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2 avril 2024 2 02 /04 /avril /2024 07:45
De Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavage

L’esclavage dans les colonies a été aboli par la France pour la première fois en 1794, rétabli par Napoléon Bonaparte en 1802 et supprimé à nouveau en 1848. Et, bien plus tôt, dans le royaume, par la reine Bathilde (630-680), épouse de Clovis II.
Suppression qui n’a pas toujours été respectée...

Bathilde, noble, encore enfant, est réduite en esclavage et achetée par le maire du palais de Clovis II qui en fait sa servante, à 12 ans, en espérant mieux. Le roi l’épouse, elle devient reine des Francs et, à la mort du roi, régente.
Elle interdit l’achat et la vente des esclaves, les rachète en nombre pour les libérer et
rend libres sur le sol des Francs ceux qui arrivent de l’étranger.

À l'époque de Charlemagne et durant la première partie du Moyen Âge, les Francs combattent les Saxons et les Slaves. Du slave à l’esclave. Les prisonniers alimentent le commerce vers Venise et les Arabes en passant par la Champagne où, systématiquement émasculés, un quart environ d'entre eux ne survivent pas.
La christianisation des Slaves met fin à cette traite.
Cependant, des esclaves sont employés dans les grandes propriétés agricoles, y compris dans les monastères. Et encore au XVe en Provence avec des Noirs achetés au Maroc.

Le 3 juillet 1315, édit de Louis: selon le droit de nature, chacun doit naître franc, nul n'est esclave en France, le sol de la France affranchit l'esclave qui le touche.
En 1571, un navire normand accoste à Bordeaux pour y vendre sa cargaison d'esclaves. Le Parlement de Bordeaux les libère : « La France, mère de liberté, ne permet aucun esclave ».

En 1642, Louis XIII autorise la traite et l'esclavage aux Antilles. Alors que se développe le commerce triangulaire, Louis XIV, par le Code noir (1685), réglemente le traitement des esclaves aux colonies sans un mot pour le royaume. Or le rédacteur du Code, Colbert de Seignelay, ministre de la Marine, a des nègres domestiques, en habit à la cour et en particulier deux négresses d'une parfaite beauté, qui avaient de l'esprit et parlaient bien français. La reine Marie-Thérèse a reçu en cadeau du duc de Beaufort un petit Africain et Jeanne du Barry, le jeune Zamor offert par son amant Louis XV.

Louis XIV utilise, sur ses galères, des forçats, des protestants pour faits de religion et des esclaves d’origines diverses, appelés Turcs. Ces esclaves ont aussi été utilisés pour les spectacles de la cour, mascarades et tableaux vivants... Pour ramer dans une galère sur le Grand Canal et illustrer ses succès en Méditerranée, 54 esclaves sont amenés à Versailles.
Sur mer ou sur terre, royales, les esclaves sont loin de Bathilde et de 1315…

Des milliers de Noirs d'Afrique et des Îles d'Amérique en Angleterre et en France.
Des esclaves étaient vendus sur la place de Londres et à Paris, capitale de l'esclavage,  coloniaux et capitaines de navires vendaient des esclaves à des métropolitains, et ceux-ci profitaient du travail servile d'individus qu'ils n'avaient pas le droit d'acquérir.

Deux tableaux, au musée de Nantes, illustrent le service domestique d’esclaves noirs.
Sur le premier, un notable de Nantes, sur l’autre, son épouse, tous deux en majesté. En retrait, leur serviteur debout, un homme noir pour lui, pour elle une femme noire. Du sucre, une tasse de café qui, avec le commerce triangulaire, ont assuré leur fortune.
Des commentaires et un faisceau lumineux attirent l’attention sur les détails vestimentaires de ces serviteurs qui signalent leur statut d’esclave.


 

De Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavageDe Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavage

Le Code noir s'applique dans les îles mais ne concerne pas le royaume où l'esclavage n'existe pas officiellement : mais « plusieurs habitans des Isles de l'Amérique » amènent des esclaves, pour leur service comme les bourgeois de Nantes ou pour leur faire apprendre quelque métier dont les colonies recevraient beaucoup d'utilité. D’où une nécessaire adaptation de la législation. Les Noirs venus dans le royaume ne pourraient prétendre avoir acquis la liberté si leurs maîtres avaient observé les formalités d'enregistrement. Le parlement de Paris a rejeté cette possibilité.
Acceptée par celui de Rennes, des cas ont été documentés à Nantes, 16 par an de 1720 à 1740, une douzaine par an à Bordeaux.AncreAncre

Le problème se retrouve en Angleterre des Cours ont proclamé : Dès qu'un nègre entre en Angleterre, il devient libre, contredit en 1749 par l’affirmation qu'un esclave n'a pas plus de raison d'être libre en Angleterre qu'à la Jamaïque jusqu’à ce que, en 1762, l'Habeas corpus soit reconnu pour les Noirs.

Différences essentielles entre traites.

L’ Afrique noire a subi, simultanément, l’esclavagisme intra-africain, arabo-musulman et atlantique. Qui donnent lieu à des querelles comptables.

Lors d’un colloque de l’UNESCO en 1978, le nombre d’esclaves arrachés à l'Afrique a été estimé à 15,4 millions par la traite atlantique, 14 millions par la traite orientale, Océan indien, transsaharienne et mer Rouge. Certains avancent des quantités différentes : traite orientale, 17 millions de déportés, esclavage intra-africaine, 14 millions. Traite orientale et intra-africaine ont eu leur apogée au XIXe, la traite atlantique au XVIIIe.
En 1997, Hugh Thomas estime que, sur 13 000 000 d'esclaves arrachés à l'Afrique par la traite atlantique, 11 328 000 sont arrivés à destination en 54 200 traversées !

Quoi qu’il en soit, en plus des drames humains, les ponctions par caravanes ou navires ont stimulé les guerres intestines pour l’acquisition de captifs et constituent une saignée démographique importante pour l’Afrique.

L’esclavage en Afrique noire existait traditionnellement avant les traites arabes ou européennes. Dans certaines régions, le quart des hommes étaient esclaves, pour dettes, suite à des guerres locales ou en tant que descendants d'esclaves.
Ils étaient surtout utilisés comme domestiques et leur nombre était une source de prestige pour le maître.

La traite orientale répond à des besoins domestiques et des services (tâches d'entretien, d’infrastructures, employés de maison, harem, concubines, prostitution, eunuques). Elle s'étend sur 13 siècles. De Zanzibar, des esclaves ont été envoyés dans le Golfe comme main d’œuvre pour la culture du clou de girofle.

La traite atlantique dure 3 siècles, 90 % pendant la période 1740-1850. Elle fournit une main d’œuvre bon marché pour les les grandes plantations aux Amériques même si la traite a commencé avant l’arrivée de Christophe Colomb à Hispaniola (1492).
Les Portugais ont déporté 150 000 esclaves vers Lisbonne et ouvert le premier marché aux esclaves africains à Lagos, en 1444.

Pays et ports négriers

Les Européens ne pénètrent pas dans le continent pour se procurer des esclaves, ils attendent leur livraison, soit dans des fortins côtiers, soit même sur les navires. Ils repartent quand un nombre suffisant de captifs a été acquis.

Une vidéo sur la traite atlantique présentée au musée de Nantes et, actuellement au musée de l’histoire de l’immigration de la Porte dorée à Paris, permet de suivre le trajet des navires ayant participé à la traite par année, nationalité, point de départ et d’arrivée aux Caraïbes, en Amérique latine, aux États-Unis, quelques uns en Europe.

Le Portugal, première puissance pour le nombre de déportés, 5 millions entre XVIe et XIXe, 46% du total des déportations, pratique peu le commerce triangulaire. Ses navires relient directement les 2 rives de l’Atlantique, des côtes du Cap-Vert, de Guinée, de l’Angola (et Mozambique) vers le Brésil, sans passer par l’Europe.
C'est pourquoi, il n'a pas de grand port négrier, Lisbonne ne compte que 92 expéditions.

Le Royaume-Uni, deuxième pays européen, 3 millions de déportés : Liverpool, premier port négrier européen (4 894 expéditions), Londres (2 704), Bristol (2 064).
Le Royaume-Uni joue un grand rôle dans l’esclavage, la traite et leur abolition.

La France, troisième, 1,5 million de déportés, 3317 expéditions, 17 ports négriers d’importance diverse : Nantes, La Rochelle, Le Havre, Bordeaux, Saint-Malo, Lorient, Honfleur, Marseille, Dunkerque, Rochefort, Vannes, Bayonne, Cherbourg, Rouen, Brest, Saint-Brieuc, Marans.
Nantes
est le plus important : 1 744 expéditions, plus de 500 000 déportés, puis Bordeaux, La Rochelle, Le Havre. Saint-Domingue est la principale destination.

Nantes, apogée du commerce négrier au XVIIIe

Dans le commerce triangulaire, les navires partent d’Europe avec des marchandises diverses troquées en Afrique contre des captifs emmenés aux Amériques. D’où sont amenées les produits des îles : le sucre constitue 60,8 % en valeur des marchandises arrivées à Nantes en 1786.
E
n plus de ses bénéfices propres, le commerce triangulaire suscite un trafic direct, les navires négriers ne suffisant pas pour ramener les produits des îles. D’autres navires sont nécessaires.

La population de Nantes augmente, son commerce maritime s’accroît vers l'intérieur du royaume et surtout vers les ports étrangers : de 1702 à 1772, le tonnage vers les ports français est multiplié par 1,9 et vers les ports étrangers par 3,6.
Les grandes familles s’enrichissent, investissent dans les terres agricoles, l'immobilier et, au côté d'une industrie traditionnelle, dans l'industrie naissante, notamment la construction navale : la superficie des chantiers est multipliée par 15,5 du début du siècle à 1780. Ils deviennent les premiers constructeurs français de navires marchands.
Le palais de l'Élysée a été construit en 1720, grâce à la fortune d’Antoine Crozat à la direction d’une des plus importantes sociétés du commerce triangulaire entre Nantes et Saint-Domingue, la Compagnie de Guinée créée par Louis XIV qui en était actionnaire,.

Prenant acte de l’histoire, Jean-Marc Ayrault, alors maire de Nantes, est à l’origine du Mémorial de l'abolition de l'esclavage, consacré à la traite et à l'esclavage, inauguré en 2012 en présence de l'ancien président du Bénin, Nicéphore Soglo, de Christiane Taubira, de Lilian Thuram…


 

Nantes : Les Anneaux de Buren
Nantes : Les Anneaux de Buren

Nantes : Les Anneaux de Buren

Traite, esclavage, résistance

La colonisation a causé une chute si importante des populations amérindiennes que sa qualification d’ethnocide ou de génocide est discutée.

 Destination des esclaves dans les différentes colonies françaises (Tableau I)

Territoire

Nombre d’esclaves

Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti)

864 000

Martinique

366 000

Guadeloupe

291 000

Île Bourbon (Réunion)

130 000

Île-de-France (Île Maurice)

80 000

Guyane

51 000

Louisiane

10 000

Saint-Vincent, Sainte-Lucie, Tobago, Dominique, Grenade

137 000

Total

1 929 000


Des esclaves venus d’Afrique.
Des révoltes ont éclaté lors du transfert des captifs vers les Amériques. Dans les archives nantaises, 33 révoltes sont répertoriées pour 475 expéditions, soit 6,9 %, entre 1713 et 1743. Plus souvent quand le navire est encore sur la côte africaine ou proche. Parfois lors d'une escale dans une île portugaise du golfe de Guinée.
La première colonie française aux Antilles est Saint-Christophe (1625) et Richelieu fonde la Compagnie de Saint Christophe et îles adjacentes. Viennent ensuite la Guadeloupe, la Martinique…

Le Code noir est promulgué pour combler un vide juridique sur l’esclavage aux îles colonisées alors qu’il n’existe pas dans le royaume. Il est appliqué aux Antilles en 1685, à Maurice en 1715, à La Réunion en 1723.
Le Code établit le statut des esclaves et témoigne de l’insécurité ressentie par les colons devant les différentes formes de résistance individuelle ou collective, marronnage, révolte, et formalise la répression pour dissuader et punir. Plus fréquent que les révoltes, le marronnage, s’enfuir des plantations, est surtout individuel, de brève durée, non-violent. Mais des groupes de marrons peuvent se former avec attaques de plantations et affrontements.
Le Code interdit le port d'arme sauf à la chasse si le maître le permet (art.15), peuvent être soumis à des châtiments corporels et marqués d'une fleur de lys pour une fuite pendant un mois (marron), jarret coupé en cas de récidive (marquage au fer et mutilation existaient en métropole), condamnation à mort à la troisième tentative (article 38) ou pour avoir frappé son maître, sa femme ou ses enfants (article 33), vol de cheval ou de vache article 35 (vol domestique puni de mort en France), pour réunion en cas de fréquentes récidives (art 16).

