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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 10:01

A propos du terrorisme endogène, un éditorial récent de Libération* citait Albert Camus : « Le terrorisme ne mûrit pas tout seul. Il faut le fruit amer des humiliations accumulées par une population marginalisée  ». (Note en fin d'article)

 


Malheureusement après cet excellent diagnostic emprunté, l'éditorialiste ne propose pas une remède souverain. S'il évite de faire référence au « kärcher  » envisagé naguère contre la «  racaille  », il se contente de proposer : « A nos sociétés, aux communautés musulmanes de convaincre ceux qui s'en sentent exclus que la violence au nom d'une religion dévoyée est une impasse personnelle et un suicide politique ». Si on ose cette transposition hasardeuse, il propose après le sabre sarkozien le goupillon.


 

Est-ce plus efficace ? Il aurait du auparavant méditer la parole non d'un philosophe mais d'un maître du football parisien** : « On peut sortir un garçon de Rosengård mais on ne peut pas sortir Rosengård d'un garçon  ». Car on peut gagner des millions et être encore prisonnier du quartier de son enfance.


 

Contre l'accumulation des humiliations, contre la marginalisation de populations, le prêche sociétal ou religieux sera-t-il suffisant pour ramener la tranquillité. Car ce n'est pas le sentiment d'exclusion qu'il faut combattre mais l'exclusion elle même ! Ce n'est pas seulement les actes de violences qu'il faut traiter mais les situations de violence. Et c'est bien plus difficile.


 

Ce qui gène la sphère des compétents, ce n'est pas l'impasse personnelle et le suicide politique dont tout le monde se moque bien. Mais la révolte qu'il génère. Que comptent les dizaines de milliers d'humiliés, de marginalisés, silencieux et pacifiques, eux aussi enfermés dans des impasses sans aucun avenir politique ? Les petites mains dans les ateliers asiatiques ? Les suicides physiques sur les lieux de travail de ceux qui n'en peuvent plus ?

Les actes de violence contre le autres ou contre soi-même sont intolérables. Les situations de violence sont elles bien tolérées par ceux qui n'en soufrent pas ou même qui en vivent. Ce sont les politiques qui attaquent toutes les sociétés européennes, y compris le paradis social-démocrate suédois, et bien au delà, qu'il faut combattre.


 

La révolte individuelle des « terroristes endogènes  » de Londres ou de Paris, viennent s'ajouter aux révoltes des banlieues suédoises, britanniques ou françaises et aux révoltes populaires grecques, portugaises, italiennes, françaises pour crier, qu'il n'y a qu'une solution à ces révoltes multiformes : TINA : changer de cap, maintenant !

 

Note : Un ami lecteur me signale un article et des référeces sur Camus à partir du texte de cette citation

http://bonheurdelire.over-blog.com/article-le-terrorisme-vu-par-albert-camus-56459055.html.

 

 

 

* TINA, « there is no alternative », « il n'y a pas d'autre choix », attribué à Margaret Thatcher et repris par tous les compétents de la planète.

** Libération, 29/05/13

*** Rosengård , quartier populaire de Malmö. Zlatan Ibrahimovic CI 30/05-05/06/13.


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22 mai 2013 3 22 /05 /mai /2013 21:00

 

 

La loi sur l'ouverture du mariage aux homosexuels a été votée sans problème au Parlement, le gouvernement disposait d'une large majorité. Mais une minorité d'opposants a réussi à multiplier les manifestations de rue plus ou moins spectaculaires.

 

Descendre dans la rue n'est pas dans la tradition de la droite, même si l'extrême droite.... Ainsi à « Manifestation » de Wikipedia, on trouve, pour la droite de 1971 à aujourd'hui, seulement les « manifestations pour tous » de mai 2013 et la grande manifestation du 24 juin 1984 « pour la défense de l'école privée » contre le projet de loi d'Alain Savary pour un « grand service public unifié et laïc de l'éducation nationale »

 

Toutes les autres - à l'exception de celles du 1er mai 2002 contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle et du 14 mai 1990 contre la profanation du cimetière de juif de Carpentras qui peuvent être considérées comme bipartisanes - toutes les autres (25) ont eu lieu à l’initiative d'organisations de gauche, associatives, syndicales ou partisanes, sur des thèmes de gauche : « indignés », retraites, emploi, pouvoir d'achat, CPE, Sécurité sociale, financement de l'école privée, sidérurgie ; nucléaire, avortement...

 

Les « manifestations pour tous » ont essayé de retourner des images, des valeurs, des mots de gauche. « Mariage pour tous » n'était pas juste (il n'est pas question d'imposer le mariage à quiconque mais d'étendre le droit au mariage). Et « manifestations pour tous » reprenait cette forme mais n'était en réalité que la descente dans la rue de personnes qui découvraient ce type d'action souvent critiquées chez les autres et auxquelles elles ont toujours eu droit. Elles reprenaient des images et des mots de la Révolution que bien des participants détestent : bonnet phrygien, appels contre la dictature, pour la démocratie alors qu'elles s'élevaient contre des mesures approuvées par la majorité des électeurs et qu'approuvaient une large majorité de sondés.

 

Les deux manifestations de droite de 1984 et de 2013 ont un point commun : un engagement remarqué de la hiérarchie catholique mais plus important en 2013. Qui a légitimé ces manifestations.

En 1984, la hiérarchie catholique défendait un important moyen d'influence à travers les établissements qu'elle gérait au nom de la « liberté » de l'enseignement. En 2013, elle s'oppose à un « droit-liberté », l'extension du droit au mariage pour les personnes de même sexe. Cette loi porte sur le mariage civil, ne lui enlève rien et ne l'engage en rien.

 

Le Danemark a été le premier pays à permettre aux couples homosexuels une union civile (1989). Les couples homosexuels peuvent adopter et ont obtenu le droit de faire bénir ce «partenariat enregistré» à l’Église. La nouvelle loi, qui entrera en vigueur le 15 juin, leur donne droit à une véritable cérémonie rituelle religieuse (Libération 07/06/12).
Le 1er avril 2009, la Suède a voté une loi autorisant le mariage homosexuel. C'est le premier pays qui a inclus dans la législation l'obligation du mariage religieux pour les homosexuels. Les pasteurs ont le droit de refuser mais l'Église luthérienne (religion majoritaire du pays) a l'obligation de trouver un pasteur pour procéder au mariage homosexuel (Wikipedia).

 

En France, l’Église a dû accepter, en son temps, de perdre l'état civil et d'être seconde dans le mariage. Il ne dérogeait pas à sa vision même si tous les nouveaux mariés ne demandaient pas obligatoirement son sacrement ou sa bénédiction...

Elle aurait pu accepter le mariage homosexuel que personne ne lui demandait de « sacrer » ou de « bénir », ce à quoi elle arrivera peut-être un jour suivant l'exemple des protestants, pour lesquels le mariage n'est pas un sacrement. Les pasteurs bénissent un mariage.

 

Dans son argumentation contre le mariage civil des homosexuels, l’Église appuie son opposition sur le « but » du mariage, la procréation, et la préoccupation de l'avenir des enfants. Mais pour faire des enfants, il n'a jamais été nécessaire d'être marié... et les enfants sont de plus en plus conçus en dehors du mariage : 54,8 % des naissances ont eu lieu hors mariage en 2010. Même si l’Église réprouve, elle n'a plus de pouvoir sur ces conceptions hors mariage, y compris d'ailleurs parmi ses ouailles. D'autre part, le mariage n'est pas interdit par la hiérarchie catholique aux couples catholiques, dont la procréation ne peut être la finalité pour des raisons physiologiques (âge) ou pathologiques (stérilité...).

Il n'en reste pas moins qu'en avançant la question des enfants et l’Église et la droite espéraient toucher bien au delà de leur clientèle habituelle. Ce qui ne semble pas avoir été le cas quand on regarde les résultats des sondages malgré toutes les manifestations et prises de position.

 

L'enfant étant considéré comme «  un don de Dieu », l’Église est opposée à la procréation médicalement assistée (PMA), à l’insémination artificielle. Mais en France, chaque année, « près de 50 000 enfants naissent grâce aux techniques de procréation médicalement assisté » Dans 6 % des cas, la PMA fait appel à des spermatozoïdes, des ovocytes ou des embryons issus d’un don : l'enfant n'est plus le fruit d'un père et d'une mère au sens traditionnel, fruit de la relation sexuelle d'un couple marié. Libre aux catholiques de respecter ces préceptes, sans les imposer aux autres. Quant aux familles..., le famillles monoparentales étaient au nombre de 2 263 100 soit 8,2% en 2009... Et les familles recomposées...

Depuis longtemps, on annonce la destruction de la famille par le divorce, la contraception, l'avortement... Le mariage des homosexuels peut plutôt être considéré comme une nouvelle forme de famille surtout avec le droit à l'adoption et à la PMA !

 

Dans cette bataille contre le mariage homosexuel, parmi les religions de France, la hiérarchie catholique est la seule à s'être engagée aussi fortement. Pourtant, elle n'a pas été la seule à prendre position contre. Quelquefois dans des termes tout aussi excessifs, comme ceux de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF). Le cardinal Philippe Barbarin a vu derrière « le droit au mariage pour tous » l'inceste ou la polygamie. Pour l'UOIF, il pourrait légitimer « la zoophilie, la polyandrie au nom du sacro-saint amour »...

Les prises de position des autres religions sont restées plus discrètes. Un front des intégristes religieux ne s'est pas constitué. Seul lerecteur de la grande mosquée de Lyon a appelé les fidèles musulmans à rejoindre la manifestation anti-mariage pour tous.
Les autres se sont abstenus.
Par difficulté à se situer, à manifester aux cotés de la droite extrême française ? Par un positionnement différent dans la société française ?

 

Ceux qui se disent les champions de la laïcité - depuis peu et quand il est question de l'islam – ont oublié ces jours-ci que la laïcité, c'est la séparation de l’Église et de l’État.

C'est la laïcité qui permet de légiférer sur le mariage civil en fonction de l'évolution de la société, sans toucher au mariage religieux.

C'est la laïcité qui exclut pour le clergé l'obligation de bénir ou marier les homosexuels comme en Suède ou au Danemark.

C'est la laïcité qui exclut aussi toute prétention des Églises à légiférer pour l'ensemble de la population même si elles peuvent donner des lignes de conduite à leurs fidèles.

 

La laïcité, c'est la séparation des Églises et de l’État. Chacun maître chez soi.

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9 mai 2013 4 09 /05 /mai /2013 18:06

 

Cette question ne se pose pas dans les mêmes termes au niveaux externe et interne.

 

Ces derniers jours, la politique économique européenne amorce un léger virage avec deux décisions attendues qui n'impliquent pas un changement profond mais qui n'en sont pas moins significatives.

 

Alors que la Commission européenne prévoit une contraction de 0,4% des économies de la zone euro en 2013, Mario Draghi a déclaré : « Dans ce contexte d’austérité, la lutte pour arriver à des décisions communes a eu un impact négatif sur les sentiments du marché. Mais désormais nous sommes arrivés à un point où l’Union monétaire, pour survivre, a besoin d’un pacte de croissance parallèlement au pacte fiscal bien connu »(Euronews 06/05/13). Et logiquement, il a ramené le taux de la BCE de 0,75 à 0, 50%.

