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18 novembre 2013 1 18 /11 /novembre /2013 14:50

 

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La Commission européenne (CE) va proposer d’ouvrir une procédure de déficit excessif contre la Croatie qui a enregistré en 2012 un déficit public de 5 %. «D’après les plans de son gouvernement et les prévisions d’automne de la CE, explique Bruxelles, il devrait rester très au-dessus du seuil de 3 % au cours de la période 2013-2015, tandis que la dette publique devrait dépasser 60 % en 2014.» La décision sera prise par le Conseil des ministres des Finances de l’UE (Libération16-17/11/13).

 

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Cela pose, une fois de plus, la question du sérieux des institutions européennes, CE, Parlement européen (PE) et Conseil européen confondus. En effet, les négociations avec la Croatie se sont déroulées de 2005 à2011. Le PE a donné son accordau Traité d'adhésion signé lors du Conseil européen de décembre 2011. En janvier 2012, la population croate s'est prononcée favorablement à cette adhésion par 67% des suffrages exprimés et, finalement, le 27 mars 2013, la CE a autorisé l'entrée de la Croatiedans l'UE le 1er juillet 2013, considérant que le pays a respecté l'ensemble de ses engagements, même si des efforts restent à faire notamment dans le domaine de la corruption.http://www.touteleurope.eu/les-etats-membres/donnees-de-base-sur-les-etats-membres/detail-pays/croatie.html

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Il a fallu 6 à 8 ans pour que les institutions jugent que la Croatie pouvait adhérer et 5 à 8 mois pour proposer d'ouvrir une procédure de déficit excessif !

Pourtant, il était connu que la Croatie était en récession depuis 2009 que le PIB croate se situait 39 % en dessous de la moyenne européenne, seules la Roumanieet la Bulgariese plaçant derrière Zagreb, selon l'office des statistiques de l'UE (Le Monde 01/07/13) Le déficit budgétaire était déjà de 5,1% pour 2010 et de 5,2% pour 2011 (Coface) sans cependant arrêter la CE. Le critère d'un déficit de moins de 3% n'était donc pas rempli à l'époque, il dépassait déjà les 5% constatés, aujourd'hui avec inquiétude, par la CE et il n'y avait guère plus d'amélioration en vue qu'aujourd'hui.

 

Concernant la corruption, des efforts sont à faire : en effet, d'après l'OFCE, la Banque mondiale place la Croatie « en 84e position (sur 185 pays)... derrière l’ensemble des 27 pays de l’UE... La Croatie a présenté des flux financiers illicites de l’ordre de 300 dollars par habitant par an en moyenne au cours de la dernière décennie. Parmi les pays émergents membres de l’UE pour lesquels nous disposons de données, c’est le montant par habitant le plus élevé, notamment plus du double de celui enregistré pour la Bulgarie ou la Hongrie.» 
«
Dès lors, on peut s’étonner que l’UE n’ait pas tiré les leçons des cas roumain et bulgare. En d’autres termes, pourquoi les instances européennes ont-elles autorisé l’adhésion de la Croatie avant qu’elle n’ait effectivement résolu son problème de corruption ?», http://geopolis.francetvinfo.fr/plombee-par-la-crise-la-croatie-devient-le-28e-pays-de-lue-18345

Le journal allemand Bild ne se pose pas la question et conclut «Des dettes, de la corruption et un fort taux de chômage, voilà ce qu'est la Croatie comme la prochaine Grèce qui engloutira les milliards de Berlin».

Bild n'a probablement pas tort sauf que le budget allemand ne sera pas le seul à payer et qu'il ne faut pas oublier les mesures qui toucheront le peuple croate.


A l'occasion de la crise, tout le monde a reconnu que certaines adhésions à l'UE avaient été acceptées en
« oubliant »les critères économiques et financiers, d'où les conséquences que l'on sait en Grèce et à Chypre par exemple. On pouvait penser que la leçon avait été comprise et que les mêmes « erreurs » ne seraient pas renouvelées pour les adhésions suivantes.

C'est aujourd'hui le tour de la Croatie . Voilà que, aussitôt entrée joyeusement dans l'UE, elle est menacée d'une enquête. On peut comprendre que le peuple croate ait voulu, à une large majorité par référendum, adhérer à l'UE : après des années de dictature, après les difficultés dues à a dissolution de la Yougoslavie, après l'aide apportée par l'UE à la démocratisation et à la reconstruction, après la stabilisation des frontières (avec l'Italie et la Slovénie)...

Si la CE a fermé les yeux et mis un bandeau sur ceux du peuple croate, pour l'adhésion, le résultat acquis, il ne lui a fallu que quelques mois pour qu'elle brandisse le fouet. Demandera-t-on par référendum, au peuple croate, s'il accepte d'appliquer la politique que la CE ne manquera pas de lui conseiller dans quelques mois ? Peut -être sera-t-il alors mieux informé de ce que veut dire adhésion ou non à l'UE.


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Comme il n'est pas possible de penser que la CE, le PE, le Conseil européen soient ignorants ou inconscients, il faut se poser la question du pourquoi de ces décisions apparemment contradictoires, prises avec la complicité des gouvernants croates.

Pour le gouvernement croate, les choses sont assez claires. Comme la plupart des gouvernements, il pourra attribuer à l'UE la responsabilité de mesures qu'il pensait devoir prendre, quoi qu'il arrive, et qu’il ne voulait pas assumer directement.

Quant à l'UE, elle est lancée depuis longtemps dans une suite d'élargissements, plus ou moins justifiés, qui la rendent politiquement ingouvernable, sauf par le forces économiques et financières. Qui ainsi élargissent leur emprise.

 

 

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Photos de Dubrovnik qui a été reconstruite avec l'aide financière de l'Union européenne.

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