La première révolte dans une colonie française éclate sur l’île de Saint-Christophe. En 1639, 60 esclaves gagnent les montagnes et attaquent les colons avant d’être réprimés. En 1656, à la Guadeloupe, 1678, à la Martinique, 1679 à Saint-Domingue.
Les révoltes sont plus fréquentes avec la culture de la canne à sucre.
Une quinzaine comptent au moins un millier de participants, surtout à Saint-Domingue. Jusqu’au grand soulèvement, unique par son ampleur, des dizaines de milliers d’esclaves, surtout par son dénouement, l’abolition locale de l’esclavage, avant la décision nationale.

Les Lumières et l’esclavage

La condamnation de l’esclavage par les philosophes des Lumières est un phénomène nouveau. Les penseurs de l’Antiquité ont justifié l’esclavage, droit naturel, et l’Ancien, le Nouveau Testament, les fondateurs du christianisme et les théologiens du XVIIIe siècle. Et bon nombre de francs-maçons, colons, armateurs, propriétaires d’esclaves.
Des papes s'y sont opposés de façon plu ou moins nette : 873, la lettre apostolique de Jean VIII exhorte les princes de Sardaigne d'affranchir les esclaves vendus par les Grecs ; 1435, la bulle pontificale d’Eugène IV condamne l'esclavage des Guanches aux Canaries ; 1462, la lettre de Pie II à l'évêque de Guinée portugaise qualifie l'esclavage des Noirs de grand crime.

Pour les Lumières, rien ne donne le droit de propriété d’un homme sur un autre : ni la conquête, ni la guerre, ni le vol, ni l’achat ne peuvent fonder un droit d’esclavage.
 
L’impératif économique, la force créent l’esclave, non le droit.

L’esclavage est condamné au nom du droit naturel comme dans l’Édit de 1315 : le principe de la liberté personnelle était fermement rappelé et fondé sur le droit naturel.
Les philosophes n’écrivent pas des lois. Ils ne sont pas là quand le servage, l’esclavage sont abolis dans le Royaume. Ils ne sont plus là quand la suppression de l’esclavage dans les colonies est proclamée. Mais leur influence n’en est pas moins fondamentale. Pour eux, tous les hommes ont une souche commune. Le développement des systèmes politiques, des sciences, des techniques sont dues aux circonstances, aux conditions...
Il s’agit d’un retard provisoire, non d’une différence de nature.
DEurope, d’Afrique, d’Asie, les peuples sont égaux en capacité. Tous sont perfectibles.
C
ette perfectibilité ouvre la voie à ceux qui veulent coloniser pour civiliser.
Le droit naturel, l’égalité sont à la base des arguments politiques contre l’esclavage.

La Société des Amis, quakers, est fondée en Angleterre en 1648. Les colons quakers mettent en question l'esclavage dans les années 1670. En 1761, à Londres, ils adoptent une résolution contre le commerce des esclaves. Mais la révolution américaine divise les quakers entre nouveau et ancien monde.

En 1787, est créée à Londres la Société pour l'abolition de la traite des esclaves et l’année suivante à Paris, la Société des Amis des Noirs. Elles défendent l'égalité des Blancs et des Noirs dans les colonies et préconisent souvent l’abolition immédiate de la traite pour tarir progressivement l'esclavage. Avec l'idée de préparer et éduquer les Noirs à la liberté et le souci de maintenir l'économie des colonies, sans insurrection, sans porter atteinte aux intérêts des planteurs, du commerce et des métropoles.

En Angleterre et Amérique anglaise, l’anti-esclavagisme se développe sur une fond religieux. En France, l’acceptation de l’esclavage par l’Église catholique fait de l’abolition une revendication profane. Les arguments des philosophes sont de caractère laïque, ancrés dans la raison et l’humanisme plus que dans la religion.

Population des colonies françaises (Tableau II)

Colonie

Année

Blancs

Noirs libres

Esclaves

Total

Saint-Domingue

1790

27 717

21 800

495 528

546 835

Guadeloupe

1788

13 969

3 125

89 823

108 705

Martinique

1789

10 635

5 235

81 130

98 789

Réunion

1788

8 182

1 029

37 984

48 983

Maurice

1788

4 457

2 456

37 915

46 616

Sainte-Lucie

1788

2 159

1 588

17 221

22 756

Tobago

1788

425

231

12 639

15 083

Guyane

1789

1 307

494

10 748

14 338

Ensemble

 

54 069

35 958

782 988

873 015

Proportion

 

6 %

4 %

90 %

100 %

Depuis le XVIIe, Saint-Domingue connaît une grande prospérité, grâce à la culture de la canne à sucre et du café à partir de 1760. Selon le recensement de 1687, il y avait 8 000 habitants dont 4 500 Blancs. Cent ans plus tard, la population totale est passée à 546 835 dont seulement 5 % de Blancs  !
En 1789, Saint-Domingue est la plus rentable des colonies : première pour la production mondiale de sucre et de café, la moitié de l'offre mondiale de café. Le commerce extérieur de l’île est plus du tiers de celui du Royaume avec le monopole commercial et interdiction de l’industrie locale, l'exclusif colonial. Et l’esclavage.


 

Cahier de  doléances de Champagney - Article 29
Cahier de  doléances de Champagney - Article 29

Cahier de doléances de Champagney - Article 29

Le temps des Révolutions

Les finances sont la préoccupation de Louis XVI quand il convoque les États généraux : Nous avons besoin du concours de nos fidèles sujets pour nous aider à surmonter toutes les difficultés où nous nous trouvons, relativement à l'état de nos finances...
Mais l’agitation règne dans les campagnes, dans les îles et... dans les esprits qui ont beaucoup évolué depuis les États-généraux précédents de 1614.
L’influence des Lumières joue sur la vision de l’organisation des pouvoirs et de l’esclavage qu’ont les délégués aux États généraux. En témoignent leurs décisions successives.
Parmi les 60 000 Cahiers de doléances, seule une centaine mentionne l'esclavage. Celui de Champagney, ville d'un millier d'habitants, demande sa suppression.

Mais c’est une révolte ? - Non, Sire, c’est une révolution ! La réponse du perspicace duc de La Rochefoucauld-Liancourt à Louis XVI, réveillé le 14 juillet après la prise de la Bastille, aurait pu être plus large et annoncer deux Révolutions ! Car, avec la même perspicacité, le duc de la Rochefoucauld a proposé, lors de la Nuit du 4-Août et de l’abolition des privilèges, l'abolition de l'esclavage des Nègres... le privilège blanc.
Sans être entendu !

Louis XVI, lui-même, n’est pas indifférent à la condition des esclaves selon l’intervention, en son nom, du ministre Necker, à l’ouverture des États-Généraux.
Un jour viendra peut-être, Messieurs, où vous étendrez plus loin votre intérêt... où, associant à vos délibérations les députés des colonies, vous jetterez un regard de compassion sur ce malheureux peuple dont on a fait tranquillement un barbare objet de trafic ; sur ces hommes semblables à nous par la pensée et surtout par la triste faculté de souffrir ; sur ces hommes cependant que, sans pitié pour leurs misérables plaintes, nous accumulons, nous entassons au fond d'un vaisseau pour aller ensuite à pleines voiles les présenter aux chaînes qui les attendent.

La dynamique politique est allée plus vite et plus loin que ne le pensait Louis XVI : abolition de la royauté, du roi lui-meme  et, avec une aide forte des intéressés, abolition de l’esclavage.

Révoltes à Saint-Domingue

Dans les îles, les révoltes se succèdent en particulier à Saint-Domingue, dès les années 1770. Des groupes de marrons s’organisent dans la montagne et mènent des actions contre les Blancs.
La grande révolte de Saint-Domingue commence le 14 août 1791, entraîne le massacre de nombreux blancs et se maintient dans les campagnes malgré la répression. Toussaint Bréda, né esclave vers 1743, devenu libre en 1776, médecin des pantes, futur Toussaint Louverture, conseiller de Biassou, l’un des chefs des insurgés, organise un groupe armé bien discipliné.

Après l’abolition des privilèges du 4 août, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 est une autre occasion manquée. Le décret, adopté par l’Assemblée législative et promulgué par le roi le 4 avril 1792, ne reconnaît l’égalité des droits que pour les hommes libres de couleur, non pour tous.
À Saint-Domingue, la situation conduit Léger-Félicité Sonthonax, commissaire civil aux Îles pour y rétablir l'ordre & la tranquillité publique, à proclamer l'abolition dans le nord de l’île, le 29 août 1793, et son collègue Étienne Polverel dans le reste de l’île quelque temps après. Ils envoient trois députés à Paris dont le rapport enthousiasme la Convention qui adopte le décret du 16 Pluviôse An II, 4 février 1794, alors que le pays est en proie à une coalition européenne et aux soulèvements royalistes : La Convention déclare l'esclavage des nègres aboli dans toutes les colonies ; en conséquence, elle décrète que tous les hommes, sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français et jouiront de tous les droits assurés par la Constitution.
Dans toutes les colonies, Saint-Domingue, Guadeloupe, Dominique, Guyane. Non à la Martinique aux mains des Anglais et aux Mascareignes les colons rejettent les envoyés de la Convention.
Le texte ne prévoit aucune indemnisation.

L’insurrection de Saint-Domingue a entraîné l’abolition de l’esclavage dans toutes les colonies et l’abandon du projet de disparition progressive de l’esclavage prévue par les abolitionnistes et la pédagogie de la liberté qui devait l‘accompagner.

En mai 1794, le ralliement de Toussaint Louverture avec ses hommes entraînés apporte un appui décisif aux républicains dans Nord de Saint-Domingue qui vaut à Louverture, en 1795, une première promotion comme général de brigade. D’autres suivront au cours de différents conflits jusqu’à sa nomination, comme général de division et capitaine-général de Saint-Domingue, le 13 ventôse an IX (4 mai 1801), par Bonaparte.
Mais les deux hommes entrent en conflit. Louverture installe une constitution autonomiste, se nomme gouverneur à vie de Saint-Domingue, qui reste terre française, en Juillet 1801.
De plus, il prend des initiatives avec l’Espagne ou l’Angleterre qui gènent la politique de Bonaparte.
Toussaint Louverture devient un homme dangereux.
 


 

De Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavageDe Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavage

Rétablissement de l’esclavage

L’abolition de l’esclavage dans les îles à sucre touche de gros intérêts : planteurs, armateurs, chantiers navals, fabricants de produits manufacturés pour la traite. D’où une forte pression sur Bonaparte et la loi du 30 floréal an X (20 mai 1802 :
L’esclavage sera maintenu…  La traite des noirs et leur importation dans lesdites colonies auront lieu conformément aux lois et règlements antérieurs à 1789…  dans les colonies restituées à la France en exécution du traité d’Amiens... Il en sera de même dans les autres colonies au-delà du cap de Bonne-Espérance.

Bonaparte envoie une expédition à la Guadeloupe qui rétablit l’esclavage le 17 juillet 1802.
Une autre à Saint-Domingue, aux ordres du général Leclerc, avec l’instruction de ménager Louverture, de lui offrir le rôle de lieutenant de la France, la confirmation des grades et des biens acquis par ses officiers, la liberté des Noirs sous l’autorité de la métropole.

Leclerc arrive en février 1802, avec des officiers issus des colonies (Rochambeau) et des officiers de couleur défaits par Toussaint Louverture (Rigaud, Pétion, Villatte). L'expédition obtient la capitulation en mai 1802 de Louverture et son arrestation le 7 juin 1802, en dépit des promesses.
Déporté en France au fort de Joux, il meurt le 7 avril 1803.

