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3 mai 2015 7 03 /05 /mai /2015 09:22
Les déboulonneurs (1, 2) protestent par des actions de 
désobéissance civile contre l'invasion de la publicité qui 
privatise et pollue l'espace public et gaspille de l'énergie.


Ils ont organisé, samedi 2 mai, leur 65ème action parisienne
de barbouillage de panneaux publicitaires depuis 2005. Au 
rendez-vous place Aligre, des informations ont été données 
sur la campagne ainsi que des consignes pour une opération de 
désobéissance civile, pacifique : il était évident que la police 
interviendrait mais il fallait éviter tout affrontement.

Une trentaine de personnes se sont ensuite rendues en 
cortège avec mégaphone et distribution de tracts à la gare de 
Lyon .
Les déboulonneurs ont alors entrepris de barbouiller quelques
panneaux pendant que certains d'entre eux distribuaient des 
tracts pour expliquer leur action.

Comme prévu, l'opération a été rapidement interrompue par la
police et 7 d'entre eux ont été interpellés et dirigés vers le
commissariat de la gare de Lyon et ensuite transférés, menottes
au poignets, au commissariat du 20ème arrondissement.

Par ces actions pacifiques, ils contestent la privatisation de 
l'espace public, l'apologie de la consommation, le gaspillage : 
« A l'échelle de la planète, la publicité engouffre plus de 
14000 milliards d'euros par an : c'est le premier budget 
mondial à égalité avec les dépenses militaires ».

S'il est possible de défendre sa « part de cerveau libre » en 
éteignant la radio, la télé ou en regardant ailleurs, il est 
difficile d'échapper à la publicité qui envahit nos rues et 
encore plus quand elle est faite de panneaux lumineux...

Les revendications des déboulonneurs sont simples : 
respecter la loi, ce que ne font pas un tiers des panneaux 
publicitaires ; aligner les règles de l'affichage publicitaire sur 
celles de l'affichage associatif ou politique (affiches de 50cm 
x 70cm) ; limiter la densité de l'affichage ; interdire les 
panneaux lumineux et animés.

Dans les mois qui viennent, des procès auront lieu contre des 
déboulonneurs en juin à Lille et, au mois de septembre, à 
Paris, la partie civile ayant fait appel d'un jugement de relaxe 
pour une de leurs actions de mars 2013.

Par leurs actions illégales mais non violentes, barbouillage de 
panneaux publicitaires, assumées publiquement et devant les 
tribunaux, ils s'adressent aux citoyens pour faire évoluer la 
loi.
C'est possible ! Ainsi, l’article L. 621‑29‑8 du code du 
patrimoine prévoyait « dans le cadre de l’instruction des 
demandes d’autorisation de travaux sur les immeubles classés 
ou des demandes d’accord de travaux sur les immeubles 
inscrits, l’autorité administrative chargée des monuments 
historiques peut autoriser l’installation de bâches 
d’échafaudage comportant un espace dédié à l’affichage ». 
Ce texte a été abrogé le 12 mars 2015 (3).

Ce n'est qu'un début. Les déboulonneurs ont encore beaucoup de travail devant eux.
1 - http://www.deboulonneurs.org
2 - http://telebocal.org/actu/les-deboulonneurs-anti-publicitaire/
3 - http://www.assemblee-nationale.fr/14/amendements/2064/AN/1005.asp
Pla Aligre, consignes et informationsPla Aligre, consignes et informations

Pla Aligre, consignes et informations

Les déboulonneurs assument publiquement leur action, les victimesLes déboulonneurs assument publiquement leur action, les victimes
Les déboulonneurs assument publiquement leur action, les victimes
Les déboulonneurs assument publiquement leur action, les victimesLes déboulonneurs assument publiquement leur action, les victimesLes déboulonneurs assument publiquement leur action, les victimes

Les déboulonneurs assument publiquement leur action, les victimes

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26 mars 2015 4 26 /03 /mars /2015 09:09

Peuples éclatés

Entre les 7 et 9 janvier, 17 personnes assassinées à Charlie Hebdo, à la supérette cacher, à Montrouge. Le 9, le 11, place de la République. Et 4 millions d’autres, ici ou ailleurs..


« Je suis Charlie »

,

Peuples éclatés

Le 18 mars, 19 personnes assassinées au Bardo, à Tunis.. Place de la République, le 21 mars. Quelques centaines de personnes, des Maghrébins surtout, des drapeaux tunisiens : « Terrorisme dégage ».

« Je suis Bardo », « Je suisTunisie »

Peuples éclatés

Le 21 mars, manifestation contre le racisme en souvenir des massacrés de 1960 à Sharpeville. De Barbès à la Bastille en passant par … la place de la République : « Contre tous les racismes et contre le fascisme », « Légalité ou rien ».


« Je suis sans papier », « Je suis mineur dans la rue »…

Peuples éclatés

Dimanche, les Français votent.

Je suis parisien.

Lundi, Alexis Tsipras rencontre Angela Merkel.

« Je suis grec ! »

Mardi, Comme des millions d’autres !

« je suis français, » je suis blanc », « je suis vieux »,

« je suis seul ! ».

Comme des millions d’autres !

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26 février 2015 4 26 /02 /février /2015 18:59

 

Français de souche : les mots ne sont pas innocents, leurs auteurs non plus

 

 

Les querelles de mots ne sont pas toujours aussi insensées qu'elles le paraissent dans leur « emballement médiatique ». Il en est ainsi de l'expression « Français de souche », employée par le président de la République, alors qu'elle appartient au vocabulaire colonial et post-colonial reprise par l'extrême droite.

 

François Hollande a évoqué au dîner du CRIF la profanation du cimetière juif par « des jeunes lycéens, Français de souche, comme l’on dit ». Et la polémique est partie. Jusqu'à Marine Le Pen qui n'aurait pas employé une telle expression « parce que moi j'ai une vision très imprégnée des valeurs de la République française, des valeurs de l'assimilation, c'est-à-dire que je pense que quand on devient Français, on devient Français ». Elle se contente, professorale et généreuse, de dire que François Hollande a été « terriblement maladroit ».

 

François Hollande voulait, discrètement, répondre à l'affirmation de Roger Cukierman, président du CRIF, « toutes les violences, et il faut dire les choses, sont commises par des jeunes musulmans ». Pour la discrétion, c'est réussi. Il aurait pu dire tout simplement que ce n'était pas des jeunes musulmans qui... Les Français n'auraient pas compris ? Mais est-ce si difficile que cela, de prendre le contre-pied du président du Crif ? D'innocenter des musulmans ?

 

Maladroit au point que le président de la République a dû faire une mise au point : « Pour ceux qui m'ont écouté hier soir il n'y avait pas de doute à avoir, je me suis distingué de cette expression justement pour faire en sorte de bien comprendre à quoi on a affaire ». En effet, tout le monde avait bien compris.
Et c'est peut-être cela le plus grave. Tout le monde comprend très bien le vocabulaire de l'extrême droite. Est-ce le rôle du président de la République de parler « comme on dit » ? Ou comme ils disent ?
En employant cette expression, le président de la République ne fait qu'enfermer une partie de la population française dans une continuité coloniale.

 

En effet, l'expression « Français de souche » utilisée par un prestigieux prédécesseur, appartient au vocabulaire colonial. Par exemple, le général De Gaulle dans un discours en 1960 : « certains 'Français de souche' exigent que je renonce à l'autodétermination, je m'adresse d'abord à la communauté de souche française en Algérie ». Et Michèle Tribalat, experte en ce domaine car elle a subi une certaine polémique pour avoir employé l'expression, explicite bien l'erreur - la faute ? - de François Hollande : « Ce faisant, François Hollande suppose implicitement que Musulmans et 'Français de souche' sont deux catégories exclusives, c'est faux ». Différentes comme elles l'étaient dans l'Algérie coloniale.

 

La difficulté, à nommer, tient à la volonté louable de ne pas faire de la diversité entre les Français - origine, couleur, religion, sexe...- une source d'inégalité. Qui n'existe pas moins.

 

Pour sa part, Michèle Tribalat donne une définition claire de l'expression « Français de souche » qu'elle a rebaptisés de « natifs au carré pour désigner, au plus près de la chose, ceux qui sont nés en France de deux parents nés en France ». On voit très bien les félicitations qu'aurait reçues François Hollande s'il avait utilisé cette expression apparemment scientifique !

 

Quoi qu'il en soit, si pour Michèle Tribalat et éventuellement les chercheurs, les choses sont claires, les « Français de souche ou natifs au carré » « sont ceux qui sont nés en France de deux parents nés en France », nombreux sont les Français d'origine italienne, espagnole, portugaise, vietnamienne, algérienne, tunisienne, marocaine... qui sont devenus des Français de souche. Mais ceux qui se croient les « vrais Français de souche » pour ne pas dire de vrais Français, tout court, même si leur patronyme trahit leur origine, ne les reconnaîtront jamais comme tels et continueront à exclure ceux qui sont « trop différents » par leur aspect, leur religion...

Les Français de confession (ou non) juive le savent depuis plus de deux siècles.

 

Paradoxalement, ce terme de « Français de souche » pour désigner les Français européens d'Algérie s'appliquait à nombre de Français qui étaient plus des Français de souche européenne que de souche française. Il englobe aujourd'hui tous les Français d'origine européenne et continue d'exclure ceux qu'il excluait hier en Algérie et quelques autres...

Est-ce ce qu'on veut perpétuer ?

 

 

 

26/02/15

Sur le même sujet, deux articles intéressants et plus complets :

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/francais-de-souche-hollande-s-y-164074

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/choisir-les-mots-au-plus-pres-des-164133

 


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27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 20:45

 

Compte-rendu de la réunion du Cercle des Chamailleurs

du 20 janvier sur les événements du 7 au 11 janvier 2015 (par Paul)

 

Cette réunion a eu lieu à la demande de Michel qui souhaitait discuter "à tiède" de ses propres réactions et réflexions et de celles de chacun à la suite des derniers événements. Réactions et réflexions qui ne peuvaient être isolées de tout ce que nous avions vu, entendu, lu...

