le Luxembourgeois, Junker, Premier ministre et ministre des Finances. Arrivent les turbulences, l'Eurogroupe et son président, chargé de coordonner si possible les politiques des différents pays, restent silencieux. Et ce sont Nicolas Sarkozy et Gordon Brown qui ne fait pas partie de la zone euro, qui donnent le "la" d'une politique qui n'est pas très harmonieuse : "La question économique en Europe est devenue durant la crise plus nationale qu'elle ne l'était avant son déclenchement (1)
Hier, les critères de convergence empêchaient toute politique sociale qui aurait pu entraîner un dérapage. Aujourd'hui, ces critères volent en éclat, ici et là, et l'argent coule à flots pour sauver les banques, les entreprises....
Si c'était nécessaire pour éviter la dépression... Pourquoi pas  ? Et notre ancien président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, de soutenir le nouveau : " Le choix du gouvernement de soutenir l'investissement est le bon." (1). Malheureusement, il n'en est pas très certain car, dans le même article, il affirme : " Si vous aidez les entreprises, elles s'endetteront moins, mais ne feront pas plus que ce qu'elles auraient fait avant la crise". Mais que faisaient-elles avant la crise ?
Avec la complicité du gouvernement, Les entreprises diminuaient la part distribuée sous forme de salaire direct ou indirect. Elles sont arrivées à une capacité d'autofinancement supérieure à 110% ! Ce qui les a amenées à créer des "départements financiers " qui ont placé leur excédent sur le marché financier spéculatif ! (2).
Elles ont augmenté la part des actionnaires. Qu'ont fait les actionnaires ? Ce que feront les classes moyennes, d'après Giscard d'Estaing, en cas d'allègement d'impôts : " Elles épargneront au lieu de consommer." Autrement dit, elles  alimenteront la prochaine bulle. Comme les sociétés financières des entreprises !
Pour faire cette merveilleuse relance, les États trouvent de l'argent : ils s'endettent. Et Le Monde Economie du 13 janvier est clair. Il titre : "La dette des États, nouvelle bulle financière".

L'Europe libérale de Maastricht

Depuis le début de la crise, l'Union européenne a bien une monnaie unique, gérée par une banque européenne indépendante. La concurrence "libre et non faussée" a empêché toute harmonisation fiscale et sociale pour favoriser le "dumping" et la concurrence entre les travailleurs. Du coup, les gouvernements affrontent la crise en ordre dispersé. Chacun espère tirer son épingle du jeu, mieux que son voisin. Les agences de notation dont par ailleurs on connaît la compétence et la clairvoyance, baissent la note de certains. Ce qui n'entraîne aucune solidarité des autres États. L'un après l'autre, ils passent outre aux critères de Maastricht. Ni l'Europgroupe, chargé de coordonner les politiques économiques de la zone euro, ni la Commission européenne ne sont capables de définir et d'imposer une politique commune.
La seule chose certaine est que la crise va toucher sévèrement la population de ces Etats. Cela commence à bouger, un peu partout. Le 29 janvier a été un moment fort en France. Mais là encore, il ne faut pas compter pouvoir gagner isolément.

La résistance doit être européenne. Pour une premier mai de résistance européenne à la politique libérale. Pour une autre Europe.

(1) Giscard d'Estaing le Monde 13/01/09
(2) http://pagesperso-orange.fr/philippe.zarifian/page204.htm

Cet article a paru dans le bulletin "L'Europe et nous" n°4 de janvier 2009 http://europesolidaire.free.fr/pj/qui_sommes_nous/publications/bulletins/04.pdf
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4 janvier 2009 7 04 /01 /janvier /2009 11:22
L'accent
Dans mon souvenir, j'ai eu "l'accent", pour la première fois quand je suis allé en sanatorium à Palavas (les flots) pour redresser ma colonne vertébrale qui, d'ailleurs, est restée tordue. On retrouvait là, à Saint Pierre, des enfants de toute la France. Avec des problèmes de colonne vertébrale. De toute la France, pour la première fois, "je sortais du midi". Jusque là,les Parisiens avaient un accent, les gens du nord avaient un accent et les Marseillais. Nous, non. Et je me souviens de la première Tourangelle que j'ai rencontrée qui prétendait avoir le bon accent, parler le bon français et qui disait "vas-y pas"... Cela leur valait des "Parisiens, têtes de chien, Parigots, têtes de veau"...

