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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 21:52

 

"Notre terreur", "Buon giorne, notte", "Des hommes et des dieux"

 

Décisions collectives à huis clos

 

A quelques jours d'intervalle, nous avons vu 3 spectacles (une pièce de théâtre "Notre terreur" et 2 films ("Buongiorno, notte" et "Des hommes et des dieux") sur des événements historiques différents, dans le temps, dans les lieux, dans les motivations historiques des protagonistes : la Terreur en France en 1793-94*, l'enlèvement et l'assassinat d'Aldo Moro en Italie en 1978**, l'enlèvement et l'assassinat des moines de Tibhirine en Algérie en 1996***.

Il peut paraître étrange de parler en même temps de ces 3 oeuvres et événements. Mais elles se déroulent dans un huis clos relatif où un groupe engagé est confronté à des incertitudes qui pèsent sur les décisions à prendre, en principe collectivement.

 

Dans "notre terreur", tout se passe en réunion au niveau du Comité de salut public. Le monde extérieur n'apparaît que par les récits de l'un ou l'autre des personnages : l'agitation de la Convention, la guerre aux frontières. Les décisions sont difficiles à prendre, des hésitations apparaissent et des affrontements. Mais, à chaque fois, Robespierre entraîne par sa détermination, même si sa prééminence est quelquefois discutée. Quand il se retire, pendant une longue période, son absence même pèse sur des décisions qui ne peuvent être prises.

 

L'essentiel du film sur l'enlèvement et l'assassinat d'Aldo Moro se passe dans un appartement-prison. L'extérieur ici apparaît, notamment, par la télévision dont chacun attend la justification de l'action entreprise (l'enlèvement avec menace d'exécution) par la nouvelle du soulèvement populaire qui ne vient pas. Les conjurés sont, finalement, prisonniers de leur piège. Seule la jeune femme du groupe qui poursuit ses activités professionnelles, maintient un contact direct avec le monde extérieur. Ce contact avec la réalité, la persistance de son humanité, de son histoire personnelle, lui font comprendre l'inanité de cette action. Dont elle ne peut s'abstraire que par des issues imaginaires.

Un autre des protagonistes doute aussi au point de faire une tentative de sortie, de revoir son amie : il revient, incapable de résister à l'engrenage, à la machine logique autojustificative, bien qu'il soit persuadé de son échec.

Seul, le responsable de l'opération continue à justifier la nécessité de son entreprise et pèse de tout le poids de sa rationalité verbale sur les velléités réalistes de ses compagnons.

 

A Tibhirine , les moines sont en contact avec la population, ils ne disposent, apparemment, de pouvoir que sur eux-mêmes. Ils n'ont pas d'armes. Ils sont au service pacifique de leur engagement par leur seule présence, leur activité quotidienne. La population vient consulter l'un d'eux, médecin, ils sont invités à certaines fêtes par les villageois. Mais ils savent que leur présence est précaire, comme "l'oiseau sur la branche" même si la population leur témoigne un certain attachement. Ils savent que leur vie est en danger : des chrétiens de la population ont été assassinés, seulement parce que chrétiens (dans le film, il n'est pas fait allusion à ce fait que les moines de Tibhirine connaissaient). Ils le savent encore plus quand une bande armée veut réquisitionner le médecin ou des médicaments. Et surtout quand le chef de ce groupe qui avait respecté la volonté de moines est tué par l'armée.

Ce jour-là, ils savent qu'en restant, ils se condamnent au martyre. Et les autres au crime. Sont-ils venus pour être martyrs ? ou témoigner ? Témoigner jusqu'au martyre ?

De multiples discussions les partagent sur le sens de leur présence. Sur le degré de leur engagement. Certains doutent. Ont peur. Mettent en question certaines décisions de celui qu'ils ont désigné pour parler en leur nom. Mais dans le huis-clos, c'est sa parole qui l'emporte. Il sent bien les résistances. Il ne ferme jamais vraiment la porte. Il se contente de ne pas l'ouvrir.

 

Dans ces 3 oeuvres, vues sous un seul angle, artificiellement réunies ici par le hasard, sont posées les questions du doute, de la profondeur, du prix de l'engagement, de la difficulté de la prise de décision collective, de la liberté individuelle, de la démocratie. Questions exacerbées par, à l'extérieur, le "moment historique" et, à l'intérieur du groupe, par l'enfermement à la fois physique, psychologique et politique des protagonistes. Sous l'influence d'un citoyen, d'un camarade, d'un frère.

 

* Notre terreur, 2009, création collective "d’ores et déjà ", mise en scène Sylvain Creuzevault avec Samuel Achache, Benoit Carré, Antoine Cegarra, Éric Charon, Pierre Devérines, Vladislav Galard, Lionel Gonzalez, Arthur Igual, Léo-Antonin Lutinier.

** Buongiorno, notte, 2003, réalisé par Marco Bellocchio avec Maya Sansa, Luigi Lo Cascio..
***Des hommes et des dieux, 2010, réalisé par Xavier Beauvois  avec Lambert Wilson, Michael Londsdale, Olivier Rabourdin.
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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 16:59

 

 

Depuis quelque temps, deux graves dangers menacent l'Europe : la régression sociale et la montée de l'extrême-droite et de la droite extrême. En réponse, les luttes restent essentiellement nationales. Est-ce suffisant si on veut faire reculer la Commission européenne (CE) et les gouvernements des 27 pays de l'Union européenne (UE) et construire une Europe démocratique, sociale, écologique...?

 

Un pacte de stabilité intermittent

 

Depuis Maastricht, la politique des États européens est en pilotage automatique : pacte de stabilité sous contrôle d'agences privées de notation. Les gouvernements ont organisé leur impuissance et leur irresponsabilité.

 

Quand la crise survient, oubliant contrôles et contraintes, gouvernants, fonctionnaires internationaux, financiers trouvent l'argent nécessaire pour remettre à flot les établissements bancaires ou les entreprises, sous les yeux attendris des commentateurs. Le système est sauvé, au moins momentanément, les responsables de la crise aussi, avec bonus et retraite chapeau.

 

Le chant des contraintes réapparaît alors. La proximité du pouvoir et de l'argent permet de trancher rapidement la question de savoir qui paiera : les victimes de la crise. D'où la remise en cause de la protection sociale dans tous les pays de l'UE.

 

Hier, Sarkozy, l'Américain, se voulait l'ami de Bush. Aujourd'hui, l'ami de Merkel. Dans tous les cas, l'ami de ceux sur lesquels il peut s'appuyer pour faire avancer sa politique libérale. En effet, le modèle est la rigueur imposée depuis dix ans aux salariés allemands.

Sur cette voie, les gouvernements de l'UE appliquent des règles similaires : diminution de la durée d'indemnisation du chômage (Danemark) et des allocations familiales (Danemark, Espagne), licenciement de fonctionnaires (Roumanie) ou non remplacement lors de départ à la retraite (Espagne, Portugal), recul de l'âge de départ à la retraite (Espagne, Grèce), gel des retraites (Espagne), augmentation de la TVA (Espagne, Grèce, Hongrie, Portugal, Roumanie,Slovaquie), suppression du 13ème mois des retraites (Grèce, Hongrie), baisse des subventions à l'agriculture et aux transports publics (Hongrie) ou à la culture (Lituanie), augmentation des taxes sur le tabac, l'alcool (Grèce, Slovaquie), les carburants (Grèce), diminution ou blocage du traitement des fonctionnaires (Irlande, Italie, Lituanie, Portugal, Roumanie, Tchéquie), diminution des pensions vieillesse (Lettonie, Lituanie, Roumanie), des dépenses santé et des investissements (Portugal)...

 

En France, la situation est caricaturale. Quand Fillon arrive à Matignon, il déclare l'État au bord de la faillite. Depuis, il a fait un grand bond en avant en distribuant les réductions d'impôt : bouclier fiscal, allègement des droits de succession, défiscalisation des heures supplémentaires, création de nouvelles niches fiscales... Les seules 468 niches fiscales amputent les recettes de 75 milliards d'euros au moins... En 2003, le Conseil des impôts en recensait 418... Plus de 200 ont été crées depuis 2000.

 

Les mésaventures de la femme la plus riche de France et ses relations avec d'innocents gouvernants qui ne la connaissaient pas ou si peu qu'ils ne correspondent que par enveloppes est un des feuilletons de l'été... Pendant ce temps, le chômage touche 10% de la population, 23% des jeunes, 13% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, 23% des Français ont ajourné des soins pour des raisons financières. Pour améliorer la situation, un fonctionnaire sur deux partant à la retraite n'est pas remplacé et on propose de reculer l'âge de la retraite de façon à payer des pensions moindres, tout en augmentant le nombre chômeurs, notamment de jeunes de plus en plus en chômage de longue durée !

 

Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que les manifestations du 24 juin, des 7 et 23 septembre, des 2 et 28 octobre soient, au delà des chiffres avancés ici ou là, des succès. Mais l'attaque des droits sociaux n'est pas réservée à la France. Et c'est dans l'Europe entière que la grogne sociale se manifeste.

 

En Europe, le taux de chômage est le plus élevé depuis 10 ans. Il a augmenté de 36% depuis 2007. Pour John Monks, secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES), le danger de la politique d'austérité des mesures gouvernementales est d'entraîner la récession quand l'économie en est déjà très proche. C'est aussi l'opinion du Fonds monétaire international (FMI), qui a lancé plusieurs avertissements en ce sens au cours des derniers mois !

 

Cette situation a entraîné la CES, pourtant très modérée, à lancer une euro-manifestation à Bruxelles, le 29 septembre. A la veille de la réunion des 27 ministres de l'économie, à quelques jours de la présentation des plans de la CE pour examiner les budgets nationaux et sanctionner les pays trop « laxistes » et définir les orientations pour les 10 ans qui viennent.

Cette manifestation a réuni 100.000 personnes venues de toute l'Europe pour dire "non à l'austérité". Cette journée d'action – la plus importante depuis 2001 (80 000 participants) à Bruxelles – était accompagnée ou précédée de multiples rassemblements ou manifestations : Lisbonne, Porto, Helsinki, Dublin, Rome, Riga, Varsovie, Bucarest, Prague (40 000 fonctionnaires dans la rue, le 21 septembre, plus grande manifestation depuis la chute du communisme), Athènes...

 

Mais l'événement le plus important de cette journée est la grève générale en Espagne contre le plan de rigueur : baisse des salaires des fonctionnaires de 5%, gel des retraites, suppression de certaines prestations comme le "chèque-bébé" pour les nouveaux parents ou l'aide aux chômeurs de longue durée et, surtout, réforme du marché du travail avec diminution des indemnités de licenciement et réforme des retraites avec report du départ à la retraite de 65 à 67 ans. C'est la première grève générale sous Zapatero, grève décidée par les deux centrales syndicales CCOO et UGT. Cette grève était soutenue par 54,6% des Espagnols. Tandis que les socialistes de Zapatero ne sont soutenus que par 28,5% des sondés contre 32,9 en septembre. Le niveau le plus bas depuis 2008.

