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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 15:38


Les conséquences de l'effondrement de l'Union soviétique, symbolisée par la Chute du Mur de Berlin, n'en finissent pas.
Bien sûr, la première, hors de l'Union soviétique proprement dite, a été l'unification de l'Allemagne  et la démocratisation, l'indépendance des pays de l'Europe de l'Est qui ont rapidement adhéré à l'Union européenne.

Un deuxième effet a été le triomphe, la généralisation planétaire du libéralisme de Thatcher et Reagan. Traduction de la victoire du capitalisme occidental sur le communisme soviétique. Désormais débarrassé de la menace extérieure de l'Union soviétique, le capitalisme a pu prendre, sans crainte de révolution interne, son nouveau visage. Il a pu se lancer à l'assaut de tous les "acquis sociaux" qu'il avait du concéder à la social-démocratie pour éviter la révolte ouvrière. Sus à l'État providence et à l'État tout court. Il suffit de privatiser et le marché réglera tous les problèmes.

L'Histoire se terminait par la victoire du marché, du marché financier qui n'avait nul besoin des réglementations des États devenus quasiment inutiles. Tous les pays devaient suivre le même modèle, le FMI était là pour veiller au grain et ramener les brebis égarées dans le droit chemin. La preuve de la supériorité du système était confirmée par l'augmentation du PNB. Qu'importe la croissance des inégalités, entre pays, à l'intérieur des pays, de tous les pays. Qu'importe l'augmentation du nombre de pauvres, y compris dans les pays les plus riches.
La crise n'allait rien y changer. Un moment déstabilisées, les banques retrouvaient la nécessité de l'État  pour les renflouer et l'alerte passée, tout pouvait revenir comme avant.

Pendant ce temps, un certain nombre de pays développaient un deuxième modèle un peu différent. Avec un État fort, très peu démocratique, un marché intérieur administré et une croissance continue bien plus importante. Rien de bien inquiétant. Certes, ces pays n'étaient guère démocratiques mais comme la croissance de leur PNB était forte, comme ils mettaient à la disposition des grandes entreprises une main d'œuvre bon marché dont ils contrôlaient la soumission, il n'y avait rien à redire. De tout façon, ces populations n'étaient pas aptes à la démocratie. Seule chose inquiétante, les déséquilibres entre la Chine, les ateliers, et les États-Unis, les rentiers...

Dans les pays arabes, ce modèle avait d'autres avantages : les dictatures amies constituaient un barrage contre le nouvel empire du mal, les terroristes, les frères musulmans et, par la même occasion, les syndicats et les forces de gauche qui auraient pu gêner les affaires. D'autant que ces dictatures avaient, pour cela, besoin d'armes...

La révolution tunisienne est venue troubler le cours de ces relations bénéfiques pour ceux qui étaient au pouvoir des deux cotés. En quelque jours, elle mettait à mal le modèle "capitaliste-autoritaire". Et ces pays qui avaient déjà exporté leur démocratie par les armes, étaient pris de court quand elle se cherchait toute seule. Dès lors, les questions qui reviennent chaque jour, ce n'est pas comment aider les démocrates. C'est comment prévenir le terrorisme islamiste pourtant pris au dépourvu tout autant que les gouvernements occidentaux. Comment prévenir le débarquement de milliers, de dizaines de milliers, de centaines de milliers d'immigrants massés aux frontières... Lors de la chute du mur, les réflexes étaient identiques.

Les démocrates devraient avant tout se réjouir de ce mois de mai en janvier. Ce printemps précoce est encore une conséquence indirecte de la chute du mur. Auparavant, tout événement local se transformait rapidement en conflit est-ouest. Désormais, une initiative populaire est relativement possible. Relativement car personne ne sera pas pris au dépourvu et le soutien ne fera pas défaut aux monarchies pétrolières.

Le printemps arabe né en Tunisie est d'abord le fait de la jeunesse, de la jeunesse diplômée et moderne. Tout le monde a attiré l'attention sur l'importance d'internet, des réseaux sociaux, des téléphones mobiles . Et l'importance de Al Jazaria. Certains doivent se souvenir des transistors de 68 et d'Europe n°1. Il ne faut pas oublier cependant que la croissance du PIB masquait et la pauvreté, et le chômage, et les bas salaires. La révolution n'est pas tunisoise, elle est tunisienne. Elle n'a pas été déclenchée dans un campus de Tunis mais par l'immolation par le feu d'un jeune Tunisien sur une place publique de l'intérieur du pays. Aucune organisation politique ou religieuse n'est à l'initiative, ni ne la contrôle, même si le syndicat UGTT est une des rare organisations à structure nationale. La lutte est maintenant ouverte pour savoir qui récupèrera, canalisera cette révolution. La succesion des chefs de gouvernement montre bien la volonté du pouvoir de se maintenir en place.

Face à ces pseudo-démocrates qui ne voyaient que la dictature pour s'opposer à l'intégrisme islamiste, une aspiration autonome à la dignité, à la liberté, aux valeurs démocratiques s'est levée et a renversé, sans arme, la dictature. Et cet événement a des échos jusqu'en... Chine qui censure "jasmin" sur internet !!!

Belle leçon à tous ceux qui voulaient croire ou faire croire que les valeurs de liberté, d'égalité étaient réservées à quelques privilégiés. Il y a pourtant longtemps que l'on sait que les hommes ne vivent pas seulement de pain.


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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 15:24

La chute du Mur comme les Révolutions arabes ont surpris tous les gouvernements et tous les journalistes. Même si les journalistes se chargent ensuite de démontrer que les événements étaient parfaitement prévisibles.

Il n'en reste pas moins qu'Olivier Roy avait annoncé dés 2005 et l'échec de l'islamisme politique et les revendications démocratiques. Que son rapport avait été remis aux politiques et ignoré. MAM ne semble même pas avoir eu connaissance de la cellule à laquelle le rapport aurait été remis. Mais les politiques reçoivent tellement de rapports qu'ils ne retiennent probablement que ceux qui sont en accord avec leurs désirs, leur vision du monde.
Dans le cas de la Tunisie, l'aveuglement - par intérêt bassement matériel ? - est allé beaucoup plus loin et MAM n'a rien vu pendant ses vacances en Tunisie, alors que le phénomène était enclanché. Et elle n'a rien vu au point d'accompagner ses parents dans leurs (dé)placements. Elle avait vu cependant qu'il se passait quelque chose. Des armes ont été envoyées et elle a proposé le savoir faire français pour la répression.
Et comme si cela n'était pas assez, Sarkozy, soi-même, on ne peut penser que c'est une initiative d'une MAM sur la pente savonneuse, nomme un jeune et brillant ambassadeur, qui s'empresse d'agresser les journalistes tunisiens !
On ne peut pas dire qu'il n'y a pas continuité dans la politique française en Tunisie. Persévérence diabolique mais persévérance tout de même.
Comme les membres du gouvernement  appartiennent à la même famille, ont la même culture  ils se partagent les lieux de villégiature : le compagnon de MAM entretenait des relations douteuses avec la Libye et le Premier ministre était en congé en Egypte avec un crochet politique pour rencontrer Moubarak.
Il est possible que MAM ait raison, qu'il n'y ait rien là d'illégal, ce par quoi elle veut se différencer des Woerth, Blanc et autres. Mais cela témoigne de suffisance et d'incompétence.
Nous attendons maintenant les épisodes suivants. Particulièrement intressantes seraient les révélations sur la "démocratie" irréprochable du Maroc et la liste des personnes - certains parlent d'un véritable Bottin mondain -  qui ont profité des largesses du roi du Maroc, ce qu'on ne pourrait leur reprocher étant donnés leurs faibles revenus.
Finalement, comme l'a dit - encore - MAM, ils ne font que faire ce que font des millions de Français. Mais à leurs frais et non, comme elle, au frais sinon du contribuable français du moins, ce qui n'est pas moins grave, aux frais du contribuable tunisien, libyen, égyptien ou marocain.
Ce doit être ce que  Sarkozy appelle être aux cotés de ceux qui luttent pour leur liberté, leur dignité. Cela doit faire partie aussi de l'aide au tiers monde.

