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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 01:15

 

 

 

 

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De tout ce que mon père m'a laissé en héritage, la chose à laquelle je tenais le plus était sa gamelle avec son car de militaire. Gamelle et car l'ont suivi pendant la guerre de 1939-40 et pendant sa captivité où l'un de ses camarades a gravé des images qui ont fasciné mon enfance. Il y avait aussi un cadre en bois gravé, inachevé (il y manque la date de fin de captivité), destiné à recevoir une photo...


Il a passé 18 mois comme prisonnier de guerre au Stalag VIII C, à Sagan, maintenant en Pologne. Pendant sa captivité, j'avais 5-6 ans, quand des voisins me demandaient où était mon père, comme on m'avait dit qu'il était prisonnier, je répondais, logiquement, en prison. Et tout le monde riait. Je ne comprenais pas pourquoi !


Il y a quelques années, Anne et moi sommes allés dans l'est de l'Allemagne (Weimar, Buchenwald, Dresden...) et la proximité de la frontière nous a poussés à faire un saut jusqu'à Sagan où mon père avait passé ses 18 mois de captivité.
Au bureau du tourisme, une jeune femme nous a immédiatement renseignés, aimablement émue d'apprendre que mon père y avait passé 18 mois. Peu de "touristes" doivent passer pour la même raison.

Les touristes sont, peut-être, plus intéressés par l'Offlag où s'est déroulée l'histoire narrée dans le film "La grande évasion" qui n'a cependant pas été tourné là. Je pense que le régime communiste polonais ne voulait pas faire écho à cette aventure américaine.


Sur place, cependant, un souterrain a été reconstitué à coté du monument qui rappelle cette période et du musée réservé au prisonniers de guerre. Dans les vitrines, étaient exposés de multiples documents d'époque, photographies, matériel et... des gamelles semblables à celle de mon père même si elles n'étaient pas aussi travaillées.


Finalement, avec l'âge, j'ai pensé me séparer de ce morceau d'enfance et confier la gamelle à un musée. Celui de Carcassonne par exemple. Et c'est là que l'aventure commence.

Nous sommes allés offrir nos objets, précieux de souvenirs, au musée des anciens combattants de la ville où nous avons été très bien reçus. Nous en avons profité pour visiter le musée.


J'étais au premier étage en train de regarder les vitrines quand une personne du musée est venue me saluer courtoisement. Nous avons discuté et je lui ai dit le plaisir que j'avais de visiter un tel musée et notamment de voir que, dans cette vitrine, il y avait un document rappelant que des Allemands aussi avaient participé à la résistance.

Et là, stupéfaction ! Cette personne est partie dans une longue diatribe contre les Allemands. J'ai essayé de rappeler quelques faits de résistance d'Allemands au nazisme, du prix qu'ils avaient payé... j'ai noté aussi que les officiers français qui s'étaient opposés au comportement de l'armée française en Algérie n'étaient pas très nombreux bien que le risque soit bien moindre.


J'ai eu droit alors à une défense énergique de la torture. Non seulement de la torture passée mais aussi de celle qui pourrait advenir. Dans un musée d'anciens combattants qui devrait illustrer les horreurs de la guerre et encore plus de ses excès. Dans un musée où on fait défiler les enfants des écoles. Leur enseigne-t-on qu'il est légitime de torturer ?


J'ai immédiatement quitté ce lieu, furieux. Abandonnant la gamelle du Caporal dans quelles mains. Ma cousine, ma presque soeur, est venue heureusement les reprendre, le lendemain, alors que j'avais quitté Carcassonne.


Quelque temps plus tard, nous sommes allés les déposer au Mémorial de Caen. Ainsi la gamelle du Caporal est maintenant dans un musée dédié à la paix.

 

 

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