 

Des luttes au niveau national peuvent avoir des résultats locaux : les travailleurs d'IG Metal, en Allemagne, ont obtenu une augmentation des salaires de 3,6% (ils demandaient 6%) par les grèves dans la sidérurgie des 22, 23, 24 septembre. En France, le gouvernement a fait de petits reculs sur la retraite des handicapés (de plus de 10% au lieu de 20) ou les mères de 3 enfants ou plus. Il est possible que devant la force des manifestations et les résultats des sondages tout au long du conflit, Sarkozy, pensant à 2012 et ayant montré à la droite sa détermination, ouvre des négociations sur d'autres questions sociales pour récupérer quelques voix "sociales".

 

Mais la question est européenne et un front revendicatif européen est nécessaire pour mettre en échec les projets de la Commission et s'opposer au front des 27 gouvernements de l'Union.

 

Une montée de l'extrême droite

 

Un autre grave danger menace les pays d'Europe, la montée de l'extrême-droite. Certains pouvaient croire que l'histoire du XXème siècle avait vacciné définitivement l'Europe, que l'extrême-droite n'existerait plus que sous forme d'un mauvais souvenir et d'un résidu.

 

Les Français sont bien placés pour savoir qu'il n'en est rien avec la carrière de son chef en France depuis plus de 50 ans, après d'autres comme Tixier-Vignancourt qui avait transmis le flambeau... Même s'il est difficile de l'imaginer dans le rôle de Hitler et de la solution finale, ses plaisanteries douteuses montrent bien qu'il en assume la filiation. Son dernier voyage au Japon aussi.

 

Mais la France n'est pas la seule à être atteinte. Dans certains pays comme l'Italie, l'Autriche, la Hongrie (parti Jobbik), des forces politiques se rattachent à une tradition nationale d'extrême-droite. Beaucoup plus étonnante est l'apparition de tels courants dans des sociétés que l'on croyait, ignorant peut-être leur histoire, au dessus de tout soupçon.

Aujourd'hui, des forces significatives d'extrême-droite existent dans différents pays en Europe :

  • En Autriche, l'extrême-droite fait un retour en force aux législatives de 2008 avec le Parti autrichien de la liberté (FPÖ) et un score de 18 % et l'Alliance pour l'avenir de l'Autriche (BZÖ) avec 11 % des voix, soit un total cumulé record de 29 % des suffrages exprimés.

  • En Belgique, le Vlaams Belang, parti flamand a recueilli 11,7% des voix en 2007, tandis que le Front national francophone obtenait 1,9%.

  • Au Danemark, depuis 2001, le pays est gouverné par le Parti libéral et le Parti populaire conservateur avec l'appui des parlementaires du Part populaire danois (Dansk Folkeparti), formation connue pour ses prises de positions très dures en matière d'immigration. Le DF a amélioré encore ses résultats en 2007 avec 13,2% des voix et 24 sièges de députés.

  • En Finlande, l'extrême-droite a obtenu de plus de 4 % des suffrages aux législatives de 2007 et 10% aux européennes de 2009. C'est maintenant la cinquième force politique du pays

  • En Norvège, présent au Parlement depuis 1973, le Parti du progrès (FrP) a obtenu près de 23 % des suffrages aux législatives de 2009.

  • En Suède, l'extrême-droite est entrée au Parlement en juin avec 5,7% des voix et 20 sièges qui lui donnent un position clé dans un parlement sans majorité de gouvernement.

  • Aux Pays-Bas, le populiste xénophobe Geert Wilders, chef du Parti pour la liberté (PVV), vient de passer un accord de soutien sans participation au gouvernement.

Mais l'extrême-droite n'est pas tout. Certains, par conviction ou par électoralisme s'emparent du discours de l'extrême-droite notamment sur l'immigration. « Au Danemark, les sociaux démocrates ont perdu le pouvoir en 2001, après avoir, face au parti xénophobe et populiste... durci la politique de l'immigration ». « L'ancien Premier ministre travailliste, Gordon Brown, n'avait-il pas emboîté le pas du parti d'extrême droite BNP, en 2007, en pointant du doigt les immigrés polonais ?» (Le Monde 23 septembre 2010).

 

En France, c'est l'opération qu'a tenté et assez bien réussi Nicolas Sarkozy en 2007 pour s'emparer des voix du Front national. Mais ce n'est pas le premier à jouer de ce jeu... Il suffit de se souvenir des « chiites » de l'automobile ou « du bruit et des odeurs »...

En fait, depuis 1974, les Français sont soumis de façon régulière, en dehors de quelques accalmies, à des déclarations contre les immigrés responsables de tous nos maux, Nicolas Sarkozy et son équipe prétendent au titre de champion « toutes catégories ».

 

Élu en 2007, notamment grâce à un discours sécuritaire, voyant sa côte baisser dans les sondages, il a voulu repartir à la conquête de l'opinion en jouant sur des sentiments d'exclusion, de racisme... Mais il aurait dû se méfier. Car s'il est possible de drainer quelques voix du Front national, il n'est pas sûr que ce soit la bonne solution pour se faire réélire. Il risque de perdre au centre les voix qu'il gagne à l'extrême-droite par un alignement trop dur.

 

Le risque de ce matraquage permanent est qu'il n'entraîne, à la longue, une évolution de la population vers des sentiments de rejet. Cependant, on peut constater que ce n'est pas encore le cas.

Malgré un discours contre les immigrés qui dure depuis plus de 30 ans, les sondages de la "Lettre de la citoyenneté" montrent que le taux des réponses favorables au droit de vote aux élections municipales et européennes des résidents étrangers ont progressé de 32-28% en1992/94 à 50% lors des derniers sondages. Que dans tous les sondages, la question qui préoccupe le plus les Français, ce n'est pas l'immigration mais les difficultés sociales et notamment le chômage. Et les personnalités les plus prisées s'appellent Noah, Bon, El Maleh ou Zidane...

 

Malgré cela, Sarkozy a nommé son besson au ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire pour lancer un grand débat sur l'identité nationale qui a fait un grand flop conclu par un silence présidentiel. Les Français n'ont pas mordu malgré de multiples dérapages verbaux qui indiquaient bien la direction à suivre.

 

Devant ce échec et une chute continue dans les sondages, il a été décidé de reprendre le discours sur la sécurité qui avait déjà si bien servi agrémenté d'un énième projet de loi sur l'immigration qui choque même ses électeurs traditionnels et la hiérarchie catholique (d'où un voyage de notre chanoine du Latran à Rome) et d'une circulaire discriminatoire épinglée par les organisations de solidarité, ce qui est habituel, par les autorités religieuses et aussi par la Commission européenne ce qui l'est beaucoup moins. Circulaire qui a d'ailleurs été remplacée, à la suite de ces protestations, par une circulaire plus acceptable dans la forme sans que son auteur ait démissionné, ni son ministre de tutelle déjà condamné en correctionnelle pour des propos racistes.

 

Mais là encore, le but recherché n'a pas été atteint. Le "président outragé d'un grand pays" n'a pas réussi à faire naître une solidarité dans l'indignation nationaliste. Mais un courant d'indignation contre l' arrogance d'un chef d'État qui méprise le règles d'un traité qu'il a fait adopter contre la volonté de son peuple. Et par la même occasion le mépris pour le « petit » État du Luxembourg. Pour les commissaires aux ordres du gouvernement de leur pays d'origine... Finalement, Sarkozy a cependant reçu un soutien important, celui de Berlusconi qui a du renoncer de son coté à relever les empreintes digitales et à photographier tous roms en Italie !!

 

Il n'est pas sûr que les Français soient d'accord pour retirer leur nationalité à ceux qui l'ont choisie et non héritée. Si Brice Hortefeux veut faire la liste des Français qui portent un préjudice grave à la France et auxquels on pourrait retirer la nationalité, il devrait essayer de mettre Nicolas Sarkozy en première ligne. Peut-être ferait-il un bond personnel dans les sondages.

 

(Article, avec quelques petites modifications, déjà publié dans Rouge et Vert n°313 du 07/10/10)

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24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 19:35

 

 

Guerlain, le travail et le nègres...

 

La déclaration de Paul Guerlain, le 15 octobre, sur France 2, a été reprise par tous les médias : « Pour une fois, je me suis mis à travailler comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin...».

Tout le monde s'est insurgé contre le coté raciste de cette déclaration. Curieusement, personne n'a relevé la première partie de la phrase : "Pour une fois, je me suis mis à travailler comme un nègre".

Si Paul Guierlain émet des doutes sur le fait que les nègres aient "toujours tellement travaillé", il avoue clairement que ce n'est pas son cas.

Et personne ne relève que c'est une insulte à tous ceux qui travaillent dur. On nous serine même : "Travailler plus pour gagner plus".

Paul Guerlain montre bien que cet axiome est faux.

 

Vive les riches... car ils sont généreux !

 

Bill Gates a fait fortune, surtout, en obligeant tous les acheteurs d'un PC a acheter, en même temps, ses logiciels. C'est une vente liée, interdite par la loi. Mais la loi ne s'applique pas à Bill Gates. Cela a fait de lui un des hommes les pus riches du monde.

Son ami, Warren Buffet, lui dispute ce titre. Grâce à ses succès dans ses choix financiers qui l'ont fait surnommer "l'oracle d'Omaha".

Georges Soros est devenu célèbre pour avoir contraint, pas ses spéculations, la livre à sortir du SME en 1992, ce qui lui vaut le surnom de "homme qui a fait sauter la banque d'Angleterre".

Fortune faite, ils se refont une santé morale en devenant philanthropes : les premiers à travers la Fondation Bill et Melinda Gates, le dernier pour le développement des pays les plus pauvres.

Ils repennent ainsi une vieille tradition du XIXème siècle où le châtelain ou le patron d'usine exploitaient les travailleurs pendant que leur épouse s'occupait des bonnes oeuvres.

Ah, les braves gens !

 

Pour sa part, Warren Buffet est d'une lucidité et d'un cynisme redoutables. N'a-t-il pas dit : « Une personne très riche doit laisser suffisamment à ses enfants pour qu'ils fassent ce qu'ils veulent mais pas assez pour qu'ils ne fassent rien ».

« Le système des impôts a complètement dévié en faveur des riches aux dépens des classes moyennes au cours des 10 dernières années. C'est dramatique ».

« Tout va très bien pour les riches dans ce pays, nous n'avons jamais été aussi prospères. C'est une guerre de classes, et c'est ma classe qui est en train de gagner ».