Le Monde et Saïf Al-Islam Kadhafi.
Les journalistes fussent-ils d'un "journal de référence" ne font pas, quelquefois, beaucoup mieux. Ainsi, le Monde daté du 23/02/11 consacrait une page entière à la fratrie Kadhafi et la moitié de cet article à Saïf Al-Islam qui était présenté comme "mesuré et cohérent"... "Sa politique d'ouverture a permis le retour en Libye des grandes compagnies pétrolières..." "Récemmment, Saïf Al -Islam avait dénoncé les atteintes aux droits de l'homme en Libye et plaidé pour l'instauration d'une Constitution".
L'article sur Saïf Al-Islam se terminait par : "Le voila au pied du mur.
Sauf que l'article est paru dans le journal daté du 23 et rédigé probablement bien avant. Mais le 21, Saïf Al-Islam Kadhafi était intervenu dans la nuit à la télévision pour expliquer que son pays était «au bord de la guerre civile", victime d'un complot étranger visant à déstabiliser le pays et à la transformer en République islamiste. Il a promis des réformes quand le calme serait revenu. Il a affirmé que son père se battrait jusqu'au bout. Et a menacé."Je m'adresse à vous et pour la dernière fois avant de recourir aux armes... La Libye n'est ni la Tunisie, ni l'Egyte... Notre moral est au plus haut et le leader Mouammar Kadhafi, ici à Tripoli, conduit la bataille et nous le soutenons ainsi que nos forces armées (...) Nous ne lâcherons pas la Libye et nous combattrons jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière femme et jusqu'à la dernière balle".
C'était le 21, l'article du Monde méritait de sauter ou au moins un bémol. Ou des explications, des excuses le lendemain. Il n'en a rien été.

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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 10:23

L'année commence bien : Ben Ali en janvier, Mobarak en février, vivement le printemps. Bien entendu, ce n'est pas terminé, ni en Tunisie, ni en Egypte, ni ailleurs... En Chine, les informations sur les révolutions tunisienne et égyptienne seraient censurées !!! Mais pourquoi donc ?

 

Il est difficile de prévoir ce qui va se passer. Commençons donc par nous réjouir.

 

Personne n'a rien vu venir, mais ce n'est pas la première fois. : pour la chute du mur de Berlin, ce ne sont pourtant pas les informateurs qui manquaient. Les plus vieux se souviennent qu'une semaine avant es événements de mai 68, Pierre Vianson-Ponté disait dans le Monde "la France s'ennuie". Une jeunesse qui étouffait, dans une France gérée par un monument historique octogénaire, a fait exploser la société en dehors de toute organisation politique ou syndicale même si, petites ou grandes, elles ont essayé de récupérer le mouvement.

 

Sans vouloir faire de parallèle simpliste, il s'agit ici aussi d'une explosion populaire conduite par la jeunesse en dehors de toute structure même s'il existe ici ou là des organisations. C'est une explosion à laquelle, bien sûr, on peut trouver une événement déclenchant et même des signes annonciateurs, reconnus une fois que l'explosion a eu lieu. Il n'est que plus juste de penser à ceux qui, depuis des années ou depuis quelques jours, se battent quelquefois très douloureusement. Énorme différence avec mai 68.

 

Ce qui frappe, au moins en France mais probablement dans les autres pays européens, c'est la prudence des commentaires qui accompagnent, toujours avec un peu de retard, ces événements qui devraient enchanter tout le monde puisqu'il s'agit de peuples qui créent une démocratie malgré l'image que peut en donner l'Occident et surtout certains qui voulaient exporter...
Il s'agit d'un phénomène porteur d'espérance. Une démocratie revendiquée n'a-t-telle pas plus de chances de vivre qu'une démocratie imposée ?

 

Ces événement sont les plus importants, probablement depuis la chute de l'empire soviétique et la fin du colonialisme.
Si la fin de la guerre froide a permis l'explosion du néo-libéralisme et le développement des inégalités sur tout la planète, elle a libéré un espace pour de luttes autonomes. D'autant qu'Obama n'est pas Bush. Qu'il a pensé qu'une pression de l'extérieur sur les tenants du pouvoir était plus profitable pour la démocratie surveillée que l'envoi d'un corps d'armée surtout quand il y a peu de pétrole...
Il est d'ailleurs plaisant d'entendre le roi d'Arabie faire chorus avec Mouvarak et dénoncer l'ingérence étrangère. Pour stimuler le nationalisme ? Mais ce n'est là que l'écume.

 

Ce qui frappe c'est que les mots d'ordre des peuples soulevés est très proches : c'est le refus d'un pouvoir sans partage avec même essai de transmission héréditaire en Egypte (déjà réalisée en Syrie et en... Corée du nord !), de la corruption à grande échelle. Partout, le pouvoir pèse fortement. Il est facile d'accepter le satuquo.

Mais partout, le désir de révolte existe. L'aspiration à la liberté, à l'égalité. Le succès en Tunisie et en Egypte donne à penser aux autres peuples. Il montre que le succès est possible. Au delà même du monde arabe.  

 

Dans un passé récent, les Algériens et les Iraniens ont déjà essayé et ont payé cher leur échec. Aujourd'hui, les pouvoirs en place sont avertis, aux aguets et lâchent du lest : annonce de mesures sociales (prix des aliments, recrutement de fonctionnaires), politiques (changement de gouvernement, fin de l'état d'urgence). Tentative pour désamorcer la révolte ? Ou déjà aveu de faiblesse ?

 

Cependant, en Tunisie et en Egypte, tout n'est pas fini car tous les corrompus ne sont pas partis, loin de là. Combien sont-ils, prêts à se dévouer pour assurer la transition et sauver l'essentiel, leurs prébendes ? Y compris au sein des forces armées ?
La construction sera très difficile.
Le peuple a payé cher pour renverser les gouvernements. Contre Ben Ali et Moubarak, l'unité populaire s'est faite. Se fera-t-elle pour construire une démocratie et une société plus justes et politiquement et socialement ? C'est toujours l'enjeu des lendemains des "jours de gloire révolutionnaire".

 

Cela ne doit pas empêcher de nous réjouir avec les peuples de leurs victoires et de les soutenir dans la mesure de nos faibles moyens et en luttant contre ceux qui ont été complices hier et feront tout pour pousser vers une "solution raisonnable" qui ne remette rien profondément en question.

 

Reste que la situation globale du Proche-Orient en est bouleversée. L'éventuelle arrivée au pouvoir de forces démocratiques plus en phase avec le sentiment populaire est un affaiblissement de l'Etat d'Israël, même assuré d'un soutien définitif des États-Unis.

Est-il de nature à rendre réaliste les politiques israéliens ? L'inquiétude d'Israël peut-elle être un facteur favorisant l'arrêt de cette guerre de cent ans ?

 

Réjouissons-nous et rêvons.

