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30 décembre 2023 6 30 /12 /décembre /2023 21:51
Missak et Mélinée, de l'Affiche rouge au Panthéon

Entrés en France par la petite porte, dérobée, Missak et Mélinée Manouchian, immigrés, arméniens survivants du génocide turc, communistes, résistants contre le nazisme, étrangers, français de préférence, entreront au panthéon au mois de février.
Par le bon-vouloir d’un président de la République qui vient de commettre la 30ème loi depuis 1980, sur l’immigration, inspirée, soufflée, votée par toute la droite et l’extrême droite !

Étranges parcours ! D’un homme, d’une femme et de l’hommage qui leur est rendu.

Avec eux, seront aussi honorés  22 camarades du groupe résistant des FTP-MOI parisiens (Franc-tireurs et partisans-Main-d’œuvre immigrée) dont a fait partie en février 1943, Missiak Manouchian, nommé commissaire technique en juillet et commissaire militaire le mois suivant.

Ce groupe était constitué de résistants au nazisme de 7 nationalités différentes : 8 Polonais, 5 Italiens, 3 Français, 3 Hongrois, 2 Arménien, 1 Espagnol et une femme, roumaine, transférée à Stuttgart et décapitée le 10 mai 1944.

L’émouvante lettre de Missak Manouchian à Mélinée, son épouse, est connue du grand public depuis 1961, grâce à la chanson L’Affiche rouge de Léo Ferré, franco-monégasque, né à Monaco, français de naissance (1926), monégasque de choix (1953), mort en Italie (1993). Léo Ferré, anarchiste, a mis en musique et chanté le poème (texte et analyse littéraire) paru d’abord dans l’Humanité, Strophes pour se souvenir (1955) de Louis Aragon, communiste.

Chanson qui a été interdite sur les ondes nationales françaises jusqu’en 1982 !

Un communiste, un anarchiste, rendant hommage à vingt-et-trois étrangers, nos frères pourtant, luttant contre le nazisme, pour la liberté et criant la France, en s’abattant ! Chanter la France et la Liberté, dans le même camp ! Rendre hommage à des personnes aux noms imprononçables. En pleine Guerre froide et, surtout, en pleine Guerre d’Algérie !

Louis Aragon, dans Strophes pour se souvenir, mettait en poème les mots de Missak Manouchian dans sa lettre, sans haine mais non sans amour, à Mélinée écrite quelques heures avant d’être fusillé. Et rendait hommage, au groupe de Missak Manouchian, sans le nommer et, ainsi, à tous ceux qui, quelle que soit leur nationalité, avaient le même engagement.

Pour se souvenir.

Se souvenir de Mélinée, de sa dernière lettre à Missak, moins connue, tout aussi émouvante.

Se souvenir de leur vie.
De leur combat.

De leur destin.

Unis et séparés.
Et à nouveau unis.


 

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18 décembre 2023 1 18 /12 /décembre /2023 13:29
De la beauté du chant, à sa source cruelle...

Le 21 févier 2024, accompagné de son épouse Mélinée, Missak/Michel Manouchian entrera au Panthéon, quatre-vingts ans après avoir été fusillé au Mont-Valérien.

Avec eux, seront aussi honorés  22 camarades du groupe résistant des FTP-MOI parisiens (Franc-tireurs et partisans-Main-d’œuvre immigré) dont a fait partie en février 1943, Missiak Manouchian, nommé commissaire technique en juillet et commissaire militaire le mois suivant.

Ce groupe était constitué de résistants au nazisme de 7 nationalités différentes : 8 Polonaise, 5 Italiens, 3 Français, 3 Hongrois, 2 Arménien, 1 Espagnol et une femme, roumaine, transférée à Stuttgart et décapitée le 10 mai 1944.

À l’occasion de la panthéonisation du couple Manouchian, des discours, des articles, des émissions, des colloques... vont être proposés.

Pour prendre une petite avance sur toutes ces propositions qui ne seront pas toujours désintéressées, il est possible de retrouver en quelques clics la beauté tragique de la vie des Manouchians et de leurs camarades.

Remonter le fil à partir d'une des plus belles chsansons de Léo Ferré, L’Affiche rouge, chantée en 1961 par Monique Morelli, puis par Léo Ferré qui reprend l’admirable mise en poême en 1956 , Strophes pour se souvenir (texte et analyse littéraire) par Louis Aragon, de la dernière Lettre à Mélinée de Michel Manouchian, peu avant son exécution avec ses camarades. Moins connue, la dernière lettre de Mélinée à son mari Missak est aussi remarquable.

Pour connaître l’essentiel de la vie des deux panthéonisés, survivants du génocide arménien, orphelins, immigrés en France, communistes, militant pour l'Arménie et la libération de la France..., il suffit d'aller sur le net et de cliquer sur  Missak Manouchian et Mélinée Manouchian.

 

 

 


 

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3 décembre 2023 7 03 /12 /décembre /2023 23:05
TERREUR ! TERRORISME ! TERRORISTE !

Le sens des mots terreur, terrorisme, terroriste n’est pas qu’une question de vocabulaire. C’est aussi une question très politique, au point que ni l’ONU, ni la Cour pénale internationale (CPI) n’ont su les définir !

La Terreur apparaît sous la Révolution française quand, face aux dangers conjugués du fédéralisme, de l’insurrection en Vendée et des puissances étrangères voulant remettre le roi sur le trône, la Convention suspend la Constitution. Et instaure un état d'exception.

À la fin du XIX°, terroriste est repris notamment avec les populistes russes qui répondent à la situation de violence institutionnelle par des actes contre les têtes couronnées qu’ils veulent abattre.

Le terrorisme, de droite ou de gauche, survient quand des catégories, des classes sociales ou des peuples se sentent profondément exploités ou opprimés. C’est l’arme de ceux qui estiment n’avoir pas d’autres moyens pour améliorer leur situation.

La France a donné une définition du terrorisme en 1986 qui permet de lister les organisations terroristes : entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur. Et justifier la mise en place d’une législation répressive spécifique (Le Monde 18 octobre 2023).

Pour être plus précis, il faut distinguer les actes de résistance ou de guerre contre des forces militaires. Et les actes terroristes (attentats, destructions, prises d’otages..) qui visent des civils pour créer un climat d’insécurité, d’inquiétude et faire basculer tout ou partie de la population contre le pouvoir afin de l’affaiblir, l’entraîner dans un engrenage répressif susceptible de le discréditer… et favoriser une autre politique.

Les mêmes moyens peuvent être utilisés par des groupes criminels pour imposer lomertà, obtenir des avantages ou extorquer des fonds (mafias, cartels de la drogue).

TERREUR ! TERRORISME ! TERRORISTE !

Terroristes peut aussi être utilisé pour disqualifier des personnes, des groupes auprès de la population. Ainsi les Résistants étaient qualifiés de terroristes par l’occupant nazi alors qu’ils s’attaquaient aux forces d’occupation.

Dans le même but, certaines expressions comme prise d’otage sont galvaudées pour dresser les consommateurs, les usagers contre les grévistes lors de conflits sociaux.

Quand les actes sont commis par les membres de forces armées d’un État, il n’est plus question de terrorisme mais de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, identifiés par des traités internationaux et la CPI que tous les États n’ont pas adopté. Comme Israël, les ÉUA (États-Unis d’Amérique), la Russie..., très prévoyants, qui n’ont pas signé ou ratifié le Statut de la CPI. Ils mettent ainsi à l’abri de poursuites par la CPI les membres de leurs forces armées, coupables éventuels d’actions criminelles (la CPI ne peut juger les États).
En même temps, certains, comme les ÉUA, avec la compétence universelle, peuvent poursuivre les auteurs de crimes quel que soit le lieu où le crime est commis, quelle que soit la nationalité des auteurs ou des victimes !!!

TERREUR ! TERRORISME ! TERRORISTE !

Le Hamas et le terrorisme.

Le Hamas (ferveur, zèle en arabe), acronyme arabe de Mouvement de la résistance islamique, est un mouvement de résistance qui lutte contre l’occupation de la Palestine par l’entité sioniste (contre Israël) avec deux branches, une politique, l’autre armée.
Issu des Frères musulmans, le Hamas, né en 1987, administre la bande de Gaza depuis sa victoire électorale, en 2006, acquise sous le contrôle international d’un millier d’observateurs du National Democratic Institue et de représentants du monde arabe. Victoire due à ses actions sociales, son programme politique et à des dirigeants réputés peu corrompus.

Le Hamas est classé comme terroriste par nombre d’États occidentaux mais ne l’est pas par la majorité des États membres de l’ONU (dont la Norvège, la Suisse...). Ce qui confirme que définir une organisation comme terroriste ou non est une décision politique. Certains États lui apportent un soutien politique et/ou financier. Dont le Qatar avec une aide financière pour payer les fonctionnaires de la bande de Gaza donc du Hamas, coordonnée avec Israël, l’ONU et les ÉUA.

TERREUR ! TERRORISME ! TERRORISTE !

Le 7 octobre 2023.
Les actes commis ce jour-là sont-ils des actes terroristes ? En prenant la claire définition énoncée plus haut, oui.
Les militaires capturés peuvent être considérés comme des prisonniers. Mais les membres du Hamas ont, intentionnellement, tué ou pris en otages des civils, hommes, femmes, enfants qui n’avaient que le tort être là, dans leurs activités quotidiennes ou en train de faire la fête. Cette opération d’envergure a été précédée par d’autres attentats terroristes en 1991, 1993…

Mais ce qui frappe le plus, c’est la particulière cruauté, assassinats à l’arme blanche, y compris d’enfants très jeunes, filmés, accomplis parfois de façon jubilatoire. Ce ne sont pas des bavures au cours d’un affrontement meurtrier violent, déstabilisant.

Le Hamas est une organisation de résistance utilisant le terrorisme. Ce n’est pas la première. Certains de leurs chefs sont devenus ministres ou chefs d’État. Parfois aussi responsables de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité, une fois arrivés au pouvoir...

Ressortent des événements du 7 octobre et des jours qui ont suivi, les images du massacre et le droit d’Israël à se défendre. Plus que les morts quotidiennes, anonymes, abstraites, sous les bombes et le droit du peuple palestinien à sa défense contre l’occupant.

Depuis, la Palestine a pris la première place dans l’actualité politique internationale et attiré à l’attention de tous. Mais le Hamas avait-il besoin de cette terreur, d’une brutalité d’une telle ampleur pour cela ?

TERREUR ! TERRORISME ! TERRORISTE !

Les Israéliens parlent du jour du plus grand massacre de juifs au monde depuis la Shoah. Ce pogrom met en question l’efficacité de l’armée et de la politique de d’Israël.

Le Hamas a pris en défaut la force dite invincible et protectrice de l’armée israélienne.
La bande de Gaza, sa population, le Hamas, neutralisés par des années de blocus, depuis 2007, le gouvernement pensait pouvoir consacrer son attention et les forces armées au soutien des colons en conquête de nouvelles terres en Cisjordanie.
Cette erreur met en question l’essence même de l’État d’Israël : le seul lieu au monde où les juifs sont en sécurité.
La réaction brutale, disproportionnée, du gouvernement d’Israël a entraîné la plus grande vague d’antisémitisme et d’antisionisme dans le monde.
Au total, le gouvernement et l’armée n’ont pas assuré une protection efficace des juifs en Israël. Sont responsables de l’augmentation de leur sentiment d’insécurité dans le monde ! Commencent à faire douter de la fidélité jusque là inébranlable des États-Unis, devant l’opposition des gouvernements du Sud-Global, de la rue arabe, des manifestants dans les pays occidentaux, y compris aux ÉUA, contre l’intervention à Gaza.