C'est bien un signe en faveur de la relance mais sera-t-elle vraiment favorisée  ? Cela dépend des banques. Car la BCE ne prête pas aux États mais aux banques et la question n'est pas le coût de l'argent ou le manque de liquidités mais leur faible propension à jouer leur rôle et à utiliser leurs fonds pour répondre aux besoins des acteurs économiques, individus ou entreprises.

 

De son coté la CE a reculé la date à laquelle certains pays, dont la France, devraient être rentrés dans les clous et revenir en deçà des fameux 3% de déficit. Mais pouvait-elle faire autrement quand 23 des 27 pays de l'Union ne pourront pas respecter le pacte de stabilité en 2013 (Politis 02/05/13) ? Quand la France a reconnu qu'elle n'arriverait pas à ce résultat cette année ?

 

Il est vraisemblable que ces mesures ont bénéficié du tacite accord allemand traduisant une évolution discrète qui ne peut être assumée publiquement à 5 mois des élections. En tout cas, on n'a pas entendu de véhémente protestation de Berlin bien que Angela Merkel ait déclaré quelques jours auparavant que pour l'Allemagne le taux devrait être augmenté (Les Echos 27/04/13). Autre et récente évolution : le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble pourrait s'engager en faveur d'une mise en œuvre de l'Union bancaire sans demander une révision des traités comme il le faisait jusque là pour la différer (Les Échos 07/05/13).

 

Il semble que gouvernements et institutions européennes approchent d'un accord, lentement comme d'habitude, après l'élection allemande probablement. Pour tous, politique de rigueur et croissance sont indispensables. Pour l'Allemagne de Merkel, primauté de la diminution du coût du travail, des dépenses sociales. Pour la France de Hollande, éviter aux peuples l’accentuation d'une insupportable austérité, la rigueur n'étant possible qu'avec une reprise économique. Sans laquelle, la situation risque de devenir explosive et, en ce sens, les protestations sociales en France et dans les différents pays européens sont un appui indirect à François Hollande.

 

Les mesures de la BCE et de la CE, une certaine reprise avec baisse du chômage aux États-Unis et l'espoir d'un assouplissement du gouvernement allemand, dès aujourd'hui et peut-être plus demain quel que soit le résultat des élections, peuvent encourager François Hollande à persévérer dans sa politique de « tension amicale ».

 

Le choix de la « tension amicale », plutôt que de l'affrontement, au niveau européen peut s'expliquer par le tempérament de François Hollande et par l'appréciation du rapport de forces. Il y a un an, seul le gouvernement français a changé de majorité et les promesses du candidat n’engageaient pas les autres chefs d’État et de gouvernement. Même si la politique suivie jusque là n’entraînait pas d'amélioration et enfonçait les États « aidés » dans la crise et les peuples dans la souffrance.
Le rapport de forces entre gouvernements n'avait pas changé. Il n'est pas le même au niveau mondial avec les positions plus favorables à la relance du FMI ou des États-Unis, les gouvernements même de droite confrontés à des situations intenables, la colère des peuples... renforcent la position de Hollande. Face à l'entêtement idéologique de la droite allemande de Merkel

 

Mais le temps presse et Hollande ne peut rester les bras croisés en se satisfaisant des réformes qu'il a réussies à faire admettre et des évolutions lentes. Car la baisse du taux de la BCE, même judicieusement utilisée par les banques, la reprise aux États-Unis, même si elle se confirme, n'auront pas d'effet immédiat sur l'économie française et européenne. Ni sur le chômage et le niveau de vie. Des mesures sont nécessaires au niveau de l'économie nationale. Et plus encore de la politique nationale pour redonner l'espoir.

 

La politique de « tension amicale » a-t-elle le même avenir au niveau national. Rien n'est moins sûr. Pour le moment, elle a fait descendre dans la rue et la droite de droite et la gauche de gauche. On peut croire que, la loi sur le droit au mariage pour tous votée, la mobilisation va être plus difficile à maintenir.

Il n'est pas sûr que le compromis entre le Medef et les syndicats réformistes se traduise par une reprise rapide. Le gouvernement ne peut guère compter sur l'activité affichée des ministres de l'économie sociale et solidaire, du logement, du redressement productif pour faire patienter ceux qui se sentent abandonnés, trompés...

 

Le rapport de forces pouvait faire espérer un plus grand respect des promesses électorales. Car la gauche n'a jamais eu autant de pouvoir institutionnel en France. Le parti socialiste détient la majorité absolue, à lui seul, à l'Assemblée nationale, et avec ses alliés au Sénat. Il dirige la presque totalité des régions. Seules limites à son pouvoir, Il ne dispose pas, même avec l'aide de ses alliés, de la majorité qualifiée pour modifier la Constitution.
Rien ne l'empêche cependant de mener, par la loi, les réformes qu'il estime nécessaires et de tenir les promesses du candidat Hollande.

 

Toutes les promesses ne peuvent être tenues le lendemain de l'élection : quelques unes l'ont été durant la première année de gouvernement dont la plus bruyante a été le droit au mariage pour tous mais le gouvernement n'a pas profité de son immense pouvoir pour entreprendre les réformes fondamentales qui, sans être socialistes, auraient donné tout son sens à un gouvernement de gauche.

 

Ce qui est le plus inquiétant, c'est de voir avec quelle rapidité, François Hollande a reculé devant les groupes de pression. Exemples.

 

François Hollande affirmait « mon ennemi c'est la finance », « Je séparerai les activités des banques utiles à l’investissement de leurs opérations spéculatives ». Il a rapidement battu en retraite face aux banques. Cette réforme a été abandonnée. Certains s'en réjouissent ouvertement : « Le fantôme de Franklin Roosevelt étant devenu le guide de l’opinion publique, il est heureux que la guerre déclarée aux banques par le candidat Hollande se limite aux apparences, et que la réforme proposée par le gouvernement soit essentiellement inexistante » (Atlantico 08/02/13).

 

Dans la foulée,François Hollande qui voulait « faire payer les riches » a certes modifié la loi sur l'ISF qui n'est pas la loi la plus adaptée pour cela mais a annoncé une augmentation de la TVA, « sociale » et injuste sous Sarkozy et juste et socialiste sous Hollande ? Mais il a abandonné « la mère » des réformes, la réforme fiscale dont on pouvait penser qu'elle était toute prête dans les cartons du candidat. Elle avait été bien préparée par un petit livre remarquable « Pour une révolution fiscale »* paru il y a quelques années. Elle a été abandonnée.

 

François Hollande voulait lutter contre les inégalités et avait retenu le droit de vote des résidents étrangers non communautaires. Ce projet a été abandonné, faut de majorité « constitutionnelle ».

Mais pour lutter « contre le "délit de faciès "dans les contrôles d’identité par une procédure respectueuse des citoyens », il disposait d'une large majorité. Il a cependant reculé dans « la mise en place d'un système de récépissé remis lors des contrôles de police, » annoncé par le Premier ministre et rapidement retiré à la demande de la police et de son ministre ! Pourtant, les expériences menées au Royaume-Uni, en Espagne et en Hongrie ont entraîné une diminution des discriminations et une plus grande efficacité des contrôles !



Si au niveau européen, François Hollande peut avoir le bénéfice du doute, au niveau national, sa « souplesse » malgré sa majorité au Parlement, lui a fait abandonner des réformes importantes.

Reste maintenant pour le gouvernement et le patronat, pas brillants jusqu'ici, à promouvoir une nouvelle politique industrielle et commerciale qui respecte et favorise la transition énergétique. Mais ceci est une autre histoire..

 

 

* Pour une révolution fiscale Camille Landais, Thomas Picketty, Emmanuel Saez http://www.revolution-fiscale.fr/Pour_une_revolution_fiscale.pdf

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21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 21:54

 

La période est chaude qui va du Grand mensonge de Cahuzac au déballage « offshore leaks » en passant par Chypre du Paradis (fiscal) à l'enfer (social). Mais, tout en pensant à ceux qui paient ou vont payer les pots cassés, la période a quelque chose de réjouissant dans l'étalage de turpitudes, soupçonnées mais inconnues du citoyen de base, qui s'étalent aujourd'hui sur la place publique.

 

I

 

Ainsi publier le patrimoine des élus en début et en fin de mandat et, pourquoi pas en cours de mandat, transformerait le citoyen en voyeur et jetterait la suspicion sur tous les élus. Pour éviter suspicion et voyeurisme, les parlementaires sont prêts à se convertir au voile pudique pour tous.
Ne dévoilant rien, les élus étaient-ils au dessus de tout soupçon ? On aurait pu espérer que les Parlementaires démocrates, profitant de l'occasion, étendent l'obligation de transparence bien au delà des seuls parlementaires ou même des seuls élus.

 

Ainsi, de façon tout aussi inattendue, de nombreux parlementaires sont devenus de fermes adeptes de la doctrine sarkozienne, « travailler plus pour gagner plus » et défendent le cumul des mandats. Mais ils reçoivent un salaire plein pour leur mandat parlementaire auquel ils ne se consacrent pas à plein temps. Ils devraient déposer une proposition de loi pour que tous les travailleurs à temps partiel reçoivent aussi un salaire de temps plein.


Certains pensent « 
travailler plus pour travailler mieux » et affirment que cumuler les mandats ou pratiquer une autre profession permet d'être plus efficace dans le travail législatif. Façon peu élégante de suggérer que ceux qui se consacrent à plein temps à leur rôle de député ou de sénateur ne peuvent le faire correctement.

De plus, interdire certaine ou tout autre activité professionnelle diminuerait la représentativité socioprofessionnelle des parlementaires... certainement pas des catégories déjà absentes à l'Assemblée nationale : pas d'ouvrier, 1 employé, 1artisan.

 

Championne du cumul des mandats et du taux de parlementaires exerçant simultanément une autre profession, la France doit avoir le meilleur Parlement du monde. Oublions les suspicions de conflit d'intérêt.

 

Le travail de représentant du peuple, de législateur, est assez important pour que les parlementaires s'y consacrent à plein temps, ce qui diminuerait, peut-être, l'absentéisme parlementaire et leur permettrait, dans le temps éventuellement libre, de faire acte pédagogique et démocratique en se consacrant davantage aux électeurs en dehors des périodes électorales.

 

Si l'affaire Cahuzac aboutissait à limiter le cumul des mandats, leur renouvellement perpétuel dans le temps et l'exercice d'une autre profession en cours de mandat, peut-être faudrait-il dire, « Merci M. Cahuzac ».

Dans le cas contraire, les minauderies effarouchées des décideurs qui renâclent devant l'obstacle, auront démontré que le corporatisme, ici parlementaire, est un grand obstacle aux réformes en France.

 

II

 

La crise chypriote aura des répercussions sur la population de l'île, au niveau de l'emploi, des revenus... ce qui est souvent mis en avant actuellement pour critiquer les solutions choisies. Quelles qu'elles soient, la population en sera la victime collatérale. Certains s'en aperçoivent aujourd'hui. Mais les critères du traité de Maastricht, des agences de notation, de la troïka... ne concernent jamais le taux de chômage, le niveau de vie, le nombre de pauvres ou les inégalités dans un pays. La souffrance des peuples qui peut être la conséquence de la souffrance des banques ou de leur prospérité ou des politiques gouvernementales, n'entre pas en ligne de compte.