 

Qui en tirera la conclusion logique : l'augmentation confiscatoire de l'impôt sur les successions à partir d'un certain seuil de richesse ?

 

Certainement pas Jean-François Copé qui sent monter comme un dangereux parfum de Nuit du 4 Août.

 

Prêtres, pédophilie

 

En 2007 (dernière statistique de la Conférence des évêques de France), il y avait en France 15 341 prêtre diocésains (exerçant dans une paroisse). Ce nombre diminue en moyenne de 600 par an (Blog de laïcs catholiques 26/06/09*). Il y aurait donc 13 500 prêtres en 2010.

Neuf prêtres sont emprisonnés en France pour actes de pédophilie et 51 mis en examen selon la brochure de l'Église catholique intitulée "Lutter contre la pédophilie" (Le Monde 22/10/10). Ce qui donne un taux de 4,4 pédophiles pour 1000 prêtres.

 

 

* http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2009/06/la-fin-du-mois-juin-est-traditionnellement-une-p%C3%A9riode-faste-pour-les-ordinations-sacerdotales-qui-sont-souvent-conf%C3%A9r%C3%A9es.html)

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 15:53

 

 

Obtention du bac selon la catégorie sociale et la génération

(Ministère de l’Education nationale, l’état de l’école. Edition 2009 http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=272)

NB : la différence entre enfants de cadres et enfants d'ouvrier n'a pas évolué : elle est toujours de 39 poins !!!

 

En1990, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques dénombrait seulement 28 partis politiques. Au 30 juin 2009, elle en dénombrait 283. Depuis le 1er janvier 2009, pas moins d'une quarantaine de petits partis ont été créés... Presque tous les membres du gouvernement ont un parti ! (Le Monde 07/07/10)

 

Les principales mesures fiscales décidées depuis 2007ont fortement grèvé nos comptes publics : 3 milliards en 2010 pour la baisse de la TVA sur la restauration ; 1,5 milliard pour le crédit d'impôt sur les intérêts d'emprunt immobilier ; 4,1 milliards pour les heures supplémentaires ; 600 millions pour le bouclier fiscal ; 2 milliards pour les droits de succession et les donations ; 670 millions pour la réduction d'impôt sur la fortune en cas d'investissement dans les PME non cotées.

Selon le Conseil national des impôts, laFrance est le pays du G7 qui compte le plus de niches fiscales avec, en 2003, 200 dispositifs de plus que le Canada, l'Allemagne ou encore le Royaume-Uni !

Le système fiscal français est peu redistributif,du fait du poids important de la CSG (impôt proportionnel) par rapport à l'impôt sur le revenu (impôt progressif) et du poids encore plus important de la fiscalité indirecte – principalement la TVA- qui, elle, est régressive (Le Monde 06/07/10).

 

Genève, havre des fortunes françaises en exil... "Plus de 50% de la bourgeoisie française dispose d'un compte en Suisse, au delà des quelques centaines de grandes fortunes"affirme Me Dominique Warluzel, avocat... Les Allemands déposent leur fric à Zurich, les Italiens à Lugano, les Français à Genève"(Le Monde12/07/10).

*

Deux ans et demi après la panique qui a suivi la chute de Lehman Brothers, qu'est-ce-qui a changé ? A priori, rien. Les banques se sont hâtées de rembourser l'aide des États – accordée quasiment sans condition – et se retrouvent les mains libres. Les marchés continuent de spéculer à coeur joie. Ils profitent d'une instabilité qu'ils sont les premiers à entretenir, car plus il y a de volatilité, plus il y a de paris à faire et plus il y a d'argent à gagner (Alter éco juillet-août 2010).

 

Le nombre d'exploitations (agriculture bio)a progressé de 23,7% en 2009 par rapport à 2008, portant leur total à 16 446, soit 2,45% de la surface agricole utile. Après la stagnation des années 2002-2008, la filière semble repartir. Il serait temps : l'objectif du Grenelle de l'environnement était de faire passer de 2 à 6% la surface en bio avant 2012 (Alter éco juillet-août 2010).

 

Pauvreté au RU : D'après une étude en cours, portant sur 19 000 Britanniques nés en 2000-2001, les enfant de parents diplômés ont, à 3 ans, un vocabulaire en avance de 10 mois en moyenne, par rapport à ceux dont les parents sont moins diplômés. A 5 ans, les enfants de parents sans qualifications ont 6 fois plus de problèmes comportementaux, 3 fois plus de problèmes de santé et 2 fois plus de cas d'obésité. Dans cette enquête, le taux de pauvreté des enfants est de 38%.

En 2008, les statistiques officielles montrent que les inégalités de revenus sont plus grandes que sous l'époque de Margaret Thatcher (London Evening standard 21/07/10).

 

Cocorico : la France compte plus de millionnaires que les autres
... la France compte beaucoup de riches : 1 millionnaire sur 11 (en dollars) dans le monde est français. La France serait le troisième pays au monde par le nombre de millionnaires, alors qu'elle n'est « que » la sixième ou septième puissance économique mondiale.

La France compte 2,2 millions de millionnaires, 9% du total mondial : moins que les Etats-Unis et le Japon, plus que les autres pays d'Europe. La France a le quart des riches d'Europe, et dépasse, dans un ordre surprenant, Italie, GB, Allemagne, ce qui ne correspond pas à la richesse nationale globale ni à l'ordre du PIB par habitant... Elle est... loin devant la Chine qui ne compte « que » 3% des millionnaires du monde alors qu'elle est la deuxième puissance économique globale et compte 20% de la population mondiale.

L'Insee, pas le Crédit suisse (chacun son boulot), a publié une autre statistique... : celle du nombre de pauvres, 8 millions... pas moins de 13% de la population française dispose de moins de 949 euros par mois pour vivre.

Evolution au cours de la dernière décennie dans ces deux extrêmes de la société.

  • Chez les riches : selon le Crédit suisse, la richesse par adulte en France a triplé entre 2000 et 2007, avant de refluer de 15% depuis...

  • Chez les pauvres : selon l'Insee, « le taux de pauvreté a décru de 1996 à 2004 pour se stabiliser ». Entre 2007 et 2008, le nombre de pauvres a légèrement diminué (de 13,4% à 13% de la population), mais uniquement grâce à l'augmentation du nombre de bénéficiaires d'allocations d'aides sous condition de ressources.

Dans un pays qui compte un quart des millionnaires en dollars d'Europe, comment se fait-il que la perception d'une grande majorité des Français soit celle d'une menace de déclassement, d'une dégradation progressive de leur niveau de vie, d'entorses aux principes d'égalité qui fondent la République ? (Pierre Haski | Rue89 )


Licencier pour gagner plus : aux Etats-Unis, les dirigeants des 50 entreprises qui ont le plus diminué leurs effectifs en 2009 ont gagné en moyenne 12 millions de dollars, soit 42% de plus que la moyenne des patrons du Standard & Poor's 500, selon une étude de l'Institute for policy studies (Alter éco octobre 2010).


Les Français ne sont pas réacs... à en croire le Credoc. L'enquête "conditions de vie et aspirations" indique que 61% de la population est favorable au mariage homosexuel et que près de la moitié soutient l'homoparentalité... Les Français sont également très attachés aux valeurs de solidarité, à l'Etat-providence et à l'aide en faveur des plus démunis. La crise ne s'est donc pas traduite par un repli vers des valeurs traditionalistes, comme on aurait pu le craindre (Alter éco octobre 2010).


Les entreprises sont désormais obligées de s'endetter pour payer leurs dividendes. En 30 ans, le résultat d'exploitation des entreprises (en euros 2009) a été multiplié par 3 et les dividendes versés... par 10 !! (Alter éco octobre 2010)


Le phénomène de renoncement aux soins ... concerne, à ce jour, près de 9 millions de personnes à la limite du point de rupture dans le respect du principe fondamental de l'accès aux soins (Que choisir ? Novembre 2010).

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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 23:20

VOIR NOTE 1a AJOUT DU 22/05/13.

 

Peut-on parler de races humaines ? (1) (1a)

 

D’abord, définir les mots : « Deux animaux appartiennent à la même espèce s’ils peuvent se croiser entre eux et qu’il en résulte une progéniture elle-même féconde ». On peut raisonnablement affirmer que l’humanité est donc constituée d’une seule espèce encore que tous les « croisements » n’ont pas dû être « expérimentés »… Dans le règne animal, dans le règne végétal, il existe des subdivisions qui sont admises par tous. Rien de tel pour l’espèce humaine. Se pose la question des races.


Les scientifiques reconnaissent une seule origine à l’homme, située dans l’Est africain et une seule espèce. Majoritairement, ils ne reconnaissent pas l’existence de races : « les différences entre individus sont telles qu’elles ne permettent absolument pas un classement par « race » (3). Ils utilisent le mot « population », les catégories « raciales » étant considérées comme une construction sociale sans base scientifique réelle. Aux États-Unis cependant, certains n’hésitent pas à employer le mot « race » (4).

 

Pour moi, les choses étaient simples, simplistes peut-être. L’homme est un animal. S’il y a des races chez les chiens, chez les animaux, il y a des races chez l’homme. Ou alors, l’homme a été fait à l’image de Dieu et il n’y a plus rien à dire. J’ai toujours pensé qu’il y avait des races et que l’existence de races n’entrainait pas obligatoirement une hiérarchie entre elles. C’est ce que semble dire Jean Pouillon (5) : « L’erreur est de croire que pour nier le privilège, il faut considérer comme négligeable la différence à laquelle on l’attache indument et affirmer une essence humaine toujours égale à elle-même ».

Cette discussion a déjà eu lieu concernant hommes-femmes. Pour combattre l’inégalité, certain(e)s ont nié la différence…

 

Bertrand Jordan pense que la race « évidente », en fonction de signes physiques, est une construction culturelle qui prétend avoir un fondement biologique et justifie la domination d’une partie de la population sur une autre. C’est inacceptable, surtout, semble-t-il, parce que cela a servi à justifier les pires atrocités. Ce n’est cependant pas un argument scientifique même si c’est sous tendu par une déterminante expérience historique : la Shoah.

 

Mais s’il n’y a pas de race « évidente », existe-t-il des races « non évidentes » ? En lisant Jordan, on retrouve, disons, des populations différentes qu’il refuse de qualifier de races.

 

Un peu d’histoire

D’après Jordan, le mot « race », à propos des humains, apparaît pour la première fois chez un médecin montpelliérain François Bernier (1620-1688). La publication d’un article paru sans nom d’auteur, dans le « Journal des sçavants » du 24 avril 1684, constitue la première tentative théorique de diviser l’humanité en « races », notamment en fonction de la couleur de peau que Buffon attribuait seulement aux conditions climatiques. Chaque race a ses qualités et, bien sûr, les Européens ont les meilleures (6).