Au moment où ceux-ci ont de graves préoccupations géostratégiques

Netanyahou, ne sachant pas finir la guerre, renforce le Hamas dans les têtes d’un peuple meurtri même si l’organisation est détruite demain.
Pour obtenir la libération des otages, il a du négocier avec le Hamas par l’intermédiaire des ÉUA, de l’Égypte, du Qatar et même de l’Iran !!! Tandis que les Israéliens manifestent contre Netanyahou pour la libération des otages. Les détenus palestiniens sont reçus comme des héros et portent cette libération au crédit du Hamas.
Bombes et libérations triomphales préparent la relève.

TERREUR ! TERRORISME ! TERRORISTE !

Le Hamas est un mouvement de résistance à l’occupation, armée et terroriste. Il est soutenu par une partie significative des Palestiniens. Si Israël détruit totalement sa branche armée. Elle renaîtra à Gaza ou/et en Cisjordanie. Et il restera encore la branche politique à l’extérieur…

Israël est condamné à changer de gouvernement.
Soit pour continuer et amplifier
une politique d’expansion, de répression supposée plus efficace, avec des transferts de population vers de nouveaux camps de réfugiés en Israël ou dans les pays voisins pris en charge matériellement par UNRWA et éventuellement les pétrodollars des pays voisins…
Soit pour changer de politique

C’est difficile mais il n’est pas interdit d’espérer.

TERREUR ! TERRORISME ! TERRORISTE !
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24 novembre 2023 5 24 /11 /novembre /2023 16:19
ISRAËL-PALESTINE DÉNOUEMENT ?

Il est plus facile de déclencher une guerre que de l’arrêter. Celle-ci dure depuis plus de 100 ans. D’intensité variable. Très forte actuellement.

La Palestine est dans un confit violent quasi permanent depuis le jour où des juifs sionistes sont venus pour y fonder un État, à la fin du 19ème siècle. Soutenus par les puissances du jour, hier par le Royaume-Uni surtout après la déclaration de Balfour en 1917. Aujourd’hui, par les États-Unis, après la seconde guerre mondiale et l’Holocauste.

Ce conflit, au départ, interne à la Palestine, entre immigrants sionistes et Palestiniens, s’est étendu à toute la région qui, sans compter de plus petits affrontements, a connu onze guerres (et insurrections) israélo-arabes et israélo-palestiniennes : guerre d'indépendance d'Israël (1948-1949), crise du canal de Suez (1956), guerre des Six Jours (1967), guerre du Kippour (1973), guerre du Liban (1982), première (1988) et seconde Intifada (2000-2005), conflit israélo-libanais de 2006, guerre de Gaza de 2008-2009, opération de novembre 2012, guerre de Gaza de juillet-août 2014 et guerre actuelle Israël-Hamas (acronyme partiel de Mouvement de résistance islamique).

Quand une guerre commence, les belligérants pensent la finir par une victoire nette définitive. Elle s’arrête souvent par un compromis, durable seulement si les antagonistes pensent avoir obtenu plus ou moins satisfaction. À défaut, la partie qui se croit lésée fait tout pour remettre en question l’accord avec l’aide d’alliés éventuels, rarement bénévoles.
Le conflit repart avec une possible extension.


 

ISRAËL-PALESTINE DÉNOUEMENT ?

La fin du conflit en Palestine a eu lieu plusieurs fois ! Avec des cautions locales, régionales, internationales. Chaque fois, les frontières se déplacent. Les réfugiés s’éternisent dans des camps multipliés.
Les morts s’accumulent.
Les haines s’exacerbent. Les enfants naissent. Les futurs combattants sont formés. Pour la prochaine fois.


 

En Palestine, un accord, durable, ne peut être envisagé qu’entre un État israélien fort du soutien ferme de sa droite dure. Et des représentants palestiniens reconnus par le peuple pour leur résistance à l’occupation. Mandatés par ceux qui se battent. Sans exclusives.

Qui sont les plus terroristes ?
Ceux qui estiment que tout Israélien sur le territoire palestinien est un occupant ?
Ceux qui estiment que tout Gazaoui est un terroriste ou un complice des terroristes ?
Quels que soient l’âge, le sexe, la validité, la fonction, les opinions des un ou des autres… ?
Seule l’arme de mort diffère !

Cet accord entre Israéliens et Palestiniens devra être approuvé par les belligérants et leurs alliés. Peut-être en aidant les uns et les autres à s’accorder. Aider, pousser, obliger.
Il n’y aura pas de paix sans la volonté forte et imposée par les États-Unis.

La solution de ce conflit entre deux peuples pour la même terre, se révèle, de plus en plus difficile, faute de concessions, opposant les forces des deux parties en Palestine, de plus en plus dures, religieuses. Ce qui rend les compromis plus difficiles.


 

ISRAËL-PALESTINE DÉNOUEMENT ?

Les bases de cet accord sont pourtant connues, maintes fois évoquées. Deux États, palestinien et israélien, aux frontières reconnues par les deux parties, garanties diplomatiquement et surtout par une forte présence militaire internationale sur le terrain pour le faire respecter et empêcher la multiplication des incidents.
Ce type d’accord a déjà été envisagé et bloqué par l’assassinat de Yitzhak Rabin. Le reprendre, l’accommoder à la situation du jour ne sera pas facile après tant d’années d’échanges douloureux.

Le récent accord avec libération d’otages, de détenus et brève trêve humanitaire, montre bien que les belligérants se reconnaissent, que des négociations sont possibles, qu’elles on eu lieu, partielles, discrètes, en même temps qu’actes belliqueux et déclarations intransigeantes.
Que les États-Unis sont susceptibles de l’obtenir comme ils l’ont obtenu. Avec l’aide du Qatar, bien placé pour jouer les doubles, abritant, à la fois, une importante base aérienne des États-Unis et la branche politique du Hamas qu’il finance comme d’autres forces islamistes.

Des implications internationales.

Paradoxalement, la situation internationale actuelle, générale et régionale, peut être un moment favorable à une solution.
Plus intéressante aujourd’hui qu’hier pour certains

Quel est l’intérêt de la Chine qui joue un rôle de plus en plus important au Proche-Orient avec l’accord Iran-Arabie saoudite et ses achats de pétrole ? Une entente sino-étasunienne est-elle pensable qui prendrait acte, discrètement, de la place nouvelle de la Chine...
Comment Mohamed Ben Slimane peut-il concilier le rapprochement avec Israël, avec l’Iran et la Chine, la modernisation et la rue arabe ?
L’Iran a-t-il intérêt à continuer à subventionner le Hezbollah, subir le blocus et faire face à la rue ?
Israël peut-il tenir tête aux États-Unis, à les affaiblir davantage, à faire perdre l’élection à Joe Biden ? À favoriser antisémitisme et antisionisme aux États-Unis, dans le Sud-Gloibal, dans le monde entier ?

Les déclarations de Netanyahou sur la prise de contrôle de Gaza par Israël, sur l’émigration forcée des Gazaouis vers de nouveaux camps de réfugiés en Égypte ou ailleurs, sont elles soutenues pas les États-Unis ou au contraire une pression sur les États-Unis, une montée aux extrêmes avant l’inévitable compromis ?
Car Natanyahou sait que, in fine, il cédera à la volonté des États-Unis.

Les États-Unis sont engagés sur 3 fronts leur suprématie mondiale est en jeu. Trouveront-ils, dans chaque cas, le moyen d’éviter une explosion qui peut ne pas être que locale ?

Vont-ils continuer à soutenir inconditionnellement, comme ils le font depuis 70 ans, Israël qui paraissait comme le 51ème État des États-Unis ? Et la droite israélienne jusqu’à la conquête du Grand Israël vidé de tous les Palestiniens ? Mais dont la politique brutale au vu du monde entier devient insoutenable. Même aux États-Unis avec la division croissante de l’opinion publique étasunienne qui pèse sur la réélection de Joe Biden ?

.
Les États-Unis sont affaiblis au Proche-Orient. Comment garder la première place ? Par la guerre ? Comme ils l’ont si bien réussi en Irak ou en Afghanistan ?

Peuvent-ils, en même temps, soutenir l’Ukraine contre la Russie dans une guerre qui dure plus que prévu et qui commence à peser sur le budget, les parlementaires et l’opinion publique… Une Ukraine jusqu’au-boutiste qui risque, sans un plan Marshall, de s’écrouler avant d’avoir reconquis l’Est de l’Ukraine et la Crimée ?

La confrontation qui compte, directe ou non, sans affrontement militaire pour le moment, est la Chine.
La Chine qui construit son développement scientifique, développe son influence politique, les routes de la soie.

Qui, seule, détient la clef de l’Horloge avec Taïwan comme point de fixation.

Des dénouements négociés sont encore possibles au risque d’un dernier affrontement accidentel.

 

ISRAËL-PALESTINE DÉNOUEMENT ?
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20 novembre 2023 1 20 /11 /novembre /2023 18:11
ISRAËL-PALESTINE LA GUERRE SANS FIN ?

Tout le monde sait comment cela a commencé. Comment ça finira ?

À l’origine, Dieu. Qui aurait dit à Abraham et à quelques autres, Isaac et Jacob, et Moïse, de se rendre à Canaan pour prendre possession du pays où coule le lait et le miel, dans les lieux où vivent des idolâtres, en faisant toutes les abominations odieuses à l’Éternel : Vous détruirez complètement les Hittites, les Amorites, les Cananéens, les Perizites, les Hivites et les Jébusites, comme le Seigneur votre Dieu vous l’a commandé.
Justification inaltérable pour des juifs religieux intégristes qui ont des vues sur ce territoire qui couvre, plus ou moins, Israël, Palestine, Liban, Ouest de la Jordanie et de la Syrie d’aujourd’hui : La Terre promise.
La Terre sainte pour les chrétiens. Une terre sainte pour les musulmans.

Après de multiples persécutions et l’éclosion des nationalismes dans l’Europe de 1848, des personnalités juives, souvent non religieuses, pensent aussi à une patrie pour les juifs où leur sécurité serait assurée. En 1862, Moses Hess, philosophe allemand, proche de Marx, engagé dans les luttes ouvrières en Allemagne, impressionné par le Printemps des peuples et l'unité italienne, propose de créer un État juif socialiste.

Au début des années 1880, la Palestine est peuplée d’Arabes musulmans ou chrétiens et de quelques juifs. Dont le nombre va croître avec les persécutions en Europe et l’influence de l’idéologie sioniste (nostalgie de Sion et aspiration nationale).
La population juive est alors chiffrée à 25 000, 80 000 en 1917, au moment de la déclaration de Balfour, promettant l’instauration d’un foyer national juif, soit 11 % du nopmbre d'Arabes de la population de Palestine. Un tiers de juifs palestiniens (Yishouw Yashann, vieux peuplement), les autres sont des immigrés plus ou moins récents, à titre religieux, personnel. Les colons d’origine européenne sont moins de 8 %.