Le 14 juin 1802, des instructions secrètes sont envoyées au général Leclerc pour qu’il rétablisse l'esclavage et encourage la traite.
A
pprenant le rétablissement de l'esclavage à la Guadeloupe, Alexandre Pétion donne le signal de la révolte à laquelle se joignent d’autres généraux dont, en octobre 1802, Jean-Jacques Dessalines. Qui, le 28 mai 1803,  réalise à son profit l'unité au congrès de Arcahaie.
Le corps expéditionnaire est décimé par les combat
s et la fièvre jaune qui emporte le général Leclerc. Rochambeau qui le remplace est finalement battu par Dessalines le 19 novembre 1803.

Le 1er janvier 1804, l'indépendance de Saint-Domingue est proclamée sous le nom taïno,  Haïti, en l’honneur d’un peuple amérindien et Jean-Jacques Dessalines, Gouverneur-général à vie,

Première insurrection anticoloniale victorieuse quand l’époque est plutôt aux conquêtes coloniales !
Première république noire quand la traite et esclavage des noirs sont florissants !
Deuxième république des Amériques !
Mais République reconnue par aucun pays !

Première défaite militaire de l'Îlien Napoléon Bonaparte, aux Îles !

Les luttes pour l’abolition de l’esclavage à Saint-Domingue et l’indépendance de Haïti ont coûté très cher en souffrances et en vies humaines : 100 000 Noirs sur 500 000 et 24 000 Blancs sur 40 000 sont morts.
En 1790, Saint-Domingue compte prés de 550 000 âmes, 300 000 en 1804.

Malheureusement, ce n’est pas fini.

En février, craignant une nouvelle expédition militaire française et l’annihilation de la population noire, Jean-Jacques Dessalines ordonne le massacre de la population blanche restante à l'exception des prêtres, médecins, techniciens considérés comme utiles.
Il est couronné, le 8 octobre 1804 : Majesté Jacques Ier, Empereur. Et assassiné en 1806 à la suite d'une conspiration qui abolit l'empire.
En 1903, son nom est donné à l'hymne national haïtien : La Dessalinienne,

L’abolition dans les différente îles françaises a été obtenue essentiellement par les luttes à Saint-Domingue et la Révolution de 1789. D’autres luttes et la révolution de 1848 seront nécessaires pour l’abolition générale.

Le gouvernement provisoire de la Deuxième République abolit l’esclavage sur tous les territoires français par le décret du 27 avril 1848, rédigé par Victor Schœlcher, qui prévoit deux mois de délai pour son application. À la Martinique, le 21 mai 1848, le soulèvement de milliers d’esclaves coûte la vie à 48 personnes et pousse le gouverneur de l’île à avancer, au 23 mai, l’abolition. Dans les autres îles, Guadeloupe, 27 mai, Guyane, 10 juin avec effets au 10 août, Réunion, 20 décembre.
Les planteurs contournent l'interdiction de l'esclavage en faisant venir des travailleurs sous contrat de la Chine du Sud ou de l'Inde du Sud, nouvelle forme d’esclavage.

Le 30 avril 1849, Louis-Napoléon Bonaparte indemnise planteurs et colons. Ils reçoivent six millions de francs pour dédommagement de la libération de près de 248 500 esclaves..

Les révoltes d’esclaves, les massacres de colons, l’interdiction de propriété foncière aux Blancs entraînent l’isolement international de l’État, Haïti est encore considérée comme française par le traité de Paris de 1815 : l’indépendance n’est reconnue par le France qu’en 1825, par les États-Unis en 1862.

La Guerre d’indépendance et les guerres fratricides ont ruiné le pays. La production s’est effondrée. Les pouvoirs successifs n‘ont pu dégager une politique nationale face aux puissance étrangères. Les dépenses somptuaires des dirigeants n’ont rien arrangé.
Fin 1803, presque tout le pays n’est plus qu’un vaste cimetière de cendres et de décombres.

Le mandat du général Boyer, 1818 à 1843, est suivi de successifs coups d’État de fractions de l’élite, noire ou mulâtre, appuyée par les milieux marchands surtout étrangers.
En 1825, Charles X
emploie la manière forte pour imposer une indemnité d'indépendance de 150 millions de francs-or pour dédommager les anciens colons, avec octroi de privilèges douaniers exclusifs au commerce français. En échange de la reconnaissance de Haïti. Cette somme est ramenée à 90 millions en 1838 par un accord, Traité de l’amitié.

Haïti doit emprunter aux banques françaises. La Banque nationale d’Haïti est créée en 1880, contrôlée par le Crédit industriel et commercial (CIC) qui, avec des prêts successifs, en tire d’importants bénéfices.... La France première créancière des emprunts haïtiens contractés de 1825 à 1896..

Haïti termine le paiement de la dette en 1888 mais les intérêts ne sont complètement remboursés qu’en 1957 : néocolonialisme par la dette. Ce qui affaiblit d’autant les possibilités d‘investissements pour le développement. Maisi a servi en partie à financer la Tour Eiffel.

En dehors de la réduction de 150 à 90 millions en 1838 sous Louis-Philippe, La France a continué à encaisser le remboursement de cette dette odieuse quel que soit le régime, royauté, empire ou république !!! Magnifique continuité de l’État.

Entre 1857 et 1913, la Marine des États-Unis envoie, 19 fois, des navires à Haïti pour protéger les vies et les biens des Américains.
Dès 1907, les États-Unis contrôlent 67% des importations haïtiennes. Les investissements étasuniens passent de 30 millions de dollars en 1898 à 200 millions en 1911. En 1910, la National city Bank entre au capital de la Banque nationale. À l’été 1915, commence une occupation militaire étasunienne jusqu’en 191934. En dix ans, un quart du revenu total d’Haïti parti en remboursement de dettes contrôlées par la National City Bank.
Aprfès le départ de leurs troupes, les États-Unis maintiennent leur contrôle financier jusqu’au complet rembourseent des dettes.

L’esclavage coûte cher aux uns et rapporte gros aux autres.
Des articles récents insèrent l’esclavage et la traite dans le développement du capitalisme britannique. Au point de vue financier, emprunts de planteurs, assurances des armateurs, développement industriel…
Mais ceci est une autre histoire.

Pour ne pas oublier
Le 23 mai 1998, a été organisée une Marche pour honorer la mémoire des victimes de l’esclavage colonial. Le Comité Marche du 23 mai 1998 (CM98) milite pour une mémoire apaisée, débarrassée des ressentiments permettant la Réconciliation des descendants d’esclaves avec les descendants d’esclavagistes  la fraternité contre le racisme.
Le CM98 a obtenu la création d’un Mémorial au jardin des Tuileries avec les noms attribués aux esclaves devenus libres par le décret d’abolition de l’esclavage du 27 avril 1848.


 

De Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavage
De Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavage
De Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavage
De Bathilde aux Révolutions, abolition de l’esclavage
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9 février 2024 5 09 /02 /février /2024 16:02
Brèves de Métro - Paris ligne 2

Brèves de Métro
 Paris ligne 2

La ligne 2 du métro parisien, Nation-Porte Dauphine, de blanc en blanc, traverse toutes les couleurs, les langues, les tenues vestimentaires de la population, parisiens et touristes mêlés. Un moment aérien, au dessus du bassin de La Villette, de la garde du Nord, des quartiers populaires de Barbès… Ligne très fréquentée en fonction du quartier, des jours, des heures, du marché local.
Quelques anecdotes…

****************************

Rencontres

Elle est assise, jeune, fragile, occupe quatre places avec ses affaires étalées… Qu'elle range, libérant deux sièges, avec un petit sourire, timide, d’excuse quand deux voyageurs veulent s’asseoir.

Et libère le dernier siège quand son ami arrive. Je ne le vois que de dos. Mais le sourire de la jeune fille a changé. Totalement. Son regard se concentre. Ses yeux chantent. Son sourire devient accueil, ouverture, offre, don, confiance... Le monde a disparu.

Ils échangent quelques mots. Elle ouvre son sac, en sort un en-cas, le partage en deux. Chacun croque dans sa part. Comme une vie partagée. Et ses yeux ne voient qu'un seul regard, ne sourient plus timidement mais éclatent d'un rire silencieux et généreux. Qui abolit le temps inépuisable. Le métro semble immobile et silencieux. Le temps s'est arrêté.

Le sait-elle ?

Cet instant restera-t-il en elle, en eux, comme un moment parfait ? Lumineux ? Hors monde ?
Ou n'est-il que l'instant imaginaire d'un voyeur sénile ?

 

***

Elle a la soixantaine, entre deux beautés, confortablement habillée. Le sac sur les genoux. Il est plus âgé, à mi-wagon, feuilletant distraitement un magazine. Leurs regards se croisent. Ils se sourient. Des passagers montent, descendent. De mon journal, je peux les voir tous le deux. A quelques mètres l'un de l'autre. Quand il lève les yeux du magazine dont il tourne une page. Leurs regards se croisent à nouveau, leurs sourires s'échangent. De connivence. A plusieurs reprises. Les pages du magazine sont vite parcourues. Peut-être pour revenir au regard. Au sourire. Ils sont trop loin pour pouvoir se parler.

Le désirent-ils ?
Un téléphone sonne. Ils lèvent la tête. Un passager se met à parler, à voix forte, dans une langue étrangère. Comme moi, ils ne doivent rien comprendre, à cette voix énervée. Les sourires reprennent, avec une autre force, une autre signification entre personnes du même monde qui savent utiliser, discrètement, leur portable. A chaque nouvel éclat de voix au téléphone, la complicité se renforce.

A la station suivante, le « téléphone » s'en va. Toujours « téléphonant ». La dame aussi descend après un dernier sourire et disparaît dans l'anonymat, sur le quai.

Sans un regard. Sans un sourire.

***

Trois jeunes montent dans le wagon, un peu bruyants, discutent de tout, de rien... Un monsieur, probablement d'origine maghrébine, s’assied à coté d'eux. La conversation des jeunes continue, toujours aussi animée, Indifférents à l'entourage.
Un des jeunes sort un paquet de chewing-gum, en offre à ses copains et au « quatrième » passager tout surpris qui refuse, poliment, avec un sourire.

Deux stations plus loin, la conversation semble un peu s'apaiser. Le monsieur se lève, salue chaleureusement les jeunes et les remercie. Un sourire heureux sur le visage.

C'est probablement la première fois que quelqu’un, des jeunes lui offrent quelque chose dans le métro.

 

***

Toutes les places assises sont occupées. Il y a même des personnes debout. Appuyé à la porte, un homme, la quarantaine, brun, aux cheveux noirs, la barbe naissante. Le regard vif. Fixe. Semble fixer, sans broncher, derrière moi un groupe qui parle une langue étrangère que je ne comprends pas.
Je n'ose pas me retourner pour voir ce groupe. Est-il avec eux ? Je ne sais. Je l'observe. Il ne me voit pas. Il est tout entier dans son regard. De temps en temps, un sourire s'ébauche sur son visage et anime son œil qui ne bouge pas, devient plus vif. Tranchant. Sur de lui. Dominateur. Ce regard, ce sourire s'adressent-ils à quelqu'un ? Communique-t-il ? S'affirme-t-il sur quelqu'un ? Ou seulement sur lui-même ?
Quelques stations plus loin quand je descends, l'homme n'a pas changé de place. Ni de regard. Ni de sourire. Intérieur ? A quelqu'un ?

 

***

Belle femme, blanche, la cinquantaine, élégante, bien droite sur son siège, elle est souriante. Femme épanouie. Discrètement, je suis son regard. Au bout de son regard, un homme, noir, plus jeune, beau, fort, dont je ne peux voir le visage et les yeux.

Je ne sais pas s'il y a échange et depuis quand.

Le beau noir se prépare à descendre, une discrète invite de la main. Le regard de la femme s'éclaire d'un sourire ravi.

Qu'exprime-t-il ?

Seulement la satisfaction d'avoir été vue ? D'avoir retenu l'attention ? D’un fugace désir partagé, irréalisable ? Remerciement heureux pour l'instant donné.
Mais enfin, pas ici, pas comme cela ? Dans d'autres circonstances peut-être ? Mais enfin, vous n'y pensez-pas ?