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 23:58

 

 

Si, dans la révolution tunisienne, lerôle des Etats-Unis est resté discret, il n'en est pas de même en Egypte où Barack Obama intervient publiquement en continuité, semble-t-il , avec son discours du Caire du 4 juin 2009.

 

Pour la première fois (à ma connaissance du moins), le président des Etats-Unis a fait connaître sa volonté de voir un chef d'Etat céder son poste. Personne ne semble le lui reprocher, ni même s'en étonner. Il s'agit pourtant d'une immixtion caractérisée dans les affaires d'un autre pays. Jusque là, les Etats-Unis, et bien d'autres, soutenaient Moubarak : l'Egypie de Moubarak était, avec Israël, un des deux pays les plus aidés financièrement par les Etats-Unis. Obama change la donne. Et le dit.

 

Est-ce une habileté ? Il est, pour le moment, soutenu par John Mac Cain et même Bush père. Peut-être se rendent-ils compte que c'est une meilleure façon d'exporter une forme de démocratie, avec l'approbation de la population locale, que les interventions militaires en Irak. Si l'affaire tourne bien, Obama en aura le mérite peut-être au niveau électoral mais surtout, et avec lui, les Etats-Unis, au niveau de l'opinion publique de tout le Proche-Orient qui avait apprécié le discours du Caire.

 

Ce n'est pas sans risque. Car si la solution tarde, la situation peut dégénérer. Pour le moment, la nomination du général Omar Souleimane, chef des renseignements, comme vice-président et organisateur de la transition ne doit pas enthousiasmer la place Tahrir.

 

Les Occidentaux soutenaient les dictatures tunisienne et égyptienne en invoquant le barrage qu'elles constituaient face aux islamistes. Ce qui a surpris, c'est de voir qu'ils ont été pratiquement absents des soulèvements. Mais les négociations ont commencé avec toutes les forces d'opposition dont les Frères musulmans, structure principale en Egypte et El Nahda en Tunisie.

Et l'Occident se met à espérer l'apparition d'une "démocratie-musulmane", comme on dit démocratie-chrétienne, et trouvent positifs le parti "conservateur islamique" turc AKP.

 

Sans croire aveuglément à la théorie des dominos, la chute de Moubarak ouvre des espoirs et des craintes dans tout le monde arabe. Des espoirs pour les peuples qui luttent depuis longtemps pour la démocratie. Des craintes car si les Etats-Unis abandonnent leur principal point d'appui au Proche-Orient, que peuvent penser les autres potentats face à leur peuple ? La révolution en Tunisie et en Egypte ouvre la voie aux autres peuples, la politique d'Obama leur montre que la porte est aussi entre ouverte au niveau international. C'est avec un décalage de 20 ans une des conséquences de la chute du mur de Berlin.

 

Lors de la manifestation de solidarité avec le peuple égyptien, à Paris, des banderoles dénonçaient cependant "les ingérences étrangères" dans les affaires de l'Egypte. "Il faut que les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël respectent la volonté du peuple égyptien qui, dans son immense majorité, exige la fin de ce régime corrompu"... Le coup de pouce des Etats-Unis était-il inutile ? Il n'était probablement pas gratuit.

 

Dans les soulèvement tunisien et égyptien, les moyens modernes de communication (cela a du rappeler à certains les transistors de mai 68) ont été utilisés par la jeunesse pour renverser des dictateurs octogénaires et corrompus au pouvoir depuis de longues années. Sans aucune force réelle, structurée, organisée. Avec des mots comme démocratie, constitution, auxquels les pays occidentaux et les dictateurs (Rassemblement constitutionnel démocratique en Tunisie, Parti national démocratique en Egypte) n'ont pas réussi à enlever le caractère subversif.

 

Maintenant, chacun de guetter le prochain soulèvement en sachant que les choses bougent en Algérie, en Jordanie, au Yémen...

Au Maroc, la légitimité du roi est forte et repose sur la religion qui en fait un descendant du Prophète. En Algérie, celle de Bouteflika vient de la guerre delibération nationale. Ben Ali et Moubarak n'étaient que des héritiers. L'armée égyptienne a débarrassé le pays du roi Farouk, elle a connu son heure de gloire face à Israël, notamment avec Nasser dont on pouvait voir des portraits lors de la dernière manifestation à Paris. Mais l'un et l'autre se sont surtout appuyés sur une répression policière omniprésente. Pour défendre les intérêts d'un clan.

 

Les troubles en Algérie sont observé attentivement, ceux de Tunisie ont été négligés. Certains ont confondu Produit national brut et bonheur national brut. Ce qui valait à la Tunisie les félicitations des uns et des autres la démocratie pesant peu par rapport au taux de croissance... Là-bas, comme ici d'ailleurs, on a considéré que corruption et croissance des inégalités ne pouvaient poser problème..

 

Quant aux gouvernants français, ils regardent passer l'Histoire. Ils avaient d'excellentes relations avec les uns et les autres. Deux ministres empruntaient l'avion d'un ami tunisien, le Premier ministre un avion de l'armée égyptienne, pour leurs vacances. Il est évident que cela n'a pas favorisé leur clairvoyance et ne les a pas grandis aux yeux des peuples du sud et du nord de la Méditerranée. Ni la France.

 

Dans une véritable démocratie, ils auraient démissionné. Dans une démocratie exemplaire, ils sont toujours là. Jusqu'à ce que le peuple français reprenne le mot d'ordre du peuple tunisien ?

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27 janvier 2011 4 27 /01 /janvier /2011 15:57

 

 

Les internationales existent. Ainsi, l'Internationale socialiste. Mais il en est d'autres, plus efficaces.

 

Quelquefois, il est difficile de comprendre à quoi sert l'Internationale socialiste. Ainsi Gbagbo et Ben Ali et leurs partis appartiennent à l'Internationale socialiste. Enfin, le RCD appartenait... depuis que Ben Ali a été chassé par son peuple, le 14 janvier, le RCD en a été exclu, le 17. L'Internationale s'aligne sur le peuple, ce n'est pas bien ça ?

 

"Une décision a été prise par le président avec le secrétaire général, conformément aux statuts de l’Internationale Socialiste, de faire cesser l’adhésion du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) de Tunisie". Le président est George A. Papandreou (Grèce) et le secrétaire Luis Ayala (Chili).

 

Quant aux responsables du PS français, ils en avaient fait la demande à plusieurs reprises ils ne pouvaient décider seul. A quoi sert donc cette internationale et la participation du PS ? Quels sont les partis qui sont membres de l'IS ? Quelles sont les conditions pour devenir et rester membre. Combien de crimes faut-il avoir commis pour en être exclus ?

 

En Cote d'Ivoire, le parti de Gbagbo, le Front populaire ivoirien, est toujours membre de l'Internationale. Il n'en est peut être pas indigne. Il a, en effet, respecté la constitution de la Cote d'Ivoire puisque le résultat des élections a été validé par son Conseil constitutionnel. Et cautionné de plus par une expert, Roland Dumas, l'ancien président, socialiste français, du Conseil constitutionnel qui, en son temps, a validé indûment, on le sait aujourd'hui, les comptes de campagne du candidat Jacques Chirac à la présidentielle. Peu importent donc les jugements des observateurs sur place...

 

On apprend, maintenant que ça bouge en Egypte, que le parti de Moubarak est aussi membre de l'Internatonale socialiste. Martine Aubry et Jean-Christophe Cambadélis s'apprêtent à demander son exclusion. Ils ont encore une marge. Moubarak n'a pas fait tirer sur la foule.