En 1922, la Société des Nations (SDN) attribue au Royaume-Uni (1) un mandat sur la Palestine, avec comme objectif la création d’un foyer national pour le peuple juif sur la base du lien historique existant entre le peuple juif avec la Palestine dans le but de reconstruire leur foyer national dans ce pays, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existantes. Le Royaume-Uni doit placer le pays dans des conditions politiques, administratives et économiques qui permettront l’établissement d’un foyer national juif et le développement d’institutions d’autogouvernement, faciliter l’immigration juive et encourager l’installation compacte des Juifs sur les terres.
Le Livre blanc de Winston Churchill, secrétaire aux colonies, précise que cela ne signifie pas, comme l’estiment les sionistes, que la Palestine en entier devrait être convertie en un foyer national juif, mais qu’un tel foyer devrait être fondé en Palestine.

L’interprétation sioniste du mandat entraîne des conflits entre Arabes et juifs et particulièrement la grande révolte arabe, 1936-1939, aux conséquences importantes : démantèlement des forces paramilitaires arabes et arrestation ou exil de ses dirigeants (certains s’allieront aux nazis), renforcement paramilitaire sioniste, avec l’aide des Britanniques.

Les Arabes palestiniens obtiennent, dans le Livre blanc britannique de 1939, une limitation de l'immigration juive, du transfert de terres arabes à des juifs et la promesse de la création d'un État unitaire dans lequel juifs et Arabes partageront un gouvernement qui permette de préserver les intérêts de chaque communauté. Cette proposition est rejetée par la communauté juive palestinienne et ses paramilitaires qui lancent à leur tour une révolte générale interrompue par la Seconde Guerre mondiale.

Déclaration d'établissement de l'État d'Israël ou d'indépendance de l'État d'Israël, par David Ben Gourion, président de l'Agence juive, Premier ministre, le 14 mai 1948, à Tel Aviv.

Refusée par les Palestiniens et les États arabes. C’est le début d’un affrontement avec les Palestiniens, soutenus pour des motifs politiques (nationalisme, solidarité anticoloniale), ethniques (peuples et pays arabes) ou religieux (solidarité musulmane) mêlés, plus ou moins sincères… De leur côté, les pays occidentaux apportent leur aide en toutes circonstances et par tous moyens (pour la France, le nucléaire notamment) à Israël et à ses gouvernements quand ils ne l’utilisent pas : expédition de Suez, alliance de la France, du Royaume-Uni et d’Israël à la suite de la nationalisation du canal de Suez par l'Égypte en 1956.

Finalement, le peuple palestinien est entraîné dans un affrontement où son devenir n’est pas toujours la préoccupation fondamentale des forces qui interviennent.

En gagnant la guerre de 1948, Israël conquiert 26 % de territoires supplémentaires par rapport au plan de partage de 1947. De 700 000 à 750 000 Arabes fuient ou sont expulsés de leurs terres, Exode palestinien, la Nakba (désastre  ou catastrophe), créant une population de réfugiés tandis que, dans les années suivantes, les communautés juives des pays arabes les quittent, certaines multi-millénaires comme en Irak ou en Égypte, et que beaucoup de leurs membres se réfugient en Israël. Une série d'opérations est programmée comme au Yémen (opération Tapis volant) ou en Irak (opération Ezra et Néhémie).

ISRAËL-PALESTINE LA GUERRE SANS FIN ?

Le peuplement juif de la Palestine.
Sans reprendre toutes les persécutions, innombrables, dont ont été victimes les juifs de l’Oural à l’Atlantique, certaines ont un rôle dans la création de l’État d’Israël.

À partir de 1882, le nombre de juifs de Palestine augmente par vagues successives, le plus souvent à la suite de violences antisémites dans des pays européens. Après des pogroms en Russie, première alya, 1881-1890, les Amants de Sion, pour le renouveau du peuple d'Israël par le retour vers Sion et la reconstruction de sa patrie. Parmi eux, Eliézer Ben-Yehoudah, père de l’hébreu moderne.
À cette époque, les notions d’alya politique et de sionisme sont très minoritaires chez les juifs malgré de nombreuses persécutions sur un fond d’antisémitisme multiséculaire. Beaucoup croient l’assimilation possible dans les démocraties. C’est le cas de Theodor Herzl. Qui rejoindra le sionisme et prendra la tête du congrès mondial sioniste en 1897.

Theodor Herzl, né en 1860, à Vienne, est confronté à l’antisémitisme et à l’intégration dans les sociétés européennes. Pour lui, l’assimilation, les idéaux de la Révolution française, l’égalité des droits de tous les citoyens triompheront. Le retour en Palestine est un mythe.
Correspondant d’un quotidien viennois à Paris, chargé de couvrir l’affaire Dreyfus, il comprend la profondeur de l’antisémitisme en France, premier pays à avoir proclamé l’égalité des juifs en 1791 ! Qui a donné la nationalité française aux juifs d’Algérie en 1871 !
Un juif quoi qu’il fasse sera toujours considéré comme un étranger. Seule solution : la création d’un État juif indépendant. En 1896, il publie L’État des Juifs et devient un des principaux sionistes de la fin du XIXe siècle.
Le sionisme de Herzl
est laïc. La création d’un État répond à son souci de sécurité. Il l’envisage même hors de Palestine. Il obtient du ministre britannique des Colonies, la possibilité de l’établir en Ouganda. Une colonie tout de même. Le projet Ouganda est rejeté par l’OSM (Organisation sioniste mondiale) en 1905.

Au cours de la première moitié du XXème siècle, les persécutions se succèdent en Europe. Jusqu’à l’Holocauste, la solution finale nazie.

Les vagues d’immigration se suivent de l’Empire russe, d’Europe centrale ou orientale. Deuxième alya (1903-1914) avec notamment Ben Gourion. Troisième alya (1919-1923) après la déclaration de Balfour et la Révolution soviétique, Quatrième alya (1924-1928), provenant essentiellement de Pologne. Enfin, Cinquième alya (1929-1939) : 180 000 juifs d’Europe centrale et orientale. Environ 50 000 d’Allemagne, d’Autriche au pouvoir des nazis. Un accord est même conclu entre l’OSM et le Reich pour le transfert de fonds des migrants et l’arrivée de jeunes juifs allemands en Palestine (1933-38)

1946 à 1948, les autorités britanniques s’opposent à l’arrivée de juifs en Palestine et les internent dans des camps à Chypre. Épisode illustré par Exodus.

Cette immigration entraîne une augmentation importante de la population juive de Palestine.
P
endant les années 1931- 1942, la population de la Palestine augmente de 56 %, de 30 % pour les musulmans, 42 % pour les chrétiens, 29 % pour les autres et pour les juifs de 176 %.
Sur la période, 1914-1947, la population passe de 525 000 musulmans, 60 000 juifs et 70 000 chrétiens à 1 181 000 musulmans, 630 000 juifs et 143 000 chrétiens : soit un doublement du nombre de musulmans et de chrétiens et une multiplication par dix de celui des juifs.

ISRAËL-PALESTINE LA GUERRE SANS FIN ?

Le partage de la Palestine.

Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU (2) vote, par 33 voix pour, 13 contre, 10 abstention, la solution 181, plan de partage de la Palestine peuplée de deux tiers d’Arabes et d’un tiers de juifs en 2 États séparés, arabe et juif, et une zone sous régime international avec 106 000 Arabes et 100 000 juifs, comprenant les Lieux saints, Bethléem et Jérusalem.
     -  L’État juif, 14 000 km2, 558 000 juifs et 405 000 Arabes, en 3 parties : la plaine côtière, le long de la frontière syrienne et le désert du Néguev ;
     - L’État arabe, 11 500 km2, 804 000 Arabes et 10 000 juifs en 4 parties : la zone autour de Gaza, la ville de Jaffa, les montagnes de Judée et de Samarie, la majeure partie de la Galilée au Nord.

Ainsi, 2 % des juifs se retrouvent soumis à la législation arabe et 31 % des Arabes à la législation juive.

Les États-Unis (ÉUA) ont exercé de très fortes pressions notamment sur le Liberia, Haïti et les Philippines qu’ils forcent à changer de position à la veille de la décision finale (aussi sur la France). Le secrétaire américain à la défense écrit dans son journal que les moyens de coercition exercés sur ces pays confinaient au scandale.

Ont voté pour : 33 États.
- 29 États de culture chrétienne de l’Ouest : Australie, Belgique, Bolivie, Brésil, Canada, Costa Rica, Danemark, Équateur, ÉUA, France, Guatemala, Haïti, Islande, Liberia, Luxembourg, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Nicaragua, Norvège, Panama, Paraguay, Pérou, Philippines, République dominicaine, Suède, Tchécoslovaquie, Union sud-africaine, Uruguay et Venezuela ;
-
de culture chrétienne de l’Est : Biélorussie, Pologne, Ukraine, URSS

Ont voté contre : 13 États.
- 9 États de culture musulmane : Afghanistan, Arabie saoudite, Égypte, Iran, Irak, Pakistan, Syrie, Turquie et Yémen ;
- 2 pays avec des religions dominantes : Inde (musulman-hindou), Liban (musulman-chrétien) ;
- 2 de culture chrétienne : Cuba et Grèce.

Se sont abstenus : 10 États.
Argentine, Chili, Chine, Colombie, Éthiopie, Honduras, Mexique, Royaume-Uni, Salvador, Yougoslavie.
Le Siam n’a pu prendre part au vote.

Arthur Koestler a dit, à propos de la déclaration de Balfour (3 : une nation promettait solennellement à une seconde nation le pays d’une troisième.
Le jugement de Koestler peut être élargi en considérant l’adoption de la résolution qui n’est plus seulement une promesse. L’ONU, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, donne une couverture légale à la dernière aventure coloniale européenne du XX° siècle.

Les communautés juives approuvent la partition, soutenue par l'Agence juive rejeté par la droite nationaliste sioniste, Parti révisionniste, Irgoun, Lehi.
Les Arabes palestiniens et l'ensemble des pays arabes, favorables à l’instauration d'un seul État arabe sur toute la Palestine la rejettent sauf le parti communiste qui s'aligne sur Moscou.
Le lendemain du vote, la guerre éclate entre les
deux communautés palestiniennes juive et arabe.

Des États, dont certaines puissances colonialistes, de culture chrétienne et antisémite depuis des siècles, à l’origine des persécutions qui ont donné naissance au sionisme en Europe battent leur coulpe sur la poitrine des Palestiniens chargés de la pénitence et se donnent habilement l’absolution.

Absolution pour avoir popularisé pendant des siècles la culpabilité des juifs déicides qui pèse lourdement sur l’antisémitisme européen, propagé largement par l’église catholique même si les protestants, notamment Luther, n’en sont pas indemnes.
I
l a fallu plusieurs siècles et l’Holocauste pour que l’Église catholique prenne conscience de son rôle et reconnaisse que, si des juifs étaient responsables de la mort du Christ, ce n’était pas tous les juifs. Certains avaient suivi le Christ. Et tous les juifs, ni d’alors, ni depuis, ne pouvaient être tenus pour responsables. Un temps bien long pour abolir une culpabilité collective à perpétuité. (Nostra Aetate, 1965)

En janvier 1933, il y avait 523 000 juifs en Allemagne. En septembre 1939, 282 000 l’avaient quitté et 117 000 l'Autriche nazifiée : 95 000 pour les États-Unis, 60 000 la Palestine, 40 000 la Grande-Bretagne, 30 000 la France, 75 000 les Amériques Centrale et du Sud, 18 000 pour Shanghai, sous occupation japonaise.
En octobre 1941, l'émigration des juifs d’Allemagne est interdite. Ils étaient 163 000. L'immense majorité est assassinée durant la Schoah.

