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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 23:22

 

Lors de l'élection de 2007, Nicolas Sarkozy avait trouvé des thèmes qui ont marqué la campagne électorale : immigration et sécurité pour les uns, « travailler plus pour gagner plus », « le président du pouvoir d'achat »... pour les autres. Avec ces thèmes, il avait su faire oublier qu'il avait occupé de postes ministériels importants dans les gouvernements précédents.

À un an de la nouvelle élection présidentielle, la campagne électorale a commencé. Une brochure faisant le bilan du gouvernement est déjà sortie. Assez loin de l'élection pour qu'elle soit oubliée au moment décisif de la campagne ? Car ce n'est pas sur un bilan qu'on gagne, dit-on, une élection surtout s'il est loin d'être glorieux et en contradiction avec les promesses.

En attendant de lancer les 3 ou 4 idées forces qui seront la base de la campagne et qui donneront éventuellement un sens à la candidature. Il faut occuper le terrain médiatique de façon à « oublier » de répondre aux préoccupations des Français notamment sur le terrain social.

La semaine dernière, c'était la prime de 1000 euros pour les travailleurs, dont il est apparu rapidement qu'elle ne serait pas de 1000 euros et qu'elle n'intéresserait pas tous les salariés. Façon de ne pas parler d'augmentation des salaires. Prime qui, finalement, a été rejetée aussi bien par le patronat que par les syndicats. Elle a joué son rôle une semaine !

Cette semaine, c'est Laurent Wauquiez qui a été chargé d'occuper le terrain en parlant de « contrepartie » pour les « bénéficiaires » du RSA. Idée qui n'ira pas loin, rejetée unanimement par la gauche et par un forte partie de la droite y compris de membres éminents du gouvernement comme le Premier ministre.

En attendant la prochaine idée hebdomadaire. Seront-ils capables de lancer pendant un an, chaque semaine, une idée nouvelle propre à occuper le terrain sans aucune conséquence ?
Sans aucune conséquence parce que l'opposition syndicale, politique n'est pas capable de sortir des clous et de faire des contre-propositions simples, mobilisatrices.

A partir d'une apparente idée de bons sens et propre à satisfaire les « honnêtes gens » - « tout travail mérite salaire », « tout salaire mérite travail » - Laurent Wauquiez propose de demander aux bénéficiaires du RSA une contrepartie : « un travail de 5 heures par semaine ».
Ainsi, Laurent Wauquiez veut s'attaquer, à une mesure du gouvernement qui participe à ses yeux aux « dérives de l'assistanat », « cancer de la société française ».

Réponse bienvenue de l'Uniopss qui regroupe les principales associations du secteur socio-sanitaire : «Le cancer de la société, ce n'est pas l'assistanat, mais le chômage». «Les cinq heures de service social proposées s'adressent soit à des personnes qui peuvent travailler, mais qui ont d'abord besoin d'un emploi, soit à des personnes qui ne peuvent pas travailler et qui ont besoin d'un accompagnement social».
Il faut ajouter que les tâches proposées sont déjà souvent accomplies par des travailleurs qu'il faudrait... Payer à ne rien faire ? Payer au tarif RSA ? Licencier ?

Les réponses de la gauche ont souvent été moins pertinentes. Elles se sont contentées, en guise de défense, d'expliciter la pensée benoîte du ministre au cas où certains n'auraient pas compris. Le ministre ne l'a pas dit, les opposants le disent :

  • «stigmatiser toute une frange de la population» (mouvement national des chômeurs et précaires) ;

  • «laisser penser que les chômeurs seraient des profiteurs» (Laurent Berger, secrétaire national à la CFDT) :

  • «dire que les gens qui vivent du RSA sont des gens qui ont les bras ballants qui attendent et sont très heureux de vivre de l'assistance, c'est vraiment ne rien connaître à la réalité des choses» (Martine Aubry) ;

  • «désigner les chômeurs, ceux qui bénéficient du RSA comme les responsables, comme les coupables, comme les boucs-émissaires de la crise» (Manuel Valls,) ;

  • « montrer les gens du doigt» et les «pourchasser en disant 'vous voulez rien faire, feignants'» (Jean-Luc Mélenchon ) ;

  • «de rameuter l'électorat d'extrême droite en montrant du doigt les Français qui vivraient de l'assistanat» (Marie-George Buffet) ;

  • «après avoir stigmatisé l'étranger et ouvert un débat sur l'identité nationale, le gouvernement met maintenant les plus fragiles dans le débat pour aller chercher les voix du Front National».(François Hollande) ;

  • «Laurent Wauquiez passe à droite de Marine Le Pen» (Cécile Duflot,).

Ces réponses ont l'inconvénient de dire en langage commun ce que le ministre a dit en langage académique et contribuent à renforcer l'association entre une population et un comportement qu'elles veulent dénoncer.

Le ministre a voulu chasser à droite en s'attaquant aux pauvres en général et aux pauvres étrangers en joutant une condition pour qu'ils puissent bénéficier du RSA, ils devront être là depuis 5 ans. Ce que les déclarations citées ne relèvent pas. Il ne va pas asse loin. Il n'ira jamais assez loin. Marine Le Pen exclut les étrangers du RSA.

La gauche attaque l'extrême-droite avec un train de retard. Marine Le Pen défend le rôle protecteur de l'État et les bénéficiaires français du RSA, divise les couches défavorisées et dédouane les responsables.

Elle gagne sur les 2 tableaux : elles défend les Français pauvres, attaqués par le gouvernement et surenchérit sur la droite concernant les résidents étrangers.

La gauche a perdu une occasion de défendre toutes les vicimes de la politique actuelle - Français et étrangers - en avançant des solutions positives qui n'intéressent pas seulement ceux qui doivent avoir recours au RSA pour survivre mais tous ceux qui ont besoin de travailler pour vivre et qui sont réduits au chômage par la politique du gouvernement.

 
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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 22:26

 

Nicolas Sarkozy a retenu 2 choses de l'élection présidentielle de 2002.

  • Pour être président de la République, il faut d'abord gagner le premier tour de l'élection présidentielle.
    Jean-Marie Le Pen a éliminé Lionel Jospin en 2002, il pourrait donc être éliminé en 2007.
    Nicolas Sarkozy a donc adopté le programme de Jean-Marie Le Pen pour lui prendre des voix. Son passage au ministère de l'Intérieur portait témoignage de bonnes dispositions pour appliquer ce programme et il avait plus de chances d'être élu au second tour que Jean-Marie Le Pen.

  • Jacques Chirac en 2002 avait habilement fait campagne sur la « fracture sociale ». Une partie des électeurs « naturels » de Lionel Jospin a pu se laisser abuser par ce juste diagnostic quand Lionel Jospin comptait sur son bilan et n'offrait aucune vision d'avenir.
    En 2007, NicolasSarkozy a utilisé, de la même façon, « travailler plus pour gagner plus », « je serai le président du pouvoir d'achat »... Et séduit les « honnêtes gens » qui n'attendent pas tout des allocations familiales et qui croient à la valeur travail. Soit une bonne partie des électeurs.

 

Nicolas Sarkozy a éliminé Jean-Marie Le Pen, au premier tour, en ralliant une partie importante de ses voix potentielles. Et, finalement, remporté l'élection.

Arrivé au pouvoir, il a suivi sa pente naturelle, décomplexée, et a commencé par se servir en augmentant son salaire de président de la République et continué en remerciant ses amis, ouvertement affichés, « en augmentant leur pouvoir d'achat », avec de multiples cadeaux, niches fiscales, bouclier... Ce coté « bling, bling » a choqué.

Et si les caisses étaient vides quand François Fillon est arrivé au gouvernement (où étaient-ils auparavant ?), l'amicale générosité a creusé le trou. Il ne restait plus qu'à colmater les brèches en s'attaquant aux acquis sociaux. Au diable, le point de croissance que Nicolas Sarkozy devait aller « chercher avec les dents »... el les emplois qui devaient tomber du ciel...