 

Plusieurs mesures, inattendues, préconisées par la troïka, ont particulièrement retenu l'attention, même si des doutes subsistent quant au redressement de la situation de Chypre.

 

Que letaux d'imposition des sociétés passe de 10% à 12,5%, ne fait qu'aligner la fiscalité de Chypre sur le moins disant fiscal, l'Irlande, et n'égratigne même pas le dumping fiscal au sein de la zone euro.

 

Que quelques milliards d'euros soient prélevés sur les comptes supérieurs à 100 000 euros ne fera pas pleurer dans les chaumières même si cela n'a été possible que parce que ces comptes appartiennent essentiellement à des exilés fiscaux russes. Il reste à espérer que ce bon exemple sera suivi quand les oligarques n'auront pas comme marqueur d'être russes. Et que la prochaine fois, les actionnaires seront aussi sollicités, plutôt que les contribuables.

 

La troïka exige aussi une réduction de moitié de la taille du secteur bancaire, hypertrophié, par rapport au PIB mais n'en fait pas une norme européenne qui pourrait gêner d'autres États de la zone.

 

La société de Nikos Anastasiadis, le président chypriote, juriste de métier, s'occuperait des intérêts du monde russe des affaires. Cela expliquerait sa volonté de voir tous les dépôts bancaires imposés de façon à limiter les prélèvements à 9% pour ceux supérieurs à 100 000 euros. Du danger pour les politiques d'exercer une autre profession qui risque de faire oublier et l'intérêt général et l'intérêt des électeurs...

 

III

 

Parallèlement à ces « incidents locaux », les documents publiés par le Consortium international de journalistes d'investigation et ses 2,5 millions de fichiers montrent que paradis fiscaux et optimisation fiscale sont des sports internationaux.

Favorisée par la mondialisation financière et économique, cette fuite fiscale ferait échapper entre un tiers et un cinquième de l'argent mondial à l'impôt (Libération 15/04/13), au moment où les besoins des États deviennent de plus en plus importants dans cette période de crise.

 

Les États-Unis ont commencé à réagir avec a loi Facta qui impose aux banques des pays étrangers de dévoiler les comptes non déclarés de leurs clients sous peine de perdre l’accès au marché des États-Unis. Cette loi inspire les gouvernements de l'UE qui se proposent, à l’initiative de l'Allemagne, la France, l'Italie, le Royaume-Uni, l'Espagne, « d'échanger entre eux, puis avec les autres pays européens y compris le Luxembourg, les mêmes informations fiscales que celles exigées par les États-Unis au titre de la loi Facta ».


A Washington, les 20 plus importantes économies de la planète , en présence exceptionnelle de la Suisse, ont décidé à l'unanimité d'organiser «l'échange automatique d'information» (Le Figaro 20/04/13).


Bien sûr, il ne faut pas se faire trop d'illusions mais le moment est favorable pour une avancée. En sachant que dans le jeu du gendarme et du voleur, le voleur a toujours un temps d'avance.

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7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 18:58

 


 

Ce qui vient de se passer à Chypre - qui n'est probablement pas terminé - est riche d'informations jusque là ignorées du citoyen mais bien connues des décideurs même s'ils n'en ont pas tenu compte quand il aurait fallu.

Il est difficile de savoir, à partir de ces informations ou de ces fuites, qui fait quoi, qui est responsable de quoi... Tout au plus, peut-on entrevoir la partie qui se joue entre institutions banques et oligarques.

 

Chypre, avec 0,17% de la population de l'UE et 0,14% de son PIB, a mis – met ? - l'UE, l'euro en danger. Le secteur tertiaire contribue à plus de 80% du PIB de l'île et emploie 76,7% de sa population active. Le tourisme, l'immobilier et le transport maritime sont considérés comme les piliers de l'économie, avec les services financiers.

 

L'immobilier est une activité que les banques ont favorisée, profitant d'un certain laxisme de la banque centrale nationale qui, par ses prêts, alimente une bulle immobilière locale.

Chypre possède la dixième plus grande flotte de transport maritime du monde et la troisième en Europe, grâce à des entreprises à capital étranger basées dans l'île pour bénéficier d'avantages financiers importants mais dont les activités sont en dehors de l'île.

 

Ces accueillants services financiers qui emploient 18 000 personnes, soit 5% de la population active et contribuent pour 30% au PIB, ne se contentent pas de soutenir l'immobilier et le transport maritime.

Avec l'euro, une législation accommodante, des taux très intéressants, pouvant aller jusqu'à 9,5%, un impôt sur les sociétés à 10 %, le plus faible de la zone euro, ce qui favorise « l'implantation » de sociétés (270 000 domiciliées dans l'île, 2 fois plus qu'à l'adhésion à l'UE en 2004), Chypre est un paradis fiscal.

 

On parle beaucoup des oligarques russes. Ils ne devaient pas être le seuls à profiter de la clémence chypriote.Selon les données de la BCE, à la fin 2012, les dépôts étrangers constituaient 30 % des dépôts totaux : quelquefois d'origine douteuse, ces dépôts s'élevaient à plus de 7 fois la richesse nationale. En 2010, le bilan des banques représentait même 896 % du PIB du pays ! Seul en Europe, le Luxembourg fait plus avec des banques représentant plus de 2000 % de son PIB (HT://alternatives-economiques.fr/blogs/vauplane/2013/03/17/taxation-des-depots-a-chypre-les-cles-pour-comprendre/).

En 2004, l'UE a admis Chypresans problème, en même temps que l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie... Mieux, Chypre a pu adopter l'euro en 2008 car "le pays respectait tous les critères de Maastricht, en termes de déficit, de dette et d'inflation".S'il en est de même avec les autres pays ayant adopté l'euro ou adhéré à l'UE, lequel de ces pays sera la prochaine bombe respectueuse des critères ?

 

Les banques chypriotes ont souffert de la dégradation du remboursement de leurs crédits, des économies en récession et des pertes sur la dette publique grecque dont la restructuration leur a coûté plus de 4 milliards d'euros. De plus, depuis quelque temps, elles ont connu une baisse des dépôts de certains clients avertis dont la confiance dans le système bancaire chypriote a faibli... Plus de 130 entreprises auraient sorti un total de 700 millions d'euros de Chypre vers l'étranger avant la taxation (01/04/13 Eurotopics).

 

La crise

Chypre avait besoin de 17 milliards d'euros. Membre de l’UE et de la zone euro, elle ne pouvait utiliser les mêmes armes que l’Islande : dévaluation, blocage des changes... (Hubert de VauplaneAlter éco Lettre d'information 21/03/13).

Les 2 principales banques (Bank of Cyprus et Laïki) ont une taille supérieure à la richesse nationale. La troïka n'a pu faire comme en Irlande, imposer au gouvernement – donc au contribuable - d'assumer les pertes de ces banques ! L'Irlande n'avait alors qu'une très faible dette publique (25% du PIB) qui a bondi à 80% du PIB… Le même traitement aurait fait passer la dette de Chypre de 87% à 150% du PIB montant explosif et ingérable (Thomas Coutrot Politis 04/04/13). Ce qui aurait mis Chypre dans la même situation que la Grèce ! L'idée était de la limiter la dette à 100% du PIB à l'horizon 2020.

 

La troïka s'est engagée à fournir 10 milliards d'euros, le gouvernement chypriote devant trouver le reste en ponctionnant les dépôts bancaires. Pour la première fois depuis le début de la crise de la zone euro, les épargnants seraient mis à contribution. Pour les dépôts inférieurs à 100 000 euros, avec une taxe de 6,75 %, et de 9,9 % pour les dépôts supérieurs.
Le gouvernement chypriote a tenu à taxer l’ensemble des épargnants alors que Berlin acceptait que seuls ceux détenant plus de 100 000 euros soient concernés, a déclaré Wolfgang Schäuble. Selon le Financial Times, Nicosie refusait de taxer à plus de 10 % les gros dépôts, de peur de voir les investisseurs quitter le pays. Ou peut-être parce quela société de Nikos Anastasiadis, le président chypriote, s'occupait des intérêts d'affaires russes, entre autres ? (CI 21-27/03/13).

Ce plan a déclenché l'indignation des Chypriotes et une ruée vers les distributeurs de billets pour retirer le maximum d'argent en espèces avant le blocage des comptes. Finalement, ce premier plan a été refusé par le parlement chypriote.

 

Pour la première fois, la BCE a adressé un ultimatum (communiqué du 21 mars) obligeant Chypre a accepter le plan sous peine de voir la ligne de crédit aux banques supprimée ce qui aurait conduit, probablement, à sortir de l'euro ! Unnouveau plan a, alors, été adopté qui ne touche pas les dépôts inférieurs à 100 000 euros. Les comptes des deux plus grandes banques du pays, dépassant 100 000 euros, sont gelés. La première (Bank of Cyprus, 18,5 milliards d'euros de dépôts) doit être restructurée et la seconde (Laïki, 9,2 milliards) liquidée. Des calculs sont en cours pour déterminer l'ampleur de la ponction prévue sur les dépôts à la Bank of Cyprus, qui a été fixée pour l'instant à 37,5 % mais pourrait aller jusqu'à 60 % (Le Monde 30/03/13).

 

Le nouveau chef de l'Eurogroupe a parlé d'une sorte « d'impôt sur la fortune » et « précisément ciblé sur les non-résidents ». L'objectif  : faire payer les oligarques russes, épargner les oligarques européens et les actionnaires des banques européennes...

Le nouveau plan, restructurant les deux principales banques, permet d'éviter un vote au Parlement. Une entorse de plus à la démocratie... de peur que, malgré tout, Chypre ne soit tentée par le modèle islandais ?

 

Ponctionner les dépôts bancaires diminue la confiance dans la sécurité des fonds, pas seulement de ceux dépassant 100 000 euros ! Même au pays d'Angela Merkel : 54 % des Allemands ne font pas - ou plus - confiance aux promesses de la chancelièrequant à la garantie de leurs dépôts bancaires. Contre 41 %. qui s'y fient. 62 % des sondés se font du souci pour l'avenir de leur épargne. Le quotidien berlinois Tagesspiegel résume : «Pourquoi en effet ce qui a failli se passer à Chypre, la taxation des dépôts au dessous de 100 000 euros, ne reviendrait pas à l'ordre du jour dans quelque autre pays de la zone euro un jour prochain» (27/03/13).



Mais la troïka a d'autres exigences :

  • Un meilleur échange d'informations entre administrations fiscales et une enquête sur le blanchiment d'argent (Libération 25/03/13).

     

  • Le taux d’Impôt sur les sociétés doit passer de 10 à 12,5 %. Ce genre de mesures n'avait pu être obtenue de l’Irlande.

  • Le pays s’engage à ramener, d'ici 2018, la taille de son système bancaire vers la moyenne européenne (350 % du PIB), soit un changement important de modèle bancaire.