Jusqu’en 1941, la politique allemande encourage officiellement l'émigration juive. L'arrivée au pouvoir des nazis entraîne une vague d'émigration importante (37 000-38 000 personnes), vers les pays voisins (France, Belgique, Pays-Bas, Danemark, Tchécoslovaquie et Suisse).
Après l’Anschluss, annexion de l'Autriche en mars 1938, et malgré la difficulté de trouver une destination d'accueil, 36 000 Juifs quittent l'Allemagne et l'Autriche en 1938 et 77 000 en 1939.
La Nuit de Cristal se déroule du 9 au 10 novembre 1938 et la journée qui suit : 267 synagogues et lieux de culte détruits, 7 500 commerces et entreprises gérés par des juifs saccagés, une centaine de juifs sont assassinés, des centaines d'autres se suicident ou meurent des suites de leurs blessures et près de 70 000 sont enfermés dans des camps de concentration. Le but de cette violence, accélérer l'émigration….

Conférence d’Évian de juillet 1938.
Aux États-Unis, l'afflux de migrants juifs allemands et autrichiens est important mais en vertu de la législation de 1924 sur les quotas par nationalité, ne sont autorisées que 27 000 entrées par an pour les Allemands et les Autrichiens : fin juin 1939, 309 000 juifs allemands, autrichiens, tchèques ont déposé une demande…

En pleine crise économique, devant un antisémitisme très répandu, un sondage de l’époque par le magazine Fortune indique que 83% des Américains étaient opposés à un allégement des restrictions dues à la législation sur les quotas, Franklin D. Roosevelt propose une conférence internationale à Évian en juillet 1938, peu après l'Anschluss, pour faciliter l'émigration des réfugiés politiques.

Cette conférence réunit 32 pays, 9 européens, 20 latino-américains et 3 du Commonwealth. L'Italie refuse d’y participer. L’URSS, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, l’Afrique du Sud envoient des observateurs.

Tous les pays présents refusent de recevoir de nouveaux réfugiés : la Grande-Bretagne refuse même d'en accueillir en Palestine alors sous mandat britannique craignant des troubles avec la population musulmane. La France fait de même. La Suisse ne peut plus accueillir de réfugiés autrichiens et a rétabli le système des visas avec l’Autriche. L’Australie ne veut pas importer un problème racial…
Seule la République dominicaine propose d'accueillir 100 000 réfugiés juifs contre des subventions : 800 seulement seront accueillis.

Alors que de nombreux juifs sont arrêtés et internés en camp de travail forcé. Que les lois sont devenues plus sévères pour émigrer, cette unanimité montre aux juifs l’intensité du rejet dont ils sont victimes.
Golda Meir, pour l'Agence juive, assiste aux séances publiques, seules ouvertes aux ONG.

La grande majorité des pays qui ont participé à la Conférence d’Évian, qui ont refusé d’accueillir quelques dizaines de milliers de juifs fuyant les persécutions nazies, ont voté pour reconnaître la création de l’État d’Israël, 6 se sont abstenus dont le Royaume-Uni, seul Cuba a voté contre.

Aller-retour avec le Saint-Louis.

Dans une situation de plus en plus difficile, en mai 1939, près d’un millier de juifs embarquent à Hambourg sur le Saint-Louis (4), paquebot transatlantique allemand, munis d’un visa touristique ou d’un permis d’immigration à Cuba.
Arrivés à Cuba, débarquer leur est interdit. Après le refus des ÉUA et du Canada de les recevoir, le Saint-Louis r
evient en Europe. Ses passagers débarquent à Anvers et sont répartis entre le Royaume-Uni (288 passagers), la France (224), la Belgique (214), les Pays-Bas (181). Que sont-ils devenus ?
Deux autres bateaux ont connu la meme mésaventure. Le Flandre, français, 104 passagers à bord repart pour la France. L’Orduña, britannique, poursuit sa route et 72 passagers trouvent un port d'accueil à Panama, dans la zone du canal.

Plus de 60 ans après la Conférence de Berlin (1884-85) pour établir les règles officielles de la colonisation en Afrique, Israël est le dernier exemple d’une décision coloniale européenne, au milieu du XX° siècle. À l’approche du déclin des empires coloniaux européens.

Les États partagent la terre de Palestine qui ne leur appartient pas en un État, Israël, peuplé par une immigration récente, européenne, colonisatrice à leur image. Colonie sans métropole mais avec le soutien des occidentaux, politique, économique, financier, militaire.
Et la Palestine avec une population autochtone spoliée de sa terre.

La mèche est allumée. Le conflit israélo-palestinien, au départ conflit entre deux peuples pour la même terre, se révèle de plus en plus, faute de solution, d’espoir, de compromis, comme un affrontement guidé par des forces de plus en plus extrémistes, souvent religieuses, ce qui ne peut que rendre les compromis beaucoup plus difficiles.


 

1 - En 1922, le Royaume-Uni, à son apogée, est la première puissance mondiale, avec un quart de la population mondiale, environ quatre cents millions d'habitants et une superficie de 33,7 millions de km² (environ 22 % des terres émergées). Le plus grand empire jamais créé au cours de l'histoire.

2 - L’Assemblée générale de l’ONU ne comptait en 1947 que 57 États, 193 aujourd’hui, la grande majorité était alors sous domination coloniale.

3 - La déclaration Balfour est mal reçue dans le monde arabe. En contradiction avec cette promesse, les Britanniques avaient déjà promis à Hussein ben Ali, chérif de La Mecque, la création d'un grand royaume arabe unitaire sur le Moyen-Orient (1915-1916). Pour obtenir l’aide militaire des nationalistes arabes contre l'Empire ottoman.

4Ironie. Louis IX, Saint Louis, roi de France, mort à Tunis lors de la IXème Croisade, a instauré en 1269 le port de la rouelle pour les juifs à la demande du pape Alexandre III.

 

 

 

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12 octobre 2023 4 12 /10 /octobre /2023 13:52
Notre corps, utopie et réalité

Notre corps, de Claire Simon, est un remarquable documentaire sur la prise en charge des questions médicales spécifiques du corps (pas seulement) des femmes depuis la contraception jusqu’à la mort dans un milieu hospitalier parisien qui traite de tous les problèmes de gynécologie et d’obstétrique. Avec une bienveillance telle qu’elle donnerait presque à la spectatrice et au spectateur l’envie d’être ou patiente ou médecin.

Toute les questions sont abordées sans jugement dans le dialogue : avortement, transsexualité, fertilité, procréation médicalement assistée, mise au monde par voie naturelle ou par césarienne, cancer du sein, endométriose, approche de la mort…

Le film est intense par la gravité des situations, des informations transmises par les médecins aux patientes au cours de consultations filmées, sans fausse pudeur. Les images sont anonymes, mais à visage découvert, un seul couple est flouté, et le nom d'un médecin est même visible sur la blouse. Aucune patiente n’ayant accepté d’être filmée au moment où le diagnostic lui est annoncé, c’est la réalisatrice qui apprend devant la caméra qu’elle est atteinte d’un cancer du sein et de la suite que cela implique.

Le film est intense aussi par la force des images vivantes de dialogues ou de faits, vécus en direct, accouchement accompagné par voie naturelle ou naissance par césarienne. Des Images vivantes et quasiment abstraites d’une intervention-dissection instrumentale pour endométriose, pendant laquelle une voix conseille, aide l’opérateur. Ni la patiente, ni l’opérateur ne sont vus, seulement les instruments et l’acte libérateur… Encore plus fascinante la rencontre première et unique d’un ovule et d’un spermatozoïde bien guidé, sous le microscope, ébauche initiale d’un possible futur être humain… Fruit d’un choix très attentif et totalement aveugle de l’ovule et du spermatozoïde...

Notre corps, utopie et réalité

Dans ce film de haute intensité, seul moment qui donne un bref sourire, quand un médecin qui veut dialoguer avec une patiente hispanophone utilise un français enrichi de o et de a… Heureusement, le portable de la patiente va permettre la traduction du dialogue et la transmission de douloureuses informations…

La dureté de ces moments forts montre l’importance de l’accompagnement du personnel soignant. D’où un certain optimisme du film. Si la réalisatrice est ébranlée à l’annonce de son diagnostic, elle évoque la chute de ses cheveux que va entraîner le traitement, sans trop insister… Dans la dernière image, elle quitte l’hôpital à bicyclette avec une courte chevelure frisée.
La science, la technique peuvent ainsi être utilisées et mises au service de l’humain aux mains de personnes attentives. Tous les moments décisifs, graves, sont montrés..., non le long suivi quotidien qui viendra après.

Claire Simon reconnaît dans un entretien : Après, ma maladie a aussi changé mon regard. J’ai eu plus de déboires comme malade que dans ce que j’ai filmé. Maintenant, je suis contente, j’ai un oncologue très sympa. Mais avant d’arriver à lui, j’ai beaucoup dégusté (dans le même service ?). Avant, en filmant les autres patientes, j’étais plus optimiste… Faire ce film m’a réconciliée avec les médecins… Et puis ça donnait l’impression qu’il n’y avait pas de classes sociales. Tout le monde a droit aux mêmes soins. On a l’impression d’entrer dans une utopie, alors que dès qu’on ressort, ce n’est pas du tout la même chose… (1

Deux séquences, extérieures extra-médicales, évoquent cette réalité plus complexe et plus conflictuelle.

Notre corps, utopie et réalité

Une croix au clocher de l'église domine l’hôpital et semble signaler que, dans le documentaire, il n’est jamais question d’interdictions, ni de conflits religieux ou moraux. Les seules limites sont ce que permettent la science, la technique et la loi. Et aussi les limites personnelles, familiales. Sans aucun jugement.

Pendant le tournage du film, une manifestation devant le même hôpital à la suite de la mise en cause du comportement d’un chef de service gynécologique-obstétrique et médecine de la reproduction, spécialiste parisien de l'endométriose… (2) Ce n’est peut-être qu’un cas particulier...

Au moment de la sortie du film en salles, un texte est publié aux titre et sous-titre éloquents  : Nous n’avons pas choisi le métier de soignants pour vous faire subir cette violence et être maltraitants. Un collectif de 1 200 aides-soignants, infirmiers, sages-femmes ou médecins hospitaliers dénonce les « dilemmes éthiques intenables » auxquels ils sont confrontés, et appelle les députés à voter la proposition de loi garantissant un nombre maximum de patients par soignant. Ces soignants font différentes constatations : nécessité de trier les patients, pas assez de lits, intervention chirurgicale, éloignée puis reportée, parfois de plusieurs semaines, entraînant une perte de chance, service d’urgences fermé dans 163 villes de France, au moins ponctuellement, cet été, manque aux urgences de trente infirmières sur un effectif théorique de soixante-cinq dans un grand hôpital… (3)

Il n’en reste pas moins que les conditions décrites, par les images et les paroles, sont celles de cet hôpital, de ces services. Les compétences sont là. Elles permettent d’espérer… Un autre monde est possible.

Notre corps, utopie et réalité
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16 juillet 2023 7 16 /07 /juillet /2023 13:11
JUSTICE POUR NAHEL

Justice pour Nahel

Nahel M., 17 ans, est mort, tué par le tir à bout portant du policier Florian M., à Nanterre, le 27 juin 2023, pour refus d’obtempérer lors d’un contrôle. Dernière victime, pour le moment, d’une longue série.