 

Le pamphlétaire Gaston Mery (1866-1909), collaborateur de La Libre parole, le journal d’Édouard Drumont, est le premier à avoir utilisé le mot « racisme » dans un roman, Jean Revolte 1892 (7).

 

Carl Linnæus, Carl von Linné, (1707-1778) est le père de la classification scientifique moderne de tous les êtres vivants. Cette classification fut critiquée par les philosophes, notamment parce que Linné était fixiste. Pour lui, les espèces vivantes ont été créées par Dieu. Il applique le concept de "race" à l'homme et divise Homo sapiens en cinq catégories : Africanus, Americanus, Asiaticus, Europeanus et Monstrosus. Accroc au fixisme, les fils de Noé étaient donc différents ?

Ces catégories basées au départ sur des critères géographiques, le sont par la suite sur la couleur de peau. Chaque "race" possède certains caractères constants. En 1758, il introduit une hiérarchisation avec l’homme blanc en haut de l’échelle et l’homme noir en bas (8).

 

Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882) publie, un siècle plus tard, en 1853-1855, « Essai sur l’inégalité des races humaines » (9) où il étudie l’origine de l’humanité et des races puis démontre leur inégalité en force, en beauté et surtout en intelligence : « J'ai déjà constaté que, de tous les groupes humains, ceux qui appartiennent aux nations européennes et à leur descendance sont les plus beaux », les plus beaux parmi les plus beaux, les plus intelligents parmi les plus intelligents… étant les germaniques. Le développement moderne en est le témoignage.

Pour Gobineau, tous les hommes sont mortels et en ont conscience. Mais il note, 50 ans avant Paul Valéry, que toutes les civilisations le sont aussi : «  C'est nous modernes, nous les premiers, qui savons que toute agglomération d'hommes et le mode de culture intellectuelle qui en résulte doivent périr. Les époques précédentes ne le croyaient pas ».

Se pose la question du pourquoi. Si les civilisations en ont pris conscience difficilement, elles en attribuent la cause à un accident, surtout à la condamnation par Dieu. Pour Gobineau, certes Dieu est à l’origine mais « La condition mortelle des civilisations et des sociétés résulte d'une cause générale et commune » : c’est la perte des vertus originelles de cette civilisation, de ce peuple, de cette race par le métissage.
L’homme dégénéré « mourra définitivement, et sa civilisation avec lui, le jour où l'élément ethnique primordial se trouvera tellement subdivisé et noyé dans des apports de races étrangères, que la virtualité de cet élément n'exercera plus désormais d'action suffisante ».

 

En 1874, dans sa classification, Ernst Haeckel (1834-1919) met le Noir au sein des anthropoïdes avec le chimpanzé, l’orang-outang et le gorille.

 

La publication de « L’origine des espèces », en 1859, par Charles Darwin, la théorie de la sélection naturelle inspirent le darwinisme social et une demande d'intervention de l'État pour améliorer l'espèce humaine. En 1869, Francis Galton (1822-1911), cousin de Darwin, dans une étude consacrée au génie des grands hommes britanniques, « Hereditary Genius », conclut à son caractère héréditaire (10).

Il en déduit la nécessité de l’eugénisme car la qualité génétique des sociétés occidentales est menacée par l’importante fécondité des classes inférieures, il faut donc améliorer le patrimoine héréditaire des nations, en décourageant la reproduction des pauvres. En 1883, il publie « Inquiries into human faculty and its development »  et propose l’eugénisme qu’il considère comme la « science de l’amélioration des lignées » qu’il entend appliquer aux êtres humains. Des sociaux démocrates suédois reprendront ces idées et mettront en place en 1922 la stérilisation des handicapés et des marginaux. Ils ont été suivis par des pays, à forte réputation démocratique, Norvège, Danemark, Finlande et États-Unis qui ont eu recours à la stérilisation de personnes dont le patrimoine génétique était considéré comme inférieur. Et en 1933 par Hitler. C’est surtout ce nom que l’on a retenu (11).

 

La persécution des juifs n’est pas une histoire récente mais c’est en 1879, qu’apparaît le mot « antisémite » et que Wilhelm Marr (1819-1904) fonde la ligue antisémite (12).

 

L’idée de races humaines différentes et hiérarchisées n’a pas eu comme seule conséquence, la « solution finale » des nazis. Ailleurs, l’inégalité des races a servi à justifier l’esclavage et, même après son abolition, la colonisation et la mission civilisatrice des nations européennes….
Pour Jean-Luc Bonniol (13), l’histoire des États-Unis a conduit à la construction d’une société racialement structurée qui a transformé un fait historique (les esclaves étaient noirs) en une idéologie (les Noirs sont des esclaves). Ceci a joué pendant la période esclavagiste et après. En 1920, la « one drop rule » fait de toute personne ayant une goutte de « sang noir » une personne noire. Au-delà du clivage noir-blanc qui est enregistré dès les premiers recensements, apparaissent, en 1970, les catégories : Amérindien, Japonais, Chinois, Philippin, Hawaïen, Coréen ou autres.

 

En France, le Club de l’Horloge reprend la notion de race, réalité biologique avec inégalité et hiérarchie naturelles. La race est « une population naturelle dotée de caractères héréditaires, donc de gènes, communs » (1).

 

Claude Lévi-Strauss (1908-2009) conteste la hiérarchie et l’ethnocentrisme ; « La civilisation occidentale… s’est révélée comme le foyer d’une révolution industrielle dont, par son ampleur, son universalité et l’importance de ses conséquences, la révolution néolithique seule avait offert un tel équivalent.
La révolution néolithique doit inspirer quelque modestie quant à la prééminence d’une race, d’une région ou d’un pays. La révolution industrielle est née en Europe occidentale, puis États-Unis et Japon, demain sans doute elle surgira ailleurs ; d’un demi-siècle à l’autre, elle brille d’un feu plus ou moins vif dans tel ou tel de ses centres. Que deviennent à l’échelle des millénaires, les questions de priorité dont nous tirons tant vanité ?

A mille ou deux mille ans près, la révolution néolithique s’est déclenchée simultanément dans le bassin égéen, l’Égypte, le Proche-Orient, la vallée de l’Indus et la Chine. La simultanéité d’apparition des mêmes bouleversements technologiques, suivis de prés par des bouleversements sociaux, sur des territoires aussi vastes et dans des régions aussi écartées montre bien qu’elle n’a pas dépendu du génie d’une race ou d’une culture mais de conditions si générales qu’elles se situent en dehors de la conscience des hommes » (5).

 

La science contre les races

 

La tentative, quasi permanente, de construire et de hiérarchiser des races humaines, est combattue par la majorité des scientifiques au nom de la génétique moderne.

Au-delà de la notion de races, certains sont conduits à mettre en cause l’idée même de classification et de hiérarchie non seulement à l’intérieur de l’espèce humaine mais entre espèces vivantes. Les « antispécistes » contestent cette « essentialisation » des espèces.
« Nous sommes des humains ; les chimpanzés sont des chimpanzés. Nous ne sommes pas de la même espèce, nous ne nous reproduisons pas avec eux. Nos parents que nous respectons étaient eux aussi des humains, et les leurs de même. De proche en proche, nos ancêtres sont tous des humains, jusqu'à ce qu'on remonte, par exemple, quelque 300 000 générations en arrière, il y a environ six millions d'années. À ce moment, on trouve quelqu'un qui a la particularité d'être non seulement notre vénérabilissime ancêtre, mais aussi celui des chimpanzés. Les chimpanzés eux aussi peuvent le réclamer comme leur » (14).

 

Pour certains, fort optimistes ; la démonstration scientifique que les « races » n’existent pas devrait mettre un point final au racisme. Les « races » ne sont qu’une construction culturelle mais rien ne prouve que cette démonstration suffira à décourager les racistes dans leur besoin de construire un racisme, fut-il seulement culturel. La diversité des cultures humaines dont certains font l’éloge pour combattre le racisme, a été reprise par d’autres qui essentialisent et hiérarchisent ces différences culturelles.

 

La science apporte des arguments importants qui satisfont généralement les antiracistes. Ainsi, il y aurait une différence plus grande dans leur matériel génétique entre deux voisins de palier qu’entre un Blanc et un Noir pris au hasard. Et de toute façon, au point de vue de l’ADN : « nous sommes tous identiques à 99,9%, (aujourd’hui estimée à 99,5 ou 99,6%) donc les races n’existent pas, donc le racisme n’a pas lieu d’être » (1). Par ailleurs, Jordan fait remarquer que 0,1% de différence cela fait tout de même un écart de 3 millions de bases !

Partant de cette faible différence quantitative dans le matériel génétique, on peut affirmer aussi, comme le font certain(e)s, que les sexes n’existent pas !

La question est de savoir où se situe la barrière, à partir de quel seuil, la différence génétique devient significative ! Avec le même raisonnement, sachant que l’espèce humaine a, par exemple, 98% de gènes en commun avec le chimpanzé, peut-on dire que, vue cette faible différence, homme et chimpanzé ne sont pas essentiellement différents ? On retrouve là, d’une certaine façon, la logique des « antispécistes ». Et, de proche en proche, on arrivera à affirmer qu’il n’y a pas de différence spécifique entre l’homme et la jonquille qui ont 35% de leur ADN commun (15).

Sans aller jusque là, chimpanzé et bonobo sont si proches de l’homme que certains proposent de les rattacher au genre Homo et non au genre Pan (singes).

 

Ce qui permet d’affirmer l’existence d’espèces différentes, ce n’est pas le pourcentage de matériel génétique commun ou différent mais le choix de fonder la spécificité des espèces sur l’interfécondité.

Si le fondement de l’existence d’espèces différentes a des difficultés en s’appuyant sur la composition de l’héritage génétique, cette difficulté est encore plus grande pour affirmer ou nier l’existence de races humaines différentes.

Pour la majorité des biologistes, il n’y a pas de races humaines, car la diversité génétique au sein d’un groupe humain est généralement plus grande que la divergence moyenne entre populations différentes. Mais n’y a-t-il pas là un biais méthodologique à vouloir comparer la différence entre individus à la différence entre populations ?

Cette faible différence entre populations humaines est due, notamment, à l’apparition récente (200 000 ans) de l’espèce humaine. Alors que le dernier ancêtre commun aux hommes et aux singes date de 6 à 7 millions d’années.

 

Où je retrouve mes chiens. D’après Bertrand Jordan, il existe 350 races de chiens. Pourtant le chien n’a été domestiqué par l’homme que depuis 15 000 ans. Mais si les différences, à l’intérieur de l’espèce canine, sont du même ordre qu’à l’intérieur de l’espèce humaine (1 pour 1000), elles sont surtout, chez le chien, entre les races qui sont très homogènes. Deux ou 3 marqueurs suffisent pour déterminer l’appartenance raciale d’un chien avec une fiabilité de 99%.