  • Les autorités chypriotes mettront en place une restriction des mouvements de capitaux, notamment étrangers, pour éviter leur fuite. Surtout celle de capitaux russes et britanniques placés à des taux très intéressants.

  • Les discussions doivent continuer avec la Russie sur l'extension d'un prêt de 2,5 milliards d'euros accordé en 2011 et qui doit venir à échéance en 2016 (JDD 25/03/13).

  • La taxation des intérêts du capital passera de 15 à 30%.

  • L’UE, la BCE et le FMI donnent désormais à Chypre jusqu’à 2017 pour atteindre un excédent primaire (hors paiement des intérêts de la dette) de 4 % du PIB, au lieu de 2016.

  • Les Chypriotes connaîtront aussi un cortège de sacrifices : gel des salaires et pensions jusqu’en 2016, hausses d’impôts, report de 65 à 67 ans de l’âge de la retraite.

  • En plus, la fermeture de la Laiki Bank menace 2 300 emplois locaux (Libération 26/03/13).

Bien entendu, le président de la République a annoncé un plan de croissance : dégrèvements fiscaux pour les bénéfices des entreprises réinvestis sur place, plus grandes facilités de paiement et meilleurs taux d’intérêt sur les emprunts (EurActiv.fr 02/04/13). Et l'archevêque orthodoxe de Chypre, Chrysostome II, a déclaré qu'il était prêt à mettre à disposition tout le patrimoine des églises et des cloîtres de Chypre pour préserver l’État de la faillite (Biziday Eurotopics 21/03/13).

 

Jusque là, lors des crises dans les autres pays de l'UE, la BCE et les gouvernements européens ont veillé à ce que les dépôts bancaires restent sûrs, ne soient pas touchés. Ils craignaient des retraits massifs dans les banques européennes. La taxation des dépôts supérieurs à 100 000 euros risque de provoquer une fuite des capitaux vers l’Allemagne, la Suisse, le Luxembourg et un effondrement d'une économie, trop dépendante de ses banques.
Aujourd'hui, la BCE surveille particulièrement la situation à Athènes, Madrid, Lisbonne, Dublin, Rome, craignant que le précédent chypriote ne crée un mouvement de panique... (Washington Post/Courrier international 21-27/03/13).

 

Les Russes paieront !

Le gouvernement britannique compensera le préjudice des 3 500 militaires et employés de la base militaire de l’Île (Courrier international 21-27/03/13). Ce sont les russes qui sont les grands perdants de ce plan, leurs banques sont largement exposées à Chypre et certains estiment qu’elles pourraient perdre près de 20 milliards €.

Pour la correspondante de Die Welt à Bruxelles, l’UE est arrivée à ses fins : Chypre se maintient dans la zone euro et le plan ne touche ni les petits épargnants chypriotes, ni les contribuables européens. Cet accord pourrait servir de modèle pour les prochaines crises bancaires malgré le: risque de contagion aux banques « saines » et les dommages importants sur l’économie chypriote (EurActiv.fr 26/03/13).

 

La descente aux enfers de Chypre s'est terminée au dépens des Russes, c'est ainsi qu'est résumé le sentiment général par le Komsomolskaïa Pravda qui rappelle que c'est dans la Bank of Cyprus que sont concentrés les principaux avoirs russes  - une banque dont le principal actionnaire est un oligarque russe (Courrier international 28/03-03/04/13).

C'est peut-être pour cela que sentant venir le danger, Gazprom aurait proposé de financer la restructuration du secteur bancaire chypriote en contrepartie de l'octroi de droits pour l'exploitation du gaz chypriote. L'entreprise a démenti... Pour le Diario de Noticias, on a atteint le point où un groupe propose de racheter un État de l'UE... Le danger consiste à perdre les conquêtes de la démocratie, de sorte que nous ne soyons plus dirigés que par une entreprise unique et gigantesque (Eurotopics 19/03/13).

Peut-être aussi parce que Chypre a des relations particulières avec la Russie. Les armes russes à destination de Bachar El-Assad sont passées par Chypre, en pleine présidence chypriote de l'UE qui avait décidé d'un embargo sur les armes à destination de la Syrie (Publico CI 21-27/03/13).
L'île est le premier investisseur en Russie (elle-même premier investisseur étranger à Chypre). La part des investissements chypriotes sur l'ensemble des investissements directs étrangers en Russie est de 28%, fin 2011 soit 129 sur les 456 milliards de dollars.

Plus de la moitié des flux d'IDE vers la Russie ont pour origine des pays à fiscalité attractive. Cela signifie qu'une grande partie des flux entrant en Russie sont en réalité des investissements réalisés par des sociétés russes (CI 21-27/03/13). L'argent des oligarques russes revient blanchi dans son pays d'origine.



On peut se réjouir qu'un paradis fiscal et qui mieux est « européen » fasse les frais de la crise. Malheureusement, les Chypriotes vont en subir les dommages collatéraux. Mais quelle que soit la solution, islandaise, irlandaise ou chypriote, le peuple paie toujours plus que sa part.

La question des paradis fiscaux, y compris européens, est loin d'être réglée. Maltepointe sa candidature à la succession de façon alléchante : «Vous hésitez à installer votre société à Chypre ? Venez à Malte, 5% de taxe seulement !» : publicité qui s’affiche sur Internet après avoir tapé les mots «Cyprus» «Malta» et «offshore» dans un moteur de recherche (Libération 25/03/13). Elle n'est pas la seule.
Pour ceux qui recherchent un paradis européen, le choix est largement ouvert : le Luxembourg, membre fondateur de l'UE, membre fondateur de l'euro... avec des dépôts qui
se montent à 227 milliards d’euros, pour un PIB de seulement 44 milliards. Et Andorre, l'île de Man, l'Irlande, Jersey, Liechtenstein, Monaco, Saint-Marin, la Suisse… mais aussi de grands pays, la Grande-Bretagne (Libération 25/03/13 ). Tous les requins ne sont pas aux îles Caïman !

Mais il n'y a de marchands de drogue que parce qu'il y a des consommateurs et les banques françaises (comme BNP-Paris Bas et le Crédit agricole) ne manquent pas d'appétit pour le paradis financiers sous le regard bienveillant des États.

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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 23:36

 

«Les États n'ont pas d'amis mais des intérêts» aurait dit le général de Gaulle. C'est en ayant cette idée à l'esprit qu'il faut juger les interventions extérieures des États. Ou les non interventions. Et il faudrait aussi préciser, des intérêts «réels ou supposés».


 

En tout cas, cela incite à ne pas prendre pour argent comptant François Hollande quand il justifie (11/01/13) l'intervention de la France en disant qu'il s'agissait « non pas de ses intérêts fondamentaux mais des droits d’une population, celle du Mali, qui veut vivre libre et dans la démocratie ». Ce n'est pas exactement ce que dit Jean-Marc Ayrault : «Aujourd’hui, nous sommes engagés dans une démarche qui vise à défendre les intérêts de la France et à protéger la France».(AN 16/01/13).


 

Si la France doit intervenir chaque fois que les «droits d'une population» sont atteints, elle aura fort à faire de la Palestine... à la Corée du nord en passant par l'Arabie saoudite. Mais peut-être est-ce cette volonté de défendre tout le monde qui explique que « Depuis l’indépendance des pays africains, la France est intervenue une soixantaine de fois» ? (http://blogs.mediapart.fr/blog/antoine-montpellier/190113/mali-la-france-est-la-source-des-problemes-elle-ne-peut-etre-la).



Il ne faut cependant pas faire porter la responsabilité de toute les interventions extérieures de la France à François Hollande mais, au delà de l'urgence, juger sur pièce plus que sur parole. Pour le moment, ce qui frappe, ce n'est pas le changement mais la continuité.


Le président (Sarkozy) déclarait en 2008 : "La France n'a pas vocation à maintenir définitivement des forces armées en Afrique. L'Afrique doit prendre en charge les problèmes de sécurité". Et en juin 2010, à Nice, lors du sommet Afrique-France, il assurait que "les soldats de la France" n'avaient "pas vocation à s'ingérer dans les affaires intérieures de la Côte d'Ivoire".
Quelque temps plus tard, oubliant ces déclarations, il faisait entre en action la force Licorne, sous le mandat de l'Onu, pour destituer Laurent Gbagbo.


Le président (Hollande) déclarait en octobre 2012 : "Le temps de la Françafrique est révolu : il y a la France, il y a l'Afrique, il y a le partenariat entre la France et l'Afrique, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité". M. Hollande a ajouté qu'il comptait bien refermer la longue parenthèse des réseaux d'influence (Le Monde 12/10/12).
Le 11 janvier,
«La France, à la demande du président du Mali et dans le respect de la Charte des Nations unies, s’est engagée pour appuyer l’armée malienne face à l’agression terroriste qui menace toute l’Afrique de l’Ouest... préparer le déploiement d’une force d’intervention africaine pour permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité... que les moyens utilisés par la France soient strictement limités par rapport à cet objectif... protéger nos ressortissants... Je rappelle que la France dans cette opération ne poursuit aucun intérêt particulier... (12/01/13).

 


Passons sur le fait que la protection des ressortissants français, on parle de milliers de personnes, ne soit pas un intérêt particulier pour la France ! Passons sur les discussions autour de la légitimité du gouvernement malien, issu de et mis en question , par un putsch militaire...

 


Pour empêcher l'arrivée des djihadistes à Bamako, inutile de compter sur les troupes de la CEDEAO ou autres contingents de l'ONU ! Les discussions sur une telle intervention traînaient depuis longtemps : «Je rappelle qu’une opération militaire est envisagée depuis avril 2011 ; j’ai en souvenir les déclarations du ministre de la défense en août 2012. J’ai surtout en souvenir le discours du Président de la République le 25 septembre à la tribune des Nations Unies où il évoque un soutien aérien et logistique à une initiative africaine.» (Intervention d'Hervé Morin à l'AN, 16/01/13).

La France faisait pression en faveur d'une intervention et le secrétaire de l'ONU et Romano Prodi l'annonçaient pour l'automne. Après cette information «téléphonée», il n'est pas étonnant que les djihadistes en aient tiré la conclusion logique de ne pas attendre pour lancer leurs troupes vers Bamako !

 


En quelques jours, les déclarations françaises ont beaucoup évolué ! Passant d'un soutien logistique à un appui au sol de l'armée malienne et finalement à un engagement sur le terrain, diplomatiquement, «aux cotés de l'armée malienne»... L'intervention visant à cantonner les djihadistes dans le nord, puis à les repousser, enfin à ne pas tolérer de poches de résistance et à les détruire.
Vérités successives, diplomatiques ou prises de conscience progressives des difficultés de l'entreprise...

 


« Heureux quand ils arrivent, heureux quand ils partent» (un ami parlant de ses enfants et petits enfants...)
Si les choses durent, l
'armée française, accueillie en libératrice à Bamako, risque d'être perçue comme une troupe d'occupation. Pas seulement au nord. Bienvenue en raison des «liens privilégiés», sa présence deviendra «néocolonialiste». Il peut en être de même, avec des mots différents, pour les troupes de la CEDEAO.