Pour Nahel M., pas de présomption d’innocence ! Il conduisait une voiture de forte puissance, sans permis. Aussitôt, sont détaillés, dans la presse, les multiples délits qui l’ont mis en contact avec la police. Comme pour justifier la peine de mort qui lui a été infligée. Son casier judiciaire est vide. Contrairement à ce qu’a pu affirmer Éric Zemour, un de ses détracteurs, fin connaisseur, encore poursuivi par la justice, déjà condamné à plusieurs reprises, notamment pour racisme : le sien n‘est pas vierge. Cela ne l’empêche pas de juger....
Si les antécédents de la victime sont largement commentés, ceux des responsables de sa mort sont plus rarement publiés. Présomption d’innocence.

Nahel M., 17 ans, n’aurait pas dû mourir (1)

Des émeutes ont éclaté dans toute la France : incendies, attaques, pillages. Six nuits d’émeutes urbaines.
Suivant le ministère de l’Intérieur :
la mobilisation de 45 000 membres des forces de l’ordre a conduit à 3 243 interpellations, 60 % des interpellés n’ont aucun antécédent judiciaire, ne sont pas connus des services de police, n’ont jamais fait l’objet d’un contrôle. 5 000 véhicules incendiés, 10 000 poubelles, 1 000 bâtiments brûlés ou dégradés, 205 attaques de commissariats ou gendarmeries. C’est dire l’importance de ce mouvement, sans chef d’orchestre, facilité par la manipulation experte des réseaux sociaux.

Toute la presse dresse un bilan comparatif avec le précédent de 2005 après la mort de Zyed (17 ans) et Bouna (15 ans). Les émeutes avaient duré 3 semaines.

Pour prendre une meilleure conscience de la situation, il faut se revenir à Toumi Djaïdja, 19 ans en 1983, connu pour son engagement contre le harcèlement policier qu’il subissait, déjà, avec les autres jeunes du quartier. Blessé au ventre par un tir policier, aux Minguettes, il avait lancé avec le père Christian Delorme et le pasteur Jean Costil, la Marche contre le racisme et pour l’égalité, renommée par la presse Marche des beurs, gommant la revendication contre le racisme, pour l’égalité. Un des mots d’ordre était rengainez, nous arrivons ! Partis à quelques uns de Marseille, ils étaient, nous étions, 100 000 à Paris. Jeunes ou non, marcheurs ou non, d’origine immigrée ou non…
Le président de la République, François Mitterrand, les avait reçus et avait répondu à leur demande en créant la carte de séjour, unique, de 10 ans, renouvelable automatiquement. Prélude à un droit au séjour permanent…
Motivée par le même harcèlement, la même violence policière, hier, marche pacifique de l’espoir, avec un mot d’ordre général, une revendication précise et une réponse positive… Aujourd’hui émeutes diffuses, inorganisées, destructrices, s’attaquant à des objets ou des bâtiments sans aucune revendication : réaction viscérale collective au énième contrôle mortel...

Nahel M. , 17 ans, est mort, tué par le tir à bout portant du policier Florian M.

La Marche : revendication clairement énoncée contre les contrôles au faciès et la demande d’égalité, détournée, ethnicisée dans son appellation est rapidement oubliée… Comment la même revendication sera-t-elle perçue, comprise, derrière les émeutes 2023 ? Quarante ans plus tard. Quarante ans trop tard ?

La listes des victimes au cours des années et les émeute témoignent d’un grave fracture entre une partie de la jeunesse et la police. La mort de Zyed (17 ans) et Bouna (15 ans) en 2005 n’est pas due à l’action directe de policiers. Mais au sentiment de culpabilité de ces jeunes face à la police. Ils ont fui non pour ce qu’ils avaient fait mais pour ce qu’ils étaient !
Zyed, Bouna n’auraient pas dû mourir.

JUSTICE POUR NAHEL

Nahel M., 17 ans, n’aurait pas dû mourir

Emmanuel Macron a beau jeu de dire qu’il n’est pas responsable de la situation qu’il a trouvée en arrivant au pouvoir. Comme ses prédécesseurs, comme tous les politiques aujourd’hui, il connaît la fracture sociale qui s’accentue. Elle a été un thème de la campagne électorale présidentielle de Jacques Chirac en 1995. Oubliée après son élection, par le nouvel élu et ses successeurs malgré études et rapports.
Emmanuel Macron est, cependant, responsable de tout ce qui n’a pas été fait depuis 2017. De la non prise en considération du programme Borloo, réalisé avec la participation de maires, qui lui a été remis en juin 2018. Demandé et enterré par lui.
Les protestations les contrôles au faciès, bavures comprises, continuent, 1983, 2005, 2023, et les rapports tendus entre police et jeunes des quartiers. Les fameux quartiers, les banlieues autrefois rouges où la population ouvrière, française, était reléguée et votait communiste, aujourd’hui immigrées, basanées, noires, façon de les désigner par leur population principale. Qu’ils aient le droit de vote ou non, ils votent peu. Ils intéressent moins. Mais sont à l’écoute, ils entendent. Lors de l’élection présidentielle, une partie significative de cette jeunesse a voté pour le candidat le plus vieux : Jean-Luc Mélenchon.

L’affaiblissement de structures sociales peut expliquer le repli de la population : moindre influence du Parti communiste, mode de socialisation, de l’Église, la nouvelle main d’œuvre ne vient plus de pays catholiques, Italie, Espagne, Portugal. Mais aussi, destruction par la politique néo-libérale des structures administratives, étatiques qui encadraient la population, de la poste aux hôpitaux, de l’école à l’emploi, économies sur l’aide aux associations... ne laissant que la police, structure de contrôle plus que d’accompagnement, au contact d’une population particulièrement défavorisée sans grande perspective de promotion sociale. Déstructurée encore plus par le chômage de la première, deuxième génération… ?

Nahel M. , 17 ans, est mort, tué par le tir à bout portant du policier Florian M.

Les contrôles policiers répétés, vigoureux, humiliants, discriminatoires, mal vécues par tous, seul ou principal contact quelquefois malheureux avec l’autorité. Ce ne sont pas les seules discriminations mais ce sont les plus fréquentes : les jeunes hommes perçus comme noirs ou arabes ont une probabilité 20 fois plus élevée que les autres d'être contrôlés et vivent des relations plus dégradées avec les forces de l'ordre que l'ensemble de la population, révèle une enquête du Défenseur des droits.

Ces jeunes, Français de la deuxième, troisième génération… sont enfermés dans une extranéité, algériens, musulmans ou présumés tels, dans une histoire vieille de plus de soixante ans qu’ils n’ont pas vécue. Que leurs parents n’ont pas vécue. Que leurs grands parents n’ont souvent pas vécue ! La guerre d’Algérie et les indépendances africaines...

Nahel M. , 17 ans, n’aurait pas dû mourir

Sachant le rôle inutile et vexatoire de ces contrôles, une utilisation différente des policiers a été mise en place, une police de proximité, par Jean-Pierre Chevènement (2), ministre de l’Intérieur du gouvernement Jospin, en 1998. Ce n’est pas LA solution. Seulement un premier pas vers une connaissance, une reconnaissance réciproque. Une façon de faire revenir la République dans les banlieues. Les contrôles, moins fréquents, se passeraient différemment. Avec des agents de proximité, Nahel M. serait peut-être en vie.
Cet effort d’intégration de la police aux quartiers a été ridiculisé et détruit à partir de 2003 par Nicolas Sarkozy (3), alors ministre de l‘Intérieur du gouvernement Jean-Pierre Raffarin pour revenir à des méthodes plus viriles, kärcher contre la racaille. Propos proches de ceux entendus, ces jours-ci, de la part de certaines organisations syndicales de policiers.
Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur d’Emmanuel Macron, a repris un moment l’idée sous le nom de police de sécurité au quotidien. À nouveau aujourd’hui, après les émeutes, y compris par un syndicat de la police (4).

Jusqu’ici, Emmanuel Macron n’a entrepris aucune réforme sur la question.Devant la force des images, sa réaction a été claire et rapide. Il a fallu ces images. Un acte inexplicable et inexcusable... Rien ne justifie la mort d'un jeune. Il faut de l’affection et du respect pour le jeune Nahel et ses proches. Paroles qui n’ont échappé à personne et n’ont pas plu à tout le monde. Notamment à des syndicats des policiers
Le président a-t-il trop parlé ou trop vite ? Après une seconde nuit d'émeutes bien plus violentes et destructrices que la première, un soutien a été apporté, plus net, aux forces de l'ordre.

Nous sommes en guerre Face à ces hordes sauvages, demander le calme ne suffit plus, il faut l'imposer... Pour les syndicats de police Alliance et Unsa police. Réaction modérée comparée à France Police : Bravo aux collègues qui ont ouvert le feu sur un jeune criminel de 17 ans, quelques heures après la diffusion de la vidéo des derniers instnts de Nahel M. Depuis, l’organisation a supprimé son message. Et le ministère de l’Intérieur a décrit ce syndicat un groupuscule... en aucun cas... représentatif de la police nationale, auteur d’un tweet inacceptable et abjectIl est question de sa dissolution.

Nahel M. , 17 ans, est mort tué par le tir à bout portant du policier Florian M.

La police de proximité ne réglera pas tout. D’autres mesures sont, heureusement, annoncées pour septembre par la première ministre. Faudra-t-il attendre 30 ans, 40 ans pour voir leur éventuelle mise en application ?
Emmanuel Macron pourrait réformer l'inspection générale de la Police nationale (IGPN) police des polices. En 2019, ce service enregistre plus de 200 signalements, dont une trentaine relatifs au racisme qui n'ont pas donné lieu à des poursuites. La LDH constate que l’IGPN est saisie de centaines de plaintes depuis de nombreux mois sans qu’il y ait de suite, ce qui démontre que cette institution rattachée au ministère de l’Intérieur n’est plus crédible. Médiapart intitule une enquête IGPN : plongée dans la fabrique de l'impunité. Depuis l’élection d'Emmanuel Macron, le nombre de policiers sanctionnés a atteint un niveau historiquement bas en 2019 et 2020, en plein mouvement des Gilets jaunes.

La violence est condamnable. D’où quelle vienne. Bien sûr, il n’existe pas de violences policières. Nahel n’est pas seulement mort. Il a été tué. Il n’est pas le seul. Il n’est pas le premier. Il faut qu’il soit le dernier. Les images sont là. Le comportement de certains policiers, les déclarations de certains syndicats de policiers sont établis. Que va dire l’IGN cette fois ? Ce qu’elle a dit dans les enquêtes antérieures pour des morts non filmées.

Emmanuel Macron a déjà parlé d’une éventuelle réforme, d’un contrôle indépendant de la police. Contrôle externe, plus transparent….

Raymond Marcellin, ancien ministre de l’Intérieur, a dit, il y a longtemps : quand la police doit intervenir, c’est qu’un ministre, quelque part n’a pas fait son travail. Mais le ministre de l’Intérieur et le président de la République, dans sa pratique jupitérienne du pouvoir, sont responsables de l’action de la police : de son recrutement, de sa formation, de son mode d’intervention… et aussi des bavures.

