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21 février 2014 5 21 /02 /février /2014 10:58

 

DÉMOCRATIE DIRECTE, DÉMOCRATIE INDIRECTE, DEMOCRATIE TOUT COURT !

 

Récemment, les Suisses ont voté sur 3 initiatives fédérales qui portaient sur un «plan de financement de l’infrastructure ferroviaire» (approuvée par 60% des votants), «financer l'avortement est une affaire privée» (repoussée par 70%), retour à un système de quotas pour «l'arrêt de l'immigration de masse» (adoptée par 50,3%).

 

Si le « oui » à la troisième initiative a été très commenté en France, la deuxième initiative - à cause de son résultat ? - n'a pas retenu l'attention. Les Français ne sauront pas que les Suisses ont rejeté le déremboursement de l'interruption volontaire de grossesse, ce qui ne manque pourtant pas d'intérêt au moment où le gouvernement espagnol veut l'interdire. A la grande satisfaction de certains en France.
Quant à l'idée même que le peuple puisse décider, par référendum, des investissements dans les infrastructures ferroviaires...

 

Avant de parler des résultats et des conséquences du référendum sur «l'arrêt de l'immigration de masse», il est intéressant de regarder ce qui se passe chez nos voisins helvètes qui ont une grande expérience des consultations populaires dont on parle en France essentiellement quand elles concernent les immigrés ou les populations issues d'immigration : droit de vote municipal ou cantonal, interdiction des minarets...

 

La démocratie directe a été la première forme de la démocratie. Par la suite, la démocratie indirecte, représentative s'est généralisée. La démocratie suisse combine les deux : les citoyens élisent leurs représentants aux différents conseils (communes, cantons, confédération) mais peuvent se prononcer également, par référendum, sur des textes législatifs ou constitutionnels adoptés par ces conseils ou proposer des modifications constitutionnelles ou légales par le biais de l'initiative populaire. Ces consultations sont organisées en général quatre fois par an au niveau fédéral. Les citoyens sont appelés à se prononcer sur un ou plusieurs sujets...

 

Pour qu'un référendum d'initiative populaire fédérale soit organisé, il faut que « 100 000 citoyens ayant le droit de vote » demandent par écrit« à l'Assemblée fédérale la révision totale de la Constitution ou l'adoption, l'abrogation ou la modification de dispositions constitutionnelles ou législatives ». L'initiative dispose de 18 mois pour obtenir les 100 000 signatures. Si cette initiative est présentée sous forme d'un projet rédigé, il ne peut être modifié ni par le Parlement, ni par le Conseil fédéral. Pour être adopté, ce projet doit obtenir une double majorité, du peuple et des cantons. Le résultat acquis, le Conseil fédéral dispose de trois ans pour modifier la législation, la Constitution, renégocier les traités si nécessaire.

La participation lors de ces consultations a beaucoup varié, passant de presque 70 % lors du début du XX° siècle à moins de 30 % un siècle plus tard. Mais elle tend à remonter : dans les années 2000, elle a été en moyenne de 47,2% variant entre 38,7% et 53,8%.



En France, les référendums ont mauvaise presse. Le premier date de 1793, pour l'adoption de la constitution jacobine qui n'a jamais été appliquée. Ils ont été utilisés comme instrument d'accession au pouvoir par les Bonaparte sous la forme plébiscitaire ce qui va entraîner une certaine méfiance des démocrates pour cette procédure.
Le référendum a servi pour enterrer la III° République et mettre en place la IV° et la V°. Il est inscrit dans la Constitution de la V° République comme un des moyens d'exercer la souveraineté mais son usage est restreint, constitutionnellement, à des domaines précis et l'initiative appartient toujours à l'exécutif.

 

Le général de Gaulle s'en est servi, à plusieurs reprises, pour obtenir le soutien à sa politique et à sa personne. C'est l'échec d'une réforme constitutionnelle par référendum qui l'a conduit à démissionner de président de la République. Depuis, l'exécutif a, à plusieurs reprises, pris l'initiative de soumettre une question à référendum, de façon moins personnalisée, sans poser la question de confiance et sans s'engager à démissionner en cas de résultat négatif.

 

En 2008, une « importante » réforme a introduit dans la Constitution ce que certains ont appelé, de façon un rien exagéré, un référendum d'initiative populaire, d'autres plus modestes, un référendum d'initiative partagée.

« Un référendum... peut être organisé à l’initiative d’un cinquième des membres du Parlement, soutenue par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales ». Il peut porter « sur l'organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent, ou tendant à autoriser la ratification d'un traité qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions... »
« Cette initiative prend la forme d’une proposition de loi... Si la proposition de loi n’a pas été examinée par les deux assemblées dans un délai fixé par la loi organique, le Président de la République la soumet au référendum.»
«
Les conditions de sa présentation et celles dans lesquelles le Conseil constitutionnel contrôle le respect des dispositions de l’alinéa précédent sont déterminées par une loi organique. »

Tout ceci est très éloigné du modèle suisse. Il ne s'agit pas d'un initiative populaire mais d'une initiative parlementaire qui doit rassembler 185 députés ou sénateurs, donc réservée en fait aux gros groupes parlementaires. Soutenus par 10% du corps électoral, environ 4,5 millions électeurs. Si ces conditions sont remplies et si la proposition de loi n'a pas été examinée - non adoptée - seulement examinée, le président de la République la soumet à référendum ! 

 

Faut-il ajouter que les lois organiques nécessaires pour mettre en place ce faux semblant de réforme démocratique de 2008 n'ont pas été adoptées à ce jour ? Tout ceci traduit la grande méfiance du législateur devant l'exercice du pouvoir par les citoyens. 

 

L'initiative citoyenne européenne, prévue par le traité de Lisbonne, sans être contraignante pour la Commission européenne est plus ouverte : la Commission peut être amenée à rédiger de nouvelles propositions d'actes juridiques sans y est forcée, à la demande deseulementun million de citoyens de l'Union européenne. 

 

Le référendum a pu paraître en voie de normalisation en France quand il a porté sur les statuts de la Nouvelle Calédonie (1988) ou de la Corse (2003), sur le traité de Maastricht (1992), le passage au quinquennat (2000) ou le projet de constitution européenne (2005). A chaque fois, la question était claire et n'engageait pas le gouvernement en place.

 

La participation a été inégale, particulièrement importante quand les référendums ont donné lieu à un véritable débat national comme lors des deux traités européens, Maastricht et projet de constitution européenne, avec des discussions qui ont montré que les Français pouvaient s'intéresser à la politique, y compris aux questions européennes pourtant négligées par les politiques lors de toutes les élections, y compris européennes. 