 

Pour Michel, ce fut « un tremblement » par les faits eux-mêmes mais aussi par l'ampleur de leur retentissement national et international, peut être disproportionnée – on a comparé les assassinats des 7 et 9 janvier à Paris au 11 septembre à New York. Avec le succès, ambigu, de « Je suis Charlie » qui pouvait avoir des significations multiples...

 

Ces événements peuvent donner lieu à de multiples questions qu'il est impossible de traiter en une seule réunion. Michel propose de structurer la discussion autour de deux points : la liberté d'expression, l'islam.

 

Dans un article paru dans l'Obs, Delfeil de Ton se demande pourquoi Charb a entraîné l'équipe de « Charlie hebdo » dans la surenchère, comme en 2011, après le premier attentat, avec la sortie du numéro surtitré « Charia Hebdo » et il reprend les propos de Wolinski qu’il avait repris alors dans l’Obs : « Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile… ». De plus, à la suite de ses prises de position, « Charlie » avait été attaqué par une partie de l'extrême gauche et soutenu par d'autres à droite !

« Charlie » n’a-t-il pas poussé le bouchon trop loin ? Ils se revendiquent comme « irresponsables ». Il est donc parfois difficile « d'être Charlie ».

 

Discussion

 

Sur « Charlie » et la liberté d'expression. 

 

Le rapport à « Charlie » n'est pas le même pour tous les participants : certains n'ont jamais lu « Charlie », d'autres l'ont lu de façon occasionnelle. Mais pour l'une d'entre nous, « Charlie » (et ses prédécesseurs) a accompagné toute sa jeunesse et sa participation aux luttes sociales et surtout sociétales. Et chacun de rappeler les causes défendues par « Charlie », de l'avortement aux sans-papiers en passant par l'antimilitarisme, l’anticléricalisme... Même si, quelquefois, il était difficile d'accepter le second degré de Wolinsnki sur les femmes et le mépris de classe de Cabu avec le « beauf ».

D'où une longue discussion sur « l'humour » de « Charlie ». Qui n'est pas toujours drôle si on n'admet pas le second degré ou si on a des difficultés à passer au second degré pour certains sujets. Mais c'est là tout « Charlie » qui se réclame du « bête et méchant » à travers l'excès, la grossièreté, et surtout de l'opposition à toutes les institutions, toutes les forces d'oppression, de gauche ou de droite mais surtout d'extrême droite.

A travers ces affirmations identitaires, « Charlie » se dit mais ne se croit pas un instant, bête, méchant pas plus qu'irresponsable. Mais prétend exprimer ses convictions au-delà de ce qu'on peut considérer comme « bête, méchant, irresponsable »pour assumer une responsabilité libératrice.

« Charlie » se sent dans le prolongement d'une certaine tradition française de critique radicale des institutions par l'écrit ou la caricature qui remonte loin et a permis, avec d'autres luttes, l'instauration de la laïcité, de la liberté d'expression, du droit au blasphème... Une tradition qu'il faut entretenir sous peine de régression. Ce qui est en jeu dans la situation actuelle en France, sur bien des points régressive.

Depuis la Libération, toutes les lois sur la laïcité ont été des lois portant atteinte à la laïcité (notamment sur l'école) sans parler de la subvention des lieux culturels, qui n'étaient qu'un masque, au financement de lieux cultuels. A l'exception des lois sur le voile prise malgré l'opposition d'une partie de la gauche et de l'extrême gauche.

Depuis la Révolution, sauf un bref passage lors de la Restauration, le blasphème n'est pas interdit en France par la loi. Au contraire de nombreux pays dans le monde, y compris des pays européens. Et certains pensent qu'il faudrait ou l'interdire, ou se l'interdire et qu'il y a des choses sacrées qu'il faut respecter comme le pape François l'a encore récemment rappelé.

 

Le blasphème n'est pas interdit en France, sauf en Alsace-Moselle du fait de la législation concordataire allemande, maintenue après le retour de l'Alsace-Moselle à la France en 1918, et en Guyane.
Alors que la plupart des politiques oublient cette entorse territoriale à la législation française, il se trouve que, le 6 janvier, les autorités religieuses alsaciennes, rassemblées, des 4 cultes reconnus (catholique, protestant réformé, protestant luthérien et israélite) et un représentant du culte musulman, ont demandé la suppression de cet interdit. Que la revue Études, revue des jésuites, a publié récemment sur son site certaines caricatures de «
 Charlie », retirées ensuite. Et les cloches de N.D. de Paris ont sonné pour les assassinés.

C’est un hommage justement rendu à ceux qui se sont battus pour la liberté d'expression hier, bien sûr, et avant hier quand on connaît le nombre de « questionnés », écartelés, brûlés par l'église catholique pour blasphème, de Jeanne d'Arc, « blasphématrice de Dieu et des saints », au Chevalier de la Barre.

 

De son coté, avant les derniers événements, l'UOIF qui est opposé au droit de blasphémer, a porté plainte contre « Charlie hebdo », a perdu son procès et a déclaré vouloir respecter les lois de la République (1).

 

Tout ceci montre que les uns et les autres sont disposés d'une part à respecter les lois mais aussi à élargir le champ de la libre expression parce que c'est un facteur essentiel de la laïcité, fondement du vivre ensemble en France, de leur possibilité d'exercer leurs activités religieuses en toute liberté.

 

C'est autant cette bataille pour la liberté d'expression, notamment à travers les manifestations, que l’horreur des assassinats qui ont valu un retentissement mondial aux récents événements. Avec parfois des difficultés de compréhension, aussi bien ici qu'à l'extérieur, qui tiennent à des cultures, à des histoires différentes...

 

Car il existe des différences entre pays, législatives ou pratiques, qui se réclament de la liberté d'expression. Ainsi, aux États-Unis, la plupart des grands journaux ont refusé de publier les caricatures de « Charlie hebdo » mais ont publié la photo du terroriste tuant le policier à terre. Les caricatures ont été jugées plus choquantes pour la sensibilité des musulmans que le meurtre.

Par ailleurs, les États-uniens s'étonnent que, au lendemain d'une manifestation aussi importante pour la liberté d'expression, le spectacle de Dieudonné soit interdit et qu'il soit traduit en justice pour son « Je suis Charlie Coulibaly » cependant teinté d'un encouragement au meurtre antisémite.

 

En effet, la liberté d'expression est plus limitée par la loi en France qu'aux États-Unis, concernant les propos négationnistes par exemple. Comme si c'était la loi, l’État qui devait dire ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. Comme c'était hier l’Église qui s'attribuait ce droit. C'est une limite à la liberté d'expression qui risque de faire plus de mal que de bien et surtout, ce peut être considéré comme un aveu de faiblesse de remplacer le débat par l'interdiction.

 

Mais au-delà des pays qui pratiquent, de façon différente une certaine liberté d'expression, les caricatures de « Charlie hebdo » ont eu des conséquences graves, avec des morts, dans des pays où cette liberté n'existe pas.

D'où l’opposition entre « l'éthique de conviction », le droit de dire ce que l'on pense, quelles qu'en soient les conséquences et « l'éthique de responsabilité », la nécessité de peser avant de parler les conséquences possibles de ses paroles.

 

« Charlie hebdo » s'attaquait hier aux institutions religieuses qui avaient partie liée aux autres institutions dominantes, ici et ailleurs, suivant la tradition satirique, « lesabre et le goupillon », « le trône et l'autel ». Aujourd'hui, il a ajouté l'intégrisme musulman aux autres intégrismes. Touchant par là un nombre important de musulmans de France et d'ailleurs, étrangers à la laïcité, aux gauloiseries et autres traditions qui peuvent apparaître excessives à certains mais qui sont entrées dans les mœurs nationales.

 

D'où l'indignation de nombreux musulmans et la déclaration « nous avons vengé le prophète » lors de l'assassinat des journalistes. Sauf que les commanditaires des vengeurs, s'ils ont utilisé ces caricatures pour réveiller les cellules dormantes en France, ne les avaient pas attendues pour déclencher les assassinats un peu partout dans le monde. Et que les assassinats dans le supermarché casher de Vincennes ou à la synagogue de Bruxelles n'avait rien à voir avec les caricatures et le blasphème et visaient seulement des personnes pour leur judéité.


Depuis quelques années, ce sont d'abord les musulmans qui sont les principales victimes des guerres de religion entre sunnites et chiites, des massacres perpétrés par les islamistes, même s'il ne faut pas oublier les nombreuses victimes non musulmanes, chrétiennes ou non, vivant en terre d'islam. Tout ceci n'a rien à voir avec les caricatures de « 
Charlie hebdo».
De plus, combien, parmi ceux qui manifestent contre « 
Charlie hebdo » le connaissent, l'ont lu ? Y compris parmi les commanditaires ?

 

Dans tout cela, la grande et la petite politique, les grands et les petits intérêts ne sont pas innocents : Afghanistan, Proche Orient et le pétrole, Libye..., les alliances douteuses avec l'Arabie saoudite, le Qatar qui ne financent pas que le sport..., les investissements en France, en Europe, aux États-Unis... et le commerce des armes.

 

Mais, aujourd'hui comme hier, il est inadmissible d'être tué pour un dessin ou un pamphlet. Et censurer ou se censurer, c'est déjà céder un certain pouvoir aux terroristes. Aliéner une part de sa liberté. Ce qui ne fait que conforter l’ordre qui règne dans le monde. Des alliances douteuses qui manipulent les uns et les autres.

 

Reste que les manifestants en France n'ont jamais été aussi nombreux depuis la Libération. Le mercredi soir, les manifestations étaient spontanées, de soutien, de recueillement... Pour les manifestants de dimanche, certains pensent qu'il faudrait faire le tri. Car il y avait, en majorité, ceux qui soutenaient la liberté d'expression, les grandes valeurs affirmées de la République mais aussi ceux qui étaient là pour des raisons plus discutables, qui ne savaient rien de « Charlie hebdo », parce qu'il fallait y être,pour la Marseillaise et le drapeau. Peut-être même certains étaient-ils de droite ou d’extrême droite.
Toutes les couches sociales n'étaient pas représentées et s'il y avait des manifestants noirs ou d'origine maghrébine, ce n'était pas les jeunes des « 
quartiers populaires ». Un habitué des manifestations fait remarquer que cela ne date pas d'aujourd'hui, ce qui n'est pas une consolation, bien au contraire, mais la composition sociologique des manifestations change du tout au tout en fonction des mots d'ordre de la manifestation.