C’est ce que déclare Manuel Valls (5), ancien ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault : il faut faire passer des messages fermes sur la déontologie. La police doit se tenir, donc elle doit être tenue, ce n’est pas à elle de dicter les règles. Il faut peut-être le dire plus clairement... » Le Monde 09 juillet 2023

La question est bien posée. La réponse et beaucoup plus difficile. A chaud. Sous le contrôle des syndicats policiers qui ne cachent plus leur orientation. Avec un gouvernement qui ne peut légiférer à l’Assemblée nationale qu’avec l’appui de l’extrême droite ou de la droite extrême ou du 49.3 et encore de façon incertaine ! Et une loi sur l’immigration introuvable… Ni de droite, ni de gauche, de droite extrême ?

Nahel M. , 17 ans, est mort tué par le tir à bout portant du policier Florian M.

Pour le gouvernement, première tâche, rétablir l’ordre. Il est relativement facile pour le gouvernement de gagner cette bataille. Comme lors des crises précédentes. Gagner la paix est plus difficile. Entre un parlement paralysant et aucune colère apaisée, gilets jaunes, retraites, banlieues auxquelles on peut ajouter écologistes… Le président vient de connaître sa quatrième crise. Il en est ébranlé.

Y aura-t-il une nouvelle crise ? De quelle origine ? Quelles en seront les modalités, les conséquences ?

Les gilets jaunes se sont soulevés partout en France, avec le soutien de la majorité de la population, ont centralisé leurs actions, se sont adressés durement au pouvoir, à Paris, avec la répression la plus violente depuis la guerre d’Algérie.
Les opposants à la réforme des retraite
s ont manifesté massivement, dans les régions, dans la capitale, dans une exceptionnelle unité syndicale, pacifique, avec le soutien très majoritaire et prolongé de la population.
Les j
eunes se sont soulevés spontanément, une fois de plus, l’irréparable avait té commis. Sans revendication que la colère. Sans organisation que les réseaux sociaux. Privilégiant les cibles matérielles de proximité, incarnant l’État. Sans recherche systématique d’affrontement. Quelquefois contre l’autorité des parents, malgré l’opposition de certains adultes.

Pas les écoles, disent des adultes ! Qui veulent sauver l’école de leurs enfants, à laquelle ils croient encore ! Des jeunes s’attaquent aux écoles, maternelles, primaires. Celles qu’ils connaissent, celles du quartier, qu’ils ont peut-être fréquentées. Celles qui n’ont pas réussi à les mettre sur la voie. Pas les écoles qu’ils ne connaissent pas. À partir de leur expérience. Leur orientation mal vécue. Les inégalités (6). Même s’ils ne connaissent pas les études publiées ici ou là. Même s’ils ne savent pas que l’école républicaine n’atteint pas le but fixé, diminuer les inégalités.
L'inégalité face à l'éducation est la première des injustices contre lesquelles il faut lutter. Or elle s'est accrue ces dernières années. Ils n’ont que la colère. Et l’école détruite n’améliorera la situation de personne.

Nahel M. , 17 ans, est mort tué. Nahel M. n’aurait pas dû mourir. Nahel M. doit être le dernier.

Il est de l’essence de l’émeute révolutionnaire… d’avoir presque toujours tort dans la forme et raison dans le fond (Victor Hugo, Choses vues, 1831)

JUSTICE POUR NAHEL

1 – Selon un habitant du quartier qui, devant sa voiture brûlée, allait à la marche blanche pour Nahel M.

2 – Soutien d’Emmanuel Macron en avril 2022

3 - Aujourd’hui, visiteur du soir de l’Élysée

4 - Dans certains quartiers, la seule représentation du service public de la police, ce sont des collègues qui interviennent et repartent comme ils sont ­venus, sans aucun lien local ou presque avec la population. Il faut revenir à une occupation du terrain apaisée, ne plus être équipés comme des porte-avions… Quand on arrivera à reprendre le terrain de cette manière-là, on aura déjà franchi un grand pas. Gregory Joron, Secrétaire national du syndicat Unité SGP Police-FSMI-FO. Le Monde 06 juillet 2023)

5 – Soutien d’Emmanuel Macron dès le premier tour de la présidentielle en 2017 et en 2022

6 - Courrier Internatioal du16 juillet 2023 signale un article paru dans le Financial Times sur les inégalités comparées entre les États-Unis, le Royaume-Uni et la France

 

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21 juin 2023 3 21 /06 /juin /2023 20:26
L’immigration n’est que le thermomètre

Emmanuel Macron, après le brillant succès de la contre-réforme des retraites et quelques va-et-vient, propose une nouvelle loi sur l’immigration. Avec plusieurs thèmes (version du 2 février 2023) : travail facilité pour certains métiers, intégration et titres de séjour, possibilités d’éloignement renforcées, asile et contentieux des étrangers.

De 1986 (loi Pasqua) à 2018 (loi Collomb), Arte Info dénombre 21 lois en 32 ans, soit une loi nouvelle tous les 18 mois ! Sans compter décrets et circulaires ! Que le gouvernement soit de gauche, 9 lois pour 5 gouvernements, ou de droite, 12 lois pour 7 gouvernements. Balladur, d’origine immigrée, a été le plus productif avec 4 lois !

Ces différentes lois répondent plus souvent à des préoccupations politiciennes qu’aux besoins de la société et à l’attente de la population française ou immigrée. En tous cas, aucune ne semble avoir trouvé la bonne réponse bien que la plupart aillent dans le même sens. C’est dire que la question va agiter à nouveau le monde politique, avec de nombreuses surenchères verbales, sans qu’un espoir raisonnable soit permis de voir adoptée autre chose qu’un texte politique à obsolescence programmée de 18 mois...
Madame Soleil annonce des réformes inéluctables dans les 5 prochaines années alors que 7 élections sont prévues sénatoriales en septembre 2023, européennes en 2024, municipales en 2026, présidentielle et législatives en 2027, départementales et régionales en 2028.

Cette loi, COMME LES PRÉCÉDENTES, sera « généreuse, humaine mais efficace et ferme » ! En pratique, COMME LES PRÉCÉDENTES, elle contribuera à la précarisation des immigrés. Faute de majorité automatique, le gouvernement sera obligé de passer par le 49.3 – ce qui ne doit pas l’enchanter après l’utilisation contestée qui en a été faite pour la contre-réformes des retraites - ou par un compromis avec la droite extrême et l’extrême droite pour obtenir une majorité.

Les questions essentielles, pour Emmanuel Macron, sont la politique étrangère et la défense, domaines réservés par la Constitution de 1958 et la pratique institutionnelle au président de la République. Et l’économie qu’il veut remettre dans le droit chemin. D’où, à ses yeux, les nécessaires contre-réforme des retraites, diminution des impôts…

L’immigration en soi n’est pas une priorité. Mais l'intéresse particulièrement dans son projet économique et social : avoir assez rapidement une main d’œuvre prête à l‘emploi et bon marché. D’où la proposition de recourir à une immigration choisie et à la régularisation de sans papiers pour ceux qui exercent ou pourraient exercer des « métiers en tension ». Parmi les professions « en tension », celle de médecin a été un moment envisagée. Mal accueillie pour l’Hexagone, cette introduction temporaire a déjà été organisée avec Cuba pour certains départements d’outre-mer.

La France n’est pas le seul pays européen que la démographie pousse à revoir sa politique d’immigration. Angela Merkel, répondant aux besoins nationaux de l’Allemagne, a fait cavalier seul au niveau européen, il y a déjà 8 ans, en 2015, et accueilli 1,5 millions de réfugiés… Mais Angela Merkel avait un portefeuille bien garni pour faire face financièrement, une solide autorité personnelle, une majorité politique au Parlement et dans la population, des convictions morales et une droite extrême plus discrète. Toutes choses dont ne bénéficie guère aujourd’hui Emmanuel Macron.

L’immigration n’est que le thermomètre

Cette ouverture à l’immigration légale externe ou sur place, pour les métiers en tension aurait un autre avantage pour Macron. Diminuer la force de la revendication sur le pouvoir d’achat par l’importation d’une main d’œuvre peu revendicative, pour un temps au moins, au moment ou l’augmentation du pouvoir d’achat est, de loin, la première préoccupation de la population face à la poussée inflationniste devant le système de santé et l’environnement.

Mais régulariser quelques milliers de travailleurs sans papiers ou permettre une entrée légale limitée de professionnels nécessaires à l’économie française, même avec l’assentiment tacite du patronat petit ou grand, est un chiffon rouge pour la droite et l’extrême droite. Dont les élus ne peuvent pourtant ignorer qui les sert dans les restaurants autour de l’Assemblée nationale ou même à la « cantine » du Sénat. À défaut, un article récent du Monde Magazine (1) pourrait leur ouvrir les yeux.

Malheureusement, c’est l’extrême droite qui, sur l’immigration, domine les prises de position des politiques ! Politiques qui sont en décalage avec la population telle qu’elle apparaît dans les réponses aux questions des sondeurs et dans la pratique. Malgré les discours répétés en continu depuis des années sur et contre l’immigration et les immigrés. Notamment lors de la préparation et de l’adoption... des lois sur l’immigration.

Dans les sondages de La lettre de la citoyenneté, réalisés presque tous les ans, les personnes interrogées se déclarent majoritairement pour le droit de vote des résidents étrangers depuis 2006 !
Lors du dernier sondage de février 2023, 68 % des personnes interrogées se disent « personnellement favorables » au « droit de vote à toutes les élections locales, c’est à dire municipales, départementales et régionales ». En regardant les réponses suivant les préférences politiques, les personnes proches des organisations de gauche sont les plus favorables. Mais aussi de60 % des « sans préférence partisane ». Les seuls qui y sont majoritairement opposés sont les sondés proches de LR ou du FN, encore que 48 % des proches de LR et 33 % des RN y soient favorables. Les élus de ces partis sont loin d’être représentatifs de leurs électeurs !

Les électeurs de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour, eux-mêmes, n’apparaissent pas comme des acharnés de la préférence nationale. Ils approuvent les sanctions contre les employeurs coupables de discriminations (68% des électeurs de Marine Le Pen et 59% de ceux d’Éric Zemmour)


 

L’immigration n’est que le thermomètre

Cette ouverture de la population se retrouve contre les discriminations (Baromètre de La maison des Potes). Les sondés se prononcent nettement pour renforcer les sanctions contre les employeurs coupables de discrimination à l’égard de l’origine, de la nationalité, de la couleur de peau ou de la religion, pour garantir la même rémunération et la même retraite à toutes les personnes exerçant le même travail quelle que soit leur nationalité (8 Français sur 10). Plus des trois-quarts sont favorables à l’anonymat des candidatures examinées par les employeurs… à autoriser les étrangers non-communautaires à devenir titulaires de la fonction publique, à la régularisation des travailleurs étrangers sans papiers disposant d’un contrat de travail... pour l’extension du droit de vote aux élections municipales et européennes aux étrangers non-communautaires (56%)… et sont pour une même rémunération, à travail égal, pour nationaux et étrangers (72% et 71%)...

Le baromètre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme résume la situation : de 1990 à 2022, date du dernier sondage en face à face, l’acceptation des minorités a globalement progressé en France, avec des moments de baisse, liés à des événements particuliers (attentats, période d’insécurité économique) et à leur cadrage politique et médiatique. Depuis 2015, le niveau de tolérance semble poursuivre sa progression. Ce n’est apparemment pas le cas chez les politiques.