 

La révolution tunisienne commence à faire le ménage à l'Internationale !!! L'Internationale pourrait faire un petit effort et revoir la liste des partis adhérents sans attendre que les peuples se révoltent.

 

Ce qui a (trop) bien fonctionné, par contre, c'est la solidarité des gouvernements français et tunisien. La malheureuse Michèle Alliot-Marie n'a pas signé, au nom du Ministère des Affaires étrangères, l'autorisation de livrer des grenades lacrymogènes au gouvernement tunisien, c'est son prédécesseur qui l'a fait. Et Ben Ali est parti avant l'arrivée des grenades. MAM s'est contentée la veille de sa chute de proposer à Ben Ali des instructeurs pour montrer comment on pouvait s'en servir... Trop tard !

 

Elle n'était pas à Paris au moment où il fallait y être. Ses "services" lui avaient dit qu'elle pouvait partir en week-end. Cela pose problème surtout si elle dit la vérité.

Qu'il y ait solidarité entre gouvernements n'est guère étonnant du moment que les affaires marchent. Cela est plus gênant quand cela empêche les "services" de faire leur travail. Certes les événements ont évolué rapidement. Était-ce si imprévisible ? Que font les services diplomatiques et les renseignements français en Tunisie ?

 

Certains prétendent que l'entente était tellement parfaite entre les gouvernements que les services de l'ambassade n'avaient guère de contacts autres qu'officiels.
Cependant, le gouvernement savait, tout le monde connaissait la politique économique suivie en Tunisie, Ben Ali a été félicité à plusieurs reprises par des membres du gouvernement et même par le directeur du FMI (c'était peut-être une fleur entre "socialistes").

Tout le monde savait à quel point la presse tunisienne était censurée et la presse étrangère indésirable.

Enfin, Yves Aubin de la Messuzière, ancien ambassadeur de 2002 à 2005 affirme que le gouvernement ne manquait pas d'informations sur la population en provenance du quai d’Orsay et des diplomates en place à Tunis : «Les rapports diplomatiques mettaient aussi l’accent sur l’exaspération et le mal-être de la jeunesse tunisienne, liés certes au problème de l’emploi mais aussi à l’absence d’espace et d’expression politiques» (Libération 26/01/11).

Mais entre gouvernants qui se comprennent si bien, a-t-on besoin de services diplomatiques ? Surtout quand un ministre a même la nationalité tunisienne !!! Et quand un autre vient de se marier avec une Tunisienne.

 

Peut-on penser que le gouvernement n'est pas informé de la situation des pays du Maghreb ? Quand Henri Guaino affirme : "La Tunisie, le Maroc, l'Algérie, c'est presque un problème intérieur pour la France" (RTL, 17/01/11 cité par le Monde Magazine 22/01/11). Ou est-il aussi mal informé sur les Français ? Pauvre de nous !

 

Enfin,certains ne perdent pas de temps pour apporter leur soutien à la démocratie qui essaie de naître en Tunisie. Les agences de notation Fitch et S&P l’envisagent, Moody’s a pris les devants : la Tunisie vient de voir sa note souveraine dégradée d’un cran. Les incertitudes économiques et politiques, suite au soudain changement de régime, les inquiètent (19/01/11 http://trends.rnews.be/fr/economie/actualite/politique-economique/tunisie-moody-s-degrade-s-p-et-fitch-menacent/article-1194926969733.htm).

 

Additif 29/01/11 / voir article du JDD.fr : Internationale socialiste : ces dirigeants qui gênent

http://www.lejdd.fr/International/Actualite/Internationale-socialiste-Ces-dirigeants-peu-democratiques-qui-derangent-260569/

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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 08:02

 

Article publié, sans les commentaires, dans le bulletin de Comité citoyen pour une Europe solidaire

 

L'appétence des dirigeants politiques pour la consultation directe des peuples est bien connue. Les péripéties autour de l'adoption du projet de traité constitutionnel en ont fait la démonstration.

Curieusement, le traité de Lisbonne et la révision constitutionnelle voulue par Nicolas Sarkozy institutionnalisent, simultanément, la possibilité de référendum au niveau européen et au niveau national.

FRANCE

EUROPE

Loi constitutionnelle n° 2008-724 du 23/07/08

22/12/10 : projet de loi organique présenté en Conseil des ministres.

 

"Initiative populaire" : Proposition de loi, présentée par au moins un cinquième des parlementaires soit 184 et soutenue par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales soit 4,5 millions.

 

Le Conseil constitutionnel (CC) valide la proposition :

Si elle s'inscrit dans le champ de l'article 11 de la Constitution :
- organisation des pouvoirs publics,
- réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale et aux services publics,
- autorisation de ratifier un traité.

Si elle
- n'a pas pour objet d'abroger une disposition législative promulguée depuis moins d'un an,
- ne reprend pas un sujet rejeté par référendum dans les 2 années précédentes.

Le CC a un mois pour statuer.

Le recueil des soutiens peut commencer dans un délai de 2 mois. Il ne peut avoir lieu dans les 6 mois qui précèdent l'élection présidentielle.

 

La collecte des signatures par voie électronique mise en place dans les communes ne doit pas durer plus de 3 mois,.

Le CC statue sur la recevabilité.


La proposition de loi est soumise au moins à une lecture dans chaque chambre dans un délai de 1 an.

Si cette obligation n'est pas respectée, le président soumet la proposition à référendum dans un délai de 4 mois.

 

Extrait du compte rendu du Conseil des ministres du 23/12/10 : http://www.assemblee-nationale.fr/13/dossiers/art11_Constitution_pl.asp

Traité de Lisbonne signé le 13/12/07.
15/12/10 : engagement de la Commission européenne (CE) sur le texte amendé et adopté par le Parlement européen (PE).

Initiative citoyenne : Comité d'initiative d'au moins 7 citoyens résidant dans au moins 7 États membres différents. Doit obtenir le soutien d'un million de citoyens répartis dans au moins un tiers des États membres (soit 9). Le nombre de signataires devra être « significatif » au sein de chaque pays. Soit pour la France un minimum de 55 500 signatures.

 

Sitôt 300 000 signatures recueillies à travers trois pays, la CE vérifie que l’objet de l’initiative est "recevable" et n'est pas "contraire aux valeurs de l’Europe".

L'initiative s'adresse directement à la CE, pour lui demander de soumettre une proposition d'acte juridique aux fins de l'application des traités.

 

Les signatures pourront être recueillies dans la rue, en ligne ou par courrier mais sécurisées. La collecte ne doit pas durer plus d’un an.
 

 

L’initiative enregistrée, déclarée recevable et les signatures vérifiées, la CE aura quatre mois pour se prononcer sur le fond, en motivant sa réponse :
- soit l’initiative sera rejetée ;
- soit elle commandera une étude pour « approfondir la question » ;
- soit elle acceptera de légiférer.

 

Résolution législative du Parlement européen du 15 décembre 2010 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à l'initiative citoyenne

(COM(2010)0119 – C7-0089/2010 – 2010/0074(COD))

 

 

NB : L'initiative qualifiée de populaire est, en fait, une initiative parlementaire bien bordée. Une simple lecture dans les deux assemblées suffit pour éviter le référendum malgré 4,5 millions de signatures.

La comparaison des deux initiatives permet de penser que la France n'a pas été un moteur au niveau européen.

 

COMMENTAIRES

 

Cette volonté d'instituer des possibilités de référendum est étonnante et bienvenue. Alors que le projet de traité constitutionnel de 2005 a été rejeté par référendum et que le traité de Lisbonne chargé de le remplacer a été adopté en écartant toute consultation populaire, voici deux propositions, ouvrant la possibilité de référendums, adoptées l'une par le traité de Lisbonne au niveau européen, l'autre dans le cadre des réformes constitutionnelles française de 2008.