Cela tient au fait que le chien devient adulte en 2 années, ce qui donne donc 50 générations en un siècle. Contre 3 ou 4 pour l’homme. Ceci tient aussi à la sélection menée par l’homme.
Pour Bertrand Jordan, chez l’homme, la diversité est plus importante au niveau de la « carrosserie » qu’au niveau du « moteur ». Il ne dit jamais que c’est la même chose chez l’animal, ni que le type de carrosserie semble liée au type de moteur. Il reconnaît cependant que rien n’autorise à dire que les gènes varient d’un groupe d’homme à un autre seulement pour des différences superficielles.

Pour lui, les processus de différenciation auraient pu faire apparaître des races humaines et, beaucoup plus tard, des espèces différentes. Mais le temps écoulé est trop court.

 

S’il nie l’existence de « races évidentes », Bertrand Jordan n’en reconnait pas moins l’existence de phénomènes troublants, notamment chez les sportifs où des facteurs génétiques pourraient expliquer la prédominance des athlètes originaires de l’Afrique de l’Est dans les courses d’endurance, du 1000 m au marathon, et des Africains de l’Ouest dans les distances de 100 à 400 mètres. Il pense qu’un jour ou l’autre des facteurs génétiques explicatifs de ces performances seront mis en évidence.

 

Et d’ajouter que le rôle de la culture, de l’éducation chez l’homme est très important ou prépondérant, sans qu’on puisse démêler le plus souvent ce qui revient à la culture et ce qui revient à l’ADN. D’autre part, les écarts entre la moyenne des populations sont environ dix fois plus faibles qu’entre les personnes à l’intérieur de chacune d’entre elles… Mais même si on arrive à trouver que quelques centaines de gènes prépondérants au sein d’une population la distinguent des autres, une telle différence s’appliquerait au groupe et non à chaque individu.

Pour simplifier, cela veut dire que les hommes sont, en moyenne, plus grands que les femmes mais que cette vérité statistique n’est pas valable pour chaque individu. Si on fait la répartition des hommes par taille (taille sur l’axe des abscisses, pourcentage des hommes ayant cette taille en ordonnées), on obtient une courbe « en cloche ». En faisant de même avec les femmes ont obtient aussi une courbe en cloche mais différente. Ces courbes sont dites unimodales (une seule bosse). Si on fait la même opération avec une population mixte, on n’obtiendra pas une courbe en cloche mais une courbe bimodale (avec deux bosses). Montrant que cette population n’est pas homogène du point de vue de la taille. Elle est composée en fait de deux populations différentes.

Mais, connaissant la taille d’une personne, on ne peut dire si c’est un homme ou une femme. Il n’empêche que les hommes sont, en moyenne, plus grands que les femmes.

Ce type de comparaisons est rarement présenté par les antiracistes qui comparent les différences génétiques entre un Blanc et un Noir à celles existant entre deux voisins de palier. Il ne s’agit pas de comparer deux individus mais deux groupes d’individus.

 

Actuellement, la génétique peut aller plus loin. Pour quelques dizaines de dollars, il est possible, essentiellement aux États-Unis mais aussi au Royaume-Uni, d’obtenir une étude individuelle qui précise l’origine et permet de savoir si on a des ancêtres principalement Européens, Africains, Asiatiques. Bertrand Jordan reconnaît qu’on peut ainsi répartir les personnes en 5 ou 6 grandes catégories bien que la diversité au sein de chacun de ces groupes soit nettement plus élevée que celle qui les sépare. Tout ceci, pour Bertrand Jordan, met en évidence que les ascendances sont mixtes et que « ces races » ne sont pas des entités étanches et séparées. Aux États-Unis, il n’y a pas de races évidentes, il n’y a pas de race pure. Nous sommes tous des « métis » (de quoi ?).

 

Ces études faites surtout aux États-Unis, population métissée par excellence, donneraient-elles des résultats identiques ailleurs ? Deux études ont été signalées par Courrier international : une sur les Basques (16), une autre sur les Lemba (17).
Dans le premier article, il apparaît que « Les Basques ne sont pas ce qu’ils croient être… le génome des Basques ne diffère pas de celui des autres populations espagnoles. Les recherches sur 144 marqueurs génétiques présents chez des Français, des Espagnols, des Nord-Africains, des Basques espagnols et des Basques français n’ont pas montré de différences notables. Les Basques espagnols ressemblent plus aux Espagnols des autres régions qu’aux Basques français ».

 

L’article sur les Lemba pose des questions plus complexes. Les lemba descendent, dans leur mythologie, d'une tribu juive réfugiée au Yémen vers 2500 avant J.-C., puis chassée vers l'Afrique il y a un millier d'années (18). Au nombre d'environ 70 000, on les trouve en Afrique du sud, au Zimbabwe, Malawi, Mozambique. Majoritairement chrétiens, parlant des dialectes bantous, ils ont des pratiques religieuses similaires à certaines pratiques du judaïsme. Les Lemba présentent une proportion importante d'hommes dont certaines caractéristiques génétiques suggèrent en effet une liaison avec les populations juives traditionnelles. Un sous-clan, le Clan Buba, est considéré par les Lemba comme leur caste de prêtres. Parmi les Buba, 52% des hommes possèdent des caractères génétiques dans les mêmes proportions trouvées chez les Juifs « Cohen » (prêtres). Les Lemba ont également un important pourcentage de gènes souvent trouvés chez les Sémites non-Arabes (19). Rien n’est dit dans l’article sur une comparaison éventuelle du génome des Lemba avec celui d’autres bantous.

 

Tout le monde semble d’accord pour dire qu’il n’y a pas de « race » juive, que le judaïsme est une religion, une culture, et voila qu’on rattache les Lemba au monde juif par des lambeaux de culture et par une parenté génétique qui viendrait authentifier la tradition orale ! Ici, le « groupe d’ascendance » rattacherait des Africains noirs aux populations du Proche-Orient !

Depuis 1992, de nombreuses « études génétiques sur les juifs » ont été publiées. Il suffit de taper « genetic studies on jews » dans Google pour trouver de multiples références en langue anglaise. De façon étonnante, Bertrand Jordan, dans son livre publié en 2008, n’en parle nullement. Et il est difficile pour un profane, ni angliciste, ni généticien, de trancher dans la discussion.

 

Pour conclure :

 

La discussion sur l’existence de races humaines est biaisée par l’usage qui en a été fait du mot « race »dans l’histoire et surtout dans l’histoire récente.

Alors disons que les races n’existent pas, il n’y a que des populations, « des groupes géographiques » (20)…, que nous sommes tous des métis (bien sûr pas de races mais de populations). Comme si de telles affirmations pouvaient régler la question du racisme si ce n’est chez les gens convaincus. Ce n’est pas en niant, l’évidence des « races non évidentes », qu’on fera disparaître le racisme et qu’on arrivera à convaincre les racistes. Et on renforce la méfiance de la masse des gens.

 

Tout d’abord, comme le dit Albert Jacquard (21) : « Classer signifie tenir compte des différences, et non hiérarchiser », « Or la hiérarchie, en toute logique, ne peut concerner qu’une caractéristique à la fois : elle nécessite l’unidimensionnalité ».

 

Par ailleurs, l’homme ne peut se réduire à ses gènes et c’est, peut-être ce qui fait la grande différence avec l’animal comme le dit Axel Kahn (21): « Autour du désir sexuel, alors que mon chien et mon étalon se contentent de ce simple désir et de ce à quoi il conduit, les hommes ont bâti 80% de l'art, de la poésie, de la peinture… Il s'agit d'une réappropriation, de l'humanisation d'un instinct hérité de nos lointains ancêtres animaux ».

 

 L’homme est un animal social, culturel : « Le caractère unique de chaque personne se construit comme une synthèse singulière de son héritage génétique, des conditions de son développement et de son expérience personnelle dans l'environnement culturel et social qui lui est propre » (22).

Et Axel Kahn de préciser : « Si je n'étais pas doté de gènes humains, je n'aurais pas une cognition humaine. Mais si je n'avais pas été élevé dans une culture humaine, je n'aurais pas la capacité d'utiliser le cerveau qui pourtant eut été génétiquement le même » (21). Autrement dit le potentiel génétique de l’être humain est tel que c’est l’environnement dans lequel il naît, grandit qui lui permet de développer, de façon plus ou moins importantes, certaines de ses potentialités génétiques. Il n’y a pas d’être humain sans socialisation.

Ce n’est pas l’existence ou non de races qui fait problème. C’est l’énorme gâchis que constitue la non valorisation du potentiel génétique de chacun. C’est le « Mozart assassiné » dans chaque enfant qui ne peut s’épanouir.

Très sagement, Axel Kahn affirme : « Fonder l'antiracisme sur l'inexistence des races biologiquement distinctes revient à reconnaître que si jamais elles existaient, le racisme serait légitime.

La question du racisme n'est pas un problème scientifique. L'égale dignité de tous les êtres humains, quelle que soit leur diversité, leur ethnie, est une conviction profonde de nature philosophique…. Il n'existe pas de définition scientifique de la dignité » (AK 21)

 

Le racisme n’a pas besoin de races. A-t-il besoin de hiérarchie ? La discrimination par la couleur de la peau lui suffit, ou par la religion, ou par tout autre chose. N’est-il que la version « racisée » de l’exclusion de l’autre. L’esclavage des vaincus a longtemps existé en dehors de la notion de race. Être autre, quel que soit le critère choisi, être vaincu étaient des raisons suffisantes. La victoire témoigne de la supériorité. Permet de théoriser la supériorité. Et tant mieux si elle peut être rattachée à un caractère, de préférence évident, la religion, la couleur de la peau, des coutumes « bizarres »… Ce caractère sera dévalorisé même si c’est un signe de supériorité. Nos « corsaires » sont bons les vôtres sont des « pirates »…

 

La persécution des juifs est bien antérieure à la notion de race, la religion, le mythe religieux servant de justificatif. Les juifs dominent le monde ou sont des vermines. De toute façon, accusés de crimes. Ils sont autres. Ils justifient l’antisémitisme qu’ils soient considérés comme supérieurs ou inférieurs !

 

« L’égale dignité de tous les êtres humains… n’est pas de l’ordre de la biologie mais représente un choix politique fondamental indispensable à la survie de nos sociétés » (1). La meilleure façon de lutter contre le racisme, c’est de permettre à chacun de s’épanouir pleinement. Ce qui éviterait de chercher dans le mépris des autres une raison d’être.

Ce qui peut rendre optimiste, c’est justement que la science montre que rien n’est joué à la naissance du seul fait des caractéristiques génétiques car il n’y a pas d’être humain sans humanisation. Et cela est du ressort de la société. Du politique.