 

Certes, les patrons voyous ont été vertement fustigés mais banques et entreprises ont été aidées sans contrepartie (Total peut augmenter dividendes et, pour la deuxième année consécutive, ne pas payer d'impôts !) ; « les paradis fiscaux, c'est terminé » (Nicolas Sarkozy en 2009) mais « les 50 principales sociétés européennes possèdent toutes des filiales dans les paradis fiscaux (96 chacune en moyenne). Avec une mention spéciale pour BNP Parisbas qui en compte 347 (Alternatives économiques janvier 2011).

 

Devant une telle politique, c'est un véritable boulevard vers la présidence qui est offert à la gauche. Les candidats potentiels du PS en ont parfaitement conscience, c'est pourquoi ils passent leur temps non à s'adresser aux victimes de la politique sarkozyenne, non à proposer des mesures fortes pour redresser la situation économique et sociale mais au combat politicien pour savoir qui sera présent pour finalement se faire battre au second tour si ce n'est au premier !
Quant à la « vraie gauche », elle n'est que la parodie de la « fausse gauche ». Le PS se déchire pour présenter un candidat potentiel à la victoire. La « gauche de gauche » se déchire pour en présenter plusieurs qui tous feront moins de 5% !!!

De quoi mobiliser les masses populaires !!!

 

La tactique victorieuse utilisée en 2007 par Nicolas Sarkozy ne garantit pas le succès en 2012. Parce que la situation a changé. Sur plusieurs points.

  • Ayant repris les thèmes de l'extrême droite, Nicolas Sarkozy les a légitimés. Mais il n'a pas satisfait l'extrême droite qui en demande toujours plus. Désormais, la musique du gouvernement et du parti gouvernemental n'est guère différente de celle du Front national, dérapages compris. Les électeurs de droite qui n'osaient pas faire le pas et voter pour l'extrême droite s'y sentent autorisés, au plus haut niveau. Comment leur expliquer que c'est bien de voter pour l'extrême droite aux régionales et moins bien à la présidentielle ?

  • Sarkozy pouvait cacher, hier, ses intentions derrière des promesses ou des déclarations. C'est plus difficile aujourd'hui. Le FN tient les mêmes propos depuis 40 ans sur l'immigration ? Propos hier iconoclastes, aujourd'hui légitimés. En quoi devrait-il être exclu du pouvoir s'il a raison depuis 40 ans.
    D'autant que sur un certain nombre de points les propos de Marine Le Pen se démarquent de ceux de son père et s'alignent, apparemment, sur les valeurs de la République. Hier Nicolas Sarkozy utilisait Jean Jaurès ou Guy Moquet. Marine Le Pen utilise la laïcité et la République, assume la souffrance populaire induite par la politique de Nicolas Sarkozy et de ses collègues européens.

  • Et ce n'est pas la gauche, vraie ou fausse, qui va être capable de répondre. Elle n'a pas su faire face, efficacement, au père, caricatural, comment fera-t-elle face à la fille qui s'appuie sur les acquis du Front national tout en lui donnant un nouveau visage.
    Le père a cédé un matelas électoral important qui s'appuyait sur la vieille droite nostalgique avec des jeux de mots douteux que la gauche, indignée, popularisait par son explication de texte...

  • Aujourd'hui, assurée de ce bloc de voix inaltérable, Marine Le Pen peut s'avancer vers le pouvoir (paradoxalement en prônant la politique que Megret a tenté trop tôt et sans la légitimité filiale).

    Finalement, le boulevard vers le pouvoir, Sarkozy l'a surtout ouvert à l'extrême droite en la légitimant face à l'incapacité des gauches. Il reste à espérer que le peuple sera plus intelligent que les « élites ». Jusqu'à maintenant, il a su résister à la démagogie.

     

    Résistera-t-il longtemps encore ou fera-t-il tout sauter. Et comment ?

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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 20:50

 

Rien ne sera plus comme avant. Le Japon, seule victime d'une guerre nucléaire, a été hier, le symbole du rejet de l'arme atomique. Deuxième victime du nucléaire civil, le Japon devient aujourd'hui, le symbole du nécessaire rejet de l'énergie nucléaire civile. Fukushima comme Hiroshima ne sont pas des événements japonais même si les Japonais ont été ou sont les plus touchés.

 

Mais comme les symboles, ni les peuples ne font la loi, ce sont les conséquences économiques qui contraindront à revoir, profondément, les choix énergétiques et de société.

 

Three Mile Island en 1979 et Tchernobyl en 1986 étaient des avertissements, diversement entendus. Three Mile Island avait été contrôlé. Tchernobyl se passait dans un pays dont la suffisance occidentale dénonçait l'incompétence. Cela ne pouvait se passer nulle part ailleurs. Fukushima en 2011 survient au Japon, 3ème puissance économique mondiale, à l'avant garde des techniques modernes.

 

Bien entendu, les circonstances ont été exceptionnelles et non prévues. Elles seront exceptionnelles ailleurs et tout aussi non prévues. Nous apprenons aujourd'hui que tout n'était pas parfait à Fukushima. C'est aussi ce que nous apprendrons demain où que le nouvel accident ait lieu. Et peut-être même avant avec les tests et audits...

 

Au delà des victimes du tsunami, au delà des premières victimes du nucléaire qui vont apparaître jour après jour et pendant des années ou des dizaines d'années, c'est le bien fondé de la politique énergétique qui est en question.

 

En bref

 

L'accident de Fukushima dépasse largement le Japon.

 

Par ses conséquences immédiates, il touche le 3ème puissance économique mondiale, un pays inséré dans la mondialisation et donc relié à toute l'économmie mondiale. Cet accident a des conséquences dans tous les pays du monde.

 

Ce qui s'est passé là peut se reproduire partout. D'où la mise en question de l'industrie nucléaire dans le monde. Au niveau sûreté comme au niveau coût. Avec des conséquence importantes économiques et financières.

 

Le monde n'est pas encore sorti de la crise financière de 2008 et l'UE encore moins. Avec Fukushima, la grande crise est peut-être devant nous.

 

La civilisation industrielle s'est développée au risque de la santé et de la vie des travailleurs. La prise de conscience du risque encouru par la planète du fait des gaz à effet de serre est récente. Certains ont pensé qu'on pouvait y échapper en ayant recours à l'industrie nucléaire, en fermant volontairement les yeux sur ses risques. Risques dus aux accidents qui, de toute façon, sont réservés, le plus souvent, aux travailleurs, notamment à nombre de travailleurs intérimaires mal surveillés. Mais aussi les risques attachés à l'industrie nucléaire proprement dite : extraction du minerai, inutile d'en parler c'est au Niger, transport, traitement des déchets, démantèlement des réacteurs...


La société est sommée de choisir entre les risques climatique ou nucléaire, minorés en permanence par les « compétents » des 2 camps. Mais tous deux posant comme présupposé, indiscutable, le développement continu, le besoin toujours croissant d'énergie.

Le principe de précaution brandi à tout bout de champ, constitutionnalisé en France, n'est, curieusement, jamais invoqué.

 

Dans cette querelle de Charybde et Scylla, le nucléaire à l'avantage d'apporter à la France son indépendance énergétique, alléguée, en réalité reposant sur un néocolonialisme, « inconscient ? » qui fait que depuis des années le nucléaire français est édifié sur le minerai africain... même les enlèvements au Sahara de travailleurs français n'ont pas touché cette ligne de défense !