 

Le référendum d'initiative "populaire" est le dernier point de la réforme constitutionnelle, voulue par Nicolas Sarkozy, à avoir été présenté en Conseil des ministres au mois de décembre. Il reste encore à faire adopter cette proposition de loi avant que la réforme puisse être applicable.

 

Tenant compte des différents délais prévus par la proposition de loi, environ 1 an, il est peu probable que la première application du référendum d'initiative "populaire" ait lieu avant 2013.


La rapidité de mise en place des dispositions nécessaires à son application et la comparaison des deux initiatives permet de penser que la France n'a pas été un moteur au niveau européen.

 

REMARQUES COMPARATIVES

  • Bien que toutes les dispositions ne soient pas encore prises, le délai entre la décision constitutionnelle et l'applicabilité de la teneur de la réforme ne semble pas extraordinairement différent dans les deux situations bien que l'initiative européenne intéresse 27 États.

  • - L'initiative européenne revient réellement aux citoyens : 7 citoyens de 7 États différents. L'innovation française est surtout sémantique.
    L'intitulé de la réforme française est prétentieux et totalement inexact. En fait "d'initiative populaire", il s'agit d'une initiative parlementaire, bien encadrée. Elle nécessite 184 parlementaires qui doivent rallier 4,5 millions de citoyens.
    Au delà de l'usage que pourra en faire dans certaines circonstances la majorité, elle peut servir à l'opposition (essentiellement au parti majoritaire de l'opposition) pour mobiliser sur une proposition qu'elle pense soutenue par une partie importante de la population.
    Son utilisation aurait probablement été impossible au moment de la réforme des retraites, une proposition de loi contradictoire était déposée par le gouvernement. La loi votée, elle ne peut plus être utilisée avant deux ans.

  • - L'objet de l'initiative est limité par le texte législatif dans les deux cas, sous le contrôle
    - du
    CC au niveau national avec référence à l'article 11 de la Constitution
    - de la
    CE "gardienne des traités" au niveau européen avec référence aux valeurs de l'Europe qui ne sont pas précisées.
    Le rôle de la CE est double, elle est chargée de dire si la question est
    "recevable" et si les conditions d'application sont réunies. Elle doit aussi répondre en tant que "pouvoir législatif" à la demande de législation du référendum.

  • - Le nombre de citoyens nécessaires pour que l'initiative soit recevable est bien moindre au niveau européen qu'au niveau national : 1 million pour l'ensemble de l'UE dans au moins 9 États avec un nombre significatif dans ces États soit 55 500 pour la France.
    Le référendum national est, réellement, populaire non au niveau de l'initiative qui est réservée aux parlementaires mais au niveau des exigences de recevabilité. C'est une initiative parlementaire qui doit prouver son soutien populaire. : 4,5 millions de personnes. En
    Italie, les lois en vigueur peuvent être abrogées par un référendum demandé par 500.000 électeurs.

  • - Les soutiens devront être réunis plus rapidement au niveau national (4,5 millions en 3 mois) qu'au niveau européen (1 million en 1 an).

  • - Même après le succès populaire nécessaire pour être recevable, le référendum n'est pas obligatoire. Des limites sont clairement affichées.

  •  
    • Dans le cas de l'initiative parlementaire, le président de la République devra soumettre la proposition à référendum, seulement si la proposition de loi n'est pas soumise à une lecture par les deux assemblées dans le délai d'un an.

    • Pour le référendum d'initiative citoyenne, c'est la CE qui décidera de la rejeter, de demander une étude ou de rédiger un texte législatif.
      Sa décision devra être motivée.

REMARQUES GENERALES

  • La possibilité d'une initiative législative, citoyenne ou parlementaire-populaire, est présentée comme une importante avancée démocratique. C'est, certes, une avancée mais bien limitée. Cela ne bouleversera pas la démocratie représentative réellement existante.

  • Il est inutile de rappeler combien la composition sociale des assemblées est éloignée de la composition de la population nationale, y compris dans le rapport femmes-hommes, malgré une loi sur la parité.

  • En France, le référendum, national ou européen, ne bouleverse pas l'organisation du pouvoir législatif. Il ouvre une nouvelle possibilité de référendum qui sera très probablement exceptionnelle.

  • Certains pensent que soumettre une question complexe à référendum est un non sens, tous les électeurs n'étant pas aptes à comprendre la subtilité des textes et de la question posée.
    C'est un vrai défi à la démocratie qui ne surgit pas seulement quand il s'agit de référendum. La consultation est alors limitée à une seule question qui peut être largement débattue pendant des mois. Précédée d'une large mobilisation pour le recueil des signatures.
    Lors d'une élection, c'est l'ensemble des questions politiques qu'il faut confier à une personne.

  • Le référendum peut être utilisé par un groupe de personnes pour des intérêts particuliers avec l'appui de moyens importants. Mais les questions sont publiquement débattues. Alors que les groupes de pression font le siège des parlementaires, des ministres, des comités d'experts (voir les récents conflits d'intérêt) dans l'opacité la plus complète.

  • Avec ou sans référendum, les médias sont aux mains du gouvernement et/ou de l'argent. Il va de soi que la démocratie suppose la pluralité des médias. Peut-être serait-il judicieux de susciter un référendum pour les arracher à ces puissances et en assurer l'indépendance et la diversité.

  • La multiplication des filtres mis en place assurent, au delà du nécessaire, que la procédure des référendums ne sera pas galvaudée : sujets constitutionnellement limités, difficulté à réunir le nombre de citoyens nécessaire...

  • A une époque où la participation des citoyens aux élections a tendance à diminuer, il faut noter que les deux référendums sur l'UE, traité de Maastricht et projet de traité constitutionnel, ont entraîné un forte mobilisation et participation des citoyens.

En démocratie, le souverain, c'est le peuple. Tout le monde est théoriquement d'accord. Mais tout le monde s'ingénie à ne lui accorder qu'un pouvoir limité. Les réformes proposées ne sont pas à la hauteur des théories : démocratie active, citoyenne, directe, participative... Dans la pratique, tout est fait pour que le pouvoir ne change pas de main.

 

Le référendum d'initiative citoyenne ou d'initiative parlementaire et populaire s'ajoute à la possibilité existante de référendum par utilisation de l'article 11 de la Constitution de la Vième République qui permet au président de la République, sur proposition du gouvernement ou du Parlement, de décider la tenue du référendum.

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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 23:33

 

Il y a quelques dizaines d'années, la Chine était rouge ! Quand nous y sommes allés à la veille des années 2000, Pékin était effectivement encore très rouge : toute l'avenue principale était rouge, d'un coté, "marlborough" et de l'autre, "coca-cola" !!!

Depuis, l'invasion publicitaire est-elle aussi désespérément rouge ? Ce qui est certain, c'est que les choses ont beaucoup changé. La Chine n'est plus rouge des espérances révolutionnaires même fourvoyées.


Elle est, d'abord, devenue "l'atelier du monde" qui se réjouissait d'obtenir des produits bon marché grâce au travail, peu rémunéré des ouvriers et ouvrières chinois. En ces jours de fêtes, combien de produits "fabriqués en Chine" se sont retrouvés dans les sabots ou sous le sapin des petits consommateurs occidentaux ? Et bien au delà des "petits consommateurs".