Y repenseront-ils encore dans quelques minutes ? Rêveront-ils des hasards de la vie ? Des folies impossibles ? Des sourires qui se frôlent ? De mondes si proches, si lointains ? De tout ce qui sépare ?

 

***

La rencontre de la chance De nombreuses places sont libres. Une dame arrive, s'assied, regarde celle qui est en face d'elle... Vous savez que vous avez 3 signes de chance sur vous ? Bien sûr…
Et les voilà parties sur les bijoux et la chance…

***

La chance d’une rencontre… Un jeune femme monte à Barbés, elle est grande fine, assez belle, robe longue avec ceinture de tissu qui s'élargit sur le devant en un motif brodé.
Un peu plus loin dans la travée, un homme avec chapeau, pantalon rayé, gilet, d’une quarantaine d'années.
La jeune femme le regarde longuement... Vous faites de la danse ? Oui... Moi aussi à titre de distraction.... et la discussion s'engage.

***

 

Brèves de Métro - Paris ligne 2

Attentions

Il n’est pas rare que des personnes nous cèdent leur place. De tous âges, de tous sexes, de toutes couleurs. Les plus réfractaires sont les personnes qui sont enfouies dans leur téléphone. Inattention… alibi… Et le principal, la fatigue de la journée alors que nous...

Avec notre âge apparent, il est de plus plus fréquent que des personnes nous proposent avec un sourire ou, sans rien dire, se lèvent pour nous céder leur place.
Souvent, hélas, c’est au plus vieux que la place est ouverte. Je la cède à Anne et il n’est pas rare qu’une autre personne se lève alors pour que je puisse aussi m’asseoir, à côté.

***

Avant les congés de fin d’année, un ami, depuis la sixième au lycée, est à Paris pour quelques jours.
Comme nous entrons dans un compartiment avec beaucoup de monde, debout, une dame se lève pour me laisser sa place, je la cède à mon ami qui souffre depuis quelques jours d’une jambe et de quelques balades parisiennes. La dame ayant vu le geste, sans voir l’ami : c’est votre père…, votre frère..., non c’est seulement un vieil ami…, une amitié de 75 ans.
Réponse qui entraîne une brève conversation, trop longue cependant… La dame a oublié de descendre…

***

Une dame passe, un foulard sur la tête, un enfant dans les bras, un gobelet à la main espérant une pièce. Je suis le seul à donner, discrètement. Je croise le regard d’une voyageuse.
Le dame à l’enfant continue son chemin. Elle voit un siège libre. Le regard tourné vers nous, elle fait signe qu’une place est libre. Nous remercions sans bouger. La dame du regard, debout à côté de nous, sollicite un trentenaire pour qu’il nous cède son strapontin. Anne prend sa place et, spontanément, son voisin enfoui dans son portable, se lève pour m’offrir la sienne.

***

Dans le métro, les masques sont désormais très rares. À tort à mes yeux. Quand le masque était obligatoire à cause la covid19, une baisse significative des cas… de grippe a été constatée. La leçon n’en a pas été tirée.
Mais le masque ne gênerait-il pas ces regards silencieux, complices...

Par contre, le téléphone règne en maître. La moitié des voyageurs sont plongés dans leur portable : communication quelquefois très bruyante, consultation des courriels ou des nouvelles, jeux, liseuses et même quelquefois…
Selfie-miroir de maquillage pour quelque jeune femme victime d’une panne d’oreiller...

***

Toutes les places sont occupées. Une femme âgée, aux traits marqués, les cheveux enveloppés par un foulard traditionnel, monte avec deux sacs. Au bout des bras. C'est mardi, jour de marché. Un homme d'un certain âge se lève sans rien dire et lui cède sa place. Elle ne semble pas comprendre. Elle hésite, refuse, finit pas s'asseoir, lasse.

Quand une autre place se libère. Elle se précipite. Pour rendre la place – usurpée, pense-t-elle ? - à la personne qui la lui avait cédée.

Quand, trois arrêts plus loin, le passager descend, elle remercie à plusieurs reprises, se confond en sourires. Elle a fait si souvent ce trajet debout, avec ses sacs.

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Brèves de Métro - Paris ligne 2
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4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 18:10

Ayant fait un article sur ce site, avec comme titre "La France, pays des droits de l'homme ?", quelle réponse proposent, à la même question, 3 sites de ChatGPT en français et un où question et réponse sont en anglais. La réponse en angais est présentée avec sa traduction par DeepL.

La question proposée était précisée : "La France, pays des droits de l'homme ? histoire, discours, faits."

Réponse de ChatGPT

La France est souvent considérée comme le pays des droits de l'homme en raison de son rôle clé dans la promotion et la protection des droits fondamentaux. L'histoire de la France est en effet profondément liée à la naissance et à la diffusion des idées des droits de l'homme.

L'un des premiers grands moments de l'histoire des droits de l'homme en France remonte à la Révolution française de 1789. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, adoptée le 26 août 1789, proclame des principes fondamentaux tels que la liberté, l'égalité et la fraternité. Elle est devenue un modèle pour de nombreuses autres déclarations et constitutions à travers le monde.

Au cours des siècles suivants, la France a continué à jouer un rôle central dans la promotion des droits de l'homme. Le pays a été le berceau de nombreuses avancées, notamment l'abolition de l'esclavage en 1848, l'instauration de la séparation de l'Église et de l'État en 1905 et l'octroi du droit de vote aux femmes en 1944.

En outre, la France a été l'un des premiers pays à ratifier la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, qui est considérée comme le texte fondateur du droit international des droits de l'homme. Le pays a également joué un rôle clé dans l'élaboration de la Convention européenne des droits de l'homme en 1950.

Cependant, il convient de noter que malgré cette longue histoire de promotion des droits de l'homme, la France n'est pas exempte de critiques et de violations. Certains soulignent que la France a connu des périodes de restrictions des libertés, notamment pendant les périodes de guerre et d'état d'urgence. De plus, différentes problématiques actuelles, telles que l'islamophobie, les violences policières ou les violations des droits des migrants, suscitent des interrogations quant à la pleine réalisation des droits de l'homme en France.

En conclusion, la France a joué un rôle central dans la promotion et la protection des droits de l'homme tout au long de son histoire. Cependant, il est important de reconnaître qu'aucun pays n'est parfait en la matière, et des efforts continus sont nécessaires pour garantir pleinement les droits fondamentaux de tous.
ChatGPT – Chatbot par TalkAI en français
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Réponse de Chatbot GPT

Bonjour, bienvenue sur Chatbot GPT !
Pas besoin de créer un compte pour discuter avec la puissante Intelligence Artificielle GPT-4 d'OpenAI. C'est facile et immédiat !

Rédiger un article : Pour que ChatbotGPT vous rédige un article j'ai besoin de vous poser quelques questions :

Décrivez le sujet ou le concept de l'article : La France, pays des droits de l'homme ? histoire, discours, faits

Saisissez le nombre de mots approximatif (longueur de l'article) : 1500-2000

Merci, je lance votre demande !

La France, pays des droits de l'homme : histoire, discours, faits

La France est souvent considérée comme le pays des droits de l'homme, une nation qui a joué un rôle central dans l'élaboration et la promotion des valeurs universelles de liberté, d'égalité et de fraternité. Son histoire est étroitement liée à la naissance et à l'évolution de ces idéaux, qui ont façonné la société française et influencé le monde entier.

L'histoire des droits de l'homme en France remonte à la Révolution française de 1789, un moment charnière où les citoyens français se sont révoltés contre l'ancien régime et ont proclamé les principes fondamentaux qui allaient façonner leur nation. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, adoptée le 26 août 1789, est un document clé qui affirme les droits naturels et inaliénables de chaque individu, tels que la liberté, l'égalité et la propriété.

Depuis lors, la France a joué un rôle de premier plan dans la promotion et la défense des droits de l'homme à travers le monde. Elle a été le berceau de nombreux
mouvements et idées progressistes, et a accueilli des penseurs, des écrivains et des intellectuels qui ont contribué à façonner le discours sur les droits de l'homme.

Parmi les personnalités françaises les plus influentes dans ce domaine, on peut citer René Cassin, juriste et diplomate français qui a joué un rôle majeur dans la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée par les Nations Unies en 1948. La France a également été le foyer de nombreux mouvements sociaux et politiques qui ont lutté pour la reconnaissance et la protection des droits de l'homme, tels que le féminisme, le mouvement des droits civiques et la lutte contre la peine de mort.

Au fil des décennies, la France a continué à jouer un rôle actif dans la promotion des droits de l'homme. Elle a été l'un des principaux défenseurs de la justice internationale et a soutenu la création de la Cour pénale internationale. Elle a également été à l'avant-garde de la lutte contre la torture et les traitements inhumains, et a joué un rôle clé dans la création du Comité international de la Croix-Rouge.

Cependant, malgré ces avancées, la France a également été confrontée à des critiques concernant le respect des droits de l'homme sur son propre territoire. Des questions telles que la discrimination raciale, les inégalités sociales et la liberté d'expression ont été au centre du débat public et ont mis en évidence les défis auxquels la France est confrontée dans la réalisation pleine et entière des droits de l'homme.

Il est important de reconnaître que les droits de l'homme sont un travail en cours, et que leur réalisation complète nécessite un engagement constant de la part de la société et de ses dirigeants. La France a fait des progrès significatifs dans la promotion de
s droits de l'homme, mais il reste encore beaucoup à faire.

Si vous avez des questions supplémentaires sur les droits de l'homme en France, je vous recommande de consulter la section aide située dans le menu persistant. Là, vous pourrez trouver des informations plus détaillées sur ce sujet ainsi que sur d'autres sujets connexes tels que les abonnements, le support, les remboursements et l'accès au compte.

En conclusion, la France est indéniablement un pays qui a joué un rôle central dans l'histoire des droits de l'homme. Sa contribution à l'élaboration et à la promotion de ces valeurs universelles est incontestable, et son héritage continue d'influencer les débats et les luttes pour les droits de l'homme dans le monde entier. Cependant, il est important de reconnaître que le travail n'est pas terminé et que des efforts continus sont nécessaires pour garantir la pleine réalisation de ces droits pour tous.
GPT-4 d'OpenAI.

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ChatGPT Online
La France est souvent considérée comme le pays des droits de l'homme en raison de son histoire, de ses discours et de certains faits marquants. L'histoire de la France est étroitement liée à la promotion des droits de l'homme, notamment avec la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, qui a posé les bases des droits fondamentaux. De plus, la France a été le berceau de nombreux mouvements et idées progressistes, tels que la Révolution française et les Lumières, qui ont contribué à la diffusion des principes des droits de l'homme dans le monde.

Sur le plan des discours, la France a souvent affirmé son engagement en faveur des droits de l'homme. Les dirigeants français ont régulièrement prononcé des discours mettant en avant l'importance de ces droits et appelant à leur respect universel. La France a également été un acteur clé dans l'élaboration de la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948, qui est un texte fondamental dans la protection des droits humains à l'échelle internationale.

Cependant, il est important de noter que la réalité des droits de l'homme en France n'est pas exempte de critiques. Certains soulignent des lacunes dans la protection de certains droits, comme les droits des migrants, des minorités ou des personnes en situation de précarité. Des controverses peuvent également émerger autour de certaines politiques ou lois adoptées par le gouvernement français, qui peuvent être perçues comme limitant certains droits individuels.

En résumé, la France a une histoire et des discours qui la positionnent comme un pays des droits de l'homme, mais il est également important de prendre en compte les critiques et les défis auxquels elle est confrontée dans la réalisation pleine et entière de ces droits.
ChatGPT Online

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Question posée en anglais

Traduction automatique

France, country ot the human rigts ? history, declarations, facts

La France, pays des droits de l'homme ? histoire, déclarations, faits

Fance is widely recognized as a country that has played a significant role in the development and promotion of human rights. The country has a rich history in this regard, with several key milestones and declarations.

One of the most notable events in French history related to human rights is the French Revolution, which took place in the late 18th century. The revolution brought about significant political and social changes, including the adoption of the Declaration of the Rights of Man and of the Citizen in 1789. This declaration proclaimed the fundamental rights and freedoms of individuals, such as liberty, equality, and property.