 


La réoccupation militaire du nord ne résoudra pas tous les problèmes. La question de l'indépendance ou de l'autonomie de l'Azawad, question posée depuis des dizaines d'années et non résolue malgré plusieurs accords...
En1957, les Touaregs refusaient d'être rattachés à l'ouest-africain et voulaient être intégrés au Sahara français. Ils se révoltèrent à plusieurs reprises en1963-1964, avec une sévère répression qui a laissé des traces. Nouvelle révolte en 1990-1996, puis dans les années 2000. Des accords ont été signés en 1990, 1991, 2006. Puis les Touaregs engagés en Libye sont rentrés, après la chute de Kadhafi, avec armes et bagages et le MNLA (mouvement national de libération de l'Azawad), hostile aux djhadistes, a mis en déroute l'armée malienne et proclamée l'indépendance de l'Azawad jusqu'à l'intervention des djihadistes.


A cet irrédentisme touareg, s'ajoute la présence de djihadistes dont certains sont étrangers, l'AQMI (Al Qaeda au Maghreb Islamique) et le MUJAO (Mouvement pour l'unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest) et d'autres touaregs (Ansar eddine).

 

 

L'Algérie a entamé des négociations pour séparer AQMI et le MUJAO du MNLA et Ansar Eddine (islamistes de l'Azawad). Ce sont ces derniers qui semblent avoir pris l'offensive vers le sud.

L'Algérie a combattu férocement les islamistes sur son territoire, ils se sont implantés dans l'Azawad (AQMI). L'Algérie affiche non interventionnisme absolu à l'extérieur et intransigeance absolue à l'intérieur avec les islamistes, la dernière prise d'otage le confirme. Finalement les djihadistes se sont partagés le travail : Ansar Eddine au sud, l'AQMI au nord !

 


Comment va se passer «l'occupation» du nord par des troupes maliennes ou étrangères, arrivées dans les fourgons de l'armée française et suspectant toutes les populations touaregs de solidarité avec les djihadistes. Les «libérateurs»vont avoir quelques difficultés à faire le tri. "Être arabe, touareg ou habillé de façon traditionnelle, pour quelqu'un qui n'est pas de Sévaré, cela suffit à le faire disparaître",(Express 21/01/13). Des plaintes contre les exactions de l'armée malienne existent déjà ! L'armée française va-t-elle rester inerte devant les éventuels écarts de comportement de ces troupes ou va-t-elle les «contrôler» ? A quel titre ?

 


L'engagement particulier de la France peut être qualifié de colonialiste ou post colonialiste car il repose sur un passé et des accords particuliers avec le Mali et la présence de troupes dans divers pays africains qui ont permis une intervention rapide.
Mais nul autre pays ne s'est précipité avec ses avions ou des troupes aéroportées... Cette non intervention est tout aussi intéressée que l'intervention française. Si celle-ci perdure, s'ensable, d'autres auront conservé leur innocence et seront prêts à prendre le relais politique et économique...

 


De toute façon, ou la France intervenait et elle était immédiatement soupçonnée de néocolonialisme y compris de ceux qui affirment que c'est à elle d'intervenir, ou elle n'intervenait pas et elle aurait été comptable des exactions des djihadistes et accusée de laxisme, de faiblesse, de trahison.

 


Restent les vraies questions, graves questions. Pourquoi le Mali, le peuple malien, son gouvernement, son armée sont dans un tel état.? Comment sera le Mali au départ des troupes françaises. Et les institutions, gouvernement, armée ? Et la démocratie ? Dans quel état sera la population civile ? Dans quelle situation seront les personnes déplacées ?.

Le Mali fait partie des pays les moins avancés. La France, le FMI ont une responsabilité dans l'effondrement de l'Etat malien avec les ajustements structurels qui l'ont mis à genoux. Un important pourcentage de la population vit sous le seuil de pauvreté soit 36,1 % (2005). Cette année là, à l'indice de développement humain, le Mali était classé 173e sur 177 pays. Il fait partie de 48 pays les moins avancés dont 33 sont en Afrique et 12 sont d'anciennes colonies françaises !

 


Il n'est pas sûr que les pays de la CEDEAO appelés à intervenir soient dans une situation bien meilleure ! La corruption à grande échelle n'est pas une spécificité malienne.
Dans la région, 18 millions de personnes souffrent de la faim, le désert s'étend et les jeunes, de plus en plus nombreux, n'ont pas de perspectives d'emplois. Les djihadistes n'en sont que plus séduisants. Mais même si on les chasse, on n'aura pas résolu les problèmes de l'Afrique occidentale. Un engagement plus durable sera nécessaire. Avec une politique commerciale plus équitable.
La France continue à extraire l'uranium d'Afrique occidentale à des prix dérisoires pour son industrie nucléaire, comme le ferait une ancienne puissance coloniale. (14/01/13
Tages-Anzeiger – Suisse).

 


L'armée malienne a montré son inexistence, chassée en quelques semaines du nord par le MLNA, lui même mis militairement hors jeu par les djihadistes. Concernant l'armée malienne, le Times écrit : «L'un des résultats les plus alarmants de l'épisode malien est que la plupart des soldats entraînés par les États-Unis sont, dit-on, restés dans leurs baraquements ou ont déserté pour rejoindre les islamistes»(cité par CI 14-30/01/13). Petit air de déjà entendu : parmi les djihadistes qui viennent de connaître une certaine célébrité, écho de l’Afghanistan, M. Belmokhtar y a acquis son entraînement alors que les États-Unis armaient les moudjahidines (Financial times Revue de presse de l'ambassade française à Londres 18/01/13).

 


Il est à craindre qu'une victoire militaire des Français au nord-Mali, sans solution politique dans l'Azawad et à Bamako, ne résolve pas les problèmes et soit à l'origine d'une dissémination des djihadistes dans l'ensemble du Sahel.

 


L'intervention au Mali a d'autres effets. Le soutien appuyé de Hollande à Bouteflika lors de son voyage en Algérie dépasse probablement la volonté de rapprochement des peuples. Soutien à un pouvoir qui a essayé de négocier avec Ansar eddine au Mali ? Contre l'armée, fer de lance contre les djihadistes ? Des craquements se font entendre entre Bouteflika et les militaires à propos d'In Amenas. Contre le peuple avec lequel la communication de Bouteflika est totalement absente ? Contre un peuple qui n'aime pas les djihadistes mais qui voit d'un mauvais oeil la France tentée par ses vieux démons coloniaux ?

 


Reste la question de la françafrique. Qui n'existe plus bien sûr. Mais les troupes africaines déployées au Mali viennent « du Bénin, du Nigéria, du Sénégal, du Togo, et du Burkina. Les autres se « préparent » à se déployer au Mali. Ainsi au Niger voisin, un bataillon est cantonné à Oualam, prêt à intervenir, avec les renforts tchadiens qui arrivent petit à petit. 400 militaires tchadiens seraient maintenant au Niger, sur les 2 000 prévus pour les opérations. Enfin, la Côte d'Ivoire promet elle aussi de participer avec un bataillon de 500 hommes...» (Rfi.fr 23/01/13). Si ce n'est pas une forme de Françafrique, cela lui ressemble beaucoup.

 


Si la France est si engagée dans l'aventure malienne, c'est parce qu'elle est l'ancienne puissance coloniale, avec des alliances d'État à État, des allégeances de chef de gouvernement souvent peu démocratiques, des troupes positionnées, des intérêts économiques et politiques. La motivation humanitaire et démocratique peut exister. Elle n'est pas suffisante pour justifier son intervention.

Elle permet de satisfaire l'orgueil national. Les djihadistes commettaient des crimes insupportables. Les troupes françaises sont bien accueillies. Faut -il croire que les autres pays européens sont pas aussi démocrates que la France, et leurs peuples aussi généreux que le peuple français ?

 


Il est évident que l'on est complètement désarmé devant la question : Alors, il fallait laisser faire ? Si on pose la question aux Français, c'est parce que la France a des responsabilités particulières par suite de son passé colonial et de ses relations néo-coloniales avec une partie de l'Afrique. Elle n'est pas posée de la même façon aux autres Européens.


Mais si des individus peuvent s'engager pour des raisons humanitaires, démocratiques. Les États ne le font que parce qu'ils ont des intérêts qu'ils accompagnent de justifications propres à entraîner l'adhésion des peuples. Pour lever le soupçon, il faut que le séjour militaire soit le plus bref possible suivi d'un soutien efficace  au pays.

 

Ajout  le 29/01/13 à 08h30  :  A noter, dans cette guerre très médiatisée, le peu d'informations sur les nombre de morts et de blessés qu'ils soient djihadistes, militaires de différentes nationalités ou appartiennent à la population civile. Il n'en sera pas toujours de même. D'autant qu'après le repli sans vraiment combattre des djihadistes, viendra le temps des coups de main.

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17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 15:53

 

 

Une question est souvent posée : comment se fait-il que ce qui a été possible entre la France et l'Allemagne, la réconciliation quelques années après la fin de la guerre, ne soit pas possible entre la France et l'Algérie, 50 ans après son indépendance. Des différences, substantielles peuvent expliquer cette difficulté à réaliser un souhait, pourtant partagé par de nombreuses personnes de part et d'autre de la Méditerranée.


Il a fallu 80 ans et trois guerres entre la France et l'Allemagne pour en arriver là ! La première, en 1870, a servi à construire l'unité de la Prusse et des États allemands et s'est terminée par la chute de l'Empire, la défaite de la France, l'amputation de son territoire. Et la volonté de revanche et de restauration de son intégrité territoriale. Ce qui fut obtenu par la guerre de 14-18, Première guerre mondiale. Dont les conséquences seront utilisées par Hitler pour reconstituer la puissance de l'Allemagne et laver l'humiliation. Avec une Seconde guerre mondiale.


En 1945, la France, sûre d'elle-même, bénéficiant de l'habileté gaullienne qui l'avait maintenue, malgré sa défaite, dans le camp des démocraties victorieuses, se croyait encore une grande puissance, apparemment forte de son empire colonial dont l'Algérie.

Sortie du conflit écrasée, déplacée et divisée, l'Allemagne risquait de disparaître en tant qu’État. Difficile de rêver de grandeur, de puissance au décours de l'aventure nazie avec ses millions de morts et sa barbarie. Rares étaient en Allemagne ceux qui pouvaient se dire indemnes de toute responsabilité.


Mais la sagesse a prévalu. L'idée d'une unité européenne, déjà caressée dans l'entre deux guerres, a pu à nouveau être envisagée. Sous la pression directe des États-Unis et indirecte de l'Union soviétique. Sans mettre en question l'identité de l'Allemange et de la France, sans réanimer les nationalismes concurrents et éventuellement conflictuels.

Cette réconciliation s'est déroulée presque à chaud et, au minimum, en dehors des peuples. Il reste à savoir si, les forces reconstituées, cette unité, cet équilibre perdurera devant les nouvelles difficultés, en dehors d'une véritable menace extérieure. Alors que s'éloigne, pour les peuples, le souvenir des atrocités et, pour les politiques, celui des responsabilités.