A Palavas, la grande distraction était de me demander  :
- Comment tu appelles le truc de cocagne auquel il faut monter pour gagner un lot ?
- Un "mattt" de cocagne.
Eclat de rire généralisé :
- C'est un "ma" de cocagne.
- Et comme s'appelle la reine d'Angleterre ?
- "Elisabé".
Eclat de rire généralisé :
- C'est "Elisabett".

Depuis mon accent a fait l'objet de multiples commentaires quasiment journaliers.

A la télévision, seul Roger Couderc est devenu journaliste vedette "accentué" parce qu'il commentait les matchs de rugby avec une certain nationalisme sympathique (forcément) franchouillard : "Allé les petits". Il faut ajouter les journalistes de la météo. Mais à une époque où on parle de diversité, s'il est impossible d'être journaliste de télévision et noir, il est impensable d'être journaliste de télévision ou de radio avec un accent méridional ou alsacien ou...

Bien sûr, "l'accent" est ridicule au cinéma. Seuils l'ont les gendarmes, les douaniers, toujours imbéciles... Pour reprendre un mot connu : "Quand on est cocu avec l'accent de la télé ou... c'est un drame. Quand on est cocu avec "l'accent" ce ne peut être qu'une comédie".
Si un film se passe dans le midi, dans le meilleur des cas, les comparses ont l'accent local et les héros, l'accent "normal" ! C'est notamment le cas d'un film de Paula Delsol qui a, encore, Palavas pour cadre : "La Dérive" (1964).

Seuls les Marseillais, avec Pagnol et quelques autres sont arrivés à créer des drames "accentués". Dans "La vieille femme indigne" (1965), René Allio fait dire à la Vieille femme : " Mon fils est parti pauvre et avec l'accent et revenu riche et sans accent". Ce qui correspond bien à la volonté (à la nécessité ?) de perdre l'accent méridional pour avoir la promotion sociale.

C'est ce que pensait ma mère : "Tu le fais exprès de garder l'accent (bien entendu, elle l'avait aussi), regarde Gérard, il ne l'a pas comme toi". Gérard est un copain d'enfance, nous nous suivons depuis la 6ème. Nous sommes médecins tous les deux. Et il a l'accent méridional, pas le même que moi et probablement plus "classe" pour ma mère. Il a fallu que j'écoute Gérard pour m'assurer qu'il l'avait bien... Je n'avais jamais fait attention à la question. Pour ma mère, la promotion sociale passait par le métier, la voiture, les signes extérieurs de richesse et la perte de l'accent !

Il est toujours difficile de parler de l'accent de celui qui vous parle du votre. L'accent c'est toujours l'accent des autres. Et des minoritaires. Beaucoup soutiennent qu'ils n'ont pas d'accent. Quelquefois je suis amené à leur dire que seuls les muets n'ont pas d'accents. Mais je n'en suis pas sûr. Le langage des singes lui aussi doit être accentué !

Durant mes études nous avions fait, dans le cadre de l'AGET (Association générale des étudiants de Toulouse) des échanges avec des étudiants italiens. Un jour, une Italienne me dit : " Comment se fait-il que vous les Français quand vous parlez italiens vous le faites avec l'accent français alors que nous, quand nous parlons français nous ne le faisons pas avec l'accent italien ?". Il m'a fallu lui demander de répéter pour vérifier qu'elle parlait évidemment avec un fort accent italien que je n'avais pas remarqué parce que cela me paraissait tellement naturel.