 

L'argument du faible coût de l'électricité nucléaire va être discuté à nouveau avec Fukushima qui met en évidence l'insuffisance des mesures de sécurité. Il va falloir ajouter le coût imprévu des nouvelles mesures dans toutes les centrales, en activité, en construction ou en projet... De même pour le démantèlement dont le coût a toujours été « oublié » ou sous estimé (estimé 65 milliards d'euros en 2004 par la Cour des comptes, cité par Alter éco avril 2011), mais l'heure de vérité approche avec les premiers travaux pratiques sur les centrales qu'il va falloir arrêter. Et le traitement et le stockage des déchets dont nul ne sait aujourd'hui comment s'en débarrasser. Ce n'est pas grave, ils seront stockés, « ailleurs ». Le coût du stockage a été réévalué de 15 milliards d'euros en 1996 à 58 milliards en 2003 (Alter éco avril 2011).

Tout cela va augmenter le prix de revient de l'énergie nucléaire, surtout pour les générations futures.

 

Les premières conséquences de Fukushima concernent évidemment la région dont les hommes, les animaux, la production agricole, la pêche vont être contaminés durant des années, des dizaines d'années... Pour le moment, « le Japon a perdu 4 voire 6 réacteurs nucléaires, soit une valeur de 20 à 30 milliards d'euros, démantèlement non compris. Plus d'un millier de km2 alentour sont contaminés à des degrés divers, rendant durablement impossible une vie normale. La centrale elle-même deviendra un cimetière nucléaire à surveiller pendant des centaines d'années » (Le Monde 30/03/11).

 

Fukushima a aussi un impact sur l'ensemble du Japon.

- Dans la zone sinistrée, se trouvent « près du quart de l'industrie de la pêche, 10% de la production du matériel informatique. 25% de la production japonaise d'huitres dont quantité de naissains qui partaient vers la France... » (Le Monde 27-28/03/11).

- Le séisme et le tsunami ont frappé plus largement l'ensemble de l'économie japonaise. «  Le gouvernement japonais estime... qu'il pourrait coûter plus de 200 milliards d'euros à l'économie nippone, sans compter l'impact sur l'activité des entreprises et les conséquences de l'accident nucléaire de Fukushima, soit 4,5% du produit intérieur brut de l'archipel » (JDD 24/03/11). Les exportations devraient particulièrement baisser dans l'automobile et l'électronique, secteurs dont la production est la plus affectée par les dégâts et perturbations engendrés par le séisme et le tsunami du 11 mars (LEMONDE.fr 05/04/11).

L'économe mondiale sera fortement touchée : "Outre les grands groupes japonais (Toyota, Suzuki, etc.) et leurs filiales étrangères, il existe également de par le monde de nombreuses multinationales (General Motors, Sony Ericsson, Volkswagen, Boeing, etc.) dont la production dépend de l'approvisionnement permanent d'éléments de construction et de pièces de rechange venant du Japon... Ces livraisons sont désormais interrompues. L'arrêt de la production au Japon pourrait aussi freiner très rapidement la dynamique de la production industrielle dans d'autres pays ».(Élet és Irodalom – Hongrie 25/03/11)

Les arrêts de fourniture d'électricité, plus ou moins prolongés, vont retentir sur la production industrielle. L'économie japonaise n'était pas au mieux depuis une dizaine d'années. Certains pensent que le Japon est un des pays les mieux armés pour relever un tel défi. Ils s'appuient sur le précédent du tremblement de terre de Kobé, en 1995. Il s'agissait d'un cataclysme naturel et les Japonais savent comment réagir à des phénomènes qu'ils ont appris à gérer à défaut de pouvoir les empêcher. Ils sont, cette fois, partiellement responsables. Ils s'en souviendront. Ils ont vu le désarroi de « compétents », techniciens et gouvernants. Qui peut croire qu'ils accepteront facilement de repartir dans l'industrie nucléaire.

 

« Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés». Dans une économie mondialisée qui fonctionne en flux tendu, avec zéro stock, la défaillance d'un maillon entraîne des conséquences en chaîne. Ce qu'illustre parfaitement la liste des composants venant essentiellement ou exclusivement du Japon, établie par Éric Besson, ministre de l'Industrie : disques durs, capteurs pour appareils photo numériques, transistors fins, batteries pour PC… 20% de la production électronique mondiale vient du Japon, et même 70% pour au moins trente secteurs technologique (JDD 24/03/11).

 

Tout ceci ne peut laisser indifférent le monde politique, économique et financier.

Angela Merckel et la coalition au pouvoir en Allemagne viennent d'en faire les frais, les premiers, en perdant la majorité au profit des Grünen et du SPD dans un État. Malgré la décision, précipitée et peu convaincante, de revenir sur sa décision de prolonger la vie de centrales : moratoire de trois mois sur l’allongement de la durée de vie de 17 réacteurs et l’arrêt provisoire de 7 centrales anciennes. Depuis, l’Allemagne est contrainte d'importer de l'électricité nucléaire française et tchèque produite par des centrales thermiques avec dégagement de gaz à effet de serre.

Cela va lui poser le choix de production de l'électricité nécessaire à son industrie, électricité plus chère qui diminuera sa compétitivité... Le surcoût touchera à la fois le titulaire de revenu minimum, comme l’industrie. FAZ.net 05/04/11 Revue de Presse allemande permalien #849


L'Italie avait arrêté ses investissement dans le nucléaire en 1987 et se préparait à les reprendre. Un référendum est organisé en juin sur la question. Il n'est pas sûr que les Italiens soient très enthousiastes après Fukushima et... l'Aquila !

 

En France, comme l'a dit Éric Besson, des industries sont dépendants de fournisseurs japonais : déjà, Peugeot a du ralentir une de ses chaines, certaines pièces indispensables n'étant fabriquées qu'au Japon

Mais .la question va se poser à d'autres niveaux. Sur le plan intérieur, avec ses 58 réacteurs en activité produisant 70% de son électricité, qu'il va falloir tester, renforcer au point de vue sécurité, peut-être arrêter. Et dont il sera difficile de prolonger l'utilisation ce qui était prévu, et contesté.

En France aussi, par suite de ses activités à l'exportation du nucléaire. Ce n'est pas étonnant que Areva avec 7 % des ventes au Japon aient été chahuté à la bourse. De lourdes incertitudes pèsent sur l'expansion internationale d'EDF. En décrétant un moratoire d'un an sur le nucléaire civil, le gouvernement Berlusconi fait peser une lourde incertitude sur la poursuite des projets Le Monde 01/04/11).

 

Fin 2010, plus de 60 États avaient informé l'AIEA... qu'ils envisageaient de lancer des programmes d'énergie nucléaire (Le Monde 07/04/11). Vont-ils témoigner du même enthousiasme dans les mois qui viennent ?
La puissance nucléaire installée est de 360 gigawatts (GW).Il était prévu 360 GW supplémentaires d'ici 2035... Avec Fukushima, l'AIEA n'en prévoit plus que 180 GW (Le Monde 02/04/11).

Le remplacement, pour une durée provisoire qui risque de durer longtemps, de l'énergie nucléaire, va pousser à la hausse le prix du pétrole, à l'augmentation des investissements dans les recherches de gaz, la remise en activité du charbon. Les énergies renouvelables vont intéresser davantage car elles apparaîtront désormais moins chères, moins dangereuses, moins polluantes.

 

Das cette nouvelle orientation, une fois de plus, l'Allemagne qui n'a pas fait, comme la France le choix du « tout nucléaire » se trouve bien placée pour produire, mettre en place, exporter...

En Espagne, le vent est déjà la première source d'électricité : 21% en mars et il est prévu de doubler la production d'ici 2020. Actuellement, l'ensemble des énergies renouvelables couvre 40,5% des besoins (Le Monde 02/04/11).