 

Quoi qu'il en soit, les manifestations du dimanche étaient sur des mots d'ordre nationaux qui reprenaient les noms ou les qualités des victimes, « je suis flic, je suis juif », et pour tous « je suis français », et des mots d'ordre républicains « liberté d'expression », « liberté, égalité, fraternité, laïcité »... Et ne rejetaient personne.

 

L'islam

 

Comment parler de l'islam, de l'islamisme, des rapports de l'un avec l'autre, de l'image de l'islam, de la signification de l'islamophobie ?

 

La bataille tourne souvent autour de ce mot « islamophobie » qui, étymologiquement veut dire « peur de l'islam » et que beaucoup interprètent comme « haine de l'islam ». Ce qui est l'interprétation dominante actuellement. Et toute contestation de l'islam religion et souvent de l'islamisme, islam politique, est aussitôt assimilée à cette islamophobie.

 

Comment aborder la question de l'islam, surtout quand on n'est pas musulman, sans être immédiatement stigmatisé, tant les camps sont strictement définis.

D'un côté, il y a l'affirmation par toutes les autorités morales ou politiques que l'islam est une religion de paix, que la civilisation occidentale doit beaucoup à l'apport de la civilisation musulmane, que la religion musulmane est la deuxième religion de France.
Ceci pour combattre ceux qui de l'autre côté prônent le rejet brutal, les discriminations, l'assimilation de tout musulman au terrorisme islamique, dénoncent l'invasion de la France et de l'Europe, annoncent le grand «
 remplacement » de la population européenne par l'arrivée de nouveaux immigrés musulmans et le surplus de naissances...

 

Les terroristes et les musulmans pacifiques disent « Allahou akbar » les premiers quand ils tuent, les seconds quand ils prient ! Affirmer qu'il n'y a rien de commun entre les deux est évidemment peu compréhensible, peu convainquant pour le commun des mortels. Les premiers seraient inspirés par le « Coran de Médine » et les seconds par le « Coran de la Mecque ». Mais « cet appel de Mahmoud Muhammad Taha a été catégoriquement rejeté par… les institutions religieuses musulmanes qui ont ameuté contre lui les autorités soudanaises. Celles-ci ont fini par le condamner àmort par pendaison le 15 janvier 1985 » (2).

Il est tout aussi difficile de dire qu'il n'y a rien commun entre l'islam et l'islamisme. Car tous les islamistes se réclament de l'islam et, fort heureusement, tous les musulmans ne sont pas des islamistes et des terroristes.

 

Une des retombées importantes de ces tristes événements est justement l'apparition d'articles, de pétitions de musulmans appelant à une réforme de l'islam (3). Le temps presse : il est évident que cette réforme ne peut venir que de pays où justement les intellectuels musulmans disposent d'une certaine sécurité que leur assurent la laïcité et la liberté d'expression dont ils ne bénéficieraient pas toujours dans les États musulmans.

 

A défaut, il est à craindre des affrontements plus graves que ceux qu'on a connus jusqu'ici. Car il ne suffit pas de nier le « choc des civilisations ». Il faut demander aux aborigènes d'ici ou là s'il existe ou non un choc des civilisations. La réponse est claire.

On ne la conjure pas par la dénégation mais en la combattant. Dénoncer l'autre, proposer de l'expulser, de le rejeter ne l'évitera pas. Il faut que chacun s'efforce de balayer devant sa porte (4), de comprendre l'autre pour trouver un terrain d'entente. Ce sera difficile car les puissants tirent des bénéfices des conflits dont les peuples paient les frais.

 

Si les intellectuels musulmans ont un importanttravail de déminage à faire, du côté des politiques et des institutions les tâches sont énormes aussi. Plus de trente ans de libéralisme ont accentué la paupérisation de grandes masses abandonnées dans les quartiers populaires quelle que soit leur origine. Les politiques de la ville ont été inefficaces.
Cette politique économique creuse les inégalités, aussi bien au niveau national qu'au niveau mondial et favorise l'individualisme. Ce ne sont pas quelques manifestations «
 républicaines » même si elles sont nécessaires qui vont redonner un sens à la vie des jeunes qui se sentent abandonnés (5).

Il faudra offrir autre chose à leur énergie inemployée, à leurs ambitions déçues, à leurs demandes de reconnaissance, si on ne veut pas qu'ils prennent la seule voie qui leur est aujourd'hui offerte pour aller au bout d'eux-mêmes.

 

Ici aussi la maison brûle et tout le monde regarde ailleurs.

 

1 - «Les musulmans français meilleurs alliés contre le terrorisme» de Amar Lasfar, président de l'Union des organisations islamiques de France www.lefigaro.fr/actualite-france/ 2015/ 01/ 11/ 01016-20150111ARTFIG00171-amarre-lasfar-les-musulmans-francais-meilleurs-allies-contre-le-terrorisme.php

 

2 - http://michelbenoit17.over-blog.com/2014/01/le-coran-sortir-de-l-impasse-sami-aldeeb.html

 

3 – Références de quelques articles sur la nécessité d'une réforme de l'islam.

- Lettre ouverte au monde musulman de Abdennour Bidar : http://www.marianne.net/Lettre-ouverte-au-monde-musulman_a241765.html

-Le réveil des vieux démons de Nour-Eddine Boukrouh ;

http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2015/01/11/article.php?sid=173228&cid=41

 

4 – Les versets douloureuxBible, Evangile et Coranentre conflit et dialogueDavid Meyer, Yves Simoens, Soheib Bencheikh Editions Lessius

 

NB : Les Chamailleurs ont consacré une réunion à ce livre dont le compte rendu peut être trouvé sur le blog :

http://cercledeschamailleurs.over-blog.com/article-les-versets-douloureux-76679648.html

 

5 - Farhad Khosrokhavar : « des jeunes radicalisés qui se rêvent en héros négatifs ». http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/09/les-freres-said-et-cherif-kouachi-des-jeunes-radicalises-qui-se-revent-en-heros-negatifs_4552837_3232.html

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15 janvier 2015 4 15 /01 /janvier /2015 17:10

 

AIMÉS, SOUTENUS, UTILISÉS ?

 

Même si je n'apprécie pas toujours l'humour de Charlie hebdo et n'en suis qu'un lecteur occasionnel, j'ai décidé d'aller à la manifestation d'hommage à toutes les victimes du terrorisme et en soutien à la liberté d''expression et, surtout, au droit au blasphème.

 

A ma grande surprise, parmi les invités à cet hommage, on trouve des personnalités avec lesquelles je n'ai jamais manifesté, contre lesquelles j'ai pu manifester, dont je ne partage aucune idée. On a beaucoup discuté de la présence de Marine Le Pen et du FN à une telle manifestation. Certaines présences sont au moins aussi discutables.

Je peux manifester avec des personnes dont je ne partage qu'un seul point de vue, celui de la manifestation. Mais aujourd'hui, je crois entendre des voix : « c'est dur d'être aimé par des cons ».

 

Aimés ? C'est beaucoup dire. Aimé post-mortem. Et encore.

 

Soutenus ? On peut en douter quand on voit la brochette d'hypocrites. Pour la liberté d'expression ? Pour le droit au blasphème ? Dans la longue liste des invités, certains ont fait tuer des journalistes et beaucoup auraient facilement embastillé ceux de Charlie dans leur pays. Ce qu'ils font d'ailleurs avec leurs journalistes.
En citer quelques uns ? Une injustice qui ferait des jaloux s'ils lisaient ce billet : le Premier ministre turc, le ministre russe des Affaires étrangères, le président gabonais, le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis...

 

Surtout utilisés pour désigner le responsable de tous nos maux, le « terrorisme islamiste » et ainsi se dédouaner de toute responsabilité politique, sociale, économique, militaire dans la situation nationale et mondiale !
Parmi les participants à la courte marche des notable, certains sont en période électorale et le Premier israélien qui avait accepté de ne pas venir, a changé d'idée quand il a su que deux rivaux lors des prochaines élections seraient présents. Ce n'est pas le seul à avoir joué des coudes pour être en première ligne devant les projecteurs.

 

Au delà du rôle qu'il a parfaitement joué, de président de tous les citoyens, de garant de la sécurité de tous les résidents, François Hollande a su, semble-t-il, agir, trouver les mots et les gestes adaptés à la situation. Encore, le président de la République aurait-il pu se rendre dans une institution juive, laïque, plutôt que dans une synagogue.

On peut se demander cependant si les invitations n'ont pas été trop largement lancées. Le nombre est un peu disproportionné avec l'importance de l'événement. Mais la marche de Hollande à la tête de la troupe de chefs d’État et de gouvernement dans les rues de Paris a rappelé que le « capitaine de pédalo » a su tenir la barre dans ces moments difficiles. Ces invitations larges cacheraient-elles quelque machiavélisme pourentraîner publiquement des « amis » sur uneligne qui n'est pas exactement la leur ? Défense de la liberté d'expression, du blasphème, de la laïcité... C'est peut-être ce qui apoussé l'Arabie saoudite et le Qatar à décliner l'invitation.

 

Il est certain que cet « hommage spectaculaire » à Charlie et aux victimes assassinées n'est pas interprété par tous de la même façon. Les uns y voient un soutien à la lutte pour la liberté d'expression, pour la laïcité, pour le droit au blasphème. D'autres, devinent derrière l'affichage de ces valeurs, un soutien à l'interventionnisme occidental, une machine de guerre contre l'islam et les musulmans du monde entier, surtout avec l'invitation faite au secrétaire de l'OTAN. D'autres ont pu y voir l'efficacité de l'action tragique de « 3 Robin des bois » égarés mais déterminés (1).

 

 

Heureusement, le rassemblement de millions de personnes a commencé, avec une 150107République7certaine spontanéité, dès le premier jour, sur de nombreuses places de France. Et le silence qui dominait et englobait les discussions sur la place de la République à Paris, le mercredi, témoignait de la présence nécessaire et consciente de chacun. Il se passait quelque chose.
La naissance et la diffus
ion par la capillarité des réseaux de « je suis Charlie », sans agence de communication, par des personnes qui connaissaient ou non 150111Jer-suisCharlieArabe-copie-1.jpg« Charlie hebdo » ou même qui ne l'aimaient pas particulièrement montre bien que la réaction populaire était encore plus forte que l'événement. Et les politiques n'ont fait que suivre, habilement, avec la présence ostentatoire et, en même temps, bienvenue des gouvernants.