 

Malheureusement, les résultats n'ont pas toujours été ceux qui étaient attendus par les compétents politiques. Ce qui a encore augmenté leur méfiance envers les référendums.

Il y a pourtant place pour un référendum dans une république apaisée et qui veut progresser vers plus de démocratie. Encore faut-il vouloir la participation, le débat démocratique et tenir compte du résultat, sans considérer les élus comme un recours contre le peuple !

 

Quand on parle de référendum et surtout de référendum d'initiative populaire certains « défenseurs de la démocratie » montent aussitôt au créneau. Mais ces « défenseurs de la démocratie » ne sont pas les mêmes suivant les questions envisagées.

Nombre de ceux qui voudraient soumettre à référendum les questions touchant l'immigration se sont organisés pour contourner le résultat du référendum sur la Constitution européenne en rédigeant un fac-similé, le traité de Lisbonne, qu'ils ont fait entériner par voie parlementaire. Inversement ceux qui veulent des référendums sur les questions institutionnelles, souvent, n'en veulent pas sur les questions de société.

Tous préfèrent les manipulations sondagières aux consultations populaires précédées de débats.

 

Il est certain que la question n'est pas simple car certains problèmes sont propres à déclencher des querelles passionnelles et il n'est pas sûr que des règles aujourd'hui évidentes auraient trouvé facilement une solution par référendum : ainsi du droit de vote des femmes (seuls les hommes auraient été consultés) ou suppression de la peine de mort qui semblent aujourd’hui largement acceptés...
Mais le débat n'est-il pas en démocratie la seule façon de faire avancer les questions qui divisent : questions concrètes comme choix des représentants, encore que le tirage au sort peut être envisagé pour la désignation de ceux-ci ?

 

La réponse à une question concrète est probablement plus facile et plus démocratique que l'élection d'un représentant.
Quand il s'agit d'une question concrète, aussi complexe soit-elle, elle est débattue à l'échelle de la collectivité locale ou nationale. Les raisons et les conséquences de cette décision sont avancées publiquement par les partisans et les adversaires et portées à la connaissance des citoyens.

Malgré les apparences, la chose est beaucoup plus complexe quand il s'agit d'élire un représentant. Tout d'abord le représentant est pré-choisi, le plus souvent par des organisations politiques. Qui, d'une certaine façon, apparaissent comme les garants du candidat. Mais l’électeur ne connaît pas toutes les transactions qui ont conduit à cette désignation. Il doit voter pour une personne sans être certain de sa fiabilité, sans être en accord avec la totalité de son programme. Sans avoir aucun recours en cas de non-respect, individuel ou collectif, des engagements. Sans connaître les questions imprévues sur lesquelles le représentant peut être amené à se prononcer.
Le seul recours possible est le vote lors de l'élection suivante. Un couperet pour lequel la réponse est binaire alors que le représentant aura fait adopter ou repousser des dizaines de décisions.

 

Les choses seraient bien différentes si existait la possibilité au recours par un référendum d'initiative populaire. Qui pourrait faire annuler une décision sans mettre en question l'ensemble du travail du représentant. Ou faire adopter par la voie populaire une mesure qui ne trouve pas sa majorité dans les assemblées par suite des divisions ou des combinaisons partidaires.

 

Mais les politiques considèrent les électeurs compétents pour qu'ils leur délèguent, abandonnent le pouvoir de décision, non pour qu'ils prennent les décisions eux-mêmes. C'est forts de ce pouvoir reçu qu'ils amputent celui des citoyens !

 

La France a déjà une constitution qui fait de son système de gouvernement une monarchie républicaine où le président de la République jouit de plus de pouvoir que la plupart des autres chefs d’État ou de gouvernement de pays démocratiques. La démocratie française admet la liberté d'expression, de manifestation, ce qui est loin d'être négligeable. Mais pourquoi ne pas introduire un droit d'initiative populaire qui serait une importante avancée vers une démocratie pacifiée ?
La démocratie directe n'est pas contraire mais complémentaire à la démocratie représentative.

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16 janvier 2014 4 16 /01 /janvier /2014 11:49

 

L'esprit du Malin souffle sur l’Élysée

 

Quelques mois après avoir fait installer son Premier bureau à l’Élysée, le malin M.Petite Bague s'empressait d'en installer un second à quelques centaines de tours de roue de scooter afin de pouvoir y aller discrètement casqué ! Sans être contrôlé de façon intempestive par la police pour avoir caché son visage dans la rue.

Discrétion telle que l'endormeur du Valls, chargé de sa sécurité, ne s'est aperçu de rien, surtout pas que des tireurs d'élites, postés au coin de la rue, pouvaient, à défaut de l'exécuter, le photographier. Que les photographes n'aient rien vu est à l'honneur de la discrétion des services de sécurité (Rebsamen). Que les services de sécurité n'aient pas vu et empêché de nuire le photographe témoigne soit de leur profond respect de la liberté de la presse, ce qui est tout à leur honneur, soit de leur incompétence ou de leur volonté de nuire, ce qui l'est moins. Aux ordres de qui ? De quel ministre de l'Intérieur, l'ancien ou le nouveau ?

Faut-il prévoir un double remaniement à prévoir ? Dans les services de protection et à quel niveau ? Dans l'ordre des bureaux ?

Mais son deuxième bureau, avenue Bosquet, siège du Medef, fait craindre beaucoup plus pour notre sécurité (sociale) que pour celle du président. Ici le remaniement est déjà fait.

 

Pendant ce temps, le chômage, l'écart entre riches et pauvres augmentent. La question qui se pose est de savoir quelle forme prendra sa prochaine explosion ?

 

Ce respect de la liberté d'expression ne semble pas une donnée constante des circulaires. Cette inconstance a d'autres conséquences que celles du théâtre de boulevard de l’Élysée. Notamment auprès de ceux qui fréquentent peu et le théâtre et l’Élysée mais trouvent que toutes les libertés ne sont pas traitées de la même façon. Qu'il est plus facile, Dieu seul sait pourquoi, de bloquer le spectacle d'un histrion noir, que la sortie d'un journal s'attaquant à une ministre noire ! Est-ce du fait du tireur, de la cible ou des deux ?

En tout cas la publicité, au frais du ministère de l'Intérieur, permettra peut-être de faire passer de la Main d'or aux mains du Trésor certains impayés accumulés depuis des années.

 

Pendant ce temps, le chômage augmente et l'écart entre riches et pauvres. La question qui se pose est de savoir quelle forme prendra sa prochaine explosion ?

 

M. Petite Blague a pu remarquer, très astucieusement devant une assemblée adéquate et ravie, que le ministre de l'Intérieur, peu tendre sur les questions d'immigration, avait même endormi le gouvernement et la presse d'Alger. Et en revenir vivant ! Il est vrai que c'est surtout les immigrés de l'est qui sont visés. Les expulsions de Roms ont été, cette année, deux fois plus nombreuses que l'année précédente.