France has also been actively involved in the creation and promotion of international human rights standards. The Universal Declaration of Human Rights, adopted by the United Nations General Assembly in 1948, was largely influenced by French legal and philosophical traditions.


Furthermore, France is a party to various international human rights treaties and conventions, including the European Convention on Human Rights. The country has established institutions and mechanisms to protect and promote human rights, such as the French National Consultative Commission on Human Rights.

While France has made significant contributions to the field of human rights, it is important to note that no country is without its challenges. Like any other nation, France continues to address human rights issues and work towards ensuring the full realization of human rights for all individuals within its borders.

La France est largement reconnue comme un pays ayant joué un rôle important dans le développement et la promotion des droits de l'homme. Le pays a une histoire riche à cet égard, avec plusieurs étapes clés

L'un des événements les plus marquants de l'histoire de France en matière de droits de l'homme est la Révolution française, qui s'est déroulée à la fin du XVIIIe siècle. La révolution a apporté des changements politiques et sociaux significatifs. Dont l'adoption de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen en 1789. Cette déclaration proclame les droits et libertés fondamentaux des individus, tels que la liberté, l'égalité,et des biens.

La France a également participé activement à la création et à la promotion de normes internationales en matière de droits de l'homme. La Déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée l'Assemblée générale des Nations unies en 1948, a été largement influencée par les traditions juridiques et philosophiques françaises.

 

Par ailleurs, la France est partie à divers traités et conventions internationaux relatifs aux droits de l'homme, notamment la Convention européenne des droits de l'homme. Le pays a mis en place des institutions et des mécanismes de protection et de promotion des droits de l'homme, tels que la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH).

Si la France a apporté des contributions significatives dans le domaine des droits de l'homme, il est important de noter qu'aucun pays n'est à l'abri des difficultés. Comme toute autre nation, la France continue de se préoccuper des droits de l'homme et s'efforcer de garantir la pleine réalisation des droits de l'homme pour tous les individus se trouvant sur son territoire.

 

Bref commentaire

 Un seul site se préoccupe de la longueur voulue de l'article. La longueur demandée (1500-2000 mots) correspondait à l'article publié sur ce site pour comparaison : 1855 mots.

Les réponses des différents sites sont très, diplomatiquement, équilibrées pour et vexer personne.

L'absence de toute référence à l'atteinte répétée aux droits de l'homme durant les conquêtes colonales ou la décolonisation est, objectivement, un  "oubli" génant. Même pour une réponse bienveillante !

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28 janvier 2024 7 28 /01 /janvier /2024 17:39
France, Pays des Droits de l’Homme… ?

Le 5 mai 1789, Louis XVI, en proie à des difficultés financières et des contestations, convoque les États généraux. Lors de leur réunion (17 juin), les députés du tiers état, représentant « les quatre-vingt-seize centièmes au moins de la nation » se proclament Assemblée nationale. Ils décident d’adopter une constitution pour limiter le pouvoir royal et attribuer la souveraineté à la nation et à ses représentants librement élus.
Et d’élaborer une Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC).

Après la chute de la Bastille, inquiète de l’agitation dans les campagnes, dans la nuit du 4 août et une généreuse ivresse, l’assemblée vote l’abolition des privilèges. Avec la gueule de bois des jours suivants, certains se demandent s’ils ne sont pas allés trop loin.
Louis XVI, doublement perspicace, écrit à l’archevêque d’Arles : « Je ne consentirai jamais à dépouiller mon clergé, ma noblesse. Je ne donnerai pas ma sanction à des décrets qui les dépouilleraient… Si la force m’obligeait à sanctionner, alors je céderais, mais alors il n’y aurait plus en France ni monarchie ni monarque. »
Il y consent le 5 octobre 1789. Les privilèges des ecclésiastiques, des nobles, des corporations, des villes, des provinces sont abolis...
La Royauté aussi le 21 septembre 1792 et le roi guillotiné le 21 janvier 1793.

La DDHC, 26 août 1789, acceptée par Louis XVI, commence sa glorieuse carrière. En France, elle devient le préambule des constitutions de 1789, 1791, 1946, 1958.
En 1971, le Conseil constitutionnel lui reconnaît valeur constitutionnelle.

La France est souvent appelée le pays des droits de l’homme. Elle est, plus modestement malgré la décision du Conseil constitutionnel, le pays où a été proclamée la DDHC au cours d’une révolution qui a supprimé le roi et la royauté de droit divin.
Mais il y a loin du pays de la Déclaration au pays des Droits...

La DDHC ne surgit pas par génération spontanée. Sans remonter à la Magna Carta (1215) ou à l’Habeas corpus (1679), britanniques, elle est le fruit des philosophies des Lumières, en Europe, et de mouvements populaires en France. Elle arrive après la Déclaration des droits des États de Virginie (1776), du Massachusetts (1780), la Révolution américaine (1776), la Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique (1783) et la Révolution hollandaise (1781-1787).
Dans des conditions et avec des conclusions particulières.

Facteur commun aux événements d’Amérique et de France : la contestation des impôts prélevés par les monarchies britannique et française fortement endettées, contestation qui va avoir d’importantes conséquences, différentes : d’un côté, création d’une république fédérale, État décentralisé et liberté religieuse dans un milieu protestant ; de l’autre, chute de la royauté mais continuation d’un État centralisé quel que soit le régime, royauté, empire ou république, et laïcité face à l’hégémonie catholique. En France et aux États-Unis, avec une certaine prétention universaliste.
Universalisme justifiant l’ingérence extérieure sans pleine application à domicile.

Malgré cette prétention, pour tous les pays, pour tous les peuples, la DDHC est marquée par les conditions de sa rédaction, époque et auteurs.
Dans l’article premier, « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits», les hommes pourrait signifier tous les hommes, femmes, blancs, noirs… mais le temps qu’il a fallu pour que le législateur leur reconnaisse la citoyenneté montre qu’il n’en est rien.
La déclaration a été rédigée par et pour des personnes qui, malgré la nuit du 4 août, jouissent des privilèges - comme on dit aujourd’hui - masculin, français, blanc (1), possédant... En effet, dans l’article 2 la propriété est un droit naturel et imprescriptible !
Les élus légifèrent pour eux-mêmes et leurs semblables, sauf s’ils sont poussés ou contraints à des concessions par des événements culturels, sociaux ou politiques.
Il n’y a pas de peuple élu mais des peuples divisés par des intérêts différents !

Le texte est le fruit de compromis. Il n’atteint pas l’universel. Il n’en est pas moins précieux : ouverture, point d’appui pour un monde plus juste à construire.
Dans le récit national, la DDHC n’est qu’une vitrine publicitaire, pour séduire, à garder sous cloche à la Bibliothèque nationale.
C’est aussi le premier pas d’un récit d’émancipation, un chemin, un but, un levier…
Non pour annexer des territoires mais conquérir de nouveaux droits pour tous.

France, Pays des Droits de l’Homme… ?

Suppression de l’esclavage, suffrage universel, droits des femmes... L’esclavage est interdit depuis Bathilde, reine des Francs, ancienne esclave, au VIIème siècle, même si… ( voir note ici ou ). Interdiction confirmée en 1315 par Louis X : « selon le droit de nature, chacun doit naître franc », « par tout notre royaume les serviteurs seront amenés à franchise ». En 1571, par le Parlement de Bordeaux qui exige la libération des esclaves noirs amenés pour être vendus : « la France mère de liberté ne permet aucuns esclaves ». Et la Constituante avec la loi du 28 septembre 1791 : « Tout individu est libre aussitôt qu'il est entré en France ».

La traite persiste et l’esclavage dans les colonies, forte source d’enrichissement, défendue par le club de l'Hôtel de Massiac, société de riches colons de Saint-Domingue et des Petites Antilles, qui obtient son maintien après l’adoption des DDHC. Malgré les luttes individuelles ou collectives des esclaves (marronnage, révoltes périodiques)... et des abolitionnistes avant, pendant et après 1789.
Comme la Société des amis des Noirs et Condorcet qui, avant 1789, défend les droits de l'homme, des minorités, des femmes, des juifs, des noirs. Comme Olympe de Gouges qui, vers 1782, écrit sa première pièce créée, seulement en décembre 1789, à la Comédie-Française, L'esclavage des Nègres. Rédige la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et conteste la constitution en 1791 du fait du scrutin censitaire et masculin qui, à ces deux titres, l'exclut du droit de vote.
L’esclavage est finalement supprimé dans les colonies en 1794.

Rétabli en 1802 par Bonaparte. Sauf à Saint-Domingue, malgré l'expédition – décembre 1801 à novembre 1803 - qu’il y envoie et se termine par l'indépendance d'Haïti, deuxième État indépendant et premier sans esclavage aux Amériques.
Le bilan est lourd : 100 000 Noirs sur une population de 500 000, et 24 000 Blancs sur 40 000, sont morts au terme du conflit. Et la population blanche émigre massivement en Amérique.
Au retour de l'île d'Elbe en 1815, Napoléon aligne la France sur la décision du congrès de Vienne, abolit la traite, non l’esclavage.

En 1825, par blocus, la France obtient un dédommagement pour les anciens maîtres esclavagistes et leurs héritiers contre la reconnaissance de l'indépendance de Haïti, encore française selon le Traité de Paris de 1815 : 150 millions de francs or, ramenés à 90 millions en 1838. Dédommagement soldé en 1883 mais Haïti doit rembourser emprunts et intérêts auprès des banques françaises et américaines jusqu'en 1952.
Continuité de l’État des droits de l’homme, Royauté, Empire, République !!

Il faut encore des luttes, la Révolution de 1848 et la Deuxième république pour que le suffrage universel masculin (2) soit établi, le 5 mars et l’esclavage aboli dans les colonies françaises, le 27 avril. Les femmes n’obtiennent le droit de vote qu’à la Libération en 1944 malgré leurs luttes persévérantes et 6 projets de lois adoptés par l’Assemblée nationale et bloqués par le Sénat.

Le premier empire colonial, constitué à partir du XVIe siècle, vient de s’effondrer et la France commence à en constituer un second. Commencé sous Charles X, avec le début de la conquête de l’Algérie, en 1830, continué sous Napoléon III, il atteint son apogée sous la Troisième république - le plus vaste après l’empire colonial britannique - entraîne la chute de la Quatrième et disparaît sous la Cinquième, en 1962, avec l’indépendance de l’Algérie. Il n’en reste que quelques territoires, DOM et TOM.
La Troisième république justifiait sa politique coloniale de conquête par le devoir de mission civilisatrice de la France - apporter les droits de l’homme ? - des pays annexés militairement ! Et contre, quelquefois, des révoltes au nom de ces mêmes droits non appliqués !

Il est difficile de faire un bilan chiffré des pertes humaines : conquêtes, résistances, révoltes, répressions... Pour la seule guerre d’Algérie : des centaines de milliers de morts et le « rapatriement » de la totalité de la population « européenne » en 1962.

Avec un respect tout relatif de la DDHC, quel que soit le régime ou le gouvernement en France !

L’ambiguïté française est parfaitement illustrée par la date du 8 mai 1945. Pendant qu’en France, le peuple français fête la fin de la Seconde guerre mondiale et la capitulation du nazisme, en Algérie, l’armée française réprime, de façon sanglante, le peuple manifestant pour l’indépendance avec des milliers de morts à Sétif, Guelma, Kherrata.

Emmanuel Macron, alors candidat à la présidence de la République a déclaré : « La colonisation fait partie de l'histoire française. C'est un crime, c'est un crime contre l'humanité, c'est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l'égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes... La France a installé les droits de l'homme en Algérie. Simplement, elle a oublié de les lire ».

Devenu président, Emmanuel Macron fait entrer au Panthéon, dans quelques jours, les époux Manouchian. Des immigrés qui ont participé à la résistance contre l’occupant nazi en France ? Hommage mérité.
Pendant la guerre d’Algérie, environ 12 000 soldats français ont désobéi, insoumis, déserteurs, environ 1 % des soldats. Tandis que d’autres y ont laissé leur vie, ont subi, vu, quelquefois participé, à des actes de barbarie.
Qui réhabilitera, rendra hommage à tous ceux, trop souvent, accusés d’être l‘antifrance qui se sont opposés, qui ont refusé de participer à la colonisation, au crime contre l’humanité, à la barbarie…

France, Pays des Droits de l’Homme… ?