Car il est important d'entendre les mêmes paroles, apaisantes, venant de bouches très différentes, même quand on sait qu'elles sont de circonstance. Un peu contraintes par les millions de personnes descendues dans les rues.

 

Il ne faut pas oublier cependant les incidents qui prouvent l'existence de résistances, de confusions, amenant les uns et les autres à prendre du recul par rapport à un unanimisme soudain : non participation à l'hommage, simplement par peur, par refus de cautionner une certaine « récupération » ou par opposition, actes contres des lieux de culte musulman par confusion entre islam et islamisme ou par rejet de l'islam.

Mais il ne faut pas se mettre martel en tête. A condition de ne pas se laisser entraîner quand reprendront, après demain, les déclarations et les préoccupations politiciennes d'avant hier.

 

150111AfficheRepublique.jpg

 

DES MESURES ! QUELLES MESURES ?

 

Devant l'habileté de François Hollande dans la gestions des événements, qui semble reconnue par tous. Devant l'importance de la mobilisation. Devant la force à la fois indignée et calme qui émanait des manifestations. Devant l'affirmation sereine et l'attachement aux valeurs démocratique, liberté, égalité, laïcité. Politiques et politiciens retiennent leur souffle. Et leurs déclarations. Pour combien de temps ?

 

Car tous pensent que des mesures sont à prendre. Et ce sera alors le moment d'en découdre. Certains commencent à demander un « patriot act » (législation mise en place aux États-Unis après le 11 septembre) « à la française » bien entendu. Dont aussi bien le Figaro que le Monde ont rappelé et les échecs et les excès. Tous imaginent de nouvelles mesures répressives alors que les dernières lois contre le terrorisme datent de quelques mois et ne sont pas toutes entrées en application...

Mais peut-on penser que les futurs Kouachi ou Coulibaly seront arrêtés par une multiplication des lois répressives dont l'échec, parce qu'il ne touche pas aux causes, pousseront à de nouvelles lois répressives qui....

 

Il faut déjà remarquer que dans l'inconscience comptable du moment, quand il n'était question que d'économies, le nombre de fonctionnaires de police a été réduit (12 000 postes supprimés). Aujourd'hui, il est fait appel à l'armée : est-ce un progrès ? Est-ce une économie ?

Les services de police et surtout de renseignements ont été réorganisés récemment. Mais le Premier ministre a du reconnaître, comme tout un chacun, des failles. Les terroristes, de Mohamed Merah aux frères Kouachi en passant par Mehdi Nemmouche, étaient connus des services de police, fichés, « surveillés » et... très actifs. Certes d'autres terroristes potentiels ont été neutralisés, des actions ont probablement été évitées et il n'existe pas de risque zéro. Mais, ces dernières années, les failles ont été payées au prix fort.

Sans compter le nombre de jeunes qui – 3 000 ? - sont partis de France pour aller au Proche-Orient. Comme la compagne de Coulibaly !

 

Tous ces jeunes sont, le plus souvent, nés ici, ont été scolarisés, socialisés ici. Il sont issus des quartiers populaires dont on parle depuis longtemps mais dont la situation ne change guère.

Souvent des délinquants, petits ou grands, dont certains se tournaient vers l'islam et sortaient de la délinquance à la satisfaction des autorités. Tandis que d'autres, insatisfaits, se tournaient vers l'islamisme. Qui leur permet de lutter contre les injustices ressenties, ici dans leur vie quotidienne et là-bas par leurs coreligionnaires. Un islamisme qui donne un sens à leur vie (et à leur mort) et permet à certains d'aller plus loin, dans un engagement, dans une action dangereuse qui les sortira d'un monde qui n'a rien à leur offrir (1). Souvent après des passages par la prison où ils ont pu, semble-t-il, se former et s'aguerrir. Prendre une autre stature.

 

Il est évident et heureux que tous les jeunes placés dans les mêmes conditions ne suivent pas la même route. Mais on a trop tendance à se satisfaire de cette situation tant qu'elle n'explose pas d'une façon ou d'une autre. Or ces conditions favorisent toutes les dérives. Et les circonstances actuelles, exceptionnelles, ne vont pas les changer par la magie du verbe ou d'une manifestation fut-elle exemplaire. Car le chômage est maintenant installé depuis des années et ne cesse de croître. Et les discriminations perdurent.

 

Des millions de personnes sont sorties dans les rues et sur les places publiques pour rappeler les fondamentaux du vivre ensemble en France. C'est important. Mais cela ne suffit pas si cela ne se traduit que par de mesures répressives, par des déclarations de guerre.
Si une partie importante de la société n'est pas capable de se soulever, d'appeler à un changement profond, de montrer que, pour elle, cette situation, du chacun pour soi, est insoutenable.

 

Les discours « bisonours » et les prisons n'y feront pas grand chose. Tout restera comme avant !

 

1 - Le « djihad mondialisé » est pratiquement la seule idéologie globale disponible sur le marché aujourd'hui, comme la révolution était l'idéologie standard des jeunes en rupture dans les années 1970. On ignore simplement la profonde continuité du terrorisme islamique avec cette culture jeune de la violence et du fantasme de toute-puissance, celle de l’effet Columbine aux États-Unis, celle qui explique le succès de films comme Scarface dans les banlieues, sans parler des jeux vidéo ou de Tueurs nés.Olivier Roy: «La communauté musulmane n'existe pas». mediapart 13/01/15

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27 septembre 2014 6 27 /09 /septembre /2014 08:43

 

Le FN, thermomètre politique de la gauche ?

 

Il y a une « explosion du vote FN parmi les fonctionnaires de catégorie C ». Cela inquiète Maryse Lebranchu, militante politique depuis 1972, successivement maire, députée, ministre… Elle ne serait pas la seule : « Les syndicats eux-mêmes en parlent et sont inquiets », a-t-elle confié à Libération.

Cette découverte, cette inquiétude l'amène, justement, à se poser des questions. Et pour cela, chose étrange, malgré l'expérience de plus de 40 années de vie politique, elle doit faire appel à des chercheurs, en l’occurrence à des sociologues, pour comprendre le comment et le pourquoi ! Cette demande, aussi légitime qu'elle puisse paraître, est un aveu grave. Me la Ministre, comme de nombreux politiques, comme les syndicalistes qui partagent son inquiétude, semble si loin de la population dont elle a la charge (elle est, depuis mai 2012, ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique) qu'elle doit faire appel à des spécialistes pour essayer de les comprendre.

 

En démocratie, on pourrait croire, naïvement, que les corps intermédiaires, syndicaux, politiques, représentant la population, étaient représentatifs. Il ne le semble pas. Évidemment, il ne leur viendra pas à l'esprit de se remettre en question, de remettre en question le système qui les a produits, en instaurant un non cumul des mandats rigoureux, une limitation stricte du renouvellement des mandats…

Il n'était pas besoin de la montée du FN pour avancer de telles propositions : il suffit de dire que la moitié du corps électoral potentiel est exclu ou s'exclut de lui même des consultations. Que la composition sociologique des élus est assez proche de la pyramide sociologique de la population à condition de la mettre sur sa pointe…


Les choses sont plus graves qu'on ne le pensait. Le PS a perdu depuis longtemps une bonne partie de son électorat populaire, notamment ouvrier. Certains ont même théorisé, dès 2011, la nécessité d'accompagner cette mutation, d'abandonner les classes populaires et de chercher l'appui de «la France de demain», faite des diplômés, des jeunes, de la «France de la diversité» et des femmes. La logique de classe caractérisait le monde ouvrier et on sait que la lutte des classes n'existe plus*, il est logique de ne plus s'intéresser à une « classe » qui n'existe plus. Mais pourquoi donc s'inquiéter de ce qui apparaît comme un succès rapide, sinon dans la conquête de la « France de demain », du moins dans l'abandon des (ou par les) classes populaires !.

 

Aujourd'hui, en attendant la « France de demain », le PS est encore, pour l'essentiel, un parti de fonctionnaires. Il est difficile de savoir si ce sont les adhérents de ce parti qui ont perdu tout contact avec la masse des électeurs fonctionnaires ou les élus et ministres qui ont perdu le contact avec les adhérents de leur parti.

 

A défaut d'avoir des antennes, d'être en contact direct avec la population, le scrutin à la proportionnelle pour l'élection des assemblées, au niveau local et national, aurait permis aux politiques de prendre conscience de la montée du mécontentement, du désenchantement, de la déception des électeurs.

 

Certes l’adoption de quelques mesures ne suffirait pas à résoudre tous les problèmes. Il ne peut pas y avoir de vrai démocratie politique sans démocratie économique. On en est loin quand les grands groupes d'information appartiennent aux industriels du bâtiment ou de l'armement et que toutes les équipes ont la même origine sociale et sont formées par le même moule. Il suffit de voir avec quel mépris, toutes les « élites » politiques, journalistiques.... ont traité les résultats du dernier référendum et comment elles se sont bien entendues pour en effacer les résultats.
De plus, reprenant une phrase célèbre, il est possible de dire que la démocratie dans un seul pays est tout aussi impossible que le socialisme dans un seul pays, surtout dans un monde interconnecté et financiarisé comme celui d'aujourd'hui.

 

Quant au thermomètre « FN », il indique des poussées de fièvre. Depuis les élections européennes de 1984, le FN a enregistré, au premier tour des élections nationales (européennes, présidentielles ou législatives) un résultat supérieur à 10 % dans 13 scrutins sur 19, dont 5 à 15 % ou plus. Ces résultats ne semblaient pas « inquiétants », ce qui est inquiétant c'est que les fonctionnaires des catégories C votent de moins en moins pour le parti des fonctionnaires.