Récemment, une amie que j'ai connue quand elle est arrivée de Roumanie, m'a parlé de son accent. Médecin, elle travaille pour un grand laboratoire international. Elle prend la parole devant des assemblées de médecins et, à plusieurs reprises, on lui a parlé de son accent. Ce qui semble commencer à l'irriter dans sa volonté d'intégration (?). Bien qu'elle soit française désormais, qu'elle parle correctement le français, elle conserve un accent roumain atténué (elle reprend pleinement l'accent roumain quand elle parle roumain). Je me suis contenté de lui faire remarquer que la grosse différence entre nos accents est que le sien était légitime. Elle est, il est d'origine étrangère. Le mien non. Elle est une femme et ce qui, dans une assemblée quelconque serait ,aussi handicap, ne l'est pas ici ou l'est moins du fait du choix du laboratoire. Elle le sait très bien, elle qui en joue et n'a pas la même tenue à la ville que lors de ses interventions (c'est elle qui le dit), elle sait qu'elle est en représentation. De plus quand elle prend la parole devant une assemblée  de médecins au nom de son laboratoire,  elle est légitime d'entrée car son laboratoire l'a mandatée et garantit sa compétence.
Ce qui dans la vie quotidienne est un handicap l'est beaucoup moins ici ou ne l'est pas. Quand une femme prend la parole dans une assemblée de façon anonyme, ou une personne qui a "l'accent", il faut passer la barrière.

Quand j'étais étudiant, c'était l'époque de la guerre d'Algérie, nous parlions beaucoup de politique. J'avais sympathisé avec un condisciple qui était de Bordeaux, chabaniste, j'étais socialiste mendésiste. Un jour, il me dit : "Au début avec ton accent, je t'ai pris pour un con". Le charmant et honnête homme. Et nous étions à Toulouse. Il a été le seul à me le dire. Mais combien l'ont pensé ? Peut-être ont-ils pensé que leur premier jugement était le bon. Toujours, il a été le seul à me le dire.

Plus récemment, j'ai été amené à prendre la parole devant la Convention sur l'avenir de l'Europe, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing. Après l'audition des représentants du mouvement associatif, le président nous a invité au pot de l'Amitié. Nous nous y rendons. Le président m'aborde : " C'était très intéressant ce que vous avez dit. D'ailleurs, vous parlez très bien le français, de quelle nationalité êtes-vous ?"  Inutile de dire que comme ceux de tous les intervenants, mon texte était bref et avait été rédigé par un collectif d'associations. Que son contenu n'intéressait en rien le président qui avait eu la condescendance de nous écouter. Ce qui l'avait intéressé, c'était mon accent "étranger".

Cela me ramène à une distribution de tracts à la gare de Versailles Rive droite. Des tracts en faveur des travailleurs sans papiers. Une dame, charmante, s'arrête pour contester le contenu du tract. Discussion très courtoise. Et tout d'un coup, ça dérape. "D'ailleurs, vous même vous ne devez pas être français". Après lui avoir rappelé que mon grand père était mort à la guerre de 14 (je n'ai pas signalé que mon autre grand père était espagnol) et que mon père avait été prisonnier en 40, je me suis contenté de lui faire remarquer qu'il n'était pas nécessaire de gratter beaucoup pour faire apparaître un racisme de bon ton.

C'est ce même racisme qui perce derrière les moqueries amicales de certains copains, d'ailleurs beaucoup plus doués que moi pour faire des imitations. Mais ce copain qui se moque de moi en m'imitant très bien, je crois, imite aussi bien un Noir ou un Maghrébin (même si tous les Noirs et tous les Maghrébins n'ont pas le même accent). Mais je ne l'ai jamais vu imiter un Noir devant un Noir ou un Maghrébin devant un Maghrébin, ce qu'il fait, par amitié, avec moi, devant moi. Où est le racisme, ou le paternalisme ?...

Anne a enseigné le français en Algérie de 1965 à 1972. Lors de sa première inspection elle obtient une bonne appréciation accompagnée d'une remarque : "J'aimerais que madame ne transmette pas son accent à ses élèves" ! Faut-il interdire aux personnes qui ont un accent "minoritaire" d'enseigner le français ?

Christian est professeur d'anglais. La remarque ne vient pas cette fois d'un inspecteur. "Comment fais-tu pour enseigner l'anglais avec cet accent ?" Il semble qu'il y a un accent français qui prédestine à l'enseignement de l'anglais !!! Peut-être faudrait-il réserver aux occitans les professions de gendarmes et de douaniers, imbéciles de préférence.