L'atelier a beaucoup avancé en quelques années. Et changé de nature. La Chine ne fournit pas seulement, les marchandises à des prix imbattables qui ont permis la consommation à crédit des pays occidentaux. Elle construit aussi des produits beaucoup plus complexes.


La Chine qui a déjà lancé une sonde vers la Lune et a développé un ambitieux programme spatial. Elle prépare une mission vers la lune en 2013. Vers 2017, les Chinois pensent ramener des échantillons lunaires avant d'envoyer des hommes vers 2020. Ils ont déjà envoyé un homme dans l'espace en 2003 et ont réalisé une sortie en 2008.


Airbus a sorti son premier avion assemblé dans une usine chinoise à la recherche de commandes sur le deuxième plus grand marché mondial de l'aviation : 10 Airbus A320 vont sortir cette année de l'usine de Tianjin et 4 sortiront chaque mois d'ici fin 2011 de la plus grande usine d'Airbus, hors Europe. Selon les estimations de Boeing, la flotte aérienne civile de la Chine va devenir le premier marché aérien au monde (LeMonde.fr 30/12/10).
Elle est aussi devenue le premier marché mondial de l'automobile devant les États-Unis depuis 2009... 18 millions en 2010 contre 13,5 en 2009 soit en augmentation de 32% (Le Monde 29/12/10).


La Chine remplace peu à peu les anciennes puissances coloniales en Afrique. Le commerce avec le continent africain a augmenté de 43,5% de janvier à novembre 2010 par rapport à la même période de 2009 (Le Monde 25/12/10).


Atelier, marché, industries de pointe. La Chine est aussi devenue le banquier des Etats-Unis avec les plus grosses réserves en devises du monde (près de 2 650 milliards de dollars).


Deuxième partenaire de l'Europe après les États-Unis, elle investit beaucoup en Europe dans des secteurs clés. Elle a obtenu la concession du port du Pirée pour 35 ans et le constructeur automobile chinois, Geely, a pris le contrôle de Volvo.


Au total, la Chine est devenue cette année, la deuxième puissance mondiale par son PIB, après avoir dépassé le Japon. Et "The Economist" pose à ses lecteurs la question "Quand la Chine dépassera-t-elle les États-Unis ?" (slate.fr 28/12/10). Pour sa part, The economist propose : 2019 !


Mais est-ce la bonne question ?


Dans les années 70-80, René Dumont soutenait qu'avec ses 600 millions d'habitants, la Chine ne pourrait jamais adopter le mode de vie occidental. Quand les prévisions des économistes se contentent de prolonger indéfiniment des courbes, finalement absurdes, ne faut-il pas revenir à la question de René Dumont ? Car la Chine, bientôt 1ère pour le PIB, est encore loin pour le PIB par tête.


Mais elle est déjà confrontée à de grandes difficultés et il n'est pas dit que les 450 millions d'internautes soient seulement un marché prometteur pour l'e-commerce. Comme le pensent certains.


Certaines informations devraient pousser à poser d'autres questions :

  • La question démocratique : l'attribution du prix Nobel de la paix à M. Liu Xiaobo en est le témoignage incontestable, l'acharnement du régime pour empêcher la circulation des informations sur ce prix Nobel montre bien que cela doit intéresser aussi les Chinois ;

  • La question politique : il est notamment reproché à M. Liu d'avoir parlé de l'éventualité d'un "Etat fédéral" pour résoudre les questions de Taïwan et du Tibet. Mais en cas de véritable démocratisation, la perspective d'un État fédéral ne risque-t-elle pas de conduire à un éclatement de la Chine ?

  • La question sociale : le gouvernement chinois laisse filtrer ou ne peut empêcher des nouvelles de filtrer concernant les nombreux conflits sociaux. Il n'en reste pas moins que la diffusion sur la toile des grèves ou de graves incidents jouent leur rôle. Au mois de juillet, une augmentation de salaires de 20% a été annoncée, une nouvelle augmentation du même ordre devrait avoir lieu cette année. En plus de lâcher du lest, ces augmentations peuvent avoir d'autres causes, l'inflation, la volonté de développer un marché intérieur... L'augmentation des salaires chinois encourage une croissance qui jusque là était tirée essentiellement par les exportations.

  • La question écologique : la Banque mondiale relève que 16 des 20 villes les plus polluées du monde se trouvent en Chine (Le Monde 29/12/10). Pour tenter de désencombrer les rues , la ville de Pékin a annoncé qu'elle n'autoriserait que 240 000 immatriculations par tirage au sort en 2011, soit un tiers des immatriculations de 2010 (Le Monde 26-27/12/10).

Loin de se contenter de prévoir l'avenir en prolongeant les courbes du passé, la Chine est en face d'une quadruple crise. L'Histoire peut lui être utile pour répondre sur le plan démocratique, politique ou social sans garantie de succès cependant.


Quant à la crise écologique, elle ne pourra se satisfaire d'adapter les mesures partielles prises ici ou là comme la limitation du nombre des voitures dans les grandes villes. Elle est condamné à inventer.


Il y a une trentaine d'années, certains voyaient l'avenir rouge-chine, sera-t-il vert-chine ?





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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 22:03

 



La sélection pour les jeux élyséens de 2012 a déjà commencé. Sont déjà connus une dizaine de candidats ou non candidats qui se préparent ou font jouer leurs chevau-légers. En fait, certains sont en préparation depuis longtemps pour ne pas dire depuis toujours.


C'est ainsi que Nicolas Sarkozy, candidat naturel de l'UMP, non déclaré, à un second mandat dés son élection, a cru bon de soutenir l'initiative d'un lancer du DSK, aussi loin que possible. En s'attribuant ce lancement, en réalité, le fait du Premier ministre luxembourgeois, il montrait son "ouverture" et se débarrassait de l'un des rivaux qu'il redoute le plus.


Reste à voir, si ce n'était pas un boomerang. Car la fonction, entraînant un certain devoir de réserve et mettant en valeur une qualification mondialement reconnue, permet au silencieux DSK d'engranger une cote enviable face à un hyperprésident, touche à tout, bling-bling, qui s'enfonce dans les sondages.


C'est probablement un des facteurs qui l'ont poussé à "présidentialiser" son comportement, aidé cependant par quelques membres des familles centristes et UMP. Tout d'abord, il a commencé à se faire discret même s'il ne peut s'empêcher de rêver à "la dolce vita" qu'il se promet au terme de son double quinquennat. Carla Bruni-Sarkozy semble avoir pris au sérieux son rôle de première dame.


Pensant que sa gestion de la crise au niveau européen lui avait apporté une certaine popularité, il espère renouveler cette expérience avec la présidence du G8 et du G20 et, ainsi, faire face au directeur du FMI.


Car au niveau intérieur, les choses vont plutôt mal. Hier, Sarkozy, après avoir séduit un certain nombre d'électeurs d'extrême droite, avait donné quelques postes au centre et réussi quelques prises symboliques d'ouverture.
Aujourd'hui, il a dû admettre Copé à l'UMP, Fillon comme Premier ministre, l'ouverture se limite aux chiraquiens et un certain nombre de centristes se sont retirés et pensent, malgré sa forte opposition, se présenter à l'élection présidentielle.


La politique très à droite menée par ses ministres n'a pas rencontré le succès espéré. Elle a plutôt redonné des forces à l'extrême droite. Ses ministres ont du abandonner campagnes (identité nationale) ou, sous la pression de l'Europe, décisions ou réformes annoncées (circulaire sur les Roms, juge d'instruction, garde à vue). Il se retrouve avec un ministre de confiance, chargé de l'ordre, condamné en justice à deux reprises ! Et de nombreuses affaires pendantes.