Alors on va demander aux sondages, aux sociologues, ce que la sensibilité des élus, des militants du parti, ne peut saisir. Et tout à coup, on découvre qu'il est loin le temps où le FN attaquait les fonctionnaires« Le FN est un parti qui a un langage de défense absolue des fonctionnaires, y compris des enseignants »... qu'il y a un malaise « derrière les guichets des caisses de la Sécurité sociale, à l'hôpital ou dans les services sociaux ». Les grèves et manifestations n'ont alarmé personne.

C'est, bien sûr, au guichet que la situation est la plus difficile. Entre ceux qui, d'un coté du guichet, sont victimes de cette politique et viennent solliciter le secours de l’État, de l'administration et de l'autre coté du guichet ceux qui sont chargés d’exécuter une politique dont ils sont à la fois les agents et les victimes et quelquefois tenus pour responsables !
Ni le gouvernement, ni le PS ne peuvent incarner l'espoir au guichet. Ni d'un coté, ni de l'autre.

 

Cette rupture du lien entre les fonctionnaires et la gauche daterait de 2012 mais comme chacun sait, il ne s'est rien passé en 2012, ni depuis, qui puisse expliquer ce basculement… Sauf peut-être une certaine continuité. Bien entendu, la politique gouvernementale n'y est pour rien : coupes budgétaires, mal-être et absence de mobilité au travail, suppression de postes de fonctionnaires, baisse du pouvoir d'achat, chômage, recrutement et renouvellement de CDD.

Ceux qui l'avaient cru, ont été déçus par Sarkozy, certains ont encore voté pour Hollande en 2012 et on leur dit, aujourd'hui comme hier, qu'une seule politique est possible. Qu'il faut continuer, accentuer, avec les résultats connus et dont même Madame la Ministre semble douter qu'ils puissent être différents à l'avenir : «Et si [et non quand] nos politiques produisent des résultats, est-ce qu’on réussira à le [FN] faire refluer ?»

 

Il ne reste plus qu'à aller chercher un bon conseiller en communication pour trouver « des mots pour s’adresser à ces fonctionnaires qui basculent de plus en plus... ». Des mots, non des mesures. Pour faire avaler la politique actuelle, non pour la changer.

 

 

 

* Tout le monde n'est pas d'accord avec cette affirmation, notamment Warren Buffet qui affirme : « la lutte des classes existe, nous l'avons gagnée » (Warren Buffett, 4ième fortune mondiale en 2013)

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2 août 2014 6 02 /08 /août /2014 09:55

 

 

Comme il y a eu les générations Résistance, Guerre d'Algérie, Mai 38, Vietnam..., la « Génération Palestine » est, peut-être, en train de s'affirmer.

 

Certes, la question palestinienne ne date pas d’hier. Il y a 50 ans qu'elle est d’actualité et que les Palestiniens continuent de souffrir malgré tous les votes onusiens condamnant Israël, malgré les luttes et les concessions des Palestiniens, malgré la bonne volonté de certains chefs d’État qui l'ont payé de leur vie (Anouar Al Sadate, Yitzhak Rabin), malgré les manifestations de solidarité...

 

Mais le gouvernement israélien n'était jamais allé aussi loin qu'aujourd'hui sous l'influence jusqu’au-boutiste de l'extrême droite israélienne. D'où les condamnations qui émanent, bien au-delà des cercles habituels, d'un peu partout : militants, organisations, gouvernements, instances internationales. A l'exception notable du gouvernement français qui, abandonnant la position traditionnelle de la diplomatie française, s'aligne sur le gouvernement d'extrême droite israélienne, comme le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France).

Le Crif qui joue, consciemment, un rôle dangereux se solidarisant de façon inconditionnelle du gouvernement israélien quelle que soit sa politique, sans tenir compte de la diversité d'opinions des Français juifs. Jouant de glissements sémantiques, il condamne comme antisémite et l'antisionisme et l'opposition à la la politique d'Israël.


Pourtant, les choses sont claires :

- antisémitisme : bien que les sémites comprennent juifs et arabes, le terme antisémitisme est réservé au racisme anti-juif.

- sionisme : mouvement politique favorable à la constitution d'un État juif en Palestine. Le sionisme est l'idéologie fondatrice de l’État d'Israël. Les sionistes, quelles que soient leurs appartenances, nationale, religieuse, politique… sont les personnes qui participent à ce mouvement ou le soutiennent.
Les antisionistes, bien évidemment, sont ceux qui s'opposent à ce mouvement quelles que soient, par ailleurs, leurs appartenances nationale, religieuse, politique… Il existe des antisionistes dans la diaspora juive et même parmi les juifs vivant en Israël : certains groupes religieux orthodoxes ne reconnaissent pas Israël, estimant qu’un État juif ne peut naître qu’avec la venue du Messie… Il est difficile de les accuser d'antisémitisme, certains parlent de « haine de soi ».

- enfin, on peut n'être ni antisémite, ni antisioniste et être opposé à tout ou partie de la politique du gouvernement israélien, comme de tout autre gouvernement. C'est le cas de certains militants israéliens d'opposition. Même certains militaires israéliens (refuzniks) refusent de participer à des missions de l'armée qu'ils réprouvent.

 

Il y a, en France, un antisémitisme historique, structurel. Le mot « antisémite » est apparu en 1890 mais l'antisémitisme est beaucoup plus ancien. Les faits antisémites, modernes, les plus graves sont « l'affaire Dreyfus » (1894-1906), « la rafle du Vel' d'Hiv' » (16 juillet 1942) et la déportation des juifs de France sous l'occupation avec la participation active de la police de l’État français.

 

CIMG8368L'intervention militaire israélienne à Gaza a donné lieu à plusieurs manifestations d'opposants à Paris, dans plusieurs villes de France et dans d'autres pays d'Europe.
A Paris, profitant de ces manifestations, certains, utilisant la même confusion sémantique que le Crif, ont voulu les détourner vers des synagogues ou des commerces tenus par des juifs. Ce n'est pas la première fois que des individus, antisémites, s'attaquent à des personnes, à des commerces, à des associations, à des cimetières ou à des lieux de culte. Ces agissements sont intolérables et ne doivent pas être tolérés.

Quels que soient les agresseurs et les motifs invoqués, quelles que soient les victimes : ici, les juifs mais ailleurs,les musulmans, les chrétiens, les agnostiques, les blancs, les jaunes, les noirs…

La condamnation doit être la même pour tous, à la hauteur des faits.

 

Le dévoiement des dernières manifestations ne doit être toléré ni par le gouvernement, ni par les organisations (partis, syndicats, associations) qui soutiennent la cause palestinienne ou veulent simplement protester contre l'intervention israélienne à Gaza. Il s'agit d'assurer la sécurité de tous, la sécurité commune, gage de la liberté d'expression, de la liberté de manifestation. Et du vivre ensemble.

 

Mais il ne faut pas réduire le tout à la partie, mauvaise, et qualifier d'antisémites tous les manifestants. Il faut porter aussi témoignage de ce qui contredit dans ces manifestations cet amalgame : par exemple lors du rassemblement du 26 juillet, place de la République, un jeune monté sur le socle de la statue a brûlé un drapeau israélien sous les sifflets et les huées d'une partie des manifestants et des manifestantes ; un autre qui voulait faire la même chose a été obligé de rembarquer son drapeau.

CIMG8431

 

 

 

 

 

 

Sur la place de la République, on pouvait voir en plus des drapeaux palestiniens et maghrébins, des drapeaux français et des jeunes, garçons et filles, les joues barrées de 3 traits, bleu, blanc, rouge.

 

 

 

 

 

 

 

CIMG8371

 

Ces jeunes, s'ils manifestaient contre la violence de l'intervention du gouvernement israélien qui touche essentiellement des civils et même des enfants à Gaza, s'ils manifestaient contre les déclarations sans nuance du président de la République et du Premier ministre, voulaient montrer que, solidaires des victimes palestiniennes, ils ne manifestaient pas contre la France mais contre ceux qui parlent en son nom.

 

 

 

CIMG8419


Ils me rappelaient que, il y a hélas fort longtemps, quand nous manifestions contre la politique française en Algérie, nous étions qualifiés d'« anti-France ». Nous n'étions pas « anti-France » mais contre ce que faisait la France, en Algérie, en notre nom !

 

Et il est sain que cette jeunesse le dise sur la place publique, qu'elle n'accepte pas d'être réduite au spectacle indigne que veulent montrer certains et qui sera largement repris par la presse. Mais cette « génération Palestine » n'innove pas vraiment. Elle ne fait que rendre publique la pensée profonde de nombreux jeunes qui, dans des dizaines d'associations, œuvrent chaque jour, discrètement, sans rien brûler, sans rien détruire, pour participer à la vie de la cité. Eux ne font jamais la « une du vingt heures » !

 

Un autre drame déchire le Proche-Orient : le sort des chrétiens d'Irak. Les médias en ont parlé. Le gouvernement a même fait une déclaration sur son intention d'accueillir des chrétiens d'Irak sur le sol national, une manifestation de droite a été organisée dimanche dernier.

Si la gauche, pour sa part, a été plutôt discrète, une pétition circule à l'initiative d'associations, de personnes issues de l'immigration et des « citoyens des deux rives », Maghreb et France : « Nous, associations, organisations, personnalités de l'émigration en France et en Europe, et citoyen(ne)s des pays du Maghreb signataires de cet appel, conscients que l’injustice et la barbarie doivent être combattues sans relâche, tant en Irak qu'à Gaza et ailleurs, interpellons les gouvernements des pays du monde arabe, la communauté mondiale – musulmans, juifs, chrétiens, croyants, non-croyants, libres penseurs… –, ainsi que les institutions et les instances internationales (ONU, Ligue arabe…), et les pressons à réagir vivement, à condamner énergiquement ce qui se passe sous nos yeux et à intervenir concrètement pour mettre fin aux souffrances d’une communauté entière dont le seul tort est d’être chrétienne, en la rétablissant dans son droit ».

 

Pour les chrétiens d'Irak, comme pour les Palestiniens, comme chaque fois que quelqu'un est injustement frappé, on aimerait que des milliers de citoyens, de toutes origines, de toutes confessions, descendent dans la rue, avec l'appui du gouvernement si c'est possible, contre lui si c'est nécessaire, pour hurler leur solidarité avec les victimes !

C'est à cela qu'appellent ces jeunes aujourd'hui.