 

Pendant ce temps, le chômage augmente et l'écart entre riches et pauvres. La question qui se pose est de savoir quelle forme prendra sa prochaine explosion ?

 

 

Tous ces fins amusements du microcosme cumulés font que, « sans bavure... le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a tout simplement explosé sa visibilité médiatique, mesurée sur les radio, les télés, les sites d'info et les réseaux sociaux ». A lui seul, il est à peu près autant cité que tous le ministres du gouvernement réunis !

 

Qu'avons-nous fait pour courir le risque d'avoir à choisir à la prochaine présidentielle, entre Sarkozy, Valls et le Pen ? Pouvez-vous nous éviter ce choix SVP ?

 

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20 décembre 2013 5 20 /12 /décembre /2013 22:05

 

Mandela le jeune, Mandela le vieux

 

Toute unanimité est suspecte. Cet hommage unanime à Nelson Mandela, comme les autres. Voir se précipiter en Afrique du Sud tous ces chefs d’État ou de gouvernement qui se sont opposés à l'Apartheid ou l'ont soutenu, à l'exception notable du Nétanyahou qui s'est abstenu d'un tel déplacement par souci d'économies, pourrait faire penser que c'est le dernier triomphe de Mandela, de la réconciliation, malheureusement sans l'aveu des crimes passés. C'est, avant tout, un bal des hypocrites recherchant un éclairage mondial, un moment flatteur.

 

Cet hommage « universel », mérité, va à Mandela le vieux. Qui a évité un bain de sang à l'Afrique du Sud. Qui a fait sombrer l'apartheid sans guerre civile. Sans vengeance.Sans chasse au blanc. Reste qu'une part de l'engagement de Mandela le jeune est encore à faire. La justice sociale. Ce poing levé, symbole de la lutte sociale, de la lutte des classes, abandonnée en cours de route. Devenu symbole de la victoire sur l'apartheid. Mais cette victoire sur l'apartheid, victoire politique fondamentale, a permis seulement l'accès partiel à un pouvoir partiel d'une bourgeoisie noire à coté du pouvoir de ceux qui ont, intelligemment, lâché l'apartheid pour conserver l'essentiel suivant le vieil adage, changer pour que rien ne change. C'est peut-être un peu schématique parce qu'une petite bourgeoisie noire s'est aussi constituée, parce que tous les Noirs ont retrouvé une certaine dignité avec le bulletin de vote et que le pouvoir apparent est aux mains des Noirs. Comme l'élection de Barak Obama est un pas immense pour l'ensemble des Noirs américains.

Mais élection d'un Noir à la tête des États-Unis, d'un Noir et de toute une équipe à la tête de l'Afrique du Sud, en quoi ces élections ont-elles changé la situation des millions de Noirs qui demeurent au bas de l'échelle sociale ? Les États-Unis, l'Afrique du Sud ont des raisons de ressentir une certaine fierté. Mais la situation des Noirs de la base aux États-Unis comme en Afrique du sud n'est guère changée.

 

Pour l'Afrique du Sud, il est malheureusement possible que la transition démocratique dont Mandela a été le garant ne soit qu'un moment heureux de son histoire. Car les masses noires ne pourront se contenter, à perpétuité, de cette situation. Aujourd’hui, « le chômage touche plus de la moitié des jeunes Noirs du pays » (Le Monde 12/12/13).. Et le jour où les masses se soulèveront pour demander une participation aux décisions, au partage des richesses qui leur permettraient de vivre décemment, ce jour là le pouvoir noir aura le choix entre réprimer la révolte comme c'est déjà le cas quand des grèves éclatent ici ou là, ou détourner la vindicte populaire vers le pouvoir économique blanc mis alors en accusation. On peut espérer, rêver, qu'un nouveau Mandela se lève pour que cette transition sociale soit aussi peu douloureuse que la transition politique. Que le nouveau Mandela vienne tenir la partie oubliée des promesses de Mandela le jeune.

On peur rêver. Mais le père Noël passe rarement deux fois.

 

On peut cependant rêver que Mandela ne soit pas seulement une icône apaisante, pour ne pas dire un sédatif pour le temps présent. Mais un exemple qui suscite d'autres vocations. En Afrique du Sud ou ailleurs.

 

Au milieu de tous ses hommages, des déclarations des uns et des autres, y compris en Algérie que Mandela avait dit être sa seconde patrie, un journaliste algérien se pose une question iconoclaste : « Mandela Nelson est mort. Le monde va saluer sa vie, son œuvre, son sourire, sa mort et sa philosophie. Et nous Algériens ? Faire de même dans la longue procession de l'hommage. Mais au-delà ? Un regret secret, une amertume. Le chroniqueur l'avait écrit un jour : Et si on avait eu Mandela en 62 et pas Benbella ?
Un Mandela algérien nous aurait évité le pays actuel, ses mauvaises convictions, nos mauvais jours et des molles dictatures et ses gabegies. Nous aurions perdu moins de vies et moins de temps et nous aurions été un grand pays. Car cet homme est l'un des très rares à avoir donné sens à la décolonisation. Toutes les autres épopées ont mal fini : la décolonisation glorieuse y a été menée à la dictature hideuse ou sournoise. Au massacre, aux caricatures sanguinaires et au sous-développement. C'est dire que l'on ne décolonise pas avec les armes, mais avec l'âme. Décoloniser n'est pas vaincre le colon mais le démon en soi. Adieu l'homme au sourire qui dénoue. ».
Tout ceci, même pour le chroniqueur, « c'est un grand rêve éveillé » (Quotidien d'Oran 14/12/13).

 

Mais cette question est incomplète, unilatérale. Car Mandela n'a été possible que parce que, en face de lui, il y avait Frederik de Klerk. Où était, ici, de Klerk ? L'Algérie française a su bloquer toutes les évolutions. Jusqu'à l'explosion. Et si les Blancs d'Afrique du sud ont su choisir, à temps, la transition pacifique, les Blancs en Algérie ont profité de la faiblesse et/ou de la complicité des gouvernements français pour refuser les réformes de la Troisième et de la Quatrième république et aboutir finalement à la politique de la terre brûlée de l'OAS. Peut-être savaient-ils, inconsciemment, que l'Algérie n'était pas française.