 

* * * * * *

 

1 – Pour cette note, le livre de Bertrand Jordan « L’HUMANITE AU PURIEL La génétique des races » Science ouverte Seuil Février 2008 que j’ai présenté au « Cercle des chamailleurs » (2) a été très largement utilisé.

1a - Ajout le 22/05/13.

La Déclaration de l'Unesco portait les marques de la toute récente théorie synthétique de l'évolution, dont les principes ramenaient la "race" à un résultat éphémère de la circulation des gènes entre les populations, seules entités réellement observables. La conjonction du contexte politique et d'un remaniement théorique de la biologie conduisit, à partir des années 1950, à l'abandon progressif de la notion de race, surtout en sciences sociales. Les humanités multiples des théories raciologiques se muèrent en l'Homme universel de l'Unesco.

Pourtant, la génétique n'a pas tenu les promesses dont on l'avait initialement investie, en espérant que la recherche allait sans tarder démontrer l'inexistence des races humaines, invalidant du même coup toute possibilité de rabattre les différences de culture sur les différences de nature, selon le subterfuge séculaire qui avait maintes fois servi à justifier inégalités, discriminations et oppressions. N'étaient pas moindres les attentes suscitées ensuite par l'exploration du génome humain: elle devait porter le coup de grâce au concept de race et aux préjugés que ce concept implique. En juin 2000, lors des célébrations qui marquèrent la publication de la première esquisse de la carte du génome humain, on répéta que "la notion de race n'a aucun fondement génétique ni scientifique" (Marantz Henig, 2004).

Aujourd'hui, les résultats de la recherche sur le génome humain semblent moins univoques. Il est certes réconfortant de savoir qu'aucun doute ne subsiste sur l'unité génétique de l'espèce humaine, dont la variété moyenne s'avère clairement moindre que dans la plupart des espèces animales. Pourtant, après une première période consacrée à la description des similitudes génétiques, les travaux actuels s'orientent de plus en plus vers l'exploration de la diversité de notre espèce.

Plusieurs études publiées ces dernières années tendent à démontrer que des données génétiques permettent bel et bien de faire la distinction entre les individus originaires d'Europe, d'Afrique et d'Extrême-Orient, c'est-à-dire entre les populations traditionnellement réparties par la pensée ordinaire entre les trois grandes "races": blanche, noire et jaune (par exemple: Bamshad et al., 2003 ; Rosenberg et al., 2002; Shriver et al., 2004 ; Watkins et al., 2003 ; voir un résumé de ces travaux dans Jordan, 2008). Qui plus est, la classification établie sur la base des seules données génétiques paraît correspondre relativement bien à la représentation que les personnes testées se font de leur origine géographique et de leur appartenance "ethno-raciale".

Il faut toutefois souligner que ces distinctions génétiques n'ont qu'une valeur statistique: ainsi, par exemple, il se peut que le génotype d'un individu "afro-américain" ne possède pas plus de 20% de gènes provenant d'Afrique: cela veut dire que les classifications "raciales", bien qu'elles reflètent une certaine réalité biologique, ne rendent pas convenablement compte de toute la diversité génétique de l'espèce humaine (Bamshad & Olson, 2003).

Ces travaux dérangent et inquiètent. Ils dérangent car on s'attendait à ce que la génétique rende définitivement illégitime toute classification biologique des humains. C'est le contraire qui semble advenir sous nos yeux. Au lieu de prouver que l'ordre sensible du phénotype, privilégié par la pensée ordinaire, s'écarte de l'ordre intelligible du génotype étudié par la science, les travaux récents suggèrent que certaines classifications "raciales" -pour autant qu'elles soient fondées non sur la seule morphologie, mais plutôt sur l'origine géographique- peuvent refléter approximativement une partie de la diversité humaine établie par la génétique moderne.

Ces travaux inquiètent aussi, car nul n'ignore que l'étude des différences entre les hommes peut fournir des arguments à ceux qui veulent diviser l'humanité, porter les distinctions à l'absolu, les juger scandaleuses et insupportables. Les généticiens ne manquent pas de souligner que les groupements formés à partir de leurs modèles diffèrent des anciennes catégories raciales, puisque les écarts entre les classes génétiques sont statistiques, relatifs, mouvants, soumis aux vicissitudes d'une histoire faite non seulement de séparations, mais aussi de migrations et de croisements. Il n'en demeure pas moins que le risque existe que les résultats de ces travaux nourrissent à nouveau le fantasme de divergences insurmontables inscrites dans le corps des humains.

L'homme de la rue persistait à s'étonner que les races, dont certains généticiens proclamaient qu'elles n'existent pas, soient si aisément reconnaissables dans la rue, à cause de leurs caractères visibles, phénotypiques, dont la couleur de la peau est la plus frappante. À présent, la pensée ordinaire peut se nourrir non seulement de ses superficielles observations empiriques, mais aussi des avancées récentes de la génétique. La situation varie d'un pays à l'autre, et c'est bien aux États-Unis que le processus est le plus engagé, dont on discerne cependant les prémices partout en Europe: après avoir été pendant longtemps subie comme un stigmate, l'appartenance "raciale" est aujourd'hui revendiquée comme principe d'identité individuelle et collective. Ceux que l'on classait auparavant dans la catégorie "minorités ethniques" sont désormais de plus en plus nombreux à s'affirmer fièrement comme Afro-Américains, Asio-Américains, Amérindiens, etc.
[...]
Après l'expérience du nazisme, dont l'intérêt exacerbé pour les différences biologiques déboucha sur l'abomination de la Shoah (Schaft, 2002), on était enclin à considérer que toute théorie de la différence biologique devait nécessairement conduire au racisme. On en est moins sûr de nos jours, en observant que les minorités auparavant opprimées cherchent à adosser leur combat contre les inégalités à une théorie de la différence biologique. Hier, désireux d'expier le péché de racisme, l'homme blanc fit appel à la science pour rendre insignifiantes les différences biologiques entre les humains ; aujourd'hui, réclamant le droit à l'égalité, l'homme de couleur emploie la science pour donner aux différences biologiques une signification nouvelle.

Cette résurgence de l'intérêt de la recherche pour la diversité de l'espèce humaine, en dépit du danger bien réel d'un détournement idéologique de ses résultats, encore très provisoires, peut devenir un antidote contre les spéculations naïves sur la race, qui ne manqueront pas de foisonner dans la culture populaire tant que les chercheurs seront incapables d'expliquer pourquoi les hommes, appartenant tous à la même espèce biologique, n'ont pas pour autant tous la même apparence.

2 - http://cercledeschamailleurs.over-blog.com/articles-blog.html

3 – « Tous pareils, tous différents » Albert Jacquard, Paris Nathan 1991

4 - http://en.wikipedia.org/wiki/Race_%28classification_of_human_beings%29

5 - « Race et histoire » de Lévi-Strauss  suivi de « L’œuvre de Levy-Strauss » par Jean Pouillon Folioessais Denoël

6 - http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Bernier_%28philosophe%29

7 - http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaston_M%C3%A9ry

8 - http://fr.wikipedia.org/wiki/Carl_von_Linn%C3%A9

9 - http://classiques.uqac.ca/classiques/gobineau/essai_inegalite_races/essai_inegalite_races.html

10 - http://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A9nisme#Les_origines_de_l.E2.80.99eug.C3.A9nisme_galtonien

11 - http://biggg.wordpress.com/2007/04/16/de-l%E2%80%99eugenisme-de-galton-a-l%E2%80%99extermination-massive-d%E2%80%99hitler/

12 - http://www.herodote.net/histoire/synthese.php?ID=24

13 - Le retour de la race Contre les « statistiques ethniques »  Carsed Ed. de L’Aube 2009

14 - http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article81

15 - http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/index.php?pid=decouv_chapA&zoom_id=zoom_a1_5

16 - Courrier international 04-10/03/10

17 - Courrier international 11-17/03/10

18 - http://www.booksmag.fr/opinions/b/les-lembas-les-juifs-noirs-d-afrique-du-sud.html

19 - http://fr.wikipedia.org/wiki/Lemba_%28ethnie%29

20 – http://fr.wikipedia.org/wiki/Race_humaine

21 – L’avenir n’est pas écrit. Albert jacquard et Axel Kahn  Bayard Pocket 11719 -2001

22 - L'homme de vérité. Jean-Pierre Changeux Odile Jacob 2002

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26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 19:46

  ( Nouvelle classification  Billet 18)

 



La météorologie aurait été inventée pour que, en comparaison, l'économie apparaisse comme une science exacte. Il n'est pas sûr que l'opération ait réussi. Surtout si on ne retient que les déclarations de nos ministres des finances et de l'économie.

 

Il y a peu, grâce aux subventions de l'UE qui s'affichaient sur les routes du pays, l'Irlande dynamique était qualifiée de "tigre celtique". Ce petit pays qui avait fourni une importante partie de sa population aux États-Unis, voyait revenir les enfants prodigues pour profiter de la nouvelle prospérité.

 

Face à cette économie exemplaire, avec les félicitations de Trichet, les pays du sud étaient rangés dans la catégorie gentiment dénommée du "Club Med" et plus méchamment des Pigs (Portugal, Italie, Grèce, Spain)...

 

Finalement, d'aucuns posent la question de savoir si le "I" ne pourrait pas désigner aussi l'Irlande qui mettrait en danger l'Union européenne et le "G" la Grande-Bretagne.

 

De l'autre coté, la croissance à deux chiffres des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) fascine. On nous promet que la Chine, l'Inde vont dépasser, demain les Etats-Unis.

 

Comme les économistes ne savent que prolonger les courbes, ils ne peuvent pas prévoir " l'imprévisible". A la chute du Mur de Berlin, on nous avait annoncé la fin de l'Histoire et un monde unipolaire. Vingt ans plus tard, on nous annonce sans broncher la fin de l'Empire américain (nième version) dépassé par des pays qui hier étaient condamnés à la pauvreté perpétuelle. Et un monde multipolaire.

 

Dans tous ces pronostics, l'Europe est appelée à disparaître, à moins qu'elle n'adopte les méthodes qui réussissent si bien ailleurs. C'est à dire le nivellement par le bas de mesures sociales archaïques.

 

Nul ne veut entendre tout ce qui dans le monde met en question cette modernité, depuis les grèves en Chine jusqu'aux suicides au Japon et ailleurs en passant par le chômage et les insurrections de la faim. Et les mouvements sociaux en Allemagne (sidérurgie), Espagne, France, Grèce, Italie, Roumanie, Tchéquie... Et demain Royaume-Uni...

Et tout ce qui rend impossible la prolongation sans fin de la courbe de croissance...

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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 20:44

Billet (15)

 

Lors d'une rencontre ou d'un congrès international, à la pause, un Britannique m'a fait cette réflexion : "Les Français, vous êtes bizarres". Ne sachant si c'était de l'humour britannique ou un persiflage, ne voulant pas entrer dans une polémique "nationaliste", je n'ai rien répondu et j'ai eu tort. J'aurais dû essayer de comprendre.