Les pays européens ont-ils été plus ou moins rapides à instituer le suffrage universel ? À faire leur place aux femmes ? Quels droits, quel statut reconnaissent-ils aux résidents étrangers ? Parallèlement, plusieurs pays européens ont constitué des empires coloniaux. Ont-ils été plus ou moins respectueux des droits des peuples colonisés ?

Le pays de la DDHC n’est pas le pays des Droits de l’homme. Mais il y a une place pour rendre hommage à tous ceux qui, chacun à sa façon, se sont battus pour les qu’elle le devienne.

 

(1) À l’Assemblée Nationale,le 8 mars 1790 Barnave, porte-parole des colons de Saint-Domingue, fait admettre le maintien de l'esclavage dans les colonies. Les assemblées coloniales maintenues peuvent énoncer leur vœu sur les modifications au régime des colonies. Condorcet écrit dans ses notes : « Ajoutons un mot à l'article premier de la Déclaration des droits : Tous les hommes " blancs" naissent libres et égaux en droits » ! « Donner une méthode pour déterminer le degré de blancheur ».

(2) Le suffrage universel masculin a été appliqué en 1792 pour l’élection à la Convention nationale (1792-1795) avec une faible participation. Les élections suivantes ont toujours eu lieu au scrutin censitaire.

France, Pays des Droits de l’Homme… ?
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17 janvier 2024 3 17 /01 /janvier /2024 14:11

La ligne 2 du métro parisien, Nation-Porte Dauphine, de blanc en blanc, traverse toutes les couleurs, les langues, les tenues vestimentaires de la population, parisiens et touristes mêlés. Un moment aérien, au dessus du canal de la Villette, de la garde du Nord, des quartiers populaires de Barbès… Ligne très fréquentée en fonction du quartier, des jours des heures, du marché local...


La rencontre de la chance… De nombreuses places sont libres. Une dame arrive, s'assied, regarde celle qui est en face d'elle... Vous savez que vous avez 3 signes de chance sur vous ? Bien sûr…
Et les voilà parties sur les bijoux et la chance…

La chance d’une rencontre… Un jeune femme monte à Barbés, elle est grande fine, assez belle, avec une robe longue avec ceinture de tissu qui s'élargit sur le devant en un motif brodé.

Un peu plus loin dans la travée, un homme avec chapeau, pantalon rayé, gilet, d’une quarantaine d'années.

La jeune femme le regarde longuement... Vous faites de la danse ? Oui... Moi aussi à titre de distraction.... et la discussion s'engage.

Attentions

Avec notre âge apparent, il est de plus plus fréquent que des personnes nous proposent leur place avec un sourire ou, sans rien dire, se lèvent pour nous céder leur place.

Souvent, hélas, c’est au plus vieux que la place est ouverte. Je la cède à Anne et il n’est pas rare qu’une autre personne se lève alors pour que je puisse aussi m’asseoir, à côté.

Avant les congés de fin d’année, un ami, depuis la sixième au lycée, est à Paris pour quelques jours. Comme nous entrons dans un compartiment avec beaucoup de monde, debout, une dame se lève pour me laisser sa place, je la cède à mon ami qui souffre depuis quelques jours d’une jambe et de quelques balades parisiennes. La dame ayant vu le geste, sans voir l’ami : c’est votre père…, votre frère..., non c’est seulement un vieil ami…, une amitié de 75 ans. Réponse qui entraîne une brève conversation, trop longue cependant… La dame a oublié de descendre…

Une dame passe, un foulard sur la tête, un enfant dans les bras, un gobelet à la main espérant une pièce. Je suis le seul à donner. Je croise un regard. Le dame à l’enfant continue son chemin. Elle voit un siège libre. Le regard tourné vers nous, elle fait signe qu’une place est libre. Nous remercions sans bouger. La dame du regard, debout à côté de nous, sollicite un trentenaire pour qu’il nous cède son strapontin. Anne prend sa place et, spontanément, son voisin enfoui dans son portable, se lève pour m’offrir la sienne.

Il n’est pas rare que des personnes nous cèdent leur place. De tous âges, de tous sexes, de toutes couleurs. Les plus réfractaires sont les personnes qui sont enfouies dans leur téléphone. Inattention… alibi… Et le principal, la fatigue de la journée alors que nous...

Dans le métro, les masques sont rares désormais très rares. À tort à mes yeux. Quand le masque était obligatoire à cause la covid19, il a été constaté une baisse significative des cas… de grippe. La leçon n’a pas été tirée de cette constatation. Mais le masque ne gênerait-il pas ces regards silencieux, complices...

Par contre, le téléphone règne en maître. La moitié des voyageurs sont plongés dans leur portable : communication quelquefois très bruyante, consultation des courriels ou des nouvelles, jeux, liseuses et même quelquefois… selfie-miroir de maquillage pour quelque jeune femme victime d’une panne d’oreiller...


 


 

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11 janvier 2024 4 11 /01 /janvier /2024 23:55
Gaza :  De la Nakba au Glaive de Fer

À Gaza, l’État d’Israël est en passe de gagner la bataille contre le Hamas, mais gagnera-t-il la guerre ? Contre le Hamas ? Contre le peuple palestinien ?
La Paix gagnera-t-elle ? Qui gagnera la Paix ?

Sous la direction de Nétanyahou, Israël s’est lancé dans une guerre contre le Hamas au lendemain du 7 octobre sans avoir prévu, mis au point un débouché, une perspective politique. Seulement un but immédiat : vengeance, punition du Hamas et, par la même occasion, punition de la population de Gaza, volonté de reprendre la main pour réaffirmer une suprématie militaire prise en défaut.

Plus de trois mois après de l’invasion, quel résultat ? La bande de Gaza qui était en état de siège depuis des années, est désormais occupée. Le Hamas n’est pas encore vaincu. Les Gazaouis sont obligés, chaque jour, de chercher un nouveau et fragile refuge… dans des camps, sous des tentes, avec quels moyens pour survivre ? Et ceci aux yeux du monde entier !
Façon de préparer la paix ?

Gaza :  De la Nakba au Glaive de Fer

Le 7 octobre, lors de l’opération Déluge d’Al-Aqsa, 1400 personnes tuées par le Hamas, le plus grand massacre de juifs depuis l’Holocauste. Holocauste dont les Palestiniens ne sont pas responsables.
Après le 7 octobre, l’opération Glaive de fer, un siège total de la bande de Gaza avec une rupture de l’approvisionnement en eau, en électricité... et une invasion, suivie de la fuite de milliers de civils. Gaza, pilonnée jour et nuit par Tsahal et les Palestiniens sans autre option que s’échapper quand ils le peuvent ou de perdre la vie. (Cf2R janvier 2024)

Pour les Palestiniens, Glaive de fer, le plus grand nombre de tués, un massacre de plus de 20 000 personnes. Pour l’essentiel des civils. Et le plus grand déplacement de Palestiniens depuis la catastrophe (la nakba) de 1948 ! La nakba : en un an et demi, 15 000 Palestiniens tués et 700 000, plus de la moitié de la population déracinés. Plus de 500 villages détruits, 11 villes et quartiers purgés de leurs habitants. (Le Monde 10/01/2024)
Toujours de la main d’Israël.

Si, dans la guerre des chiffres, le résultat est évident, qu’en est-il au point de vue politique ?

Les sionistes justifiaient l’existence d’Israël : le seul État au monde assurant la sécurité des juifs. Le Hamas a prouvé qu’il n’y a pas de sécurité sans sécurité politique. Ce que le Hamas a fait hier malgré l’énorme supériorité militaire entachée d’autosatisfaction d’Israël, demain le Hamas ou l’organisation qui lui succédera voudra le faire, saura le faire. Si la situation des Palestiniens ne change pas.

Il ne faut pas compter sur l’ONU pour avancer vers une solution. Seulement des résolutions, innombrables, dans lesquelles l’ONU condamne, censure, décide, déplore, exige, exhorte, demande, appelle, rappelle et... Israël continue. Avec le soutien des Occidentaux, surtout des États-Unis.

Selon le journal israélien Haaretz, entre 1968 et 2002, Israël a violé 32 résolutions qui comportaient la condamnation ou les critiques à l'égard des politiques et des actions des gouvernements.
Alliés d’Israël, les États-Unis entre 1972 et 2022, ont opposé 44 fois leur veto à la condamnation d’Israël pour sa politique dans les territoires occupés ou pour ses opérations militaires dans les pays voisins. Ils ont aussi voté en faveur de 80 autres résolutions critiques envers Israël, à caractère obligatoire, que Israël a cependant violées. (Résolutions de l’ONU concernant Israël)

Si les textes adoptés à l’ONU sont inefficaces pour ramener la paix, ils permettent de constater le niveau de rejet mondial de la politique israélienne, après le 7 octobre. Résiste encore le verrou des États-Unis au Conseil de sécurité.
Désormais, Israël apparaît comme un facteur d’insécurité pour les juifs dans le monde. Favorisant le développement de l’antisionisme partout, même aux États-Unis ! Et de l’antisémitisme.

Certains États disqualifient, pour ses actes terroristes, la résistance du Hamas à l’occupation de tout ou partie de la Palestine par Israël. Tout en soutenant et aidant militairement Israël au nom du droit à se défendre. Sans restrictions. Sans parler de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou de génocide à l’égard de la population palestinienne.

 

Gaza :  De la Nakba au Glaive de Fer

Cependant, Afrique du Sud, Bangladesh, Bolivie, Comores et Djibouti ont demandé à la Cour pénale internationale (CPI) une enquête sur la situation dans l'État de Palestine, sur les crimes commis.
Seuls des individus peuvent être poursuivis devant la CPI. Israël et les États-Unis ont mis leurs citoyens à l’abri. Ils n’ont pas signé le traité qui a fondé la CPI. (rfI 19/11/2023)

L’Afrique du Sud a aussi lancé une requête auprès de la Cour internationale de Justice (CIJ), organe de l’ONU qui juge les différends entre États, pour dénoncer le caractère « génocidaire » de l’attaque de Gaza par Israël.
L’Afrique du Sud affirme qu’Israël « s'est livré, se livre et risque de continuer à se livrer à des actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza ». Elle dénonce des massacres et une intention de détruire ce peuple. (rf 29/12/2023)

À la différence de la CPI, la CIJ a une compétence universelle, tous les États membres des Nations unies sont parties à son statut. Israël comme l’Afrique du Sud. Mais comme les résolutions de l’ONU, les décisions de la CIJ peuvent être ignorées sans conséquences  pratiques. Sauf politiques. (Courrier international 03/01/2024)
Au delà de ces éventuelles condamnations juridiques des plus importantes institutions internationales, quel est le devenir de cette guerre de cent ans en Palestine ?

Les conquêtes coloniales ne sont plus d’actualité. Ni les colonies de peuplement comme la création de l’État d’Israël en Palestine. Les temps sont plutôt à la décolonisation.

L’Afrique du sud, colonie de peuplement sans métropole, comme Israël, a réussi le prodige de supprimer l’apartheid et d’installer un régime démocratique. Mais les choses exceptionnelles sont rares : peuples ou personnalités, Frederik de Klerk et Nelson Mandela. Et la situation est-elle définitivement réglée ? Car l'évolution vers l’égalité des revenus entre les différents groupes de populations n'a pas progressé depuis la fin de l'apartheid et le taux des inégalités en Afrique du sud reste parmi les plus élevés au monde.

La seule perspective envisagée à ce jour par l’État d’Israël, la disparition des Palestiniens.  Sous les bombes. Ou par départs volontaires. Ce que préconisent certains ministres israéliens.