En dépit de la montée du populisme en Europe, il en est de même pour les Européens, selon un sondage réalisé dans 6 pays. Ils soutiennent majoritairement une meilleure intégration des résidents étrangers. Ils se prononcent pour un renforcement des sanctions contre les employeurs coupables de discriminations, pour l’égalité salariale aussi bien en Allemagne et en Italie, pays qui ont accueilli de nombreux migrants.


 

L’immigration n’est que le thermomètre
L’immigration n’est que le thermomètre

Les déclarations sondagières sont confortées par les nombreuses actions de personnes qui montrent l’ouverture de la population au contact et à la solidarité au quotidien, individuellement ou à travers des associations, dont on ne parle pas, depuis des années, et viennent en aide aux immigrés avec ou sans papiers sur les points juridiques, sociaux, (accueil, logement, aide alimentaire), y compris pendant la période de confinement. Aident ou accueillent, poursuivent leurs activités sans faire la une des journaux ou des télévisions sauf quand quelques ultras les font connaître par des menaces, des attentats contre les lieux ou les personnes contrairement aux déclarations benoîtes d’Éric Zemour qui, après avoir allumé la mèche, parle de dialogue. Sans oublier les municipalités. Ou des employeurs qui aident des travailleurs à obtenir leur régularisation, en accord ou en opposition aux gouvernements.

Pour l’accueil de nouveaux immigrés, réfugiés ou non, la réponse des sondés varient non seulement suivant les tendances politiques mais aussi suivant la place qu’ils s’attribuent dans l’échelle sociale. Les plus défavorisés y sont moins favorables que les favorisés. Cependant, l’origine sociale des électeurs du Front national et de LFI sont proches. Mais les responsabilités sont situés de façon différente. Pour les électeurs de gauche, ce sont le patronat et le gouvernemeét, causes à la fois de l’immigration et de la situation sociale des Français et des immigrés : organisation internationale du travail, pillage des pays sous-développés, exploitation des travailleurs là-bas et ici, conditions sociales, pouvoir d’achat, qualités du logement, destruction de la force des structures publiques sociales, sanitaires, administratives… Des électeurs des milieux défavorisés votent pour la droite ou l’extrême droite qui soutient la politique d’exploitation là-bas et ici, et se décharge de sa responsabilité en désignant un faux-coupable pour maintenir et faire prospérer le système en place.


 

L’immigration n’est que le thermomètre
L’immigration n’est que le thermomètre

Toute perpétuation de la politique contre l’immigration légale ou clandestine est vouée à l’échec. Les fragiles barrières mises en place pour bloquer quelques dizaines de femmes et d’hommes fuyant la misère, les dictatures et, de plus en plus, le changement climatique ont été inefficaces dans le passé. Elles seront encore plus inefficaces avec l’afflux croissant. Une chose est certaine : les murs que construisent les États-Unis et l’Europe n’empêcheront rien tant que les raisons de partir, quelles qu’elles soient, ne seront pas traitées efficacement. Pour cela, un changement global est nécessaire.

Les gouvernements, s’ils veulent arrêter ces mouvements de population doivent installer une véritable « impôt à la source ». C’est à dire arrêter la destruction, par la politique et l’économie, la possibilité d’une vie décente dans le monde. Ce qui suppose une bouleversement total du système économique. Que les forces dominantes n’accepteront que le couteau sous la gorge : soit par un bouleversement total d’origine sociale, soit par des conséquences climatiques qui mettront en danger le mode d’exploitation de la planète maintenant généralisé.

Hier, la menace de l’Union soviétique a contraint l’Occident à accepter une politique social-démocrate associée à un développement scientifico-économique qui permettait d’espérer un avenir gagnant-gagnant à l’échelle sociale et gagnant tout court avec l’adoption de la même politique de développement à l’échelle mondiale.
Aujourd’hui, la menace soviétique a disparu. Elle est remplacé par les incendies en Amérique du nord ! Et ailleurs. La menace climatique. Sera-t-elle jugulée par un même projet d’un développement mondial basé sur les mêmes principes ? Rien n’est moins sûr. Quand on voit à quel point le monde continue dans les vieux conflits inter-nationaux au détriment social-démocratedes batailles fondamentales : protéger, partager.

L’immigration n’est qu’un thermomètre... malheureux…

L’immigration n’est que le thermomètre

1 - Travailleurs sans papiers à l’ombre des politiques. PENDANT DES ANNÉES, ILS ONT ACCOMPLI LEUR TÂCHE DANS L’ILLÉGALITÉ, GRÂCE À DE FAUX DOCUMENTS OU À DES IDENTITÉS PRÊTÉES. LE PARADOXE, C’EST QU’ILS ŒUVRAIENT AU PLUS PROCHE DU POUVOIR, DANS LES CUISINES DES TABLES PARISIENNES FRÉQUENTÉES PAR DES PARLEMENTAIRES PARFOIS PROMPTS À FUSTIGER LES IMMIGRÉS. AVEC L’AIDE DE LEURS EMPLOYEURS, Camara SILLY, amadou Diallo, Ablaye Kane ET D’AUTRES COLLÈGUES SONT PARVENUS À RÉGULARISER LEUR SITUATION. AU MOMENT OÙ LE GOUVERNEMENT PRÉPARE UN NOUVEAU PROJET DE LOI SUR L’IMMIGRATION, ILS TÉMOIGNENT DE LEURS TRAJECTOIRES PRÉCAIRES. Le Monde Magazine 07 juin 2023

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5 juin 2023 1 05 /06 /juin /2023 17:46
Lutter contre l’extrême droite

Les querelles politiciennes, notamment au sein du gouvernement, remettent au goût du jour le danger que fait courir à la République le Rassemblement national et les moyens peu efficaces pour le combattre.

Le Rassemblement national (RN) récolte, à chaque élection, plus de suffrages et donc
plus d’influence sur l’échiquier politique auprès de la droite extrême, de la droite et... de la gauche. Avec 89 députés et l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale, le RN est devenu un parti de gouvernement, indirect pour le moment : il pèse sur une proportion importante des élus LR et du parti présidentiel. À tel point qu’on ne sait plus si certains élus des droites veulent lui prendre des sièges en luttant contre ses idées ou en les adoptant... Et cela ne se limite pas à la droite patentée...
Une chose est certaine, regardant les résultats des élections présidentielles, Le
Pen, de père en fille, de FN en RN progressent. Que ce soit au premier ou au second
tour de l’élection présidentielle (Tableau 1).

Lutter contre l’extrême droite

Jean-Marie Le Pen a été 3 fois candidat à la présidence recueillant 0,7 % de voix en
1974, 14,4% en 1988 et 15,0 % en 1995. À la 4ième tentative en 2002, avec 4,8 millions de voix (16,9%) et une faible progression (230 000 voix et 1,9 point de pourcentage) par rapport à la présidentiellle précédente, Jean-Marie Le Pen se qualifie pour le second tour, envoyant Lionel Jospin aux oubliettes du Conseil constitutionnel. Un choc. Au second tour, les électeurs arrêtent les frais, Jean-Marie Le Pen ne progresse que d’un petit point.
Jacques Chirac qui avait pris conscience de la fracture sociale... le temps d’une
élection, a été très confortablement élu. Sans aucun effet sur sa politique.


À l’élection suivante, Jean-Marie Le Pen n’obtient que 10,44 % des suffrages plus
conforme à ses résultats antérieurs et en rapport avec la place de l’extrême-droite.

Depuis lors, avec la dédiabolisation, contestée par les politiques mais non par les
électeurs, Marine Le Pen progresse par bonds, à chaque élection, aussi bien au premier tour qu’au second tour quand elle est qualifiée pour y participer.
Bien entendu, il est toujours possible de mettre en doute la sincérité de ses déclarations.
Comme celles de bien d’autres. Elles sont cependant très différentes de celles de son
père. Sur les juifs à la télévision I24News (https://orientxxi.info/magazine/marine-le-pen-assume-son-virage-pro-israelien,5539) particulièrement : « Je suis la plus susceptiblede protéger le plus efficacement les Français de confession juive », elle déplore des « actes antisémites de plus en plus nombreux ». Elles ne sont pas les seules.

Sa filiation politique ne fait aucun doute. Mais ses prises de position ne sont pas celles de son père. Elle a changé non seulement la devanture du parti mais aussi le discours et
expulsé quelques anciens au passé gênant... D’autres, avant elle, ont changé de la SFIO
au PS la devanture. Sans renier certains exploits guerriers de Madagascar à l’Algérie (de
Naegelen, Lacoste à Mitterrand) en passant par Suez...

Certains, nostalgiques du père, ont voulu faire barrage à Marine Le Pen dédiabolisée. Éric Zemmour, reprenant la vieille ligne, a obtenu un nombre non négligeable d’électeurs mais n’a pas empêché la progression de Marine Le Pen et a plutôt joué le rôle de faire valoir la rendant plus présentable.

Des résultats des élections présidentielles et de la progression continue de Marine Le
Pen, il est facile de conclure que discours et techniques pour la combattre ont été
inefficaces. Pourquoi le juste discours contre les propos Jean-Marie La Pen sur Pétain,
l’antisémitisme... qui n’a pas été efficace hier, le serait contre sa fille qui dit aujourd’hui le contraire !

Lutter contre l’extrême droite

Emmanuel Macron devrait être plus modeste dans son recadrage d’Élisabeth Borne au vu des résultats des élections présidentielles. En 2022. Marine Le Pen progresse de 2 points de pourcentage au 1er tour et 8 points au second par rapport à 2017 ! Les voix d’Éric Zemmour ajoutées à celles de Marine Le Pen témoignent de l’effet du premier
quinquennat Macron, avec une majorité absolue et l’exécutif le plus fort du monde
occidental.
Les résultats électoraux de Marine Le Pen ne sont qu’une façon d'estimer la gravité de la situation. Produit surtout de la politique des différents gouvernementsqui qui se sont succédé depuis quelque temps et bien sûr de celle d’Emmanuel Macron, arrogance et mépris clairement affichés en plus.

Sans oublier la part importante des personnes qui ont déserté le chemin des urnes, pour des raisons quelquefois justifiées (pourquoi voter s’il n’y a qu’une politique possible, quel que soit le gouvernement), il faut s’intéresser aux citoyens. Et regarder à quelles catégories sociales appartiennent ceux qui ont voté pour les différents candidats au premier tour de l’élection présidentielle de 2022,(Tableau 2).

Lutter contre l’extrême droite

Si 23,6 % des électeurs ont voté Marine Le Pen, ce pourcentage est plus élevé 37 % des personnes qui se déclarent « défavorisés », 29 % dans les « catégories populaires », 25 % dans les « classes sociales inférieures » (1). L’électorat de Jean-Luc Mélenchon est, socialement, comparable : 20,3 % de la population générale : 28 % dans les « catégories populaires », 27 % des « Défavorisés ».

Le vote pour Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon est un vote de classe. Comme
d’ailleurs le vote pour Emmanuel Macron : 53 % des personnes qui se disent des « milieux aisés ou privilégiés » et 38 % des « classes moyennes et supérieures » ont voté pour Emmanuel Macron alors qu’il n’obtient que 28,5 % de suffrages dans la population générale et 13 et 18 % des votes des « défavorisés » ou des « catégories populaires ».