Mon nom aidant, à l'époque tous les jours et aujourd'hui seulement avec quelques vieux qui ont encore de la mémoire : " Ah, Vincentttaurriol!!!"... Lors de son élection à la présidence de la République, René Coty a prononcé cette phrase magnifique : "A partir d'aujourdhui, je prends fermement parti de ne plus faire parti d'aucun parti politique". Dans mon souvenir, personne n'a éclaté de rire. Et le lendemain un parti, je ne sais lequel,  était déjà parti. (Et je ne me souviens pas qu'à l'époque, le fait que René Coty ait voté les pleins pouvoirs à Pétain en 40 ait été souligné. Je l'ai appris ces jours-ci par la presse). Mais "Vincenttttaurriol" persiste encore.

Inutile de parler de Fernandel , comique troupier accentué, qui a pu cependant jouer des drames.

Pour récompenser ceux et celles qui ont eu le courage de lire jusqu'ici, voici le poème de Miguel Zamacoïs (1866-1955) que Fernandel récitait à l'époque.

L'accent

De l'accent ! de l'accent ! Mais après tout en ai-je ?
Pourquoi cette faveur ? Pourquoi ce privilège ?
Et si je vous disais, à mon tour, gens du Nord
Que c'est vous qui nous semblez l'avoir très fort,
Que nous disons de vous, du Rhône à la Gironde
"Ces gens là n'ont pas le parler de tout le monde !"
Et que tout dépendant de la façon de voir,
Ne pas avoir l'accent, pour nous, c'est en avoir...
Eh bien ! non, je blasphème ! Et je suis las de feindre !
Ceux qui n'ont pas l'accent, je ne peux que les plaindre !
Emporter de chez soi les accents familiers,
C'est emporter un peu sa terre à ses souliers,
Emporter son accent d'Auvergne ou de Bretagne,
C'est emporter un peu sa lande ou sa montagne !
Lorsque, loin du pays, le coeur gros, on s'enfuit,
L'accent ? Mais c'est un peu du pays qui vous suit !
C'est un peu cet accent, invisible bagage,
Le parler de chez soi qu'on emporte en voyage !
C'est pour les malheureux à l'exil obligé,
Le patois qui déteint sur les mots étrangers !
Avoir l'accent enfin, c'est chaque fois qu'on cause
Parler de son pays en parlant d'autre chose...
Non, je ne rougis pas de mon fidèle accent !
Je veux qu'il soit sonore, et clair, retentissant !
Et m'en aller tout droit, l'humeur toujours pareille,
En portant mon accent fièrement sur l'oreille !
Mon accent ? Il faudrait l'écouter à genoux !
Il nous fait emporter la Provence avec nous,
Et fait chanter sa voix dans tous mes bavardages
Comme chante la mer au fond des coquillages !
Ecoutez, en parlant, je plante le décor
Du torride midi dans les brumes du Nord !
Mon accent porte en soi de terribles mélanges
D'effluves d'orangers et de parfums d'orange ;
Il évoque à la fois les feuillages bleu-gris
De nos chers oliviers aux vieux troncs rabougris,
Et le petit village où les treilles splendides
Eclaboussent de bleu les blancheurs des bastides !
Cet accent là, mistral, cigale et tambourin,
A toutes mes chansons donne un même refrain,
Et quand vous entendez chanter dans ma parole
Tous les mots que je dis dansent la farandole !

Ce poème à 15 ans (?) nous le savions par coeur. Même si depuis nous l'avons un peu oublié car nous en avons assez d'entendre faire le lien entre l'accent, le beau temps, le farniente, pour ne pas dire plus, et les vacances.
Combien de fois après avoir réagi à une remarque concernant mon accent, l'interlocuteur pour désamorcer la querelle se réfugie derrière  : " Il es beau votre accent, il rappelle les cigales et les vacances".
J'ai vraiment de la chance, je suis un homme perpétuellement en vacances. Peut-être les autres sont-ils en vacances en m'entendant. Moi ne n'y suis pas car je ne m'entend pas.