Pour les Français, l'Algérie est une vieille histoire dont ils ne savent rien, hors la présentation officielle qui en a toujours masqué le « système  profondément  injuste et brutal : la colonisation. Et... les souffrances que la France a infligées au peuple algérien» dont a parlé François Hollande lors de son voyage en Algérie.
Pour ceux qui ont participé au « maintien de l'ordre », c'est un mauvais souvenir enfoui, dont il ne faut pas parler. Une contrainte, une mauvaise parenthèse dans la vie.
Quant aux « rapatriés » et aux « harkis », ils se sont sentis trahis par le pouvoir politique et n'ont pas été accueillis comme ils auraient dû l'être. Pour nombre d'entre eux et leurs descendants, le passé demeure entre nostalgie et douleur.


Un gros travail de dénazification a été entrepris en Allemagne. En France, il n'y a pas eu de travail de « décolonialisation », ni de « Commission de la vérité et de la réconciliation » comme en Afrique du sud après l'apartheid. Une fois de plus, l’État, par l'amnistie, a caché l'inacceptable sous le tapis tandis que ce passé devenait fonds de commerce politique et l'instrument de sabotage face à toute tentative de réconciliation par l'extrême droite, encouragée par des hommages rendus plus ou moins officiellement à des « héros » au passé discutable.


Le 17 octobre, François Hollande a fait un premier pas dans la reconnaissance des violences infligées au peuple algérien. Il a continué lors de son voyage en Algérie. Certains pensent que c'est insuffisant. Qu'il est bien tard. Il a fallu cinquante ans pour reconnaître le rôle de la France dans les rafles contre les juifs durant la seconde guerre mondiale. Cinquante ans pour la que la France reconnaisse l’injustice et les massacres de la colonisation.

Si comme le dit un politique algérien, « les équilibres internes dans l’État français » ont limité sa liberté de parole, François Hollande, avant d'être président de la République, a été secrétaire national du PS pendant 11 ans (1997-2008)... A quel moment, a-t-il officiellement désavoué le rôle de la SFIO et de certains de ses membres en Algérie comme Robert Lacoste (1) par exemple ?


L'occupation française a duré 132 ans et l'Algérie, comme État moderne, est née d'une guerre meurtrière de 7 ans contre la France. Guerre qui légitime, encore 50 ans après, le pouvoir en place.

Ces 132 années et la guerre ont profondément traumatisé la société algérienne dans tous les domaines et à tous les niveaux économique, social, culturel... L’Algérie de 1962 n'est pas l’Algérie de 1830 retrouvée, elle est une Algérie nouvelle bouleversée par une présence étrangère imposée et de longue durée, par une histoire volens, nolens partagée... notamment par la partie de ses ressortissants qui ont combattu avec la France, ont travaillé ou travaillent en France ou qui en rêvent même si la vie de ceux qui y sont n'est pas ce qu'elle devrait être.

Si l'indépendance a fait naître l’enthousiasme, 50 années plus tard elle laisse encore beaucoup d'insatisfaction. Il suffit de lire la presse algérienne dont la liberté d'expression est remarquable !


François Hollande venait de naître (1954) quand Abdelaziz Bouteflika rejoignait le FLN (1957). Il avait 14 ans quand, Bouteflika signait les accords franco-algériens de 1968 ! Quand le premier adhère au PS, le second est ministre d’État. Président de la République algérienne depuis 1999, Bouteflika se prépare pour un nouveau mandat ; Hollande a été élu récemment, 3ème président de la République française reçu par le président Bouteflika.

Les deux hommes sont bien différents, et leur histoire, leur rapport à l'Histoire. L'un, nouveau président pressé par le temps, affiche sa volonté d'engager un redressement économique et social difficile au sein de l'Union européenne tout en développant de profitables relations économiques et politiques. L'autre après 14 ans de présidence, dernier héritier de la légitimité révolutionnaire, affaibli par la maladie, ne semble plus avoir de projet que son maintien au pouvoir et la distribution de la rente pétrolière.

 

Pour qu'il y ait réconciliation, il faut une volonté politique affirmé clairement de part et d'autre. Si on a entendu les propos de Fançois Hollande, salués ou critiqués, d'un coté ou de l'autre, tous les observateurs ont été frappés par le silence du président Bouteflika.

 

Au point que, à plusieurs reprises, c'est François Hollande qui semble avoir parlé à sa place !

"Je ne viens pas ici, puisque ça n'est ni ce qui m'est demandé, ni ce que je veux faire, pour faire repentance ou excuse", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Mais le président Bouteflika qui disait le 18 mai 2006, qu’ « il est aujourd'hui de notre devoir envers le peuple algérien et les chouhada (martyrs), de réclamer des excuses officielles de la part d'une nation dont la devise révolutionnaire a de tout temps été liberté, égalité, fraternité » n'a rien dit. A-t-il renoncé ? L'Algérie a-t-elle renoncé ?

Toujours le président Hollande, à propos des moines de Tibhirine : «J'en ai parlé avec le président Bouteflika, ce sujet fait partie de la sensibilité qui est forte compte tenu de la tragédie, il m'a dit qu'il avait donné toutes les instructions autant qu'il est possible, à la justice d'aller au bout de l'enquête.»

Et encore, «J'ai invité le président Bouteflika à venir en France au moment où il sera possible pour lui de le faire, il pourra s'adresser aussi à la France. Moi, je m'adresse aujourd'hui aux deux, pour dire que je suis lucide sur le passé, mais pour dire surtout que je suis désireux de faire avancer les deux pays, donner un nouvel élan.»
"Ce que je veux définir avec l'Algérie, c'est un partenariat stratégique d'égal à égal et qui permette d'entrer dans un nouvel âge", après un entretien avec son homologue Abdelaziz Bouteflika. Les deux hommes ont signé une déclaration commune "un partenariat exemplaire et ambitieux"


Mais pour qu'il y ait un nouvel élan, un partenariat stratégique d'égal à égal, exemplaire et ambitieux, il y faut un engagement des deux côtés. Il faut un projet politique commun. Bouteflika est-il décidé à partager un projet politique avec la France ? Est-il prêt à le porter ?

Pour expliquer son silence, il a dit attendre que son « peuple s'exprime sur le sujet ! » Mais, coincé entre les affairistes et son passé, le président a-t-il encore un projet politique pour son pays ?

Faute de quoi, une fois de plus, ces grandes déclarations, ces bonnes intentions n'iront pas plus loin que, comme les fois précédentes, un communiqué commun, quelques affaires propres à satisfaire les amis des uns ou des autres. Le tout sombrant dans la routine des affaires.

En attendant la prochaine élection présidentielle ? Ici ou là-bas ?

 

 

 

(1) : Robert Lacoste fut un des principaux acteurs de la répression du peuple algerien durant la guerre d'Algérie. Pour cela, il n'hésita pas à défendre l'usage de la torture par l'armée française et la police, en déclarant par exemple le 7 juillet 1957 à Alger devant des anciens combattants : « sont responsables de la résurgence du terrorisme, qui a fait à Alger, ces jours derniers, vingt morts et cinquante blessés, les exhibitionnistes du cœur et de l'intelligence qui montèrent la campagne contre les tortures. Je les voue à votre mépris. ». Il n'a jamais été exclu de la SFIO ou du PS. Wikipedia


Commentaire de A.M.

 
L'article analyse et pose clairement le problème des deux réconciliations : l'une en marche et l'autre en panne.
J'ajoute simplement les éléments de réflexion suivants :

   
- la réconciliation franco-allemande est désormais insérée dans la coopération et l'intégration européennes ; elle est devenue un processus multilatéral dont elle est le moteur, mais en tenant compte des autres partenaires. Cela est important par comparaison au projet franco-algérien qui est enfermé dans le bilatéral avec toutes les passions et contradictions que cela comporte. Certes, il y des projets multilatéraux comme l' Euro-Méditerranée ou les "5 +5" (Méditerranée occidentale) ; mais, outre qu'ils sont embryonnaires, ils ne peuvent pas jouer le même rôle que le projet européen;
     - il y a aussi le problème de savoir sur quel type de projet global pourrait s'articuler une réconciliation entre la France et l'Algérie. J'avoue ne pas en voir. Il y a en revanche des projets sectoriels intéressants, mais qui ne sont pas porteurs de la même espérance, comme tu le signales au demeurant ;
    - je me demande aussi dans quelle mesure les valeurs socio-culturelles, très largement partagées entre la France et l'Allemagne,  ne sont pas devenues des obstacles pour tout projet global entre l'Algérie d'aujourd'hui (de plus en plus arabisée et islamisée) et la France (laïque et démocratique).

En somme en parlant de réconciliation franco-algérienne, le problème est à la fois de savoir dans quel contexte et comment y parvenir – ce que l’article montre fort bien -et ce que l’on peut mettre intellectuellement et concrètement dedans pour l'avenir, ce qui est à peine esquissé. (A.M.)







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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 19:13

 

 

La bataille pour ou contre le droit au « mariage pour tous » fait rage. Un premier article, montrait les changements importants de comportement dans la population française.

Cette question peut aussi être appréciée en regardant l’évolution des pratiques au sommet du monde politique dont, depuis longtemps, « la vie privée est une affaire publique ».

 

Il y a quelques dizaines d'années, quand on supputait les chances pour un homme politique de devenir président de la République, les non mariés étaient pratiquement exclus des pronostics. Quant à imaginer une femme présidente... C'était sous la IV° République, les présidents inauguraient les chrysanthèmes et n'étaient pas élus au suffrage universel mais par le Congrès.

 

Les choses ont bien changé. La société est devenue beaucoup plus tolérante aux mœurs des présidents et des candidats et le rôle des femmes de présidents, non codifié par la Constitution, varient suivant les couples présidentiels.

 

Elle est loin l'époque où, Madame Yvonne de Gaulle, épouse effacée du général-président, veillait à ce que l'on tienne à l'écart de l’Élysée les personnes divorcées ou coupables d'adultère.

 

Le couple présidentiel Pompidou a continué dans la dignité gaullienne. Mais Madame Claude Pompidou s'est faite ambassadrice de la Haute-couture française, ce qui lui a valu des critiques et quelques surnoms (Madame de Pompidour, Marie-Antoinette, Reine Claude). Par ailleurs, elle a créé et présidé pendant plus de 30 ans la Fondation Claude Pompidou, d'aide aux personnes âgées, aux malades hospitalisés et aux enfants handicapés.

 

« Tante Yvonne » n'a pu interdire l’Élysée à Giscard d'Estaingqui l'avait contrainte à le quitter et qui avait un comportement moins orthodoxe que ses prédécesseurs, si on en croit les rumeurs : la plus célèbre est celle du « laitier ».


Madame Anne-Aymone Giscard d'Estaing a eu une activité de bienfaisance en organisant, chaque année, une prestigieuse soirée au château de Versailles, au profit de la Fondation pour l'enfance, qu'elle a créée. Elle a été la première à assurer un certain rôle politique en accompagnant ou remplaçant le président. Elle a même servi d'interprète lors d'un discours présidentiel devant le couple royal espagnol et présenté ses vœux aux Français, à la télévision.