 

Cette anectode m'est revenue, il y a quelques jours. Nous discutions de langues. Mon interlocuteur français d'origine portugaise (trilingue français, anglais, portugais), ayant vécu à Londres, disait l'absolue nécessité de parler anglais ("si on veut être dedans"). Comme je disais ma difficulté à comprendre l'anglais, il a eu cette phrase : "je comprends bien l'anglais mais je ne peux comprendre les Anglais, c'est une question de culture !"

 

Cela m'a ramené à quelques années en arrière, en 1973 exactement. Fraîchement embauché par l'Inserm dans le cadre d'une enquête épidémiologique, j'ai été envoyé en stage de formation, avec qeulques autres, à Londres chez l'un des maîtres de l'épidémiologie.

 

Quand nous avons demandé certaines statistiques nationales, ils n'avaient que celles de l'Angleterre et du Pays de Galles. Rien sur la question, au niveau national. Quand nous avons voulu voir le protocole écrit de l'étude dont on nous parlait, les méthodes utilisées, il n'y en avait pas ! Stupéfaction car nous étions en pleine rédaction du protocole d'une importante étude française menée conjointement dans 7 villes universitaires et nous nous efforcions de mettre noir sur blanc et dans les moindres détails, la méthode utilisée qui devait être la même dans tous les centres. Incompréhension totale de notre part !

 

Je ne sais si c'est à cette époque que j'ai appris qu'il n'y avait pas une constitution britannique comme il y a une constitution française ! Il n'y a pas de Constitution mais des règles constitutionnelles faites de lois, votées à la majorité simple, de la jurisprudence ou même des usages : le poste de Premier ministre n'a pas été créé par la loi mais par l'usage !!!! Droit coutumier conte droit romain ?

Le Royaume-Uni semble être un des rares États - qui sont tous de droit romain ? - sans constitution formellement écrite. Est-ce le signe d'une société britannique plus apaisée, plus consensuelle, plus intégrée, et depuis longtemps, que la société française ?



On peut retrouver ce contraste consensus/conflit entre deux vieilles nations voisines et concurrentes au niveau de différents symboles.

Lors de notre dernier voyage à Londres, j'ai appris qu'il n'y avait pas vraiment de fête nationale au Royaume-Uni mais que l'anniversaire de la Reine en tenait lieu. Image consensuelle. Le 14 juillet symbolise beaucoup plus la prise de la Bastille, une victoire populaire sur le pouvoir que la Fête de la Fédération.


Le drapeau britannique est constitué de la superposition des drapeaux des royaumes d'Angleterre (croix de Saint-Georges, médiane rouge sur fond blanc), d'Ecosse (croix de Saint André, diagonales blanches sur fond bleu), et pour l'Irlande (diagonales rouges sur fond blanc).
Quant au drapeau français, son interprétation la plus fréquente considère qu'il symbolise la prise du Roi, du pouvoir (le blanc) par le peuple de Paris (le bleu et le rouge).

 

  Drapeau.png

 


Quant à l'hymne national, le God save the Queen (ou the King), chanté la première fois après une victoire, il peut être considéré, à la fois, comme une prière, un signe d'allégeance et d'unité nationale. L'air et le texte martiaux de la Marseillaise sont loin de cette piété unitaire et appellent au combat contre l'ennemi extérieur.

 

La devise nationale britannique, "Dieu et mon droit" (en français), est plus la devise royale que celle du peuple, et fait allusion à la royauté de droit divin. Quand "liberté, égalité, fraternité" concerne, du moins en théorie, toutes les personnes et pas seulement les nationaux.

En théorie, car si elle a permis de faire réciter à des enfants des colonies "nos ancêtres les Gaulois", elle n'a pas été mise en application quand ils sont devenus adultes et qu'ils pouvaient prétendre à l'égalité politique.


Curieusement, l'allégeance des sujets du Commonwealth à la Reine se traduit par une citoyenneté pleine et entière de tous les ressortissants du CW vivant sur le territoire britannique tandis que "l'universalisme français", un moment revendiqué par les "indigènes", s'est arrété à quelques territoires coloniaux et s'est complètement ratatiné aux nationaux après les indépendances.


Bien sûr, il ne s'agit là que des différences, peut-être superficielles, au niveau de quelques symboles et il faudrait creuser pour voir les différences au niveau du droit , de la politique...



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1 août 2010 7 01 /08 /août /2010 10:05

 

 

Avertissement : le débat sur les retraites est complexe. De précieux articles ont été écrits pour combattre la contre-réforme de Sarkozy. J'ai essayé ici, en pillant quelques bons auteurs, de reprendre et simplifier leur argumentation. Je n'ai pas eu le temps de tout reprendre. J'espère que je ne les ai pas trop trahis.

 

Age réel de départ à la retraite : Dans tous les pays (sauf la Suède), l'âge moyen réel de départ à la retraite est inférieur à l'âge légal. A cause du faible taux d'emploi des seniors, surtout en France où l'âge moyen est de 59,3 ans : Italie, 60,8 ans. Allemagne, 61,7, Royaume-Uni, 63,1. Suède, 63,8. (d'après Rue89).

 

Chômage: Le déficit de 30 milliards d'euros en 2010 est surtout lié à l'explosion du chômage, notamment des seniors, depuis 2008. Le COR reconnaît que la démographie n'est pas l'élément central du déséquilibre : "Les simulations mettent... en évidence le rôle crucial de l'emploi des seniors pour assurer l'efficacité des mesures, actuelles ou futures, relatives à la durée d'assurance"(Rapport 2007). De ce point de vue, la réforme de 2003 n'a eu aucun effet. Non seulement deux tiers des travailleurs partent à la retraite entre 56 et 57 ans, mais le nombre d'annuités est passé de 37 à... 36,5 depuis la loi Fillon (INSEE la "photographie du marché du travail 2008"). La faute, encore et toujours, au chômage.

COR : Conseil d'orientation des retraites.

Cotisations: Actuellement, les cotisations retraite constituent environ 25% du salaire brut. En portant ce taux à 30% d’ici 2030 et 35% d’ici 2050, tous les déficits disparaissent. Pour maintenir un lien fort travail-retraite, il est préférable que les cotisations demeurent la source principale de financement (d'après Thomas Picketty).

CSG : assise sur l'ensemble des revenus des personnes domiciliées en France (revenus d'activité, de remplacement, du patrimoine ou tirés des jeux), la CSG a été créée à l'initiative de Michel Rocard pour diversifier le financement de la protection sociale.

 Efficacité : Dans le scénario extrême (43,5 annuités, 63 ans l'âge légal et 68 ans l'âge du taux plein), la contre-réforme ne financera que 17 milliards d'euros (sur les 45 milliards nécessaires en 2020 pour le scénario B du COR). Il faudra encore 30 milliards d'euros. L'objectif du gouvernement n'est pas de financer le système de retraite sur le long terme mais de réduire le déficit à court terme. Espérance de vie : Aujourd’hui, l’espérance de vie à 60 ans (nombre d’années restant à vivre à cet âge) est de 22,2 ans pour les hommes et de 27 pour les femmes. En 1980, l’espérance de vie à 60 ans était de 17,3 ans pour les hommes, et de 22,4 ans pour les femmes. Depuis trente ans, elle a progressé de 4,9 ans chez les hommes et de 4,6 ans chez les femmes. Selon l'INSEE, l'espérance de vie à 60 ans devrait croître d'environ 1,3 année tous les dix ans.  

Espérance de vie en bonne santé =sans limitation d'activité ou incapacité majeure liée à des maladies chroniques, aux séquelles d'affections aiguës ou de traumatismes. Elle est largement inférieure à l'espérance de vie. En France, en 2007, l'espérance de vie en bonne santé à la naissance est estimée à 64,2 ans pour les femmes, 63,1 pour les hommes.

Fonds de réserve des retraites, créé par Jospin en 1999 pour faire face au déficit de 2020-2030, n’a pas été alimenté depuis 2002 par la majorité actuelle. Eric Woerth veut l'utiliser dés maintenant. L'art de vider les caisses et de transmettre les problèmes aux autres.

Mesures pour le court terme :Allongement de la durée de cotisation et report de l’âge légal améliorent les finances publiques à court terme. Le problème du financement du système de retraite reste entier.

Montant moyen des retraites, tous régimes confondus = 1 122 euros net par mois : d'après le COR, par comparaison, le revenu moyen net est de 1 416 euros par mois.

Niches fiscales : Depuis 2007, on a distribué des milliards en niches fiscales nouvelles et autres dépenses inutiles (voire nuisibles : heures supplémentaires, intérêts d’emprunt) (d'après Thomas Picketty).

Niveau de viedes plus de 65 ans rapporté à celui de l'ensemble de la population dans quelques pays : France, 0,95, Allemagne, 0,91, Japon, 0,87, États-Unis, 0,86, Italie : 0,83, Espagne, 0,79, Royaume-Uni, 0,74, Moyenne OCDE : 0,82[OCDE (2009),

Notations: En repoussant immédiatement l'âge légal, le gouvernement récupère des cotisations et retarde le paiement des pensions. C'est le moyen immédiat pour réduire le déficit public qui inclut le déficit des caisses de retraite. Or, ce déficit public de la France, devrait atteindre 7,8% du PIB (loin des 3% des critères de Maastricht). Il peut être résorbé à moyen terme par le retour de la croissance. Mais l'urgence est de "rassurer"les marchés. On est loin des considérations démographiques.

Partage des richesses : en 1982, salariés et chômeurs (84% de la population active) se partageaient 66,5% de la richesse, selon la Commission européenne ; ils constituent aujourd’hui 92% des actifs et ne perçoivent que 57% des richesses (d'après Jean-Luc Mélanchon).
Les dividendes ont augmenté de 5,3 points de PIB entre 1982 et 2007, passant de 3,2 % à 8,5 % du PIB. Soit 103 milliards d’euros pour la seule année 2010... captés par les actionnaires au détriment des salaires. Avec le doublement du PIB prévu par le COR, 206 milliards d’euros en 2050. Largement de quoi satisfaire le besoin de financement des retraites, 105 milliards selon le COR, sans toucher à l’âge légal de 60 ans ni augmenter la durée de cotisation. Il restera aux actionnaires une part égale à 3,2 points du PIB, comme en 1982. Soit plus de 124 milliards d’euros (en 2050)". (D'après Gérard Filoche)
 

Pénibilité : La fatigue liée à l'âge explique la hausse des maladies professionnelles et ce risque touche tous les salariés : "Au bureau, on n’est... pas exposé aux mêmes risques que dans le bâtiment... Mais l’incertitude professionnelle, les délais d’exécution raccourcis, la nécessité de gérer des dossiers sans disposer de moyens matériels ou humains suffisants constituent des sources de souffrance. Le stress, les difficultés psychologiques et le “burn-out” (l’épuisement au travail) seront l’amiante de 2020 ou 2030 ». Ceci milite pour une prise en compte de la pénibilité du travail, dans toute réforme des retraites.