 

Malheureusement, tous comptes faits, de façon pacifique ou non, la situation est-elle si différente pour les masses sud-africaines et algériennes ? Une bourgeoisie plus ou moins petite, plus ou moins grande, s'est mise en place, dans les deux cas, et gère, à son profit exclusif. En Algérie, l'expropriation des colons, les nationalisations et surtout la rente pétrolière permettent au pouvoir en place de corrompre les uns et de calmer momentanément les autres. Tandis que la masse des jeunes rêvent d'un visa en regardant la mer. En Algérie, comme en Afrique du sud, le changement s'est arrêté en chemin.

 

L'enterrement discret de Mandela le jeune, il y a longtemps, a permis à tous les chefs de d’État et de gouvernement de la planète de faire de Mandela le vieux une image pieuse qui ne fera de mal à personne.

Les questions posées par Mandela le jeune demeurent, en Afrique du Sud, en Algérie et ailleurs.

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13 décembre 2013 5 13 /12 /décembre /2013 23:52

 

Il y a trois ans, l'immolation d'un marchand de fruits de Sidi Bouzid déclenchait, en Tunisie, une révolution qui étonna le monde.

Plus particulièrement, ceux qui pensaient les peuples du Maghreb endormis pour l'éternité grâce à l'efficacité des régimes en place, militaires ou policiers, soutenus par les gouvernements occidentaux qui voyaient dans ces dictatures des alliés efficaces contre les islamistes. Se souvenir de la ministre des Affaires étrangères, Me Michèle Alliot-Marie, de retour de vacances en Tunisie, qui proposait à la police tunisienne, quelques jours avant la fuite de Ben Ali, « le savoir-faire de nos forces de sécurité, qui est reconnu dans le monde entier, (qui) permette de régler des situations sécuritaires de ce type ».

D'autres pensaient que le peuple tunisien ayant vaincu la peur et donné l'exemple, ce printemps allait mettre le feu à la plaine maghrébine et, au delà, pour une révolution par procuration qui tardait ici.

 

Malheureusement, la progression de la démocratie, fut-elle révolutionnaire, est plus tortueuse, plus difficile. Même si la plupart des régimes de la région ont connu des mouvements d'intensité variable suivant les situations locales. Le chemin sera encore long pour arriver à la démocratie.

 

Dans tous les pays du Maghreb, les conditions sont sensiblement les mêmes : misère, chômage, manque de liberté, de démocratie, jeunesse sans avenir, pouvoir politique et économique aux mains de quelques uns, cooptés, absence totale de renouvellement des dirigeants, même à l'intérieur du système... Un incident ici, une répression de trop là, l'exemple à coté, peuvent mettre en marche le mouvement « dégage »... avec les moyens de communications modernes, difficilement contrôlables par les autorités et bien connus de la jeunesse pour coordonner des rassemblements traditionnels, pacifiques.

 

Si les conditions se ressemblent, les événements et encore plus leur évolution est différente d'un pays à l'autre en fonction, notamment, de leur histoire, des institutions et des politiques locales.

 

Tout a commencé en Tunisie. Ben Ali, jusque là soutenu par l'occident comme rempart contre l'islamisme, membre de l'Internationale socialiste (!), gouvernait au profit d'une famille élargie, d'une caste de profiteurs.

Il ne faut pas oublier que si l'acte de Mohamed Bouazizi a été le facteur déclenchant de la révolution tunisienne, de nombreuses manifestations avaient eu lieu auparavant traduisant un activité civique importante contre les atteintes à la liberté de la presse, à la liberté d'association. Ainsi que sur le plan social avec, notamment, les manifestations de la région minière de Gafsa...

Après la fuite de Ben Ali et de son clan, la bataille pour le pouvoir va opposer les forces démocratiques et les « islamistes modérés » de « Ennahda ». Ceux-ci, bien que persécutés sous le régime de Ben Ali, étaient la seule force politique organisée à l'échelle nationale avec le syndicat, UGTT. Après avoir remporté les premières élections libres face aux démocrates divisés, les islamistes ont voulu s'autoriser de leur victoire électorale pour modifier le rapport des forces tandis que la population attendait des mesures concrètes au niveau économique et social.
D'autre part, les cousins bien moins modérés, les «
 salafistes », profitent du chaos en Libye pour s'approvisionner en armes. Bénéficiant d'une certaine bienveillance des nouvelles autorités, ils tentent de s'imposer par la force, allant jusqu'aux assassinats de leader de gauche et, plus récemment, à des attaques contre les forces armées, police, gendarmerie...

La bataille politique continue donc entre les islamistes modérés qui font preuve de laxisme face aux extrémistes et qui n'admettent pas la sécularisation de la société. Et les démocrates, la jeunesse, la population qui demandent de meilleures conditions de vie, des emplois, l’instauration d’une réelle démocratie, la liberté et la dignité.

 

A ce jour, l'armée tunisienne s'est toujours tenue en dehors des conflits politiques. Après Bourguiba, « père de l’Indépendance », aucune personne, aucune force politique, aucune institution ne peut se réclamer d'une légitimité face à la légitimité populaire, encore faut-il que celle-ci puisse s'exprimer.

C'est le sens de la bataille actuelle, essentiellement politique pour le moment.

 

En Libye, Kaddhafi est arrivé au pouvoir avec le renversement de la royauté. Bénéficiant de la rente pétrolière, il a réussi à se maintenir au pourvoir avec l'appui de l'armée et de la police, en assurant un équilibre entre les différentes régions. La contestation, malgré quelques tentatives de Kadhafi pour la désamorcer, va mettre en danger son pouvoir après 44 ans de règne sans partage.

Devant la brutalité de ses menaces d'extermination des rebelles, la réaction internationale a été aussi rapide en Libye que lente en Tunisie pour décider une intervention militaire, notamment sous l'impulsion de la France et avec le soutien de l'ONU. Cette intervention a contribué à l'arrêt des massacres par les forces loyalistes, au sauvetage de la rébellion et à la chute du dictateur. Mais ce renversement de Kaddhafi, non prévu dansle mandat de l'ONU, sert de fondement ou de prétexte aux réticences de la Russie et la Chine face à une intervention en Syrie.

L'armée et la police sont disqualifiées, au moins pour quelque temps, suite à leur fidélité au régime et à l'utilisation de mercenaires. La chute du régime a conduit à l’éclatement du pouvoir et à la dissémination des armes et des hommes dans le Sahel et en Tunisie avec les conséquences connues.
Aucune force politique, civile ou armée, n'a assez de légitimité intérieure ou extérieure pour
organiser ou imposer un gouvernement transitoire avant l'adoption d'une constitution, pour rétablir un semblant d'unité du pays, désarmer ou intégrer les différentes milices en présence.

La partie n'est pas terminée et la démocratie semble encore loin.

 

Au Maroc, après les dures années Hassan II, son successeur sur le trône en 1999, Mohamed VI a fait de nombreuses promesses, peu mises en pratique, et, au début de 2011, suite au printemps tunisien, des revendications politiques, sociales, constitutionnelles ont été avancées.