 

D'après l'AIEA, la production d'énergie au niveau mondial est tributaire pour 87% du pétrole-charbon-gaz , 7% pour les énergies renouvelables et 6% pour le nucléaire. Pour 2035, l'Agence internationale de l'énergie prévoyait respectivement 78%, 14%, 8%. (Le Monde 05/04/11).
D'ores et déjà, la part des énergies renouvelables est supérieure à celle du nucléaire à l'échelle mondiale. Il était déjà prévu de l'augmenter encore, avant Fukushima. Il y a fort à parier que cette tendance va s'accentuer, avec le renchérissement des prix des autres énergies, avec les résistances qu'on pourra difficilement ignorer,.

Ce que les politiques ont refusé à ce jour, sous la pression aveuglante des nucléocrates scientifiques et financiers, leur sera imposé demain par la contrainte économique et financière.
Pour échapper au dilemme, asphyxie ou irradiation, il faut mettre en chantier, rapidement, les sources d'énergie renouvelable, non polluante et surtout construire une société qui avancera comme priorité des priorités, les économies d'énergie.

La crise de 2008 n'est pas terminée. L'Union européenne est ébranlée. Le Japon esst durement frappé. Les États-Unis peinent à repartir. Qui peut dire que principal de la crise n'est pas à venir ? Malgré cela, l'économe mondiale, face aux problèmes écologiques, ne peut se contenter de faire toujours plus.


 

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8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 20:11

 

 

 

 

Sarkozy, l'Américain, est un grand admirateur de Bush et de ses aventures militaires pour instaurer la démocratie ou abattre le terrorisme. Au point de vouloir le remplacer depuis qu'il a quitté la présidence en laissant les États-Unis et leurs alliés piégés dans deux bourbiers guerriers, l'Irak et l'Aghanistan.

 

Ses amitiés douteuses, et celles de ses ministres, ont troublé la clairvoyance de Sarkozy qui est passé à coté du printemps arabe naissant en Tunisie et en Égypte. Ce n'était que partie remise. Après avoir soutenu des dictatures au delà même du raisonnable, il a cru se refaire une santé politique et électorale en élevant la voix : Gbagbo doit partir «avant la fin de la semaine» (Libération 17/12/10). Gbagbo n'est pas parti. Et voilà la France engagée dans une guerre dans une de ses anciennes colonies.

 

En Tunisie, en Égypte, les dictateurs sont tombées rapidement face aux révoltes populaires. Notre intrépide héros n'allait pas, cette fois, laisser passer l'occasion d'effacer, en Libye,  ses précédentes erreurs de jugement, sans oublier la ridicule réception du dictateur libyen à Paris.

Quelques Rafales, avec ou sans les États-Unis, en dehors de l'Otan, auraient rapidement raison d'un dictateur, tout à coup, fou, assassin de son peuple... Malheureusement, les choses ne se passent pas comme prévu. Malgré l'aide de l'Otan et des États-Unis, le dictateur résiste. Ce n'est pas un simple jeu vidéo permettant de mettre en valeur nos armes merveilleuses. Et voici la France engagée dans une deuxième guerre.

 

Ces deux entreprises militaires pour imposer la démocratie au bout du canon, viennent s'ajouter à la participation militaire en Afghanistan. Comme celles du grand frère, elles risquent d'entraîner un coût humain, politique et financier plus important que prévu.

 

Financier, ce n'est pas le plus grave. Mais il faut noter que de l'argent est disponible alors que les caisses sont vides pour tout autre chose...

 

Politique, c'est déjà plus grave. Rien ne permet de savoir ce qu'il en sortira localement. Il n'est pas sûr que la mésaventure libyenne améliore l'image de Sarkozy (et de la France), mise à mal en Tunisie et en Égypte. Ce qu'il pouvait espérer en cas de victoire rapide.
Par ailleurs, une fois de plus, l'Union européenne montre qu'elle n'existe pas. Et le moteur franco-allemand a été, à cette occasion dissocié.
Enfin, quelle sera la réaction à cette volonté de la France et du RU (puissances ex-coloniales), d'apparaître, avec ou sans les États-Unis (puissance impériale sur le déclin) comme les gendarmes du monde ?

 

Humain : Quelle est la caractéristique commune à ces deux guerres ? Elles sont menées au nom de la protection des populations civiles. Et on pourrait même dire militaires. Échange de tirs d'armes lourdes mais combien de victimes ? De part et d'autre ? Et les dommages collatéraux, comme on dit aujourd'hui ? Pour le moment, c'est encore un jeu vidéo. Le dénombrement des victimes viendra plus tard. S'il vient un jour...

 

Si le temps de la politique de la canonnière est revenu, il n'est pas sûr que ce soit celui de la démocratie.

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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 09:51
 (Par suite d'incidents techniques, l'alignement du texte, la longueur des lignes sont incorrects
mais je ne sais comment y remédier. Je vous prie de m'en excusser)


Les élections cantonales, comme chacun sait, sont des élections locales sans incidence au
niveau national...
Elles ont cependant donné lieu à une déculottée nationale importante
pour l'UMP et donc le président : en nombre de voix, en pourcentage, en siège, en départements.
Mais tout cela n'est qu'une légère accentuation de ce qui se passe dans ce type d'élections
pour le parti au pouvoir. Nicolas Sarkozy pourrait même être satiisfait du fait que le PS n'a
pas été le bénéficiaire exclusif de ce désamour présidentiel.

L'extrême droite, sans avoir rencontré le succès dont la presse la crédite, est apparue
suffisamment forte pour faire craindre une défaite électorale dès le premier tour de l'élection
présidentielle.
D'autant que la majorité, phénomène classique là encore, a accentué le
désarroi post-électoral par des querelle d'égo mais aussi de ligne politique entre ceux,
barons et électeurs, qui regardent vers l'extrême droite et ceux qui voudraient une politique
et une équipe plus centristes. Le succès de 2007 reposait sur un attelage qui tire aujourd'ui
à hue et à dia. Et qui s'échine à s'entre détruire.


Pour compléter le tableau, il faut parler des Hauts-de Seine. Dans ce département, l'amie de
toujours, Isabelle Balkany, est battue. Devedjian devait être débarqué de la présidence du
Conseil général. L'histoire se répète en descendant : hier, le président de la République n'a
pu se séparer du Premier ministre comme il le souhaitait, aujourd'hui, c'est un président de
Conseil général qui fait de la résistance.

Mais ce n'est pas tout : dans sa bonne ville de Neuilly, c'est le maire élu contre sa volonté qui
devient conseiller général contre le candidat officiel. L'autorité se perd...

Dans cette suite de déboires, le président peut encore se réjouir de voir que le Val d'Oise,
département de JFK, s'est rallié à la droite...


Cette échéance électorale malheureuse était prévue, dans une mesure moindre cependant.
C'est pourquoi, malgré l'échec du précédent « grand débat », l'UMP, encouragée par le
président, avait prévu un nouveau « grand débat » sur l'islam. Sous la pression de la gauche
et beaucoup plus génante d'une bonne partie de la droite, le thème du débat est passé de
l'islam à la laïcité.

Mais ce n'était pas suffisant. Il faut, en plus, que les représentants des 6 religions de France,
après avoir dit séparément leurs réticences, se réunissent pour inviter ceux qui sont « en
responsabilité » à ne pas ajouter « de la confusion dans la période trouble que nous
traversons ».

Finalement, le « grand débat » s'est, peu à peu, rabougri, au point que quelques jours avant
la date fatidique, nul ne sait où il aura lieu, qui y participera, pour quoi faire. Il devrait se
résumer à deux tables rondes, deux heures de débat(s), ne débouchant sur aucune
proposition.


Heureusement, l'intervention en Libye allait montrer le savoir faire international du président.
Il a beaucoup bataillé pour que l'intervention ne se fasse pas sous l'autorité de l'OTAN.
Finalement, l'intervention se fait sous le commadement de l'Otan et « Barak Obama a
clairement signifié aux alliés.... que plus un seul pilote américain ne survolerait la Libye,
sitôt l'opération transférée dans sa totalité à l'Otan (Le Monde 31/03/11).