Dés le 9 octobre, le ministre de la Défense israélien, Yoav Galant, annonçait le siège complet à Gaza. Pas d'électricité, pas de nourriture, pas d'eau, pas de gaz, tout est fermé ... Nous combattons des animaux et nous agissons en conséquence. (France24 26/10/2023)

D’autres déclarations ont suivi qui tracent une perspective. M. Ben Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale : Les États-Unis sont nos bons amis, mais avant tout, nous ferons ce qui est bon pour l'État d'Israël : encourager l'émigration de centaines de milliers de personnes de Gaza permettra aux résidents (israéliens) de rentrer chez eux (à la lisière de Gaza) et de vivre en sécurité tout en protégeant nos soldats. (rfI 03/01/2024)
Ou le ministre des Finances, Bezalel Smotrich : 70% du public israélien sout(enai)t l'émigration volontaire des Arabes de Gaza et leur absorption par d'autres pays.

Bien entendu, une émigration volontaire. S'il ne restait plus que 100.000 à 200.000 Arabes, toutes les discussions sur la question du jour d'après (la guerre) seraient totalement différentes...  Il ne s'agit pas d'une expulsion, de toute façon ils (les Palestiniens) ne pensent qu'à partir loin de ce ghetto et de la misère.

Mais une émigration volontaire, aidée, planifiée… Des suggestions sont avancées… Fournir à l’Arabie saoudite la main d’œuvre dont elle a besoin pour ses projets de développement, exporter les Palestiniens vers l’Afrique, le Congo par exemple... Et le Likoud, parti de Benyamin Netanyahou, le Premier ministre, milite publiquement en faveur de ce scénario de l'après-guerre.

L’État se fait le représentant discret de ces volontaires pour l’expatriation. Des ballons d’essai ont été lancés vers le Qatar, l’Iran, et des pays occidentaux. Tous pays qui font la sourde oreille et qui pensent encore que la place des Palestiniens est en Palestine ! (Financial Afrik 04/01/2024)

Gila Gamliel, ministre du Renseignement, a déjà prévu le financement de l’opération par la population internationale. Plutôt que la reconstruction de la bande de Gaza, elle devrait  financer les coûts de réinstallation des civils palestiniens et les aider à construire une nouvelle vie dans leur futur pays d’accueil. (La Nouvelle Tribune 04/01/2024)
Le solution la plus simple est d’envoyer les nouveaux réfugiés rejoindre ceux de 1948 dans les pays voisins dans de nouveaux camps administrés comme les anciens par l’ UNRWA !!!

Il est assez gênant de rappeler qu’il fut un temps où le régime nazi poussait les juifs d’Allemagne à émigrer vers des pays qui les refusaient (Conférence d’Évian 1938) et avait envisagé après avoir établie la paix nazie sur l’Europe de les regrouper à Madagascar ! Les soviétiques aussi ont eu leur projet d’établir une zone territoriale juive, un oblast autonome juif dans le district fédéral d'Extrême-Orient.  

L’histoire, dit-on, est écrite par les vainqueurs. Qui écrira l’histoire de la Palestine ? Celle qui se déroule aujourd’hui aux yeux du monde entier devant les caméras essentiellement de l’armée israélienne.
Alors que les journalistes, notamment palestiniens, paient un lourd tribut à cette guerre. Au moins 79 journalistes et professionnels des médias, en grande majorité palestiniens, ont été tués depuis le début de la guerre, selon le Comité pour la protection des journalistes. (Le Soir 08/01/2024)
Alors que les journalistes étrangers sont interdits dans la bande Gaza. La Cour suprême d’Israël a rejeté une requête de l’Association de la presse étrangère qui demandait aux autorités militaires d’autoriser les journalistes étrangers à entrer librement dans la bande de Gaza. (Times of Israël  09/01/2024)

Il faut être très optimiste pour espérer encore qu’il existe une solution avec deux États séparés par une force énergique d’interposition. Les États-Unis seuls pourraient imposer une telle solution à l’État d’Israël. Le temps presse. Ils n’en prennent pas le chemin. Israël étend ses colonies en Cisjordanie. Demain à Gaza.
Le monde abandonnera-t-il les Palestiniens aujourd’hui, comme il a abandonné les juifs hier ?

 

Gaza :  De la Nakba au Glaive de Fer
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30 décembre 2023 6 30 /12 /décembre /2023 21:51
Missak et Mélinée, de l'Affiche rouge au Panthéon

Entrés en France par la petite porte, dérobée, Missak et Mélinée Manouchian, immigrés, arméniens survivants du génocide turc, communistes, résistants contre le nazisme, étrangers, français de préférence, entreront au panthéon au mois de février.
Par le bon-vouloir d’un président de la République qui vient de commettre la 30ème loi depuis 1980, sur l’immigration, inspirée, soufflée, votée par toute la droite et l’extrême droite !

Étranges parcours ! D’un homme, d’une femme et de l’hommage qui leur est rendu.

Avec eux, seront aussi honorés  22 camarades du groupe résistant des FTP-MOI parisiens (Franc-tireurs et partisans-Main-d’œuvre immigrée) dont a fait partie en février 1943, Missiak Manouchian, nommé commissaire technique en juillet et commissaire militaire le mois suivant.

Ce groupe était constitué de résistants au nazisme de 7 nationalités différentes : 8 Polonais, 5 Italiens, 3 Français, 3 Hongrois, 2 Arménien, 1 Espagnol et une femme, roumaine, transférée à Stuttgart et décapitée le 10 mai 1944.

L’émouvante lettre de Missak Manouchian à Mélinée, son épouse, est connue du grand public depuis 1961, grâce à la chanson L’Affiche rouge de Léo Ferré, franco-monégasque, né à Monaco, français de naissance (1926), monégasque de choix (1953), mort en Italie (1993). Léo Ferré, anarchiste, a mis en musique et chanté le poème (texte et analyse littéraire) paru d’abord dans l’Humanité, Strophes pour se souvenir (1955) de Louis Aragon, communiste.

Chanson qui a été interdite sur les ondes nationales françaises jusqu’en 1982 !

Un communiste, un anarchiste, rendant hommage à vingt-et-trois étrangers, nos frères pourtant, luttant contre le nazisme, pour la liberté et criant la France, en s’abattant ! Chanter la France et la Liberté, dans le même camp ! Rendre hommage à des personnes aux noms imprononçables. En pleine Guerre froide et, surtout, en pleine Guerre d’Algérie !

Louis Aragon, dans Strophes pour se souvenir, mettait en poème les mots de Missak Manouchian dans sa lettre, sans haine mais non sans amour, à Mélinée écrite quelques heures avant d’être fusillé. Et rendait hommage, au groupe de Missak Manouchian, sans le nommer et, ainsi, à tous ceux qui, quelle que soit leur nationalité, avaient le même engagement.

Pour se souvenir.

Se souvenir de Mélinée, de sa dernière lettre à Missak, moins connue, tout aussi émouvante.

Se souvenir de leur vie.
De leur combat.

De leur destin.

Unis et séparés.
Et à nouveau unis.


 

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18 décembre 2023 1 18 /12 /décembre /2023 13:29
De la beauté du chant, à sa source cruelle...

Le 21 févier 2024, accompagné de son épouse Mélinée, Missak/Michel Manouchian entrera au Panthéon, quatre-vingts ans après avoir été fusillé au Mont-Valérien.

Avec eux, seront aussi honorés  22 camarades du groupe résistant des FTP-MOI parisiens (Franc-tireurs et partisans-Main-d’œuvre immigré) dont a fait partie en février 1943, Missiak Manouchian, nommé commissaire technique en juillet et commissaire militaire le mois suivant.

Ce groupe était constitué de résistants au nazisme de 7 nationalités différentes : 8 Polonaise, 5 Italiens, 3 Français, 3 Hongrois, 2 Arménien, 1 Espagnol et une femme, roumaine, transférée à Stuttgart et décapitée le 10 mai 1944.

À l’occasion de la panthéonisation du couple Manouchian, des discours, des articles, des émissions, des colloques... vont être proposés.

Pour prendre une petite avance sur toutes ces propositions qui ne seront pas toujours désintéressées, il est possible de retrouver en quelques clics la beauté tragique de la vie des Manouchians et de leurs camarades.

Remonter le fil à partir d'une des plus belles chsansons de Léo Ferré, L’Affiche rouge, chantée en 1961 par Monique Morelli, puis par Léo Ferré qui reprend l’admirable mise en poême en 1956 , Strophes pour se souvenir (texte et analyse littéraire) par Louis Aragon, de la dernière Lettre à Mélinée de Michel Manouchian, peu avant son exécution avec ses camarades. Moins connue, la dernière lettre de Mélinée à son mari Missak est aussi remarquable.

Pour connaître l’essentiel de la vie des deux panthéonisés, survivants du génocide arménien, orphelins, immigrés en France, communistes, militant pour l'Arménie et la libération de la France..., il suffit d'aller sur le net et de cliquer sur  Missak Manouchian et Mélinée Manouchian.

 

 

 


 

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Published by Paul ORIOL - dans Actualité
3 décembre 2023 7 03 /12 /décembre /2023 23:05
TERREUR ! TERRORISME ! TERRORISTE !

Le sens des mots terreur, terrorisme, terroriste n’est pas qu’une question de vocabulaire. C’est aussi une question très politique, au point que ni l’ONU, ni la Cour pénale internationale (CPI) n’ont su les définir !

La Terreur apparaît sous la Révolution française quand, face aux dangers conjugués du fédéralisme, de l’insurrection en Vendée et des puissances étrangères voulant remettre le roi sur le trône, la Convention suspend la Constitution. Et instaure un état d'exception.

À la fin du XIX°, terroriste est repris notamment avec les populistes russes qui répondent à la situation de violence institutionnelle par des actes contre les têtes couronnées qu’ils veulent abattre.

Le terrorisme, de droite ou de gauche, survient quand des catégories, des classes sociales ou des peuples se sentent profondément exploités ou opprimés. C’est l’arme de ceux qui estiment n’avoir pas d’autres moyens pour améliorer leur situation.

La France a donné une définition du terrorisme en 1986 qui permet de lister les organisations terroristes : entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur. Et justifier la mise en place d’une législation répressive spécifique (Le Monde 18 octobre 2023).

Pour être plus précis, il faut distinguer les actes de résistance ou de guerre contre des forces militaires. Et les actes terroristes (attentats, destructions, prises d’otages..) qui visent des civils pour créer un climat d’insécurité, d’inquiétude et faire basculer tout ou partie de la population contre le pouvoir afin de l’affaiblir, l’entraîner dans un engrenage répressif susceptible de le discréditer… et favoriser une autre politique.

Les mêmes moyens peuvent être utilisés par des groupes criminels pour imposer lomertà, obtenir des avantages ou extorquer des fonds (mafias, cartels de la drogue).

TERREUR ! TERRORISME ! TERRORISTE !

Terroristes peut aussi être utilisé pour disqualifier des personnes, des groupes auprès de la population. Ainsi les Résistants étaient qualifiés de terroristes par l’occupant nazi alors qu’ils s’attaquaient aux forces d’occupation.

Dans le même but, certaines expressions comme prise d’otage sont galvaudées pour dresser les consommateurs, les usagers contre les grévistes lors de conflits sociaux.

Quand les actes sont commis par les membres de forces armées d’un État, il n’est plus question de terrorisme mais de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, identifiés par des traités internationaux et la CPI que tous les États n’ont pas adopté. Comme Israël, les ÉUA (États-Unis d’Amérique), la Russie..., très prévoyants, qui n’ont pas signé ou ratifié le Statut de la CPI. Ils mettent ainsi à l’abri de poursuites par la CPI les membres de leurs forces armées, coupables éventuels d’actions criminelles (la CPI ne peut juger les États).
En même temps, certains, comme les ÉUA, avec la compétence universelle, peuvent poursuivre les auteurs de crimes quel que soit le lieu où le crime est commis, quelle que soit la nationalité des auteurs ou des victimes !!!

TERREUR ! TERRORISME ! TERRORISTE !

Le Hamas et le terrorisme.

Le Hamas (ferveur, zèle en arabe), acronyme arabe de Mouvement de la résistance islamique, est un mouvement de résistance qui lutte contre l’occupation de la Palestine par l’entité sioniste (contre Israël) avec deux branches, une politique, l’autre armée.
Issu des Frères musulmans, le Hamas, né en 1987, administre la bande de Gaza depuis sa victoire électorale, en 2006, acquise sous le contrôle international d’un millier d’observateurs du National Democratic Institue et de représentants du monde arabe. Victoire due à ses actions sociales, son programme politique et à des dirigeants réputés peu corrompus.