 

 

 

Avec le couple François et Danielle Mitterrand, les choses prennent une nouvelle dimension. Au delà des multiples histoires et rumeurs qui accompagnent sa longue vie politique, il est bien connu que François Mitterrand aimait les femmes, comme on dit. Mais en plus, avant d'être président et pendant son double septennat, il a mené une double vie et a eu une fille « adultérine », longtemps cachées et révélées publiquement a la fin du second septennat !

 

 

Dans ce couple, Madame Danielle Mitterrand n'est pas seulement l'épouse de... Son engagement politique, au sens fort du terme, commence dans la Résistance alors qu'elle n'avait que 17 ans. C'est d'ailleurs dans cette activité qu'elle fait la connaissance du futur président. Activité politique qu'elle a continué sa vie durant, avant, pendant et après le passage de son mari à l’Élysée.

Elle n'a pas, comme celles qui l'ont précédée, créé une fondation de bienfaisance mais, très ancrée à gauche, la Fondation France-Libertés Danielle Mitterrand, en 1986, qu'elle a présidée jusqu'à sa mort et qui s'intéressait à de multiples questions politiques. Pas toujours en accord avec la politique de la présidence dont elle a su se servir, son activité a fait grincer pas mal de dents aussi bien au niveau de la politique intérieure que de la politique extérieure : soutien de Fidel Castro, des zapatistes mexicains, du peuple tibétain, des sahraouis, des kurdes, des indiens d'Amérique latine, lutte contre l'apartheid...

 

Par ailleurs, si l'un a navigué entre deux foyers et de multiples ports secondaires, l'autre a vécu avec son amant au domicile conjugal.

 

Finalement, un couple moderne ? Ou bourgeois traditionnel ? L'enterrement de François Mitterrand, où est apparue une forme de famille recomposée, ne peut cependant être classé dans cette catégorie.

 

 

 

Avec Jacques Chirac, retour vers un comportement plus traditionnel : de multiples aventures quelquefois dangereuses quand Jacques Chirac envisage un divorce pour épouser une journaliste du Figaro. Ce sont les pressions de Marie-France Garaud et de Pierre Juillet – conseillers gaullistes, tendance Tante Yvonne ? - qui l'ont convaincu que les Français ne voudraient jamais élire un divorcé à la présidence de la République. Peut-être une juste appréciation de l'état de l'opinion publique en 1976 mais Jacques Chirac n'a été candidat et élu qu'en 1994.
Entre-temps, bien des hommes politiques de premier plan ont divorcé sans problème mais sans avoir réussi à se présenter à l’élection présidentielle comme Michel Rocard ou Alain Juppé. Malédiction de Tante Yvonne ?

 

Madame Bernadette Chirac, qui ne cache pas ses sentiments concernant les aventures galantes de son mari, a quelquefois cru devoir mettre le pied dans la fourmilière peut-être pour d'autres raisons que la simple bataille pour l'influence politique.

Quand son mari devient maire de Paris, elle commence à s'occuper d'œuvres de bienfaisance et autres associations. Mais c'est par l'opération pièces jaunes au profit des enfants hospitalisés qu'elle est plus connue.

Au point de vue politique, elle a un mandat local, conseillère générale de la Corrèze et adjointe au maire de Sarran. Elle est surtout connue par ses avis quelquefois en contradiction avec ceux des conseillers politiques de son mari (opposée à l'appel de Cochin en 1978 et à la dissolution en de l'Assemblée nationale en 1997) et par son rôle dans la campagne de 2002 pour la réélection de Jacques Chirac. Et après, nomination de Jean-Pierre Raffarin comme Premier ministre, soutien à Nicolas Sarkozy...

 

 

Finalement, à travers ces couple présidentiels, on peut ne voir que des relations très classiques de la société bourgeoise française avec cependant un rôle progressivement plus important des épouses en politique.

 


Le grand bouleversement est apporté par les candidats à l'élection présidentielle de 2007. Au second tour s'affrontent deux candidats connaissant des malheurs conjugaux sans que la chance puisse sourire aux deux...
Pour la première fois, une femme – une femme ! – mère de quatre enfants, vivant en concubinage - une concubine ! – et en voie de séparation ! Et un « seconde génération », père de trois enfants de deux mariages, divorcé et remarié avec une femme qui se flatte de n'avoir pas une goutte des sang français dans les veines. A la suite du divorce tumultueux de sa deuxième épouse, il contracte un nouveau mariage avec une Italienne, ancien modèle, chanteuse et polyandre et a un enfant en cours de mandat (1). Ce qui n'empêche pas un activisme parallèle à son activisme politique.

 

Divorcé avant son élection, re-divorce, remariage avec une femme de nationalité étrangère et naissance d'un enfant en cours de mandat : cinq premières pour un seul mandat présidentiel de cinq ans ! Belle performance !

 

En tant qu'épouse du président de la République, la carrière de Madame Cécilia Sarkozy a été brève. Elle a dit son peu d'intérêt pour cette situation et a, dés août 2007, snobé une rencontre avec le président Bush grâce à une angine fort opportune. Quoi qu'il en soit, elle a eu un certain rôle en recommandant des conseillers à son mari... Son action la plus connue est sa participation à la phase finale de libération du médecin et des infirmières bulgares retenues en Libye.

 

 

Madame Carla Bruni-Sarkozy qui lui a succédé par son mariage, en février 2008, a eu plus de temps pour prendre sa place. Elle continue sa carrière de chanteuse et, en juillet 2008, sort son troisième album, Comme si de rien n'était, le premier en tant qu'épouse dont les gains sont reversés à la Fondation de France.

Elle assiste son époux ou le représente dans un certain nombre de rencontres et devient ambassadrice pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Elle crée la Fondation Carla-Bruni Sarkozy pour l'accès à la culture et à la connaissance pour tous... participe ou soutient également diverses actions ponctuelles...

Dans une carrière classique d'épouse de président, elle est la première à continuer s à exercer sa profession.

 

 

 

François Hollande et Ségolène Royal ont eu quatre enfants en union libre, leur séparation a été rendue officielle au second tour des élections législatives de 2008. François Hollande officialise en 2010 sa relation avec la journaliste Valérie Trierweiler, sa compagne depuis le milieu des années 2000. Avec l'élection de François Hollande, elle devient la compagne du 24° président de la République. Les médias américains l'ont baptisée la « first girlfriend » à l'occasion du premier voyage présidentiel en mai 2012 aux États-Unis. Titre trois fois mérité si on tient compte de son statut civil, de sa place et de l'Histoire.

 

Ses débuts sur la scène publique sont entachés par l'affaire du tweet envoyé au candidat aux élections législatives qui affronte son ancienne rivale et qui témoigne d'une confusion entre vie publique et vie privée.

Mais l’essentiel n'est pas là : Madame Valérie Trierweiler est une journaliste politique qui ne veut pas se cantonner aux seules fonctions de représentation et souhaite garder son activité professionnelle pour que ses enfants ne vivent pas sur le budget de l’État. Ce qui est très moderne dans la volonté de ne pas être la compagne de... , de conserver une activité et des revenus indépendants mais difficilement compatible quand il s'agit de journalisme politique. La question serait bien différente si elle exerçait une profession prêtant moins à l'accusation de conflit d'intérêt (chanteuse par exemple ?), que certaines femmes de ministre n'ont cependant pas évité.

 

Après une période de tâtonnement, Madame Valérie Trierweiler a renoncé au journalisme politique et déclare vouloir opter pour le modèle Danielle Mitterrand. Ayant renoncé à des documentaires humanitaires télévisés, elle songe à lancer une fondation pour la cause des enfants des rues...
Pour le moment, elle visite la crèche de l’Élysée, joue le rôle d'ambassadrice de la fondation Danielle Mitterrand... et a accepté de remettre au président une lettre signée d'opposants à Notre-Dame-des-Landes...

 

 

 

A travers les secrets d’alcôve et de polichinelle des successifs présidents de la V° République, apparaît une importante évolution de la société française concernant notamment la famille. Mais cette évolution n'a pas atteint son terme.

 

 


Quand on parle de montée de l'homophobie, il faut prendre conscience des acquis. L'homosexualité est aujourd'hui banalisée, demain le mariage homosexuel sera légalisé.

 

Pour revenir aux considération de politique institutionnelle et donc aux élections et aux comportements électoraux, Bertrand Delanoë a dévoilé son homosexualité lors d'une interview télévisée en novembre 1998, bien avant les élections municipales de 2001 qui lui permettront d'être élu maire de Paris et réélu en mars 2008.

 


Cette évolution n'est pas propre à la France. Aujourd'hui, 8 pays européens (dont 6 membres de l'Union européenne) reconnaissent le mariage homosexuel : les Pays-Bas (depuis 2001), la Belgique (2003), l'Espagne (2005), la Suède (2009, avec une disposition obligeant l’Église à trouver un pasteur pour célébrer les mariages religieux), la Norvège (2009), le Portugal (2010), l'Islande (2010) et le Danemark (2012). Dans ces États, les couples gays et lesbiens qui se marient ont les mêmes droits que les couples hétérosexuels. En ce qui concerne l'adoption, neuf pays européens l'admettent, sous une forme ou une autre (adoption de l'enfant du conjoint, adoption internationale), pour les couples homosexuels : l'Allemagne, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, l'Islande, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède.

 


Dans la très catholique Italiequi ne reconnaît pas l'union civile entre homosexuels, lors de la primaire que vient d'organiser la gauche pour désigner son candidat à la présidence du conseil en cas de victoire aux prochaines élections législatives, Nichi Vendola, homosexuel, catholique était candidat et son compagnon Ed Testa a mis sur internet une intervention (en italien) pour le soutenir.

 


Le mouvement perpétuel existe, il serait temps que la droite en prenne conscience. Elle a manqué le Pacs. Elle manque le mariage homosexuel. Non par ignorance, non par conviction mais pour, droite décomplexée, s'aligner sur la fraction la plus réactionnaire de la société française.

 

 

 


1 – Son origine et celle de ses épouses ne l'empêcheront pas de mener la politique la plus défavorables aux immigrés de la V° République.

 

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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 00:23

  HEUREUX  OU MALHEUREUX QUI MALI PENSE ?

 

Les forces armées françaises sont engagées « contre le terrorisme » en Afghanistan depuis 2001. Sarkozy a envoyé l'armée de l'air et des « services » en Libye pour abattre, au sens propre du terme, son ancien ami, Kadhafi. En Cote d'Ivoire, l'armée française est intervenue pour « faire respecter la démocratie ». Ces différentes interventions ont eu des résultats très discutables.

Notamment en Libye. Localement, la situation est loin d'être démocratique et stabilisée mais peut-être faut-il laisser du temps au temps. Surtout la chute du régime a entraîné l'éclatement et la dispersion de forces incontrôlées dont certains se sont relocalisées avec armes et bagages au Sahel.

 

 

François Hollande, changement, a promis de retirer les troupes d'Afghanistan : l'opération est en cours. Mais voilà qu'il semble vouloir assumer, continuité ?, le « service-après intervention en Libye » et prépare sa « guerre » pour libérer le Nord du Mali des islamistes. Pour cela, il est difficile de compter sur l'armée malienne balayée en quelques jours par les troupes du MNLA (Mouvement de libération nationale de l'Azawad). Après quoi, le MNLA a proclamé son indépendance, immédiatement condamné par l'Union africaine mais aussi par la France et l'Union européenne.