Nicolas Sarkozy s'est évertué à engager, dans l'intervention, les pays arabes et africains
pour que l'intervention n'apparaisse pas trop comme un combat de l'Occident contre l'islam.
Ceux-ci assurent les service minimum...

Nicolas Gros-Verheyde (1), examinant la « photo de famille » de la réunion de Londres

note l'absence «  d’Alain Juppé, étonnante » et celle de Cathy Ashton (la Haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères) qui l'est beaucoup mois. Que serait allé faire la représentante européenne dans cette galère ? Elle n'a pas pu ou voulu proposer la moindre politique commune pour l'UE.
Il ne voit « Sur cette photo… aucun Africain et très peu d’Arabes… » mais «  le secrétaire général de l’OTAN est bien présent au premier plan et le représentant du Vatican (!) au dernier rang ». Comme photo, on aurait pu faire mieux.

Si la présence du représentant du Vatican sur cette photo est confirmée, il est permis de se demander ce qu'il faisait là dans une coalition guerrière.

Mais pour Nicolas Gros-Verheyde, l'important n'est pas là : « Il importe de renouer le lien avec les Africains. Et ce devrait être à l’Union européenne de prendre cette initiative sur un continent où, année après année, la Chine avance ses pions, ses banques, ses comptoirs, ses entreprises et prend un poids politique majeur ». C'est peu-être ce que faisait Cathy Ashton, en coulisse pendant la photo...

Ces échecs et malheurs de Sarkozy seraient agréables s'ils étaient sans conséquence sur la vie de millions de personnes, ici et ailleurs. A ce jour, il est cependant permis d'espérer car les Français ont montré leur capacité de résistance. Arriveront-ils à sécréter une classe politique qui soit digne d'eux ?

1 - http://www.bruxelles2.eu/afrique/maghreb/la-coalition-anti-kadhafi-tres-blanche-tres-occidentale-lafrique-oubliee-danger.html
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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 13:42


Raymond Marcellin, ancien ministre de l'Intérieur, a dit  (citation de mémoire): « Quand la  police intervient, c'est que, quelque part, un ministre n'a pas fait son travail ». Autrement dit, quand il a laissé les problèmes s'accumuler. Quand le mécontentement éclate, la police est sommée d'intervenir pour rétablir l'ordre.
Transposé en politique internationale, cela peut s'appliquer au droit d'ingérence : il est question d'une intervention extérieure quand la situation s'est suffisamment dégradée pour qu'éclatent des troubles. Mais, les États n'interviennent pas, ou pas seulement,  pour des raisons humanitaires, mais par intérêt. Le droit d'ingérence n'existe pas mais le devoir d'ingérence existe, non en fonction de l'intérêt des populations concernées mais en fonction de l'intérêt de l'État intervenant. Le droit ou le devoir d'ingérence, n'est pas ce qu'on appelle la guerre ?

Personne n'évoque le droit d'ingérence contre la  Chine, à propos du Tibet par exemple. Le morceau est trop gros pour que quiconque s'en mèle. De même, que dans certains États inféodés à la Russie mais on sait que la Russie combat le terrorisme... Le droit d'ingérence est un droit que s'arrogent les États assez puissants pour pouvoir l'exercer contre un État plus faible. La guerre mais du fort au faible.

Pour des raisons humanitaires, il faudrait intervenir dans de nombreux pays :
En Cote-d'Ivoire, le gouvernement en place ne reconnaît pas les résultats d'une élection qui s'est déroulée sous le contrôles des observateurs de l'ONU. Des troupes internationales sont en place.  Des affrontements de plus en plus violents ont lieu. La communauté internationale, la communauté africaine poussent le gouvernement en place, sans aucun mandat depuis des années, à partir ou à négocier... Que va-t-il se passer ? Intervention ou non ? Avant ou après les massacres ? Pour le moment la Libye... alibi ?

Au Yemen, tous les jours des manifestants pacifiques sont tués par le président en place, l'Occident lui conseille la modération et craint que le remplaçant éventuel ne soit pas aussi efficace contre le terrorisme. Et en Syrie. Et au Bahrein où l'Arabie saoudite, pays démocratique, intervient, à la demande du gouvernement certes, pour réprimer des manifestants pacifiques. Mais tous sont es alliés contre le terrorisme...

On pourrait faire un tour du monde et trouver des dizaines d'États avec lesquels les États occidentaux ont d'excellentes relations, avec lesquels ils commercent fructueusement, auxquels même ils vendent des armes qui ne peuvent servir qu'à la répression. Dont ils blanchissent l'argent volé à leur peuple....

La Libye de Kadhafi, après des débuts de « gauche », est devenu un État voyou, réellement, (attentats, otages) et quelque temps après ou en même temps, un État avec lequel on pouvait entretenir d'excellentes relations. En 2007, la France signait un mémorandum en vue de la « réalisation de projets de production d'énergie nucléaire et de dessalement de l'eau » (1) ; en 2009, il était prévu « la constitution d'une unité de même type que le RAID » (1). Il était même question de « partenariat global ».
Lors des révoltes au Maghreb, c'est d'abord l'arrivée éventuelle d'immigrants qui a préoccupé le gouvernement. Pourtant il savait, par un rapport parlementaire, que les migrants étaient traités de façon particulièrement rude en Libye. Cela n'avait pas empêché de dérouler le tapis rouge à Paris pour ce potentat qui a pu s'essuyer les pieds.(Rama Yade)

La France n'est pas le seul pays fournisseur d'armes . Les principaux fournisseurs d'armes européens de Kadhafi sont dans l'ordre : l'Italie, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne (2).

A l'Onu, il n'y a pas si longtemps, la Libye a présidé le Conseil des droits de l'homme. Et voilà qu'aujourd'hui, on vient de voter sa radiation (3). Question de logique des textes car il est difficile d'adopter la résolution 1973 et de garder la Libye dans ce conseil. Mais La Libye a-t-elle tellement changé entre temps ? Combien de pays devraient être radiés de ce conseil ?

Intervention pour renverser Kadhafi ? Non, pour protéger les populations civiles. Sans débarquement de troupes. En même temps, les uns et les autres proclament que Kadhafi doit partir. En attendant, on immobilise son aviation, on bombarde ses troupes, on gèle ses avoirs à l'extérieur... Tiens, lui, sa famille, ses amis avaient des avoirs à l'extérieur et on ne les avait jamais gelés... Pas même pour indemniser les victimes des attentats. Pour libérer les otages.

En réalité, pour le moment, l'intervention idéale a réussi, sans pertes humaines occidentales. Les militaires occidentaux, professionnels, tuent, seulement des militaires  de Kadhafi, mercenaires ! Chaque jour, en Irak, en Afghanistan, l'intervention entraîne des pertes de militaires occidentaux : ici, ce ne devrait pas être le cas. Mais on retrouvera les effets collatéraux... sur les populations civiles. Il n'en est pas encore question sauf dans la propagande de Kadhafi.

Sur quoi va déboucher l'intervention ? Va-t-elle continuer à traquer les forces gouvernementales qui resteront dans les villes, avec risques graves pour la population ?
Va-t-on armer les opposants pour qu'ils puissent combattre à armes égales ? Finira-t-on par aller leur donner un coup de main ? Ou envoyer des troupes de l'Onu pour s'interposer ? Avancer vers une partition ? Avec en arrière plan l'enjeu du contrôle du gaz et du pétrole libyen ?

Des visions plus optimistes peuvent être envisagées : un coup d'État interne sans succès à ce jour.
Une négociation, probablement en cours, entre Kadhafi et les alliés. Acceptera-t-il ? Il est probable que son fils Saïf el Islam dont on n'entend plus parler depuis quelque temps y travaille. Peut-être avec une partition temporaire (?) qui permettrait au bout de quelques années une réconciliation ou un nouvel équilibre.