Devant ces manifestations, Mohamed VI a su manœuvrer habilement pour canaliser la contestation vers une réforme constitutionnelle qui ne change rien à la nature politique et économique du régime. La nouvelle constitution a été largement approuvée par référendum en juillet 2011 et suivie par des élections législatives. Malgré cela, le mouvement contestataire, contre la corruption, l'affairisme, les abus de pouvoir, le manque de démocratie, continue, mais de plus en plus affaibli par la répression. Cette contestation n'est pourtant pas éteinte et est encore marquée par des manifestations ponctuelles

Le régime monarchique n'est pas mis en cause. Ce n'est probablement pas par hasard que le roi actuel a pris le nom de Mohamed VI, à la suite de son grand père, Mohamed V, qui a été le roi de l'indépendance marocaine après un exil, du temps du protectorat, d'abord en Corse puis à Madagascar, avant d'être rétabli sur son trône.

Mais le roi tire surtout son autorité, sa légitimité de sa prétendue origine chérifienne, «Chérif de la Mecque», « Commandeur des Croyants », descendant du Prophète, et à ce titre, pour le moment, difficilement contestable quelle que soit sa politique.

 

Beaucoup se sont étonnés que l'Algérie, la combative, soit passée à coté de ce printemps qui a débuté à sa frontière orientale. En réalité, la contestation est constante en Algérie même si elle n'a pas pris, dans les derniers mois, la même intensité qu'en Tunisie. Elle est constante et a lieu dans différentes localités du pays, du nord comme du sud. Il y a eu aussi des immolations par le feu dont une tout récemment encore (en plus des 11 dénombrées par Wikipedia dont 4 décès). « Cette énième tentative d’immolation par le feu traduit l’extrême détresse d’une jeunesse perdue qui voit dans ce geste de désespoir l’ultime mode d’expression pour dénoncer leur situation précaire et interpeller les gouvernants sur leur sort. Faut-il rappeler que cela se passe malheureusement dans un pays riche où les réserves de change débordent de quelque 182,2 milliards de dollars. » (LeMatin.dz 07/12/13).

Pour le moment, le mécontentement diffus n'a pas débouché sur une révolte généralisée. En réalité, la tentative de démocratisation, en 1988, a précédé le printemps tunisien et maghrébin. Les premières élections libres, de 1989, ont donné une victoire aux islamistes. Interrompue par l'Armée nationale populaire. Elles ont été suivies par une guerre civile qui n'est pas encore complètement éteinte. Après plus de 7 ans de guerre de libération (750 000 morts), plus de 10 ans de guerre civile (100 000 morts, 10 à 15 000 disparus), la mobilisation populaire est difficile. Alors que la liberté de la presse permet la dénonciation permanente des turpitudes et de l'incapacité du gouvernement.

La rente pétrolière permet d'acheter les opposants et de calmer les mécontentements quand ils deviennent dangereux (« On ne mène pas un peuple avec de la semoule et de l’huile » proteste un journaliste algérien).

Le pouvoir est entre les mains d'une armée qui tire sa légitimité de la lutte pour l'indépendance qui date maintenant de plus de 50 ans, mais n'est porteuse d'aucune perspective si ce n'est la conservation de biens mal acquis....

Va-t-elle maintenir à la présidence, pour un quatrième mandat, l'ombre figée de Bouteflika, ou les forces occultes de l'armée seront-elles capables de se retrouver sur le nom d'un nouvel « équilibriste » ?

Encore loin du printemps ?

 

En Egypte, le soulèvement populaire et la Révolution de la place Tahrir ont suivi au plus près le «modèle» tunisien et réussi à renverser le général Moubarak (autre membre de l'internationale socialiste !), sans toucher cependant à l'armée. Avec, ici aussi, la victoire électorale des islamistes, une des forces politiques les plus anciennes et les plus réprimées du temps de la dictature militaire. Avec le même penchant à vouloir instaurer un régime islamiste (modéré ?). Mais l'armée, dont la légitimité remonte au renversement de la royauté, au prestige de Nasser, à son rôle (ambigu) contre Israël et l'Occident, a vu le danger pour ses intérêts propres et est intervenue pour appuyer la résistance populaire.

Bien entendu, ce coup d’État a été discrètement condamné et tout aussi discrètement et rapidement amnistié par les démocraties occidentales. Les apparences sont sauves. Les intérêts des uns et de autres aussi. Un projet de Constitution, approuvé le 01/12/13 par la Commission constituante devrait être soumis à référendum, probablement en janvier 2014. Le projet de nouvelle Constitution donne aux militaires des pouvoirs étendus et protège leur vaste empire économique, soumis ni à un contrôle civil, ni à l'impôt.

Le printemps égyptien se contentera-t-il du remplacement d'un général par un autre général ?


 

Pour la première fois, des soulèvements populaires ont réussi à renverser des régimes dictatoriaux dans 3 pays du Maghreb (Tunisie, Libye, Égypte). Mais sans changement réel, pour le moment au niveau économique et social (chômage, coût de la vie), tandis que libertés démocratiques, droits de l'homme, démocratie sont peu à peu remis en question, à la grande désillusion de leurs initiateurs.

Rien n'est encore complètement joué dans les affrontements entre islamistes et démocrates sous l’œil attentif de forces qui pourraient renvoyer les uns et les autres pour instaurer à nouveau des régimes autoritaires donnant satisfaction aux occidentaux. Pour un journaliste algérien, « Aujourd'hui, la dictature chez les peuples d'Allah est vue comme une nécessité, une norme et une fatalité douce et utile. » (Kamel Daoud Le quotidien d'Oran 01/12/13.).
Jusqu'à quand ?

 



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1 novembre 2013 5 01 /11 /novembre /2013 16:33

 

 

 

Marine Le Pen a (presque) réussi son coup. Le jour de la libération des 4 otages français, il a été plus question de ses déclarations à leur propos que de leur libération ! Que de la joie de leur retour pour eux-mêmes et leur famille. Que de l'unanimisme qui prévaut, habituellement, dans ces situations. Elle a même fait oublier la question rançon ou pas rançon qui pouvait être embarrassante pour le gouvernement.

Mais pourquoi presque ? Parce que Madame Le Pen a fait des déclarations dans la droite logique de Jean-Marie Le Pen ce qui lui a valu un recadrage rapide par Marine LP.

 

Jean-Marie Le Pen se posait aussi « un certain nombre de questions » sur l'existence des chambres à gaz, sur le nombre de victimes juives durant la seconde guerre mondiale... Contestant le nombre et le fait spécifique, qu'ils avaient été tués parce que juifs. Et rien d'autre. Clin d’œil à tous les négationnistes, à tous les antisémites, à tous les collaborateurs...