Peut-être pense-t-il que, une fois de plus, il aurait du s'occuper de tout lui-même.


Reste donc la présidence du G8 et du G20 et la politique économique et monétaire, en alliant les discours antilibéraux sur les patrons voyous à destination des électeurs qui souffrent de la crise, des mesures de politique libérale telles que les exigent les marchés, le grand patronat (non voyou ?), les banques et ses amis, en utilisant la puissance germanique et Me Merkel à la fois comme modèle et comme bouclier.


Et cela sous l'oeil attentif du directeur du FMI.


DSK, le retour ? La plus grande force de Nicolas Sarkozy est l'absence d'un adversaire de poids. Si DSK devient réellement candidat à la présidentielle, il devra assumer le rôle du FMI et son rôle au FMI dans la crise européenne. Il sera difficile de convaincre que, par son action, il a gauchi le FMI, que, grâce à lui, l'action du FMI a changé dans les pays en crise. Qu'il a, à plusieurs reprises, tiré la sonnette d'alarme sur la politique déflationniste de l'UE.


Mais acteurs tous les deux d'une équipe de gestion de la crise européenne à 28, ils auront quelques difficultés à faire entendre une musique bien différente.


Alors, bonnet-blanc, blanc-bonnet ? Sur quel clivage porterait l'élection entre ces deux candidats, la couleur du pompon ? La politique intérieure ?


A moins qu'une explosion ne vienne perturber ces calculs subtils. Une crise économique européenne majeure, plus ou moins annoncée par la chute successive de dominos ? Une crise européenne ou nationale, politique avec la montée de l'extrême droite ? Ou sociale face au clivage chaque jour plus profond entre ceux qui souffrent et ceux qui s'enrichissent avec arrogance ?


La roche tarpéienne est proche du Capitole.Reste à espérer que, cette fois, les peuples ne soient pas les principales victimes.

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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 17:09

 Le remaniement est terminé... pour le moment, car des menaces planent... Les affaires continuent et au feuilleton Woerth-Bettancourt viennent se joindre l'affaire Woerth-Compiègne et les rétrocommissions avec une distribution exceptionnelle : Balladur-Chirac, Sarkozy-Villepin, Millon-Juppé... Qui aura le premier prix ?

 

La conjonction de la contre-réforme sociale et des ennuis judiciaires d'une bonne partie de la nomenklatura en place, ouvre l'appétit de tous les candidats potentiels à l'élection présidentielle de 2012.
Le candidat naturel de la droite décomplexée est désormais sous l'étroite surveillance de Copé qui, bien sûr, ne pense qu'à 2017 et de Fillon qui, bien sûr, ne pense à rien... tandis que le centre se démultiplie pour exister : Bayrou, Borloo, Morin...

 

Oublions pour le moment la candidature d'extrême-droite (Marine Le Pen, par le droit du sang, après cependant un contrôle de succession), les candidats à la candidature de EELV (Joly, Cochet... ?) et de la "gauche de gauche" (Arthaud, Besancenot, Chassaigne, Mélenchon...?), le PS, à lui seul, aligne pour ses primaires au moins 9 candidats à la candidature si..., ou au cas où..., en attendant que..., à moins que... (Aubry, Bianco, Hamon, Hollande, Moscovici, Montebourg, Mezrag, Royal, Valls...).

 

Plus un.

 

Qui ne peut faire acte de candidature par suite du devoir de réserve que lui imposent ses fonctions au FMI. Dont il joue à merveille avec l'aide de ses amis, les sondeurs; les journalistes, une grande partie du microcosme. Tous ces gens qui voient clair dans notre avenir sans avoir jamais rien prévu dans le passé. Le plus emblématique étant Duhamel qui a commis avant la précédente présidentielle un livre où il passait en revue tous les candidats potentiels du PS et oubliait celle qui, finalement, a été désignée. Il faut croire qu'il n'avait pas compris grand-chose, à Ségolène Royal ou aux adhérents du PS. Ou aux deux.

 

Tous voient voit en lui la personnalité idéale pour faire passer la pilule. Une compétence mondialement reconnue, lui qui, au moment de prendre les rênes du FMI déclarait, en octobre 2007 : "La crise financière ne devrait pas avoir d'effet dramatique sur la croissance mondiale. La situation est maintenant sous contrôle" (Le Monde 24-25/10/10). Et de gauche ! Son épouse est venue en témoigner : membre depuis 35 ans du PS, ancien ministre de Mitterrand et de Jospin.: " Faut vraiment être tordu pour se dire que Dominique n'est pas de gauche". De gauche comme Pascal Lamy, membre du PS (depuis combien d'années ?), directeur général de l'OMC. Comme Trichet, qui serait un ancien membre du PSU...

 

C'est d'ailleurs ce que confirme Claude Bébéar qui rappelle : " Il y a 30 ans, nous, les assureurs, avions confié à 2 jeunes économistes, Denis Kessler et DSK, une étude sur le financement des retraites. Ils concluaient à la nécessité de créer des fonds de pension" (Le Monde 31/10-01/11/2010). Il n'était pas seulement de gauche mais à l'avant-garde de la gauche.

 

Ce qu'il confirme en disant que le FMI est de gauche et en confiant les rênes du département Europe de cette organisation à un ancien dirigeant de Golden-Sachs... (Politis 04/11/10). Comme est de gauche Georgios Papandréou qui applique la politique du FMI à la Grèce. Comme Nicolas Srkozy qui applique la même politique à la France avant d'y être obligé par le FMI. La seule chose que le directeur du FMI a conseillé au président de la République, au micro de France Inter, c'est d'améliorer sa communication : "Dans les pays où il a fallu tailler le plus durement dans le dépenses... les nouveaux programmes du FMI sont bien acceptés par les populations" en Grèce, "la gauche au pouvoir a gagné les élections régionale et locales"... la population a accepté de " remettre en cause le système de retraite... Selon les pays, cela s'est passé plus ou moins facilement selon que ça a été plus ou moins bien expliqué" (Politis 18/11/10).

 

Tenu au devoir de réserve, quand il vient à Paris, c'est pour rencontrer, officiellement, Sarkozy, le président du G20. Ce n'est que, par hasard, qu'il rencontre, secrètement mais de façon à ce que tout le monde le sache, Aubry, Fabius, Royal et quelques autres pour discuter... "de la situation internationale et de la guerre des monnaies" (Ségolène Royal). Ou déjà pour négocier la composition du futur gouvernement.

 

Sarkozy se voyait en DRH du PS quand il débauchait Besson, Amara... Il aurait du proposer à DSK de devenir son conseiller en communication plutôt que de le laisser partir au FMI. Aujourd'hui, c'est peut-être un peu tard. Car si le devoir de réserve empêche à DSK de se déclarer candidat à la présidence de la République, d'autant que l'appel d'offre par le PS n'est pas encore ouvert, il ne lui interdit pas de déclarer qu'il n'est pas candidat.

 

Ce qu'il n'a pas fait.

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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 20:07

 

 

La presse, ce matin, ne parle que de remaniement. Depuis des mois, le remaniement n'intéresse personne, dit-on. Et on ne parle que de cela. On distrait la galerie. Mais Nicolas Sarkozy a perdu la main et ce qui s'est passé à Lyon est peut-être plus significatif que ce qui s'est passé à Paris.

 

Sarkozy a perdu la main

Depuis 2007, avec un gouvernement dit d'ouverture, Nicolas Sarkozy faisait sa politique de droite sans complexe (sécurité, identité, contre-réforme), la seconde partie du quinqennat devait être plus sociale pour reconquérir une base populaire qui, d'après les sondages, semble lui échapper.