Quoi qu'ill en soit, l'intervention risque d'être plus longue que prévu. Elle ne pourra, si on veut éviter aux populations civiles les règlements de compte, rester purement aérienne.

L'intervention en Libye est une intervention occidentale, plus exactement francaise, britannique et américaine, légitimée par l'Onu avec les moyens de l'Otan sans lesquels elle serait impossible.

La résolution 1973 , adoptée le 17 mars 2011, a été présentée  au Conseil de sécurité par la France, le Liban et le Royaume-Uni. Ont voté pour l'Afrique du Sud, la Bosnie-Herzégovine, la Colombie, les États-Unis, la France, le Gabon, le Liban, le Nigeria, le Portugal et le Royaume-Uni ; cinq membres se sont abstenus : l'Allemagne, le Brésil, la Chine, l'Inde et la Russie  (4).

Premier constat, une fois de plus, l'inexistence de l'Union européenne et notamment de Catherine Ashton, sa représentante pour les affaires étrangères, qui ne semble avoir joué aucun rôle. Il faut cependant noter que les 27 étaient loin d'être unanimes : participent à la coalition la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Belgique, le Danemark, la Grèce,  l'Espagne, la Norvège (5).

En plus du Liban qui a présenté la résolution, ce qui lui a donné une couverture arabe, l'intervention a été soutenue, au début, par la Ligue arabe. En fait, soutiennent aussi l'intervention, la Jordanie, les  Émirats arabes unis qui ont promis, au départ 24 avions, puis 12...  Seul le Qatar s'est engagé franchement, avec 4 avions, le financement de l'insurrection de Benghazi et la chaîne satellitaire Al Jazeera  (6). Pour les autres membres de la Ligue arabe, il serait intéressant de savoir qui a voté le soutien... Personne n'en parle, il ne faut pas compromettre l'avenir...
Quant à Amr Moussa, représentant de la Ligue arabe, quelle est sa position. Faut dire qu'il est plus ou moins candidat à la candidature à la présidence de l'Égypte et que celle-ci ne participe pas à la coalition.

La plupart des pays africains sont opposés à cette intervention, le souvenir de certains financements ? Mais les 3 États du Conseil de sécurité, Afrique du Sud, Nigéria, Gabon ont voté en faveur du recours à la force (7).


Les raisons de Sarkozy peuvent être multiples. Il a complètement manqué le train tunisien, le train égyptien, il ne fallait pas rater celui-ci. Les sondages étaient catastrophiques, Sarkozy comptait sur sa présidence des G8 et G20 pour redorer son blason comme lors de sa présidence de l'UE... ça ne marchait pas fort. Prendre l'initiative pouvait montrer qu'il est l'homme des circonstances graves et améliorer son image.
Une bonne occasion se présentait pour faire oublier aussi les cantonales. Il a sauté dessus au point d'humilier son ministre des Affaires étrangères, de reconnaître, un peu rapidement, le Conseil national intérimaire libyen comme seul représentant du peuple libyen et il s'est empressé de faire intervenir les Rafales sans en avertir les autres membres de la coalition. Notre représentant de commerce en matériel de guerre a bien saisi l'occasion.

Sarkozy, « l'américain » du temps de l'interventionniste Bush, s'est propulsé à l'avant garde de l'interventionnisme devançant même Obama le prudent. Il joue les chefs de guerre, oubliant les réalités matérielles qui font que rien n'est possible militairement sans l'Otan. Il n'est pas sûr que cette « gloire militaire » soit suffisante pour sauver son quinquennat. Elle n'a pas sauvé les cantonnales ! D'autres épreuves nous attendent.

Un de ses ministres, le plus proche, a parlé de « croisade » (à usage interne), quand lui-même dit ne pas vouloir de l'Otan, pour gommer cet aspect et pour éviter une opposition de la Turquie qui en est membre.


Pour le moment, l'intervention a bloqué la progression des troupes de Kadhafi et le massacre des populations civiles, ce qui était le but affiché. C'était le plus urgent et le plus facile étant donné le rapport de forces militaires. Reste à trouver les moyens de remettre en marche, en Libye aussi, le printemps arabe. Ce sera probablement plus difficle.

1.Le Monde 23/03/11.
2.Revue de la presse allemande 17/03/11.
3.Le Monde 26/03/11.
4.Wikipedia.
5.LeMonde.fr 22/03/11.
6.Le Monde 22/03/11.
7.Le Monde 22/03/11.

 

 

Quelques coupures de la Presse internationale :

Le rôle de Nicolas Sarkozy paraît d'autant plus important que "Hillary Clinton joue une partition inusitée dans les annales des interventions armées américaines : l'humilité", analyse le Washington Post. Et The Economist prévient : "Si l'opinion publique française salue le renouveau de la crédibilité nationale, elle n'a pas encore été préparée à une longue et sale guerre." LeMonde.fr 21/03/11.

"Les Français aiment avoir un chef de l'Etat actif sur la scène internationale",  et "une bonne crise", c'est peut-être ce dont avait besoin Nicolas Sarkozy, note un diplomate cité par le Guardian.

Il s'agit de reprendre la main, un an avant une élection présidentielle qui s'annonce difficile. Mais aussi de faire oublier les errements de la diplomatie française lors des récentes révolutions en Tunisie et Egypte, et l'accueil fait à Kadhafi fin 2007, "avec tous les honneurs" et "de bonnes affaires", souligne Die Welt allemand.

S'y ajoutent des "raisons personnelles", selon The Economist : "Kadhafi l'avait traité de clown et son fils Saïf Al-Islam a allégué sans preuve que la Libye avait participé au financement de sa campagne présidentielle de 2007".

 New York Times : "les premières sorties aériennes françaises, qui n'étaient pas coordonnées avec les autres pays, ont mis en colère certains dirigeants réunis à Paris, selon un haut diplomate d'un pays de l'OTAN. Celui-ci a ajouté que le mouvement des troupes de Kadhafi était clair dès le vendredi, mais que la France avait bloqué tout accord de l'OTAN dans l'attente de la réunion de Paris."
“Nous devrions tous remercier et louer le nouveau shérif de la ville, le président français Nicolas Sarkozy , écrit John Guardiano. Viva La France! (sic)”. “Qui aurait pu imaginer que la France produirait un président plus pro-américain que le notre ?” enchaîne Aaron Goldstein, sur le blog de l’American Spectator. Great America Libération.fr 21/03/11.

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26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 07:31

Quelques réflexions complémentaires après la publication des résultats globaux

 

 

Le Monde publie les résultats des élections cantonales de 2004 et 2011 donc dans les mêmes cantons (1).

 

Première information qu'il est possible d'en tirer : avec plus d'un million d'inscrits supplémentaires, il y a 3 351 366 votants de moins. Le taux d'abstentions est passé d'une élection à l'autre de 36,09 à 55,68. Le parti des abstentionnistes a fait un véritable bond en avant.

 

Cet abstentionnisme touche-t-il également les différentes organisations ?

 

Les « partis de gouvernement », l'UMP et le PS, qui détiennent, à eux deux, toutes les structures électives de pouvoir ne représentent que 18,03% des inscrits en 2011 contre 28,9% en 2004 : désaveu total de ces organisations. Les électeurs n'espèrent rien des partis de gouvernement. Ils n'espèrent pas beaucoup plus des autres organisations. En cette période de crise, l'abstention est le mode principal de contestation des politiques.

 

Certes, une part de cette abstention est structurelle mais il ne faut pas oublier les forts taux de participation, lors de la dernière élection présidentielle (83,77% au premier tour et 83,97% au second) ou lors du référendum de 2005 (69,37%). Les nouveaux abstentionnistes ne sont pas apolitiques mais désespèrent de la politique et des politiques.