Marine Le Pen s'étonne beaucoup :
« Ces images me laissent dubitatives. J'ai trouvé ces images étonnantes, cette extrême réserve étonnante, leur habillement étonnant... une barbe taillée de manière étonnante... » Ainsi donc, des otages revenant de trois ans de captivité, dans le désert, devraient répondre immédiatement aux questions que se pose Marine Le Pen. Pas une parole de compassion. Ces « revenants » sont sommés de s'expliquer, non sur leur survie, sur ce qu'ils viennent de vivre, sur leur souffrance non, ils doivent répondre aux questions qu'elle se pose. Sur leurs vêtement, sur leur barbe...

Et le journaliste compréhensif, essaie de traduire la pensée de Marine Le Pen. « Pense-t-elle qu'ils ont été islamisés pendant la détention ? » Et les voilà transformés de victime en suspects. Séance tenante. Doit-on les soumettre à la question ? Avant qu'ils aient eu le temps de respirer ?

 

Seraient-ils victimes du syndrome de Stockholm, comme d'autres otages ont pu l'être, que la question ne serait pas plus d'actualité. Pour le moment, la question est de permettre à ces hommes de revenir à une vie normale si c'est possible. De se reconstruire. Quelles que soient les conséquences de cette longue captivité.
Mais Marine Le Pen a cédé à sa passion anti-musulmane au moment où seule la compassion avait sa place. Sa nature profonde a resurgi.

 

Ce que le père qui ne voulait pas le pouvoir pouvait dire pour mobiliser les extrêmes derrière lui, Marine Le Pen qui croit arriver un jour au pouvoir ne peut le faire. La situation, par sa volonté a changé. C'est le sens de la dédiabolisation qu'elle a entreprise.

 

Ce que Marine Le Pen, ses partisans peuvent penser ou dire en privé, ils ne peuvent le dire en public. C'est pourquoi elle se désolidarise de ses partisans quand ils prennent des positions trop évidemment racistes, contre les arabes, les musulmans ou les juifs. C'est pourquoi Marine a dû désavouer les propos indécents de Madame.Le Pen. Ces propos contre des otages français que les Français ne pouvaient entendre à ce moment là.

Jean-François Copé qui lui court après a bien compris cela. Bonne occasion pour lui de .se démarquer. C'était le pont trop loin à ne pas franchir.

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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 23:24

 

La NSA s'occupe de tout

 

Pour avoir révélé – que les services d'espionnage espionnent – ce que tout le monde savait sauf les citoyens toujours trop confiants, un idéaliste étasunien s'est mis dans une situation impossible. Par la même occasion, il a obligé José Manuel Barroso, le président de la CE à risquer les prochaines fonctions espérées à l'ONU en comparant la NSA à la police politique d'un pays totalitaire : « Nous savons ce qui arrive quand l’État utilise ses pouvoirs pour s'introduire dans la vie des gens ».Alors qu'il a besoin de l'appui des États-Unis.

 

Certes, il y a de quoi être indigné de savoir que le portable d'Angela Merkel était sur écoute ou que 70 millions de données téléphoniques de Français sont enregistrées par mois... Nous ne pouvons que remercier Angela Merkel et François Hollande de bouder pendant quelque temps les négociations euro-atlantiques. Mais cela ne devrait pas gêner beaucoup les États-Unis qui, bien entendu, n'enregistraient pas les conversations entre les différents partenaires européens, tout occupés qu'ils étaient par l'écoute des Français...

 

Si l'épisode Merkel est le plus spectaculaire, ce n'est probablement pas le plus important : « Les morceaux de choix restent toutefois les entreprises stratégiques liées en particulier à la Défense, au spatial, à l'aéronautique mais aussi à la pharmacie et au pétrole... NSA... facilitées par l'aide active des sociétés US telles que Facebook et Microsoft. Il y a 15 ans déjà, la Compagnie Raytheon spécialisée dans les systèmes électroniques, avait ainsi raflé le marché de l'équipement en réseau du bassin amazonien à la surprise générale alors que le Français Thompson était favori... Les US avaient branché leur système d'écoute « Echelon » pour piéger les conversations entre négociateurs du Brésil et la maison mère à Paris (Le Figaro 22/10/13). A la même époque, Echelon a été mis en cause dans d'autres affaires : Airbus-Mc Donnel Douglas, vente d'avions à l'Arabie saoudite, interception de courriels européens dans les accord du GATT... Echelon était un réseau international auquel collaboraient les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie, et la Nouvelle Zélande. La plus grosse base extérieure aux États-Unis était au Royaume-Uni où travaillaient 2 000 personnes, dont 1 500 Étasuniens (Wikipedia).

 

Dans le nouvel épisode, il faut ajouter la collaboration public-privé : la complicité des grandes entreprises étasuniennes (Google, Facebook, Amazon, Apple, Twitter,etc) qui, par ailleurs, exploitent leurs données sans aucun contrôle possible des internautes (Libération 25/10/13) et paient le moins d'impôt possible en France et dans d'autres pays où leurs activités sont importantes en jouant de l'optimisation fiscale internationale : « Les stratégies fiscales de ces entreprises , les GAFA, (Google, Apple, Facebook, Amazon) sont sans doute les plus abouties, combinant différents outils pour permettre de loger dans des paradis fiscaux des bénéfices résultant de l’exploitation de données collectées dans le reste du monde (hors États-Unis) ». (Assemblée nationale 1243 Rapport d'information sur l'optimisation fiscale des entre prises dans un contexte international.

 

Il reste à attendre, après les mouvements de menton, les réactions des États européens (Allemagne en particulier) et de l'Union européenne. Et celles des internautes ?

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10 octobre 2013 4 10 /10 /octobre /2013 15:22

 

Les sondages de la souffrance


Deux élections nationales dans les 9 mois qui viennent. Quelle aubaine pour les instituts et les commentateurs. Entre concours de pronostics, fabrication et manipulation de l'opinion publique.

Le dernier sondage porte sur les intentions de vote lors des élections européennes, en sautant les élections municipales qui auraient permis des comparaisons intéressantes, et sacre le Front national en premier parti de France en devenir.

Ce résultat va titiller tous les bons esprits, politiques et sondagiers. Entraîner de nouveaux sondages. D’autres chiffres mériteraient pourtant plus d'attention, surtout des politiques. Mais ces chiffres ne sont pas spéculatifs, ils mesurent la situation réelle des Français : chômage, indice de pauvreté, conditions de logements...