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21 juillet 2014 1 21 /07 /juillet /2014 16:39

 

 

 

Célébrer le 14 juillet 1789 et 1790, commémorer le 3 août 1914


Le 14 juillet a été institué comme fête nationale pour célébrer à la fois la chute de la Bastille en 1789 et la fête de la Fédération en 1790. La volonté du gouvernement d'associer à cette célébration la commémoration du déclenchement de la guerre de 14-18 entraîne de graves confusions.


Mais répond à l'espoir, probablement vain, du président de la République de profiter d'un cycle commémoratif international pour essayer de sortir la tête de l'eau d'un mauvais courant sondagier.


Il est possible de célébrer le 14 juillet et le président de la République essaie, à cette occasion, de redonner un peu de gloire à la France qui en a beaucoup perdu « Le 14-Juillet, c'est la fête nationale de la France. Mais le 14-Juillet, c'est aussi la fête de tous les pays épris de liberté. C'est la fête des droits de l'homme, c'est la fête de l'émancipation, c'est la fête de la dignité humaine » (Le Monde .fr 14/07/14).
Mais la Déclaration des droits de l'homme date du 26 août 1789, elle est toujours célébrée avec beaucoup moins de fastes que le 14 juillet et, pas plus que le 14 juillet d'ailleurs, elle n'a besoin de défilé militaire !


Mais peut-on célébrer le déclenchement de la Guerre de 14-18, du premier grand massacre du XXième siècle ? Ne pourrait-on pas se contenter d'une commémoration ? C'est à dire rappeler un triste souvenir. Et, sans défilé militaire, en faire le moment historique, politique d'un retour sur ses causes, son déroulement, ses conséquences. L'affirmation renouvelée d'un « plus jamais ça », un moment de réflexion pour maintenir la paix en Europe de l'ouest et essayer de l'assurer à l'est où des menaces existent...
Sans parler de tous les autres conflits auxquels la France participe directement ou indirectement. Car depuis bientôt 70 ans, la France n'a pas connu de guerre en Europe. Mais pendant ce temps, dans combien d'interventions (pudeur oblige) a-t-elle été engagée ailleurs ?


Et est-elle engagée, à tort ou à raison, aujourd'hui. Notamment en Afrique ?


On pourrait croire que François Hollande a réussi à faire une certaine unité nationale dans la confusion en voyant les titres qui semblent reprendre, terme à terme, ce qu'on appelle aujourd'hui des éléments de langage, du Figaro  "14 Juillet, premier temps fort des célébrations du centenaire de la Première Guerre mondiale" à Libération " Le défilé... premier temps fort des célébrations du centenaire de la Première Guerre mondiale » en passant par le JDD : » Le traditionnel défilé du 14-Juillet sera l'occasion de célébrer en grande pompe le centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale ».


Paresse de journalistes ? Quand même ! Célébrer le déclenchement d'une guerre qui a fait des millions de morts !!!


On pourrait, à la rigueur, célébrer le 11 novembre, la fin du carnage et l'Alsace récupérée, célébrer le 6 juin et le débarquement de l'espoir, malgré les vies perdues, le 8 mai et la fin du nazisme avec pour nous, Français, une ombre à l'esprit en pensant à Sétif, mais comment célébrer le début de la guerre déclarée quelques jours après l'assassinat de Jaurès !


Cette commémoration -célébration confuse a pu sembler utile, voire nécessaire à François Hollande, peut-être lui apportera-t-elle un ou deux points dans les sondages de demain. Un répit de quelques jours. Elle ne le grandit pas.
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17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 08:04

DUFLOT QU'ON VOIT DANSER...

 

Habile Cécile Duflot et rapide. Elle a mis Europe-Écologie-Les-Verts (EELV) en situation de bataille pour les élections européennes du mois prochain. Avec comme perspective, un résultat à deux chiffres, comme ambition collective un dépassement du PS en pleine déconfiture et, à la clef, une candidature qui ne serait pas que de témoignage à l'élection présidentielle. Bien entendu, la candidature de Cécile Duflot.

 

Le temps passe vite. Il est peu probable que Cécile Duflot, après avoir été candidate à la candidature en 2007, déclare comme en 2012 qu'elle n'est pas prête, qu'elle a peur, qu'elle n'a pas les épaules assez larges. Elle a montré, au niveau de l'organisation comme au ministère, qu'elle n'en pense rien.

 

Duflot-014.jpg

 

Elle a gravi, rapidement, toutes les marches, chez les écologistes : adhésion aux Verts en 2001, élue au collège exécutif en 2003, porte-parole en 2005, candidate à l'a candidature pour la présidentielle en 2007, secrétaire nationale (à 31, ans la plus jeune secrétaire nationale des Verts) en 2006, (ré)élue secrétaire nationale de EELV en 2008 jusqu'en 2012 date à laquelle, nommée ministre, elle abandonne cette fonction.

 

L'ascension est tout aussi rapide dans les institutions bien qu'elle ne repose pas sur des résultats électoraux véritablement porteurs. Qui reflètent plus les mouvements d'un yo-yo de faible amplitude : de 1,31 % en 1974 (René Dumont, avant la création des Verts) à 5,25 % en 2002 (Noël Mamère) à l'élection présidentielle, de 1,08 % en 1991 à 6,83 % en 1997 aux législatives et de 2,95 % en 1994 à 16,28 % en 2009 (tête de liste Daniel Cohn-Bendit) aux européennes.

Mais, jouant avec le PS, alternativement, l'autonomie et l'association, la politique des Verts et de EELV porte ses fruits en nombre d'élus. Aux élections législatives : 7 députés en 1997,3 en 2002, 4 en 2007 puis 5 à la suite d'une élection partielle en 2010 et 17 en 2012. Comme aux sénatoriales, le nombre d'élus est passé de 4 à 10 en 2010, grâce aux résultats des listes communes avec le PS, le PCF et le PRG. Il est de 12 aujourd'hui.

 

L'ascension de Cécile Duflot dans les institutions profite du même mécanisme : candidate aux élections municipales à Villeneuve-Saint-Georges, année de son adhésion aux Verts, en 2001, conseillère municipale d'opposition en 2004, candidate aux législatives en 2007 dans le Val de Marne (3,5 % des voix), élue aux municipales à Villeneuve-Saint-Georges, en 2008 sur une liste d'union conduite par le PC, avec PS, MRC, PRG, elle devient maire-adjoint, tête de liste aux élections régionales de 2010 en Île-de-France (16,58 %), tête de liste au second tour dans le Val de Marne sur la liste d'union avec PS et PC, elle est élue conseillère régionale. Pour ne pas cumuler, elle renonce au mandat de maire-adjoint. Par un accord avec le PS, elle est parachutée et élue députée, au second tour, avec 72,18 % des voix dans une circonscription en or, avec comme suppléante la députée sortante, Danièle Hoffman-Rispal, qui avait obtenu 69,12 % des voix en 2007. Elle est enfin nommée ministre, de l'égalité des territoires et du logement en mai 2012.

A ce poste, elle fait adopter plusieurs textes. La loi « Duflot » du 18 janvier 2013 sur le renforcement du seuil minimal de logements sociaux de 20 % à 25 % avant 2025, les investissements dans l'immobilier neuf avec réduction d'impôts qui ne semble pas avoir rencontré le résultat escompté. Le report d'un an du deuxième volet de la loi de Robien. La loi ALUR sur la trêve hivernale des expulsions, la garantie universelle des loyers, leur encadrement, les locations meublées. Ces textes vont s'appliquer progressivement et certaines mesures attendent leur décret d’application...

 

Elle n'a pas hésité à jouer une petite musique personnelle, en interpellant l'archidiocèse de Paris en faveur des SDF, dans le cadre de ses responsabilités ministérielles. Mais aussi au delà, faisant entendre sa différence avec la politique du gouvernement : dépénalisation du cannabis, soutien aux opposants à l'aéroport de ND des Landes, pour le droit de vote des résidents étrangers aux élections municipales. Réserves aussi quant au plan d'austérité gouvernemental, aux propos du ministre de l'Intérieur sur les Roms...

 

Tandis que la politique écologique du gouvernement était tout sauf satisfaisante pour les écologistes.
Depuis mai 2012, le « ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l'Énergie » a eu à sa tête Nicole Bricq qui changera d'attributions à la suite de certaines décisions et déclarations (suspension de tous les permis de forages exploratoires d'hydrocarbures au large de la Guyane, volonté de protéger la faune marine et de l'environnement et d'éviter le recours à la technique très polluante des boues à l'huile, dénonciation d'un code minier « inadapté et obsolète » ainsi que le permis exclusif de recherches à un consortium privé sans contrepartie suffisante pour l'intérêt national). Delphine Batho lui succédera mais sera remerciée par le président de la République à la suite d'une déclaration dans laquelle elle qualifiait de « mauvais » le budget 2014 de son ministère et avouait sa « déception à l'égard du gouvernement ». Philippe Martin, enfin.

 

Malgré les insuffisances gouvernementales sur toutes ces questions, l'insatisfaction d'une partie des membres de l'organisation et d'associations dans lesquelles militent activement des membres de EELV, Cécile Duflot reste à son poste ministériel. Par contre, elle renonce à participer au gouvernement Valls alors que l'occasion lui est donnée d'occuper une poste important assorti de propositions nouvelles et alléchantes.

 

En effet, quand il est question de remaniement du gouvernement et que le nom de Manuel Valls comme premier ministre apparaît de plus en plus, Cécile Duflot déclare que, dans cette éventualité, elle quitterait le gouvernement.

Cette décision n'a pas été prise de façon démocratique par EELV mais personnellement par la ministre. Elle met François Hollande dans une situation ambiguë : soit il ne nomme pas Manuel Valls et les spéculations vont bon train sur l'influence disproportionnée d'EELV, soit Manuel Valls est nommé premier ministre et cela conduit à la non participation des ministres sortants et très probablement de EELV. Dans les deux cas, Cécile Duflot espère en tirer bénéfice.

 

Après son refus, Cécile Duflot obtient l'approbation d'une large majorité au Conseil fédéral d'EELV car la forte minorité qui, depuis toujours, est opposée à la participation ne peut que l'approuver. Au prix cependant, d'une division de son propre courant, la majorité des parlementaires étant opposés à cette décision.