La meilleure façon de faire diminuer les suffrages qui se portent sur Marine Le Pen (et
Jean-Luc Mélenchon par la même occasion) serait pour Macron de faire une politique
économique et sociale différente... Emmanuel Macron le sait très bien. Faute d’avoir
réussi à obtenir une majorité pour faire adopter la contre-réforme des retraites, après
demultiples changements de pied, il lance la énième loi sur l’immigration pour essayer de désigner des responsables éventuels et de dévier l’orage. Tout à droite pour rallier toute la droite en ciblant les plus défavorisés et en particulier l’immigration !

Aura-t-il plus de succès lors des élections européennes ?

Cette montée de la droite extrême ou de l’extrême droite n’est cependant pas que
française.
Il suffit de regarder de l’autre côté des frontières. C’est un phénomène au moins européen. Que les gouvernements soient de gauche ou de droite, ils poursuivent, à des degrés divers, la même politique initié par Margaret Thatcher et son néo-libéralisme. Et utilisent les mêmes techniques pour canaliser les mécontents !

L’Espagne avec la défaite du gouvernement et la montée de la droite et de l’extrême droite aux dernières élections locales, l’Italie où le gouvernement est de droite extrême,
l’Allemagne où le AfD, d’extrême droite, est d’après les derniers sondages au coude à
coude avec le SPD et les Grünen qui participent au gouvernement de coalition, au
Royaume-Uni, aux Pays-bas, et même dans les pays nordiques si démocrates et si
modérés...

Le danger d’extrême droite pour la démocratie existante ne se cantonne pas
seulement à la France. Il est le fruit de la politique menée dans tous les pays ,
notamment en Europe.

Lutter contre l’extrême droite

1 - Premier tour 2002, Éric Zemmour : 2 485 935 voix et 7,07 %. Cet électorat est différent de celui de Marine Le Pen : 7 % de la population générale mais 13 % des « milieux ou privilégiés » et 11 % des « défavorisés ». Une partie de l’électorat est idéologique.

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25 mai 2023 4 25 /05 /mai /2023 22:31

Poloalu n°17

Chine. Dans son dernier rapport, l'ONG Safeguard Defenders a identifié 102 postes de police clandestins chinois répartis dans 53 pays identifiés. Elle en compte quatre en Île-de-France, dont l'un à Aubervilliers, dirigé par le président d'une association franco-chinoise. Marianne 28 avril 2023

Fraude fiscale. Les grands scandales relèvent moins de la fraude que de l’évasion fiscale, qui est légale (Quentin Parrinello, Observatoire européen de la fiscalité)... Rien n’est dit..., sur le recouvrement des impôts dus... Le taux de recouvrement des créances issues du contrôle fiscal atteint à peine la moitié des sommes réclamées. Le Monde 12 mai 2023

En quête de majorité, l’exécutif remet la loi immigration sur le métier. Tour à tour suspendu, scindé, reprogrammé, puis reporté, le projet de loi revient à l’ordre du jour pour un examen possible à l’automne…
Le ministre de l’éducation doit dévoiler un plan incitant les
écoles privées à recevoir davantage d’élèves défavorisés… Pour éteindre le feu naissant, le plan a été découpé. Pap Ndiaye devait ne parler que des écoles publiques. Il devrait évoquer le sort des écoles privées sous contrat le 17 mai, en insistant sur l’absence de contraintes. Le Monde 12 mai 2023

Création d’emploi. Les capitaux étrangers créent près de deux fois plus d’emplois en Allemagne et au Royaume-Uni, pays où l’on compte plus de créations que d’extensions d’usines. La France accuse un retard de compétitivité sur ses grands concurrents. Elle n’a jamais connu un déficit commercial aussi abyssal (164 milliards d’euros en 2022) ni supporté une telle dette. Le Monde 12 mai 2023

Au sujet de la politique américaine sur les puces et de la Chine… "les États-Unis devraient dire très clairement aux Chinois que si vous envahissez Taïwan, nous allons faire exploser TSMC" (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company). Parler ouvertement de ces politiques semble être mal vu à Taïwan...

Travail. Si les conditions de travail ont fortement évolué au fil du temps, la séparation entre conception et exécution reste une constante. Ceux qui pensent le travail ne sont pas ceux qui l’accomplissent et sont confrontés à sa réalisation. Le Monde 14-15 mai 2023

Les pays du Sud subventionnent de fait les systèmes de santé des pays riches en expatriant nombre de médecins formés chez eux. Notre « besoin »... est tel que le projet de loi sur l’immigration... prévoit, au moins dans sa mouture initiale, la création d’une carte de séjour spécifique destinée à attirer en France les professionnels de santé étrangers… La France, avec 16% de médecins nés à l’étranger, se situe dans une fourchette basse… Plus d’un médecin sur 2 est étranger en Australie, 1 sur 3 au Royaume-Uni… Le Conseil international des infirmières a rappelé qu’une poignée de pays riches – États-unis, Royaume-Un, Canada notamment – est à l’origine de 80 % des migrations d’infirmières… Le Monde 14-15 mai 2023

Berlin. Mohammed est, à nouveau, le prénom préféré pour les nouveaux-nés comme dans les 4 années précédentes sur 5… devant Noah et Adam. Chez les filles, Sophia arrive en premier devant Emilia et Emma. À l’échelle nationale, Noah et Emilia sont en tête de liste. Süddeutschezeitung 15 mai 2023
Paris. Pour les garçons, ce sont Gabriel, Adam, Raphaël (Mohamed arrive en 5ème position) et pour les filles, Alma, Louise, Emma. En 2022.

Que signifie SMIC ? Les minima sont au-dessous du smic dans 151 branches professionnelles sur 171. (Laurent Berger) 36 % des Français leur [aux syndicats] font confiance (– 2 points par rapport à 2002) selon baromètre du Cevipof paru en février, contre 59 % en Allemagne et 46 % au Royaume-Uni. Le Monde 16 mai 2023

Score aux évaluations en lecture (Pirls) à la fin de la quatrième année d’enseignement obligatoire, 2021 : Singapour 587, Hongkong 573, Finlande 549, Suède 544, Norvège 539, Italie 537, Union européenne 527, Allemagne 524, Nouvelle-Zélande et Espagne 521, Portugal 520, France 514 contre 511 en 2016 (23e sur les 37 pays testés), Belgique (flamand) 511, Belgique (français) 494, Égypte 378. Le Monde 17 mai 2023

France. La production (de logements) pourrait baisser de 4 % entre 2022 et 2025, et près de 100 000 postes être détruits.
Allemagne. La crise du secteur de la construction s’aggrave. Les annulations de projets immobiliers se multiplient alors que le besoin de logements, tiré par l’immigration, est à un niveau historique. Le Monde 17 mai 2023

L’excuseflation. Un des néologismes pour désigner des pratiques permettant de camoufler la hausse des prix. Les coûts de production diminuent, mais les prix de détail sont en hausse et les bénéfices augmentent. Il y a de quoi s’inquiéter […] d’une éventuelle hausse de l’inflation due à la hausse des bénéfices. (The New York Times). Autrement dit : l’inflation nourrit l’inflation et devient parfois un business en soi. CI 17 mai 2023

Article très intéressant du Monde reproduit sur Histoire coloniale et postcoloniale. Le couronnement de Charles III ravive le débat sur l’empire sur l’empire britannique riche d’enseignements pour la France. Le Monde 07 mai 2023

Sommet d’Hiroshima. Joe Biden sera suivi d'un aide-de-camp portant une mallette en cuir renfermant le tristement célèbre bouton nucléaire. Ce dernier accompagne le président américain lors de tous ces déplacements... dans le parc de la paix, Biden sera là aussi paré à toute éventualité de guerre... Biden sera entouré des dirigeants de deux autres puissances nucléaires... Rishi Sunak et... Emmanuel Macron. Se promèneront-ils eux aussi dans les allées, suivis de leur porteur de mallette nucléaire ? Ou s'en remettent-ils aux Américains ? EKHO Ru eurotopics 19 mai 2023

Le déficit du commerce extérieur atteint 163,6 milliards d’euros, à comparer avec un excédent de 223 milliards pour les Allemands et de 65 milliards pour les Italiens. Arnaud Montebourg. Marianne 19 mai 2023

Royaume-Uni. Télécoms. Le 18 mai, BT Group, opérateur historique, a annoncé vouloir supprimer 40 à 55 000 emplois d’ici à 2030, y compris sous-traitants... jusqu’à 42 % de ses effectifs actuels. BT emploie environ 130 000 personnes dont 30 000 issus de sous-traitants. Ce plan est le plus important... depuis sa privatisation et l’ouverture à la concurrence du secteur en 1981... Le 16 mai, son concurrent Vodafone avait dévoilé un plan d’économies entraînant 11 000 suppressions d’emplois sur 3 ans, sur un total d’environ 100 000 salariés... Le Monde 20 mai 2023
Stellantis menace de fermer ses usines au Royaume-Uni. L’entrée en vigueur de nouvelles clauses liées au Brexit fragilisent la
filière automobile. Le Monde 20 mai 2023

Allemagne. 16 %, c’est le nombre d’électeurs qui donneraient leur voix à la formation d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) si les élections fédérales avaient eu lieu dimanche 14 mai [selon divers sondages]… Le parti n’avait pas connu un tel plébiscite depuis novembre 2018. [Il avait récolté un peu plus de 10 % lors du scrutin de 2021] Désormais, il se trouve à égalité avec les Verts, seulement un point derrière le Parti social-démocrate, SPD [certaines études estimant qu’il dépasse ces deux formations]. Dans les Länder de l’Est, le parti nazi est même gratifié d’environ 26 % des intentions de vote. Die Tageszeitung CI 22 mai 2023

La France. Deuxième plus gros exportateur d’armes dans le monde. 650 millions d’euros d’armements français envoyés en Ukraine. Libération 22 mai 2023

Repas aux étoiles. À partir de la fin 2024, il sera possible, moyennant 120 000 euros, de s’offrir un repas dans l’espace grâce à une entreprise toulousaine, Zephalto… 25 km au dessus du sol, avec 6 autres fortunés convives, un repas étoilé arrosé aux grands crus... Des subventions publiques provenant de la région Occitanie mais aussi de l’UE. Libération 22 mai 2023

Brevets. Chine première pourvoyeuse de brevets avec près de 70.000 dépôts...Les États-Unis suivent toujours... plus de 59.000 devant le Japon... Suivent la République de Corée (20.678) et l’Allemagne (17 322 demandes)…
Pour la cinquième année consécutive...
Huawei Technologies est arrivé en tête du classement mondial avec près de 7.000 demandes… suivi par Qualcomm Inc. des États-Unis (3931), Samsung Electronics, de la Corée (3041), LG Electronics Inc., de la Corée (2885) et Mitsubishi Electric Corp., du Japon (2673). Record des dépôts de brevets en 2021 dans le monde malgré la pandémie – OMPI

France en sixième position, 7 764 brevets, quatrième pour les marques, 4 403, sixième pour Dessins et Modèles, 1 484 – INPI

Poloaécrit :À l’occasion d’un échange avec…

G : La spiritualité est un beau ciel bleu au dessus d’un bidonville. C’est le bidonville qui m’intéresse.
A : Les principes (Droits de l’Homme, Droits des femmes, Droit des enfants, Cour Pénale Internationale, COP, Crimes contre l’Humanité…) sont adoptés à l’unanimité ou presque par les États mais applicables seulement
chez les autres.

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