Mais pourquoi s'intéresser à de tels chiffres ? Ils ont la pernicieuse manie de ne pas s'améliorer quel que soit le gouvernement. Depuis des années, les politiques affirment qu'il n'y a pas d'autre politique possible. Que de laisser les riches, les très riches devenir de plus en plus nombreux et de plus en plus riches et le nombre de pauvres augmenter. Curieusement comme le nombre d'abstentionnistes, de non inscrits sur les listes électorales, de personnes qui affirment qu'il ne sert à rien de voter.

Quoi d'étonnant à ce que ceux qui ont cru à tel ou tel parti de gouvernement se détournent d'eux et regardent vers ceux qui n'ont jamais été au pouvoir et qui promettent... Ils ont conservé encore une certaine croyance dans l'efficacité du vote... Plus que ceux qui s'abstiennent ou ne s'inscrivent même pas sur les listes électorales.

La montée du FN effraie plus que celle du chômage ou de la pauvreté.

Croit-on en traitant le FN de fasciste qu'on va le disqualifier ? Ou en faisant un « Front républicain » qui ne va que conforter l'image de « tous pareils ». Croit-on que c'est en organisant la confrontation entre pauvres qu'on va rallier les uns au dépens des autres ? Croit-on que la seule façon de traiter la souffrance des uns (les électeurs) c'est de l'orienter vers la détestation des autres (les Roms, les étrangers)... Quand la solution ne peut être que dans l'unité des pauvres, de tous les pauvres contre ceux qui ont le pouvoir réel. C'est beaucoup plus difficile que de faire une liste « front républicain ».

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22 septembre 2013 7 22 /09 /septembre /2013 13:38

 

Résignation, indignation... insurrection ?

 

« Le FMI a perdu la foi  en certaines idées» écrit Publico (Portugal) à la suite du rapport interne de la vénérable institution. Le FMI ne croit plus que « la consolidation fiscale peut avoir un effet expansionniste sur l'économie », « que plus vite le déficit est corrigé, mieux c'est », « que la consolidation fiscale doit se concentrer principalement sur les dépenses »...


Malheureusement, si le FMI a perdu la foi, ce n'est pas le cas des gouvernements de l'UE qui continuent à appliquer aux peuples ces conseils désormais désuets. Qui imposent l'austérité. Avec les conséquences que l'on sait en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Irlande.et ailleurs.


Les gouvernements dominants de l'UE, en accord avec le FMI ont appliqué, et continuent d'appliquer, cette politique avec des jugements péremptoires sur ces peuples irresponsables qui dépensaient sans compter, vivaient à ne rien faire, au dessus de leurs moyens. Et qu'il fallait punir.

Ils sont punis. Ils subissent la plus grande contre-réforme, la plus grande régression sociale depuis fort longtemps. Pendant ce temps, tout va très bien : la bourse monte ; les banques se portent bien ; .les riches sont toujours plus riches … et les pauvres toujours plus pauvres.


Les «conseilleurs hautement qualifiées », avec ou sans autocritique, continuent à conseiller avec leur haute qualification. Leurs salaires sont toujours aussi élevés. Ils n'ont pas été sanctionnés pour fautes graves, pour « violences ayant entraîne la mort sans intention de la donner »...

Il serait étonnant que dans son prochain rapport, le FMI prévoie indemnisation ou remboursement des peuples ! Et il est irresponsable devant les peuples.


Par contre, les peuples peuvent sanctionner les politiques au moment des élections. Quand ils l'ont fait, la nouvelle équipe a repris la question où l'ancienne l'avait laissée ! Quand ils ont rejeté cette politique par référendum, il n'en a pas été tenu compte.

 

Faudra-t-il, pour qu'ils se fassent entendre, que cesse la résignation, l’indignation pour passer à la révolte, à l'insurrection ?

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8 juillet 2013 1 08 /07 /juillet /2013 14:33

Delphine Batho a été licenciée pour avoir contesté publiquement le budget 2014 du ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie 12 mois après sa nomination. Cette conseillère de Ségolène Royal lors de sa candidature à la présidence de la République en 2007 et porte parole du candidat François Hollande en 2012, succédait à Nicole Bricq, conseillère de Ségolène Royal au ministère de l’Écologie en 1992-93 qui n'avait tenu qu'un mois au même ministère.

 

Cette agitation gouvernementale pourrait faire penser que François Hollande connaît quelques difficultés avec les femmes ministres.
A moins, comme le dit EELV, que ce ne soit avec l'écologie, ou comme l'a précisé Delphine Batho avec les groupes de pression. Nicole Bricq avait changé d’attribution ministérielle quelques jours après sa décision de suspendre tous les permis de forages exploratoires d'hydrocarbures au large de la Guyanne.

Le Monde avait attribué cette mutation aux pressions de l'Union française des industries pétrolières, de Shell, de Total et de Laurence Parisot, alors présidente du Medef, qui avaient appelé directement Premier ministre et président de la République.

 

Le départ de Nicole Bricq avait été relativement discret, il n'en est pas de même de celui de Delphine Batho. Elle a d'abord qualifié de «  mauvais  » le budget 2014 de son ministère, ce qui lui a valu d'être «  démissionnee  ». Elle a ensuite parlé de sa « déception à l'égard du gouvernement  » et du « tournant de la rigueur qui ne dit pas son nom et qui prépare la marche au pouvoir de l’extrême droite ».

Sur les questions écologiques, elle a mis en doute la volonté du gouvernement « de mener à bien la transition énergétique  » et affirmé : "Certaines puissances économiques n'acceptaient pas le niveau d'ambition que je fixais pour la transition énergétique", notamment sur la question du gaz de schiste et la réduction de la part du nucléaire en France. "Ces forces ne se sont pas cachées de vouloir ma tête, mais si le gouvernement avait été solidaire, elles n'y seraient pas parvenues". "C'est sur l'écologie que se concentre l'affrontement avec le monde de la finance et la politique d'austérité".

Delphine Batho est plus qu une lanceuse d'alerte, c'est une lanceuse de torpilles !

 

Qui plus est, elle met directement en cause le PDG de Vallourec et son épouse directrice de cabinet de François Hollande. Personne, dans la majorité ou dans l'opposition ou dans les médias, n'avait soulevé ce possible conflit d'intérêt !

 

Le changement d'attribution de Nicole Bricq et le limogeage de Delphine Batho traduisent un malaise qui dépasse largement la déception populaire, les imprécations de la Gauche de gauche ou la valse hésitation de EELV et même les différentes fractions de la gauche du PS pour atteindre les membres du gouvernement sur les questions écologiques et au delà. L'alerte ne vient pas de EELV, « retiens moi ou je vais faire un malheur  »... Mais de 2 ministres de l'écologie socialistes qui mettent en évidence la sensibilité de François Hollande aux « pressions amicales  » des groupes de pression industriels.
La nomination d'un troisième ministre de l'écologie en 13 mois, homme cette fois, va-t-elle changer les choses ? Il est impensable que le nouveau ministre, réputé écologiste sincère, se soit embarqué, dans cette aventure sans l'assurance, au plus haut niveau, que des décisions spectaculaires vont être prises à la rentrée : «  un été de la Saint Martin  » écologique ?