Car, Manuel Valls proposait à Cécile Duflot, le poste de numéro 2 du gouvernement avec un grand ministère et un certain nombre de mesures conformes au programme de EELV. « Une corbeille bien pleine » : la loi de transition énergétique pour traduire la promesse hollandaise de réduction de la part du nucléaire à 50% dans le mix énergétique avec discussion sur le nombre de réacteurs à fermer, pas de nouveaux EPR, pas de remise en cause de l'interdiction des gaz de schiste ou de la politique sur les OGM. De plus, selon Manuel Valls les arbitrages devaient être décidés entre le président de la République, le premier ministre et le ministre de l’écologie seulement.

D'autres points auxquels tiennent les écolos ont été abordés : la décentralisation avec redécoupage des régions, une part de proportionnelle aux législatives et même « à demi-mots, la fin de NDDL »... Au point que Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale de EELV s'est dite « ébranlée »... car « sa proposition était solide et correcte ».

 

Mais arrivait trop tard, semble-t-il, après deux ans d'insatisfaction avec perte de confiance, après surtout une cuisante défaite du PS aux élections municipales dont EELV a su se prémunir. Et avant des élections européennes où EELV, avec des listes autonomes, très clairement pro-européennes, espère faire des résultats supérieurs à ceux de PS, à la ligne plus confuse. La démission de Harlem Désir, aussi peu efficace dans ses mandats de député européen que de secrétaire national du PS, et sa nomination au secrétariat d'État chargé des affaires européennes, sous tutelle de la présidence de la République, est une aide précieuse que leur apporte François Hollande. Tant elles montrent une certaine désinvolture quant à l'importance de cette fonction et donc de l'Europe aux yeux du président.

 

Reste maintenant à affronter les européennes et à faire mieux qu'aux précédentes et à passer, éventuellement, devant le PS. En 2009, avec 16,28 % des voix et 14 élus au niveau national, EELV arrivait en troisième position juste après le PS 16,48 %. Les résultats étaient particulièrement favorables dans la région Île de France où la liste menée par Daniel Cohn-Bendit avec 20,86 % et 4 élus passait loin devant la liste du PS conduite par Harlem Désir, 13,58 % des voix et 2 élus.

 

Il est difficile de savoir si les électeurs potentiels seront reconnaissants à EELV d'avoir renoncé à la participation à un gouvernement qui a déçu beaucoup d'espoirs et qui continue (suppression du ministère de la ville par exemple !) ou s'ils lui reprocheront une dérobade au moment où une action positive était possible au moins sur les questions écologiques, quitte à démissionner en cas de rupture de contrat.

Penseront-ils qu'il faut renforcer EELV avant de revenir, demain, avec un rapport de force plus favorable ou lui reprocheront-ils de perdre 2 ou 3 ans, pour satisfaire quelques ambitions personnelles ou collectives, au lieu d'impulser des politiques positives même partielles.

La vieille tactique du soutien sans participation permettra-t-elle d'avoir plus d'influence sur le gouvernement ou réduira-t-elle EELV à être la mouche du coche, à commenter une politique qui se décidera ailleurs ?

 

Les parlementaires étaient favorables à la participation, EELV se déclare dans la majorité présidentielle, il est vraisemblable qu'ils feront entendre leur voix au parlement, qu'ils voteront pour, s’abstiendront ou voteront contre certains textes mais ne pourront se permettre de mettre en danger le gouvernement.

 

Pendant ce temps, Ségolène Royal ne se contentera probablement pas d'être une ministre placebo. Si elle réussit dans sa nouvelle fonction, elle risque de mettre en question la nécessité d'une présence de EELV au gouvernement, cantonnant les écologistes au rôle de groupe de pression, d'association d'alerte nécessaire mais inutile au niveau gouvernemental.

 

Après avoir été ornements écologistes et alliés du PS, réussiront-ils à en devenir les principaux concurrents à gauche ?

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10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 20:08

 

 

Le vainqueur des dernières élections municipales est, sans discussion, le parti des abstentionnistes. Mais ce n'est pas une nouveauté. Ce n''est réservé ni aux élections municipales, ni à la France.

 

Élections municipales

Le tableau n°1 permet de voir que le taux d'abstentions lors des municipales est en constante et régulière augmentation depuis 1977 et 1983,

 

Tableau n°1 : Taux d'abstentions aux municipales en % des inscrits (Le Figaro 31/03/14)

Année

Premier tour

Second tour

1959

25,1

26,1

1965

21,8

29,2

1971

24,8

26,4

1977

21,1

22,4

1983

21,6

20,3

1989

27,2

26,9

1995

30,6

30

2001

32,6

31

2008

33,5

34,8

2014

36,5

36,3

La décentralisation, imparfaite certainement, de 1982-83 et de 2002-03, n'a pas empêché cette détérioration de la participation.

 

Élections régionales et cantonales

L'évolution est comparable aux élections régionales et cantonales (tableau n°2) avec des taux bien plus élevés. Si la commune a une certaine signification, si le maire est relativement connu, que veut dire canton, conseiller général ou conseiller régional pour la majorité des citoyens ?

 

Tableau n°2 : Taux d'abstentions aux régionales et cantonales en % des inscrits

Élections régionales

 

Élections cantonales (1er tour)

Année

Abstentions

 

Année

Abstentions

1986

25,2

 

 

 

1992

34,5

 

2001

34,52

1998

44,9

 

2004

36,09

2004 (1er tour

37,88

 

2008

35,11

2010 (1er tour)

53,64

 

2011

56

Nul ne connaît ni les élus et ni même le président de ses différentes structures, l'étendue de son pouvoir, sauf s'il … cumule.
Alors qu'on répète à satiété qu'il faut supprimer un échelon du « mille-feuilles » administratif, la dernière réforme a ajouté les conseillers communautaires (loi portant réforme des collectivités territoriales du 10 décembre 2010)– élus par fléchage ! (loi électorale du 17 mai 2013)- lors des municipales. Quel électeur sait pour quoi faire ?

Dans son discours d'investiture, le Premier ministre vient d’annoncer la suppression des conseillers généraux et la diminution du nombre de régions. Les premiers cris de douleur se font entendre.

 

Élections législatives

Le tableau n°3 reprend les résultats de toutes les élections législatives de la Vème République. Le taux d'abstentions le plus bas est de 16,8% pour le premier tour et 15,1 pour le second, en 1978 tour. Depuis, il monte inexorablement 42,78 et 44,59 % en 2012.

 

Tableau n°3 : Taux d'abstentions lors des élections législatives en % des inscrits

Date

Abstentions premier tour

Abstentions second tour

1958

22,8

25,2

1962

31,3

27,9

1967

18,9

20,3

1968

20

22,2

1973

18,7

18,2

1978

16,8

15,1

1981

29,1

24,9

1986

21,5

Pas de second tour (proportionnelle)

1988

34,3

30,1

1993

30,8

32,4

1997

32

28,9

2002

35,6

39,7

2007

39,6

40,0

2012

42,78

44,59

Élections au Parlement européen

Depuis que les députés au Parlement européen sont élus au suffrage universel, le taux d'abstentions augmente régulièrement sauf en 1994 (conséquence l’adoption du traité de Maastricht par référendum après large discussion ?). Ici encore, l'extension progressive des pouvoirs du PE n'a pas entraîné d'inversion de la courbe (tableau n°4).

 

Tableau n°4 : Taux d'abstentions aux élections européennes en % des inscrits

Date

1979

1984

1989

1994

1999

2004

2009

Abstentions

32,29

43,28

51,2

47,29

53,24

57,21

59,37

Jusqu'ici, les élections européennes ont joué le rôle de énième tour des élections nationales. Faut-il croire que la montée du « populisme », de l'euroscepticisme, l’augmentation des pouvoirs du PE à la suite du traité de Lisbonne, notamment le fait que les chefs d’État et de gouvernement devront tenir compte du résultat de ces élections pour désigner le président de la CE, faut-il croire que ces nouveautés vont entraîner une pointe de participation ?

En désignant un candidat à la présidence de la CE, les partis politiques européens essaient de rééditer le Serment du jeu de Paume et de prendre le pouvoir d'élection du président de la CE. Donc augmenter le poids du PE au sein des institutions européennes, ce qui devrait jouer sur la mobilisation des démocrates européens, entre autres.

 

En tout cas, le passage de Harlem Désir aux Affaires européennes parce qu'il n'a pas donné satisfaction au Parti socialiste, comme la nomination comme tête de liste en Île de France de l'ancien ministre de l’Éducation nationale, sans porter de jugement sur leurs aptitudes européennes, montrent le peu d'importance que le président de la République et le premier ministre accordent à l'Union européenne. A un mois des élections !!! Pourquoi les électeurs feraient-ils mieux ?

 

Électionsprésidentielles

De toutes les élections, seule l'élection présidentielle voit son taux d'abstentions varier de façon limitée et « aléatoire » avec, comme valeurs extrêmes,15,2 % en 1965 (Mitterrand met en ballottage le général De Gaulle) et 28,4 % en 2002 pour le premier tour et 12,7 % en 1974 et 20,3 % en 1995 et 2002 pour le second tour. Avec une pointe exceptionnelle à 31,1 % en 1969 au second tour. qui peut s'expliquer par le refus des électeurs de gauche, ayant voté pour le candidat du PCF arrivé en troisième position, de choisir entre « blanc bonnet » et « bonnet blanc ».

 

Les référendums.

Le taux d'abstentions aux référendums est particulièrement variable : les plus faibles sont en 1958 (15,8 %, Constitution de la V° République) et en 1969 (19,4 %, référendum portant sur les régions et la réforme du Sénat dont l'échec a entraîné le départ du général De Gaulle). Il est évident que ces deux référendums étaient particulièrement importants et dramatisés. Ont aussi connu une forte participation : les référendums sur l'autodétermination de l'Algérie (23,5% d'abstentions), les accords d'Évian, reconnaissant l'indépendance de l'Algérie, (24,4% d'abstentions) et l'instauration de l'élection du président de la République au suffrage universel (22,8 %).