 

Comment des politiques qui se disent « démocrates », « républicains », ne sont-ils pas inquiets, peuvent-ils se satisfaire d'une démocratie à moins de 10% ? Peuvent-ils continuer, sans inquiétude, à jouer « au théâtre ce soir » en direct à la télévision ?

Sauf par leur vanité à exercer le pouvoir.

 

Le titre-commentaire du Monde, présentant les résultats comparés de 2011 à 2004, est :


«Tous les partis perdent des voix sauf Europe Ecologie-Les Verts ». Ceci n'est que


partiellement exact.
EELVest la seule organisation à augmenter son nombre de voix qui


passe de 500 956 à 753 097, et encore plus son pourcentage de 4,08 à 8,22. Mais avec un

nombre de candidats qui est passé de 739 à 1172. En réalité,
le nombre de voix par

candidat EELV a diminué : 643 au lieu de 678.


Les écologistes pouvaient espérer de meilleurs résultats, d'autant que Les Verts sont devenus EELV avec un certain élargissement militant et que l'élection avait lieu en pleine catastrophe nucléaire du Japon...

Le PS passe de 26,21% à 24,94% et perd un million de voix ! Cela devrait fortement le porter à des réflexions plus sérieuses que ces affrontements entre candidats en réalité non-candidats et non-candidats en réalité candidats.

Le nombre de voix du PS diminue alors qu'il présentait 1516 en 2011 contre 1504 en 2004. Soit 1507 voix par candidat en 2011 contre 2 138 en 2004.
Ceci n'est pas dû à la multiplication des candidatures à gauche : l'extrême gauche a moins de candidats (368 contre 1543) d'une élection à l'autre ; le PC en avait 1671 en 2004 et 1638 (PC+PG) en 2011. Le PRG, les divers gauche avaient aussi moins de candidats en 2011.

 

Tous ces partis perdent des voix et si le résultat en pourcentage peut faire illusion, le Front de gauche en 2011 arrive à 8,92% contre 7,79% en 2004, cela ne traduit pas un engouement immodéré. Tout au plus peut on dire que le Front de gauche freine la descente aux enfers du PC. Et dans la perspective de alliances futures éventuelles avec le PS pour les législatives, Front de gauche et EELV ont le même poids dans ce « sondage » auprès des électeurs.

 

La droite classique est largement battue. Si on compare les résultats, toutes droites confondues (y compris UDF en 2004 et Modem en 2011, non compris l'ED), elles recueillaient 4 729 874voix (37,1%) soit 2211 par candidat (2139) en 2004 et 3 020 551 voix (32,96%) soit 1066 voix par candidat (2833). Une chute de plus de 1,7 million de voix.
En ne considérant que l'UMP, 2 570 193 voix (20,96%) pour 1380 candidats (1862 voix par candidat) en 2004 et 1 554 726 (16,97%) pour 1138 candidats (1366 par candidat) en 2011, la chute est encore plus sévère.

 

De son coté, le FN, avec 1 379 933 voix pour 1441 candidats (958 voix par candidat) en 2011 contre 1 486 840 et 1850 candidats en 2004 (804 voix par candidat), perd des voix d'un scrutin à l'autre. Mais il présentait beaucoup moins de candidats, essentiellement semble-t-il pour des raisons financières. Sa progression en pourcentage, de 12,12 à 15,06 tient, probablement, au fait que les abstentionnistes sont moins nombreux dans son électorat et qu'il présentait moins de candidats, donc de préférence dans les circonscriptions les plus favorables.

 

Dans ces élections aucun parti ne peut, objectivement, être satisfait des résultats.

Reste qu'en fonction des commentares dominants, de reports de voix du second tour, de la répartition des élus, le jeu des interprétations partisanes va reprendre.

Par ailleurs, ces élections « apolitiques » ont déjà eu des conséquences sur l'UMP qui est dans le brouillard.  Elles peuvent avoir des conséquences sur la composition du sénat.


1 - Le Monde 24/03/11

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 00:48

 

 

Pour une fois, tout le monde est d'accord au lendemain d'une élection : le parti grand vainqueur de ces cantonales est le parti des abstentionnistes avec plus de 55%. Il n'est pas sûr que l'accord aille bien plus loin.

 

Car ces abstentions ont des causes diverses, circonstancielles  ;

  • - ces élections n'étaient, contrairement aux élections cantonales antérieures, couplées avec aucune autre élection ;

  • - les élus ne resteront en place que pour un demi-mandat ;

  • - le gouvernement, prévoyant les résultats désastreux a tout fait pour les faire oublier ;

  • - l'importance des événements internationaux Japon, Libye, les a fait passer au second plan.

    Mais ces abstentions, si elles sont particulièrement fortes, viennent après d'autres où le taux était encore plus élevé : élections européennes avec un taux à 59,37 % en 2009, après 57,24 % en 2004. Pour prendre les véritables dimensions du problème, il faudrait, e plus, prendre en compte, le nombre de personnes qui ont le droit de vote et qui ne sont pas inscrites sur les listes électorales.

 

Certes, la démocratie ne se résume pas dans les seules élections. Mais tout montre que les électeurs peinent à se déplacer parce qu'ils ont pris conscience que leur vote ne servait à rien.

 

Ils ont voté en nombre au référendum en 2005 mais les politiques se sont empressés d'en dévaloriser et « redresser » le résultat en adoptant en Congrès les mesures rejetées par le scrutin populaire.

 

Les citoyens se sont inscrits, en nombre, sur les listes électorales et ont voté pour la dernière élection présidentielle parce qu'ils en attendaient un changement qui n'est pas venu. Le « travailler plus » s'est transformé en une augmentation du chômage et l'augmentation du pouvoir d'achat n'a touché que les amis ayant des revenus déjà substantiels.

 

Les sondages dont les politiques sont si friands, ont bien montré l'opposition de la population à la réforme des retraite, telle qu'elle a été conduite. Et les manifestations aussi. Sans plus d'effet que les élections.

 

Sans oublier les affaires judiciaires en cours qui n'aboutissent pas parce qu'elles touchent des puissants...

 

C'est là que la démocratie est en danger. Quand aucun canal démocratique ne fonctionne. Quand la justice est aux ordres. Quand les puissants font la loi, sans pudeur, à leur profit. L'abstention, la montée de l'extrême droite sont les derniers modes d'expression du mécontentement populaire.

 

Maintenant la droite désemparée est aux abois. Elle a légitimé les réponses de l'extrême droite, à travers ses campagnes et ses lois. Elle est en train de conforter son appareil en le mettant sur le même plan que le PS par des consignes de vote dont la clarté et la cohérence ne sont pas les qualités fondamentales. Cette ambiguïté n'est pas totalement innocente : au prix de l'élection de conseillers d'extrême droite dans certaines circonscriptions, l'UMP espère en retour être soutenu ailleurs. Et masquer ainsi la débâcle. Ce jeu politicien est cependant dangereux et risque d'unifier l'électorat de droite au profit de sa fraction la plus dure.

 

Il n'est pas sûr dans ce cas que le centre accepte de continuer à jouer les forces d'appoint d'une politique qui s'éloigne de plus en plus de ses valeurs.

 

La démocratie est aussi en danger parce que la politique du PS hier quand il était au pouvoir, aujourd'hui dans l'opposition n'apparaît pas comme une force crédible du changement. Les résultats des écologistes qui doublent leur pourcentage de voix, de la gauche de gauche qui, malgré ses divisions, gagne un point, montrent qu'il existe une demande d'espérance.

 

Quelle forme prendra-t- elle demain ?

 

 

 

 

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 11:39

 

 

 

Les résultats des sondages mettant Marine Le Pen en première position lors d'une éventuelle élection présidentielle ont déclenché des commentaires répétés qui passent à coté de l'essentiel.