 

 

Comme Sarkozy en Libye, Hollande a obtenu une couverture onusienne et ne semble pas décidé à engager des troupes au sol. Ce sont 3 500 hommes, africains de la Communauté économique de l'Afrique occidentale (CEDEAO) actuellement présidée par Alassane Ouattara qui sont appelées à déloger les islamistes.

 

 

Mais la situation sur place est complexe. L’origine de la crise malienne remonte au moins à 1957, lorsque les Touaregs et les Maures de l’Azawad avaient demandé à ne pas faire partie du processus d’indépendance ouest-africain. Ils soulignaient leur incompatibilité avec les sociétés subsahariennes et demandaient à être intégrés au Sahara français devenu depuis algérien. Depuis les indépendances, de multiples rébellions ont donné lieu à autant d'accords sans vraiment résoudre le problème.

Bien entendu, les Touaregs, dispersés sur toute la région, ont une pratique probablement peu respectueuses des frontières héritées du système colonial. Et ce qui se passe dans le nord du Mali ne peut laisser indifférents les pays voisins que sont la Mauritanie à l'ouest, l'Algérie au nord, le Niger à l'ouest.

 

 

La France a des intérêts importants dans certains de ces pays et 4 otages, détenus depuis 2010, et menacés d'exécution, tandis que l’Algérie en a 3 après l'exécution récente d'un de ses diplomates détenus.

 

 

Sur le terrain, différent mouvements sont alliés et/ou concurrents suivant les moments : le MNLA, mouvement national de libération de l'AZAWAD constitué par des Touaregs, Ansar Eddine mouvement touareg islamiste qui aurait des liens plus ou moins avérés avec Ansa El-Charia, Al Qaida au Maghreb islamique, le Mouvement pour l'unité et le jihad en Afrique de l'ouest (MUJAO) et des narco-trafiquants ou narco-terroristes.....

 

 

Face à l'incapacité du Mali de rétablir la situation sur cette partie de territoire, deux types de politiques sont proposées.

 

L’Algérie, suivie de la Mauritanie, du Niger, sans s'opposer absolument à une opération militaire, insiste sur la nécessité d'une négociation, menée à Alger et Ouagadougou, à laquelle, le MNLA et Ansar Eddine auraient répondu favorablement. Pour le MNLA, il faut renforcer et stabiliser le gouvernent malien qui pourrait, avec l'aide du MNLA, reprendre la situation en main et satisfaire ses revendications, avec une garantie internationale.

 

Pour la France, tout en ménageant l'Algérie, c'est l’intervention militaire qui est mise en avant avec la participation sur le terrain de 3 500 hommes fournis par les États de la CEDEAO.

Plusieurs bataillons du Nigeria, du Niger, du Sénégal, du Burkina Faso se tiennent prêts à intervenir. Les Nations-Unies doivent se charger du soutien financier. La France est disponible pour un soutien logistique. Les États-Unis fourniraient des drones. L’opération militaire vise à déloger les groupes islamistes armés, principalement AQMI, MUJAO et Ansar Dine. Ils contrôlent totalement le nord du Mali depuis la fin juin et imposent la charia à la population.

 

 

Chacun veut libérer l'AZAWAD en fonction de ses intérêts particuliers : indépendance de l'Azawad, unité territoriale du Mali, intangibilité des frontières héritées du colonialisme, danger de la contamination islamistes dans des pays qui en souffrent déjà ou qui en sont encore indemnes, sécurité d'accès aux matières premières......

 

 

Personne ne pense que l'armée malienne soit capable, seule de mener à bien une telle expédition. Mais si une intervention étrangère peut libérer rapidement les grandes villes, qui peut penser qu'une armée étrangère, fut-elle noire-africaine pourra quitter au bout d'un an le territoire pacifié ? Après avoir rétabli l'autorité du gouvernent malien ? Sans utilisation de cette occupation par les islamistes même vaincus militairement ? Comment sera acceptée la présence engagée de l'ancienne puissance coloniale ?

 

 

L'occupation des principaux centres urbains devrait être relativement facile. Faudra-t-il regrouper les populations pour les contrôler ? Avec accentuation de la désertification ? Constitution de camps de réfugiés dans les pays voisins ? Accrochages aux frontières ? Fuite dans les pays voisins ? Montée du rejet des troupes extérieures et dénonciation des interventions étrangères notamment de l'ancien colonisateur...

 

 

Bien sûr, le pire n'est pas certain. Mais on trouve toujours l'argent nécessaire pour faire la guerre qui aurait peut-être pu être évitée avec un minimum de développement dont le budget va probablement diminuer en 2013 en France, Une fois de plus, la preuve est donnée que la politique étrangère de l'Union européenne n'existe pas et que c'est l'ancienne puissance coloniale qui mène les choses. Il n'est pas certain que les Africains comprennent très bien le discours de François Hollande le 12 octobre à Dakar disant : "le temps de la Françafrique est révolu".

 

  * Cet article a paru dans Agoravox. Un lecteur a laissé ce commentaire : "Gonflé le Paul Oriol. J’ai fait quatre blogs sur ce sujet et sous ce titre fin septembre dans blogspot.com. Usbek"

Auquel j'ai répondu : " Gonflé, certainement pas. Ignorant ? Oui. Avec mes excuses. Paul

**J'aurais pu, si j'avais su, l'intituler " Heureux ou malheureux qui Mali panse ?"

 

 

 

 

 

 

                                                            

                                                              Drapeau du Mali

 

                                     

            AZAWAD en tifinagh                                  Drapeau de l'AZAWAD (MNLA)

 

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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 21:09

 

Partant du constat que 750 000 emplois industriels avaient été perdus en 10 ans, que le déficit commercial s'élevait à 72 milliards d'euros et que la baisse du taux de marge et de la capacité d'autofinancement des entreprises grévait leur politique d'autofinancement et d'innovation, le Gouvernement, de gauche, a demandé, le 11/07/12, à un patron, de gauche, un rapport la « compétitivité, la croissance et l'emploi ». Ce rapport, devenu « Pacte pour la compétitivité de l'industrie française » a été remis au Premier ministre le 05/11/12.


 

Au delà du changement d'intitulé, la bataille autour de ce rapport a été conduite efficacement. Avant sa parution, une suite de fuites savantes a permis aux « compétents » de l'analyser pour préparer l'opinion publique, à travers annonces et démentis, aux glissements, aux décisions suggérées par le rapport.


 

Le diagnostic : « Le décrochage de l’industrie française, qui s’est amorcé dans les années 1970 s’est accéléré au cours de la dernière décennie...
La part de l'industrie... dans la valeur ajoutée totale, en France, est passée de 18 %, en 2000, à un peu plus de 12,5 %, en 2011... L'emploi industriel... de plus de 26 % de l’emploi salarié total en 1980 (5,1 millions de salariés) à 12,6 %, en 2011 (3,1 millions de salariés)... la part de marché des exportations françaises de 12,7 %, en 2000, à 9,3 %, en 2011... La balance hors énergie était de + 25,5 milliards d’euros en 2002, elle est de –25,4 milliards d’euros, en 2011. »


 

Les causes : « Les facteurs macroéconomiques sont essentiels, notamment le poids de la fiscalité lié au niveau élevé de la dépense publique.Le fonctionnement défectueux du marché des services– marqué par le poids des professions réglementées– génère également des surcoûts pour l’industrie. Le « millefeuille » administratif et la superposition des structures déconcentrées et décentralisées, le culte de la réglementation, couplé avec son instabilité, constituent un vrai handicap. Tous ces éléments ont été identifiés, notamment dans les rapports Attali sur la croissance ».


 

A noter l'hommage rendu par Louis Gallois à son prédécesseur, Jacques Attali, « homme de gauche », chargé par un gouvernement de droite de faire un rapport « pour la libération de la croissance française » en 2008. Hommage enterrement ? Hommage sincère ? Avec quel résultat ? Ou le rapport était nul, le silence suffisait. Ou c’était un bon rapport , non appliqué, mal appliqué ? Ce n'est pas dit. Nul n'est responsable.


 

Peu de voix se font entendre pour contredire le diagnostic. Surtout pas celles des politiques qui ont été au gouvernement de 1993 à 2012. Tous, ni responsables, ni coupables ! Surtout pas celles du patronat et particulièrement de la présidente du Medef, depuis 2005. Aucune responsabilité dans l'état décrit par le rapport.

A moins de considérer cette approbation du rapport sur la situation économique comme une autocritique subliminale ?


 

Ce déni de responsabilité permet à Me Parisot de communiquer largement, toujours avec une autorité intacte et vertueuse, ...sur ce rapport très positif et concentrer toutes ses forces sur sa mise en œuvre... «Le diagnostic posé par le rapport Gallois est juste. Il s’agit désormais de savoir quand et comment ses propositions seront mises en œuvre.(...) Le rapport Gallois établit un diagnostic sans appel de la perte de compétitivité des entreprises françaises, rejoignant les analyses du Medef. » Finalement, le patron « de gauche »rejoint les patrons ! Rien d'étonnant, car, à croire l'impudique Me Parisot «  La plupart des recommandations sont issues des réunions de travail entre Louis Gallois et les chefs d'entreprise" (Libération 05/11/10 – AFP). C'est plus clair ainsi !


 

Une proposition chagrine cependant Me Parisot : "la gouvernance des entreprises, en particulier pour la représentation salariée", le Medef "précise que ces sujets relèvent de la négociation nationale interprofessionnelle". C'était probablement la séquence patron « de gauche » du rapport !


 

Dans l'usine nouvelle du 30/10/12, Me Parisot pense que les causes ne sont pas assez claires dans le rapport. Elle tient à établir des responsabilités : « Se pose-t-on la question des pressions qu’ont subi ces deux grands constructeurs automobiles depuis une décennie – gouvernements de gauche et de droite confondus – pour limiter les adaptations que les dirigeants jugeaient nécessaires ? La responsabilité de l’État et des politiques ne doit pas être gommée ».


 

Ce sont les politiques qui sont les vrais responsables, gauche et droite confondus, dit-elle, magnanime ! C'est ce qu'ont du penser les électeurs qui ont renvoyé le gouvernement de droite, peut-être un peu plus responsable dans la durée. Mais les électeurs ne peuvent rien contre les dirigeants d'entreprise.


 

Dans cette dégradation de l'industrie française, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. Alors que les conditions économiques, les dirigeants des grandes entreprises voient leur rémunération atteindre des sommets quelle que soit la qualité de leur gestion.

Quand les entreprises ferment, les travailleurs sont réduits au chômage et les responsables de l’entreprise sont grassement remerciés.


 

Finalement, le gouvernement va prendre des mesures légitimées par un rapport quasiment technique (comme le gouvernement technique de Mario Monti en Italie), incontesté, sauf aux extrêmes. Il va lisser ces mesures pour tenter de les rendre acceptables, s'efforcer de montrer que cela aurait pu être pire tandis que la droite, jouant son jeu, dira qu'il faut aller plus vite et plus loin.

Jusqu'à ce que ça casse ?

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