Au contraire, le taux d'abstentions a été particulièrement élevé sur le statut de la Nouvelle Calédonie (63%) et encore plus sur le quinquennat (69,8%) dont les électeurs ont ainsi reconnu, contrairement aux politiques, qu'ils ne comprenaient pas le sens de cette réforme...

 

Deux référendums portaient sur l'organisation de l'UE et ont été fortement discutés, au delà des partis politiques, par une partie importantede la société civile. Ils ont eu le même taux d'abstentions : 30,3 % en 1992 pour le traité de Maastricht (approuvé)et 30,6 % pour le projet de traité constitutionnel (rejeté). Taux qui contrastent avec ceux constatés lors des élections européennes.

 

Remarques 1

Le référendum pour l'élection du président de la République au suffrage universel a mobilisé 78,2 % des électeurs inscrits (62,25 % de réponses favorables). Logiquement, cette élection est la plus prisée des citoyens, en comparant les taux d'abstentions. C'est la seule élection pour laquelle la participation se maintient.

 

Pour tous les autres types d'élection, le taux d'abstentions augmente régulièrement depuis la fin des années 70 aux élections municipales (1977 premier tour, 1983 second tour) et législatives (1978). Quant aux élections régionales et européennes, la participation diminue depuis leur instauration.

 

Pour prendre une mesure plus exacte de la désaffection des Français pour le suffrage universel tel qu'il est organisé actuellement, il faudrait tenir compte aussi de l'importance des personnes qui ont le droit de vote et qui ne sont pas inscrites sur les listes électorales. Selon plusieurs études de l'Insee, environ 4,9 millions de Français ne sont pas inscrits ou croient ne pas l'être (données 2004), soit un pourcentage entre 10 % et 13,3 % du corps électoral sur les neuf dernières années.

 

Au total, c'est une minorité des Français qui participent à la plupart des élections en France, en dehors de l'élection présidentielle.

 

A l’étranger

Les chiffres varient d'un pays à l'autre, même si, dans l'ensemble, on peut noter un baisse de la participation. Dans les pays européens, les élections législatives attirent entre 50 et 90% des citoyens vers les urnes et, comme toujours, les pays « vertueux » sont plutôt les pays nordiques. Il faut mettre à part, le Luxembourg et la Belgique où le vote est obligatoire et où, logiquement, la participation est plus importante : au Luxembourg, l'abstention touche 0 à 8 % des citoyens et en Belgique, 9 % en moyenne.

 

En Suède, le taux d'abstentions est, à peu près stable, depuis des années, entre 15 et 20%. : 10,1 % en 1985, 18,6 % en 1998, 19,89 % en 2002, 18,01 % en 2006 et 15,37 % en 2010. Au Danemark voisin, les chiffres sont comparables entre 12 et 16 % d'abstentions.

En Allemagne, le taux d'abstentions aux législatives, encore relativement faible,va croissant :9 % en 1972, 10,09 % en 1983, 21,0 %en 1994, 17,8 % en 1998, 29,22 % en 2009, 28,45 % en 2013. Il en est de même en Autriche : lors des élections législatives : 9,5 % en 1986, 18,1 % en 1994, 22 % en 2008. De façon encore plus nette, lors des présidentielles ce taux est passé de 3,1 % en 1951 à 29,4 % en 2004 et 46,43 % en 2010.

En Italie, le vote était obligatoire jusqu'en 1993. Depuis le changement de législation, le taux d'abstentions augmente aux législatives : 11,1 % en 1987,17,1 % en 1996, 22 % en 2008, 24,96 % en 2013 et atteint près de 40 % aux municipales de 2013

 

Au Royaume-Uni, l’abstention a progressé 24,6 % en 1987, 28,8 % en 1997 pour atteindre le pourcentage record de 40,6, lors de l’élection générale de 2001, 39 en 2005 et retombé à 34,9 lors de la dernière élection de 2010.

En Suisse, en 2007, l’abstention a été de 52 % aux élections fédérales de 2007. Cet abstentionnisme étonne pour une démocratie modèle dans laquelle le peuple est souvent appelé à participer aux décisions politiques.
La participation aux votations dans la période 2011-14 varie de 25,3 % à 54,1 %, ce qui peut s'expliquer par l'intérêt de la question posée aux yeux des citoyens.

 

Cette diminution de la participation dans la plupart des pays de l'Europe occidentale, se retrouve dans les anciens pays communistes. Ainsi en Roumanie, le taux d’abstentions augmente de 10% à chaque élection. En 1992, la première élection présidentielle avait attiré 75% de la population. En 2008, seuls 39,2% des Roumains se sont déplacés aux urnes et 41,72 en 2012.
En Hongriel’abstention a oscillé entre 25% et 45% lors des élections législatives. En 2010, le taux de participation de 64,2% au premier tour des législatives est tombé à 46,6% au second tour.
En Pologne, la participation était de 55,3 % en 2007 et 48,87 % en 2011. En République tchèque, 62,6 % en 2010 et 59,48 % en 2013.

Il est classique de citer les États-Unis pour leur faible participation électorale. Ainsi, lors de l'élection de Barak Obama,en novembre 2008, l'abstention avait atteint le record historique de 43,2 %. Mais ce taux est calculé en pourcentage de la population (étrangers compris) en âge de voter et non en pourcentage des inscrits.

 

Remarques 2

A quelques exceptions près, la participation aux élections est faible dans l'ensemble des pays occidentaux démocratique et diminue traduisant un certain désenchantement politique.

 

Bien entendu, il existe des raisons spécifiques dans chaque pays : ici un « bon » système électoral qui favorise la participation, dans les pays nordiques, là un « mauvais » système qui empêche l'expression des minorités (Royaume-Uni), ailleurs une trop grande fréquence des consultations (Suisse), la corruption (partout?)....
Mais si de tels facteurs peuvent contribuer aux abstentions, ils ne sont pas présents dans tous les pays et, surtout, ne peuvent expliquer le déclin de la participation, « à système constant ».

 

La France a ses maux particuliers : le cumul ou le renouvellement perpétuel des mandats qui donne des pouvoirs à certains barons locaux qui ne seront évacués qu'à l'occasion d'une vague bleue ou rose et encore. En tout cas, le refus des cumuls par « l’opinion publique » d'après les sondages, n'empêche pas les électeurs de voter pour eux.

 

Ni le « tous pourris ». Comme le note, cynique et méprisant, l'orfèvre en la matière qu'est Patrick Balkany, député-maire de Levallois-Perret, réélu dès lepremier tour et pour son cinquième mandat, lors des dernières élections municipales : «Si on n'investit que ceux qui n'ont pas été condamnés par la justice, on n'a plus de candidats dans les Hauts-de-Seine.»

Et Jean-Noël Guérini, sénateur, président du Conseil général des Bouches du Rhône ne le conteste pas, lui qui n'hésite pas à faire des listes de petits camarades : «Il y a 57 élus socialistes, maire de grandes villes, parlementaires ou présidents de conseils généraux, qui ont été mis en examen ou condamnés et qui continuent à occuper d'éminentes fonctions.»

 

En France et dans d'autres pays de l'Union européenne, il a été noté que l'abstention touche plus les jeunes ce qui fait penser que la courbe de la participation ne va pas se redresser. Les jeunes et les couches sociales les moins favorisées qui ont le plus intérêt à se mobiliser pour essayer de changer les choses à venir.

 

Ont-ils complètement tort de ne pas participer ? Par indifférence ou désespérance ?

Il est certain qu'il existe des taux « structurels » de non-inscriptions ou d'abstentions parmi les inscrits : radiés, malades, personnes âgées, en déplacement, non-intérêt pour la chose publique... Au delà, les variations dans le taux d'abstentions s'explique par l'intérêt de la consultation ressenti par les électeurs.

 

On a vu que la participation aux référendums était liée à l'intérêt de la question posée. Le référendum sur l'élection du président de la République au suffrage universel a obtenu une bonne participation. Logiquement, l'élection du président de la République est l'élection qui entraîne la participation la plus importante et la plus constante.

Et si l'élection présidentielle de 1969 a connu la plus faible participation, c'est probablement par manque d'enjeu et de choix pour lés électeurs de gauche.

 

Quel que soit le type d'élection, il est frappant de constater que l'abstention de ne cesse de croître en France depuis 1978-83, c'est à dire depuis que le grand espoir de changement a été trahi. Depuis cette date, médias et politiques répètent, presque à l'unisson, qu'une seule politique est possible. S'il n'y a pas de choix politique, pourquoi choisir parmi les candidats ?

 

Mais dés qu'un choix réel ou imaginaire apparaît, naît une mobilisation malheureusement rapidement déçue car il n'est pas tenu compte de la réponse populaire si elle ne correspond pas au désir de ceux qui détiennent le vrai pouvoir. On l'a vu avec le référendum sur le projet de traité constitutionnel qui, refusé par référendum, a été adopté par le Congrès après être passé chez les esthéticiens.

Comment ne pas comprendre la désaffection pour la majorité aux dernières municipales quand la politique économique et sociale du gouvernement est aussi en contradiction avec les discours électoraux, comme celui du Bourget. Quand le candidat se fait élire sur un programme qu'il n'applique pas une fois élu.

 

Même s'ils ne sont pas tous lucidement désespérés, les abstentionnistes et d'autres qui continuent à voter sans trop d'illusions, savent que les politiques ont vendu leur droit de primauté sur le politique pour quelques lentilles, qu'ils ont abandonné le pouvoir politique aux financiers...


Cependant, les citoyens n'ont pas totalement renoncé. Mais pour qu'il y ait mobilisation, il faut un minimum de crédibilité. Ce n'était pas le cas lors des dernières élections municipales, notamment à Paris.

A droite, NKM a été parachutée dans un maquis où la guerre faisait rage entre petits et grands chefs.

A gauche, les Verts au gouvernements conduisaient des listes autonomes en concurrence avec celles du PS. Le PC, dans l'opposition au gouvernement, faisait liste commune avec le PS, pour l'obtention de quelques sièges, se séparait de ses alliés du Front de gauche avant de le réintégrer pour les élections européennes !!!

 

A droite comme à gauche, ces querelles entre frères ennemis ne sont pas la meilleure image que peuvent donner les partis pour attirer les abstentionnistes.

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