L'accent
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19 septembre 2008 5 19 /09 /septembre /2008 16:21
LES VERTS SONT-ILS MÛRS

Daniel Cohn-Bendit semble avoir réussi son projet de regroupement des différentes tendances écologistes derrière son nom pour les prochaines élections européennes. Le CNIR (le parlement des Verts) a adopté ses propositions à l'unanimité.

En réalité, certains écologistes sont encore à l'extérieur de cette grande coalition : certains Alter-écolos à gauche, les waechtériens et , en tout cas, Waechter lui-même, Corinne Lepage, toujours au Modem avec Benhamias. Et surtout,  Hulot qui envoie son lieutenant mais se contente, pour l'instant, d'un soutien vidéo.

Cet attelage ne manque pas d'allure sur le papier, encore plus au niveau médiatique, de Bové à Hulot,  ce qui est possible étant donné l'évolution de Hulot. Mais quel en sera le résultat électoral car il s'agit bien d'une opération électorale ?

Cette opération traduit le désaarroi des Verts en général et de la gauche des Verts enparticulier. Il est évident que le score de Dominque Voynet  à la présidentielle (1,57%) comparé à celui de Daniel Cohn-Bendit à la tête des Verts aux européennes de 1999 (9,72%) a pesé lour dans la décision des membres du Cnir. Cohn-Bendit n'a pas hésité à faire miroiter un résultat à deux chiffres et donc des élus alors que le score Voynet  signifie la disparition des Verts français du Parlement européen.

Au delà de la présence de Cohn-Bendit, il est évident que l'élection européenne, sans enjeu véritable, est moins sujette "au vote utile" que l'élection présidentielle surtout après la mésaventure Jospin. Il est donc permis de penser qu'avec ou sans DCB, les Verts auraient fait mieux que Dominique Voynet à la présidentielle. Mais auraient-ils eu des élus ?

Et DCB continue de charger la barque, la venue de Eva Joly sur la liste "écologiste" ne peut que renforcer la tendance au rêve avec deux élus possibles dans la région Ile de France : deux élus qui ne seront pas Verts "pur sucre". Il faut encore que les militants de la région approuvent cette figure.

Ce n'est pas tout. Il faut aussi faire une place, en tête de liste dans une autre région à José Bové. Et aussi à Hulot s'il se décide ! Encore deux élus potentiels qui ne seront pas Verts ! Reste que cette opération valorisée médiatiquement peut entrainer l'élection ou la réélection des député(e)s  des Verts dans les autres régions, élection ou réélection qui sans cela aurait été problématique.

Mais cette opération si elle est assurée d'un succès médiatique est cependant plus difficile au niveau électoral : il faut que les électuers suivent. Dans toutes les régions. Quelle que soit la personne en tête de liste. Même si elle ne correspond pas à leur orientation poltique. Les électeurs favorables à Bové voteront-ils ici pour Cohn-Bendit dans l'Ile de France. Les partisans de Cohn-Bendit voteront-ils là pour Bové ? S'ils ne le font pas, les résultats peuvent être bien inférieurs aux espérances.

Et tout cela, à quel prix ? Au prix de l'abandon, au mojns momentané, de l'écologie politique qui a été le clivage avec les waechtériens, le ni droite, ni gauche... Bien sûr, l'arrivée de José Bové peut satisfaire l'aile gauche de l'écologie. L'élection de Bové au Parlemnt européen serait pour l'écologie politique, pour la gauche écologiste un porte-voix phénoménal qui contrebalancerait au moins partiellemnt le libéralisme de Cohn-Bendit. Encore faut-il qu'il soit élu.

Lors de la prochaine échéance électorale législative, la tentation sera grande de revenir à la gauche plurielle  déjà ébauchée à la fête de l'Humanité où se trouvaient côte à côte, François Hollande, Cécile Duflot et Marie-George Buffet.  Condition nécessaire pour avoir des élus !

Au moment où les prévisions des Verts se réalisent, il est triste de voir les Verts ainis ballottés d'un coté à l'autre, avec pour seule ligne cohérente, avoir des élus.
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