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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 20:28

 

POUR LA PREMIÈRE FOIS, DES ÉLECTIONS EUROPÉENNES ?

 

 

Des élections européennes pour la première fois en 2014, grâce aux « populistes » et autres « européosceptiques » ? C'est ce que pense Enrico Letta, Premier ministre italien, dans un entretien à la presse européenne (Le Monde 02/11/13).

En effet, depuis quelque temps, nombreux sont ceux qui s'inquiètent du résultat des prochaines élections européennes qui pourraient donner « le Parlement le plus eurosceptique ou antieuropéen de l'histoire des institutions européennes ». Pour E.Letta, cela va obliger à faire enfin une campagne européenne ! Et pour lui, « d'une façon paradoxale, c'est une victoire de l'Europe ».

« Cela ne veut pas dire plus d'Europe (prudence) mais une Europe dotée de règles enfin efficaces (aveu ?). C'est le seul moyen de gagner ». L'Europe, ce n'est pas seulement la finance et les services, « l'Europe doit avoir une politique industrielle » (E.Letta).

 

Mais le Premier ministre italien s'arrête en chemin. Ce qui l'inquiète, c'est la présence nombreuse d'eurosceptiques et de populistes au Parlement européen (PE). Il oublie que populistes ou non, les parlementaires européens ne représentent qu'une minorité des citoyens de l'Union européenne (UE). La majorité n'a pas participé aux dernières élections de 2009 ! En sera-t-il de même en 2014 ?

Pire, il se dit favorable à une politique industrielle européenne et ne souffle pas un mot de la nécessaire Europe sociale promise, sans grand effet, depuis fort longtemps. Les voix populistes semblent plus inquiétantes que les voix de la misère.

 

En 1970, Kissinger aurait posé la question « l'Europe, quel numéro de téléphone ? » Il faut croire que peu de progrès ont été faits depuis, puisque E.Letta pense qu'à la question « Qui dirige l'Europe ? » personne n'est capable de répondre précisément.

C'est probablement pour apporter une réponse plus claire à cette question que le président du Parlement, Martin Schulz, a commencé sa campagne électorale en revendiquant le poste de président de la Commission européenne (CE) pour le candidat du parti vainqueur lors des prochaines élections. Membre du SPD allemand, il espère avoir ce poste,en cas de victoire de l'Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au PE. Ce qui est, bien sûr, loin d'être acquis. Pour El País, cette candidature «marque le début d’une rénovation des institutions ».
Car la course est lancée. Les Verts/Alliance libre européenne doivent désigner leur candidat à ce poste, José Bové pourrait se présenter en binôme avec une Allemande des Grünen. Le Groupe Alliance des démocrates et des libéraux hésiterait entre Olli Rehn et Guy Verhofstdt. Pour la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique, il est question du Grec, Alexis Tsipras. Et pour le Parti populaire européen (PPE), il est question de Michel Barnier et peut-être aussi de Viviane Reding.

 

Pour le PPE, les choses sont plus compliquées, parce que tout le monde n'approuve pas cette évolution institutionnelle qui n'est d'ailleurs pas totalement conforme aux traités. Certes le PE doit élire le président de la CE, en tenant compte des résultats des élections européennes, mais c'est le Conseil européen (chefs d’État et de gouvernement) qui propose des candidats. Le PPE hésite et ne se décidera que plus tard.

Il s'agit donc de savoir si le PE sera capable de forcer la main aux chefs d’État et de gouvernement, ce qui serait un petit coup d'état vers plus de démocratie. Qui ne leur plaira pas car ils ont le pouvoir actuellement. Et Angela Merkel serait plus favorable à Martin Schulz, un Allemand, fût-il membre du SPD qu'à d'autres, fussent-ils du PPE...

 

Il ne fait pas de doute que la bataille sera rude. Mais il serait positif qu'elle se déroulât sur la place publique au moment des élections. Il serait tout aussi positif que les partis fassent une campagne sur « quelle politique pour l'Union européenne » et pas seulement au niveau institutionnel. Car si, de Kissinger à Letta, on se demande qui commande en Europe, on connaît bien au profit de qui. Mais comme dirait Rudyard Kipling, ceci est une autre histoire. Il faut espérer qu'elle soit abordée pendant la campagne.

 

NB :; Lors de son prochain voyage en Allemagne, E.Letta se propose de rappeler, fort opportunément « aux Allemands qu'ils ne sont pas les seuls à participer au sauvetage de l'euro... L'Italie participe au fonds de sauvetage à hauteur de 18% soit 50 milliards d'euros, l'Allemagne pour 27% et la France 20%... »

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