 

Lors du remaniement, les tendances lourdes ont contraint Nicolas Sarkozy à :

  • reprendre François Fillon face aux sondages et à l'UMP. Finalement, le "collaborateur" était-il devenu indispensable ?

  • faire sa place, en embuscade, à Jean-François Copé, à la tête du parti. La candidat pour 2017 sera peut-être prêt avant !

  • recentrer le gouvernement sur l'UMP, départ de Borloo, prééminence de la vielle garde ave Alain Juppé et Michèle Alliot-Marie comme ministres d'Etat, embaucher les marqueurs les plus droitiers, Thierry Mariani, Frédéric Lefebvre.

  • désavouer Pierre Lellouche, face à l'Europe.

 

Tout ceci ne doit pas gâcher le plaisir de voir Woerth enfin remercié et le ministère de l'identité rangé dans les initiatives avortées même si l'immigration est rattachée au ministère de l'Intérieur et à son, toujours, titulaire, sous le coup d'une condamnation par la justice pour des propos peu en accord avec ses fonctions.

 

Il faut ajouter les palinodies autour de la date du remaniement, annoncée, reculée, et tout à coup précipitée, lors d'un long week-end, peut-être pour occuper les médias en lieu et place du second événement.

 

Lyon ou Paris

 

Car l'essentiel pour les équilibres politiques - aussi bien dans les rapports majorité- opposition que dans les rapports interne à l'opposition parlementaire - s'est peut-être passé à Lyon où a été mise en place la deuxième étape de l'écologie politique.

 

La première étape a été la création d'Europe écologie à l'initiative de Daniel Cohn-Bendit contre une bonne partie des Verts qui, cependant raisonnables, ont bien compris qu'après les multiples échecs électoraux, l'arrivée de DCB pouvait être à l'origine d'un bon score même si tous n'approuvaient pas ses positions. En contre-partie, le programme d'Europe écologie, rédigé par des Verts, n'était pas exactement celui de DCB.

Il a alors réussi à faire une large unité du monde écologiste en mêlant les "oui" et les "non" au projet de traité constitutionnel et en allant chercher Eva Joly, icône indiscutable de la lutte contre la corruption. Sur la liste Europe écologie se sont retrouvés des "non" et des "oui" et, à parts égales, des Verts et des non-Verts, là encore malgré la résistance de certains.

 

Les résultats ont confirmé la justesse électorale de cette association et le lancement de la deuxième étape avec la mise sur orbite de la candidature à la candidature d'Eva Joly, finalement admise par Cécile Duflot, en attendant la primaire qui, pour le moment, devrait l'opposer à Yves Cochet. A Lyon, c'est Europe Ecologie- les Verts (EELV) qui a été inauguré, encore à frottements durs que la presse a bien notés en remarquant le coté peu innovant du nom de la nouvelle formation que DCB n'appelle que Europe écologie et que la salle complète en ajoutant "Les Verts".

Mais DCB qui avait parlé, la semaine précédente, du sectarisme des Vert, a fait le voyage de Lyon; en désaccord avec son frère, pour prendre acte, malgré les réticences des certains, du nouveau pas en avant.

 

Dans ce congrès qui aurait pau avoir, sans lui, l'allure d'une messe apparemment consensuelle traversée par quelques réticences, il a avancé les axes de l'étape suivante. Par quelques phrases que la presse a relevées et qui ont dû être appréciées de façon diverse.

 

1 - "Nous ne sommes ni de droite, ni de gauche".  Cela veut dire que l'écologie politique n'est pas basée sur les clivages du 18 ème ou 19 ème siècles mais sur ceux du 21ème. Surtout qu'il ne faut pas se gargariser de mots "de bois" qui évitent de penser . Enfin l'écologie politique doit être ouverte à tous. Waechter est content, sourit, suit et DCB ouvre EELV à d'autres ralliements... Corine Lepage, centristes ?

2 - "Nous sommes antiproductivistes"; Et la gauche (surtout le PC) comme la droite sont productivistes. C'est une façon claire de compléter la proposition précédente et de rappeler que l'axe central de l'écologie politique n'est pas la lutte des classes, n'est pas seulement social mais planétaire, c'est l'écologie. Car le productivisme de droite ou de gauche va dans le mur. Mais il est prudent et n'emploie pas le mot "décroissance" qui ferait plaisir aux écolos les plus radicaux mais ferait fuir certains et surtout la masse des électeurs à séduire.

3 - "Nous sommes contre cette réforme des retraites", "Il faut battre Sarkozy". Ce qui répond probablement au désir d'une large majorité des membres de EELV et qui implique une alliance avec la gauche contre la droite.

4 - "Nous sommes les meilleurs défenseurs des droits de l'homme". Donc à gauche de la gauche sur la question. Ce qui ne peut que réjouir tous les militants.

Ce dont il n'a pas parlé, et c'est une habileté, c'est de l'Union européenne. Tout le monde sait qu'il est très européiste. Au point qu'il a voté "oui" au traité en dépit de son contenu "libre et non faussé" et de son soutien au capitalisme tel qu'il est et tel qu'il veut être. Il accepte l'Union européenne telle qu'elle est.

Le discours de DCB est un discours "attrape-tout" pour battre le PS en attirant tous les électeurs que l'écologie n'effraie plus, alors que droite et gauche ne font que repeindre en vert les murs de leur vieille maison parce que c'est la mode.

Par ailleurs, les rôles semblent bien répartis au sein du mouvement entre Eva Joly à la candidature, Cécil Duclos à la tête du parti, DCB à la manoeuvre, mais aussi dans les structures dirigeantes.

 

Quant à la gauche. La "gauche de gauche" poursuit sa longue marche sur place depuis 2005... Aura-t-elle en 2012, 2, 3 ou 4 candidats à une élection que tous disent vouloir supprimer ?

De son côté, le PS est pris dans la querelle des "écuries" qui sous-tend toutes les prises de position. En attendant, il se divise entre ceux qui suivent son aile gauche et "l'égalité réelle", pour faire le plein à gauche et réduire la "gauche de gauche" au premier tour avant de s'adresser au second tour aux centristes. Et ceux qui veulent profiter, dés maintenant du désarroi de ces centristes et sont prêts à les accueillir comme Ségolène Royal ou au moins à ne pas les effrayer. Le tout sous le contrôle des médias qui ne manquent pas de stigmatiser la non adaptation des socialistes au monde moderne et à la mondialisation. Et qui ont bien entendu le directeur du FMI comme candidat idéal de gauche.

 

Pour le moment, la presse et les élites tolèrent le discours de ces petits écolos bien sympathiques. Surtout qu'ils vont gêner le PS. Dans quelque temps, si EELV monte dans les sondages, comme die Grünen en Allemagne, il n'est pas sûr qu'il en soit de même. Et on verra les "compétents" poser des questions sur le réalisme des programmes. Sur les contradictions qu'il peut y avoir entre certaines propositions programmatiques et un européisme acritique.

Le remaniemnt un peu pécipité, après une si longue absence, témoigne-t-il de la volonté de Nicolas Sarkozy de rendre inaudible les Congrès de Lyon alors quand son centre se dérobe. En d'autres temps, il avait donné un petit coup de pouce en laissant programmer certins films écologiques à la télvision.

 

L'écologie politique, EELV, réussira-t-ellenà se hisser sur le podium ? A quelle place ? La réussite est loin d'être assurée.

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