 

De cette histoire, encore une fois mal gérée par François Hollande, EELV pourrait tirer bénéfice d'une ou plusieurs décisions devenues indispensables à la suite des démissions en série de ministres socialistes.

Il ne fait pas de doute qu'EELV est en situation favorable pour faire pression. Les ministres EELV, n'ont obtenu, à ce jour, aucun arbitrage décisif sur les points importants qui justifieraient leur présence au gouvernement. Ils agitent en permanence une menace de démission, arme à un seul coup, toujours ajournée par la volonté de rester au gouvernement jusqu'à l’adoption d'une loi «  Duflot  » sur le logement.

Avec ou sans démissions, EELV pourra se flatter d'un succès qui ne serait pas le sien et démissionner pour protester contre l'insuffisance de ces premières mesures écologiques. La patience est enfin récompensée. Car une démission, aujourd'hui, serait catastrophique pour l'image du gouvernement.

 

Pour le gouvernement, l'urgence n'est pas le changement climatique mais le bouleversement électoral annoncé : municipales, sénatoriales, européennes de 2014. Dans cette optique, il est possible d'espérer quelques avantages collatéraux au point de vue écologique.

 

Seront-ils suffisants aux yeux des électeurs pour limiter la catastrophe électorale annoncée des uns et des autres ?

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13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 15:34

 

La France est un pays de guerre civile. Des réformes qui, ailleurs, peuvent être conduites dans une atmosphère consensuelle ou après des débats parlementaires, donnent lieu, ici, à des affrontements et des violences, heureusement, le plus souvent verbales. Mais qui peuvent conduire un pont trop loin...

C'est dans ce climat qu'est survenue la mort d'un jeune dans l'affrontement de deux groupuscules extrêmes. Que les politiques ont essayé d'utiliser, d'exacerber au lieu d'apaiser, d'établir les faits et les responsabilités.

Il s'agit d'un affrontement, violent, voulu violent, très violent, ce sont les coups qui ont tué, même s'il n'y avait pas volonté de tuer. Mais ce n'est pas le premier affrontement violent. Même si heureusement, tous les affrontements violents ne se terminent pas par un mort.

 

 

Les responsables politiques qui connaissent le sens des mots, qui ont parlé d'assassinat, font, consciemment, de la surenchère. Un assassinat est un homicide volontaire commis avec préméditation.
Dans les faits, tels qu'ils sont rapportés, il s'agit, ironie noire de l'histoire et victoire de la société de consommation, de deux groupes marginaux, aux mêmes goûts vestimentaires mais aux options politiques opposées, qui se rencontrent dans une vente de vêtements de marque.
Aux invectives succède l'affrontement. Mortel. Il ne semble pas qu'il y ait là guet-apens, volonté de tuer, préméditation.

Mais il y a un mort. Dans un climat de violence verbale qui perdure depuis quelques mois autour du « mariage pour tous » et de la « manifestation pour tous ». Les groupes d'extrême droite se sont fait les dents dans les manifestations. Cette fois, ils ont mordu, très fort. Trop fort.

 

 

Bien sûr, « manifestation pour tous » n'est pas directement responsable de cette mort. Même si certaine avait annoncé du sang. Même si certains ont parlé de dictature ou ont avancé des comparaisons douteuses, la dernière avec Oradour sur Glane !!

 

 

Les partisans du « mariage pour tous » devraient se poser la question, et essayer d'y répondre : pourquoi le mariage de personnes de même sexe, qui peut paraître banal, qui est approuvé par une large majorité des Français, d'après les sondages, pourquoi ce qui ne devrait être que la suite du Pacs, admis maintenant par tous, entraîne des résistances aussi extrêmes. Est-ce seulement le « catholicisme zombie » (Emmanuel Todd) ?
Il est nécessaire de mieux comprendre pour convaincre.

 

 

Dans la droite, il y a des partisans déclarés, rares, du mariage, il y a de vrais opposants mais aussi des opportunistes comme Copé à la tête des manifestants pour ne pas se couper de l'extrême droite et de la droite extrême ; Copé qui déclare, après avoir manifesté, que, personnellement, il n'est pas opposé au «  mariage pour tous » pour ne pas se couper du centre.
C'est là qu'on voit le dangereux monde politique binaire. Ici comme pour le droit de vote des résidents étrangers, il est contre parce que les autres sont pour. D'où l'incapacité à conduire des réformes bipartisanes auxquelles la majorité des Français sont favorables.

 

 

Restent les liens de cette extrême droite violente avec les partis de droite.
L'extrême droite est une part de la droite. Comme l'extrême gauche est une part de la gauche. Nombreux sont ceux qui ont fait le coup de poing d'un coté ou de l'autre dans leur jeunesse et qui ont rejoint le centre droit ou gauche, c'est selon.

Mais le lien entre extrême droite et droite n'est pas seulement histoire individuelle. De plus en plus, les frontières sont floues. A l'UMP, il y a ceux qui disent la même chose que le FN pour séduire ses électeurs et ceux qui disent la même chose pour faire l'union. Au FN, il y a ceux qui ont abandonné, plus ou moins sincèrement, l'extrémisme – la dédiabolisation – pour arriver au pouvoir avec l'accord de la droite. Tout en maintenant des liens avec l'extrême droite violente.

Cette dédiabolisation, apparente ou réelle, libère un espace encore plus à droite pour les groupuscules violents. Qui n'attendent que les circonstances favorables pour réapparaître. La «  manifestations pour tous » a été cette occasion.
Il y en aura d'autres.

 


L'interdiction des groupuscules d'extrême droite est peut-être nécessaire. Elle ne suffira pas à régler la question s'il n'y a pas une bataille politique.

 

Pas seulement contre l'extrême droite. Car le passage de la loi à l'Assemblée nationale a été l'occasion, au delà de divers actes de violence contre le homosexuels, de dérapages verbaux inacceptables par la droite, «  modérée ? ».


Pas seulement en France. Car l'échec de la même politique conduite par les gouvernements de gauche et de droite en Europe, entraîne dans de nombreux pays, faute de solutions de rechange identifiables, la montée des populismes, des replis identitaires.

 

 

Beaucoup pensent les batailles impossibles au niveau économique et social et le trop plein de désespoir, de colère, se concentre sur les questions de société.

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