En tenant compte des maladies professionnelles et de l'espérance de vie en bonne santé, repousser la retraite, c'est diminuer l'espérance de vie. Les assureurs « ont... des tables de mortalité... Si vous travaillez à 62 ans, vous avez un an de moins d'espérance de vie. Vous travaillerez jusqu'à 64 ans ? Dans la table de mortalité, vous aurez deux ans de moins d'espérance de vie. Et quand il faut vous assurer ou vous accorder des prêts, ils ne jouent pas avec ça, ils savent bien ce que ça veut dire ".

PIB : Le COR estime que la productivité augmentera de 1,5 % par an pendant 40 ans. La productivité actuelle du travail serait multipliée par plus de 1,8 en 2050. « En 2010, il y a 1,8 cotisant pour 1 retraité ; il n’y en aura plus que 1,2 en 2050. Avec une multiplication par 1,8 de la productivité du travail en 40 ans, les 1,2 cotisants de 2050 produiront autant que 2,2 cotisants aujourd’hui et donc beaucoup plus que les 1,8.

PIB et retraite : Le COR estime qu’en 2050, le « besoin de financement » des régimes de retraites sera de 115 milliards d’euros (une fois l’inflation neutralisée), soit 3 % du PIB de 2050. Le PIB 2050 serait supérieur à 3 800 milliards d’euros en 2050, contre un peu plus de 1 900 milliards aujourd'hui. Ce PIB devrait donc doubler en 40 ans. Qui peut croire qu’il serait difficile, dans ces conditions, de trouver 115 milliards pour financer les retraites ? Ce financement assuré, il reste encore 1 785 milliards pour financer l’augmentation des salaires directs, l’assurance maladie, la réduction du temps de travail, l’investissement public, les investissements privés productifs… A condition que les actionnaires ne captent pas à leur profit, comme le prépare la contre-réforme de Sarkozy et du Medef, la part de richesse qui devrait servir à financer les régimes de retraites (d'après Jean-Jacques Chavigné).

 

Retraites par répartition
Peut-on vouloir sauvegarder la retraite par répartition en refusant d'augmenter les cotisations ? La logique de la retraite par répartition implique que, lorsque les dépenses augmentent, les cotisations retraite augmentent de façon à financer ces nouvelles dépenses... Depuis trente ans, le taux des cotisations retraite patronales (régime de base et régimes complémentaires des salariés du secteur privé) stagne : 10,8% en 1980, 14,3% en 1999 et 14% en 2010. Il ne faut donc guère s'étonner que les besoins de financement des retraites à l'horizon 2020 ou 2040 puissent augmenter (d'après Gérard Filoche).

 

Séniors : Comment inciter les entreprises à les garder ? En créant des emplois seniors "zéro charge" comme vient de le proposer le secrétaire d’État à l'emploi ? Zéro charge, c'est zéro cotisation sociale. Quelle belle idée pour résoudre le problème des retraites !

 

Situation internationale : Il faut faire en France ce que les Allemands ont fait. Ce qui est demandé aux Grecs... Les travailleurs sont mis en concurrence les uns contre les autres (d'après Thomas Picketty).

 

Population active : Pourquoi parle-t-on d' une population active stable ? Pas plus d’immigrés ? Pas plus d’enfants ? La proportion des femmes salariées restera au niveau actuel, quinze points en dessous de celle des hommes ? Le rattrapage fait dans la formation universitaire et la qualification professionnelle, au point d'être devant les garçons pour l’acquisition des diplômes n’aura aucun impact sur l’entrée ou non des femmes dans la vie active ? (d'après Jean-Luc Mélanchon).

 

Conclusion : C’est donc sur la question de l’emploi et dans la recherche de nouvelles sources de financement (toucher à l’âge légal et la durée de cotisation ne suffira pas). Mais personne n'explique comment parvenir à cette baisse du chômage. 

Seules données incontestées : le PIB devrait passer de 1700 milliards d'euros en 2009 à presque 4 000 milliards en 2050. Et le poids des retraites ne devrait passer que de 13,4% du PIB en 2008 à 15,3% en 2050 (soit + 1,9 point). Le problème n'est pas insoluble.  

Ont été pillés pour cet « abécédaire » : Arrêt sur image, Jean-Jacques Chavigné, Gérard Filoche, Jean-Luc Mélenchon, Thomas Picketty, Sébastien Rochat, Rue89.

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31 juillet 2010 6 31 /07 /juillet /2010 11:20

Le mot responsabilité n'est pas toujours compris de la même façon par les grands patrons. Ils ont un sens aigu de leur lourde responsabilité pour justifier "stock options", parachutes dorés et autres primes de départ... Ils invoquent plus facilement la fatalité et ont moins conscience de cette responsabilité s'ils sont amenés devant les tribunaux pour "homicide par imprudence" quand une personne est victime d'un accident mortel dans leur entreprise.

 

BP a versé une prime de départ de 14 millions d'euros au directeur démissionnaire Tony Hayward. Est-ce pour avoir limité les pertes de BP au deuxième trimestre de cette année à 13 milliards d'euros ? Est-ce pour témoigner de la satisfaction de le voir partir ? Est-ce pour adoucir sa peine après la catastrophe écologique du Golfe du Mexique et le décès de 11 personnes ? Est-ce pour sa gestion responsable de la marée noire ?

 

Comment assumera-t-il sa responsabilité dans les 11 accidents mortels ? Dans la catasptrohe écologique ?

 

Comment seront indemnisées les 11 personnes disparues lors de cet accident et leur famille ?

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25 juillet 2010 7 25 /07 /juillet /2010 10:52

Quelques jours à Londres, en pleine chaleur, est un séjour rafraîchissant par rapport à la même période à Paris. L'air y est plus doux. Et les prévisions quotidiennes de pluie pour le lendemain ne se sont jamais concrétisées. Les parcs londoniens ne sont plus verts mais jaunes, sous l'effet de la sécheresse et de la fréquentation populaire.

 

Au delà de cet aspect climatique, ce qui frappe, c'est la vitalité des Londoniens. De sa jeunesse, toujours aussi folle. Et Camden mérite toujours le détour que nous avons prolongé par une promenade jusqu'à la "petite Venise".

 

Effet de la crise ?, les de grues sont nettement moins nombreuses que lors de nos visites antérieures. Mais l'animation est toujours aussi importante dans les parcs, les rues même si la circulation automobile y est limitée, et dans les grands magasins (Harrods !!) ou les bords de la Tamise qui n'ont pas été "pompidolisés " à l'automobile.

 

A noter que le tourisme rapporte plus au Royaume que l'automobile, d'après le "London evening standard", journal de qualité de l'après-midi, devenu gratuit, bien différent de "Metro", gratuit du matin, dont la préoccupation centrale est "people".

La lecture du "standard", que je comprends, et quelques incursions à la télévision, que je ne comprends pas, m'ont permis de suivre l'actualité, essentiellement britannique : le tour de France ne bénéficiait que d'un bref article quotidien qui permettait de savoir qui avait gagné l'étape et qui était "maillot jaune" avec un sujet sur les coureurs britanniques connus ayant participé au Tour.

 

Du coté du gouvernement, il était question de la "big society" que lançait Cameron : volonté affichée de donner plus de pouvoir à la population, soupçon de désengagement de l'Etat, d'autant que le financement pourrait en être l'argent qui repose dans les comptes dormants des banques. Mais aussi de désengagement dans l'enseignement, dans la culture, l'entrée des musées est gratuite sauf dans les exposition temporaires (Nous avons passé plus de 3 heures dans le très intéressant Museum of London).

Le métro de Londres est le plus ancien au monde, il est toujours très vieux, les dysfonctionnements éventuels de la ligne sont affichés à la station... Malgré les années Thatcher, son personnel est nombreux (et d'ailleurs très serviable)... et un article signalait que les policiers bénéficiaient de 17 semaines de congés et que certains ne travaillant que la moitié de l'année...

Le voyage aux Etats-Unis du Premier ministre était salué comme un succès personnel sur fonds de querelle entre les Etats-Unis et le Royaume à propos de l'accident BP dans le golfe du Mexique mais aussi du rôle de BP dans la libération prématurée du responsable libyen de l'attentat "Lockerbie", libération nettement condamnée par Cameron.

 

Coté opposition, règlements de comptes entre personnalités de l'ancien gouvernement travailliste, par mémoires et entretiens avec les journaux, avec en toile de fond la désignation du futur chef de l'opposition sur un discours plus "gauche" pour reconquérir la base populaire...

Une enquête en cours, portant sur 19 000 jeunes nés en 2000-2001, montre les dégâts de la pauvreté sur les enfants (retard du langage, troubles du comportement, maladies, obésité) alors que les inégalités étaient en 2007 plus importantes que sous Margaret Thatcher !

 

La rue est toujours aussi vivante et variée, de la mini jupe au voile intégral, peu fréquent mais qui se retrouve partout, des grands magasins aux parcs ou sur les bords de la Tamise. Le seul endroit où nous n'en avons pas vu est, probablement, Camden.

Le voile intégral est, ici aussi, discuté. Si le Premier ministre a déclaré qu'il n'était pas question de légiférer sur la tenue vestimentaire de qui que ce soit, la population, d'après un sondage est nettement favorable à son interdiction dans l'espace public. Une émission de télévision avait organisé débat où Tarek Ramadan, le seul dont je comprenais l'anglais, avait fort à faire devant les journalistes femmes, celle qui dirigeait l'émission et une autre qui parlait de New York, et un dépuré. Le débat était illustré par un bref sujet où une femme voilée défendait sa tenue et refusait de serrer la main du journaliste qui l'interrogeait.

Ce débat se retrouvait dans le courrier des lecteurs où les lettres étaient nettement pour l'interdiction du voile avec, notamment, un Français vivant au Royaume-Uni et fier de la loi française...

 

La "garden party" de la Reine nous a permis de voir, autour de Buckingham, "ces dames à chapeaux" d'un autre temps... L'Evening Statdard signalait que l'ambassade de France n'avait pas supprimé la réception du 14 juillet, comme à Paris, mais qu'elle avait été sponsorisée...

 

Mais il ne faut pas limiter Londres à ces cotés anecdotiques. Londres est toujours une capitale économique et financière mondiale. Une seule donnée montre cette importance, la "City" sur 1 "mile square" compte 10 000 habitants la nuit et.... 300 000 le jour... qui jouent un rôle important dans l'économie britannique.

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