 

Tous les politiques sont d'accord sur un point : les sondages sont contestables quand il ne leur sont pas favorables. Et ils étaient défavorables à tous sauf à une. De là à conclure, les sondages, tous pourris, il n'y a pas loin. Mais ils salivent à la pensée d'un prochain sondage que leur serait favorable... De nouveaux sondages enterreront toutes les réflexions antérieures.

 

Certes, il est utile de contester la qualité, la méthode de certains sondages et de les encadrer. Mais ce n'est pas là l'essentiel. Et il n'est pas fondamental de savoir si Marine Le Pen doit être créditée de 20, 21 ou 22% +/- 1 ou 2%. Même si cela conduit à éliminer le candidat PS ou UMP.

Il y a quelques années, un résultat Le Pen au dessus de 10% aurait conduit à pousser des cris d'horreur. Aujourd'hui, à plus de 20%, on s'attaque aux sondages et aux sondeurs.

 

Ensuite est venue la recherche des coupables. Beaucoup d'observateurs ont avancé que le syphon de 2007 fonctionnait dans l'autre sens. Là où de Sarkozy, mimant le FN, avaient réussi à détourner les voix d'extrême-droite, voici que, aujourd'hui, les propos et la politique de Sarkozy ramènent ces brebis égarées au bercail avec quelques autres. Son discours, républicain, laïque, féministe, décomplexé mais plus cohérent que celui de Sarkozy, et plus acceptable par une certaine droite que celui de son père, fait de Marine Le Pen une candidate présentable. Et ce ne sont pas les indignations, les imprécations qui ont échoué face au discours limite du père qui vont marcher contre les discours policés de la fille. Sarkozy a libéré plus que le discours droitier d'une partie de son électorat. Qui va voir ailleurs.

Bien entendu, Fillon a essayé de faire porter le chapeau au PS, sans grand succès. Il manque pour cela de crédibilité car il peut difficilement reprocher au PS de ne pas incarner une véritable opposition. Et pourtant...

 

Tout cela demeure dans le microcosme politicien. Qu'en est-il de la société française elle-même ? Elle est probablement plus saine que le monde politique mais aussi plus désespérée.

 

Plus désespérée car si les caisses de l'État ont été vidées hier, c'est à coup de mesures favorables aux nantis. Les riches sont devenus plus riches et les pauvres plus pauvres. Le gouvernement veut rétablir les équilibres financiers, non en reprenant aux nantis ce qu'il leur a été donné mais en remettant en question les acquis sociaux qui permettent de vivre à la grande majorité de la population. Quoi que pense la majorité de la population. Quel que soit le nombre de manifestants. Ce pays n'a jamais été aussi riche et la situation devient chaque jour plus difficile pour la majorité de la population.

 

La population est plus saine car malgré le matraquage, elle ne suit pas quand le gouvernement essaie de la diviser en lançant des campagnes sur l'identité nationale, sur les roms, sur l'islam, sur les immigrés avec ou sans papiers... Une confirmation évidente, peut-être simpliste : il suffit de voir quelles sont les personnalités préférées des Français, la « diversité » y est fortement représentée.

Plus pertinente, l'analyse de Nonna Mayer, dans un article récent du Monde (11/03/11), montre « que depuis 1990, il y a un recul lent mais constant des préjugés racistes, xénophobes et antisémites et, à l'inverse, une acceptation croissante de l'autre, y compris des musulmans ». Par contre, elle parle « d'une droitisation de l'électorat UMP... Sur les 2 thématiques phares du FN, l'immigration et l'islam ».

 

Finalement, en attaquant, segment par segment, une grande partie de la société française, Sarkozy recueille le plus grand désamour qu'ait connu un président en exercice !!!


Il a réussi à construire contre lui l'unité syndicale au moment de la réforme des retraites, à se mettre à dos presque tous les secteurs de la société civile : les chercheurs hier et les diplomates aujourd'hui, les associations étranglées par la diminution des subventions, les élus locaux y compris de droite qui doivent gérer plus avec moins de moyens, les enseignants et les parents d'élèves devant ce qui est ressenti comme un démantèlement de l'école et plus largement de la formation. Ce chantre de la sécurité a mis dans la rue et les magistrats et les policiers. Il est difficile de trouver un corps, en dehors des restaurateurs..., qui sans être de gauche ne se sente pas agressé, humilié, par les propos ou les décisions fantasques du président de la République. Y compris des ministres méprisés ou négligés, comme son « collaborateur » Fillon, le ministre d'État Juppé et autres Borloo, Kouchner, Yade...

 

Les sondages sont réellement désespérants par les résultats de Marine Le Pen mais aussi, et peut-être plus, par ceux de la gauche qui est incapable d'occuper le boulevard - surdimensionné pour elle ? - qui lui est offert par Nicolas Sarkozy !

 

La gauche qui se dit de gauche étale ses divisions depuis au moins 2005 au point de donner raison à ceux qui affirment qu'elle incarne le vote inutile.

Le rejet de Nicolas Sarkozy est tel que certains peuvent penser que le passage du tout RPR/UMP au tout PS est assuré : hégémonie acquise au niveau municipal, départemental, régional, majorité demain au sénat ? Victoire à la présidentielle et ensuite aux législatives ? Mais pour faire quoi ? Le PS doit faire un gros effort s'il veut incarner, dans les mois qui viennent, une force annonciatrice d'une politique différente et crédible. Pour le moment, avec la complicité des médias, il occupe le terrain dans un ballet de figuration des ego, exacerbé par des primaires incertaines, tandis que prospère la communication de « l'imam caché ».

 

Si Nicolas Sarkozy a pu être qualifié d'agité du bocal, le PS au lieu d'incarner le changement et l'espoir, l'ouverture et la participation amuse la galerie avec la non-candidature du candidat. Les primaires sont organisées pour que le non-candidat puisse s'y présenter, la secrétaire national affirme qu'elle ne se présentera pas contre le non-candidat. Les fonctions du non-candidat l'empêchent de dire qu'il sera candidat. Mais il est autorisé à dire qu'il n'est pas candidat. Personne ne le lui demande.

 

Il ne fait pas de doute que cette danse du ventre devant le buffet ne peut que mobiliser tous ceux qui ont de la peine à boucler les fins de mois. Ne vous impatientez pas braves gens, le sphinx parlera, le moment venu... Actuellement, il « communique » !

 

 

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 21:49

(Au moment où la crise mondiale va être exacerbée par les accidents nucléaires du Japon, certains articles ou blogs ont un aspect, tout à coup, encore plus dérisoire.)

 

En conséquence, les députés européens conservateurs et socialistes ont voté une augmentation de l'enveloppe destinée à ces assistant. L'an dernier, ils avaient demandé une augmentation mensuelle de 3000 euros qui avait été finalement ramenée à 1500 devant la protestation de certains de leurs collègues (Gauche et écolo).

C'était déjà une augmentation substantielle. Ils viennent de voter une nouvelle augmentation de 1500 euros. Deux fois 1500 euros, c'est moins choquant que 3000 euros en une seule fois.

 

Les députés européens ont de la pudeur. Mais ils sont persévérants. L’argent supplémentaire porte à 21 259 euros cette allocation mensuelle. Au total, ce budget représente une somme de 13,5 millions d’euros pour le Parlement


Il n'est pas question de tomber dans le "tous pourris", dans l'antiparlementarisme ou de comparer les députés aux traders qui retrouvent leurs rémunérations scandaleuses d'avant la crise... Pour travailler, les députés ont besoin d'assistants compétents notamment face aux groupes de pression qui ne manquent pas, eux, de financement


Mais dans cette période de crise où chacun est appelé à rogner tous les budgets, ils auraient pu partager le sort de leurs électeurs et attendre que la situation s'améliore (D'après le blog de Jean Quatremer 03/03/11).

 

 

 

 

 

 

 

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