Le Hamas est classé comme terroriste par nombre d’États occidentaux mais ne l’est pas par la majorité des États membres de l’ONU (dont la Norvège, la Suisse...). Ce qui confirme que définir une organisation comme terroriste ou non est une décision politique. Certains États lui apportent un soutien politique et/ou financier. Dont le Qatar avec une aide financière pour payer les fonctionnaires de la bande de Gaza donc du Hamas, coordonnée avec Israël, l’ONU et les ÉUA.

TERREUR ! TERRORISME ! TERRORISTE !

Le 7 octobre 2023.
Les actes commis ce jour-là sont-ils des actes terroristes ? En prenant la claire définition énoncée plus haut, oui.
Les militaires capturés peuvent être considérés comme des prisonniers. Mais les membres du Hamas ont, intentionnellement, tué ou pris en otages des civils, hommes, femmes, enfants qui n’avaient que le tort être là, dans leurs activités quotidiennes ou en train de faire la fête. Cette opération d’envergure a été précédée par d’autres attentats terroristes en 1991, 1993…

Mais ce qui frappe le plus, c’est la particulière cruauté, assassinats à l’arme blanche, y compris d’enfants très jeunes, filmés, accomplis parfois de façon jubilatoire. Ce ne sont pas des bavures au cours d’un affrontement meurtrier violent, déstabilisant.

Le Hamas est une organisation de résistance utilisant le terrorisme. Ce n’est pas la première. Certains de leurs chefs sont devenus ministres ou chefs d’État. Parfois aussi responsables de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité, une fois arrivés au pouvoir...

Ressortent des événements du 7 octobre et des jours qui ont suivi, les images du massacre et le droit d’Israël à se défendre. Plus que les morts quotidiennes, anonymes, abstraites, sous les bombes et le droit du peuple palestinien à sa défense contre l’occupant.

Depuis, la Palestine a pris la première place dans l’actualité politique internationale et attiré à l’attention de tous. Mais le Hamas avait-il besoin de cette terreur, d’une brutalité d’une telle ampleur pour cela ?

TERREUR ! TERRORISME ! TERRORISTE !

Les Israéliens parlent du jour du plus grand massacre de juifs au monde depuis la Shoah. Ce pogrom met en question l’efficacité de l’armée et de la politique de d’Israël.

Le Hamas a pris en défaut la force dite invincible et protectrice de l’armée israélienne.
La bande de Gaza, sa population, le Hamas, neutralisés par des années de blocus, depuis 2007, le gouvernement pensait pouvoir consacrer son attention et les forces armées au soutien des colons en conquête de nouvelles terres en Cisjordanie.
Cette erreur met en question l’essence même de l’État d’Israël : le seul lieu au monde où les juifs sont en sécurité.
La réaction brutale, disproportionnée, du gouvernement d’Israël a entraîné la plus grande vague d’antisémitisme et d’antisionisme dans le monde.
Au total, le gouvernement et l’armée n’ont pas assuré une protection efficace des juifs en Israël. Sont responsables de l’augmentation de leur sentiment d’insécurité dans le monde ! Commencent à faire douter de la fidélité jusque là inébranlable des États-Unis, devant l’opposition des gouvernements du Sud-Global, de la rue arabe, des manifestants dans les pays occidentaux, y compris aux ÉUA, contre l’intervention à Gaza.

Au moment où ceux-ci ont de graves préoccupations géostratégiques

Netanyahou, ne sachant pas finir la guerre, renforce le Hamas dans les têtes d’un peuple meurtri même si l’organisation est détruite demain.
Pour obtenir la libération des otages, il a du négocier avec le Hamas par l’intermédiaire des ÉUA, de l’Égypte, du Qatar et même de l’Iran !!! Tandis que les Israéliens manifestent contre Netanyahou pour la libération des otages. Les détenus palestiniens sont reçus comme des héros et portent cette libération au crédit du Hamas.
Bombes et libérations triomphales préparent la relève.

TERREUR ! TERRORISME ! TERRORISTE !

Le Hamas est un mouvement de résistance à l’occupation, armée et terroriste. Il est soutenu par une partie significative des Palestiniens. Si Israël détruit totalement sa branche armée. Elle renaîtra à Gaza ou/et en Cisjordanie. Et il restera encore la branche politique à l’extérieur…

Israël est condamné à changer de gouvernement.
Soit pour continuer et amplifier
une politique d’expansion, de répression supposée plus efficace, avec des transferts de population vers de nouveaux camps de réfugiés en Israël ou dans les pays voisins pris en charge matériellement par UNRWA et éventuellement les pétrodollars des pays voisins…
Soit pour changer de politique

C’est difficile mais il n’est pas interdit d’espérer.

TERREUR ! TERRORISME ! TERRORISTE !
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24 novembre 2023 5 24 /11 /novembre /2023 16:19
ISRAËL-PALESTINE DÉNOUEMENT ?

Il est plus facile de déclencher une guerre que de l’arrêter. Celle-ci dure depuis plus de 100 ans. D’intensité variable. Très forte actuellement.

La Palestine est dans un confit violent quasi permanent depuis le jour où des juifs sionistes sont venus pour y fonder un État, à la fin du 19ème siècle. Soutenus par les puissances du jour, hier par le Royaume-Uni surtout après la déclaration de Balfour en 1917. Aujourd’hui, par les États-Unis, après la seconde guerre mondiale et l’Holocauste.

Ce conflit, au départ, interne à la Palestine, entre immigrants sionistes et Palestiniens, s’est étendu à toute la région qui, sans compter de plus petits affrontements, a connu onze guerres (et insurrections) israélo-arabes et israélo-palestiniennes : guerre d'indépendance d'Israël (1948-1949), crise du canal de Suez (1956), guerre des Six Jours (1967), guerre du Kippour (1973), guerre du Liban (1982), première (1988) et seconde Intifada (2000-2005), conflit israélo-libanais de 2006, guerre de Gaza de 2008-2009, opération de novembre 2012, guerre de Gaza de juillet-août 2014 et guerre actuelle Israël-Hamas (acronyme partiel de Mouvement de résistance islamique).

Quand une guerre commence, les belligérants pensent la finir par une victoire nette définitive. Elle s’arrête souvent par un compromis, durable seulement si les antagonistes pensent avoir obtenu plus ou moins satisfaction. À défaut, la partie qui se croit lésée fait tout pour remettre en question l’accord avec l’aide d’alliés éventuels, rarement bénévoles.
Le conflit repart avec une possible extension.


 

ISRAËL-PALESTINE DÉNOUEMENT ?

La fin du conflit en Palestine a eu lieu plusieurs fois ! Avec des cautions locales, régionales, internationales. Chaque fois, les frontières se déplacent. Les réfugiés s’éternisent dans des camps multipliés.
Les morts s’accumulent.
Les haines s’exacerbent. Les enfants naissent. Les futurs combattants sont formés. Pour la prochaine fois.


 

En Palestine, un accord, durable, ne peut être envisagé qu’entre un État israélien fort du soutien ferme de sa droite dure. Et des représentants palestiniens reconnus par le peuple pour leur résistance à l’occupation. Mandatés par ceux qui se battent. Sans exclusives.

Qui sont les plus terroristes ?
Ceux qui estiment que tout Israélien sur le territoire palestinien est un occupant ?
Ceux qui estiment que tout Gazaoui est un terroriste ou un complice des terroristes ?
Quels que soient l’âge, le sexe, la validité, la fonction, les opinions des un ou des autres… ?
Seule l’arme de mort diffère !

Cet accord entre Israéliens et Palestiniens devra être approuvé par les belligérants et leurs alliés. Peut-être en aidant les uns et les autres à s’accorder. Aider, pousser, obliger.
Il n’y aura pas de paix sans la volonté forte et imposée par les États-Unis.

La solution de ce conflit entre deux peuples pour la même terre, se révèle, de plus en plus difficile, faute de concessions, opposant les forces des deux parties en Palestine, de plus en plus dures, religieuses. Ce qui rend les compromis plus difficiles.


 

ISRAËL-PALESTINE DÉNOUEMENT ?

Les bases de cet accord sont pourtant connues, maintes fois évoquées. Deux États, palestinien et israélien, aux frontières reconnues par les deux parties, garanties diplomatiquement et surtout par une forte présence militaire internationale sur le terrain pour le faire respecter et empêcher la multiplication des incidents.
Ce type d’accord a déjà été envisagé et bloqué par l’assassinat de Yitzhak Rabin. Le reprendre, l’accommoder à la situation du jour ne sera pas facile après tant d’années d’échanges douloureux.

Le récent accord avec libération d’otages, de détenus et brève trêve humanitaire, montre bien que les belligérants se reconnaissent, que des négociations sont possibles, qu’elles on eu lieu, partielles, discrètes, en même temps qu’actes belliqueux et déclarations intransigeantes.
Que les États-Unis sont susceptibles de l’obtenir comme ils l’ont obtenu. Avec l’aide du Qatar, bien placé pour jouer les doubles, abritant, à la fois, une importante base aérienne des États-Unis et la branche politique du Hamas qu’il finance comme d’autres forces islamistes.

Des implications internationales.

Paradoxalement, la situation internationale actuelle, générale et régionale, peut être un moment favorable à une solution.
Plus intéressante aujourd’hui qu’hier pour certains

Quel est l’intérêt de la Chine qui joue un rôle de plus en plus important au Proche-Orient avec l’accord Iran-Arabie saoudite et ses achats de pétrole ? Une entente sino-étasunienne est-elle pensable qui prendrait acte, discrètement, de la place nouvelle de la Chine...
Comment Mohamed Ben Slimane peut-il concilier le rapprochement avec Israël, avec l’Iran et la Chine, la modernisation et la rue arabe ?
L’Iran a-t-il intérêt à continuer à subventionner le Hezbollah, subir le blocus et faire face à la rue ?
Israël peut-il tenir tête aux États-Unis, à les affaiblir davantage, à faire perdre l’élection à Joe Biden ? À favoriser antisémitisme et antisionisme aux États-Unis, dans le Sud-Gloibal, dans le monde entier ?

Les déclarations de Netanyahou sur la prise de contrôle de Gaza par Israël, sur l’émigration forcée des Gazaouis vers de nouveaux camps de réfugiés en Égypte ou ailleurs, sont elles soutenues pas les États-Unis ou au contraire une pression sur les États-Unis, une montée aux extrêmes avant l’inévitable compromis ?
Car Natanyahou sait que, in fine, il cédera à la volonté des États-Unis.

Les États-Unis sont engagés sur 3 fronts leur suprématie mondiale est en jeu. Trouveront-ils, dans chaque cas, le moyen d’éviter une explosion qui peut ne pas être que locale ?

Vont-ils continuer à soutenir inconditionnellement, comme ils le font depuis 70 ans, Israël qui paraissait comme le 51ème État des États-Unis ? Et la droite israélienne jusqu’à la conquête du Grand Israël vidé de tous les Palestiniens ? Mais dont la politique brutale au vu du monde entier devient insoutenable. Même aux États-Unis avec la division croissante de l’opinion publique étasunienne qui pèse sur la réélection de Joe Biden ?

.
Les États-Unis sont affaiblis au Proche-Orient. Comment garder la première place ? Par la guerre ? Comme ils l’ont si bien réussi en Irak ou en Afghanistan ?

Peuvent-ils, en même temps, soutenir l’Ukraine contre la Russie dans une guerre qui dure plus que prévu et qui commence à peser sur le budget, les parlementaires et l’opinion publique… Une Ukraine jusqu’au-boutiste qui risque, sans un plan Marshall, de s’écrouler avant d’avoir reconquis l’Est de l’Ukraine et la Crimée ?

La confrontation qui compte, directe ou non, sans affrontement militaire pour le moment, est la Chine.
La Chine qui construit son développement scientifique, développe son influence politique, les routes de la soie.

Qui, seule, détient la clef de l’Horloge avec Taïwan comme point de fixation.

Des dénouements négociés sont encore possibles au risque d’un dernier affrontement accidentel.

 

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